La place de la femme dans l'Eglise
Préambule
Nous sommes dans le siècle où l'on conteste tout, notamment l'ordre établi par Dieu lors de la création. En ce qui concerne la femme, qui de nous pourrait se soustraire à l'idée prévalente que la femme a trop longtemps été subjuguée, tenue en position sociale inférieure, qu'elle a vécu sous la domination de l'homme et a le droit de s'en libérer. Le mot «libération» est à la mode: libération de toute contrainte, qu'elle soit politique (mépris des lois), sociale (refus de reconnaître les différentes «classes» sociales), morale (débauche sexuelle effrontée), religieuse (théologie libérale ne reconnaissant plus la Bible comme autorité divinement inspirée; théologie de la libération contraire à l'enseignement de tout le Nouveau Testament), etc.
La femme doit être libérée (féminisme). L'enfant doit être libéré (on lui explique qu'il a des «droits», qu'il n'a pas à se soumettre à l'autorité des parents et des maîtres). Il est frappant de constater que la plupart de ces mouvements de «libération» sont d'inspiration marxiste-léniniste-communiste, et que partout où cette idéologie est mise en action politiquement et socialement, toute liberté individuelle disparaît. Cela navigue sous le nom «révolution», et quiconque ne veut pas s'y soumettre est neutralisé ou carrément liquidé comme «contre-révolutionnaire». On a commencé à s'apercevoir de la fausseté de cette idéologie et à réagir. Quelle nouvelle liberté contraignante prendra sa place?
Pour y voir clair, il n'y a pour le chrétien né d'en haut qu'une seule autorité: la Bible. C'est elle qui va nous montrer quelle est la pensée de Dieu dès la création de l'homme en ce qui concerne la position de la femme dans la société, et surtout dans l'Eglise de Jésus-Christ.
L'autorité du chrétien
Toute étude et compréhension de la Bible repose sur trois fondements:
1. La prière: Ouvre mes yeux, pour que je contemple les merveilles de ta loi (Ps 119.18).
2. L'illumination du Saint-Esprit: Vous avez reçu l'onction... son onction vous enseigne toutes choses (1 Jean 2.27).
3. La comparaison des textes bibliques: Les Juifs à Bérée... examinaient les Ecritures pour voir si ce qu'on leur disait était exact (Act 17.11).
Efforce-toi... de dispenser droitement la parole de vérité (2 Tim 2.25). C'est ce que nous allons nous efforcer de faire.
Le malentendu
Tout d'abord, il faut que nous nous débarrassions d'un malentendu qui est à la base du mouvement féministe tout entier: On confond fonction et valeur.
La fonction d'un être humain dans la société ne se recouvre pas forcément avec la valeur qu'il a en tant qu'individu. Le chef, le patron, celui qui commande n'a pas forcément plus de valeur (morale, intellectuelle, artistique, etc.) que le subalterne soumis au chef. Souvent, le contraire est le cas. Tel chef d'entreprise, hautement respecté et craint, mène une vie dissolue, est mesquin à la maison, alors que certains de ses subordonnés sont des hommes ou des femmes droits, fidèles et généreux.
L'enfant est donné par Jésus en exemple aux adultes; pourtant, dans la société politique et sociale, on lui attribue souvent peu d'importance.
Un autre point doit être élucidé je le ferai en juxtaposant deux textes du Nouveau Testament: 1. Il n'y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave (ouvrier) ni libre (patron), ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Christ-Jésus (Gal 3.28). 2. Christ est le chef de tout homme, l'homme est le chef de la femme, et Dieu est le chef de Christ (1 Cor 11.3).
D'une part: égalité.
D'autre part: inégalité (hiérarchie).
Interprétation
En tant que chrétiens soumis à l'autorité de la Bible, c'est-à-dire à l'autorité absolue de Dieu, nous ne discutons pas; nous cherchons à comprendre.
Dans le texte aux Galates, il s'agit de la position juridique devant Dieu: tous sont pécheurs, tous, sans distinction de sexe, ont besoin de croire l'Evangile de Christ pour être justifiés et devenir enfants de Dieu, héritiers du royaume. Tout être humain est donc sur pied d'égalité en ce qui concerne sa position devant Dieu.
Il n'en reste pas moins qu'en devenant enfant de Dieu, sa position dans la société humaine n'a pas changé: le Juif ne devient pas Grec, ni le Grec Juif; l'ouvrier reste ouvrier et le patron reste patron; de même, l'homme reste homme et la femme reste femme.
Tous sont un en Christ, même si leur fonction est différente. Le passage dans 1 Cor 11 veut dire: l'homme a la fonction de procréateur, car c'est lui qui détient le sperme fertilisant; la femme a la fonction de réceptrice, car elle détient l'ovule à fertiliser.
Lequel des deux est plus important? Lequel a plus de valeur? Aucun! Car que ferait l'un sans l'autre? Pour qu'il y ait procréation, il faut les deux; leur position est la même.
Par contre, leur fonction est différente. L'homme est normalement appelé à prendre l'initiative; il a la charge de pourvoyeur du pain quotidien (il gagne de quoi nourrir sa famille); et il est responsable devant les autorités en tant que chef de la famille (je sais qu'il y a des Etats où cela a été abrogé). La fonction de la femme est complémentaire: elle a la charge des enfants, en fait de la conception; elle est responsable de leur éducation initiale (ce qu'en allemand on nomme «Kinderstube»). Cette complémentarité signifie que la femme est aussi indispensable que l'homme dans la famille - et dans l'Eglise! C'est ce que Paul explique dans les textes que je vous recommande de lire en entier.
Etude de trois textes-clé
Premier texte: 1 Cor 11.2-16
En grec, le mot pour homme signifie «le mâle», donc l'homme en général, non seulement le mari. Et l'homme en tant qu'être humain masculin est le chef de la femme (sens général du mot grec), vérité qui s'inscrit dans le plan de Dieu dès la création. Cette hiérarchie est à l'image d'une autre, qui existe dès l'éternité:
Dieu le Père est le chef de Christ, Dieu le Fils.
Or l'homme fut créé à l'image de Dieu: il fut donc créé dans une hiérarchie existante. C'est pourquoi le texte parle d'abord d'hiérarchie et déclare formellement: Christ est le chef de l'homme (du mâle).
L'autorité de l'homme trouve son fondement en Christ, de même que la subordination de la femme trouve son image dans la soumission du Christ à son Père.
Le Fils n'est pas inférieur au Père de par sa fonction différente: ils sont UN. La femme n'est pas inférieure à l'homme de par sa fonction différente: ils sont UN.
Autre parallélisme:
La relation entre le Père (le chef) et le Fils (soumis au Père) est une relation d'amour. De même, l'autorité de l'homme sur la femme trouve ses limites dans l'amour, sans lequel elle devient vite abusive et tyrannique.
L'amour de l'homme, qui se donne à sa femme tout comme Christ s'est donné à l'Eglise, enlève à son autorité ce qu'elle pourrait avoir de pénible ou difficilement supportable pour la femme.
Un point important se dégage de l'étude du grec de ce texte; il ressort très clairement d'une thèse de Claude Vilain parue en 1975, intitulée «Commentaire exégétique de trois textes pauliniens sur la place de la femme dans l'Eglise»: l'autorité de l'homme sur la femme ne se limite pas au couple, mais est valable dans le cadre de l'Eglise tout comme dans la vie politique. Dans l'Eglise, cette fonction de chef s'exprime principalement dans l'exercice d'une autorité doctrinale et disciplinaire qui est refusée à la femme, comme nous le verrons plus loin.
Avant de passer aux applications pratiques de cet ordre de Dieu, voici une mise au point (Vilain p. 21): «Pour les auteurs épris de féminisme les présupposés sont critiques. Il s'agit de soumettre les textes à une herméneutique qui se résume essentiellement à une analyse sociologique de la situation du premier siècle comparée à celle du vingtième. On découvre ainsi dans les textes toute une conception de la relation homme-femme qui n'a plus aucune valeur pour notre temps. En affirmant que l'homme est le chef de la femme, l'apôtre s'inscrit en plein dans la mentalité de son temps, se laissant influencer par l'anti-féminisme du judaïsme. Il n'est pas inutile de rappeler tout ce que cette méthode peut avoir d'arbitraire. Elle permet tout simplement de faire dire au texte le contraire de ce que pensaient les auteurs inspirés, elle permet aussi de faire un choix qui laisse le lecteur contemporain libre de garder ce qui lui convient et de rejeter ce qui lui semble dépassé ou contestable.»
v.4-7: la femme qui prie ou prophétise
«Tous les commentateurs consultés se refusent à limiter l'exercice de la prière et de la prophétie au seul cadre de la famille. Dans ce chapitre, l'apôtre donne des instructions sur la manière dont doivent se dérouler les rencontres de l'Eglise. Il précise la tenue spécifique de la femme et la justifie de la même manière qu'il rappellera comment doit être célébré le repas du Seigneur. La référence aux anges, à la convenance et à l'enseignement de la nature nous indique que nous ne sommes plus dans le simple cadre familial. Il y a des témoins à la prière de l'homme autres que sa femme ou ses enfants. Dans son usage néo-testamentaire, la prophétie ne signifie que très occasionnellement la prédiction de l'avenir. On ne retrouve ce sens que dans Act 11.28 et 2 1.11, ainsi que dans l'Apocalypse. Toutes les autres mentions de ce don se rapportent à une prédication qui est en relation directe avec la situation d'une communauté ou de l'un de ses membres» (Vilain p.27-28).
Il découle donc de l'étude du texte biblique que le droit de prier et de prophétiser (parole d'édification, d'exhortation, de consolation pour une situation donnée) n'est pas contesté à la femme dans l'Eglise; elle est en ceci sur le même plan que l'homme, tout en restant sous son autorité. Par contre, l'apôtre Paul souligne un autre aspect:
La différence de tenue entre l'homme et la femme.
L'homme doit être découvert puisqu'il est l'image et la gloire de Dieu (v.7). Nous tous, qui le visage dévoilé, reflétons comme un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés à la même image, de gloire en gloire, comme par l'Esprit du Seigneur (2 Cor 3.18). Vilain p.32: «Si l'homme qui prie ne se couvre pas le front, c'est là un symbole, d'après Paul, de l'immédiateté de son rapport avec le Christ, en face de qui il se place et dont toute sa figure peut alors refléter la splendeur. Il est question de «doxa» (gloire et reflet). Se couvrir le front et les yeux dans la prière, comme les Juifs actuels et les anciens Romains, serait se priver soi-même de cette gloire, et en quelque sorte priver le Christ d'un miroir où il se complaît.»
v.4-5: Tout homme qui prie ou qui prophétise, la tête couverte, déshonore son chef (Christ). Toute femme, au contraire, qui prie ou prophétise, la tête non voilée, déshonore son chef (l'homme): c'est comme si elle était rasée.
Il ressort clairement de ce texte qu'il doit y avoir une différence de tenue vestimentaire entre l'homme et la femme dans l'Eglise. Autre aspect: au temps de Paul, il était honteux pour une femme d'avoir les cheveux coupés. La raison: la tête rasée était le signe, soit d'une conduite adultère, soit de prostitution, soit encore de pratiques sexuelles contre nature, ou pouvait indiquer le désir d'émancipation totale.
Or on trouve que les Corinthiennes, à cette époque-là, voulaient s'émanciper, se faire les égales de l'homme. Les Corinthiennes chrétiennes avaient trouvé que, en Christ, elles étaient égales aux hommes; elles voulaient affirmer cette égalité en refusant de porter le voile.
Vilain p.38: «Il devait régner dans la communauté de Corinthe un fort mouvement de libération. Les femmes allaient trouver dans le Christ la source de leur égalité avec l'homme et l'affirmer en refusant de porter le voile. Ce refus du voile s'inscrivait d'ailleurs dans un mouvement d'émancipation féminine qui ébranlait à cette époque plusieurs grandes cités. L'apôtre, par fidélité à l'ordre créationnel, va rappeler à la chrétienne de Corinthe que le voile fait partie de cette expression visible de la différence entre les sexes. Il ne peut pas y avoir de confusion dans l'Eglise; chacun doit rester à la place que Dieu lui a désignée.»
Il faut donc croire que le voile était une coutume répandue au temps de Paul. Le texte montre que l'enseignement de Paul était contesté à Corinthe et qu'ailleurs on s'y soumettait: Si quelqu'un se plaît à contester, nous n'avons pas cette coutume, ni les églises de Dieu (v. 16). L'apôtre inspiré de Dieu ne discute pas ses ordres!
Implications pratiques
Dans notre contexte culturel actuel, est-ce ressenti comme une honte aujourd'hui pour une femme d'avoir les cheveux coupés courts? - Non! ou d'avoir la tête rasée? - Oui (sans quoi, pourquoi une perruque?). Est-ce ressenti comme inconvenant qu'une femme prie sans voile? - Non.
D'où l'on pourrait conclure que ce qu'avance Paul n'est plus valable pour nous aujourd'hui. Mais cette conclusion est tout à fait à côté de la question!
Voici le coeur du problème: Il faut une distinction entre la tenue de l'homme et celle de la femme à l'Eglise, distinction qui doit signifier la différence hiérarchique entre hommes et femmes. Et ceci encore pour une autre raison: à cause des anges (v. 10). Dans «Parole vivante», Alfred Kuen annote: «D'après Mat 18. 10; 1 Cor 4.9; Héb 1. 14 & 13.2, on peut penser aux anges qui observent la vie de l'Eglise, se réjouissent du bon ordre et seraient attristés de voir la femme sortir de l'ordre créationnel qui lui a été assigné. Peut-être l'apôtre avait-il dans l'esprit la traduction grecque du Ps 138. 1: Je chante tes louanges en présence des anges, qui présente les anges comme assistant au culte des croyants. »
Cela dépasse donc le cadre humain. Que nous ressentions le fait qu'une femme a les cheveux courts ou rasés comme honteux ou non, que le fait de ne pas porter le voile nous semble impropre ou non: la question n'est pas là.
La question qui se pose est celle-ci: La femme porte-t-elle une marque extérieure de sa soumission à l'homme (non seulement son man), lui-même soumis au Christ?
Remarque: Le sens littéral du mot traduit par «voile» serait «manteau», «voiler» signifierait alors «couvrir entièrement, cacher tout à fait».
Ce qui reste affirmé sans contredit, c'est que la différence qui existe entre l'homme et la femme, différence qui se manifestait à l'époque de Paul par le port d'un voile, doit rester visible pour tous.
Comment cette différence serait-elle rendue visible, si ce n'est par un couvre-chef d'une espèce quelconque? Vu que nous n'avons plus aujourd'hui de tenue que tout le monde reconnaît comme typiquement féminine, pourquoi ne pas s'en tenir à ce signe si simple à appliquer? Voici un résumé de la signification de ce signe (Vilain p. 5 9): «Il représente à la fois l'autorité de l'homme sur la femme, et l'autorité que la femme exerce sur les autres, refusant de s'offrir au désir de tous. Pour Paul, le voile a cette double signification. En étant voilée, la femme refuse d'entrer dans le camp des émancipées qui rejettent toute autorité. Elle accepte de rester dans la structure relationnelle rappelée par l'apôtre, où l'homme et la femme occupent des positions complémentaires mais différenciées. Mais le voile signifie aussi qu'elle désire demeurer dans une attitude de pudeur et de réserve, qu'elle ne désire pas être considérée comme une femme aux moeurs légères qui, refusant les convenances, chercherait avant tout à attirer les regards et à plaire. Le voile revêt donc un double sens: il est signe d'appartenance mais aussi signe de pudeur et de réserve.»
Deuxième texte-clé: 1 Cor 14.33b-35:
Comme dans toutes les Eglises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d'y parler; mais qu'elles soient soumises, comme le dit aussi la loi. Si elles veulent s'instruire sur quelque point, qu'elles interrogent leur propre mari à la maison; car il est malséant à une femme de parler dans l'Eglise.
On pourrait voir une contradiction avec le texte du chapitre 11. Il est impensable que Paul interdise à la femme de parler ici, alors que dans la même épître il dit qu'elle peut prier ou apporter une parole d'actualité. En fait, tout dépend du sens du mot «parler». Voici les sens que ce verbe peut avoir:
a) exprimer une pensée ou un message (sauf chanter),
b) bavarder, babiller (Chrysostome, né en 354, se plaint de ce que, à l'église, les femmes «jacassent davantage qu'au bain public et sur la place»), c) parler en public (considéré comme malséant).
Comme la femme peut prier et prophétiser en public, Paul ne peut viser ici que le ministère public d'enseignement dans l'Eglise, à moins qu'il ne s'agisse simplement du bavardage qui gênerait le déroulement du culte, ce qui est peu probable.
Vilain p. 112: «Paul interdit à la femme toute parole publique qui entrerait en contradiction avec sa position par rapport à l'homme. Elle ne peut, par ses paroles, tenter de sortir de sa condition de subordonnée à l'autorité masculine ou affirmer son émancipation de l'ordre des sexes voulu par Dieu. Elle ne peut pas non plus rendre un témoignage contraire à l'Evangile en adoptant une attitude inconvenante, en prenant la parole en public comme une prostituée ou une prêtresse des cultes à mystères. Ainsi disparaît la contradiction entre ces deux textes.»
Troisième texte-clé: 1 Tim 2.8-15
Veuillez le lire avant de continuer la lecture.
«En abordant ce dernier texte, nous touchons une section très controversée de l'enseignement paulinien sur
la place de la femme dans l'Eglise. Au v. 8, il est question de la prière de l'homme et au v. 9, Paul enchaîne: De même aussi que les femmes..., faisant allusion, très probablement, aussi à la prière de la femme. C'est le même problème que celui soulevé dans 1 Cor 11 (habillement de la femme), mais ici, l'accent est sur les oeuvres bonnes» (Vilain p. 113). - «En demandant à la femme de se parer avec pudeur et réserve, l'apôtre n'exige pas d'elle une tenue triste et uniforme; au contraire, en utilisant le mot grec qui a donné «cosmétique», il indique qu'il peut y avoir une recherche dans l'habillement féminin, non motivé par le désir de paraître ou d'être provocante» (Vilain p. 116).
«Il est probable que Paul ait à nouveau affaire à une agitation féminine. Peut-être que certaines femmes avaient tendance à contester une partie de l'enseignement donné dans l'Eglise. Dans sa deuxième épître à Timothée, l'apôtre s'en prendra à des femmes qui apprennent toujours sans pouvoir jamais arriver à la connaissance de la vérité (2 Tim 3.7). Ce refus de se soumettre à l'autorité de celui qui apporte un enseignement devait aussi se trouver chez certains hommes, mais il semble que les difficultés aient été plus nombreuses du côté féminin. Paul double son appel à écouter l'enseignement dans le calme et le silence d'un appel à la soumission. On retrouve une argumentation semblable dans 1 Cor 14 où, après avoir demandé aux femmes de garder le silence, il ajoute: mais qu'elles soient soumises (v.34). Après avoir imposé à la femme le silence pendant l'instruction, Paul poursuit ses recommandations en lui fermant tout accès au ministère d'enseignement. Il semble bien que Paul vise surtout l'enseignement public et magistral dans l'Eglise. L'enseignement des vérités fondamentales chrétiennes n'appartient pas à la femme; cela ne fait pas partie de ses domaines d'activité. L'apôtre refuse à la femme l'accès au Ministère de docteur, qui ne peut être exercé que par un homme» (Vilain p. 118-120).
v.13-14: Car Adam a été formé le premier, Eve ensuite; et ce n'est pas Adam qui a été séduit, c'est la femme qui, séduite, s'est rendue coupable de transgression. Elle sera néanmoins sauvée en devenant mère, si elle persévère dans la foi, dans l'amour, dans la sanctification, avec modestie.
«Les trois premiers chapitres de la Genèse apportent deux raisons à l'interdiction pour la femme d'accéder à l'enseignement et à l'exercice de l'autorité sur l'homme. Telle est l'argumentation de Paul: Adam ayant été créé avant la femme, il en découle une certaine primauté sur la femme, celle-ci a été créée pour être son aide. On peut voir une illustration de cette primauté masculine dans l'importance accordée au droit d'aînesse dans l'Ancien Testament. Le premier-né jouissait d'une autorité qui ne pouvait pas être contestée par ses autres frères et soeurs. Eve n'ayant pas résisté aux sollicitations du tentateur, mais s'étant laissée séduire, elle a montré qu'elle n'était pas un bon guide pour l'homme» (Vilain p. 133-134).
Certains commentateurs ont vu dans cette dernière raison l'idée que la femme serait plus facilement séduite par des fausses doctrines. Après tout, Paul fait retomber sur la femme toute la responsabilité de la désobéissance du premier couple. Si Satan s'est adressé à elle, c'est qu'il avait davantage de chance de réussite. Il sème le doute dans son coeur et la trouble dans sa pensée. Puis il offre un autre niveau de connaissance en mangeant le fruit, il est beau, et elle se laisse guider par sa sensibilité intuitive. La nature même de la femme la prédispose à une moins grande résistance devant la falsification de vérités doctrinales. - Bien entendu, ces remarques s'appliquent aux femmes en général, et il est évident que certains hommes sont plus vite séduits que certaines femmes; mais c'est exceptionnel.
Le v.15 est difficile à interpréter. Je vous soumets l'explication donnée par Alfred Kuen dans «Parole vivante»: «Les interprétations de ce verset sont fort nombreuses. Il semble qu'après avoir barré une voie - l'enseignement dans l'Eglise -, l'apôtre veuille indiquer à la femme sa vocation particulière: donner la vie à des enfants et les élever. Cela était d'autant plus Important que les faux docteurs de ce temps-là condamnaient le mariage. En étant fidèle à cette vocation, la femme a d'ailleurs accompli une mission d'importance primordiale: elle a donné naissance à l'enfant promis: au Christ (Gen 3.15). Enfin, n'oublions pas que, dans la pensée de Paul, la femme est l'image de l'Eglise (cf Eph 5.22-32) soumise à Christ, dont la vocation est d'engendrer des enfants de Dieu.»
Résume
1. Il existe une hiérarchie divine dès avant la création. La création reflète cet ordre dans la relation d'amour entre l'homme et la femme, qui doit respecter l'homme (en général, non seulement en tant que mari) en s'y soumettant comme le Christ se soumet à son Père. Il est à relever que la femme croyante doit se soumettre à son man aussi s'il est incroyant (cf 1 Pl 3.1-2!).
2. Dans l'Eglise, il doit y avoir un signe distinctif, porté par la femme, qui témoigne de sa soumission à l'ordre établi par Dieu. L'homme aussi doit se soumettre à cet ordre, d'abord en ayant la tête découverte, ensuite en assumant ses responsabilités de chef au lieu de placer la femme dans cette fonction.
3. La femme qui porte le signe extérieur de sa fonction féminine peut prier ou «prophétiser» (donner une parole d'actualité) dans l'assemblée. Mais elle ne doit pas avoir de ministère d'enseignement doctrinal, car c'est là une fonction d'autorité qui est du ressort de l'homme. Il en découle naturellement que les pasteurs et les anciens ne peuvent pas être des femmes, celles-ci peuvent par contre avoir un ministère de diaconesse.
Conclusion
Elle est tirée de la thèse de Vilain déjà plusieurs fois citée (p. 146): «Dans ces trois textes, Paul rappelle à ses lecteurs qu'ils ne peuvent pas sous-estimer la différenciation sexuelle. Elle doit rester présente et visible à tous les niveaux des relations humaines. Hommes et femmes ne peuvent pas perdre leur identité, mais doivent veiller à exercer leurs responsabilités en tenant compte des caractères propres à leur sexe. Cette différenciation est importante dans l'Eglise. Si la femme accède à des charges qui précédemment étaient réservées à des hommes, comme la prière ou une parole d'actualité nommée «prophétie», elle devra les assumer sans se perdre dans une imitation du masculin ou sans prouver qu'elle est aussi capable qu'eux. Ce respect de la différenciation doit être un témoignage rendu au monde qui envisage trop souvent l'épanouissement de la femme comme un nivellement de toutes les différences entre les sexes et une masculinisation du féminin.»
Jean-Pierre Schneider
Promesses 1992 - No 101 - 104