LE BONHEUR ET SA PATHOLOGIE
« Trouvez-vous la vie belle ? Etes-vous heureux ? » Ce sont là deux questions que me posa récemment une jeune fille alors que se terminait la séance de psychothérapie pour laquelle elle était venue. Avant de répondre, j'ai regardé
cette jeune fille dont la vie était déjà chargée de nombreuses expériences dont plusieurs tentatives de suicide.
Pour elle, la vie était une épreuve ; le bonheur qu'elle recherchait tant la fuyait malgré tous ses efforts pour le découvrir et le retenir. Pourquoi ces questions ? Comment y répondre ? Fallait-il même répondre ? Tout cela me traversa rapidement "esprit et sans être sûr de la valeur thérapeutique de mon attitude, je répondis : « Oui, je suis heureux et je crois que la vie peut être belle ».
Cette anecdote illustre bien l'attitude des hommes et des femmes d'aujourd'hui par rapport à la vie. Ils s'interrogent sur la valeur et la qualité de leur vie et sur les possibilités de bonheur. Le psychiatre n'est-il pas là pour redonner l'espoir ? S'il n'est ni marchand d'illusions, ni pourvoyeur de recettes de bonheur, le psychiatre, plus peut-être que tout autre médecin, doit communiquer, maintenir l'espoir sans lequel la vie - pas seulement psychique n'est plus possible.
Le chrétien est appelé à témoigner en répondant affirmativement à ces questions. Il doit parler vrai, être un ami de la vie, de l'espoir, du bonheur. C'est en tant que psychiatre confronté à la misère psychique, au manque d'espoir et de bonheur des malades qui me consultent et en tant que chrétien confronté à un monde et à des individus qui ignorent la vraie beauté de la vie, "espérance et la joie véritables, que je voudrais essayer de partager dans ces quelques pages un certain nombre de réflexions sur le bonheur et sa pathologie.
Problématique du bonheur
Bien évidemment, la plupart des patients qui viennent voir un psychiatre n'expriment pas directement leurs difficultés en termes de bonheur ou de valeur de la vie. Ce n'est qu'indirectement que cette problématique du bonheur et de la qualité de la vie se pose.
Schématiquement, trois types de situations peuvent se rencontrer :
1. Celle du « malade mental ». Le bonheur est-il possible pour lui ? La notion même de valeur de la vie garde-t-elle un sens dans son cas ?
2. Celle de l'homme qui, sans être un« malade mental » souffre dans son psychisme. Sa question est alors la suivante : « Puis-je espérer retrouver le goût de la vie ?»
3. Celle de "homme dont la souffrance est précisément liée à une interrogation sur le sens de l'existence: « Puis-je être heureux, moi qui suis, hélas, un être humain ?» Envisageons quelque peu en détail comment vont se présenter les choses et comment agir pour apporter l'espoir.
Le malade mental et le bonheur
Est-il possible d'être heureux tout en étant malade ? La maladie est soit souffrance, soit handicap ; elle est parfois les deux. Elle est aussi inquiétude, angoisse même.
La maladie mentale est une maladie comme les autres ; ce qui vient d'être dit s'applique donc à elle. Pourtant elle a, en plus, des caractéristiques particulières: elle est aliénation de l'autonomie, restriction de la liberté, pathologie de la communication et de la responsabilité. Que faut-il entendre par « malade mental » ? Dans un sens large, tout individu dont le fonctionnement mental, psychologique, intellectuel, affectif est considérablement perturbé au plan des relations familiales, professionnelles ou au plan de son épanouissement personnel peut être qualifié de « malade mental ». Ceci recouvre donc les états dits psychotiques (schizophrénie, structures et délires paranoïaques, psychoses maniaco-dépressives, etc.), les névroses graves, les états démentiels ou séniles.
Il est d'usage, dans l'imagerie populaire, de considérer le fou comme l'être irresponsable, parfois violent ou dangereux, mais aussi parfois comme l'homme heureux, euphorique, hilare ; c'est le fou des histoires drôles et des dessins humoristiques. Je connais peu de malades qui soient ainsi heureux, naïvement heureux dans leur folie ou leur débilité, de même que peu sont réellement dangereux.
Le plus souvent, le malade mental souffre de sa maladie, de sa différence d'avec les autres. Le psychotique n'est pas vraiment dans la réalité, mais sa réalité à lui est rarement autre chose qu'angoissante. Le névrosé souffre de sa névrose sans pouvoir, le plus souvent, la surmonter et la vaincre. Fréquemment, la perception de la non-normalité augmente la souffrance intrinsèque du trouble psychique.
Alors, le bonheur pour ces malades ?
Il est bien aléatoire, bien modeste, bien amoindri. La vie elle-même, si elle peut garder quelque valeur, est néanmoins une vie au rabais.
Celui qui se trouve en face de tels malades, si éloignés d'une vie tant soit peu satisfaisante, ne peut que désirer les aider dans la mesure de ses connaissances et de ses moyens.
Il existe, il est vrai, des espoirs thérapeutiques. Le traitement médical de ces maladies n'est pas toujours impossible, qu'il faille recourir aux médicaments, à la sismothérapie, aux thérapies psychologiques. Il est de plus en plus concevable d'apporter un soulagement, de permettre à ces malades de recouvrer une grande part de leur liberté, de leur redonner le sens de la responsabilité et de l'autonomie. Mais il est hélas également vrai que trop souvent les progrès sont limités, les guérisons impossibles. Comment porter le poids de l'incurabilité de certains états ?
Tous les médecins sont confrontés un jour ou l'autre à un malade incurable. Faut-il ou non lui dire la vérité ? Il n'est certainement pas facile de dire à un malade qu'il souffre du cancer et que son espérance de vie ne dépasse pas quelques mois. Mais si la maladie est dans ce cas un adversaire terrible, elle est aussi un adversaire étranger à la personne qui peut, par conséquent, la combattre en la considérant comme extérieure à ce qu'elle est elle-même en tant qu'être intime.
Est-il possible de dire à certains malades mentaux, conscients de leurs troubles, tel un obsessionnel englué dans des vérifications innombrables et incessantes, qu'ils ne guériront sans doute pas, et qu'au mieux, leur état n'empirera pas. Dire la vérité à de tels malades, c'est anéantir pour eux tout espoir. La maladie en cause ici est intérieure : elle transforme, modifie, altère la personnalité même du malade. Comment aider dans de telles circonstances? Comment maintenir quelque chose de l'ordre de l'espoir chez une personne ainsi atteinte ?
Si la solution n'est pas à chercher dans le mensonge, elle n'est pas non plus à chercher dans une froideur technique absolue. Le psychiatre a la charge et le devoir de prendre sur lui une part de la souffrance de son malade, d'assumer cette réalité de la non-guérison, du bonheur évanoui, de la vie altérée. Il doit, non pas le leurrer, mais l'encourager, l'aider à découvrir ce qui reste de beau et de bon dans sa vie ; il doit l'aider à s'évader au maximum de sa maladie et de lui-même. Il doit travailler à maintenir dans l'autre, handicapé et souffrant, le maximum de responsabilité, d'autonomie, de respect de soi-même, tout en s'assurant qu'il lui fournit tout ce qui est souhaitable par ses soins.
Le psychiatre, chrétien ou non, doit faire preuve de cette compassion précieuse qui accompagne le malade, l'entoure, le respecte, lui montre qu'il a toujours une valeur et représente un intérêt pour quelqu'un. Le psychiatre doit savoir écouter ; sans abonder de paroles, il doit parler de l'essentiel, quand il le faut et quand il le peut. Il doit savoir attendre, être attentif à ce qui se
passe pour cette personne malade et souvent désespérée. Parfois viennent alors des moments où il est possible de partager des vérités, en même temps que des interrogations vitales et d'amener le malade à découvrir quelque chose de Dieu et de l'Evangile.
« Est-ce que vous croyez en Dieu ?» me demandait un jour une dame psychotique présentant un délire de persécution de type paranoïaque, cela dans le cadre de sa problématique très liée au bonheur, impossible selon elle, dans sa vie.
Jamais auparavant la question de Dieu n'avait été abordée. « Avez-vous lu la Bible ?» continua-t-elle...
Un autre malade, obsessionnel grave, paralysé par ses vérifications multiples de tout geste effectué, me disait : « Je suis si malheureux que je prie Dieu tous les soirs de me reprendre pendant la nuit. Ma vie est un Calvaire ».
Exemples parmi d'autres qui montrent qu'il est possible de partager sur l'essentiel : la vie qui peut être trouvée même pour des malades mentaux en Christ.
Nous ne pouvons prétendre avoir médicalement, philosophiquement ou religieusement réponse à tout. Nous avons à écouter, à aider, à consoler, à apporter ce que nous savons : Il est un libérateur, Jésus, qui connait les souffrances, lui qui a même été considéré comme fou par certains, et qui peut sauver et libérer même dans la maladie - même lorsqu'il choisit de ne pas guérir toute maladie. Il en guérit une autre, la plus grave, dont nul homme n'est indemne.
Bonheur et maladies psychiques
Quelle est la pathologie de ces malades ? Ce sont des patients qui, à l'occasion, de circonstances traumatisantes dans leur vie, présentent des troubles psychiques et physiques.
Les causes en sont multiples : troubles affectifs, perte d'un emploi, soucis professionnels, surmenage, troubles organiques, deuils, etc. Des troubles peuvent également apparaître de façon épisodique sans origine décelable particulière. Les symptômes observables sont souvent dépressifs (dépression évidente ou masquée par des signes somatiques divers), souvent liés à l'angoisse (sous forme d'angoisse chronique ou de crises de panique), souvent névrotiques majeurs mais transitoires survenant sur un terrain névrotique mineur, etc.
Ce sont principalement des malades déprimés ou angoissés (toute dépression ou angoisse n'entre pas, faut-il le préciser, dans le cadre de ce dont nous parlons ici), qui souffrent de ce sentiment de perte du bonheur, de gâchis de leur vie, de joie « à jamais disparue ».
- Je ne sais ce qui m'arrive, mais je ne peux plus vivre normalement ;
- C'est bête, mais un rien me fait pleurer ;
- Je n'ai plus goût à rien ;
- Il n'y a plus d'espoir pour moi ;
- Je pense à me supprimer ;
- Je ne peux plus vivre avec ces angoisses ;
- Ma vie est finie, ratée.
Voilà ce que l'on peut entendre souvent dans le cabinet d'un psychiatre. Il ne s'agit pas chez ces personnes d'un discours consciemment excessif ou d'une forme de chantage. Ces phrases expriment une conviction sincère. Ces malades ressentent en permanence le vécu pessimiste que tout un chacun peut connaître occasionnellement en état de fatigue, d'insomnie, etc. Il importe de susciter chez ces individus un espace de doute dans leur certitude pessimiste :
« Peut-être y a-t-il quand même un espoir, peut-être vont-ils à nouveau connaître le bonheur ».
Il est inutile de nier la souffrance de tels malades, ni de minimiser leur douleur en disant : « Ce n'est pas grave ». Il faut savoir écouter, comprendre, mais aussi marquer la différence d'appréciation de la situation : « Vous dites que tout est fichu, vous pensez à vous tuer... vous avez raison de dire ce que vous ressentez, mais je crois que vous pouvez sortir de la réalité qui vous fait mal, votre état maladif est guérissable ». En effet, ces états peuvent être soignés par un traitement médicamenteux et un soutien psychologique fait de patience et de persévérance. C'est une expérience réjouissante que de voir des patients effondrés et désespérés retrouver l'espoir et reprendre pied dans leur existence. Y a-t-il une spécificité chrétienne d'écoute ? J'ai envie de dire qu'il existe trop souvent une spécificité « évangélique » d'écoute négative. Elle consiste soit à nier le problème - un chrétien ne peut éprouver de tels sentiments - soir à spiritualiser la réponse. Certes, il est bon de se confier et de confier toute personne à Dieu. Malgré cela un chrétien peut éprouver des troubles d'angoisse phobique sans rapport avec les questions spirituelles. Il peut aussi éprouver des troubles psychiques.
Le chrétien ayant travaillé à faire comprendre et admettre la maladie, ainsi que la guérison possible doit faire comprendre au malade que la guérison médicale ne résoudra pas tout et que d'autres questions, liées à ce qui a été vécu, se posent et se poseront toujours.
Le chrétien doit suggérer ces questions. Le médecin, et tous ceux qui soignent, ne s'occupent en fait que des maladies les moins graves... Il en est Un Autre qui peut guérir de la maladie la plus irrémédiablement mortelle. De toute façon, ces questions spirituelles sont au fond du problème et les malades se les posent aussi.
Les malades de la vie
Les questions que ces patients se posent rejoignent en plein l'interrogation fondamentale autour de laquelle nous tournons : « Que vaut ma vie ? Qu'est-ce que le bonheur ? Puis-je le connaître ?».
Mis à part les grands symptômes chroniques ou passagers que nous avons envisagés jusqu'ici, nous trouvons exprimés des problèmes spécifiques (problèmes du couple, difficultés dans le travail, sentiment d'échec, etc. ) qui sont à l'origine de certaines insatisfactions et d'un découragement général.
Certaines personnes évoquent directement un mal de vivre, un doute non seulement sur elles-mêmes, mais sur la vie. Ce sont des personnes qui ont cherché le bonheur, mais leur recherche ne leur a pas apporté de satisfaction durable.
Quels sont les chemins dans lesquels hommes et femmes de notre temps cherchent le bonheur ? D'abord dans les choses matérielles : l'argent et ce qu'il procure, la maison et son intérieur, tout ce qui est lié aux loisirs, sports, voyages, vacances ; puis dans la sexualité : de plus en plus tôt, avec le moins de contrainte possible ; dans la sensualité en général : plaisirs de la table, alcoolisme, drogues ; dans la famille, l'investissement politique, l'investissement « passionnel » dans des choses très personnalisées, le travail, etc.
Nul doute que certains trouvent dans l'un ou l'autre de ces secteurs une vie épanouie, un bonheur réel. Mais cet épanouissement est très variable quant à sa qualité et sa durée. Et nous le savons bien, cet épanouissement est souvent décevant, illusoire lorsqu'il n'est pas subordonné à la recherche du bonheur dans la soumission à Dieu.
Les malades psychiatriques et d'une manière plus vaste les clients d'un psychiatre, sont des insatisfaits qui ont soif de quelque chose. Ils ont souvent essayé et avec beaucoup d'acharnement de trouver le bonheur, mais rien ne les a pleinement satisfaits. Comment aider de tels patients à trouver le repos dont ils ont besoin ? Comment les aider en tant que chrétien, c'est-à-dire comme quelqu'un qui a eu soif aussi, mais qui a trouvé de quoi abreuver sa soif ? Il convient d'abord de s'assurer que l'on n'a pas à faire face à des problèmes éminemment psychiatrique tels que nous les évoquions précédemment. Il faut ensuite essayer de discerner les motivations de ces personnes, pour savoir si l'on est soi-même prêt à les accompagner dans une certaine voie exploratoire de remise en question des anciennes priorités et une orientation vers de nouveaux horizons.
Biens des gens s'arrêtent vite ; certains néanmoins poursuivent ce chemin. Peut-être trouveront-ils un nouvel équilibre avant de parvenir là où nous espérions les voir aller, jusqu'à la rencontre décisive avec Dieu, mais nous ne sommes que des témoins... l'Esprit agit selon son bon plaisir.
La psychothérapie peut redonner un certain sens à la vie de celui qui est déçu, elle peut aider le malade à se débarrasser de ce qui le perturbe, lui indiquer des voies à suivre. Elle peut donc beaucoup, mais elle ne peut pas davantage. Elle est incapable de répondre aux questions métaphysiques sur le sens de la vie, sa valeur, le bonheur possible. Parallèlement, il faut donc procéder à d'autres explorations.
Là, la spécificité chrétienne intervient. Le psychiatre chrétien comme tout chrétien doit rendre compte de sa foi, directement ou indirectement, sans chercher à brusquer les choses, sans vouloir faire de tout contact, psychothérapique ou non, un cheval de Troie pour parler de questions spirituelles, mais sans dissimuler non plus sa foi, son espérance, sa joie.
« Expliquez-moi, m'a demandé une jeune femme après deux ans de thérapie régulière : Comment, étant psychiatre et chrétien, pouvez-vous concilier la reconnaissance du péché et l'acceptation du plaisir ? Tout plaisir n'est-il pas péché ?» Voilà une illustration de la façon dont, suscité par le patient lui-même, un dialogue sur des thèmes spirituels a pu être entamé. Nous devons être prêts à partager notre foi, mais c'est l'Esprit qui convainc. C'est aussi lui qui peut nous donner de parler de Dieu au moment opportun, mais de telles circonstances ne se présentent pas toujours.
Dieu me demande de bien travailler dans mon domaine. Il me demande aussi de partager lorsque cela est possible, de faire connaître les causes de mon bonheur. Pour pouvoir répondre aux autres, il faut s'être posé à soi-même ces questions : « Suis-je heureux ? Qu'est-ce que le bonheur ?»
Conclusion
« Si quelqu'un veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses, qu'il s'éloigne du mal et fasse le bien, qu'il recherche la paix et la poursuive ; car les yeux du Seigneur sont sur les justes et ses oreilles sont attentives à leurs prières, mais la face du
Seigneur est contre ceux qui font le mal » ( 1 Pi 3: 10). Pour la Bible, le bonheur est possible et il dépend de la position de l'homme devant Dieu, de son choix face au bien et au mal.
C'est sans doute une des caractéristiques de notre époque que la perte de références à un absolu, et surtout à un absolu moral. « Tout est permis », disent les hommes dans la foulée de Nietzsche et des héros dostoïevskiens. Même ceux qui, nombreux, ne vivent pas dans la licence totale, sont atteints ou contaminés quelque peu par cette philosophie.
Nous pourrions dire que « si tous n'en meurent, tous en sont malades ». Les hommes ne croient plus qu'il y ait quelque chose ou quelqu'un à qui ils puissent vraiment s'accrocher ou s'ancrer. Ce sont des navigateurs sans boussole. Tout devient possible alors, en effet, sauf un réel et durable bonheur. Ce qui fait la trame même du bonheur est absent : méconnaissance de Dieu et ses corollaires inévitables : propos faux et insensés, guerre (dans la famille, le couple, la société, entre nations).
« Si vraiment, Monsieur, disait le fameux Samuel Johnson le lexicologue anglais du 15e siècle, cet homme ne fait aucune différence entre le vice et la vertu, vérifions notre argenterie avant qu'il ne quitte notre maison ».
Le rôle du chrétien, et le rôle du psychiatre chrétien dans le travail spécifique qui est le sien, c'est d'être un ambassadeur du bien, un ambassadeur de la réalité (de cette réalité de la différence entre le bien et le mal, le vrai et le faux, le possible et l'impossible), un témoin du sens positif de la vie, un témoin du bonheur au-delà même de la souffrance, de la maladie, de la maladie mentale, et de même de cette maladie de tout l'être humain qu'est le péché. A cause de cette maladie universelle,
l'homme est seul, même parmi les autres hommes, comme Caïn était seul et craignait la rencontre des autres. Le bonheur de l'homme ne cesse de lui filer entre les doigts ; la vie, même la plus heureuse a un goût d'amertume tant que le remède n'a pas été trouvé, reçu et accepté. Mais le remède existe ! C'est la justification donnée en Christ au malade, au pécheur. Par Christ, la joie peut être éprouvée non comme une expérience passagère, mais comme une réalité éternelle.
Pascal BOURDOIS
Ichthus 1986-6 (No 139)