«Vous ne ferez pas d'incisions dans votre chair ... et vous n'imprimerez pas de tatouage sur vous! Je suis l'Eternel.» (Lév. 19, 28)
L'édition 1984 de la Bible de Luther traduit ce verset comme suit: «Vous ne ferez ... dans votre corps pas d'incisions et ne graverez pas de marques sur vous;je suis le Seigneur» Tatouages, gravures, piercing et, depuis peu, le tracé de cicatrices sont à la mode et doivent contribuer à «l'embellissement» du corps. Plusieurs éléments de cette mode ayant été copiés délibérément des coutumes de peuples primitifs et païens, on peut parler d'un véritable culte. Mais que de telles pratiques se répandent aussi dans des milieux chrétiens et y soient acceptées, c'est un autre signe que notre temps s'éloigne de plus en plus des valeurs bibliques. Ainsi, dans le No 9/1998 d'«Idea Spektrum», on peut lire:
La croix tatouée et percée
L'église protestante de Kassel, en Allemagne, essaie d'entrer en dialogue avec les jeunes au moyen d'un spot publicitaire dans les salles de cinéma. Le message de 69 secondes ouvre toutes les séances du soir et contient plusieurs prises focalisées sur la croix, tantôt sous forme d'un tatouage sur le bras, tantôt comme décoration sur un crâne rasé ou encore suspendue au piercing d'un mamelon d'une poitrine d'homme. A la fin, l'église protestante de Kassel se présente comme auteur du spot. D'après le doyen Ernst Wittekind, les spectateurs comprennent le message: la croix appartient à l'Eglise et n'est pas le signe d'une quelconque culture juvénile.
Tandis que «Choisir le Christ» apprécie l'action ...
Toujours d'après ce doyen, l'église est devenue un sujet de conversation dans les écoles et les discothèques. Ce théologien espère que l'on remarquera à nouveau les nombreux endroits dans la ville de Kassel qui sont marqués d'une croix. Des associations de jeunesse ont salué l'action qui s'étendait sur quatre semaines. Volker Steinhoff (Kassel), pasteur fédéral du groupement «Choisir le Christ., estime que les chrétiens doivent s'adapter à la mentalité des jeunes, lorsqu'ils veulent leur parler du Christ. Le groupement avait eu des expériences comparables avec son programme «Je crois», qui comprenait des annonces dans la revue pour jeunes «Bravo» et la participation à la «Love Parade» berlinoise. Le gérant du Cercle des groupements de jeunesse missionnaires, Thomas Weigel (Kassel), trouvait, lui aussi, que le spot était une heureuse initiative. Une évaluation montrera si le message a vraiment été compris, ou bien si l'on a donné l'impression que l'église est un endroit où l'on pratique le tatouage.
«Die Weit» la critique.
Le quotidien «Die Welt» (Berlin), par contre, a critiqué l'action: «Les dirigeants de l'église estiment manifestement que tous les moyens sont bons pour recruter de nouveaux membres. Le principal est de se faire remarquer sur le marché des vendeurs de «sens de la vie». Mais pour les chrétiens, la croix est bien plus qu'une décoration sur la peau. Elle est le symbole de la rédemption divine et de la mort de Jésus. Il est d'autant plus surprenant que ce soient exactement des ecclésiastiques qui ont eu l'idée de banaliser la croix avec une telle trivialité. Si, par exemple, un couturier mondain s'était servi de ce signe, les pasteurs et doyens en auraient été consternés.» (IS No 9/1998)
Trois semaines plus tard, la même revue a publié la lettre d'un lecteur qui voulait réagir à ces articles:
La Bible interdit le tatouage
Il est écrit: «Vous ne ferez pas d'incisions» (Lév. 19, 28). C'est l'expression hébraïque pour «tatouages». La Bible interdit le tatouage parce que c'est un usage païen. Il n'y a aucune raison pour laquelle cette interdiction ne vaudrait pas aussi pour les chrétiens. Il est dès lors tragique que des organisations «pieuses», telles que «Choisir le Christ» et le Cercle des groupements de jeunesse missionnaires, n'expriment pas la moindre réserve à l'égard des tatouages. Depuis plusieurs années, nous devons constater que la parole biblique est subjuguée par la culture pop «chrétienne». On ne doit donc pas s'étonner de ce que les «évangélistes» encouragent à présent les tatouages. Quand comprendrons-nous, chrétiens, enfin que Dieu n'aime pas notre «spectacle» et que seule sa Parole peut radicalement changer les gens? Quand reconnaîtrons-nous que nous sommes en train d'introduire le monde dans l'Eglise et qu'il se moque éperdument de cette invitation? Le meilleur commentaire de ce spot publicitaire ne venait pas des chrétiens, mais du quotidien «Die Welt». Je crains que ce soit bientôt le monde qui se mette à proclamer l'Evangile, tandis que les chrétiens proclameront le monde. (IS No 12/1998).
L'évangéliste et écrivain Alexander Seibel nous a adressé un traité écrit de sa main à propos du succès grandissant des tatouages et des piercings. Je le remercie de l'autorisation de publier ce texte:
On estime que plus de trois millions d'Allemands portent déjà des tatouages. La tendance est à la hausse. Il y a une multitude de symboles, allant de serpents à des elfes, de têtes de mort jusqu'à des roses. Ces «tattoos» (comme on appelle les tatouages à présent) sont surtout très prisés par les jeunes. Ainsi, un quotidien a publié, en 1996, un article intitulé «Images qui pénètrent la peau»: «Dans quelque 2000 studios de tatouage, les accros du culte du corps sont à la recherche d'une nouvelle provocation, d'une sensation ultime. Tout est permis: peinture du corps, anneau nasal, piercing métallique de n'importe quelle partie du corps.»
En même temps, les décorations proposées deviennent de plus en plus aberrantes, et elles sont parfois douloureuses à l'application. Nouvelle est la tendance du «branding» (brûlures) qui exige une certaine résistance de la part des «victimes», car il s'agit d'impressions sur l'épiderme de cachets chauffés à 1000 degrés. Pour les plus durs, il y a le «tuckering» ou l'agrafage de clips métalliques dans la peau. Donc: ce qui servait jadis de punition, d'humiliation, de défiguration ou d'identification d'esclaves, a toujours la cote et trouve aujourd'hui une foule d'adeptes. A propos du piercing, une revue mondaine écrit en effet: «Rien de tel qu'un anneau dans le nez, le nombril ou les parties intimes.»
Les boucles d'oreille pour jeunes hommes se vendent de plus en plus. C'est devenu une mode chez les adolescents. On se demande pourquoi ces jeunes «s'expriment» de la sorte, car en fait, ce sont les homosexuels qui, dans les années 60, ont commencé à se parer les oreilles de tels «bijoux». C'était leur image de marque, à l'époque. Il est évident que les adolescents d'aujourd'hui ne pensent pas à cela. La signification a d'ailleurs changé. Mais peut-on vraiment ignorer les origines de cette coutume?
A l'époque de l'Ancien Testament, un esclave qui voulait rester chez son maître recevait un coup de poinçon dans l'oreille en signe de sa soumission volontaire, «et il sera pour toujours ton esclave» (Ex. 21, 6 et Deut. 15, 17).
Pouvons-nous voir un parallèle dans cette mode, même si l'on n'en est pas conscient? Serait-ce d'une manière ou d'une autre l'expression du fait d'être devenu, consciemment ou inconsciemment, l'esclave de quelqu'un? La Bible parle d'un invisible trafiquant d'esclaves qui s'approprie les gens par le péché elle l'appelle aussi le dieu de ce siècle (Jean 8, 34 et 2 Cor. 4, 4).
Il y a des initiés qui disent que les années 90 constituent la décennie des homosexuels. Mais il se pourrait bien que les historiens de l'Eglise affirment plus tard que notre décennie a été celle où l'Eglise a adopté la mentalité de l'époque.
Jadis, les tatouages étaient des signes distinctifs de la pègre; on les trouvait surtout parmi les prisonniers. Ces pratiques viennent des peuples primitifs, où elles avaient des significations religieuses et cultuelles.
Mais la Parole de Dieu interdit explicitement les tatouages et les incisions dans la peau (Lév. 19, 28; 21, 5), qui étaient les précurseurs des techniques et pratiques raffinées que nous connaissons aujourd'hui.
«Vous êtes des fils pour l'Eternel, votre Dieu. Vous ne vous ferez pas d'incisions et vous ne vous ferez pas de place chauve entre les yeux à l'occasion d'un décès» (Deut. 14, 1).
Dans le monde païen, de telles pratiques étaient en général liées au deuil porté lors d'un décès. Les mises en garde de l'Ecriture ne sont pas sans fondement, même si la Bible ne donne pas d'explication plus profonde de cette interdiction. L'interprétation des commentateurs de ces passages mosaïques est cependant assez unanime. A propos de l'interdiction de Lévitique 19, 28, la «Wycliff Bible Commentary» dit: «L'interdiction porte sur toute défiguration volontaire d'une personne. Les tatouages et les incisions du corps étaient en effet des pratiques païennes.- (Wycliff Bible Commentary, 8 101).
Dans un autre commentaire de ce même passage, nous lisons: «La coutume de se pratiquer des incisions au visage, aux jambes et aux bras en signe de deuil était largement répandue parmi les païens. C'était un signe de respect des morts et une manière de se présenter en sacrifice aux dieux qui règnent sur la mort. Les Juifs avaient appris cette habitude en Egypte et ils risquaient d'y retomber (Jér. 16, 6; 47, 5). Les tatouages étaient aussi liés à des noms de démons et constituaient un signe permanent d'apostasie, de rébellion.»
Je ne sais si nous pouvons appliquer ces propos dans toute leur sévérité aux tendances de nos jours. Mais le fait que l'actuelle flambée des tatouages remonte à des courants païens et ésotériques donne à réfléchir. Il est dès lors remarquable que la Bible parle de ces pratiques dans le contexte du jugement que Dieu prononcera sur les peuples (Jér. 41, 5; 48, 37). Les chrétiens doivent donc s'abstenir de toute forme de tatouage. Une revue d'information écrit à ce propos: «Des directeurs spirituels racontent que des gens tatoués qui découvrent le Christ ont comme un sentiment instinctif que leur décoration cutanée ne correspond pas à leur nouveau statut d'enfant de Dieu.»
Faisant référence à Deutéronome 14, 1, le même commentateur écrit: «Même si ces actes semblent innocents en soi, ils étaient toutefois liés à des pratiques et des conceptions religieuses qui déplaisaient à Dieu.»
Dans 1 Rois 18, 28, nous trouvons une description d'incisions dans la peau pour intensifier l'extase religieuse. Ce verset raconte comment les prêtres de Baal dansaient autour de leur autel tout en se tailladant la peau jusqu'au sang. Parlant de la danse comme moyen d'atteindre une «transfiguration» spirituelle, la «Wycliff Bible Commentary» signale: «De telles pratiques ne sont aujourd'hui pas ignorées par certains derviches tourneurs» (ibid. p. 333).
Quant à la danse des prêtres de Baal, les festivals chrétiens et notamment les rencontres de jeunes nous rappellent souvent les méthodes ancestrales par lesquelles les païens essayaient d'atteindre un état psychédélique. La sensation euphorique qui accompagne de telles transformations de la conscience est considérée comme un effet de l'action du Saint-Esprit, car, affirme-t-on, c'était un concert chrétien auquel on avait assisté. Par les avertissements de Paul (1 Cor. 10, 7), la Bible décrit entre autres comment le peuple «jouait». Le texte grec utilise le mot «paizo», qui signifie littéralement «se comporter comme un enfant», et il peut être traduit par «sauter», «bondir» ou «danser».
Une autre idée effrayante s'impose. Dans le livre de l'Apocalypse se trouve la célèbre prophétie disant qu'à la fin des temps, chacun devra porter le chiffre de la bête, c'est-à-dire de l'Antichrist. Il s'agit là aussi d'une espèce de «tatouage global», d'un «piercing massif» ou d'une autre méthode courante de marquer les gens. A voir l'évolution actuelle, on a l'impression que cette génération ne s'inquiétera pas trop de recevoir une telle marque.
Alexander Seibel
Appel de Minuit 10/98