Réflexions sur un livre pour l'évangélisation*

 

De l'ensemble du livre se dégage l'impression que Diana était un modèle pour nous chrétiens. Jamais, on ne met le doigt sur ses turpitudes, encore moins ne les désapprouve-t-on.

Le ton est donné dès le début du livre, l'auteur dit avoir «ressenti un choc suivi d'une grande tristesse, puis une certaine stupéfaction d'être si profondément abattu. » (p. 8).

J. John qualifie Diana quasiment de sainte.: «Mère Teresa était la Sainte des Bas-fonds, et la princesse Diana la Sainte des Médias. » Il reconnaît toutefois le contraste criant entre: «d'un côté une vie spirituelle et de l'autre une vie marquée par le matérialisme, ici abnégation et là une recherche du plaisir, ici le rayonnement intérieur et là il est extérieur. » (p. 17). Mais J. John craint de ternir l'image de la princesse. Il ajoute, précautionneusement: «Non que je veuille rabaisser la princesse Diana. Je désire simplement souligner la différence entre une noble vie consacrée et la vie d'une noble cultivée. »

Parce qu'elle s'est penchée sur le sort de beaucoup de démunis et d'opprimés «elle incarnait la compassion et la bonté. » (p. 9). Il est vrai qu'elle a accompli des actes courageux, notamment auprès des sidéens et des lépreux.

Ses oeuvres charitables sont très nombreuses. Au début des années 90 déjà, elle parrainait une centaine d'oeuvres sociales. Cependant à aucun moment elle n'a manifesté une foi vivante envers Dieu. Au contraire,quelques semaines avant sa mort elle a consulté un médium(p. 78). L'auteur, cependant, ose parler « de la beauté de sa foi ».

En fait, J. John ne cesse de faire des rapprochements entre Diana et Mère Teresa, comme si Diana avait connu l'abnégation dans sa vie!

Le plus affligeant est que Diana est comparée à notre Seigneur Jésus lui-même, pour certains aspects de sa vie du moins. Jugez-en vous-mêmes: ...Il est possible de faire quelques comparaisons tout à fait générales entre la vie de Jésus et de Diana. Il est mort dans sa trentaine, a connu le rejet et il a dérangé les autorités de son époque.» (p. 46) et: ,,Comme Diana Jésus savait ce que c'était d'être rejeté et être considéré comme un paria.,, (p. 47). Est-il seulement nécessaire de se demander comment notre Seigneur a dérangé les autorités et pourquoi il a été rejeté par elles? Comme si le rejet de notre Sauveur par les Juifs avait quelque chose de commun avec les sentiments que le monde a pu éprouver pour Diana!

De même page 50: «Comme la princesse Diana, Mère Teresa et beaucoup d'autres personnes qui ont touché notre coeur, Jésus a éprouvé de la compassion pour tous ceux qui étaient dans le besoin. » La compassion de Jésus n'était-elle pas d'une autre nature et n'allait-elle pas infiniment au-delà de celle de cette femme? Rappelons les paroles de l'apôtre Paul: « Quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, si je n'ai pas l'amour, cela ne me sert de rien.» (1 Cor. 13).

Du point de vue de l'enseignement biblique ce livre est tout à fait édulcoré. Plus grave, il fausse une bonne compréhension spirituelle de l'Écriture. Notamment sur la valeur du sacrifice de Jésus et sur la nature de ses sentiments. L'attitude du pécheur implorant le pardon de Dieu y est également introuvable.

Il y a, en outre, un certain flou entretenu entre l'oeuvre de Christ et l'impact de Diana sur nos contemporains. Diana est présentée comme une femme vertueuse (p. 74). Par son décès elle aurait fait à la nation britannique une véritable expérience religieuse (p. 76). Elle aurait ravivé la foi chrétienne anglaise engourdie jusque-là (p. 80). De quelle foi s'agit-il si ce n'est une vague religiosité? Or cette religiosité ne sauve personne. D'ailleurs rien ne permet de penser que Diana soit sauvée.

Conclusion

La place réservée à Diana dans ce livre est tout à fait exagérée. Près de la moitié des pages est consacrée à présenter le personnage, sa vie et ses oeuvres, à retracer les événements qui se sont déroulés au moment de son accident, et les réactions qui ont suivi.

La question que l'on peut se poser est la suivante: pourquoi écrire un livre, surtout d'évangélisation, qui a pour thème une personnalité qui n'est en rien un modèle spirituel? Ne serait-ce pas tout simplement pour en assurer le succès commercial? C'est, en effet, la suggestion faite à l'auteur par Richard Herkes, directeur des éditions Kingsway, qui est à l'origine de la publication de ce livre!...

Une fois de plus, sous prétexte de servir la cause de l'Évangile, des chrétiens ont appliqué des principes du monde par lesquels Dieu n'est pas glorifié et la voie du salut se trouve faussée. Jugez-en vous-mêmes par ces dernières lignes du livre: «Des millions ont prononcé ces paroles (le "Notre Père") au cours des obsèques de la princesse Diana, mais l'important est d'y croire et de les mettre en pratique. Si nous le faisons, le Seigneur nous considérera comme ses amis. Si nous prions cette prière, si nous vivons cette prière et si nous fondons notre vie sur cette prière, lorsque nous mourrons, que ce soit de vieillesse, par accident ou à la suite d'une longue maladie, nous serons prêts.»

Est-ce là la voie du salut? Suffit-il de croire les paroles de cette prière pour être sauvé, pour être prêt à rencontrer Dieu?

Eric Ropp

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* « Rêves brisés » par J. John, paru aux Éditions Brunnen Verlag (EBV), Wallstrasse 6, CH-4002

Bâle. Publié en anglais sous le titre « Fractured Fairytales» par Kinsway.

La Bonne Nouvelle 5 / 1999

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