Les implications incontournables de la vérité

 

La droite confession théologienne de l'inspiration plénière, de l'autorité souveraine, de l'infaillibilité et de l'inerrance de l'Ecriture, doit nécessairement nous amener, dans « la logique de l'obéissance», à des prises de position. C'est ce qui s'est passé avec Luther, Calvin, et tant d'autres. Leur théologie n'est pas restée « platonique» et eux-mêmes ne sont pas restés « iréniques » ! Ils sont entrés dans la mêlée. Sinon pas de Réforme!

Bien avant eux, l'apôtre Paul avait donné l'exemple. Face au judaïsme et aux judaïsants il était descendu dans l'arène :

«Quelques hommes, venus de la Judée, enseignaient les frères, en disant: Si vous n'êtes circoncis selon le rite de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. Paul et Barnabas eurent avec eux un débat et une vive discussion. . . » (Actes 1 5 : 1 -2 ).

Dans l'épître aux Galates, se référant à la même hérésie et aux mêmes hérétiques, qu'il qualifie de «faux frères... furtivement introduits et glissés parmi nous, pour épier la liberté que nous avons en Jésus-Christ, avec l'intention de nous asservir », il ajoute :

« Nous ne leur cédâmes pas un instant et nous résistâmes à leurs exigences, afin que la vérité de l'Evangile fût maintenue parmi vous» (Galates 2 :4-5).

L'exigence de la défense, du maintien et de l'application de la vérité a amené Paul à une vigoureuse prise de position, à rejeter le « diktat » des judaïsants. Cette même exigence l'a contraint à résister à Pierre, son aîné dans l'apostolat, et à le reprendre publiquement (cf. Cal. 2 :11-14).

Dans les deux cas, il y a eu « confrontation ». Paul agissait sous l'impératif du maintien intégral de la vérité révélée, non seulement sous son aspect théologique mais aussi dans son application pratique. Il est vital que les croyants individuels et "Église marchent «droit, selon la vérité de l'Evangile», car il y a une orthodoxie de la marche aussi bien que du CREDO (cf. v. 14 de Gai. 2).

Opter pour le silence, la neutralité, la conciliation, et, au bout du compte, le compromis, est une désobéissance flagrante à la vérité biblique. C'est se dérober aux droits souverains qu'elle a sur notre conscience.

La polémique peut être, parfois, une « oeuvre de la chair». Mais la recherche de la paix à tout prix, même au détriment de ce que Dieu a révélé une fois pour toutes, tout autant !

Nous devons nous rappeler "affirmation de notre Seigneur : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée » ( Mat. 1 0 :34 ).

Cela ne contredit en rien l'Evangile de la réconciliation, de la paix avec Dieu et avec le prochain par la Croix ( cf. II Cor. 5 :18-21 ; Eph. 2 : 13-18 ; Col. l : 19-20 ).

Le contexte immédiat de Matthieu 10 :34 parle de la confession publique de notre foi, du témoignage rendu à Christ (v. 32 et 33 ). Nous savons que ce témoignage, quand il est fidèle, provoque « la contradiction » (cf. Luc 2 :34), amène la division là où elle est la plus douloureuse, dans la famille ( Mat. 10 :35-39 ). Et même dans les Eglises, surtout en période d'apostasie.

Ben sûr, les prises de position à cause de la vérité peuvent coûter cher. Il y va de notre « confort» personnel, de notre popularité, de nos amitiés souvent. Mais voulons-nous sauvegarder tout cela au prix de la lâcheté, d'une coupable mollesse?

Les compromis coûtent encore plus cher à long terme, et ils sont méprisables.J'aimerais à ce propos rappeler le cinglant reproche de Churchill aux hommes politiques qui avaient, à Munich, en 1939, capitulé devant Hitler :

« Vous avez voulu sauver la paix au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur, et vous aurez quand même la guerre. »

Je regrette de le dire, mais la lâcheté règne largement dans le monde évangélique (et je ne pense pas maintenant aux seuls Evangéliques des U.S.A. ), comme s'il n'avait plus de convictions viscérales à défendre.

Et le silence aussi, un silence honteux, complice de la trahison spirituelle qui est en train de se perpétrer.Evoquant l'infiltration néo-orthodoxe en Amérique dans les Eglises évangéliques, Schaeffer ne peut que déplorer le silence des leaders et leur passivité quand il aurait fallu se mobiliser pour la cause de la défense de l'Ecriture et de la foi :

« Quelques voix solitaires se sont élevées. Autrement, ce fut un grand, vaste silence».

De même, en relation avec « Le Conseil International sur l'inerrance Biblique», formellement organisé le 16 mai 1977 à Chicago, il fait remarquer qu'il « n'a pas eu l'appui de la plupart des leaders évangéliques, et que ces derniers n'ont manifesté aucun élan pour cette cause», (Idem, p. 186, dans une note relative au chapitre 2).

Paul-André Dubois

 

Extrait autorisé du remarquable exposé « Les évangéliques face à la Parole de Dieu » publié dans « Résister et construire » No 26-27 ( Novembre 1993

La Bonne Nouvelle 3/94

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