ISRAËL
VIENT EN AIDE À DES RÉGIONS SINISTRÉES DANS LE MONDE
Israël
a décidé de s'associer aux grandes actions internationales
destinées à venir en aide à la population de Somalie qui est
actuellement en train de mourir de faim. L'envoi de denrées
alimentaires et de médicaments a été décidé à Jérusalem bien
que la Somalie soit membre de la Ligue Arabe, qu'elle ait
adopté depuis sa création une politique nettement
anti-israélienne et qu'elle soit pratiquement un État
ennemi.
Cette
décision fut prise en raison de l'émotion très forte qui
s'est emparée de la population israélienne devant les images
horribles en provenance de Somalie. Voir les enfants et les
adultes avancer comme des squelettes a rappelé à beaucoup
d'Israéliens l'époque de l'holocauste. Les articles des
journaux et les discussions ont convaincu les dirigeants
israéliens que le peuple juif ne pouvait rester impassible
devant de telles images.
Comme
il s'agit d'un État ennemi, un envoi direct en Somalie
d'avions israéliens chargés de vivres et de médicaments
n'est pas possible. Les négociations qui eurent lieu à
Jérusalem au mois d'août ont permis de trouver une solution:
les envois en Somalie seront effectués par des avions
américains ou des avions de l'ONU.
Par
contre, l'envoi d'une aide israélienne destinée aux citoyens
de la ville assiégée de Sarajevo n'a posé aucun problème. À
la mi-août déjà, un avion-cargo de l'année israélienne est
parti de Tel-Aviv avec à son bord 14 tonnes de denrées
alimentaires et de médicaments. L'avion israélien a atterri
à Zagreb et la cargaison a été déchargée à l'endroit même où
le chargement devait être immédiatement effectué sur des
véhicules spéciaux de l'ONU, en partance pour Sarajevo.
En
même temps, le ministère des Affaires étrangères à Jérusalem
examine la possibilité d'établir en Yougoslavie un hôpital
de campagne qui devrait accueillir les réfugiés fuyant la
Bosnie ravagée par les combats.
Le
ministre des Affaires étrangères, Shimon Peres, qui a fait
cette déclaration, a ajouté que l'hôpital serait dirigé par
une équipe israélienne de spécialistes de la «Magen David
Adom» (Étoile Rouge de David, équivalent israélien de la
Croix-Rouge).
Parallèlement
à l'aide humanitaire générale, l'État d'Israël aide les
Juifs yougoslaves à quitter leur pays et à trouver refuge en
Israël. Durant le mois d'août, des centaines de Juifs
yougoslaves – surtout des femmes, des enfants et des
personnes âgées en provenance des régions encerclées par les
combats – ont rejoint Israël. C'est au péril de leur vie que
des sauveteurs ont permis à certains de ces Juifs de fuir
Sarajevo. (ZL)
© Nouvelles
d'Israël
10
/ 1992
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ISRAËL
OBTIENT DES USA DES GARANTIES POUR 10 MILLIARDS DE DOLLARS
Les
USA se sont enfin décidés à accorder à Israël les garanties
pour l'octroi de 10 milliards de dollars destinés à absorber
le flux d'immigrants. La nouvelle a été communiquée par le
président des États-Unis, George Bush, à la fin des deux
jours d'entretien qu'il a eus avec le nouveau Premier
ministre Yitzhak Rabin.
Cela
fait déjà un an qu'Israël aurait dû recevoir ces garanties.
C'est du moins ce qu'avait promis le Premier ministre de
l'époque, Yitzhak Shamir, pendant la guerre du Golfe. Mais
les Américains n'avaient pas tenu leur promesse. Le
président Bush et son secrétaire d'État, James Baker,
avaient décidé de priver Israël de ces garanties pour
contraindre Jérusalem à suspendre la politique des
implantations. Le gouvernement israélien n'a cependant pas
cédé et les garanties ont donc été bloquées.
À
présent – du fait du changement de gouvernement en Israël et
vu la modification de la politique des implantations – le
gouvernement américain a décidé d'accorder à Israël les
garanties sur cinq ans, soit deux milliards par an. Les
Américains ont renoncé au contrôle qu'ils voulaient exercer.
Toutefois, ils se sont réservé le droit de geler à tout
moment l'octroi des garanties.
Dans
les milieux économiques israéliens, on s'est fort réjoui de
l'octroi des garanties qui permettront à présent de relancer
la roue de l'économie israélienne. Le gouvernement envisage
d'investir d'abord les fonds octroyés dans des projets
d'infrastructure affectant les communications, les routes,
les chemins de fer, l'industrie, les ports et l'électricité.
Les experts économiques s'attendent à ce que ces
investissements provoquent dans les prochaines années un
véritable boom économique et une réduction draconienne du
préoccupant taux de chômage.
L'obtention
des garanties passe pour un succès personnel de Yitzhak
Rabin. Toutefois, de nombreux commentateurs et représentants
de l'opposition en Israël ont affirmé que n'importe quel
ministre israélien, même Yitzhak Shamir, aurait fini par
obtenir les garanties. D'après eux, Bush aurait octroyé à
Israël les garanties à des conditions favorables pour
redorer son image auprès des Juifs américains. Dans les
circonstances actuelles et étant donné sa baisse de
popularité et les élections prochaines, le président savait
pertinemment qu'il n'avait pas d'autre choix que d'accorder
les garanties pour essayer de s'assurer la sympathie des
Juifs, leur soutien financier et leurs voix lors de
l'échéance électorale.
Les
observateurs américains qui ont suivi de près la visite de
Rabin ont confirmé les grandes lignes de cette théorie. Ils
ont cependant affirmé que Monsieur Rabin a pu obtenir des
résultats que Monsieur Shamir aurait été dans
l'impossibilité d'atteindre. Un de ces observateurs a par
exemple souligné que Rabin est parvenu à convaincre le
président américain de renoncer à l'ultimatum relatif à
l'arrêt complet des constructions dans les implantations.
L'accord entre Bush et Rabin prévoit qu'Israël pourra
achever la construction d'environ 11.000 logements dans les
«territoires occupés». Ainsi, Rabin a réussi à faire
accepter aux Américains la distinction entre les
implantations nécessaires d'un point de vue politique et
celles indispensables d'un point de vue stratégique. La
campagne électorale et la volonté de satisfaire Israël ont
également marqué d'autres aspects de la visite de Rabin aux
États-Unis. Les parties ont notamment convenu qu'Israël
recevra en cadeau plusieurs avions provenant des surplus de
l'armée américaine. Les deux pays ont également redéfini
certains aspects de l'équilibre stratégique et de la
coopération. Ces dernières années, cette coopération avait
souffert de la tension entre Israël et les États-Unis et
n'avait connu un renouveau qu'il y a peu, lors de la guerre
du Golfe. (ZL)
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Nouvelles
d'Israël 10 / 1992
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LUTTES
VIOLENTES POUR LE POUVOIR AU SEIN DU LIKOUD
«Le
succès», dit-on parfois, «a de nombreux pères. La défaite,
elle, est orpheline».
Au
sein du Likoud, puissant parti encore à la tête du
gouvernement israélien il y a seulement trois mois, on
cherche toujours les responsables de la cinglante défaite
électorale. Les accusations fusent de partout, et leur
principale cible est celui qui était l'homme fort du parti
et de l'État jusqu'il y a peu: Yitzhak Shamir
Ce
n'est pas de gaieté de coeur qu'après 15 ans, les dirigeants
du Likoud sont passés des hautes fonctions gouvernementales
aux bancs moroses de l'opposition. Tout le pays a ricané
lorsqu'il s'avéra que deux anciens ministres du Likoud, le
ministre des Affaires étrangères David Levi et le
vice-Premier ministre Moshe Nissim, n'avaient pas leur
permis de conduire. Durant de nombreuses années, ils ont
tous deux disposé des luxueuses limousines de l'État, avec
chauffeur. Maintenant, paraît-il, Moshe Nissim a commencé à
prendre des cours de conduite. C'est l'un de ses fils qui
conduira la voiture que sa famille lui a offerte. Mais bien
sûr, les problèmes du Likoud ne trouvent pas leur origine
dans les cours de conduite de ses dirigeants.
L'ensemble
du parti connaît des problèmes. Le quartier général du parti
à Tel-Aviv qui fut un centre bouillonnant d'activité, est
pratiquement fermé. À l'entrée, se tiennent les débiteurs:
des centaines de militants et de fournisseurs auxquels le
Likoud doit beaucoup d'argent pour des services rendus au
cours de la campagne électorale. Mais il n'y a pas d'argent.
La caisse du parti est vide et les dettes se font
pressantes. En attendant, personne ne s'occupe pourtant
véritablement des problèmes. Presque toute l'énergie restant
au parti est consacrée à un objectif: la nouvelle génération
et la lutte pour la direction future du parti. Le président
du parti, Y. Shamir, a fait part de son intention de
renoncer à son poste et de se retirer de la vie politique
dès qu'un successeur lui aura été trouvé. Moshe Arens,
l'ancien ministre de la Défense, qui devait succéder à
Shamir, a quitté la vie politique immédiatement après les
élections. Quatre candidats sérieux s'affrontent
actuellement dans cette lutte pour la direction du parti:
–
Benny Begin, fils de Menahem Begin, qui bénéficie du soutien
de la vieille garde du parti;
–
Benjamin Natanyahu, ancien représentant d'Israël à l'ONU,
orateur brillant et très populaire auprès de l'opinion
publique israélienne;
–
David Levi, ancien ministre des Affaires étrangères, soutenu
par les représentants municipaux du parti ainsi que par une
partie des Juifs sépharades;
–
Ariel Sharon, dont la dernière fonction fut celle de
ministre du Logement: Sharon bénéficie du soutien d'une
grande partie des membres du comité directeur du parti.
Beaucoup d'entre eux ont obtenu, grâce à lui, des avantages
matériels et des honneurs à l'époque où il était à la tête
de moyens énormes au sein de son ministère. D'autres, tout
aussi nombreux, croient qu'il est capable de réhabiliter le
parti et de le ramener au pouvoir à l'avenir. Cette fois, la
lutte pour la direction du parti n'aura pas lieu au comité
directeur. Pour la première fois de son histoire, le Likoud
va élire son président dans le cadre de «primaires». Il
s'agit d'élections directes, auxquelles plus de 100.000
membres inscrits au parti prendront part. La lutte a
pratiquement déjà commencé. Une semaine après les élections,
Netanyahu entreprenait déjà la chasse aux nouveaux adhérents
et organisait des rassemblements en masse, au cours desquels
il a incité le public à soutenir sa candidature comme
président du parti. Cette campagne lancée par Netanyahu pour
sa propre publicité s'accompagne de gigantesques annonces
coûteuses dans les journaux. Les moyens qui sont mis à sa
disposition sont quasiment illimités: ils proviennent de
dons de riches Israéliens et de Juifs américains qui veulent
soutenir sa candidature à tout prix. Les énormes moyens
financiers de Netanyahu mettent particulièrement en évidence
les difficultés de la situation financière du Likoud. Fin
août, une commission d'enquête interne a publié des
résultats selon lesquels le déficit du parti atteignait
quelque 20 millions de dollars – une somme énorme et
personne ne sait comment ce déficit pourra être couvert. La
commission a, en conséquence, fortement critiqué les
responsables – en particulier Yitzhak Shamir. Shamir a
récusé les accusations et a chargé une autre commission de
trouver une solution. Tout porte à croire que de nombreux
mois de conflits et de crises difficiles attendent encore le
Likoud avant qu'une solution ne soit vraiment trouvée. Il
faudra patienter jusqu'à l'élection de la nouvelle direction
du parti pour qu'il soit permis au Likoud de redevenir ce
qu'il fut de nombreuses années: un grand parti d'opposition
conscient de ses responsabilités, qui constitue une
alternative au gouvernement et qui est toujours prêt à le
remplacer dignement. (ZL)
©
Nouvelles d'Israël 10 / 1992
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MADRID,
UN AN APRÈS
EN
ISRAËL, L'ANNÉE 5752 VIENT DE S'ACHEVER. LA LECTURE ET
L'ARRANGEMENT DES LETTRES, SELON L'ALPHABET HÉBREU,
PERMETTAIT D'Y DÉCELER LE MOT «SOUFFLE». LA NOUVELLE
COALITION AU POUVOIR A EFFECTIVEMENT DONNÉ UN NOUVEAU
SOUFFLE À UN PROCESSUS DE PAIX DONT L'ORGANISATION
ELLE-MÊME, AU COURS DE L'ANNÉE ÉCOULÉE, A COUPÉ LE «SOUFFLE»
AU MONDE ENTIER. QU'EN EST-IL, UN AN APRÈS?
En
une année, le président Bush et son infatigable Secrétaire
d'État, James Baker, peuvent se flatter d'avoir obtenu une
série de succès diplomatiques dans la région du
Moyen-Orient. Ni les Israéliens, ni leurs interlocuteurs
arabes n'ont pu rester sur leurs positions; au son de la
fanfare américaine, ils ont dû entrer dans le cirque des
négociations de paix et se produire en une série de
représentations communes. Le charme envoûtant du cirque,
c'est de rendre, pour quelques instants, l'impossible
possible, et le fantastique réel. Pourtant, une fois le
spectacle passé, personne, dans le public, ne s'avisera de
rentrer chez soi en marchant en équilibre sur un fil
électrique! C'est pourtant, semble-t-il, ce que l'on exige
de certains habitants du Proche-Orient: chrétiens du Liban
sous le joug syrien et chiite, Arabes palestiniens
terrorisés par les hommes de l'OLP, du FPLP ou du Hamas et
Israéliens luttant pour la survie physique de leur État et
pour leur sécurité personnelle.
Les
succès de la diplomatie américaine sont pourtant
indéniables: champions du «front du refus», les Syriens et
les Palestiniens négocient avec Israël depuis près d'une
année. Leurs délégués siègent avec des délégués israéliens
et – ô miracle – se donnent la main, échangent parfois
chocolats et sucreries et se souhaitent bon voyage en se
séparant.
Quelles
raisons expliquent cette réussite? La principale est sans
doute l'effondrement de l'empire soviétique qui a laissé les
ennemis d'Israël sans soutien économique, politique et
militaire, laissant les États-Unis seuls sur la scène
internationale. La guerre du Golfe a renforcé le poids de
cette unique grande puissance, prouvant au monde, et en
particulier aux Arabes, que le dernier mot en matière
politique, appartenait aux Américains et que se les
concilier valait mieux que se les aliéner.
Le
tournant pris par l'administration américaine par rapport à
une attitude traditionnellement pro-israélienne a également
facilité le «processus de paix». Cessant d'exiger des
Syriens, des Jordaniens et des Palestiniens une
reconnaissance préalable d'Israël, et la fin d'un état de
guerre avec celui-ci, les dirigeants américains ont choisi
d'exercer leurs pressions sur le partenaire le plus faible
sur le plan diplomatique: Israël, isolé dans un
Proche-Orient hostile, désespérément dépendant de l'aide
économique et militaire américaine et des relations
commerciales avec l'Occident. Les pressions américaines,
associées à des considérations internes, ont favorisé
l'éviction du Likoud du pouvoir et la victoire des forces de
gauche. Alors que le monde entier, ou presque, se détache du
communisme et des thèses marxistes, Israël est dirigé,
actuellement, par le gouvernement le plus «rouge», le plus
pacifiste et le moins sioniste de son histoire, Yitzhak
Rabin étant encore l'un des éléments les plus conservateurs
et les plus modérateurs de la coalition au pouvoir.
Avant
même que les partenaires arabes aient fait à Israël la
moindre concession sur le fond, le gouvernement Rabin a pris
une série de mesures draconiennes dans le cadre du «gel des
implantations dans les territoires»: à part une parcelle au
sud de Bethléhem, la construction de routes en Judée-Samarie
a été stoppée, même là où des travaux avaient déjà été
engagés, toute construction publique qui n'avait pas dépassé
un certain stade a été arrêtée; la construction privée fait
elle-même l'objet d'une série de restrictions et de
tracasseries administratives; les prêts avantageux ont été
annulés, ainsi que les réductions d'impôts accordées aux
Israéliens des territoires; à Jérusalem même, des
commissaires de la municipalité soumettent les juifs qui ont
acheté des maisons dans les quartiers arabes à des
procédures de contrôle: la plupart sont pourtant d'anciennes
propriétés de juifs chassés par les pogroms de 1936/1939.
En
plus de ces mesures sévères, le Premier ministre israélien a
fait libérer 800 prisonniers de la «guerre des pierres» qui
avaient déjà purgé au moins les deux tiers de leur peine. Il
a également fait savoir aux Syriens qu'il était prêt à
envisager un retrait partiel des hauteurs du Golan dans le
cadre d'un accord intermédiaire avec la Syrie. Il a promis
l'autonomie administrative aux Arabes palestiniens d'ici six
à neuf mois. Ces atouts importants que le cabinet Shamir
avait gardés en réserve pour une phase ultérieure des
négociations, ont été joués dès la reprise de la partie.
Quels
avantages le gouvernement d'Yitzhak Rabin en a-t-il retiré?
L'image
d'Israël s'est améliorée dans les médias internationaux. Les
relations avec les États-Unis connaissent un nouveau
printemps, encore qu'il ne faille rien exagérer à ce sujet:
de graves points d'interrogation subsistent, comme nous
allons le voir. Les garanties de prêts, promises à nouveau
par le président Bush pourraient être accordées avant les
élections américaines de novembre. Cela étant, la diplomatie
américaine n'a pas renoncé à l'usage de la pression et des
menaces à l'encontre d'Israël.
Dans
une conférence, tenue à Jérusalem le 2 septembre devant un
public de fonctionnaires gouvernementaux et de diplomates,
l'ambassadeur des États unis en Israël a déclaré que «le
sujet de la discrimination des Arabes israéliens serait
remis à l'ordre du jour et mis en exergue dans un avenir
proche dans le cadre des relations israélo-américaines».
Cette phrase a frappé les assistants de consternation: «J'ai
tout simplement cru qu'il déraillait» a déclaré un haut
fonctionnaire israélien. Quand on connaît le tact et le
respect avec lesquels Israël traite ses citoyens arabes, et
la manière dont les États arabes traitent leurs minorités
(Druzes, Kurdes, coptes, chrétiens, juifs), on ne peut que
s'indigner de l'hypocrisie d'une telle déclaration.
Les
positions arabes sont encore plus décevantes. Elles
oscillent entre: «ce que fait Rabin est bien, mais
insuffisant; il faut encore qu'il prouve sa bonne volonté
par des concessions supplémentaires» et: «rien n'a changé
avec Rabin qui poursuit simplement la politique de son
prédécesseur dans un style nouveau». L'embargo arabe contre
Israël dont la levée était liée au gel des implantations, se
poursuit comme auparavant. Les diplomates arabes exigent
maintenant l'évacuation de la population juive des
territoires avant de mettre fin au boycottage. Ils déclarent
en outre que seules les nations arabes ayant fait la paix
avec Israël pourront lever l'embargo, si elles le veulent:
quant aux autres, elles devront décider de la fin de
l'embargo dans le cadre de la Ligue arabe, et une décision
positive générale ne sera imposée à aucun État arabe, chacun
étant souverain pour adopter lui-même l'attitude qui lui
convient envers Israël!
Les
négociations avec les diverses délégations (syriennes,
jordano-palestiniennes, libanaises) connaissent des hauts et
des bas. Il y a des progrès dans «l'atmosphère», le «ton»
et, parfois, dans les détails de procédures. On trouve les
nouvelles propositions d'Israël intéressantes, plus
ouvertes, tout en maintenant les vieilles positions arabes
et leurs exigences absolues: retrait israélien total des
hauteurs du Golan, autonomie totale des Palestiniens comme
une première étape en vue d'un État palestinien. Il y a
échange verbal, il y a dialogue entre délégations arabes et
israéliennes, mais les seuls «progrès» enregistrés sont les
concessions israéliennes, sans contreparties autres que
verbales.
Pendant
ce temps, le terrorisme arabe se poursuit, de l'extérieur et
de l'intérieur. Le Hezbollah, le FPLP, le Front islamique et
d'autres poursuivent leurs attaques depuis le Liban ou,
parfois, la Jordanie et l'Égypte. La «guerre des pierres»,
l'Intifada, ne cesse guère et chaque semaine apporte son lot
de victimes.
Y
aura-t-il un jour la paix dans la région?
Des
experts israéliens prévoient le scénario suivant: sous la
pression des Américains et des Européens, les Israéliens
seront entraînés de concessions en concessions, au terme
desquelles une série d'accords temporaires pourront être
signés avec les Palestiniens, les Jordaniens, les Libanais
et les Syriens. Les activités terroristes iront probablement
en diminuant, mais sans cesser totalement. La menace
militaire syrienne subsistera avec, toutefois, des garanties
internationales (dont l'affaire «yougoslave» nous permet
d'apprécier la valeur) accordées à Israël. Et puis, au terme
de la période fixée par les accords provisoires, on se
retrouvera au point de départ. D'autres scénarios, plus
catastrophiques, sont également envisagés. Mais Israël met
sa confiance dans ce Dieu souverain qui l'a conduit et gardé
tout au long de son histoire.
De
Jérusalem, Henri-Léon Vaucher
©
AVÈNEMENT Octobre 1992 No 52
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PROBLÈMES
AUTOUR DES IMPLANTATIONS À JÉRUSALEM-EST
Trois
jours avant la rencontre entre le Premier ministre israélien
Yitzhak Rabin et le président des États-Unis, George Bush,
des organisations israéliennes de droite ont préparé un coup
d'éclat. Dix familles juives se sont installées dans cinq
maisons du quartier musulman de la vieille ville de
Jérusalem à la suite d'une action bien organisée et
parfaitement légale.
Cette
action avait été préparée et mise sur pied par une nouvelle
organisation, le «Forum pour Jérusalem». Cet organisme
regroupe quatre organisations différentes qui, sous le
gouvernement du Likoud, s'étaient chargées de l'acquisition
de biens immobiliers et de l'installation de Juifs dans le
quartier musulman de Jérusalem. Le «Forum», qui bénéficiait
d'une importante aide de l'État lorsque le Likoud était au
pouvoir, a entrepris de s'organiser pour saboter les projets
gouvernementaux de «gel» des implantations et a décidé de
poursuivre l'établissement de Juifs dans le quartier
musulman.
De
façon très symbolique, l'action a eu lieu le dernier jour du
jeûne de Tisha be Av – selon la tradition juive, cette date
correspond à celle de la destruction du Temple il y a 1924
ans. L'organisation a veillé à ce que tout se déroule dans
la légalité. Toutes les maisons dans lesquelles se sont
installées des familles juives avaient été achetées de façon
légale à leurs propriétaires arabes. Le nombre des Juifs qui
vivent dans le quartier musulman est ainsi passé à 600.
Quelque 200 d'entre eux vivent dans des habitations normales
avec leurs familles, les autres sont logés dans des
institutions, écoles et internats divers. Le directeur
général du «Forum», Shmuel Meir, a déclaré que «cette action
devait montrer clairement au monde et aux dirigeants juifs
qui défendent le principe du renoncement aux revendications
territoriales, qu'aucune partie de Jérusalem n'est à
vendre». Meir s'est également opposé à une solution
définitive qui prévoirait la division de la vieille ville en
quartiers administrés séparément; il a déclaré: «C'est
inadmissible. Les Juifs vivront dans tous les quartiers de
la vieille ville. Personne ne peut les en empêcher».
Quatre
organisations prennent en charge l'implantation de Juifs
dans le quartier musulman: «Ateret Cohanim», «Atara
Lejoshna», «Beit Orot» et «El Ad». L'idéologie des membres
du «Forum» repose sur trois grands piliers: la politique, la
sécurité et la religion.
Sur
le plan politique, leurs activités ont pour but d'empêcher
que le problème de Jérusalem soit résolu par le morcellement
de la ville en quartiers, dont certains ne seraient pas
habités par des Juifs.
Quant
à la sécurité, les membres des organisations prétendent que
la présence juive au sein des quartiers posant le plus de
problèmes, permettra de la renforcer. C'est uniquement à
cette condition que les Juifs pourront se déplacer librement
dans la vieille ville, et que certaines parties de la cité
ne seront pas «exemptes de Juifs» pour des raisons de
sécurité.
Sur
le plan religieux, les membres du «Forum» croient que l'État
d'Israël vit actuellement la phase du «début de la
rédemption», c'est-à-dire la première étape sur la voie de
la venue du Messie. Selon cette croyance, les acquisitions
de biens immobiliers à Jérusalem contribuent en fait à
«accélérer la rédemption». Au fil des années de leur
activité, les organisations ont pu entrer en possession d'un
nombre considérable de maisons et de terrains dans le
quartier musulman de la vieille ville et le transformer
ainsi en quartier à population mixte. Ces achats furent en
partie financés par des dons en provenance de l'étranger; la
majeure partie de ces dons cependant venait de l'État et
d'organismes publics israéliens. Le soutien accordé à
l'association par le gouvernement Likoud reposait
essentiellement sur le ministère du Logement de l'époque où
faisait alors fonction le ministre Ariel Sharon. Sharon, qui
avait lui-même acquis une habitation au coeur du quartier
musulman, a mis à la disposition de ces organisations des
moyens considérables grâce au budget de son ministère. Ces
moyens entraient de facto dans la politique du gouvernement
concernant Jérusalem-Est et la vieille ville. L'arrivée au
pouvoir du gouvernement travailliste a tourné une page de
l'histoire. Le gouvernement de Rabin, lui aussi, voit
naturellement en Jérusalem la capitale éternelle et
indivisible de l'État d'Israël. Le gouvernement a maintenant
stoppé toute aide financière aux organisations.
Simultanément, une commission spéciale a été mise sur pied
afin d'examiner les ressources financières de ces
organisations sous le gouvernement Likoud. Il est
immédiatement apparu que quelque 100 maisons de
Jérusalem-Est avaient été prises en bail, louées ou achetées
par des organismes privés, des associations ou des
particuliers – grâce au financement de l'État. On a
également découvert que l'une des organisations avait reçu
5,6 millions de shekels du ministère du Logement, somme
prévue à l'origine pour aider des familles dans le besoin à
acheter une habitation. Étant donné que l'organisation en
question n'a pas soutenu ces familles, on lui demande
maintenant de rembourser l'argent. Au moment de la rédaction
de ces lignes, l'enquête est encore en cours et il est
probable que la commission fera d'autres découvertes qui
ébranleront l'opinion publique israélienne.
Malgré
l'opposition du gouvernement, le «Forum» prévoit de
poursuivre ses dons à l'étranger ainsi que l'implantation de
Juifs dans le quartier musulman et dans d'autres quartiers
de Jérusalem-Est.
Puisque
toutes les activités du «Forum» sont légales et ont lieu à
Jérusalem, où prévaut le droit israélien et où le commerce –
même des habitations – est libre, il semble que le
gouvernement pourrait se retrouver sans recours. (ZL)
©
Nouvelles d'Israël 10 / 1992
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LE
«PROCESSUS DE PAIX» SE POURSUIT
Le
«processus de paix» entamé par le gouvernement Shamir lors
de la Conférence de Madrid a pris un nouvel essor à la suite
du changement de gouvernement en Israël. À la fin août s'est
ouverte à Washington la sixième table ronde entre Israël et
ses voisins arabes, la Syrie, le Liban et la Jordanie. Une
délégation palestinienne a également pris part aux
conversations à côté de la délégation jordanienne.
Les
négociations se sont ouvertes dans un climat optimiste. La
longue série de gestes politiques accomplis par le
gouvernement Rabin y a largement contribué le geste le plus
significatif a été la déclaration qu'Israël est en principe
prêt à renoncer à une partie des hauteurs du Golan, en
échange de la paix avec la Syrie. C'est ce qu'a communiqué
au début des négociations le président de la délégation
israélienne, le professeur Itamar Rabinovith. Il est dit
dans cette communication qu'Israël admet le fait que la
résolution 242 de l'ONU s'applique également aux hauteurs du
Golan. Cette résolution, qui a été prise après la guerre des
Six Jours, comporte le principe du retrait des territoires
occupés. Jusqu'à présent, Israël restait attaché à la
conviction que cette résolution avait déjà été appliquée
lors du retrait du Sinaï et que l'entente avec la Syrie ne
comportait pas de retrait. Cette modification de la position
israélienne a été vue dans le monde et surtout dans les
États arabes comme un virage à 180 degrés qui a
immédiatement détendu l'atmosphère. Toutefois, le Premier
ministre Yitzhak Rabin s'est empressé de préciser qu'Israël
n'a pas l'intention de «redescendre» des hauteurs du Golan,
mais il a ajouté «qu'il n'est pas absolument nécessaire de
rester accroché à chaque centimètre». Les observateurs
s'accordent pour dire qu'Israël a enfin offert aux Syriens
un retrait partiel, en l'occurrence du nord du Golan, où se
trouvent principalement des villages druses.
D'autre
part, Israël a levé onze ordres d'expulsion à l'égard de
chefs de l'Intifada et relâché 800 détenus palestiniens; il
a également rouvert des rues, des ruelles et des maisons qui
avaient été murées au cours des dernières années à la suite
de jets de pierres ou d'attaques à l'aide de cocktails
Molotov.
Lors
des négociations elles-mêmes, Israël a également fait aux
Palestiniens une série de propositions radicales dans la
voie d'une autonomie. On compte parmi celles-ci la gestion
directe de l'élection du conseil d'autonomie, ses
institutions et ses larges pouvoirs au niveau de
l'administration des tâches quotidiennes des Palestiniens
après les élections.
Malgré
l'euphorie qui a suivi l'ouverture des entretiens, il s'est
vite avéré qu'un long chemin reste à parcourir avant
d'atteindre un quelconque accord. Les Arabes ne se sont pas
contentés des gestes israéliens et ont présenté des
revendications qu'Israël ne peut pas satisfaire. Les Syriens
se sont empressés de faire savoir qu'ils ne sont pas
intéressés par un accord ne prévoyant qu'un retrait partiel
d'Israël. Damas n'a qu'une seule exigence: un retrait total
d'Israël des hauteurs du Golan en échange de l'arrêt des
hostilités. Les Palestiniens ont pour leur part déposé une
longue liste de revendications, qui, si elles étaient
satisfaites, remplaceraient pratiquement l'autonomie par un
État indépendant, avec un parlement, des pouvoirs
législatifs, etc.
Au
sein même de l'État d'Israël, l'opposition a violemment
critiqué la position du gouvernement. Les habitants des
hauteurs du Golan, dont une partie sont membres du parti
travailliste de Rabin, se préoccupent du sort de leurs
implantations. Les colons de Judée, de Samarie et de la
bande de Gaza, et bien sûr les fractions de l'opposition à
la Knesset, ont exprimé leur colère vis-à-vis des gestes
accomplis en direction des Palestiniens, qu'ils jugent
inutiles. Ils affirment que la politique menée actuellement
par le gouvernement débouchera à terme sur ce qu'un grand
nombre d'entre eux considèrent comme un horrible cauchemar:
la création d'un État palestinien dans les territoires
occupés, avec à sa tête Yasser Arafat. (ZL)
©
Nouvelles d'Israël Novembre 1999
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DES
ÉNIGMES RÉSOLUES
Les
pistes mènent au Hezbollah et en Iran
Il
y a peu, les autorités argentines ont déclaré avoir fait un
grand pas en avant dans l'enquête sur l'attentat contre
l'ambassade israélienne de Buenos Aires (1992), pour lequel
ont été dénombrés 23 tués et des milliers de blessés. En
raison de nouvelles découvertes, la Cour suprême de justice
d'Argentine a lancé un mandat d'arrêt contre le leader de
l'organisation du Hezbollah, Imad Mornejah.
Selon
les autorités argentines, Mornejah (le deuxième homme du
service de sécurité du Hezbollah) est responsable de cet
attentat. Il est entre autres recherché par les autorités
américaines, celles-ci le tenant pour responsable de
l'explosion à leur ambassade de Beyrouth (1983). Il est
également soupçonné d'avoir participé en 1985 au
détournement d'un avion de la TWA reliant Athènes à Rome.
Les
Argentins affirment détenir des preuves manifeste de la
responsabilité du Hezbollah dans l'attentat contre
israélienne, et notamment les documents d'achat du camion
dans lequel étaient dissimulés les explosifs. Ils présentent
également des signatures et des manuscrits appartenant
clairement à des membres du Hezbollah.
Le
service de renseignements israélien ne fut pas surpris qu'un
mandat d'arrêt ait été délivré contre Mornejah, le
considérant déjà comme responsable de l'attentat quelques
mois après celui-ci. Mais ce n'est qu'à présent, sept ans
plus tard, que les autorités argentines en ont été
informées.
En
Israël, on présume que l'attentat était une mesure de
représailles pour l'assassinat du secrétaire général de
l'organisation. Mornejah avait reçu pour mission d'exécuter
cet acte de terrorisme, pour lequel il fit intervenir le
service de sécurité iranien. Ainsi, tant la préparation que
l'attentat même furent réalisés avec l'aide d'agents
iraniens, qui, à ce moment précis, assistaient à un congrès
diplomatique en Argentine. L'attentat a surtout été perpétré
par des forces de police locales, qui s'étaient laissées
tenter par cet acte, des criminels et des extrémistes de la
communauté chiite-libanaise en Argentine. Il est supposé en
Israël que Mornejah a trouvé refuge en Iran et que les
chances de l'arrêter sont très minces. Il y a quelques
années, un attentat a été commis contre son frère, qui vit à
Beyrouth. À l'époque, les autorités libanaises et la presse
ont attribué cet acte au Mossad. Israël ne s'est jamais
prononcé sur ces accusations.
©
Nouvelles d'Israël
Novembre
1999
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DEUX
VOIES POUR UN DIALOGUE: ISRAËL ET LE VATICAN
Israël
et le Vatican essaient de normaliser leurs relations
Pierre
pesante pour les nations, que ce soit en tant que peuple ou
en tant que pays, Israël a toujours suscité des passions.
Passions liées à la race ou à la religion, ou les deux à la
fois, confusément. Aussi, lorsqu'il y a rivalité entre le
judaïsme et une autre religion ou une autre société aux
principes religieux exclusifs, on assiste à un antisémitisme
d'inspiration religieuse. Ce fut ainsi le cas pour la
chrétienté et pour l'islam. Mais, pour la religion
chrétienne, et pour le catholicisme en particulier,
l'antisémitisme théologique a été, dès l'origine, une
tentation. Chez les Pères de l'Église, comme plus tard chez
certains réformateurs, le refus du judaïsme s'est transformé
en antisémitisme. Très tôt, l'argument du «déicide» (meurtre
de Dieu) a été avancé: Méliton de Sardes (Ile siècle)
apostrophe le peuple juif, le jour de Pâques: «Tu as mis à
mort le Seigneur, le jour de la Grande Fête...» Grégoire de
Nysse (IVe siècle) met en forme cette accusation de
«déicide»: «les Juifs sont les déicides, les meurtriers des
prophètes, ceux qui se battent contre Dieu et qui le
haïssent, transgresseurs de la loi, ennemis de la grâce
etc.» de cette accusation à la malédiction perpétuelle, il
n'y a qu'un pas que franchit Saint Jérôme (IVe siècle):
cette malédiction demeure jusqu'à ce jour sur les juifs et
le sang du Seigneur n'est pas ôté d'eux. C'est pourquoi il
est dit en Ésaïe: «vos mains sont pleines de sang»; voilà
l'excellent héritage que les juifs laissent à leurs fils en
prononçant cette parole: «que son sang soit sur nous et sur
nos enfants». La chrétienté a maintenu les juifs dans cette
situation diminuée et de mépris. Le concile de Latran, en
1434, décrète, par exemple, l'obligation, pour les juifs, de
porter la rouelle ou un habit spécial.
Luther
qui, en 1523, énonçait dans un traité que «Jésus est un juif
de naissance», écrivit à la fin de sa vie, en 1542: «nous,
chrétiens, qu'avons-nous à faire avec le peuple juif rejeté
et damné?... Qu'on mette le feu à leurs synagogues et à
leurs écoles».
Pour
«convertir» les juifs, on exerça des pressions (légales ou
spontanées) jusqu'à la violence parfois sanglante. Ce fut
notamment le cas pendant les Croisades. Outre l'accusation
de «déicide», les pires calomnies étaient propagées: la plus
fréquente était celle de profanation d'hosties.
Même
les juifs «convertis» ne furent pas à l'abri des bûchers de
l'Inquisition. Souvent, c'était même l'expulsion:
d'Angleterre (1290), de France (1394), d'Espagne (1492),
etc. En 1791, la Révolution française mit fin à ce statut
d'infériorité. Mais l'antisémitisme n'en disparut pas pour
autant: souvenons-nous de l'affaire Dreyfus.
Ces
précisions historico-théologiques expliquent, pour une part
importante, les relations difficiles qui ont caractérisé,
l'État d'Israël, depuis sa naissance, et le Vatican.
Et
si, depuis le concile de Vatican II, de nombreux documents
émanant du Saint-Siège attestaient qu'aucun obstacle
théologique ne s'opposaient plus, en théorie du moins, à
l'instauration de relations diplomatiques avec Israël, des
pressions, depuis longtemps, et au sein même de l'Église
catholique, se faisaient pour que le Vatican transforme sa
reconnaissance de facto d'Israël en une reconnaissance de
jure.
Le
statut de Jérusalem (l'internationalisation de la Ville
sainte), un traité de paix entre Israël et ses voisins,
délimitant des frontières reconnues Internationalement, la
création d'un «foyer» pour les Palestiniens – autrement dit:
un État – constituaient les principaux obstacles officiels à
cette reconnaissance. La crainte de représailles contre les
minorités chrétiennes dans les pays arabes pesait également
lourd dans la balance, même s'il est manifeste que,
indépendamment des relations entre le Vatican et Israël, la
situation de ces catholiques ne peut aller en s'améliorant
avec la montée de l'intégrisme musulman.
L'incompréhension
entre le Vatican et Israël ne fit que croître lorsque le
pape Jean-Paul Il reçut Yasser Arafat en un moment où le
processus de paix était loin d'être aussi engage
qu'aujourd'hui. Cette reconnaissance quasi-officielle du
principal ennemi de l'État hébreu ne facilita pas des
relations déjà difficiles.
Aussi
la nomination récente d'une Commission mixte chargée des
relations Israël / Vatican, favorisée par le dialogue
israélo-arabe engagé il y a un an à Madrid, fit-elle l'effet
d'un baume sur une plaie à vif. Selon Avi Pazner, le nouvel
ambassadeur d'Israël à Rome, «on peut désormais espérer
qu'une ère nouvelle s'ouvre dans l'histoire des relations
entre Israël et le Vatican». Cette commission, qui avait
tenu ses premiers entretiens en juillet, se réunira de
nouveau en novembre, à Jérusalem. Comme les commissions
mixtes qui ont préparé la reconnaissance de la Pologne ou
d'autres États de l'Europe orientale, les problèmes
bilatéraux précis seront abordés, y compris celui de
l'échange d'ambassadeurs.
Les
quatre dignitaires religieux de Jérusalem, membres de la
communauté arabe chrétienne-musulmane (le patriarche latin
Michel Sabbah, l'archevêque grec catholique Lufti Laham et
l'évêque anglican Samir Kafity ainsi que le mufti Sa'ad
e-Din el Alami) se sont déclarés «profondément inquiets» de
ce rapprochement (voir «Repères», dans L'AVÈNEMENT n° 52
d'octobre): cette réaction confirme les relations parfois
difficiles des 3 religions monothéistes en Israël. Si les
rapports tendus avec l'islam se comprennent de prime abord,
la situation vécue par les Arabes chrétiens est plus
complexe. Les sentiments souvent anti-israéliens, parfois
proches de l'antisémitisme, de nombreux Arabes chrétiens
montrent que la reconnaissance de jure d'Israël ne réglera
pas tout, loin s'en faut. Un numéro spécial d'un magazine
évangélique français était d'ailleurs récemment consacré aux
relations difficiles entre Israéliens et Palestiniens
chrétiens et désignait un coupable principal: Israël! Autres
temps, autres arguments.
Si
les chrétiens doivent se garder d'un sentimentalisme
«biblico-religieux» teinté parfois d'un racisme anti-arabe
tout aussi coupable et en dehors de toute objectivité
(Israël est toujours le «bon» et les autres sont les
«méchants»), ils auraient tort de négliger le plan
particulier qu'Israël a joué dans l'histoire de l'humanité
et jouera encore pour la fin des temps.
Daniel
Rivaud
© AVÈNEMENT
Novembre 1992 No 53 / P 16
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LE
CHEF DE L'ÉTAT-MAJOR GÉNÉRAL DES ARMÉES ALLEMANDES EN VISITE
EN ISRAËL
Fin
novembre, le chef de l'état-major général des armées
allemandes, le général Klaus Naumann, s'est rendu en Israël
à l'invitation de l'état-major israélien. Il s'agit de la
première visite officielle du militaire allemand le plus
haut gradé en Israël. Au cours de sa visite, le général
Naumann a passé en revue quelques unités de l'armée
israélienne et a rencontré le chef de l'état-major des
armées israéliennes, le général Ehoud Barak, et Yitzhak
Rabin, chef du gouvernement et ministre de la Défense, pour
une séance de travail. Le point fort de sa venue en Israël a
été la visite à Yad Vashem, le mémorial de l'Holocauste.
C'est la première fois qu'un militaire allemand en uniforme
assiste à la cérémonie du souvenir à la mémoire des victimes
de la Shoah. L'opinion publique israélienne est restée
partagée face à cet événement.
Le
général Naumann, visiblement ému, a parcouru le mémorial en
murmurant ces paroles: «C'est incroyable! Cela dépasse
l'entendement!» À sa sortie du sanctuaire du souvenir, il a
déclaré aux journalistes qui l'attendaient: «La mémoire des
morts, que l'on vénère ici même, nous impose de faire tout
ce qui est en notre pouvoir pour que de telles choses ne se
reproduisent plus.»
©
Nouvelles
d'Israël
01
/ 1993
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CLINTON
ET ISRAËL
Israël
a applaudi l'élection de Bill Clinton à la présidence des
États-Unis. Clinton partait favori dans les sondages
réalisés en Israël avant les élections présidentielles
américaines.
Cette
popularité s'explique par le fait que, d'une part, Clinton
est un homme jeune et qu'il était le candidat du parti
démocrate; d'autre part, il fait montre d'une profonde
responsabilité empreinte de convictions religieuses à
l'égard du peuple juif. Les Israéliens ont marqué leur
préférence pour Bill Clinton en raison d'un ressentiment
vis-à-vis de George Bush. Rares sont ceux qui ont pu
pardonner au président sortant ses propos quasi antisémites
à l'adresse du groupe de pression israélien à Washington. En
outre, peu de personnes ont pu oublier qu'il a exercé de
fortes pressions sur le gouvernement du Likoud et qu'il a
bloqué les garanties de 10 milliards de dollars sur les
crédits destinés à financer l'immigration.
La
plupart des Israéliens étaient convaincus qu'un deuxième
mandat présidentiel pour M. Bush aurait été synonyme de
refroidissement des relations entre les deux États et aurait
placé la pression politique sur l'État hébreu.
Dans
ce contexte, il est compréhensible que les Israéliens
fondent de grands espoirs – espoirs peut-être démesurés –
sur le président nouvellement élu, dont les conseillers,
juifs et ex-israéliens, font l'objet de nombreux articles
dans la presse écrite israélienne. En effet, nombreux sont
ceux en Israël qui pensent qu'un homme qui s'entoure de
conseillers juifs ne peut être antisémite. Cette certitude
est encore renforcée par une anecdote qui a été publiée dans
les quotidiens israéliens. C'est le directeur stratégique de
la campagne de M. Clinton, M. Saul Benjamin, qui a révélé
aux journalistes israéliens comment M. Clinton l'avait
défendu contre des voyous antisémites, lorsqu'ils étaient
tous deux à l'université. «Je militais activement dans un
mouvement d'étudiants. Un jour, des loubards antisémites se
sont approchés de moi et ont commencé à m'injurier: «Sale
Juif! Qu'est-ce que tu fous ici?» Pour moi, une chose était
sûre: j'étais dans le pétrin. Puis, un type baraqué s'est
amené, est venu vers moi, m'a mis la main sur l'épaule, a
toisé les deux loubards du regard et a dit: «Vous pouvez
répéter la question?» Et les deux types ont détalé. Alors,
je lui ai demandé comment il s'appelait; il m'a répondu:
«Bill Clinto», et m'a serré la main. C'est à partir de ce
moment que nous sommes devenus amis.»
Des
anecdotes comme celle-ci suscitent bien sûr la sympathie,
mais renforcent aussi les espoirs que nourrit l'homme de la
rue pour M. Clinton. On souhaite que les conseillers juifs
de M. Clinton aident le président élu à soutenir Israël au
point de vue militaire et économique et à défendre les
intérêts de l'État hébreu dans les négociations de paix.
Les
réalistes, qui connaissent bien la politique américaine,
s'accordent à dire qu'en politique, il n'y a pas de place
pour la sympathie. Le président se consacrera probablement
plus aux problèmes de politique intérieure qu'à la politique
internationale. Il est à craindre que la dynamique engagée
l'année dernière dans le processus de paix ne soit rompue et
qu'on laisse échapper une occasion historique de faire
régner la paix au Proche-Orient. De plus, les experts
israéliens avancent que M. Clinton va réduire le montant de
l'aide américaine à Israël afin d'affecter ces fonds au
niveau national. Néanmoins, les spécialistes sont unanimes à
dire que la coopération militaire, qui avait été fortement
réduite sous l'administration Bush, va s'en trouver
améliorée.
Quoi
qu'il en soit, au mois de mars prochain, Israël connaîtra
officiellement la position de la nouvelle administration à
l'égard du Proche-Orient. En effet, M. Rabin doit effectuer
sa première visite officielle aux USA où il aura l'occasion
de rencontrer le président Clinton.
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Nouvelles d'Israël
01
/ 1993
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LA
FRANCE ET ISRAËL
La
France va organiser le financement d'une fondation
européenne qui investira plus d'un milliard de dollars dans
le développement du Proche-Orient. C'est ce qu'a promis le
président français François Mitterrand lors de sa visite
officielle à Jérusalem. À cette occasion, il n'a pas
dissimulé sa sympathie pour le peuple juif, le peuple de la
Bible. Il a également signé quelques documents portant sur
la coopération dans les domaines de la science, de la santé,
de la culture et de l'économie.
Au
cours de sa visite de deux jours, M. Mitterrand s'est rendu
à Sde Boker sur la tombe de David Ben Gourion, le premier
chef de gouvernement d'Israël, dont le mandat a marqué
l'approfondissement des relations entre les deux États.
Au
cours de son séjour, M. Mitterrand n'a pas caché non plus
qu'il était favorable à la création d'un État palestinien
indépendant aux côtés d'Israël. Dans chaque discours, à
chaque intervention, il a invité Israël à entamer des
négociations directes avec l'OLP, qui, aux yeux de la
France, est le représentant légitime des Palestiniens. Les
hôtes israéliens ont rejeté – dans des termes prudents –
cette proposition.
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Nouvelles d'Israël
01
/ 1993
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MANIFESTATION
POUR LE GOLAN
Au
mois de novembre, quelque 50.000 Israéliens, en majorité des
ressortissants des hauteurs du Golan, de la Cisjordanie et
de la bande de Gaza ont manifesté contre l'intention du
gouvernement israélien de renoncer au plateau du Golan ou du
moins à certaines parties de celui-ci pour obtenir la paix
avec la Syrie. La manifestation s'est déroulée sur la place
Malchei-Israël à Tel-Aviv, qui est d'ores et déjà devenue un
lieu de prédilection pour les manifestations de masse. Les
manifestants se sont engagés à ne jamais quitter le Golan et
ont fustigé l'attitude du Premier ministre, Yitzhak Rabin.
Lors du rassemblement, auquel aucun homme politique ne s'est
joint, a été diffusé l'enregistrement sur cassette d'un
discours de Rabin, prononcé lors d'une visite sur les
hauteurs du Golan. Il avait notamment déclaré (pendant une
campagne électorale): «Quiconque évoque un retrait éventuel
du Golan menace la sécurité de l'État d'Israël. Nous
n'abandonnerons jamais les hauteurs du Golan.»
À
l'heure actuelle, les négociations de paix à Washington
entre les délégations israéliennes et syriennes sont entrées
dans l'impasse. À la fin novembre, le président syrien,
Hafez AI-Assad, a rejeté la proposition d'une rencontre
personnelle avec le Premier ministre Rabin. Dans une
allocution publique, M. Assad a déclaré qu'une telle
entrevue pourrait déclencher une guerre, étant donné
qu'aucun accord bilatéral n'a encore pu être conclu.
Quant
au représentant de M. Assad, M. Abd al Chalim Chaddam, il
adopte une position encore plus intransigeante. Dans un
entretien accordé à Radio Monte Carlo, celui qui passe pour
être le deuxième homme du régime a déclaré: «Le conflit
israélo-arabe s'éternisera encore pendant 100, 200, 300 ou
400 ans. Il ne sera pas résolu tant qu'Israël continuera
d'occuper la moindre parcelle de notre terre et que le
peuple palestinien aura à subir la suprématie et les
agressions d'Israël.»
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01
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M.
SHAMIR À LA TÊTE DES TROUPES DE CHOC
«Pendant
dix ans, Yitzhak Shamir a été à la tête des troupes de choc
des services secrets israéliens (le Mossad), qui ont
perpétré des attentats contre des Arabes, des nazis et des
scientifiques allemands.» C'est du moins ce que l'on peut
lire dans un livre paru aux USA, intitulé «Les nouveaux
Israéliens». L'auteur de cet ouvrage, le journaliste
israélien Jossi Melamen, affirme que M. Shamir dirigea cette
unité de 1955 (commencement de sa collaboration avec le
Mossad) jusqu'à son départ en 1965. Cette unité a commis des
agressions et des attentats à la bombe contre des agents
arabes, des criminels de guerre nazis et des scientifiques
allemands qui étaient impliqués dans le projet égyptien de
développement de missiles. Yitzhak Shamir a démenti en
personne ces allégations.
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01
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NOUVEAU
DÉPART POUR LE LIKOUD
Quatre
mois après les élections où il s'est vu infliger une défaite
cinglante, le Likoud a entamé son processus de
restructuration. La direction du parti, qui s'est réunie en
novembre, a établi de nouveaux principes pour l'élection du
nouveau président du parti, lequel sera désormais choisi
selon le système des «primaires». Ce mode de scrutin permet
aux membres du parti, qui seraient des centaines de
milliers, d'élire directement la personne qu'ils considèrent
la plus capable d'assumer la direction du parti pendant les
prochaines élections. Ces primaires au sein du Likoud se
tiendront au mois de mars 1993; le nouveau président du
parti sera automatiquement désigné comme premier candidat
lors des prochaines élections.
L'actuel
Premier ministre, M. Yitzhak Rabin du parti travailliste, a
également été élu il y a six mois, lors des élections
primaires internes de son parti. Certaines forces
dirigeantes du Likoud ont déjà annoncé leur candidature aux
élections primaires pour le poste de numéro un du parti. Les
candidatures les plus marquantes sont celles de M. Benni
Begin, fils de l'ancien leader du Likoud, Menahem Begin, de
M. David Levi, ancien ministre des Affaires étrangères et de
M. Benjamin Netanyahu, député à la Knesset. Un autre
dirigeant notable du Likoud, M. Ariel Sharon, a fait savoir
qu'il ne serait pas candidat à ces élections. À la suite de
cette déclaration, le camp Sharon au sein du Likoud s'est
complètement disloqué. Actuellement, tout semble indiquer
que le glas de la carrière politique de «l'homme fort» du
Likoud a sonné. Cependant, ceux qui connaissent M. Sharon
savent pertinemment bien qu'il a toujours plus d'un tour
dans son sac...
C'est
M. Benjamin Netanyahu qui part actuellement favori. Ce
dernier bénéficie d'une énorme popularité au sein de son
parti, comme l'ont prouvé les différents votes effectués à
la direction du Likoud. Toutefois, ce n'est pas la direction
divisée qui sera prépondérante dans ce scrutin, mais bien
les centaines de milliers de membres du Likoud qui éliront
un nouvel homme à la présidence du parti lors des primaires.
Au cours des prochains mois, la lutte électorale promet
d'être acharnée.
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01
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OPÉRATION
COMMANDO ANNULÉE
Une
opération commando risquée projetée par l'armée israélienne
et qui visait l'élimination du chef du Hezbollah libanais,
le cheik Hassan Nasrallah, a été annulée en raison d'un
grave accident survenu lors de l'entraînement.
D'après
des informations parues fin novembre dans des journaux
étrangers, l'action militaire était programmée pour la nuit
du 5 au 6 novembre. Les soldats qui, d'après ces sources
étrangères, appartenaient à l'unité d'élite de l'armée
israélienne, devaient atterrir à Beyrouth déguisés en Arabes
et tuer le leader du Hezbollah. Par le passé, les soldats de
cette unité ont déjà pris part à de nombreuses opérations,
dont très peu ont été révélées au grand public. Ils ont
notamment participé à la libération d'otages israéliens à
l'aéroport d'Entebbe. Dans les années 70, ces militaires ont
pris d'assaut, sur l'aéroport Ben Gourion, un avion de la
Sabena dont les passagers avaient été pris en otages par des
terroristes. Le commandant de cette unité était à l'époque
Ehud Barak, actuel chef de l'état-major général de l'armée
israélienne.
Selon
les informations révélées à l'étranger, outre l'unité
d'élite, d'autres troupes équipées d'avions et de missiles
devaient prendre part à l'élimination du cheik Nasrallah.
Or, le matin même où l'opération devait être lancée, un
accident est survenu pendant la dernière séance
d'entraînement: un missile tiré par mégarde a explosé au
milieu d'un grand groupe de soldats. Cinq d'entre eux ont
été tués sur le coup et six autres blessés. Le chef
d'état-major général, son adjoint et d'autres officiers
supérieurs se trouvaient également sur les lieux au moment
de l'accident. Ce malheur a causé un choc terrible et
provoqué l'annulation de l'opération prévue.
L'opinion
publique israélienne n'a été avertie qu'à la fin du mois de
novembre. Les médias ont alors seulement fait état d'un
grave accident. Le censeur militaire a même occulté le fait
que le chef d'état-major général était présent au moment des
faits.
Étant
donné que l'opinion publique israélienne réagit en règle
générale violemment aux accidents de l'année, le chef
d'état-major général a mis sur pied une commission d'enquête
officielle dès le jour de l'accident. Celle-ci a désigné
deux officiers supérieurs qui assuraient le commandement de
l'opération comme directement responsables de l'accident.
Elle a attribué une responsabilité indirecte à un autre
officier de haut grade, le général Amiram Levin, qui était
chargé de la préparation de l'exercice.
La
révélation des conclusions de la commission d'enquête a
soulevé un tollé général. Le point central de la polémique
qui a fait rage tant dans les médias qu'à la Knesset
concernait la question de la responsabilité dans cet
accident. On a ainsi appris à cette occasion que le chef de
la section des services secrets au sein du grand état-major
avait aussi été impliqué dans la préparation de la
manoeuvre. L'opinion publique et l'état-major se sont
entre-déchirés pour savoir qui était en fin de compte
réellement responsable de l'accident: le chef de la section
des services secrets? Le général Saguy? Ou le général Levin?
Et pourquoi pas le chef d'état-major général lui-même?
L'homme
de la rue qui accueille avec douleur, mais aussi avec
compréhension les nouvelles de la mort de soldats tués au
combat, n'est pas disposé à excuser le décès de soldats dès
lors qu'il survient lors de manoeuvres.
Nul
doute que le prix à payer par le responsable du grave
accident qui a coûté la vie à ces cinq soldats sera élevé.
Or, les généraux impliqués comptent parmi les soldats les
plus remarquables de l'année israélienne et, si l'un d'eux
doit endosser cette responsabilité, cela signifie là fin de
sa carrière militaire.
Au
moment où nous écrivons ces lignes, la police militaire
enquête encore sur le comportement éventuellement criminel
des parties concernées.
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01
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RÉACTION
FERME D'ISRAËL FACE À LA VAGUE DE RACISME EN ALLEMAGNE
La
vague de xénophobie et d'antisémitisme qui balaie
l'Allemagne a suscité de violentes réactions de la part de
la population israélienne. De nombreux Israéliens ont
commencé à douter du bon sens politique d'Israël, qui était
prêt à nouer des relations normales avec l'Allemagne et le
peuple allemand. Selon eux, le peuple juif aurait donné un
coup de pouce à la résurgence du néo-nazisme.
Parallèlement,
des voix s'élevaient en Israël pour s'inquiéter du sort des
Juifs allemands. Certes, on ne nourrit pas de sympathie
particulière en Israël pour ces concitoyens qui étaient
prêts à revenir au «bon vieux temps» de l'Allemagne, mais, à
côté de cette critique, tout le monde partage l'opinion
selon laquelle on ne peut admettre qu'un seul Juif allemand
ait à souffrir de l'antisémitisme et du racisme.
C'est
la raison pour laquelle la population israélienne a compris
l'indignation officielle exprimée après l'assassinat d'un
homme par des skinheads à Wuppertal, parce que ceux-ci
supposaient qu'il était juif. Une semaine plus tard, le
meurtre de trois femmes et filles turques augmentait encore
la colère.
Ces
événements prouvent que les Juifs allemands sont aussi peu
protégés que les étrangers des exactions racistes. C'est
pourquoi le chef du Mossad, Isser Harel, a proposé que les
services secrets israéliens protègent les Juifs allemands et
neutralisent les néo-nazis ainsi que les leaders d'autres
organisations antisémites. M. Harel, interviewé par la radio
israélienne, a affirmé que le gouvernement israélien avait
déjà eu recours à de tels moyens dans les années 50, au
moment où l'Europe était envahie par une vague
d'antisémitisme et de néo-nazisme.
La
proposition de M. Harel a rencontré un large écho, mais elle
n'a pas été acceptée par le gouvernement israélien, qui a
consacré une session à la montée de l'antisémitisme en
Allemagne. À l'issue de cette session, le gouvernement a
fermement condamné l'évolution que connaît l'Allemagne. Dans
sa déclaration, Israël considérait «avec une grande
inquiétude» les événements qui se déroulent en Allemagne et
affirmait que le gouvernement israélien ferait tout pour
qu'à l'avenir, ces exactions soient réprimées avec toute la
sévérité permise par la loi. En outre, le gouvernement a
exprimé sa reconnaissance vis-à-vis des organisations et des
personnes qui, en Allemagne, luttent contre le racisme. Les
propositions de M. Harel ont également été évoquées dans la
communication gouvernementale, par laquelle les autorités
israéliennes affirmaient qu'elles «tiendraient à l'oeil les
organisations antisémites et les exactions qu'elles
commettent» et qu'elles «les combattraient».
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01
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LES
SERVICES SECRETS ISRAÉLIENS FRAPPENT À NOUVEAU
Mark
Thatcher, le fils de l'ancien Premier ministre britannique
Margaret Thatcher, a été impliqué dans un trafic d'armes
avec l'Irak peu avant la guerre du Golfe.
Les
journaux britanniques qui ont abondamment commenté cette
affaire ont affirmé détenir leurs informations d'un officier
des services secrets israéliens. Cet événement a échauffé
les esprits en Grande-Bretagne et causé des remous sur le
plan politique.
La
mère de Mark Thatcher, «Maggie Thatcher», qui s'est rendue
en Israël fin novembre, a refusé d'émettre un quelconque
commentaire sur ces révélations. Mme Thatcher, qui était
venue en Israël pour inaugurer un institut universitaire
portant son nom, a esquivé toutes les questions des
journalistes à ce propos. Elle a par ailleurs profité de
l'occasion pour réitérer son soutien à l'attitude
israélienne dans le conflit du Proche-Orient.
©
Nouvelles d'Israël
01
/ 1993
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SUPRÉMATIE
MILITAIRE
Un
rapport du Congrès américain fait apparaître la supériorité
de la puissance militaire israélienne au Proche-Orient.
Cette suprématie d'Israël sur ses voisins arabes pourrait se
maintenir, même si les ventes d'armes au Proche-Orient
devaient encore progresser.
Les
auteurs du rapport ont évalué la puissance militaire des
États de la région en tenant compte non seulement de leur
arsenal, mais également du niveau technique des systèmes
d'armement. Le rapport cite des spécialistes éminents de
l'armée américaine selon lesquels la force de frappe de
chaque unité israélienne est deux fois supérieure à une
unité analogue d'un pays arabe. D'un point de vue militaire,
Israël est donc bien l'État le plus puissant du
Proche-Orient.
En
outre, toujours selon les conclusions du rapport, si l'on
tient compte de la tradition militaire de l'armée
israélienne, de l'excellent entraînement des troupes et des
dispositifs de surveillance et de reconnaissance, Israël est
non seulement capable de riposter à une attaque
conventionnelle d'un ennemi isolé, mais aussi de mener une
contre-offensive en cas d'agression.
© Nouvelles
d'Israël
01
/ 1993
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TENSIONS
DANS LE NORD
La
guerre des nerfs et les rapports de forces qui, au cours de
la première semaine de novembre, ont prévalu entre Israël,
la Syrie et l'organisation terroriste du Hezbollah, se sont
soldés par une victoire d'Israël. Israël s'est alors trouvé
au bord d'un nouveau conflit au Liban. Tout a commencé par
la mort de cinq soldats israéliens, tués par une bombe
lancée par le Hezbollah. L'armée israélienne a réagi avec
rapidité et a riposté par un pilonnage d'artillerie et des
attaques aériennes contre les positions des terroristes au
sud-Liban. Ces derniers ont alors lancé des représailles:
trois nuits durant, une pluie de Katioucha s'est abattue sur
le nord d'Israël. L'un de ces missiles est tombé sur une
maison à Kiryat Shmona et a tué un jeune immigrant de 14 ans
originaire de Russie, tandis que son père était grièvement
blessé.
Les
attaques de Katioucha sur le nord d'Israël ont modifié le
statu quo. Jusqu'alors prévalait, en effet, une sorte
d'accord tacite, selon lequel la lutte entre Israël et le
Hezbollah se déroulait sur le sol du sud-Liban. Cela
sous-entendait que la population civile israélienne était
épargnée par ce combat. Comme cet accord tacite a été
transgressé par le Hezbollah, Israël s'est décidé à
entreprendre une action massive. Sur décision du
gouvernement, l'armée israélienne a commencé à concentrer de
gros contingents de troupes dans le nord du pays. Les médias
diffusèrent alors une multitude d'images de blindés et
d'unités d'artillerie fonçant vers le nord. L'avertissement
était on ne peut plus clair: Israël n'hésiterait pas à
marcher à nouveau sur le Liban et à y combattre. Cet
avertissement vaut également pour les Syriens qui
soutiennent le Hezbollah et lui permettent d'exercer ses
activités au sud-Liban.
Il
semble que la détermination de l'armée israélienne et les
mouvements de troupes aient porté leurs fruits. Le Hezbollah
a en effet été pris d'effroi, et une interview de son chef a
été publiée le samedi 14 novembre dans quelques journaux
arabes. Le cheik Nasrallah y expliquait qu'il avait
l'intention de demander à ses troupes de cesser le feu. «Il
est des moments où l'on ne peut pas les mitrailler davantage
encore», a-t-il déclaré. Les armes se sont donc tues au
Proche-Orient. Pour le moment, Israël a signé une victoire
importante aussi bien sur le plan militaire que
psychologique.
© Nouvelles
d'Israël
01
/ 1993
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