Introduction
L'Eglise Evangélique Baptiste à Lausanne est située à l'Avenue Vinet à deux pas de la clinique La Source. Rappelons qu'Alexandre Vinet (1797-1847) fut une des figures marquantes du Réveil évangélique du XIXe siècle avec, parmi bien d'autres, Agénor de Gasparin (1810-1871), défenseur inlassable de la Bible et fondateur de la clinique et école d'infirmière La Source. Cette église se trouve ainsi entourée de souvenirs se rapportant à ce remarquable mouvement de l'Esprit-Saint qui, au siècle passé, réveilla une partie importante de l'Eglise et amena de nombreuses âmes à Christ. Ce réveil suscita également, autant les oeuvres spirituelles et littéraires d'un Vinet que celles, ecclésiastiques et charitables, de la famille de Gasparin, fruits qui sont la marque de l'action véritable de l'Esprit de Dieu.
Mais aujourd'hui, l'Eglise n'a-t-elle pas pris beaucoup de distance d'un tel christianisme capable, par son seul rayonnement, d'avoir un impact social et culturel aussi vivifiant? A considérer la situation religieuse et culturelle qui nous environne, il nous faut constater que nous sommes aujourd'hui en présence d'un renouveau puissant de l'ancien paganisme. En descendant la rue du Pré du Marché, nous tombons à notre droite sur une toute nouvelle librairie, pimpante et florissante, qui porte le nom de Librairie des Astres et que certains en plaisantant appellent la Librairie Désastre. Car il s'agit d'une librairie exclusivement consacrée à la vente d'ouvrages ésotériques, astrologiques et consacrés aux religions païennes. Prenons un autre exemple de cette invasion des forces obscures. Il y a une vingtaine d'années, un journaliste lausannois, André Marcel, entreprit une enquête sur l'influence des guérisseurs dans notre région et découvrit, à son grand étonnement, qu'on y dénombrait davantage de guérisseurs que de médecins. Une connaissance qui, il y a une dizaine d'années, consultait chaque semaine son astrologue, on pourrait presque dire, de famille, nous disait, comme pour justifier ses pratiques, que la salle de consultation de son voyant préféré ne désemplissait pas et que le téléphone y sonnait sans cesse.
Depuis lors ce phénomène n'a fait que s'amplifier. De nombreux bébés des quartiers populaires de notre ville portent aujourd'hui des amulettes (bracelets de perles magnétisés) pour se protéger contre les maux de dents si fréquents à cet âge; des maîtresses d'école ont même introduit le pendule en classe pour découvrir lesquels de leurs élèves n'avaient pas fait leurs devoirs ou, encore, proposent à des enfants souffrant d'eczéma d'envoyer leur photo à un Monsieur qui la regarderait attentivement et qu'ainsi il ferait partir leur maladie. De tels exemples pourraient sans peine être multipliés.
Ce renouveau du paganisme moderne discernable partout en occident sonne le glas des restes d'une civilisation inspirée par la foi chrétienne. Le Réveil évangélique du XIXe siècle que nous venons d'évoquer, fut la dernière occasion dans notre pays où un renouveau spirituel soit parvenu à marquer, de façon publique durable, la vie même de notre civilisation. Dans notre ville, la Librairie des Astres n'est pas unique en son genre. Lorsque je vins pour la première fois à Lausanne en 1960, il est vrai, l'on pouvait y trouver des ouvrages ésotériques, mais à cette époque ils subissaient le même sort que celui réservé aux publications pornographiques: ces dernières étaient peu nombreuses et étaient reléguées aux rayons inaccessibles au public, ou dans des endroits peu fréquentés des librairies. Aujourd'hui, les choses sont bien différentes. Partout les ouvrages occultes les plus dangereux sont parfaitement disponibles, s'étalant sans honte aucune au grand jour, manifestant ainsi, à qui veut bien le remarquer, l'immense intérêt du public pour une spiritualité foncièrement païenne. Ce changement si profond s'est produit dans une période relativement courte, au cours des années soixante. Il s'agissait d'un verrou culturel qui sautait, effondrement qui affectait bien d'autres secteurs que celui de l'intérêt pour l'ésotérisme. Dans le domaine analogue de la pornographie, l'auteur de romans policiers Frédéric Dard (San Antonio) exprimait, dans un entretien avec l'évêque Mamie de Fribourg, son inquiétude et son désarroi face au fait que, pendant ces années cruciales, les exigences de ses éditeurs s'étaient radicalement modifiées. Avant, on lui reprochait l'excès de verdeur de son langage; après, de ne pas y aller assez fort dans la vulgarité et l'obscénité.
Henri Bergson (1859-1941), philosophe français d'origine juive, appelait de ses voeux sur notre civilisation, un supplément d'âme apte à combler le vide laissé par une culture matérialiste, rationaliste et mécanique, ayant résolument tourné le dos aux valeurs spirituelles (1). Mais de quelle spiritualité pouvait-il donc s'agir? Rappelons simplement ici, comme avant-goût de ce qui nous attend dans la suite de cette étude, ces paroles du beau-frère de Bergson, Samuel Mathers, fondateur de l'ordre secret de l'Aurore sacrée (Golden Dawn), composé exclusivement de Francs-Maçons et de Rosicruciens de haut grade. Il évoque les expériences spirituelles très particulières que suscitèrent en lui ce supplément d'âme que son beau-frère souhaitait pour régénérer notre civilisation:
«En ce qui concerne les Chefs Secrets je ne les ai que très rarement vus dans leur corps physique ( .. ). Je sentais que j'étais en contact avec une Force si terrible ( .. ) que j'éprouvais une grande difficulté à respirer (...); je passais par des sueurs froides, saignement de nez, de la bouche et parfois même des oreilles» (2).
Plus près de nous, André Malraux, tout athée et marxiste qu'il était, proclamait un peu pompeusement: «Le XXIe siècle sera religieux, ou il ne sera pas.» Le supplément d'âme et le renouveau religieux sont aujourd'hui avec nous, mais d'où viennent-ils? Sont-ils païens ou sont-ils chrétiens?
Mes différents exposés forment un tout. Je traiterai d'abord du combat victorieux de l'Eglise de Dieu contre le paganisme, en premier lieu dans la Bible, puis dans l'histoire de l'Eglise. Ensuite j'examinerai le renouveau du paganisme dans l'histoire de l'Occident; enfin je porterai mon attention sur ce qu'on appelle aujourd'hui le Nouvel Age, qui n'est en réalité rien d'autre que le prolongement, sous une forme moderne, du paganisme antique. Ma conclusion cherchera à définir la voie que trace la Bible pour un retour à un christianisme qui saura manifester à nouveau aux yeux de tous la victoire acquise par Jésus-Christ à Golgotha sur toutes les forces de l'enfer. Il s'agit du retour à un christianisme ne se contentant pas seulement de l'apparence de la piété, mais en détenant également la force, force qui, nous dit la Bible, est faite de deux éléments inséparables: une foi véritable en Jésus-Christ, Sauveur et Seigneur, et le fruit d'une telle foi, l'obéissance, certes imparfaite mais grandissante, aux commandements de Dieu. Cette obéissance et cette foi, nous dit la Bible, sont victorieuses du monde, aujourd'hui encore capables d'enfoncer les portes de l'enfer et de renverser toutes les citadelles de Satan.
A. Les étapes du combat biblique contre le paganisme issu de la chute
1. La chute(3)
Le conflit entre la foi véritable et les religions inventées par la vaine imagination du coeur corrompu de l'homme, commence avec la tentation d'Eve et la chute de la race humaine. Pour comprendre le nouveau paganisme - ce nouvel âge dont on commence à parler dans nos pays francophones - il nous faut d'abord comprendre comment la Bible elle-même différencie la foi de l'alliance établie par le Dieu trinitaire avec son peuple, des religions innombrables que les hommes s'inventent pour échapper à la souveraine autorité de Dieu. Rappelons le dialogue entre Eve et le serpent (4):
La femme dit au serpent: «Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n'en mangerez pas et vous n'y toucherez pas, sinon vous mourrez.»
Alors le serpent dit à la femme: «Vous ne mourrez pas du tout! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux qui connaissent le bien et le mal» (Gen 3.2-5).
Vous connaissez la suite du récit. La femme mangea du fruit défendu et en donna à son mari, qui n'osa s'opposer à son épouse. Par cet acte le péché entra dans le monde, et par le péché la mort. Mais ce qui nous intéresse plutôt ici, c'est la tactique employée par le diable, tactique qui au cours de l'histoire n'a jamais varié, ce que nous verrons clairement par la suite. Nous pouvons ici en discerner quatre étapes:
a) Il apparaît à la femme, non sous sa propre forme, mais déguisé sous les apparences d'une des bonnes créatures de Dieu. Le diable est un expert en camouflage.
b) Il affirme que la parole de Dieu est fausse, que Dieu a menti à l'homme en lui imposant une restriction, un interdit.
c) Il promet que par la connaissance initiatique l'homme pourra accéder à un état supérieur où il connaîtra le bien et le mal indépendamment de la parole de Dieu.
d) Il affirme que l'homme obtiendra ainsi la capacité de devenir Dieu lui-même; il s'agit de la divinisation de l'homme par une connaissance supérieure.
Nous retrouverons tous ces éléments dans le paganisme de toutes les époques et, tout particulièrement, dans le néo-paganisme de ce qu'on appelle abusivement aujourd'hui le nouvel âge.
2. Le meurtre d'Abel
Dans l'opposition et la jalousie de Caïn pour Abel, nous voyons la première escarmouche dans le combat millénaire entre la vraie foi et la religion fabriquée par l'homme.
Au bout d'un certain temps, Caïn apporta des fruits du sol comme offrande à l'Eternel. Abel, lui aussi, apporta des premiers-nés de son petit bétail avec leur graisse. L'Eternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande; mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn, ni sur son offrande. Caïn fut irrité, et son visage fut abattu (..). Caïn adressa la parole à son frère Abel, et comme ils étaient dans les champs, Caïn se dressa contre son frère et le tua (Gen 4.3-8).
La question qui se pose ici à nous est la suivante: pourquoi Dieu approuva-t-il le sacrifice d'Abel et rejeta-t-il celui de Caïn? Certes, comme nous dit le texte, la vie d'Abel était approuvée de Dieu, tandis que Caïn portait ses désirs vers le mal. Mais le texte va beaucoup plus loin. Caïn apportait à Dieu le fruit de son travail, tandis qu'Abel, lui, offrait à Dieu en sacrifice des premiers-nés de son petit bétail avec leur graisse. Le sacrifice d'Abel préfigurait les sacrifices du Tabernacle et du Temple, qui parlent tous, typologiquement et prophétiquement, du sacrifice de Jésus-Christ à la croix pour nos péchés. Abel voyait sa justice en l'oeuvre à venir de l'Agneau de Dieu et par sa foi en ce sacrifice à venir, il fut justifié, déclaré juste par Dieu. Par contre Caïn voulait se justifier lui-même par le sacrifice de ses propres oeuvres, passant ainsi à côté d'une prise de conscience du caractère radical de son péché, si profond, en fait, qu'aucune oeuvre ayant sa source en lui-même n'était capable de le rendre juste devant Dieu.
Pour être bref, le sacrifice d'Abel représente le salut par la foi nue en l'unique sacrifice ultime de Jésus-Christ à la croix, qui lui seul peut ôter les péchés du monde. Le salut vient de Dieu, il est pure grâce, c'est Emmanuel, Dieu avec nous, et non, comme l'entendait Caïn, nous avec Dieu. Par contre Caïn imaginait que ses oeuvres religieuses pouvaient lui permettre de combler l'abîme qui le séparait de Dieu. A la place de la justification par la foi en l'unique sacrifice du divin Médiateur, il mettait sa propre justification, obtenue par l'offrande à Dieu du travail de ses mains. Abel préfigure l'Eglise de Dieu qui met toute sa confiance en l'oeuvre extrinsèque du Seigneur Jésus-Christ. Caïn préfigure toutes les religions non-chrétiennes - le judaïsme apostat, l'Islam et toutes les religions païennes -, qui se fondent sans exception sur les efforts de l'homme pécheur pour combler le gouffre qui le sépare de Dieu.
Nous verrons par la suite qu'une des marques dominantes du renouveau actuel du paganisme est son insistance constante sur la nécessité d'accomplir certaines oeuvres - expériences, initiations, privations, disciplines, techniques, etc. - pour rétablir une communion perdue avec la divinité. Sur le plan profane, un tel salut par l'effort de l'homme s'exprime très clairement dans la symbolique maçonnique (l'équerre et le compas), instruments qui permettent de faire la vérité dans la loge rassemblée en atelier, ou dans celle du communisme (marteau et faucille), où l'homme se crée lui-même par son travail. Dans la dialectique marxiste, l'homme n'est pas; il se fait par son travail, il est son propre créateur. Ce que fait une nature divinisée dans l'évolutionnisme darwinien est attribué à l'homme dans le marxisme. C'est parce qu'ils partageaient la vision marxiste d'un salut opéré par les oeuvres d'une religion sécularisée, que les nazis furent conduits à reprendre pour leur compte la pratique communiste d'une ré-éducation (c'est-à-dire une recréation) des aliénés sociaux, des perdus, par le travail forcé des camps de concentration. Ils affichèrent publiquement leur but sotériologique (qui concerne la doctrine du salut) en plaçant au-dessus des portails de ces machines à salut que sont toujours les goulags, le slogan «Arbeit macht frei» (le travail libère). L'usage, si répandu depuis une quinzaine d'années, du mot atelier pour désigner un groupe de discussion montre clairement à quel point l'idéologie des loges a pénétré et façonné même le langage évangélique. Et nous savons fort bien que les glissements de sens précèdent presque toujours des dérapages doctrinaux et pratiques.
3. La tour de Babel
Ce principe religieux propre à toutes les formes du paganisme, quels qu'en soient les lieux ou les époques, de parvenir à un salut opéré par des oeuvres religieuses ou profanes uniquement humaines, est particulièrement mis en évidence par la tentative des hommes à Babel de construire une tour dans le but de relier ciel et terre.
Or toute la terre parlait un même langage avec les mêmes mots. Partis de l'Orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Chinéar, et ils y habitèrent. Ils se dirent l'un à l'autre: <Allons! faisons des briques et cuisons-les au feu. La brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de mortier» Ils dirent (encore): «Allons! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet (touche) au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas disséminés à la surface de toute la terre.» (Gen 11. 1-4)
La suite du récit est connue. Dieu, dans sa bonté et dans sa sévérité, vit cette tour en voie de construction et le dessein insensé des hommes d'essayer d'atteindre le ciel par leurs propres efforts. Ils désiraient ainsi rétablir le paradis sur terre sans Dieu, et pour parvenir à ce but, ils cherchaient à établir une unité entre tous les hommes. En confondant leurs langues et en dispersant les hommes aux quatre coins de la planète, Dieu cassa ce projet. Son succès aurait eut pour effet de rendre permanent et irréversible la séparation des hommes d'avec leur Créateur. Par cette intervention divine, les hommes, malgré tous leurs efforts allant dans le sens contraire, ont été amenés à accomplir, du moins partiellement, l'ordre créationnel adressé à Adam:
Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là. (Gen 1.28)
Nous nous retrouvons ici à nouveau confrontés au coeur même de la religiosité païenne: la volonté d'atteindre le ciel, de combler la rupture produite par le péché, uniquement au moyen d'efforts humains. Nous voyons en plus dans ce récit le caractère collectif de l'entreprise d'auto-déification des hommes. Il ne s'agit pas seulement de relier terre et ciel - tentation propre à tous les messianismes utopiques - mais, pour ce faire, il faut à tout prix relier les hommes entre eux, les unir tous dans un effort unique.(5)
Ceci nous révèle un nouvel aspect des religions païennes: leur caractère totalitaire, leur tendance à vouloir unifier l'humanité en un seul corps, à fonder un seul empire sur terre. Cette tendance unificatrice totalitaire est apparue fréquemment dans l'histoire des nations païennes. L'Egypte, Babylone, la Grèce, Rome et jusqu'aux plus petites sociétés animistes, ont manifesté le même caractère totalitaire. Les empires modernes, celui d'un Napoléon, le nazisme et le communisme, ont tous manifesté ce même phénomène centralisateur et unificateur. Tous, nous le verrons plus loin, furent fortement marqués par le retour en force du paganisme de toujours.
Relevons encore ici que la confusion des langues et la dispersion des hommes furent des marques, non seulement du jugement de Dieu, mais de sa bonté. La constitution des hommes en nations, peuples, tribus et clans distincts est également un acte positif dont les conséquences bénéfiques se manifesteront jusque dans la vie à venir. Car il nous est dit par le voyant de l'Apocalypse que les feuilles de l'arbre de vie serviront à la guérison des nations elles-mêmes (Apoc 22.2). (6) Aujourd'hui, la renaissance du paganisme est à nouveau accompagnée par l'obsession de l'unité mondiale.(7) Le monstrueux projet de collaboration internationale pour décrypter complètement le code génétique humain, dans le but inavoué de manipulation, et même de création, humaine, n'est certes pas un des aspects les plus rassurants du mouvement d'unification mondiale. Il est évident que par l'universalisation du langage mathématique et par le développement fulgurant de son instrument rêvé, l'informatique, l'homme cherche à nouveau à contourner cette maudite confusion des langues imposée par le Créateur à Babel. Le mondialisme tant prôné aujourd'hui - beaucoup plus avancé dans bien des domaines que nous ne l'imaginons - lui aussi témoigne de la volonté persistante des hommes de s'unir par leurs propres moyens en dehors du Royaume de Dieu et de son Christ.
4. La délivrance de l'esclavage d'Egypte
Après la délivrance de Noé et de sa famille de la catastrophe universelle du déluge et l'appel d'Abram à quitter sa patrie pour une destination inconnue, la sortie du peuple d'Israël d'Egypte constitue une nouvelle phase dans la lutte immémoriale entre le peuple de l'alliance et les forces religieuses et politiques du monde païen. En Egypte, Moïse et Aaron furent confrontés, non seulement à la puissance totalitaire de l'Empire des pharaons (une monarchie a prétentions divines), mais également à la puissance magique des maîtres de la religion égyptienne. Dans cette longue confrontation avec toute la puissance religieuse et politique d'une civilisation païenne, les serviteurs du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob sortirent victorieux. Leur obéissance et leur foi vint à bout de la puissance occulte très réelle des magiciens et des devins de l'Egypte. Il est intéressant de constater que la Bible n'hésite pas à attester la réalité de cette puissance ésotérique. A la suite de la première plaie provoquée par Moïse, la transformation de l'eau du Nil en sang, l'Exode nous dit:
Mais les magiciens d'Egypte en firent autant par leurs pratiques occultes. (Ex 722)
Il en fut de même pour la deuxième plaie, la multiplication des grenouilles:
Mais les magiciens en firent autant par leurs pratiques occultes. Ils firent monter les grenouilles sur le pays d'Egypte. (Ex 8.3)
Mais dès la troisième plaie, celle des moustiques, il n'en fut plus du tout de même:
Les magiciens employèrent leurs pratiques occultes pour produire les moustiques; mais ils ne le purent pas. Les moustiques étaient sur les hommes et sur les bêtes. Alors les magiciens dirent au Pharaon: «C'est le doigt de Dieu!» (Ex 8.10-14)
La puissance magique très réelle exercée par les magiciens d'Egypte avait de très strictes limites et ils durent eux-mêmes reconnaître la puissance supérieure du Dieu d'Israël. L'occultisme qui se répand si librement partout aujourd'hui est de la même espèce que celui pratiqué par les magiciens de l'Antiquité. La puissance de Dieu lui est toujours infiniment supérieure. Pourquoi donc voyons-nous la croissance presque irrésistible de ce nouveau paganisme autour de nous? Ne nous est-il pas dit que notre foi était victorieuse du monde? Une fois la puissance spirituelle de l'Egypte vaincue, ce n'était plus qu'une question de temps - et de persévérance dans la foi et dans l'obéissance de la part de Moïse et d'Aaron - avant que ne soit également renversé le pouvoir politique, oppressif et totalitaire des pharaons.
5. La conquête de Canaan
Les habitants du pays de Canaan, nous dit la Bible, étaient parvenus à ce comble de décadence morale et spirituelle que Dieu avait prédit à Abraham quatre siècles auparavant (Gen 15.16). Ces nations étaient connues dans tout le Moyen Orient ancien pour leurs pratiques occultes, faisant même venir le magicien Balaam de l'Euphrate pour jeter des sorts sur le peuple d'Israël. La victoire de Dieu sur les puissances de l'Egypte se répéta pour Israël sous l'égide de Josué face aux Cananéens. Mais à cette victoire, l'Eternel avait établi une condition: la fidélité de Josué, et de tout le peuple avec lui, à la parole de Dieu. Voyez l'exhortation que Dieu adressa à Josué à la veille de cette confrontation:
Nul ne tiendra devant toi, tous les jours de ta vie. Je suis avec toi comme j'ai été avec Moïse; je ne te délaisserai pas, je ne t'abandonnerai pas. Fortifie-toi et prends courage, car c'est grâce à toi que ce peuple héritera du pays que j'ai juré à leurs pères de leur donner Seulement fortifie-toi, aie bon courage, en observant et en mettant en pratique toute la loi que t'a prescrite Moïse, mon serviteur: ne t'en détourne ni à droite ni à gauche, afin de réussir partout où tu iras. Ce livre de la loi ne s'éloignera pas de ta bouche; tu y méditeras jour et nuit pour observer et mettre en pratique tout ce qui y est écrit, car c'est alors que tu mèneras à bien tes entreprises, c'est alors que tu réussiras. Ne t'ai-je pas donné cet ordre: Fortifie-toi et prends courage? Ne t'effraie pas et ne t'épouvante pas, car l'Eternel ton Dieu est avec toi où tu iras. (Jos 1.5-9)
Face à un peuple qui, sous la direction de Josué, marchait dans la fidélité aux ordres de Dieu, dans la soumission à sa Parole, les puissances maléfiques qui dominaient les nations cananéennes durent reculer et la victoire fut assurée à Israël. Car le Dieu de Josué était plus puissant que les démons qui se prétendaient les dieux des Cananéens. Les portes de l'enfer, en effet, ne pouvaient prévaloir contre les armées fidèles du Dieu de l'ancienne alliance. Prévaudraient-elles aujourd'hui contre l'Eglise de l'alliance nouvelle?
6. Elie et les prophètes de Baal
Mais le peuple de Dieu n'est pas demeuré dans cette victoire que lui assurait son entière confiance en Dieu et sa fidélité à la loi. L'histoire d'Israël que nous retracent les livres des Juges, de Samuel et des Rois nous montre clairement que chaque fois que le peuple de Dieu se détournait de l'Eternel et de sa loi, se compromettant avec les puissances mauvaises en adorant leurs idoles, il était immanquablement livré à ses ennemis.
Quand un seul homme, comme Elie par exemple, se levait à l'appel de Dieu pour s'opposer aux religions païennes qui s'étaient infiltrées dans la vie religieuse d'Israël, les puissances du mal étaient obligées de reculer. Lorsqu'Elie, au nom du Dieu d'Israël, lança un défi aux 450 prophètes de Baal pour voir quel dieu répondrait à la prière de ses fidèles, le Dieu vivant ou les Baals, l'Eternel manifesta clairement sa puissance en envoyant en réponse à la prière de son serviteur le feu du ciel pour consumer l'offrande placée sur l'autel.
Au moment de la présentation de l'offrande, le prophète Elie s'avança et dit: «Eternel, Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, que l'on reconnaisse aujourd'hui que c'est toi qui est Dieu en Israël, que je suis ton serviteur et que j'ai fait toutes ces choses par ta parole! Réponds-moi, Eternel, réponds-moi afin que ce peuple reconnaisse que c'est toi qui ramènes leur coeur!»
Alors le feu du ciel tomba: il consuma l'holocauste, le bois, les pierres et la terre, et il absorba l'eau qui était dans le fossé. Quand tout le peuple vit cela, ils tombèrent la face contre terre et dirent: «C'est l'Eternel qui est Dieu! C'est l'Eternel qui est Dieu!» (1 Rois 18.36-39)
Mais pour obtenir de telles victoires, il fallait des hommes comme Elie, hommes comme nous, nous dit la Bible, des hommes chez lesquels se trouvaient mariées la foi en Dieu et la fidélité à ses commandements.
Le peuple d'Israël cependant, malgré les avertissements répétés de Dieu, s'enfonça de plus en plus dans l'idolâtrie et l'iniquité et fut, pour finir, emporté par les Assyriens. Juda, lui aussi, persista dans son infidélité et à son tour fut déporté à Babylone par le roi Nabuchodonosor. Soixante-dix ans après la déportation, un reste purifié par l'épreuve revint avec Esdras et Néhémie rebâtir le temple et les murailles de la ville sainte.
7. Le peuple fidèle, victorieux même dans l'exil
Nous trouvons dans le récit de la déportation des Juifs à Babylone l'histoire étonnante de Daniel et de ses amis pour nous faire comprendre que même dans les plus grands désastres de l'Eglise, Dieu demeure fidèle à ses promesses. Ainsi Daniel et ses amis, en restant fidèles, malgré tous les obstacles de l'exil, aux commandements de leur Seigneur, ont pu voir le Dieu tout-puissant intervenir en leur faveur et faire plier les plus grands rois de la terre devant sa majesté. Quel encouragement nous pouvons tirer de ces paroles du roi Nabuchodonosor!
Après le temps marqué, moi, Nabuchodonosor, je levai les yeux vers le ciel, et la raison me revint. J'ai béni le Très-Haut, j'ai loué et glorifié celui qui vit éternellement, celui dont la domination est une domination éternelle, et dont le règne subsiste de génération en génération. Tous les habitants de la terre sont comme s'ils n'avaient pas de valeur; il agit comme il lui plaît avec l'armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n'y a personne qui résiste à sa main et ose lui dire: Que fais-tu? (..) Maintenant, moi, Nabuchodonosor, je loue, j'exalte et je glorifie le roi des cieux, dont toutes les oeuvres sont vraies et les voies justes, et qui peut abaisser ceux qui marchent avec orgueil (Dan 4.31-34).
Après la délivrance de Daniel de la fosse aux lions, le roi Darius écrivit à tout les peuples et à toutes les nations sous son autorité ces paroles extraordinaires dans la bouche du souverain d'une nation, Babylone, maîtresse de tous les arts magiques et divinatoires:
«Que la paix soit avec vous en abondance! Je donne l'ordre que, dans toute l'étendue de mon royaume, on ait de la crainte et du respect devant le Dieu de Daniel.
Car il est le Dieu vivant
Et il subsiste à jamais!
Son royaume ne sera jamais détruit, Et sa domination durera jusqu'à la fin. C'est lui qui sauve et délivre, Qui opère des signes et des prodiges
Dans les cieux et sur la terre.
C'est lui qui a sauvé Daniel De la griffe des lions.» (Dan 6.26-28).
Cet appui extraordinaire de Dieu envers son serviteur était manifestement le fruit de la foi et de la fidélité de Daniel, de son entière confiance envers son Dieu et de sa volonté persévérante d'obéissance, jusque dans les moindres détails, à la loi de Dieu. En cet homme de Dieu exemplaire s'accomplissaient les paroles de notre Seigneur Jésus-Christ:
Celui qui mettra en pratique l'un de ces plus petits commandements, et qui les enseignera, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux (Mat 5.1).
8. Le retour d'Israël et la falsification de la loi
Israël, à nouveau, se montra infidèle à son Dieu. Mais cette fois ce ne fut pas simplement par imitation de l'idolâtrie des peuples voisins ou par oubli de la loi. La désobéissance d'Israël fut plus profonde encore. Elle fut marquée par un respect apparent des commandements de Dieu, même par un zèle farouche en leur faveur. Mais ce respect était de pure façade et cachait une volonté inflexible de modifier les exigences de la loi par le biais d'une casuistique rationaliste savante dont le but était de réduire les difficultés morales imposées par les commandements de Dieu aux enfants d'Israël.
Le dernier livre de l'Ancien Testament, la prophétie de Malachie, témoigne clairement de cette volonté de falsifier la parole de Dieu tout en prétendant lui vouer le plus grand respect. Voici comment Dieu, par la bouche de son prophète, s'adressa aux prêtres, c'est-à-dire à ceux dont la tâche était d'enseigner la loi au peuple:
Mon alliance demeurait avec Lévi, C'était la vie et la paix.
Je les lui ai données pour qu'il me craigne,
Et il a eu pour moi de la crainte, Il a tremblé devant mon nom.
Une loi véridique était dans sa bouche, Et la fraude ne s'est pas trouvée sur ses lèvres;
Il a marché avec moi dans la paix et la droiture,
Il a détourné du mal beaucoup d'hommes.
Car les lèvres du sacrificateur Gardent la connaissance,
Et c'est à sa bouche qu'on demande la loi,
Parce qu'il est un messager de l'Eternel des armées.
Mais vous vous êtes écartés de la voie,
Vous avez fait trébucher beaucoup d'hommes au moyen de la loi.
Vous avez violé l'alliance de Lévi, Dit l'Eternel des armées. (Mal 2.5-7)
Cette falsification de la loi par les Lévites eux-mêmes, afin d'en accommoder les exigences au goût du jour, au rationalisme grec de plus en plus influent et à l'égoïsme naturel du coeur humain, aboutit à cette tradition des anciens qui, sous les apparences du respect le plus scrupuleux de la loi mosaïque, ne faisait qu'en évacuer le sens exact.(8) Ce fut là l'obstacle le plus important auquel le Seigneur Jésus-Christ fut confronté lors de son ministère terrestre. Cette tradition exégétique et théologique apostate se consolida plus tard dans ce que l'on vint à appeler la loi orale, la Mishna, qui se substitua largement à la loi écrite ancienne, la Thora, pour aboutir finalement à une nouvelle loi écrite, le Talmud.
Ce Talmud rabbinique, cette tradition des anciens, est aujourd'hui le véritable livre saint des Juifs. Il est en fait placé par eux bien au-dessus de la Bible elle-même. Nous pouvons y trouver la plupart des racines philosophiques et théologiques de l'apostasie moderne: la tradition mise au-dessus de la révélation, la critique rationaliste de la Bible, la pire des casuistiques morales, le relativisme de l'éthique de situation, la négation constante du principe de contradiction, même la dialectique hégélienne. Il est faux d'affirmer que le judaïsme moderne, même le plus orthodoxe, repose en premier lieu sur la Bible hébraïque. Comme les scribes et les pharisiens du temps de Jésus, les Juifs d'aujourd'hui s'appuient, non sur la loi donnée à Moïse, mais sur une falsification millénaire de cette loi.(9)
9. La venue du Messie et la victoire définitive de Dieu sur le paganisme
Au temps du Christ, la casuistique rabbinique de la tradition des anciens conduisit à une invasion de la nation juive par les puissances des ténèbres. Il est en effet invraisemblable que si le peuple de Dieu était demeuré fidèle, il ait pu connaître une occupation démoniaque telle que celle décrite par les Evangiles. Les innombrables délivrances opérées par Jésus-Christ et ses disciples parmi ceux qui étaient toujours l'unique peuple de Dieu étaient des signes d'une grande infidélité de la nation toute entière à son Dieu. Ces délivrances si nombreuses étaient annonciatrices de l'imminente victoire complète à la croix du Fils de Dieu sur toutes les puissances de l'enfer. L'évangéliste Luc témoigne de cette puissance victorieuse de la parole de Dieu:
Les soixante-dix revinrent avec joie et dirent: «Seigneur les démons même nous sont soumis en ton nom.» Il leur dit: «Je voyais Satan tomber comme un éclair» (Luc 10. 17-18).
L'apôtre Jean nous dit:
Le Fils de Dieu est apparu, afin de détruire les oeuvres du diable (1 Jean 3.8).
Et l'auteur de l'épître aux Hébreux est plus explicite encore:
Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, lui aussi, d'une manière semblable y a participé, afin d'écraser par sa mort celui qui détenait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable (Héb 2.14).
Ainsi s'accomplissait la première prophétie messianique de la Bible, celle où Dieu promettait à Eve que sa descendance écraserait la tête du serpent (Gen 3.15). Comme le dit l'apôtre Paul:
... il a dépouillé les principautés et les pouvoirs, et les a publiquement livrés en spectacle, en triomphant d'eux à la croix (Col 2.15).
Jésus-Christ le disait lui-même peu de temps avant sa crucifixion:
Maintenant c'est le jugement de ce monde, maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors (Jean 12.31).
C'est cette victoire finale et définitive du Christ sur toutes les puissances des ténèbres qui brisa pour toujours la force spirituelle du paganisme et ouvrit une brèche, que nul ne peut fermer, pour la proclamation victorieuse de l'Evangile à toutes les nations de cette terre.
B. Le combat de l'Eglise contre le paganisme
Introduction
La prédication de l'Evangile aux nations pour les amener à l'obéissance de la foi a pour but premier de manifester dans le monde la victoire du Seigneur Jésus-Christ à la croix du calvaire. L'apôtre Paul en écrivant aux chrétiens de Rome les exhorte à être sages en ce qui concerne le bien et purs en ce qui concerne le mal. Il ajoute ces paroles réconfortantes: Le Dieu de pair écrasera bientôt Satan sous vos pieds (Rom 16.19-20). L'apôtre Jacques nous donne le secret de cette victoire sur les puissances des ténèbres: Soumettez-vous donc à Dieu (c'est-à-dire, obéissez à sa parole, à ses commandements); résistez au diable, et il fuira loin de vous. Et il indique le chemin à prendre pour une vie chrétienne victorieuse, tant sur le plan personnel que sur celui de l'Eglise: Approchez-vous de Dieu, et il s'approchera de vous. Purifiez vos mains, pécheurs et nettoyez vos coeurs, âmes partagées. Reconnaissez votre misère, menez deuil, pleurez; que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse. Humiliez-vous devant le Seigneur et il vous élèvera (Jac 4.7-10).
Paul affirmait, lui aussi, la même chose. Avant de donner aux chrétiens d'Ephèse sa merveilleuse description des armes du chrétien, il écrivait: Au reste fortifiez-vous dans le Seigneur et par sa force souveraine (Eph 6.10).
Démarche qui nous permettra de revêtir toutes les armes de Dieu. Notre foi, nous dit encore l'apôtre Jean, est victorieuse du monde, car l'amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pénibles, parce que tout ce qui est né de Dieu triomphe du monde, et voici la victoire qui triomphe du monde: notre foi. Qui est celui qui triomphe du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu? (1 Jean 5.3-5).
L'Eglise des apôtres et des martyrs des premiers siècles trouva la force victorieuse dans ses combats les plus difficiles dans le fait qu'elle croyait sans douter aux dernières paroles que le Seigneur Jésus-Christ adressa à ses disciples juste avant son ascension: Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde (Mat 28.19-20).
Car les apôtres et les disciples avaient en fait un christianisme assez simple qui se résumait en la foi en Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, foi qui se manifestait par leur obéissance aux commandements de Dieu. Ils s'attendaient en conséquence à ce que les requêtes du Notre Père s'accomplissent, que le royaume de Dieu se manifeste déjà ici-bas et que la volonté de Dieu se fasse sur la terre comme au ciel. Ils ne séparaient pas, comme nous le faisons trop souvent, le ciel de la terre, le Royaume futur de sa manifestation partielle présente. Ce Royaume, formé de ceux qui sont nés de Dieu et qui lui obéissent, n'est rien d'autre que les prémices, les premiers fruits de ces nouveaux cieux et de cette nouvelle terre que nous attendons.
Voilà en fait tout le secret de la victoire de la première Eglise sur le paganisme de l'Antiquité et sur la puissance anti-chrétienne de l'Empire romain. Ce que Dieu avait accompli sous l'Ancienne Alliance ne pouvait-il pas encore plus le faire dans la Nouvelle, maintenant que le Christ avait tout mis sous ses pieds, que Satan et son armée avaient été mis en fuite à la croix et que Dieu avait revêtu son peuple de l'autorité même du Saint-Esprit? C'est l'histoire de cette victoire du Christ à la croix manifestée par une Eglise fidèle que nous allons maintenant examiner.
Comment le christianisme a vaincu le paganisme
La rapidité avec laquelle se répandit le christianisme à travers l'Empire romain, et bien au-delà, que décrit le livre des Actes, est un spectacle saisissant. Tel un feu de brousse, le souffle de l'Esprit-Saint envoyé à la Pentecôte, en une seule génération établit la foi chrétienne de l'Espagne à l'Inde, des bords de la Mer Noire jusqu'aux confins de l'Ethiopie. Cela, rappelons-le, à une époque où aucun de nos moyens de communications modernes n'existaient. Malgré la dure persécution d'un Empire pour lequel le culte de l'empereur était le couronnement religieux et politique d'un vaste système syncrétiste et le garant de son unité spirituelle, la foi chrétienne se montra partout victorieuse du paganisme. L'Eglise surmonta victorieusement les assauts violents de Satan. Selon l'expression frappante de Tertullien, le sang des martyrs était bel et bien la semence de l'Eglise. Plus se développait la persécution, plus croissait le nombre des fidèles.
Mais l'Eglise eut également à subir les assauts spirituels du diable, de celui qui, comme nous l'a dit le Christ, est dès le commencement menteur. Le diable, désespérant d'abattre l'Eglise par la violence, l'attaqua au moyen d'hérésies.
L'assaut du gnosticisme, mélange très courant à l'époque d'un pseudo-christianisme avec du syncrétisme platonisant à caractère ésotérique, fut victorieusement repoussé dès le 2e siècle par des défenseurs intrépides de la foi orthodoxe comme Irénée de Lyon. Il en fut de même pour les dangers représentés par les tendances judaïsantes dans l'Eglise qui conduisaient à confondre les croyances d'un judaïsme devenu apostat et la véritable foi biblique maintenant libérée des pratiques rituelles juives. Au 4e siècle, l'arianisme, négation ouverte de la divinité de Jésus-Christ, se brisa contre le roc inébranlable de la foi d'hommes de Dieu tels Athanase d'Alexandrie et Hilaire de Poitiers. Plus tard, au 5e siècle, ce fut un Augustin de Hippo qui se dressa vigoureusement contre l'hérésie de Pélage qui préconisait un enseignement trop flatteur pour l'homme déchu, homme qui par ses propres Moyens, par ses propres oeuvres, pourrait se sauver avec l'assistance facultative de la grâce. (10)
Mais par dessus toutes ces hérésies nouvelles, ce fut le paganisme lui-même qui dut céder du terrain partout où était prêché l'Evangile. Après la dure persécution de Dioclétien à la fin du 3e siècle, Constantin proclama la tolérance de la foi chrétienne dans l'Empire. Sous son règne, elle eut même tendance à se substituer au culte solaire alors dominant comme religion semi-officielle de l'Empire. Constantin présida lui-même au Concile décisif de Nicée en l'an 325. (11) Mais ce ne fut que lors du règne de Théodose I (379-395) et sous l'influence décisive d'Ambroise de Milan (340-397), que le christianisme fut déclaré la religion officielle de l'Empire. Théodose mit fin aux sacrifices païens et ferma les temples, mais le paganisme lui-même ne fut pas autrement l'objet de pressions. (12)
Je ne voudrais pas ici discuter les avantages ou les désavantages de l'alliance qui fut ainsi établie entre l'Empire et l'Eglise chrétienne. La manchette publicitaire que j'ai récemment trouvée dans l'ouvrage de H. Lietzmann, «Histoire de l'Eglise Ancienne» (13) est en elle-même éloquente. On y lit en grand caractères rouges: «Comment le christianisme a vaincu le paganisme.» Lorsqu'on lit l'ouvrage de Pierre de Labriolle, «La réaction païenne, étude sur la polémique anti-chrétienne du 1er au 6e siècles», (14) on est singulièrement frappé par l'attitude de plus en plus défensive de la résistance païenne à mesure que se développait le christianisme. Elle dut constamment céder du terrain face au nouveau culte. Il était évident pour tous que par son Eglise le Christ était réellement victorieux des dieux païens de l'Antiquité et de l'apostasie juive.
Mais il y a davantage encore. Au cours du Moyen Age, le christianisme qui s'était si fortement implanté dans l'Empire romain et qui avait remarquablement survécu, tant à la chute de cet empire qu'aux invasions germaniques, continua à affronter avec la même dynamique victorieuse les nouvelles nations païennes qu'il rencontrait. C'est ainsi que les mondes germaniques et slaves passèrent sous l'influence du christianisme.
Je ne voudrais pas cependant minimiser les ombres qui obscurcissent quelque peu ce tableau, en particulier les compromis avec le paganisme qui accompagnèrent cette marche victorieuse. Prenons par exemple la date de la fête de Noël fixée arbitrairement au 25 décembre. Cette date n'est autre que celle de la fête païenne du dieu qui dominait l'Empire à l'époque de Constantin, Sol Invictus, le soleil invincible. Sur un autre plan, nous devons constater le retour en force de certaines tendances judaïsantes à l'intérieur même de l'Eglise, avec la graduelle introduction dans le culte chrétien de cérémonies juives et de règles liturgiques adaptées de l'Ancien Testament. C'est le cas du sacrifice renouvelé, mais non-sanglant, de la messe, du caractère spécial de la prêtrise, de l'importance des vêtements liturgiques, de l'assimilation du pape au grand prêtre, des 70 membres du collège des cardinaux (décalque du sanhédrin), etc. Je ne voudrais pas non plus passer sous silence le fait que ce grand défenseur de la foi, Augustin, fut une excellente courroie de transmission par laquelle des éléments importants de philosophie païenne, surtout du néo-platonisme, pénétrèrent dans la pensée chrétienne. Plus tard Thomas d'Aquin, dans une réaction mal orientée contre les dangers du dualisme augustinien, qui aux 11e et 12e siècles avaient pris des proportions inquiétantes, tenta d'y remédier. Mais, au lieu de revenir à la doctrine biblique de la création et de l'ordre de cette création tel qu'il est révélé dans la loi biblique, il introduisit dans la pensée chrétienne le levain de la philosophie d'Aristote.
Tout cela n'est que trop vrai. Cependant une étude impartiale de l'Europe dans les siècles qui précédèrent et suivirent la chute de l'Empire romain nous oblige de constater l'influence ascendante, puis dominante, du christianisme sur la société et sur la culture toute entière. Tant la famille que les lois, les institutions politiques que la littérature, bref toute la civilisation témoigne du fait que c'est le christianisme qui en était maintenant l'influence spirituelle prépondérante. (15)
On commence aujourd'hui seulement à comprendre, avec l'érosion croissante et toujours plus rapide de la présence chrétienne dans nos sociétés, à quel point fut immense et bienfaisante la victoire du christianisme sur le paganisme. De nombreuses études récentes démontrent clairement quel fut le modèle premier de toute la civilisation médiévale. En effet, la vision du monde de cette période était façonnée sur le modèle biblique. Prenons quelques exemples. L'Empereur Charlemagne avait comme modèle politique et spirituel pour l'exercice de la royauté, non l'Empire romain, mais la royauté de David. Les premiers empereurs saxons du Saint Empire Romain Germanique, les Otto II et III, les Henry II et III, avaient tous une conception hautement biblique de leur fonction. Henry III, par exemple, avait l'habitude, avant de prendre toute décision politique d'importance, de chercher d'abord à se mettre en ordre avec Dieu, confesser ses péchés et prendre la cène. Comme l'écrit Siegfried Ernst dans son beau livre, «A toi est le règne»: Pour lui, le besoin d'un renouvellement spirituel constant, un changement profond du coeur et la purification de ses péchés étaient préalablement requis pour avoir l'inspiration et la capacité de maintenir un ordre de gouvernement où Dieu lui-même régnerait à travers ses représentants, roi ou empereur» (16)
Cette primauté de la vie spirituelle, cette valeur première du modèle biblique même dans le domaine politique, se retrouve dans toute la vie de l'époque.
Bien plus tard, dans l'immense effort d'évangélisation qui accompagna la colonisation européenne, particulièrement au 19e siècle on retrouvera cette puissance de l'Evangile qui renverse les fondements mêmes du paganisme. Partout où s'implantait le christianisme, on a vu reculer le paganisme. Ces victoires s'obtenaient souvent par le sacrifice de leur vie des missionnaires pionniers. Très souvent aussi cet effort d'évangélisation des païens était heureusement appuyé par le pouvoir politique de la puissance coloniale, elle-même soucieuse d'instaurer un ordre juste pour la société sous sa domination. Permettez-moi d'évoquer ici un souvenir d'enfance datant des années quarante. Il se rapporte aux meurtres rituels d'enfants, de véritables sacrifices humains offerts aux idoles pour se procurer des «médicaments» magiques, qui étaient perpétrés pour des chefs tribaux par des sorciers au Lessouto, en Afrique du Sud où mes parents étaient missionnaires. Ces sacrifices religieux d'enfants étaient vigoureusement combattus par les autorités britanniques qui les assimilaient fort correctement à des simples meurtres encore passibles, à cette époque lointaine, de la peine de mort. De tels actes criminels étaient refoulés dans les coins les plus cachés de la société par une répression juridique fondée sur des valeurs bibliques, comme l'étaient d'ailleurs, à la même époque dans nos pays encore christianisés, les avortements qui faisaient heureusement alors encore l'objet d'une répression criminelle. Aujourd'hui, tant dans les pays colonisés qu'en Europe, les choses ont grandement changé grâce à notre abandon croissant de la loi de Dieu comme norme juridique finale. Autant les meurtres rituels dans les pays décolonisés que les avortements chez nous ne sont plus guère réprimés.
Il est utile aussi de rappeler que les forces offensives les plus puissantes travaillant à la repaganisation de l'Occident, l'Islam et l'Hindouisme, sont des religions qui proviennent essentiellement de régions où les autorités colonisatrices (je pense en particulier à l'Angleterre aux Indes et à la France en Afrique du Nord) avaient adopté une politique fortement opposée à tout effort d'évangélisation de populations païennes, et cela dans l'espoir de maintenir une paix sociale à court terme. Comme l'avait si bien compris Christophe Colomb à la fin du 15' siècle, la seule vraie justification de toute entreprise colonisatrice provenant de l'Europe était de favoriser l'annonce de l'Evangile aux nations païennes. Refuser cette vocation faisait disparaître toute légitimité morale et spirituelle et ne pouvait qu'aboutir, à long terme, à la perte des colonies et à la résurgence du paganisme. Charles de Foucauld, par exemple, qui avait consacré sa vie à l'Evangélisation des Touaregs au Sahara, constatait dès avant la première Guerre mondiale que cette démission spirituelle de l'autorité politique de la métropole entraînerait inévitablement la disparition de la présence française en Afrique du Nord. Nous assistons aujourd'hui à la conséquence ultime de cette apostasie, l'invasion de nos pays par le paganisme lui-même. Nous voyons maintenant que trop clairement à quel point fut néfaste la domination exercée par une idéologie pluraliste et syncrétiste (qui était celle de la franc-maçonnerie) sur les couches dirigeantes européennes au 19' siècle. C'est toujours le refus d'évangélisation qui conduit à long terme aux reconquêtes du paganisme.
C. Les étapes du retour du paganisme
Introduction
Le 10 mars 1979, le Dr. Pierre Benoît s'adressant à l'Association médico-sociale protestante, faisait les remarques suivantes: «Ce à quoi nous assistons tous les jours (et il se pourrait bien que nous y assistions et y participions de plus en plus) - à savoir le retour du fond des âges dans nos sociétés des formes les plus sauvages, voire des formes sans nom et de beaucoup les pires, de la violence -, n'était rien d'autre que le fruit monstrueux du mariage d'un christianisme abâtardi, avec les idéologies contemporaines les plus inconsistantes et les plus lénifiantes, dont les bonnes intentions n'ont, au bout du compte, d'autre intention que de paver l'enfer.» (17)
Cette analyse nous place au coeur du retour en force du vieux paganisme, de ce qu'aujourd'hui on appelle le Nouvel Age. Un tel reflux s'est immanquablement manifesté aux époques où l'on pouvait constater l'abâtardissement du christianisme. Il n'a jamais été arrêté autrement que par un retour à la vraie foi. Prenons, par exemple, le fléau de l'Arianisme qui au 4e siècle manqua d'emporter, si ce n'est l'Eglise toute entière, du moins la quasi-totalité de la hiérarchie. (Cette hérésie niait l'unité et identité de substance du Fils avec le Père.) Il a fallu l'intransigeante fidélité d'un homme, Athanase, pour que le mal soit arrêté et qu'il subisse une défaite décisive. Il en a été de même de la résistance opiniâtre d'Augustin au pélagianisme, un siècle plus tard. (Cette doctrine mettait l'accent sur le libre arbitre et niait pratiquement la nécessité de la grâce divine.) Plus près de nous, confronté autant à une Eglise catholique de la fin du Moyen Age profondément corrompue, tant dans sa doctrine que moralement, ainsi qu'à un pouvoir politique où la volonté des hommes et des lois d'invention purement humaines avaient pris le dessus sur la parole de Dieu, un homme seul, Martin Luther, ouvrit le chemin au rétablissement de l'autorité de la Bible tant pour l'Eglise que pour l'Etat lui-même, et pour la société toute entière. Ce rétablissement du christianisme au 17e siècle que nous appelons la Réformation fut d'abord le fruit du combat opiniâtre et solitaire d'un chrétien contre les puissances mauvaises qui avaient envahi la maison de Dieu et asservi les nations chrétiennes. Car le combat de l'Eglise contre le paganisme, que ce soit sous des formes anciennes ou modernes, n'est pas d'abord un combat temporel - politique, social, culturel, même si ce combat a des conséquences dans tous ces domaines - mais avant tout une guerre spirituelle contre les principautés et les dominations du monde des ténèbres. Comme l'apôtre Paul nous le dit: Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair. Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas chamelles, mais elles sont puissantes devant Dieu, pour renverser des forteresses. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s'élèvent contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l'obéissance au Christ (2 Cor 10.3-5).
1. L'Eglise se place au-dessus du Christ et de sa Parole
A partir du IIe siècle environ, la tendance des évêques de Rome à s'identifier au Christ lui-même et à usurper la place du Seigneur, prend une toute nouvelle ampleur avec des pontificats puissants, ceux de Grégoire VII - pourtant fortement marqué par l'étude de la Bible - puis d'Innocent III et de Boniface VIII.(18) C'est à cette époque que se consolida ce que nous connaissons sous le nom de système catholique romain. La papauté se dégage alors de l'emprise des pouvoirs politiques, prend le dessus dans son conflit avec les Empereurs Hohenstaufen et cherche à libérer l'Eglise tout entière de sa dépendance envers les princes. L'infaillibilité pontificale est affirmée, ajoutant ainsi une infaillibilité purement humaine à celle de la Bible. L'Eglise est maintenant conçue comme le prolongement visible du Christ lui-même, doctrine qui est à la base des pouvoirs particuliers du clergé dont le célibat devient obligatoire. La messe comme renouvellement non-sanglant du sacrifice du Christ par le prêtre prend sa forme actuelle et l'on voit apparaître des doctrines, telles celle du purgatoire, qui ne font que renforcer le pouvoir spirituel du clergé aux dépens de l'action souveraine de la grâce de Dieu.(19) En fait, ce que la grande histoire de Fliche et de Martin appelle la centralisation pontificale ou la monarchie pontificale, n'est rien d'autre que le retour en force d'une vision romaine, impériale et païenne, du pouvoir dans l'Eglise. Ce retour aux formes païennes du pouvoir politique fut fortement renforcé par le rétablissement de l'enseignement du droit romain, particulièrement à l'Université de Bologne, et son introduction dans le droit canon comme source juridique fondamentale du droit à la place de la loi biblique. (20)
2. L'Empire et les royaumes d'Occident imitent la romanisation du pouvoir ecclésiastique
Les empereurs du Saint Empire Romain Germanique, surtout la dynastie des Hohenstaufen, en la personne de Henri VI et de Frédéric II, ne tardèrent pas à imiter le nouveau modèle du pouvoir établi par la papauté, afin de lui contester la suprématie politique absolue en Occident. Chez Frédéric II, ceci fut accompagné par un véritable retour au paganisme et par le rejet des normes chrétiennes, allant même jusqu'à prôner la divinisation de la personne de l'Empereur.(21) Plus tard, les monarchies françaises et anglaises, cherchant à consolider leur pouvoir face aux prétentions tant de la papauté que de l'empire, adoptèrent également cette vision sécularisée du pouvoir politique. Ainsi commença le travail de sape de tout l'édifice de la chrétienté qui, au cours du Moyen Age, avait petit à petit édifié une société imprégnée de fond en comble par les normes de la parole de Dieu.
3. L'entrée en force de la philosophie païenne dans la pensée chrétienne du 13e siècle
Par l'influence d'Augustin, la pensée dualiste de Platon, fondée sur une opposition fondamentale entre esprit et matière (contrairement à la dichotomie chrétienne, qui est entre vérité et erreur, bien et mal), avait fortement marqué tout un aspect de la pensée du haut Moyen Age. Au 13e siècle, avec l'oeuvre de Thomas d'Aquin, une large entrée fut percée dans la citadelle de la chrétienté pour la philosophie païenne par la synthèse qu'il opéra entre christianisme et aristotélisme.(22) Thomas d'Aquin souhaitait, en adaptant la pensée éminemment concrète et réaliste d'Aristote à la théologie chrétienne, contrecarrer l'influence néfaste du spiritualisme dualiste platonicien dans sa forme augustinienne. Il semblerait qu'en fin de compte il ait souhaité donner le dernier mot dans cette synthèse délicate à la pensée chrétienne, mais il n'échappa jamais au dualisme fondamental qui marquait toute la pensée grecque. Il transposa ainsi le dualisme grec (opposition: matière-esprit) en une forme nouvelle partiellement christianisée (opposition: nature-grâce). Pour lui, la foi ne devait pas seulement nous délivrer des liens du péché mais également des limites de la nature. Cette vision dualiste conduisit à séparer en deux domaines fondamentalement distincts les sciences humaines, accessibles aux seules lumières de la raison, des sciences divines, pour lesquelles la révélation devenait indispensable. Ceci revenait à dire que l'exercice de la pensée humaine séparée de la révélation divine était parfaitement adéquate au domaine dit profane. Comme si quelque chose pouvait être indépendant de Dieu! Comme si la pensée de Dieu révélée dans la Bible n'était pas également adéquate au domaine profane! Sous des apparences chrétiennes, il s'agit en fait d'une pensée en fin de compte païenne. Le père Ephrem Longpré (1890-1965), franciscain canadien et disciple de Duns Scot, s'est vigoureusement opposé au compromis thomiste qu'il «rendait responsable pour une bonne partie de la laïcisation de la pensée chrétienne». Ecoutons-le: «Galilée a failli être brûlé parce qu'il enseignait que la terre tournait autour du soleil et non le soleil autour de la terre. C'est toute la différence, et elle est énorme et irréductible, entre l'Ecole franciscaine et l'Ecole thomiste. Nous, nous enseignons que c'est la terre, c'est-à-dire tout le créé, qui tourne autour du Christ et non le Christ qui tourne autour du créé.»(23) (Le thomisme affirme que la raison humaine comprend les faits naturels, mais a besoin de la grâce pour comprendre les faits surnaturels.)
Duns Scot, dont l'influence fut si grande sur la Réforme française au travers de l'enseignement du philosophe et théologien écossais Jean Majeur, qui à Paris avait été un des maîtres de Calvin,(24) trouva en Longpré un ardent défenseur: «La préoccupation de Duns Scot, en effet, est de créer, à l'encontre des philosophes et par-dessus Aristote entendu dans le sens authentique de sa pensée qui est païen, sous l'impulsion directe du donné révélé, une métaphysique intégralement chrétienne sensible dans tout son contenu aux exigences immédiates du dogme et à toutes ses implications les plus lointaines.» (25)
Mais l'équilibre instable créé par la pensée de Thomas d'Aquin entre un christianisme paganisé et un aristotélisme christianisé ne pouvait durer. De son vivant déjà se montrait le fruit de ce compromis impossible dans la tentative d'un de ses successeurs, Siger de Brabant, de profiter de la brèche ouverte par Thomas d'Aquin pour séculariser radicalement la pensée dans tous les domaines qui ne touchaient pas directement à la théologie. Comme si la théologie ne concernait pas en fait toute la réalité, comme si Dieu n'était pas le maître d'oeuvre de toute sa création! Il est significatif que la dernière bataille théologique engagée par Thomas d'Aquin fut contre cette tentative de pousser le système thomiste à sa conclusion laïque logique. C'est de ce mouvement que sont sorties ce que nous appelons aujourd'hui les sciences naturelles et les sciences humaines qui se veulent avant tout indépendantes de la pensée de Dieu exprimée dans la Bible.
4. L'humanisme italien et la première véritable renaissance du paganisme en Occident
Au 15e siècle, l'Italie a connu l'effondrement d'une présence chrétienne jusqu'alors dominante. Ce vide fut rapidement rempli par la redécouverte des valeurs culturelles de l'Antiquité et souvent par un retour explicite au paganisme lui-même .(26) Le modèle dominant pour la société n'était plus du tout celui de la Bible, ni même celui de l'équilibre instable représenté par la pensée de Thomas d'Aquin. L'humanisme classique de Rome et d'Athènes devint le nouveau moule culturel dans lequel on souhaitait couler le renouveau des arts et des lettres. Avec ce renouveau d'intérêt pour l'Antiquité vint également un regain de curiosité pour tout ce qui touchait aux religions païennes jadis vaincues par le christianisme. Ainsi se développa un engouement irrésistible pour la mythologie, l'ésotérisme sous toutes ses formes, la magie, la divination, l'astrologie, et l'occultisme.(27) Le néo-platonisme de l'Académie de Florence, fondée par Laurent de Médici et le philosophe Marsile Ficin, rejetait catégoriquement Aristote et le compromis thomiste pour s'orienter vers un platonisme à tendance nettement ésotérique.(28) C'est contre ce retour au paganisme, contre cet affaissement du christianisme, que se dressa Jérôme Savonarole.(29) Il n'est guère surprenant de constater que Ficin s'avérera un ennemi implacable du réformateur florentin. L'historien italien Eugenio Garin nous permet de sentir la violence du combat spirituel que livra Savonarole: «Une fois Savonarole mort ( ... ), le chanoine Marsile Ficin composait son Apologie contre le supplicié, où il soutenait que ce n'était pas un seul esprit mauvais qui s'était incarné en lui, mais toute une armée de démons. Dans un temps qui avait cependant l'invective facile, on vit rarement rassemblées en un même écrit autant d'insultes et d'atteintes à la mémoire d'un mort. »(30) L'entreprise de restauration chrétienne de Florence par Savonarole fut abattue par une alliance entre la papauté des Borgia et les forces des humanistes, finalement peu enclins à se soumettre à la royauté de Jésus-Christ. Il est cependant frappant de voir Luther, quelque vingt ans plus tard, reprendre le flambeau de la lutte contre le nouveau paganisme dans l'Eglise et dans la société, se reconnaissant, dans une préface aux dernières Méditations de Savonarole, en quelque sorte comme appartenant à la lignée de son fougueux prédécesseur.(31) Loin d'être des figures «modernes» comme on l'a trop souvent prétendu, des hommes comme Luther et Savonarole furent des personnalités archaïques à leur époque. Leurs préoccupations rappelaient bien plus celles du haut Moyen Age et même de l'antiquité chrétienne des pères de l'Eglise que la Renaissance ou les Lumières. Il est significatif que ce fut un Médici - la famille de banquiers qui avait dominé la vie politique, sociale et culturelle de Florence au 15e siècle et dont Savonarole avait si fortement combattu l'influence paganisante -, le pape Léon X, qui excommunia Luther, action qui rendit impossible toute véritable réforme interne de l'Eglise romaine.
5. La lettre morte d'un protestantisme apostat
La réforme fut le dernier barrage, socialement et politiquement significatif, à s'opposer à la montée apparemment irrésistible du paganisme moderne. Pendant la Réformation, partout où fut prêchée la parole de Dieu dans son intégralité, les forces montantes du paganisme furent arrêtées, et cela autant dans la société qu'à l'intérieur de l'Eglise. (32) L'Eglise catholique, subissant par contre-coup involontaire l'influence bénéfique de la réforme, se mit elle-même à résister vigoureusement à l'offensive d'un paganisme qu'elle avait d'abord encouragé. Mais cette accalmie fut de courte durée.
La nouvelle brèche dans les défenses de la chrétienté se fit cette fois dans le monde gagné au protestantisme, en particulier en Hollande et en Grande Bretagne. La Hollande, par la tolérance relative qui y régnait dans la deuxième moitié du 17e siècle, devint la plaque tournante européenne des publications critiques de l'orthodoxie. La foi réformée, si fortement axée comme elle l'était sur la parole de Dieu et sa prédication et sur la foi seule (aux dépens de toute liturgie, de sacrements, de traditions, de coutumes), était particulièrement vulnérable à la tentation du rationalisme, une fois que s'introduisait un relâchement de la foi en l'autorité de la parole de Dieu. C'est d'un tel relâchement spirituel qu'est en grande partie venue l'offensive rationaliste de la fin du 17e et du siècle suivant.(33) Ce n'est pas un hasard si la Franc-maçonnerie, qui joua un si grand rôle en France dans la montée des Lumières, fut fondée par un pasteur écossais apostat, James Anderson, associé à un prédicateur huguenot, Jean Théophile Désaguliers, ayant lui aussi renié de fait la foi chrétienne. Elle prit racine en Angleterre avant d'envahir l'Europe toute entière. Ces «lumières», dont le caractère principal était leur opposition aux «ténèbres» du christianisme, furent un des moteurs principaux de la Révolution française. Comme d'habitude, nous devons constater que le mal se propage toujours grâce à la démission du bien.
6. Le siècle des lumières et l'éclosion du paganisme moderne
Peter Gay, un de meilleurs connaisseurs de la civilisation des lumières, intitule très justement le premier volume de son chef d'oeuvre consacré au 18' siècle, «L'essor du paganisme moderne.» (34) Il est aujourd'hui incontestable que le 18' siècle fut marqué par une guerre ouverte menée par la secte des philosophes, partisans modernes du paganisme, contre le christianisme tout entier. Le mot d'ordre de Voltaire, «écrasez l'infâme», s'adressait bien sûr surtout à l'Eglise catholique romaine, mais à travers elle, il attaquait le Christ lui-même, la révélation et le christianisme tout entier. Il fallait à tout prix effacer toute trace de l'influence du christianisme de la civilisation européenne. C'est l'influence de ces «lumières» qui donna tout son caractère anti-chrétien à la Révolution française et qui y déchaîna la persécution si violente des chrétiens. Il ne faut pas non plus oublier la fascination de nombreux Français cultivés à la veille de la révolution pour tout ce qui concernait les pratiques occultes. Le mesmérisme faisait rage et un véritable magicien comme Cagliostro était la coqueluche des salons.(35)
Il nous faut également constater l'extrême faiblesse du christianisme à cette époque, du moins sur le continent. Si l'ancienne et la nouvelle Angleterre ont connu un important réveil spirituel dans la seconde moitié du 18' siècle, il n'en fut guère de même sur le continent. Sur le plan intellectuel, le christianisme n'offrit que peu de résistance aux assauts des philosophes. Le nerf combatif de l'apologétique chrétienne semblait brisé. Il y avait certes quelques exceptions comme Edmund Burke (sur le plan politique(36) ou Georg Friedrich Hamann (sur celui plus fondamental de la philosophie). Ce dernier était à la fois un ami personnel de Kant (ils s'étaient connus pendant leurs études secondaires à Königsberg) et son plus farouche - et unique? - adversaire chrétien. (37)
Mais, comparé au siècle précédent, combien étaient rares les intellectuels chrétiens qui osaient, ou pouvaient, s'attaquer aux idoles idéologiques de l'époque. Abandonnant sa position conquérante, le christianisme se plaçait partout sur la défensive. Au lieu d'affirmer la nécessité absolue de la révélation, du surnaturel, des miracles, de l'irruption de Dieu dans un monde perdu, les chrétiens cherchaient à s'accommoder au mieux avec le rationalisme ambiant, diluant de plus en plus le contenu propre de la foi. Le renouveau piétiste portait ses fruits empoisonnés. Son anti-intellectualisme aboutissait à une attitude passive face au mal et à l'erreur et à une perte complète du sens du combat spirituel, moral et intellectuel. Il est aussi aisé de combattre chrétiennement sans doctrine structurée que de marcher sans colonne vertébrale!
Cette démission doctrinale allait de pair avec une graduelle disparition des préoccupations morales et sociales des chrétiens. L'oubli de la loi de Dieu, l'antinomisme, conduisit au refus de l'autorité de Dieu sur la vie individuelle et publique. La vision de l'autorité royale de Jésus-Christ sur la société toute entière disparut presque totalement et la sphère chrétienne commença à se réduire, là où elle existait encore, à un domaine presque exclusivement spirituel. On oubliait ainsi que tout pouvoir avait été donné au Christ dans les cieux et sur la terre. Faute de vision et de motivation, le christianisme, encore très largement majoritaire à la fin du 18 e siècle, plia piteusement devant une petite clique de philosophes fanatiques, brillants et déterminés, et surtout délivrés des chaînes qui nous empêchent de donner libre cours à notre penchant au mal que sont les scrupules moraux au coeur du christianisme. Les protestants en France plièrent d'une manière terrible devant le fléau de la révolution. La résistance catholique, elle, fut bien plus sérieuse et opiniâtre.(38) La plupart des chrétiens de cette époque manifestaient bien l'apparence de la piété, mais où donc était leur force? Cette force ne vient que d'une communion constante avec Dieu, d'une vie spirituelle construite autour de cette charpente indispensable qu'est la doctrine biblique, d'une vie pratique tout entière fondée sur l'obéissance, dans tous les domaines de la vie, à la loi divine. Elle manquait lamentablement à beaucoup de chrétiens de ce temps , comme du nôtre d'ailleurs. La foi véritable, celle qui tant de fois auparavant avait montré sa force victorieuse en mettant le paganisme en déroute, avait presque partout disparu. Il n'est guère surprenant qu'alors s'ouvrit le gouffre béant de la Révolution; les portes de l'enfer commençaient à s'entrouvrir sur le monde moderne.
7. La révolution française: progrès capital du paganisme
Le progrès du rationalisme au 18e siècle fut accompagné d'une véritable invasion de superstition et d'occultisme. La Franc-maçonnerie, très active en France avant la Révolution, avait donné naissance à de nouvelles sectes illuministes, qui récusaient toute autorité, ne voulant plus ni de Dieu ni du roi. On oublie que le véritable slogan de cette révolution était: «Liberté, égalité, fraternité... ou la mort.»
Le but des révolutionnaires était d'effacer en France toute trace du christianisme, historique ou autre. On remplaça même la semaine de sept jours par la décade (dix jours), et on fit commencer le calendrier, non plus avec la naissance de Christ, mais avec le début de la Révolution. On rebaptisa même un grand nombre de localités dont les noms rappelaient les origines chrétiennes du pays.
Est-il alors étonnant que cette idéologie anti-chrétienne ait abouti à une persécution des chrétiens jusqu'ici inégalée? Dès lors, le mouvement révolutionnaire international a toujours porté le sceau de l'antichrist. De nombreuses études fouillées prouvent que le mouvement révolutionnaire socialiste et communiste est lié à diverses sortes d'occultisme.
La révolution socialiste et communiste et le retour au paganisme sont deux aspects du même phénomène. (39)
8. La révolution bolchévique: victoire complète du nouveau paganisme
La Bible nomme le diable menteur et meurtrier, attributs dont il ne peut se défaire. Rien ne saurait mieux le démontrer que la révolution bolchévique. Par elle, le vieux fond païen est remonté à la lumière. On connaît les racines sataniques de l'inspiration de Marx et du premier mouvement communiste depuis les travaux de Wurmbrand et de Billington.(40) Par ailleurs, le christianisme orthodoxe russe, sous l'autorité des tsars, ne distinguait plus entre le temporel et le spirituel et exerçait un pouvoir autocratique.
Il faut aussi rappeler que le christianisme orthodoxe russe, où les sacrements, la liturgie et la mystique jouent un grand rôle, attribuait peu d'importance à la prédication fidèle de la parole de Dieu. Comme seule la vérité permet de discerner le bien du mal et de résister au mal, même politique, l'orthodoxie russe ne put ni discerner ni s'opposer à l'extraordinaire montée du paganisme qui caractérisa la vie sociale et culturelle russe au tournant du 20e siècle. Elle ne sut pas même prendre les mesures qui s'imposaient pour mettre un terme à l'influence que l'infâme Raspoutine, véritable sorcier déguisé en homme de Dieu, exerçait sur le couple royal.
En Russie, la révolution fut culturelle avant de devenir politique. L'art russe s'adonna à des expériences des plus bizarres. Le peintre Kandinski, les compositeurs Scriabine et Stravinski, Diaghilev (fondateur du Ballet russe) et d'autres sont les fils spirituels du philosophe mystique pseudo-chrétien Vladimir Soloviov (1853-1900). Billington caractérise cette période comme suit: esprit prométhéen (l'homme se plaçant au-dessus de Dieu), sensualisme, visions apocalyptiques. Ainsi le compositeur Scriabine (1872-1915) cherchait à prendre possession de la sagesse divine et de l'éternel féminin par son art. Il écrivait: «Le monde est une impulsion vers Dieu... Je suis le monde, je suis la quête de Dieu, car je ne suis que ce que je cherche.» (41)
Ici, l'art n'avait pas simplement une fonction descriptive; on lui attribuait des forces magiques propres à transformer le cosmos lui-même. Les révolutionnaires de l'époque se berçaient de cet utopie-là. Ainsi l'écrivain Gorki (1868-1915), compagnon de Staline, adressait en 1908 cette prière «au peuple immortel et tout-puissant»:
«Tu es mon Dieu et le créateur de tous les dieux façonnés par toi des beautés de l'esprit et du labeur... de tes recherches. - Il n'existe pas d'autres dieux dans le monde que toi, car tu es celui qui crée des miracles. - Ceci je confesse et crois.» (42)
Trotsky (1879-1940, assassiné au Mexique), dans son ouvrage «Littérature et révolution» (1925), chantait les louanges de l'homme capable «de s'élever sur un plan nouveau, de créer un type social et biologique plus élevé, un surhomme» Il rêvait d'un homme plus fort, plus harmonieux, plus dynamique. «L'homme moyen parviendra aux sommets d'un Aristote, d'un Goethe, d'un Marx ... » et ira encore bien au-delà! (43)
D'autres, se référant à Dostoïevski, cherchaient à atteindre une nouvelle liberté allant au-delà de la raison, en faisant sauter les cadres mêmes de la création. Ils considéraient la liberté sexuelle, accompagnée de toutes sortes de perversions, comme un moyen de faire éclater la réalité.
D'autres encore, tel Bielyi (1880-1914, romancier influencé par Nietzsche), voyaient un côté apocalyptique à la révolution: c'était la dernière grande lutte pour délivrer l'homme de l'Antichrist et le conduire au Messie revenu. Billington montre comment cette révolution artistique, avec ses trois courants (prométhéen, sensuel et apocalyptique), éloignait la Russie de ses assises traditionnelles pour l'orienter vers les dieux mythologiques pré-chrétiens de l'Orient. Des «mystères pour une nouvelle société organique où tous participeraient à un rituel commun dont le but ... était de sauver» furent écrits par Scriabine et Maïakovski (1894-1930, poète); même «si ces oeuvres avaient une forme chrétienne, elles étaient souvent mystiques et semi-orientales dans leur contenu». (44)
Dans un tel contexte, il n'est guère surprenant que Lénine, alors à Zurich avant son retour secret en Russie en 1917, ait participé au lancement du mouvement «dada», art révolutionnaire s'il en est et dont le nom est intentionnellement vide de sens. Il est d'inspiration occulte et voué à la destruction de toutes les formes artistiques. (45)
Tous les thèmes qui figurent aujourd'hui dans le programme du prétendu Nouvel Age sont déjà présents dans la révolution culturelle et spirituelle russe. Un tel arrachement des racines chrétiennes n'était que le prélude au déchaînement satanique que fut, et qu'est toujours, la révolution bolchévique.
9. Le paganisme nazi: retour en force des mythologies germaniques renforcées par la mystique hindoue
On sait bien que le nazisme représente un retour massif à la mythologie païenne germanique. Ce que l'on sait beaucoup moins, c'est le rôle que la mystique orientale y a joué. Déjà dans les années vingt, l'Allemagne connut une étrange attraction pour tout ce qui venait de l'orient. Des philosophes chrétiens comme Thomas Molnar (1878-1952, hongrois) ont signalé les dangers de l'idéalisme philosophique et théologique allemand. Dieu se trouvait situé à l'intérieur de l'univers et même de l'homme (tentation panthéiste), ce qui est totalement étranger à la Bible et au christianisme, mais se rattache aux courants mystiques de l'orient.
Dès 1920, le mage allemand Hermann Keyserling fonda sa célèbre Ecole de sagesse à Darmstadt, centre de méditation et d'enseignement, qui favorisa la synthèse entre le panthéisme allemand et la spiritualité orientale. Il faut ici à nouveau remarquer le rôle capital que joua la trahison des théologiens libéraux dans le désarmement spirituel de l'Allemagne. En détruisant la confiance en l'inspiration et en l'autorité de la Bible, ils ouvraient les portes aux puissances infernales.
L'invasion de l'occulte qui semble précéder les révolutions est toujours introduite par les théologiens traîtres. L'abandon de la foi précède l'entrée des démons et aboutit aux souffrances provoquées par les guerres et les révolutions. Par la parabole de la maison délivrée d'un démon (Mat 12.43-45), mais pas habitée par le Saint-Esprit, Jésus montre le danger d'une telle situation: l'esprit chassé revient avec sept autres pour occuper la maison vide, dont l'état est devenu bien pire qu'au commencement. De même, le nouveau paganisme est bien pire que l'ancien, celui d'avant la venue du christianisme.
C'est dans ce contexte d'abandon de la foi et d'invasion occulte qu'apparut le mouvement nazi en Allemagne. La célébration du bi-centenaire de la Révolution française a coïncidé avec celle du centenaire de la naissance d'Adolphe Hitler. Il est intéressant de savoir que, si Hitler est universellement honni en occident, il n'en est pas de même dans certains pays de l'orient comme l'Inde ou la Chine.(47) La croix gammée, ancien emblème hindou, est fort répandu en orient. Le culte de la race aryenne ne se rapportait pas simplement au mythe de la pureté des races nordiques, mais surtout au mythe hindou des Aryens, ancêtres légendaires de toutes les civilisations du sub-continent indien. Près de Delhi, un monument en l'honneur de la croix gammée porte cette inscription: «Ce symbole est très sacré et très ancien. Depuis au moins 8000 ans, il a été la marque de la civilisation et de la culture aryenne. Ce symbole signifie implicitement une prière pour le succès et la perfection... On ne le trouve pas qu'en Inde, mais dans tous les pays bouddhistes et autres pays étrangers. On pense que toutes les écritures aryennes (sanscrit, chinois, grec, latin, etc.) auraient tiré leur origine de ce symbole.» (48)
Le pouvoir envoûtant de Hitler sur les foules et les individus n'était ni normal ni fortuit. Hitler et ses collègues, qui appartenaient à diverses sociétés initiatiques, étaient en contact direct avec les puissances des ténèbres; mais au lieu de se servir d'elles, ils en étaient devenus les esclaves. Voici quelques sources occultes qui influencèrent le Führer et qui réapparaissent aujourd'hui sous d'autres formes:
La société de Thulé. Thulé représentait le paradis mythique du nord, le pays des Hyperboréens, êtres capables de recevoir la connaissance première (gnose occulte), fruit de l'arbre défendu de la connaissance du bien et du mal. Cette connaissance redonnait aux initiés la puissance cachée perdue par la faute du christianisme. Se saisir de cette puissance était la passion secrète de Hitler.
La société Vril. C'est le développement allemand de l'hindouisme symbolisé par la croix gammée. Hitler avait envoyé des expéditions au Tibet pour persuader à ses sages de communiquer leur puissance cachée aux dirigeants du Troisième Reich. Le professeur Karl Haushofer (1869-1946, suicide), ouvrit de nombreuses branches Vril pendant les années vingt et trente. Il devint le conseiller occulte principal de Hitler et l'initia dans les enseignements secrets de Mme Blavatsky, fondatrice de la théosophie. La formation des troupes SS et de leurs officiers était liée à ces sociétés occultes et leurs pratiques.
Selon ces théories, dont Hitler était imprégné, le peuple allemand ne pouvait retrouver ses antiques racines païennes qu'en extirpant de l'Europe toute la tradition judéo-chrétienne. C'est un des aspects qui expliquent la haine implacable des nazis contre les Juifs. Un deuxième aspect se trouve dans l'évolutionnisme darwiniste, qui favorise l'idée monstrueuse d'éliminer toute une race considérée comme impure au profit de l'imaginaire pureté de la race germanique. En troisième lieu, il faut rappeler que Satan s'est toujours à nouveau ingénié à faire disparaître les Juifs, peuple de Dieu témoin de sa fidélité. Ainsi les racines de la politique nazie d'extermination des Juifs étaient d'ordre biologique pseudo-scientifique (par le biais de l'hypothèse évolutionniste), spirituel et satanique.
Il est manifeste que le pouvoir de Hitler sur les foules était dû à ses pratiques occultes. On a pu démontrer que les gestes bizarres (toujours les mêmes) utilisés par Hitler lors de ses diatribes devant les foules déchaînées avaient une signification occulte; ces gestes symboliques étaient autant d'appels aux puissances infernales.
Hermann Rauschning, qui connaissait Hitler intimement, écrivait: «On ne peut s'empêcher de penser à Hitler comme à un médium... Sans aucun doute, il fut possédé par des forces qui le dépassaient... et dont l'individu appelé Hitler n'était que l'instrument temporaire.» (49) L'enfer de violence déclenché par l'aventure nazie ne doit plus guère nous surprendre lorsqu'on l'envisage sous l'aspect d'une collusion aussi étroite avec les puissances sataniques.
La victoire des puissances alliées en 1945 brisa temporairement ce retour à l'ancien paganisme germanique marié au paganisme oriental. Mais le retour en force du paganisme dans notre civilisation occidentale n'en fut pas arrêté pour autant. Par l'affaissement du christianisme, Satan est à nouveau, après de nombreux siècles de déroute, lâché sur le monde et sur les nations.
En parlant de son retour, notre Seigneur, qui savait que tout cela arriverait, posa une question dont l'actualité brûlante doit nous interpeller: Quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?
D. Le «Nouvel Age», spiritualité d'un monde nouveau?
I. Les Etats-Unis d'Amérique, berceau du «Nouvel Age»
Le centre d'activité du renouveau païen allait maintenant se situer au delà de l'Atlantique, dans le Nouveau Monde. Le Nouvel Ordre des Siècles, vision illuministe des Francs-Maçons à la racine de la Révolution française, le Nouvel Homme du paradis communiste, des illuministes marxistes des 19e et 20e siècles, le Nouvel Ordre de Mille Ans du Troisième Reich, allait céder le pas à ce Nouvel Age du Monde qui, partant des Etats-Unis, se répand aujourd'hui sur la planète tout entière. Le coeur du maelström traversait l'Atlantique pour se situer dans l'immense république des Etats-Unis d'Amérique. Elle aussi, avec ce retard sur le Vieux Monde qui lui est propre, allait connaître l'effondrement spirituel du modernisme théologique ainsi que cette dévaluation si dangereuse que l'on ne peut qu'appeler l'aplatissement spirituel d'un christianisme évangélique peu soucieux de marcher sous la croix du Christ et de se conformer à ses commandements.
Il ne peut faire aucun doute aujourd'hui: Les Etats-Unis d'Amérique constituent le centre de l'influence des ténèbres dans notre monde. Malgré une présence chrétienne certainement plus forte qu'ailleurs, Satan a cependant aujourd'hui établi son trône dans cette nation. Du résultat du rude combat engagé depuis quelques années entre le christianisme américain et les forces occultes d'occupation dépendra l'avenir immédiat de notre planète. Pensons aux plaies que ce pays a déversé sur le monde depuis la seconde guerre mondiale: la pseudo-mystique pentecôtiste, le rock'n'roll, la drogue, la libération sexuelle, le sida, l'abandon de l'Europe orientale et de la Chine au communisme, le financement constant du communisme international, l'intégration du communisme dans un mouvement unitaire mondialiste, et maintenant ce «Nouvel Age» qui, à partir des Etats-Unis, se répand sur le monde entier. Par contraste, il faut aussi le dire, nous devons aux Etats-Unis d'Amérique l'élan missionnaire mondial, le mouvement de reconstruction chrétienne, l'existence d'une économie viable et la résistance au communisme, toutes ces choses étant en très grande partie dues à la persistance de forces saines dans ce pays immense et contradictoire. Mais le Dieu souverain demeure maître de l'histoire, maître du combat entre son Eglise et les puissances des ténèbres.
Lorsqu'en 1926 Annie Besant chercha à introduire le jeune sage indien, Krishnamurti, choisi par le «nouvel âge» de l'époque comme la personnification même du Christ, il se produisit un phénomène étrange. En mettant pied sur le sol américain, le jeune «messie» fut privé de tous ses pouvoirs surnaturels (52). L'on pourrait peut-être en conclure qu'à cette époque encore la puissance spirituelle du christianisme américain dominait toujours celle du paganisme cherchant à envahir l'Amérique. Cinquante années plus tard, il n'en allait plus du tout ainsi. Cependant, déjà au milieu du 19' siècle, le renouveau d'intérêt pour les phénomènes occultes en Europe avait d'abord été déclenché aux Etats-Unis. Mais, à la différence de l'ancien occultisme, toujours considéré par ceux qui s'y engageaient comme quelque chose de dangereux, de grave, la nouvelle vague ésotérique avait un caractère divertissant, léger, insolite qui masquait l'enjeu spirituel terrible qu'il présentait.
II. Le développement du «Nouvel Age» en Amérique
Le mouvement spirituel mondial que nous appelons aujourd'hui le Nouvel Age tire son origine immédiate des Etats-Unis. Déjà dans les années cinquante, les phénomènes culturels des hippies et du rock'n'roll donnaient la couleur de ce qui devait venir. La culture populaire américaine, surtout parmi les jeunes, s'ouvrait de plus en plus à des mystiques purement naturelles, entièrement coupées de la spiritualité chrétienne. Les extases passionnément recherchées par la jeunesse étaient de type oriental. Elles étaient aussi collectives, comme celles des nazis, et étaient provoquées par une musique hallucinante (53), ou personnelles, obtenues au moyen de drogues (54) ou de pratique de méditation de type oriental. Ce qui auparavant avait été le fait d'une petite minorité d'intellectuels détraqués (comme de Quincey, Coleridge, Baudelaire, Rimbaud) devenait, avec le développement de techniques modernes et la décomposition des résistances d'une société en voie de déchristianisation rapide, la soif irrésistible d'un nombre de plus en plus grand de jeunes. A cela s'ajoutait la libération sexuelle et une mystique érotique, fortement facilitées par le développement d'une mentalité contraceptive et de tout l'appareillage hétéroclite qui l'accompagnait dont, bien sûr, la pilule (55) . Tout ceci se passait sur la toile de fond de la disparition rapide des restes d'habitudes morales d'origine chrétienne qui pour un temps avaient, dans de nombreuses familles américaines, survécu à l'effondrement d'une foi authentique. Tout ce mouvement de prétendue libération aboutit à l'explosion de la fin des années soixante où, à toutes ces mystiques personnelles et collectives, fut ajoutée la recherche utopique d'une société parfaite, violente révolte contre la société établie et contre les contraintes de la réalité elle-même. Le lien avec l'utopie communiste était évident dans la révolte des jeunes américains en lutte contre la guerre du Vietnam.
III. Le «Nouvel Age»: la dernière phase de l'invasion de notre société par le paganisme
Le mouvement hippie qui aboutit à la révolte de 68 fut sans doute l'ultime confrontation violente entre le nouveau paganisme et les derniers restes d'une résistance chrétienne au sein de la société. Le phénomène qui passe sous l'appellation de «Nouvel Age» n'est autre chose que l'infiltration graduelle d'une mentalité païenne dans les structures mêmes de notre société. A la stratégie de confrontation a été substituée une politique de pénétration.
Nous assistons aujourd'hui aux dernières phases d'un véritable changement de société. Les bases mêmes de la civilisation occidentale sont en train d'être transformées. Depuis longtemps déjà, la sève chrétienne avait, du moins en Europe, cessé de féconder, de nourrir nos sociétés. Certaines valeurs chrétiennes persistaient cependant par habitude, par une espèce de vitesse acquise allant petit à petit en s'amenuisant. Les aspects d'une société depuis longtemps athée mais s'affirmant humaniste, n'étaient rien d'autre que des restes de notre héritage chrétien. Mais le vide spirituel que représentait cet humanisme sans fondements religieux ne pouvait durer. La société, comme la nature, ne supporte pas le vide. Ce «Nouvel Age» n'est rien d'autre que la montée générale d'une nouvelle religiosité païenne qui remplit le vide laissé dans notre société par l'apostasie d'une immense partie du christianisme. Une des paraboles du Christ qu'il appliquait au peuple juif de son temps, mais qui vaut pour toutes les apostasies, nous décrit remarquablement ce phénomène: Lorsque l'esprit impur est sorti de l'homme, il traverse des lieux arides, cherche du repos et, comme il n'en trouve pas, il dit.- Je retournerai dans ma maison d'où je suis sorti; et, quand il arrive, il la trouve balayée et ornée. Puis il s'en va et prend sept autres esprits plus mauvais que lui; ils entrent et s'établissent là, et la dernière condition de cet homme devient pire que la première (Luc 11.24-26).
IV. Une nouvelle interprétation de l'histoire
Mais qu'est-ce donc que ce Nouvel Age? Tout changement de civilisation s'accompagne inévitablement d'une transformation de la perspective historique. Notre calendrier moderne, qui met la date de la naissance de Jésus-Christ au coeur de sa chronologie - nous datons tout événement comme se situant avant ou après Jésus-Christ - en est un témoignage évident. L'offensive païenne de la Renaissance avait déjà attaqué cette structure chronologique christocentrique en affublant le moyen âge chrétien de l'adjectif de «ténébreux». Dans cette perspective, le retour du paganisme antique était considéré comme une véritable «renaissance». Plus tard, les attaques du rationalisme devinrent plus explicites et plus violentes. Pour Voltaire et pour ses confrères «philosophes», la disparition de l'influence de «l'infâme» Jésus-Christ ne pouvait être que le retour en gloire des «lumières» et la défaite définitive de la superstition chrétienne. Déjà à cette époque, on imaginait être sur le point d'inaugurer «le nouvel âge des siècles», slogan franc-maçon qui figure depuis belle lurette sur les billets de banque américains. Une transformation radicale du calendrier fut tentée par la Révolution française. Mais la tentative était prématurée et ne dura que quelques années. La première année de l'ère nouvelle commença avec l'exécution du roi et la proclamation de la République.
Ce qu'on appelle le Nouvel Age relève de la même prétention à récrire l'histoire en inaugurant un nouveau vocabulaire chronologique. L'inspiration pour cette nouvelle périodisation est puisée dans la vision astrologique de l'histoire qui se développe si fortement aujourd'hui, les signes du zodiaque ayant depuis longtemps remplacé dans nos médias les chroniques chrétiennes ou les fêtes chrétiennes. L'idée ici est que les époques de l'histoire sont marquées par des conjonctions de constellations qui influenceraient l'histoire, donnant ainsi à de longues périodes leur caractère propre. Selon cette théorie astrologique, les derniers deux mille ans représenteraient l'ère du Christ, placés comme ils l'on été sous le signe du Poisson. Ce signe, selon le symbolisme même de l'acrostiche grec utilisé par les premiers chrétiens, ICHTHUS, signifie Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur. Depuis une vingtaine d'années environ, on prétend que la conjonction des astres serait passée du Poisson au Verseau, et que l'histoire aurait de ce fait versé dans l'Age d'Aquarius. Dans cette nouvelle époque, on verrait la polarisation chrétienne-païenne propre à l'âge du Poisson remplacée par une vision religieuse du monde plus synthétisante, plus harmonieuse. Cet âge nouveau verrait s'affirmer de plus en plus ouvertement la concorde entre toutes les oppositions, l'harmonie entre toutes les religions, entre les nations, entre toutes les croyances, toutes les valeurs, toutes les «vérités», christianisme inclu. Un tel syncrétisme total annoncerait une ère sans précédent de prospérité et de paix. Dans ce sens, la détente entre l'Amérique «capitaliste» et l'Union Soviétique «communiste» doit nécessairement remplacer les confrontations de jadis, maintenant définitivement dépassées. La détente et les inévitables conquêtes du communisme qui en sont la conséquence font intégralement partie du Nouvel Age.
IV. Le «Nouvel Age»: Quelles sont les croyances qu'il véhicule?
Elles sont celles du paganisme de tous les temps que nous avons déjà longuement considérées. En voici une revue (57) :
1. Tout est UN
Cette notion centrale du Nouvel Age se retrouve dans toutes les manifestations du nouveau paganisme. On le remarque dans les sectes occultes, la méditation orientale, le mondialisme, la nouvelle physique, l'oecuménisme, etc. Il s'agit d'un monisme universel, c'est-à-dire d'un système philosophique qui considère l'ensemble des choses comme réductible à l'unité.
Le Créateur et la créature, bien et mal, vrai et faux, homme et femme, matière et esprit, etc. ne sont finalement que des illusions. Nous avons à nous intégrer dans cette «unité» pour trouver notre épanouissement. Dans un tel système, si le mal existe, ce ne peut être que la division et l'individualité.
Réponse chrétienne
Le christianisme est absolument opposé à ce système:
(a) La diversité de la réalité non seulement n'est point une illusion, mais source immense de richesse. L'unité de la création n'est pas en contradiction avec sa diversité, pas plus que l'unité de Dieu avec la diversité des Personnes de la Trinité. Le récit de la création dans la Genèse montre comment Dieu différencia la lumière des ténèbres, les espèces animales entre elles, l'homme de toute autre forme de vie, l'homme de la femme, etc. A Babel, Dieu divisa le monde en nations, chacune ayant son identité propre.
L'unité absolue, la non-différenciation de toutes choses, s'appelle en français le chaos, autre mot pour péché.
(b) Confondre le bien et le mal résulte en un dérèglement moral complet. La Bible les distingue sans équivoque: Vois, je mets aujourd'hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal... Choisis la vie, afin que tu vives..., pour aimer l'Eternel, ton Dieu, pour obéir à sa voix... (Deut 30.15-20).
Esaïe combat la confusion éthique en s'écriant: Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière... Malheur à ceux qui sont sages à leurs yeux et qui se considèrent intelligents! (5.20-21)
Jésus-Christ s'adresse ainsi aux prétendus «intelligents» se croyant objets d'une «illumination» spéciale: L'oeil est la lampe du corps. Si ton oeil est en bon état, tout ton corps sera illuminé, mais si ton oeil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres (Mat 6.22-23).
Quoi d'étonnant si notre époque, en proie à la vision unitaire du monde, a tant de peine à réprimer le mal? Comment les financiers et les hommes politiques de l'occident seraient-ils capables de discerner le danger toujours inhérent au communisme? Car si tout est un, il ne saurait y avoir d'ennemi véritable.
On comprend mieux pourquoi notre époque, pour son malheur, méconnaît à tel point les distinctions créationnelles aussi essentielles que celles entre homme et femme, mariage et cohabitation, ouvriers et patrons, Dieu et diable, etc. Le résultat: notre civilisation sombre dans le chaos, l'anarchie et l'impuissance. Car sans certitudes définissables, aucune action efficace n'est possible.
Influencés par la parapsychologie, certains penseurs pourtant clairvoyants à d'autres égards, tels un Arthur Koestler, en sont venus à appeler la mort (le dernier ennemi selon la Bible) «douce» et «digne», ouvrant ainsi la voie à l'euthanasie et au génocide. Voilà l'aboutissement de la non-discrimination du prétendu Nouvel Age.
2. Tout est Dieu
Tout étant un, il n'y a plus de distinction entre Dieu et le Tout. C'est la divinisation de la nature (panthéisme et animisme propres au paganisme). Tout ce qui existe étant dieu, tout est parfait. Dieu ne peut alors être une personne qui parle et avec laquelle on pourrait communiquer. Il est réduit à un fluide cosmique, une force magnétique impersonnelle avec laquelle on peut être ou ne pas être en harmonie.
Ce panthéisme caractérisant le Nouvel Age est à la base de la théorie de l'évolution, où l'univers se crée pour ainsi dire de lui-même, la matière contenant en germe tout son développement. Réponse chrétienne
La Bible enseigne que Dieu (Père, Fils et Saint-Esprit) est distinct de sa création, ayant tout créé de rien. Dieu se suffit à lui-même. Il est la source de tout ce qui existe: Au commencement Dieu créa le ciel et la terre (Gen 1.1). Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l'étendue céleste annonce l'oeuvre de ses mains (Ps 19.2).
Mais Dieu n'est pas le merveilleux horloger de Newton qui aurait abandonné l'univers une fois créé au fonctionnement des lois établies par lui. En son Fils, Dieu soutient à tout instant le cosmos tout entier et dirige les détails de l'Histoire. Effrayant de puissance et de grandeur, Dieu est aussi merveilleux d'amour et de miséricorde. Dieu est un Etre personnel qui donne des lois à l'homme et le rappelle à la repentance et à la vie.
3. L'homme est Dieu
Si tout est un, si tout est Dieu, l'homme lui-même doit être Dieu. L. L. Whyte, protagoniste du Nouvel Age, déclare: «Il est temps qu'on remette Dieu à sa place, celle qui lui revient indiscutablement: en l'homme lui-même.» Ainsi nous sommes tous des dieux; notre tort est de l'ignorer. Swami Muktananda, un des maîtres de la nouvelle spiritualité, déclare très clairement: «Agenouillez-vous devant votre propre Moi. Honorez et adorez votre propre être. Dieu habite en vous, il est vous-même.» (58)
Réponse chrétienne
Loin d'être des dieux, nous sommes des créatures limitées et pécheresses, perdues sans Dieu, sous l'influence néfaste du Prince des ténèbres. Lui seul peut nous donner l'illusion d'être des dieux, comme il le fit avec Eve au paradis.
L'homme n'est pas Dieu; mais Dieu s'est fait homme en la Personne de son Fils unique pour qu'en lui nous puissions être réconciliés avec Dieu et devenir les fils adoptifs du Père.
4. Un changement de conscience: le salut par les oeuvres
Pourquoi ne savons-nous donc pas que tout est un et que nous sommes Dieu? Simplement par ignorance, par manque d'intelligence «spirituelle». Il nous faut être «illuminés» l'état obscurci de notre conscience qui pèche par modestie doit être changé.
D'une manière semblable, le théologien Karl Barth prétendait que tous les hommes étaient sauvés par l'expiation de la croix, mais qu'ils ne le savaient pas. Il fallait simplement en prendre conscience. Plus besoin de foi, la réalité étant vraie qu'on y croie ou non.
Toutes sortes de techniques peuvent transformer notre conscience et nous faire entrer dans une nouvelle dimension. Le Nouvel Age réunit tous les mouvements qui mènent à l'ancien paganisme: yoga, méditation transcendantale, franc-maçonnerie, rose-croix, drogue, expériences extatiques religieuses, artistiques, sexuelles, même sportives. La musique rock peut produire un changement de conscience.
Toutes ces expériences ouvrent la porte à l'action de puissances supérieures que les hommes normalement constitués ne connaissent pas. Il peut s'en suivre une perte de la notion du temps et de l'espace; les limites habituelles semblent effacées et tout semble possible.
Dans de tels états, l'intellect devient l'ennemi, car aucun raisonnement peut saisir ce qui se passe, vu que cela se situe au-delà de tout principe logique. Ces expériences sont souvent accompagnées de manifestations tout bonnement magiques.
Remarquons pour finir que ces expériences sont dues aux efforts humains. Il s'agit, au fond, de la vieille erreur du salut par les oeuvres de l'homme. On comprend que pour le Nouvel Age, le christianisme basé sur la Parole divine est le plus grand obstacle à la réalisation de notre divinité.
Réponse chrétienne
(a) Le véritable problème de l'homme n'est aucunement un manque de connaissance, l'ignorance de son «état divin», mais son état de péché qui le sépare de Dieu et le met sous la condamnation et en contradiction avec lui-même et les autres, tout comme avec la création entière. L'homme est en état de révolte contre son Créateur dont il provoque la juste colère.
(b) Rom 3.12 constate qu'il n'y a rien de bon en l'homme: Il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul. Jésus dit: C'est du coeur que viennent les mauvaises pensées (Mat 15.19). La solution ne se trouve donc pas en l'homme; il n'y a en lui rien qui puisse lui servir d'appui pour son salut.
(c) Livrés à nous-mêmes, notre situation est désespérée, car nous n'avons aucun moyen pour nous purifier de notre faute, qui n'est simplement un complexe de culpabilité, mais un fait objectif. Or Dieu étant juste, le péché doit être puni avant qu'il ne puisse être effacé et la communion avec Dieu restaurée. En la personne de Jésus-Christ, la colère de Dieu a été apaisée par le jugement sur le péché qui frappa son Fils sans péché qui s'est donné en sacrifice à la croix de Golgotha, et ceci sans aucune participation de notre part.
La communion entre l'homme et Dieu ne peut être rétablie que par la seule foi en cette oeuvre accomplie une fois pour toutes par Jésus-Christ, mort à notre place et sorti vainqueur du tombeau en ressuscitant. Nous mettons toute notre confiance en Jésus-Christ, aucun effort de notre part n'y pouvant rien ajouter. Seul le Saint-Esprit peut éclairer notre intelligence et nous régénérer, une fois que nous nous sommes reconnus pécheurs (et non dieux!) et que nous avons fait appel à la grâce de Dieu en Christ, sans aucune technique humaine.
(d) Plus question donc de retrouver nos propres racines par une méditation intérieure, mais de recevoir la vie éternelle de Dieu lui-même. La nouvelle naissance du chrétien justifié par la foi le conduit à se conformer en toutes choses à la bonne et sainte loi de Dieu.
(e) Cette transformation par l'Esprit ne fond pas le chrétien dans le UN cosmique, ni le confond avec le monde créé. Loin de prédire une période de miracles pour l'Eglise à la fin de l'âge (ce que certains imaginent sous l'expression pluies de l'arrière-saison), la Bible avertit que le paganisme retournera avec force: L'avènement de l'impie se produira avec la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers, et avec toutes les séductions de l'injustice pour ceux qui périssent, parce qu'ils n'ont pas reçu l'amour de la vérité pour être sauvés (2 Thes 2.9-10).
5. La conscience renouvelée apportera l'unité spirituelle et politique de l'humanité
Une des affirmations centrales du néo-paganisme est celle de l'unité de toutes les religions. Depuis le début du siècle, on constate un rapprochement des religions païennes au travers de congrès importants. Le Conseil Oecuménique des Eglises (COE) est parvenu à rassembler des milieux protestants et évangéliques devenus infidèles aux Saintes Ecritures avec l'Eglise romaine et mêmes des religions non-chrétiennes. Les diverses religions se confondent en un syncrétisme qui ne se soumet pas à l'autorité de Jésus-Christ, pourtant le seul Seigneur et Chef de l'Eglise. Le Nouvel Age s'est attribué l'arc-en-ciel comme signe de ce rassemblement.
En politique, le mondialisme travaille à l'unification du monde; il est très ouvert à la spiritualité du Nouvel Age.(59)
Position chrétienne
Retenons trois choses de ce double mouvement politique et religieux d'unification de la planète:
1. Jésus-Christ affirme qu'il est le chemin, la vérité et la vie, ce qui exclut d'emblée le véritable christianisme du nouveau panthéon des dieux.
2. Une telle unification mondiale aura pour effet de vouloir éliminer de nos nations toute trace de la foi fondée sur la Bible. Cette sécularisation est déjà bien avancée.
3. Les nations elles-mêmes disparaîtront dans un magma politique international; elles perdront leur indépendance et liberté d'action. Cette unification centralisatrice représentera un immense danger pour toute liberté humaine.
V. Les effets concrets de ce nouveau paganisme
Avec un phénomène aussi vaste il est impossible de tenter un inventaire général de ses effets sur la société. L'on peut cependant en examiner quelques fruits.
1. Dans les Eglises
Cette spiritualité occulte s'infiltre partout. Cela est particulièrement évident dans les églises. Dans les milieux chrétiens, nous voyons la guérison intérieure, la fascination pour le miraculeux, le mépris de la raison et de la doctrine, l'accent mis sur l'expérience religieuse, l'utilisation de méthodes psychologiques d'inspiration ésotérique, l'obsession croissante pour l'écologie, le remplacement de la proclamation de l'Evangile par une action purement sociale et technique, la recherche à tout prix de l'unité, etc.
Ce sont autant de signes de la graduelle paganisation des milieux chrétiens. Sur le plan proprement spirituel, nous devons constater que des hommes comme Wimber, Osborne, Duplessis, Tardif, Jongghi Cho, semblent utiliser des méthodes et des puissances qui ressemblent de façon inquiétante à ce que l'on peut trouver dans la spiritualité du Nouvel Age. Ainsi s'éloigne-t-on, graduellement mais sûrement, de la simplicité de l'Evangile: la foi en Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, et l'obéissance quotidienne à ces commandements.
2. Le monde de la santé
Nous pouvons constater dans le monde de la santé un intérêt croissant pour tout ce qui concerne les médecines dites parallèles (acuponcture, sophrologie, hypnose, iridiologie, messages psychiques, yoga, etc.). Ces méthodes sont évidemment liées au nouveau paganisme.
Mais il y a plus. Sans la miséricorde de Dieu agissant de manière concrète au travers de chrétiens vivant leur foi dans leurs circonstances professionnelles, les institutions de la société ne peuvent que se dégrader. La pratique de la médecine n'échappe pas à cette règle. Si l'homme n'est pas créé à l'image du Dieu transcendant et personnel, s'il n'est qu'un élément d'un processus totalement impersonnel, pourquoi faudrait-il alors tant s'inquiéter de la vie de chaque individu?
Bien que à l'image de Dieu, il devient moyen, instrument à dépenser en vue du bien être des autres plus dignes de vivre que lui: cobaye scientifique, banque à organes, foetus à avorter pour ne pas gêner ses parents égoïstes, foetus à fabriquer en laboratoire pour satisfaire les couples stériles, vieux à éliminer lorsqu'ils deviennent décidément trop incommodes pour leur progéniture sans coeur, etc.
On assiste en fait aujourd'hui à une progressive déshumanisation des soins donnés aux éléments les plus fragiles de notre société. Le bien-être de certains privilégiés a remplacé le bien commun défini par la loi transcendante de Dieu.
(a) Avortement
Cela a commencé avec les enfants non encore nés. Comme les juifs et les tziganes sous les nazis, des êtres humains sont aujourd'hui systématiquement considérés comme des non-personnes et traités comme tels, dès qu'ils entrent dans la catégorie des non-désirés.
Au CHUV à Lausanne, par exemple, la première question posée à une mère qui téléphone à la maternité pour annoncer qu'elle attend un bébé et souhaite obtenir un rendez-vous est: Désirez-vous garder l'enfant? comme si l'instinct maternel se résumait au fait de vouloir éliminer sa propre progéniture gênante.
Aux Etats-Unis, des dirigeants noirs sont horrifiés de découvrir, dans la proportion démesurée d'enfants noirs avortés, le retour en force, sous une forme sinistre, du racisme. La volonté systématique d'imposer la contraception, l'avortement et la stérilisation au tiers-monde est elle aussi perçue comme une nouvelle forme de racisme eugénique.
(b) Enfants malformés et banques d'organes humains
La deuxième catégorie à tomber sous le couteau de nos médecins eugénistes est celle des enfants conçus avec une malformation. L'on tente systématiquement de culpabiliser les parents qui souhaitent garder leur enfant, qui comprennent que l'amour ne s'adresse pas exclusivement aux seuls bien portants. On commence, aux Etats-Unis, au Canada et ailleurs, à éliminer des enfants nés avec des déformations graves et à les utiliser pour alimenter des banques d'organes (60). On n'arrête pas, en effet, les progrès de la médecine, qui ont créé une demande de plus en plus forte d'organes frais.
Un marché a ainsi été créé pour les organes humains, et qui oserait aller à l'encontre des lois sacro-saintes du marché, surtout quand il s'agit de faire du bien? La question se pose: où trouver les organes utilisables en assez grand nombre? Les personnes gravement accidentées, dans le coma par exemple, et qui portent sur eux ce qu'on appelle un testament vivant (qui demande qu'on ne les garde pas inutilement en vie) commencent, surtout aux Etats-Unis, à alimenter ce marché d'organes. L'homme devient ainsi une source d'organes apte à alimenter un marché en pleine expansion.
Quelle importance si pour ce faire il faut tuer quelques non-personnes pour améliorer la qualité de vie d'un être humain plus prospère ou mieux capable de défendre sa place au soleil?
(c) Elimination des vieux
Une troisième catégorie de personnes subissent aujourd'hui les effets de ce culte du Moi propre à la spiritualité du nouveau paganisme: ce sont les vieux sans défense légale et sans moyens juridiques, qui ont le tort impardonnable de déranger leur progéniture.
C'est ici que nous voyons que la concentration sur son Moi - le coeur même de la nouvelle morale - ne conduit guère à une plus grande ouverture à l'égard des autres. Ainsi, aux Etats-Unis par exemple, on commence à laisser des personnes âgées littéralement mourir de faim et de soif. Cela s'appelle dans le jargon médical, de l'euthanasie passive (laisser mourir quelqu'un en lui enlevant les soins qu'on lui donnait, ici l'eau et la nourriture), que l'on considère moins grave que l'euthanasie active (faire mourir quelqu'un en lui administrant un médicament mortel ou en débranchant les appareils qui lui permettent de vivre).
Des pays comme le Canada, l'Australie, les Etats-Unis, la Hollande, l'Autriche connaissent un développement effrayant de l'euthanasie, tant active que passive.
(d) Nouveau cannibalisme
Voici ce qui nous paraît une résurgence de plus en plus brutale des rites les plus sanguinaires d'un paganisme d'autant plus dangereux qu'il se présente sous le dehors innocent des blouses blanches du corps médical. L'avortement paraît de plus en plus comme le sacrifice vivant d'un enfant offert par le médecin-sacrificateur à la requête de parents désireux d'apaiser le dieu d'une sexualité - EROS - totalement coupée de sa finalité procréatrice.
L'euthanasie dont les personnes âgées font l'objet n'est manifestement rien d'autre que le sacrifice d'êtres humains au dieu CONFORT. Ainsi, à l'amour chrétien de son prochain, de ses enfants, de ses parents, viennent se substituer la pire cruauté, l'indifférence et l'égoïsme sacré du bouddhisme, attitudes imperméables à toute souffrance. La civilisation hindoue n'est pas connue pour ses oeuvres de charité.
Mais il y a pire encore. Ces sacrifices humains sont accompagnés d'un retour au plus pur cannibalisme.
Qu'est-ce au juste que le cannibalisme?
Ce n'est pas simplement une forme un peu spéciale de gastronomie. En mangeant les organes vitaux de son ennemi ou de la personne sacrifiée rituellement, on croit assimiler sa force vitale, soit personnellement soit pour le bien de la société. Qu'en est-il aujourd'hui? On élimine des êtres humains pour pouvoir en prélever des organes et les implanter à d'autres. On utilise des foetus pour fabriquer des cosmétiques aptes à rajeunir une peau fanée. On emploie des embryons frais (pardon! des bébés frais) pour produire des substances rajeunissantes. On maintient en laboratoire des embryons en vie à des fins scientifiques. On cherche à coupler génétiquement embryons humains et embryons animaux, des rats et des hommes par exemple. Voici où nous conduit la déshumanisation propre au nouveau paganisme.
3. Face à la mort
Nous en venons tout naturellement à un autre domaine où le nouveau paganisme exerce une influence particulièrement néfaste sur notre société, celui de l'attitude face à la mort. Dans notre civilisation néo-païenne, la mort est de plus en plus considérée comme étant une bonne chose. L'utilisation courante d'expressions telles «la mort douce» ou «mourir avec dignité» témoignent de ce changement psychologique et spirituel.
Les récits de plus en plus nombreux d'expériences spirites de personnes prétendant avoir passe par la mort clinique et être revenues à la vie, qui ont été popularisés par les livres de Mme Kubler-Ross et du Dr Moody, accréditent l'idée que la mort est sans risque, qu'elle ne contient aucun aiguillon, que le monde à venir accueille tout le monde à bras ouverts, sans discrimination aucune, en bref que l'idée d'un enfer dans l'au-delà n'est qu'un conte de nourrice, un dragon en papier inventé par les chrétiens pour donner un crédit trompeur à leur religion exclusive.
Réponse chrétienne
Mais nous savons que si Jésus-Christ a effectivement vaincu la mort et que, si pour les chrétiens, elle ne détient plus ses anciennes terreurs (malgré l'épreuve qu'elle demeure toujours), pour ceux qui n'ont pas la foi, elle s'ouvre sur cette réalité effrayante de l'enfer et des peines éternelles. Car nous savons que l'homme ne vit qu'une fois sur cette terre et qu'après la mort vient le jugement.
Toutes ces soi-disantes expériences post-mortem accréditent le mythe d'une vie ultérieure lumineuse pour tous, vie où tous sont acceptés, quels que puissent avoir été leur foi ou leur comportement ici-bas. Nous retrouvons ici l'universalisme religieux d'un Karl Barth, dont nous avons déjà parlé.
Les soi-disantes expériences de vies antérieures obtenues sous hypnose ou dans un état de transe accréditent également la légende si courante dans le néo-paganisme de la réincarnation, de la métempsycose.
Aux Etats-Unis, on en est même venu à introduire dans les écoles (après l'éducation sexuelle et les cliniques sexuelles) des cours et des psycho-drames scolaires sur la mort. Tout cela a tendance à banaliser la mort, à la rendre attrayante, désirable. Un tel encouragement à l'instinct de mort qui sommeille dans le coeur de tous les hommes, explique sans aucun doute la croissance prodigieuse de la vague de suicides qui sévit dans tous les pays de l'occident, surtout parmi la jeunesse.
4. L'invasion générale de toutes les disciplines par l'esprit du nouveau paganisme
L'immoralité et la criminalité croissantes de nos sociétés sont étroitement liées au relativisme moral et au subjectivisme. Ce relativisme s'est introduit dans la psychologie et dans la pédagogie, faisant disparaître les absolus moraux. Il est intéressant d'apprendre que les débuts de la psychanalyse étaient étroitement liés à l'occultisme. En effet, Freud reconnaît que les origines de ces méthodes d'analyse avaient comme source des pratiques explicites d'occultisme cabalistique. De même la psychologie de Jung, qui se sépara assez rapidement de Freud, baignait dans l'ésotérisme et les mystiques orientales(61). Cette nouvelle spiritualité se retrouve dans le monde des affaires. Non seulement les pratiques occultes de concentration et d'influence du comportement d'autrui sont monnaie courante dans les nouvelles techniques de vente, mais on cherche de plus en plus à introduire différentes formes de méditation ou de dynamique de groupe à base ésotérique dans les séminaires de formation pour hommes d'affaires. Ce néo-paganisme a envahi des domaines tels que l'économie, la musique (populaire et sophistiquée), l'art, les sciences, la littérature, etc. (62) .
Les bases de toute notre culture sont en train de basculer vers ce néo-paganisme. Nous nous trouvons de plus en plus entourés d'un monde spirituellement souillé et, comme Daniel à la cour du roi de Babylone, nous devons prendre la précaution élémentaire de nous conformer sérieusement aux commandements de Dieu.
5. La nouvelle religion
Pour finir ce tour d'horizon, regardons un instant un autre domaine où la nouvelle spiritualité joue un rôle capital: celui de la religion ésotérique qui prend partout la place du christianisme. L'astrologie a certainement plus d'influence sur le comportement des masses aujourd'hui dans nos divers pays que la Bible. Les réunions publiques pour la défense de la foi dans nos villes sont quasiment inexistantes. Partout, cependant, on voit afficher des rencontres ésotériques et occultes de tous genres. Voici quelques extraits du programme genevois pour l'hiver 1989 proposé par la revue «Synthésis»:
- L'art de la guérison spirituelle.
- Les sons: une force de guérison.
- La santé par les couleurs.
- Energie et guérison.
- Rééducation du contrôle cérébral.
- Les cristaux pour notre développement personnel.
- Introduction à la thérapie des vies antérieures.
- La guérison des attitudes. - A la découverte de soi.
- L'amour qui guérit.
- Les harmonisants du Dr Bach. - Les bijoux métaphysiques.
- Le yoga des yeux.
«Time life» diffuse en masse en Suisse, et sans doute dans d'autres pays, un procédé dont le but serait d'évaluer les dons médiumniques personnels des lecteurs. Un autre envoi de masse passant récemment par la poste propose un anneau à fixer à l'oreille qui ferait immanquablement perdre tous les kilos qu'on aurait en trop. Ou bien, il est question dans le journal publicitaire «Trente jours» des morts qui se manifesteraient à leurs proches au téléphone ou, encore mieux, visuellement par le poste de télévision. Sans parler de l'ultra-célèbre Lynn Palmer, «la meilleure astrologue et numérologue du monde», nous dit-on, capable de prédire sans faute votre avenir, contre pièces sonnantes bien sûr.
Quelle bigoterie, quelle crédulité superstitieuse, à une époque où tout est de plus en plus rationalisé! Mais derrière tant d'âneries, de faux semblants et de duperies se trouve cependant une réalité des plus inquiétantes. A ce sujet la Bible est claire:
La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui retiennent injustement la vérité captive. Ils sont donc inexcusables, puisque, ayant connu Dieu, ils ne l'ont pas glorifié comme Dieu... Se vantant d'être sages, ils sont devenus fous; et ils ont remplacé la gloire du Dieu incorruptible par des images représentant l'homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles. C'est pourquoi Dieu les a livrés à l'impureté, selon les convoitises de leurs coeurs. Rom 1.18-23
L'invasion de pratiques ésotériques à laquelle nous assistons est manifestement un jugement de Dieu sur des nations qui l'ont connu autrefois et qui s'en sont volontairement détournées. De telles pratiques ne peuvent, à leur tour, qu'entraîner de nouveaux jugements, plus redoutables encore. La Parole de Dieu nous en donne un terrible avertissement:
Lorsque tu seras entré dans le pays que l'Eternel, ton Dieu, te donne, tu n'apprendras pas à imiter les pratiques horribles de ces nations-là. Qu'on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui se livre à la divination, qui tire des présages, qui ait recours à des techniques occultes ou à la sorcellerie, qui jette des sorts, personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou prédisent l'avenir, personne qui interroge les morts. En effet, quiconque se livre à ces pratiques est en horreur à l'Eternel; et c'est à cause de ces horreurs que l'Eternel, ton Dieu, va déposséder ces nations devant toi. Tu seras entièrement consacré à l'Eternel, ton Dieu. Car ces nations que tu déposséderas écoutent les tireurs de présages et les devins; mais à toi, l'Eternel ne le permet pas. Deut 18.9-14
Si un homme ou une femme ont en eux le pouvoir d'invoquer les morts ou de prédire l'avenir, ils seront punis de mort; on les lapidera: leur sang retombera sur eux. Lév 20.27
Conclusion
Que devons-nous faire?
Nous nous trouvons à un carrefour. Face à cette iniquité spirituelle sans nom que faut-il donc faire? Que faut-il entreprendre contre cette marée d'iniquité apparemment irrésistible? Ma réponse est simple: nous devons faire ce que l'Eglise fidèle de Dieu a toujours fait. Le Nouveau Testament exhorte l'Eglise de tous les temps en ces termes:
C'est ici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi en Jésus. Apoc 14.12
La religion pure et sans tache, devant Dieu le Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se garder des souillures du monde. Jac 1.27
Examinez ce qui est agréable au Seigneur; et n'ayez rien de commun avec les oeuvres stériles des ténèbres, mais plutôt dénoncez-les. Eph. 5.10-11
Dans un temps comme le nôtre, en dépit de toutes les pressions d'un nouveau monde païen, l'Eglise de Dieu doit d'abord persévérer dans l'essentiel, dans la foi véritable au Fils de Dieu, notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ, et dans l'obéissance à la loi de Dieu. Voilà notre programme. Il faut absolument et de toute urgence restaurer la prédication de tout le conseil de Dieu dans nos Eglises. Il nous faut aussi veiller les uns sur les autres, nous exhortant mutuellement chaque jour à obéir en toutes choses à la Parole de Dieu. L'Eglise locale deviendra alors à nouveau cette ville située sur une colline visible loin à la ronde, cette lampe sur un chandelier éclairant toute la maison, ce sel qui purifie une terre corrompue. C'est par notre amour pour les malheureux, et parmi eux les veuves et les orphelins, les vieux et les enfants non encore nés, que nous manifesterons concrètement notre réponse reconnaissante et obéissante à la miséricorde de Dieu pour nous.
Une telle Eglise n'aura pas seulement l'apparence de la piété elle en possédera véritablement la force. Elle saura proclamer la loi de Dieu à un monde mauvais, dénonçant leurs iniquités aux hommes, mettant le doigt sur les perversions propres au temps et au lieu où Dieu l'a placée.
Ainsi seront enfoncées les portes de l'enfer et renversées les citadelles du diable. L'Eglise manifestera à tous qu'aujourd'hui encore la prédication de la croix est véritablement la puissance de Dieu pour tous ceux qui mettent leur confiance en Jésus-Christ. Que le Dieu de toute miséricorde nous vienne en aide.
Jean-Marc Berthoud
(Texte légèrement comprime et simplifié)
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(1) Jacques Maritain. La philosophie bergsonienne Marcel Rivière, Paris, 1914
(2) Dave Hunt: Peace, Prosperity and the Coming Holocaust Harvest House, Oregon, 1983, citant: Louis Pauwels et Jacques Bergier: Le matin des magiciens Gallimard, Folio, Paris, 1988 (1960), p. 343
(3) Sur le récit de la chute, le meilleur commentaire reste celui de:
Edward J. Young: Genesis 3. A Devotional and Expository Study Banner of Truth, Edinburgh, 1983 (1966)
Nous recommandons les commentaires modernes suivants: H. C. Leupold:
- Exposition of Genesis
- Evangelical Press, London, 1972 (1942) G. Ch. Aalders: Genesis
- Zondervan, Grand Rapids, 1981, 2 vol.
- James Montgomery Boice: Genesis. An Expositional Commentary Zondervan, Grand Rapids, 1982, 3 vols.
(4) Nous citons partout la Nouvelle version Segond révisée, dite Bible à la Colombe, Alliance Biblique Universelle, 1978
(5) Sur l'utopisme voyez l'ouvrage de Thomas MOLNAR: L'utopie, éternelle hérésie, Beauchesne, Paris, 1973 (1967).
(6) Sur l'histoire des nations voyez les ouvrages suivants: Elie Kedourie: Nationalism, London, 1960
Hugh Seton-Watson: Nations and States. An Enquiry into the Origin of Nations and the Politics of Nationalism, Westview Press, Boulder Colorado, 1977.
Hans Kohn: Nationalism. Its Meaning and History, Van Nostrand, New York, 1955. Ernest Gellner: Nations and Nationalism, Cornell, Ithaca New York, 1983.
John A. Armstrong: Nations before Nationalism, Univ. of North Carolina Press, Chapel Hill, 1982.
Il n'existe à notre connaissance aucune étude théologique d'un point de vue évangélique ou calviniste examinant l'enseignement, pourtant abondant, de la Bible sur la place des nations dans le déroulement providentiel des desseins de Dieu. D'un point de vue catholique nous pouvons signaler les études suivantes:
A. Philippe: Le Christ Roi des nations, Séminaire St-Pie X, Riddes, 1986. Marcel Lefebvre: Ils l'ont découronné, Fideliter, Escurolles, 1987.
Théotime de Saint-Just: La royauté sociale de notre Seigneur Jésus-Christ d'après le Cardinal Pie, Editions de Chiré, Vouillé, 1988.
L'ouvrage du réformateur Martin BUCER est toujours d'actualité: Martin Bucer: Du Royaume de Jésus-Christ, P. U. F., Paris, 1955 (1558).
Hermann Ridderbos: The Coming of the Kingdom, Presbyterian and Reformed, Nutley, 1976.
(7) Sur la signification des Nations Unies voyez:
Rousas J. Rushdoony: The United Nations in: The Nature of the American System, Craig Press, Nutley, 1965, p. 113-134.
(8) Voyez Matthieu 15.1-9 et les passages parallèles. Sur ce sujet capital de l'apostasie d'Israël au temps de Jésus-Christ:
Augustin Lemann: Histoire complète de l'idée messianique chez le peuple d'Israël, Desbonnet, Gand (61 Sleepstraat, B-9000 Gand), 1974 (1909).
P. L. B. Drach: De l'harmonie entre l'Eglise et la synagogue, Desbonnet, Gand, 1978 (1844), 2 vols.
M. J. Lagrange: Le Messianisme chez les Juifs (150 av. J.-C. à 200 ap. J.-C.), Gabalda, Paris, 1909.
M.-J. Lagrange: Le Judaïsme avant Jésus-Christ, Gabalda, Paris, 1931.
Sur les rapports entre le faux messianisme politique, juif ou chrétien, et les utopies totalitaire modernes voyez les ouvrages suivants:
Philippe Beneton: Introduction à la politique moderne, Hachette, Pluriel, 1987, p. 63-81.
Henri de Lubac: La postérité spirituelle de Joachim de Flore, Lethielleux, Paris, 1978-1981, 2 vols.
Eric Voegelin: The New Science of Politics, Univ. of Chicago Press, Chicago, 1952. Eric Voegelin: Science, Politics and Gnosticism, Regnery, Chicago, 1968.
(9) Auguste ROHLING: Le Juif selon le Talmud, Savine, Paris, 1889.
Notes
(10) Sur l'histoire de ces combats spirituels voyez:
R. J. Rushdoony: The Foundations of Social Order. Studies in the Creeds and Councils of the Early Church
Presbyterian and Reformed, Nutley, 1968
Pierre de Labriolle: Histoire de la littérature latine chrétienne
Les Belles Lettres, Paris, 1920
Aimé Puech: Histoire de la littérature grecque chrétienne
Les Belles Lettres, Paris, 1928-1930, 3 vol.
H. Lietzmann: Histoire de l'Eglise ancienne
Payot, Paris, 1936-1941, 3 vols.
Jeremy C. Jackson: No Other Foundation. The Church Through the Centuries
Cornerstone Books, Westchester, 1980 Henry Chadwick: The Early Church
Vol. 1: Pelican History of the Church, 6 vol.
Penguin Books, London, 1967
(11) Sur le règne, à bien des égards décisif, de Constantin:
Jakob Burkhardt: The Age of Constantine the Great
Doubleday Anchor, New York, 1956 (1852) A. H. M. Jones: Constantine and the Conversion of Europe
English University Press, London, 1965 (1949)
(12) Sur Ambroise.
Angelo Pavesi: Saint Ambrose. His Life and Times
University of Notre Dame Press, Notre Dame, 1964
Sur le débat fondamental entre le Christianisme et la culture antique voyez l'ouvrage classique de:
Charls Norris Cochrane: Christianity and Classical Culture
Oxford, New York, 1972 (1940)
(13) Lietzmann op. cit. note 10
(14) Pierre de Labriolle: La réaction païenne. Etude sur la polémique anti-chrétienne du 1er au 6e siècle
L'Artisan du Livre, Paris, 1942
(15) Sur l'influence dominante du christianisme dans la civilisation médiévale:
Henri Charlier: Création de la France
Dominique Martin Morin, Paris, 1982 (1971)
R. L. Bruckberger: Lettre ouverte à ceux qui ont mal à la France
Albin Michel, Paris, 1985
Régine Pernoud: Pour en finir avec le Moyen Age
Seuil, Paris, 1977
Régine Pernoud: Lumière du Moyen Age Grasset, Paris, 1981 (1944)
Christopher Dawson: Religion and the Rise of Western Culture
Image Books, New York, 1958 (1950)
Christopher Dawson: Medieval Essays Image Books, New York, 1959 (1954)
Christopher Dawson: The Making of Europe
Meridian Books, New York, 1965 (1932) Voyez également les ouvrages de:
Michel Villey: La formation de la pensée juridique moderne
Montchrestien, Paris, 1975
Jean Gaudemet: L'Eglise dans l'Empire romain (4e et 5e siècles)
Sirey, Paris, 1958
Jean Gaudemet: Eglise et société en Occident au Moyen Age
Variorum Reprints, London, 1984
R. W. Southern: Western Society and the Church in the Middle Ages
Penguin Books, London, 1970
Georges de Lagarde: La naissance de l'esprit laïque au déclin du moyen âge.
Nauwelaerts, Louvain, 1956-1963, 5 vol.
(16) Siegfried Ernst: Thine is the Kingdom. The Ideologies and the Kingdom of God
Europäische Arzte-Aktion, Postfach 1123, D-7900 Ulm, 1984, p. 26
(17) Lettre de C.O.T. Bergmann du 21.4.1989
(18) H.-X. Arquilliere: Saint Grégoire VII Essai sur la conception du pouvoir pontifical
Paris, Vrin, 1934
Augustin Fliche: La réforme grégorienne et la reconquête chrétienne
Bloud et Gay, Paris, 1944
Harold J. Berman: Law and Revolution. The Formation of the Western Legal Tradition
Harvard, Cambridge, 1983
Walter Ullmann: The Growth of Papal Government
London, 1955
(19) Jacques le Goff: La naissance du purgatoire
Gallimard, Paris, 1981
(20) Voyez les ouvrages de Villey, Berman, Ulmann et de Lagarde cités
(21) Sur Frédéric II Hohenstaufen, précurseur de l'Etat autonome de Dieu: Ernst Kantorowicz: L'empereur Frédéric II
Gallimard, Paris, 1987 (1927)
Benoist-Mechin: Frédéric de Hohenstaufen (1194-1250)
Perrin, Paris, 1980
(22) Sur Thomas d'Aquin:
Hermann Dooyeweerd: La base religieuse de la philosophie scolastique
La Revue Reformée, t. X, No 39, 1959
T. F. Torrance: Scientific Hermeneuties according to St-Thomas Aquinas
Theological Studies, Vol 13, 1962, p. 259-289
Louis Jugnet. Pour connaître la pensée de Saint Thomas d'Aquin
Edition Ulysse, Bordeaux, 1979
G. K. Chesterton: Saint Thomas d'Aquin Plon, Paris, 1935
F. C. Copleston: Aquinas Pelican, London, 1955
Etienne Gilson: Le Thomisme Vrin, Paris, 1972
M. C. D'Arcy: Thomas Aquinas Benn, London, 1930
(23) Autour de Duns Scot Editions du Beffroi, Québec, 1989, p. 9
(24) Thomas F. Torrance: The Hermeneutics of John Calvin
Scottish Academic Press, Edinburgh, 1988
(25) Ephrem Longpre: La mission doctrinale du bienheureux Duns Scot in: Autour de Duns Scot, op.cit.p. 13
(26) Sur la Renaissance italienne voyez:
Eubenio Garin: Moyen Age et Renaissance Gallimard, Paris 1969
Eugenio Garin: Italian Humanism Blackwell, Oxford, 1965
Paul Oskar Kristeller: Renaissance Thought
Harper Torchbooks, New York, 1961-1965, 2 vols
Frances A. Yates: The Occult Philosophy in the Elizabethan Age
Ark, London 1974
(27) Jean Seznec: The Survival of the Pagan Gods
Harper Torchbooks, New York, 1953
(28) Raymond Marcel: Marsile Ficin Les Belles Lettres, Paris, 1958
Eugenio Garin: Images et symboles chez Marsile Ficin in: Moyen Age et Renaissance, op.cit.p. 218-234
(29) Sur Savonarole:
Roberto Ridolfi: Savonarole Fayard, Paris, 1957
Donald Weinstein: Savonarole et Florence Calmann-Levy, Paris, 1973
(30) Garin: Moyen Age et Renaissance, op. cit. p. 218
(31) Jérôme Savonarole: Dernière méditation Luf, Fribourg, 1943
(32) Sur la Reforme citons quelques ouvrages classiques: J. H. Merle d'Aubigne:
Histoire de la Réformation du 16e siècle Didot, Paris, 1835-1853, 5 vols.
J. H. Merle d'Aubigne: Histoire de la Réformation en Europe au temps de Calvin
Calmann Levy, Paris, 1877-1878, 7 vols.
Pierre Chaunu: Le temps des réformes. La crise de la chrétienté 1250-1550
Fayard, Paris, 1975
Pierre Chaunu: Eglise, culture et société. Réforme et Contre-réforme 1517-1620
Sedes, Paris, 1981
Owen Chadwick: The Reformation Penguin, London, 1964
(33) G. R. Cragg: The Church and the Age of Reason 1648-1789
Penguin, London, 1966
Paul Hazard: La crise de la conscience européenne
Boivin, Paris, 1935
(34) Peter Gay: The Enligtenment. Vol. 1 The Rise of Modern Paganism Vol. II The Science of Freedom
Norton, New York, 1966
(35) Sur l'occultisme à la veille de la Révolution française: Otto Scott: Robespierre. The Voice of Virtue
Mason and Lipscomb, New York, 1974
Nesta H. Webster: Secret Societies and Subversive Movements Britons, London, 1964 Nesta H. Webster: The French Revolution 1969 (1919)
(36) Yves Chiron: Edmund Burke et la Révolution française
Téqui, Paris, 1987
Ed. Peter J. Stanlis: Edmund Burke. Selected Writings and Speeches
Regnery, Chicago, 1963
Louis Bredvold an Ralph Gross: The Philosophy of Edmund Burke
University of Michigan Press, Ann Arbor, 1967
(37) Henry Corbin: Hamann philosophe du luthéranisme
Berg, Paris, 1985
James C. O'Flaherty: Unity and Language. A Study in the Philosophy of Johann Georg Hamann
AMS Press, New York, 1966
(38) Sur la persécution du christianisme sous la Révolution française:
Jean de Viguerie: Christianisme et Révolution
Nouvelles Editions Latines, Paris, 1986
Jean Dumont: La révolution française ou les prodiges du sacrilège Critérion, Limoges, 1984 Reynald Secher: Le génocide franco-français La Vendée-Vengé
Puf, Paris, 1986
Yvan Gobry: Les martyrs de la révolution française
Perrin, Paris, 1989
Y. M. Salem-Carriere: Terreur révolutionnaire et résistance catholique dans le midi Dominique Martinin Morin, Paris, 1989
(39) Sur les liens entre occultisme et socialisme au 19' siècle deux ouvrages d'une importance capitale:
Philippe Muray: Le 19e siècle à travers les âges
Denoël, Paris, 1984
(40)James H. Billington: Fire in the Minds of Men. Origins of the Revolutionary Faith
Basic Books, New York, 1980
Richard Wurmbrand: Karl Marx et Satan Apostolat des Editions, Paris, 1976
(41) James H. Billington: The Icon and the Axe. An Interpretative History of Russian Culture Vintage Books, New York, 1970, p. 481
42) Billington: Icon..., p. 487
43) Billington: Icon..., p. 492
44) Billington: Icon..., pp. 513, 515, 517
45) Dominique Nogues: Lénine dada Laffont, Paris, 1989
(46) Thomas Molnar: Le dieu immanent. La grande tentation de la pensée allemande Dominique Martin Morin, Paris, 1982
(47) Simon Leys: La forêt en feu Hermann, Paris, 1983 Dave Hunt: Peace, Prosperity and the Coming Holocaust Harvest House, Eugene, 1983, p. 150-151
(48) Dave Hunt op. cit. p. 151-152
(49) Sur Hitler voyez surtout le livre très révélateur de: Hermann Rauschning: Hitler m'a dit. Confidences du Führer sur son plan de conquête du monde Coopération, Paris, 1939
(52) Dave Hunt: Peace, Prosperity and the Coming Holocaust. Harvest House, Eugene, 1983, p. 126-127
(53) Sur la musique rock: W. Kohli: Le rock. Musique de l'ombre. Maison de la Bible, Genève, 1987
(54) Sur la drogue: Suzanne Labin: Hippies, drogue et sexe. La Table Ronde, Paris, 1970
Pasteur Claudel: Le joint. Celui par lequel tant de scandales arrivent. Editions Vida, Miami, 1987
(55) Sur la libération sexuelle voyez: Jean-Marc Berthoud: La guerre contre la famille. Résister et Construire, No 2-3, janvier 1988
(57) Cette analyse doit beaucoup au livre de Douglas R. Groothuis: «Unmasking the New Age» - Inter-Varsity Press, Downer's Grove, 1986
(58) Groothuis, op. cit. p. 21
(59) cf. articles de Fréd. Goguel sur le mondialisme dans «Résister et Construire», Nos 7, 8, 9 (1989)
(60) Sur toutes ces questions voyez le livre fort bien documenté et hallucinant de: Paul de Parrie & Mary Pride: Unholy Sacrifices of the New Age. Crossway Books, Westchester, 1988
(61) Sur l'aspect psychologique du Nouvel Age voyez: Nat Morris: A Man Possessed. The Case History of Sigmund Freud. Regent House, Los Angeles, 1974
Pierre Debray-Ritzen: La scolastique freudienne. Fayard, Paris, 1972
Jacques Van Rillaer: Les Illusions de la Psychanalyse. Pierre Mardaga Bruxelles, 1980
(62) Pour terminer, l'arrière-plan philosophique de ce renouveau religieux est remarquablement éclairé par les ouvrages suivants: Jean Brun: Philosophie et christianisme. Beffroi/Age d'Homme, Québec/ Lausanne, 1988
Jean Brun: L'Europe philosophe. 25 siècles de pensée occidentale. Stock, Paris, 1988
Promesses 1990 - No 91 - 92 - 93 - 94 - 95 - 96 - 97 - 98
Dieu, paganisme, christianisme, Christ, Eglise, homme, Paris