«TOUTE
ARME FORGÉE CONTRE TOI SERA SANS EFFET»
L'étendue
de l'armement irakien, qui a été une menace réelle et
extrêmement dangereuse pour Israël, n'apparaît que
maintenant, des mois après la fin de la guerre du Golfe. Le
bombardement par Israël du réacteur nucléaire irakien en
1981 a bien entravé le développement d'armes nucléaires en
Irak, mais ce pays a cherché, par la suite, à obtenir par
des moyens plus simples, parfois même primitifs, l'uranium
enrichi nécessaire à la fabrication des bombes nucléaires.
Selon toutes les estimations, l'Irak se trouvait dans le
dernier stade du développement de fabrication de ces armes,
afin de détruire Israël, au début de la guerre du Golfe.
Les
rapports de la commission d'examen de l'ONU ont démontré que
l'Irak disposait des moyens techniques pour lancer les
missiles Scud sur Israël, munis de gaz toxiques, biologiques
et chimiques. Saddam Hussein redoutait apparemment la
réaction israélienne pour ne pas s'en être servi. La
dernière découverte étonnante de la commission d'enquête de
l'ONU a été publiée dans un communiqué officiel qui informe
que l'Irak possédait deux super-canons pointés sur Israël.
Jusqu'en juillet de cette année, l'Irak a démenti toutes les
informations selon lesquelles il travaillait au
développement de ces canons, suivant les plans de
l'ingénieur canadien, Gérald Boll. Boll a été assassiné par
des inconnus dans son appartement à Bruxelles en mars 1990.
Selon certaines rumeurs, il aurait été assassiné par des
agents du Mossad après avoir ignoré leurs avertissements le
sommant de ne plus aider les Irakiens dans le développement
de ces canons. Selon les documents que ces derniers ont
soumis à l'ONU, un canon géant, ayant un diamètre de 250 mm
et une longueur de plus de 50 m, était prêt à l'emploi. La
portée de ce canon, avec lequel on a déjà effectué des
essais, est d'environ 500 km, et il était destiné à lancer
des bombes nucléaires, chimiques et biologiques. Les raisons
pour lesquelles l'Irak ne l'a pas utilisé durant la guerre
du Golfe restent obscures.
Le
deuxième canon aurait dû avoir un diamètre de 1'000 mm et
une portée de 1'500 km. Ceci est le canon le plus grand
jamais construit. Toutes les pièces, dont 44 tuyaux en acier
spécial pour la construction du tube de lancement, avaient
déjà été réunies; mais la construction du canon a été
stoppée.
Malgré
toutes ces découvertes et la forte pression des grandes
puissances et de l'ONU pour dévoiler les plans d'armement,
les experts des services secrets estiment que Saddam Hussein
non seulement a réussi à rétablir sa position, mais qu'aucun
danger ne le menace à l'intérieur de l'Irak. Les dangers
pour le monde, comme pour Israël, ne sont pas encore
écartés. (ZL)
©
Nouvelles d'Israël
Octobre
1991
Retour
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UN
COSMONAUTE ISRAÉLIEN DANS L'ESPACE À BORD D'UNE NAVETTE
SOVIÉTIQUE?
Bien
que les relations diplomatiques entre Israël et l'URSS
n'aient pas encore été officiellement rétablies, la
collaboration pratique entre les deux pays prend des formes
de plus en plus visibles. L'une des preuves est cette
proposition faite à la mi-juillet: un astronaute israélien
devrait participer au vol d'un vaisseau spatial soviétique.
Cette proposition a été discutée lors d'une rencontre
internationale des hommes d'affaires à Taschkent (Russie);
elle a aussi trouvé un écho positif auprès d'un général
soviétique, responsable de l'entraînement des cosmonautes.
Les sources israéliennes officielles ne font aucun
commentaire à ce sujet, mais notent tout de même que, dans
le cadre de la prise de contact entre les deux pays, l'URSS
a offert à Israël d'acheter de l'équipement spatial. (ZL)
© Nouvelles
d'Israël
Octobre
1991
Retour
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UN
MOSHAV RUSSE EN ISRAËL
Des
Juifs russes se sont rassemblés, afin de fonder une colonie
faite exclusivement de nouveaux immigrants. La colonie sera
établie à Ashalim au Néguev. Ashalim est un moshav
coopératif qui a été abandonné par ses premiers habitants
lors d'une récession. Le groupe de base compte 40 familles
et quelques célibataires. Ils se nomment «Chavkiel». Tous
les membres sont des académiciens, ils s'étaient déjà
contactés en Russie. Quatre familles du groupe initial s'y
sont déjà établies et s'occupent maintenant de la rénovation
des maisons qui leur ont été attribuées ainsi que de la
récolte des pêches. (ZL)
© Nouvelles
d'Israël
Octobre
1991
Retour
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USA-ISRAËL:
ENTRE PASSION ET TENSIONS
TANDIS
QUE SE PRÉPARE DIFFICILEMENT – LA CONFÉRENCE DE PAIX AU
PROCHE-ORIENT, LES ISRAÉLIENS ONT DE PLUS EN PLUS
L'IMPRESSION QUE L'ADMINISTRATION AMÉRICAINE SORT DE SON
RÔLE D'ARBITRE ET PENCHE EN FAVEUR DE LA CAUSE ARABE. DEPUIS
LA CRÉATION DE L'ÉTAT HÉBREU, EN 1948, LES RELATIONS ENTRE
LES ÉTATS-UNIS ET ISRAËL SONT PASSIONNELLES, PARFOIS
MARQUÉES PAR DE GRAVES MOMENTS DE TENSION.
On
ne peut pas parler de «grand amour» pour qualifier les
relations qui se sont établies entre l'administration
présidentielle américaine et le gouvernement israélien
depuis 43 ans, depuis que l'État d'Israël existe; elles
n'ont jamais connu de lune de miel, quoiqu'en dise la
propagande arabe. Ces relations étaient fondées sur une
certaine vision des deux États, le géant outre Atlantique et
le minuscule État juif: chacun pensait avoir intérêt à
cultiver de bons rapports avec l'autre. Et il est évident
que l'opinion du «géant» pesait beaucoup plus dans la
balance que les arguments du bébé État, aussi justes et
aussi solides soient-ils. Mais dans le cadre de ce mariage
de raison, où le petit s'adaptait au grand, s'est tissé, à
tous les niveaux, tout un réseau de relations et d'échanges,
Israël jouissant de la générosité réfléchie de son patron et
s'efforçant de réduire au minimum les frictions avec lui,
tout en conservant un maximum de liberté d'action.
Mariage
de raison, les relations États-Unis/Israël n'ont pas exclu
l'apparition, avec le temps, de «sentiments» d'appréciation
réciproque; les Américains ont salué en Israël la seule
démocratie du Proche-Orient, société dynamique, pluraliste
et libérale, ouverte au progrès tel qu'il est compris aux
USA; quant aux Israéliens, et surtout aux jeunes Israéliens,
dont l'engouement pour l'américanisme va parfois jusqu'à
l'abandon de leur âme juive, ils ont vu dans le mode de vie
américain une possibilité d'évasion, un moyen de fuir,
mentalement et émotionnellement, la stagnation, la violence,
le caractère primitif, le bigotisme, voire le fanatisme du
Proche-Orient qui les entoure. Pour beaucoup de «sabras»
(Israéliens de souche), les films américains, le pop, le
rock, le rap et tout un comportement propre à la jeunesse
américaine ont pris la place de la tradition des pères – et
malheureusement aussi, bien souvent, de la culture
européenne.
Les
rapports États-Unis/Israël ont connu de grosses secousses et
traversé des crises sérieuses, et cela dès avant la
naissance de l'État juif. En mai 1948, les principaux
conseillers du président Truman, au département d'État et à
l'état-major général, ont exercé de très fortes pressions
sur David Ben Gourion pour que l'État d'Israël ne soit pas
proclamé après la proclamation, les États-Unis ont cependant
été un des tout premiers états à reconnaître Israël. Lors de
la guerre du Sinaï, en octobre 1956, le président
Eisenhower, en des termes que ne laissaient entrevoir aucune
cordialité, s'est joint aux Soviétiques pour ordonner aux
Israéliens de retirer leurs troupes du Sinaï. Il y eut
encore d'autres passes difficiles: la nouvelle évaluation de
la politique extérieure américaine faite par le président
Ford en 1975, le débat autour de la vente d'avions
d'observation à l'Arabie Saoudite en 1981, la guerre au
Liban – et j'en passe. Mais ces conflits n'ont jamais mis en
cause l'aide financière américaine, ni la vente d'armements
sophistiqués à Israël; et sur le plan de la politique
internationale, les États-Unis ont persévéré dans leur
soutien à Israël, s'opposant à maintes résolutions
anti-israéliennes à l'ONU, refusant de reconnaître l'OLP ou
de négocier avec elle – et ceci, pendant de nombreuses
années. Alors que tant de nations lui tournaient le dos, ou
même rompaient leurs relations diplomatiques avec lui,
Israël s'était habitué à voir dans les États-Unis un allié
et un ami fidèle qui ne ferait jamais défaut.
Or,
depuis quelques années, et plus encore de puis quelques
mois, rien ne va plus, semble-t-il, dans les relations
américano-israéliennes. La détérioration a commencé sous
l'administration Reagan-Schulz: ceux-ci ont exigé d'Israël
l'interruption du développement de son avion de combat, le
Lavi (projet pourtant lancé en collaboration avec les
États-Unis et avec leur financement), puis ils ont pris
contact avec l'OLP, entamant des négociations avec cette
organisation et lavant, sur la scène diplomatique, son
leader, Yasser Arafat, d'une réputation de terroriste
international.
La
dégradation de la confiance entre les deux pays s'est
dramatiquement accélérée sous le tandem Bush-Baker. Dès le
début de la nouvelle administration américaine, la pression
diplomatique sur Israël s'est renforcée: il fallait
contraindre l'État hébreu à modifier radicalement la
conception de sa sécurité par rapport à la valeur
stratégique des territoires. Et cela bien que ses voisins
arabes n'aient pas explicitement proclamé la fin de l'état
de guerre entre eux et «l'ennemi sioniste» – mis à part
l'Égypte, dont une partie de la presse continue pourtant de
nommer Israël: «al-adou», c'est-à-dire «l'ennemi», omettant
généreusement le terme «sioniste»! Alors que les États
arabes qui s'étaient alliés aux Américains pendant la crise
du Golfe, étaient libéralement gratifiés d'une remise de
leur dette, Israël, en récompense pour sa bonne conduite
(recevoir les coups sans les rendre), était prié, en mars
dernier, de reporter à septembre sa demande de garanties
pour un prêt de dix milliards de dollars; ce qui fut fait.
La suite est connue: le président Bush a remporté la
victoire sur les membres du Congrès et la demande
israélienne ne sera pas examinée avant l'année prochaine.
Qui plus est, George Bush a expressément promis qu'il ne
promettrait rien dans quatre mois...
Rappelons
qu'il n'est pas question d'une demande de subside, ni même
d'une demande de prêt de dix milliards de dollars. Rappelons
également qu'Israël a toujours remboursé ses dettes envers
l'étranger, capital et intérêts; non, il s'agit d'une
demande de garantie de quelques centaines de millions de
dollars, qui seront finalement remboursés et n'auront rien
coûté aux contribuables américains. Officiellement, du côté
américain, il n'est pas question de pression ni de chantage,
mais uniquement du désir de ne pas irriter les Arabes par
des prêts finançant l'absorption des centaines de milliers
d'immigrants juifs en Israël. Parallèlement, George Bush et
James Baker livrent un combat acharné contre la politique
d'implantation du gouvernement de Yitzak Shamir, n'épargnant
pas la future localité de Tsour Ygal, pourtant projetée à
l'intérieur de «la ligne verte», à côté de Kfar Saba, à 18
km de la côte méditerranéenne. Les Israéliens s'inquiètent
de cet acharnement des Américains à vouloir imposer leur
politique à l'État hébreu, politique qui finalement porte
atteinte à l'intégration de l'immigration.
S'exprimant
lors d'une réunion du cabinet, avant la venue de M. Baker,
le ministre de la santé, Ehud Holmert, osa dire: «nous avons
affaire à un politicien cynique. . . Nous n'avons rien à
perdre. Il n'est pas possible de fuir la bataille que Bush
nous a imposée. . . Il a choisi de concentrer ses attaques
justement sur l'alyah (l'immigration). S'il s'agissait des
implantations, on aurait encore pu discuter; mais l'alyah?
On nous a dit qu'il n'est pas possible de gagner cette
bataille, et que même s'il était possible, nous aurions
alors un président hostile. Eh bien, c'est ce que nous avons
déjà. Quoi que nous fassions, il est hostile».
Et
Shamir, fâché, de poursuivre: «Vous comprenez ce que cela
veut dire? Par «gel des implantations», il ne vise plus
seulement la création de nouvelles localités en Judée et en
Samarie, mais le développement même de localités existantes.
Il n'y a pas de fin à cela. Et après ça, ils (Bush et Baker)
prétendent qu'il n'y a pas de «linkage» (lien entre
garanties financières et immigration). Ce n'est pas
seulement un «linkage», mais c'est un «linkage à la
puissance 2»».
Expliquant,
devant les caméras de télévision, le combat qu'il mène
contre l'examen actuel de la demande israélienne, M. Bush a
déclaré, irrité, qu'il luttait seul contre un lobby de mille
membres... Un tel manque de tact, avec son relent
d'antisémitisme, n'a pas échappé aux Israéliens. Reharam
Zeevi, ministre sans portefeuille du parti de droite
Molédète (patrie), a dit tout haut ce que plusieurs pensent
tout bas. «Le président Bush est un quasi anti-sémite et un
anti-israélien». D'autres ministres ont cependant souligné
qu'il était important de ne pas jeter d'huile sur le feu et
de ne pas envenimer davantage les relations avec les
États-Unis. On a aussi fait remarquer qu'un gouvernement
antisémite n'agirait pas à l'égard d'Israël comme agit le
président Bush: il a lutté pour que les Juifs d'Éthiopie
puissent venir en Israël, pour que les portes de la Russie
restent ouvertes à l'émigration juive et pour que soit
annulée la fameuse déclaration 3379 de l'ONU assimilant le
sionisme à une forme de racisme.
Le
sujet de crainte est ailleurs. Il se peut qu'avec les
meilleures intentions du monde, ainsi qu'avec une bonne
mesure de mauvaise foi, le gouvernement du président Bush,
dans son zèle à vouloir à tout prix instaurer la «pax
americana» dans la région, soit sur le point de commettre
une série de terribles erreurs d'estimation, avec les
conséquences pratiques qui en découleraient pour Israël. Ce
ne serait pas la première fois, au vingtième siècle, que les
États-Unis se fourvoieraient en matière de politique
étrangère et prendraient, par naïveté et par présomption,
des décisions qui livreraient des peuples entre les mains de
conquérants cruels et précipiteraient des régions entières
dans la guerre. Il y a là, hélas!, matière à plusieurs
articles...
Israël
est, et demeure, menacé dans son existence. L'expérience des
accords de Camp-David a montré qu'un traité de paix avec une
nation du Proche-Orient a une valeur relative, qui peut
rapidement tendre vers zéro si le partenaire du traité cesse
de voir son intérêt dans la paix. Israël aura toujours
besoin, pour sa sécurité, d'une profondeur stratégique. Le
vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Benyamin
Netanyanu, s'exprime ainsi: «l'objet de la controverse entre
nous et le gouvernement de Washington n'est pas notre droit
à avoir un État... mais la profondeur et les dimensions de
l'État juif. Nous visons à avoir une largeur minimum de 70
km, tandis que les États-Unis veulent que nous nous
contentions d'une largeur de 10 km seulement».
De
Jérusalem, Henri-Léon Vaucher
©
AVENEMENT Octobre 1991 No 32 / P 14
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APRÈS
LE SPECTACLE
La
conférence de paix entre dans sa deuxième phase: Israéliens
et Arabes entament des discussions bilatérales
Ce
qu'aucun chef d'État ni aucune autre instance internationale
n'a réussi à faire, James Baker l'a réalisé en public et en
direct dans la capitale espagnole: rassembler autour d'une
même table une délégation israélienne et 3 délégations
arabes (Syrie, Liban et Jordanie-Palestine) dans la langue
desquelles le vocable même d'Israël est tabou,
imprononçable. On connaît une partie des tours de
passe-passe qui ont introduit les participants récalcitrants
dans la «cage de la paix», selon les termes d'un diplomate
arabe: promesses contradictoires, démenties, réaffirmées,
contredites, parfois tout simplement violées, le tout
accompagné de quelques torsions de bras mesurées mais
fermes. Il a bien fallu se rendre à Madrid. Avec quelques
poignets endoloris.
Les
Syriens ont dû s'asseoir en compagnie de l'ennemi sioniste,
sans avoir obtenu d'abord l'assurance que le Golan leur
serait rendu. Les Libanais ont dû faire de même, sans que
l'évacuation des troupes israéliennes du sud de leur pays
leur ait été promise. Les Palestiniens ont dû siéger dans le
cadre d'une délégation commune jordano-palestinienne,
contraints de taire leur identification avec l'OLP et de
renoncer, pour un temps, à réclamer un État indépendant.
Quant aux Israéliens, ils ont dû s'asseoir en face de
Syriens et de Libanais qui refusaient de leur tendre la main
et de les regarder, en face d'une délégation palestinienne
dont chaque membre avait été choisi avec le consentement de
la centrale de l'OLP à Tunis. Ils ont dû endurer les
discours virulents des représentants syriens et
palestiniens. Contrairement aux assurances données, ils ont
été mis devant un fait accompli pénible: la délégation
palestinienne a tenu son propre discours, indépendamment de
la délégation jordanienne. Et pour consolider la cage – ou
le piège? – de la paix, Américains et Soviétiques ont
rappelé à Israël, en termes divers, le contenu des
Résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU:
abandon des territoires en échange de la paix.
Les
allocutions des délégations arabes ont déçu les moins
optimistes par leur manque d'ouverture et leur dureté: le
réquisitoire syrien fut en particulier difficilement
supportable. Le premier ministre Shamir, fatigué et
mélancolique, a résumé ainsi ses sentiments, le deuxième
soir de la Conférence, à la télévision israélienne: «on nous
avait bien dit que ce ne serait pas un jardin de roses...
mais aujourd'hui ce n'était qu'un champ de ronces». Quant à
l'intervention clownesque, le dernier jour de la première
phase de la conférence, du ministre syrien des Affaires
étrangères, Farouk El Charah, brandissant une vieille
photographie de Shamir «terroriste recherché par les
Anglais», elle dépassa tout ce que l'on pouvait imaginer
comme provocation.
Mais,
diront les optimistes, le simple fait qu'Arabes et
Israéliens se soient assis autour de la même table, d'abord
dans le cadre d'une conférence d'ouverture puis dans celui,
plus restreint et plus intime, de négociations bilatérales
sans présence de tiers, n'est-il pas révolutionnaire? Il est
vrai que l'on croyait rêver en voyant délégués arabes et
israéliens à la même table, dans la même pièce. Et bien des
politiciens israéliens se sont félicités de voir s'effriter
le tabou arabe du non-dialogue avec Israël. Le mortier
américain a pressé dans une même masse médiatique des
éléments jusqu'alors irréductibles. Et, ajouteront les
optimistes à propos des Arabes, ne sommes-nous pas au
Proche-Orient, où un long marchandage décide du prix final?
Les déclarations dures et rigides des délégués arabes ne
constituent-elles pas que des positions de départ, augurant
de longues tractations?
Il
est vrai que nous sommes au Proche-Orient et que, dans les
souks des villes, un acheteur patient peut faire baisser le
prix d'un objet de 60 à 25 dollars. Mais le marchandage a
ses limites: on ne peut faire descendre un prix beaucoup
plus bas que 40% de la proposition initiale; inversement, un
acheteur sérieux ne peut proposer comme prix initial une
somme ridiculement basse. J'ai vu de mes yeux des touristes
éconduits dans les échoppes des bazars pour n'avoir pas
saisi les règles du jeu du marchandage levantin. Et quand
les Syriens demandent d'abord la restitution intégrale du
Golan et la démilitarisation d'une partie de la Galilée,
avant même d'envisager les pourparlers de paix, tout
habitant de la région comprend qu'ils ne sont pas sérieux.
Cette impression a été confirmée le dimanche 3 novembre,
avec toutes les opérations de diversion de la délégation
syrienne et l'entretien nocturne qu'elle n'a pu éviter avec
la délégation israélienne. Eliyahou Ben Elissar, un des
représentants israéliens, à Madrid, déclara le lendemain, à
la radio Kol Israël: «il est évident que les Syriens ne
veulent pas la paix: ils ont été forcés de venir à cette
conférence et ils cherchent tous les prétextes possibles
pour en sortir et pour faire éclater les négociations
directes».
La
délégation jordano-palestinienne, en revanche, a surpris les
Israéliens par son désir d'arriver à un accord avec eux,
même au risque de déplaire aux Syriens. Il y a eu, certes,
les déclarations dures des discours officiels, exprimant les
exigences bien connues: retrait israélien total de la bande
de Gaza, de la Samarie et de la Judée, y compris de
Jérusalem-est, démantèlement des implantations, instauration
d'une autonomie régionale aboutissant, après une période
donnée, à la création d'un État palestinien. Mais, dans la
pratique, la délégation jordano-palestinienne a observé les
règles du jeu et s'en est tenue à vouloir négocier seulement
les modalités d'une autonomie palestinienne dans les
territoires. Quant à la Jordanie proprement dite, elle se
contente de demander à Israël de déterminer avec elle le
contour d'une frontière plus précise dans la zone désertique
de l'Arava.
On
a souligné que les premières négociations directes se sont
déroulées dans une atmosphère détendue, où les plaisanteries
et l'humour n'étaient pas exclus. Que s'est-il passé avec
les Palestiniens? Ces pires ennemis d'hier, ces supporters
de Saddam Hussein et du coup d'État avorté d'août en URSS
ont-ils subi une brusque mutation génétique? Il convient de
rappeler ici quelques éléments qui échappent souvent aux
observateurs étrangers, dont la pensée est souvent
manichéenne: les opprimés (palestiniens) s'opposant aux
oppresseurs (israéliens).
Il
y a un contact quotidien à bien des niveaux entre Arabes et
Juifs. Beaucoup d'Israéliens parlent l'arabe et plus de
Palestiniens encore parlent l'hébreu. Malgré «la guerre des
pierres», les interventions de l'armée israélienne dans les
territoires et la méfiance réciproque, les deux populations
ont des champs d'activité communs et la vie «normale»
continue. Les «Palestiniens», à savoir les Arabes des
territoires contestés et leurs frères dispersés à
l'étranger, sont ceux qui ont le plus souffert de
l'intifada, des grèves incessantes, de la baisse dramatique
du tourisme et des tueries commises par les militants des
groupes terroristes divers. À cela s'est ajoutée la guerre
du Golfe, catastrophique avec l'exil forcé de centaines de
milliers de Palestiniens du Koweït et la chute du dinar
jordanien.
La
politique israélienne d'implantation dans les territoires,
et la vague d'immigrants juifs de Russie ont amené les
dirigeants palestiniens à conclure que le temps ne
travaillait pas forcément pour eux. La disparition de l'URSS
comme patronne automatique des mouvements révolutionnaires a
également contribué à orienter les attitudes vers la
recherche d'un «modus vivendi» avec Israël.
Les
Israéliens se réjouissent, évidemment, de tout signe
d'espoir perceptible dans l'attitude des dirigeants
palestiniens et jordaniens. Dans l'ensemble, cependant, le
doute demeure. La conférence de Madrid, avec toute sa
solennité, ses poignées de mains, les sourires
palestino-israéliens, n'a pas changé d'un millimètre les
données du contentieux: à qui appartiennent (ou à qui
doivent revenir) la Judée, la Samarie, la bande de Gaza,
Jérusalem? Quel bâtiment doit se trouver sur la place du
Temple et pour quel culte? Le culte d'Allah dans les deux
mosquées existantes, ou le service du Dieu d'Israël dans un
Temple reconstruit? Les musulmans sont convaincus que la
Terre sainte tout entière fait partie du domaine de l'Islam
et que seul l'Islam doit y régner. Les Juifs qui ne renient
pas leur foi sont tout aussi convaincus que Dieu leur a
donné, par promesse, toute la terre d'Israël et que
Jérusalem est la ville du Grand Roi, du Messie.
De
Jérusalem, Henri-Léon Vaucher
©
AVÈNEMENT Décembre 1991 No 35
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MENACE
MILITAIRE DE LA SYRIE ET DE L'IRAN
La
Syrie et l'Iran (les ennemis les plus acharnés d'Israël
depuis la défaite de l'Irak) développent ensemble des
missiles sol-sol de type «Scud». C'est ce que rapportent des
informateurs de services secrets occidentaux. Ceux-ci
révèlent en outre que la Syrie à l'intention de fabriquer
elle-même des missiles de ce type avec l'aide de la Corée du
Nord. L'Iran financerait cette opération et recevrait des
missiles en contrepartie.
Mais
la Syrie ne se contente pas seulement de missiles. Un accord
sur le développement d'armes chimiques a récemment été signé
entre Damas et l'Inde. On ne dispose pas encore de
renseignements à ce sujet, mais cette affaire est déjà un
thème de discussion entre Washington et le gouvernement
indien. Les USA tentent de persuader l'Inde de rester à
l'écart de telles activités, d'autant plus qu'elles
impliquent des pays du Proche-Orient
© NOUVELLES
D'ISRAËL
Décembre
1991
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L'URSS
A ÉTABLI DES RELATIONS COMPLÈTES DIPLOMATIQUES AVEC ISRAËL
–
Après 24 ans et six mois, l'Union Soviétique a rétabli des
relations diplomatiques complètes avec Israël. La cérémonie
a eu lieu le 18 octobre à Jérusalem. Quelques heures
auparavant, le chef de gouvernement, Shamir, a fait savoir
qu'Israël participera à la conférence de la paix à Madrid...
–
L'URSS a voté en 1947 pour la création d'un État juif; elle
fut en 1948 le premier pays à reconnaître Israël...
©
NOUVELLES D'ISRAËL
Décembre
1991
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LA
MORT D'UN MYTHE: MENAHEM BEGIN
Né
en 1913, Menahem Begin s'est éteint le 9 mars.
Conformément
à ses dernières volontés, Menahem Begin a été enseveli le
jour de sa mort, selon les rites de la religion juive, comme
un homme du peuple. Son fils, Benyamin Zeev Begin a prononcé
le «Kaddish», la prière de l'orphelin; les amis et les
proches ont refermé la tombe. C'était tout. Pas de sonnerie
de clairon, pas de discours, pas de salves. Douze heures
après le décès, la dépouille de ce grand homme était en
terre. Pas d'invitation officielle... Et pourtant, une foule
de plus de 20 000 personnes, de tout âge, de tous bords, les
larmes aux yeux, s'est dirigée spontanément vers le
cimetière juif du Mont des Oliviers. Chose peu commune pour
un homme d'État: Menahem Begin était tout simplement...
aimé!
Sa
biographie est celle de toute une partie du peuple juif. Né
en Pologne, il reçut l'éducation juive traditionnelle, ainsi
qu'une instruction scolaire qui lui communiqua une vaste
culture générale. Il connut le nazisme: des Allemands
jetèrent son père, les mains liées, dans une rivière.
Menahem Begin s'enfuit en URSS, où il fut arrêté et déporté
en Sibérie. Quand Hitler, rompant le pacte
Ribbentrop-Molotov, attaqua brusquement l'empire de Staline,
Menahem Begin fut tiré de l'enfer sibérien pour rejoindre
celui de l'armée polonaise en exil. Envoyé dans le cadre
d'une mission de secours vers les Anglais de Palestine, il
se dégagea de ses obligations militaires et devint le chef
incontesté de l'Irgoun, l'une des organisations clandestines
qui luttaient contre les Anglais, pour l'instauration d'un
État juif en terre d'Israël.
Il
connut la déception et l'amertume d'une concurrence – qui
frisa la guerre civile – avec d'autres organisations juives
résistantes d'obédience socialiste (la Haganah) ou marxiste
(le Palmach). Avec le départ des Anglais, la proclamation de
l'État d'Israël et la guerre d'indépendance, le Palmach et
l'Irgoun furent dissouts et leurs membres intégrés dans
l'armée nouvelle, unifiée, du jeune État. Pendant près de 30
ans, Menahem Begin fut rejeté, par les dirigeants sionistes,
dans l'opposition libérale dont il devint le chef. Orateur
éloquent et redouté du pouvoir – à l'époque: socialiste – il
savait parler aux foules et les galvaniser; mais il n'usa
jamais de ses dons de persuasion à des fins
anti-parlementaires, respectueux qu'il était des règles du
jeu démocratique. Les remous qui suivirent la guerre du
Kippour, en 1973, le portèrent au pouvoir en 1977. Il se
révéla alors comme un homme d'État brillant, dynamique, mais
aussi conciliateur, en politique intérieure comme en
politique extérieure. Un des sommets de sa carrière fut la
signature, à Camp David, des accords de paix avec l'Égypte.
Cependant, la prolongation imprévue de la guerre au Liban,
avec son cortège de victimes, et le décès de sa femme Aliza
furent sans doute parmi les facteurs qui sapèrent sa
résistance morale. Pendant l'été 1983, il démissionna de sa
fonction de Premier ministre, confiant à ses amis: «je n'en
peux plus!». Dès lors, Menahem Begin se confina dans un
silence dont il ne sortit point jusqu'à sa mort.
Contrairement
à David Ben Gourion ou à Moshe Sharett, Menahem Begin,
répondit par le silence aux très violentes critiques dont il
était l'objet; il ne chercha jamais à se justifier devant
l'Histoire. D'une personnalité riche et complexe, M. Begin
surprit plus d'une fois ses adversaires et ses partisans par
des prises de position et des décisions qui brisaient le
cadre dans lequel l'avaient enfermé les médias et l'opinion
publique. Sa politesse et sa galanterie étaient proverbiales
et tranchaient avec la rudesse et l'absence de savoir-vivre
de la génération des «sabras».
De
Jérusalem, H.L. Vaucher
©
AVÈNEMENT
Mars 1992 No 42
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LA
FERMETÉ SUR TOUS LES FRONTS
IL
SE PASSE TOUJOURS QUELQUE CHOSE AU PROCHE-ORIENT. COMME LE
COEUR DU MONDE, CET ENDROIT PALPITE EN TENSIONS INCESSANTES
QUI RISQUENT DE DÉGÉNÉRER GRAVEMENT. LA PLACE ET
L'IMPORTANCE D'ISRAËL DANS LE PLAN DIVIN NE SONT PAS
ÉTRANGÈRES À CETTE AGITATION QUI SECOUE RÉGULIÈREMENT LA
RÉGION.
À
la fin du mois de février, Israël a renoué avec le principe
de la réplique immédiate à toute agression. L'État hébreu
avait dérogé à cette tradition pendant la guerre du Golfe,
en se soumettant à la pression des États-Unis. En
s'attaquant à un camp militaire israélien proche de la
Cisjordanie, dans la nuit du 14 au 15 février, le commando
palestinien n'ignorait pas les risques qui en résulteraient;
d'autant plus que l'opération fit 3 morts, 3 soldats
exécutés à l'arme blanche (hache et couteau), de jeunes
recrues immigrées de l'ex-URSS. «Tsahal», l'armée
israélienne, répliqua en menant des raids au Sud-Liban dans
deux camps de réfugiés palestiniens, puis sur une colonne de
véhicules: cette réplique provoqua la mort d'une dizaine de
personnes, dont celle du chef du Hezbollah pro-iranien,
Cheikh Abbas Moussaoui, de sa femme et d'un de ses fils.
L'émotion, côté arabe, se traduisit en désir de vengeance.
D'où le cycle des représailles. À partir de rampes de
lancement Katioucha disséminées au Sud du Liban, les
Palestiniens «arrosèrent» de roquettes le nord d'Israël.
Alors, pour la première fois depuis 1989, les Israéliens
sortirent de «la zone de sécurité» qu'ils entretiennent au
Sud-Liban pour atteindre des villages chiites abritant des
combattants islamistes. Les puissances occidentales se sont
bien sûr émues de cette incursion israélienne qui «violait»
une nouvelle fois la souveraineté du Liban; c'est cependant
sans réagir que ces mêmes États assistent au subtil
effacement d'un Liban qui n'est plus que l'ombre de la
Syrie!
De
même, bien peu semblent s'étonner de la puissance du
Hezbollah pro-iranien dont la vive résistance a surpris
l'armée israélienne. Ces intégristes musulmans combattent
avec le soutien de l'Iran qui, sorti de l'isolement des
années «Khomeini», étend son influence de plus en plus loin
et de plus en plus profondément. Le cheikh Nasrallah, qui a
pris la succession d'Abbas Moussaoui, comme chef du
Hezbollah, est un proche du président iranien Rafsandjani
et, dans son premier discours, il n'a pas hésité à qualifier
Israël de «cancer». Du Soudan aux républiques musulmanes de
l'ancien empire soviétique, les dirigeants iraniens tissent
leur filet, avec un grand sens de l'opportunité: leur désir
de respectabilité les a même conduit à réactiver l'ECO,
l'Organisation de la coopération économique, une structure
régionale qui regroupait la Turquie et le Pakistan, outre
l'Iran, et qui vient d'accueillir l'Azerbaïdjan,
l'Ouzbékistan et le Turkménistan, en attendant le
Tadjikistan et la Kirgizie.
Les
Israéliens discernent les enjeux diplomatiques derrière ces
manoeuvres de regroupement «économique». Pendant la
poursuite des discussions sur la paix au Proche-Orient, une
sourde pression islamiste tente, en coulisse, de nuire à la
stabilité et à la sécurité de l'État hébreu. Quand les chars
de Tsahal bousculent les véhicules de l'ONU, le monde
s'émeut et accuse Israël de vouloir gripper l'engrenage de
la paix. Mais des forces moins visibles hypothèquent
davantage ces espoirs de paix. La Bible prophétise
clairement l'isolement d'Israël face à une coalition de
plusieurs nations armées (Ezéchiel 38, 15 et 16). Tout se
met en place, peu à peu, presqu'imperceptiblement. Y compris
sur la terre même d'Israël, où le camp des «colombes» a subi
un revers. Dans la perspective des élections du 23 juin, le
parti travailliste a en effet durci son image en désignant
un nouveau leader pour contrer le Premier ministre Ytzhak
Shamir: Yitzhak Rabin a été préféré à Shimon Peres, parce
qu'il est davantage perçu comme un ardent défenseur de la
sécurité du pays. Pour beaucoup de ses concitoyens, Rabin
reste le chef de l'État-major israélien victorieux de la
guerre des Six jours, en juin 1967. Shamir n'aura donc pas
le monopole de la fermeté pendant la campagne électorale. Le
parti travailliste devrait récupérer les suffrages d'indécis
et de «déçus» du Likoud, même s'il perd les voix d'électeurs
de gauche prêts à accepter davantage de concessions pour la
paix. Le débat électoral s'annonce donc plus indécis et plus
passionnant que jamais, surtout dans le contexte du
processus de paix, avec, aussi, 2 inconnues: 250 000
nouveaux électeurs venus de l'ex-URSS et 250 000 jeunes se
rendront aux urnes pour la première fois. Mais d'ici le 23
juin, il peut encore couler beaucoup d'eau sous les ponts du
Jourdain...
M.
Béghin
©
AVENEMENT Mars 1992 No 41
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URNES
ET PAIX
De
passage à Genève, le chef de l'opposition en Israël: Shimon
Peres, qui fut Premier Ministre d'un cabinet de coalition de
1984 à 1987. Le leader travailliste s'est expliqué sur ses
espoirs de revenir au pouvoir alors que se poursuivent les
négociations de paix qui doivent modifier la physionomie de
la région.
Les
Israéliens sont appelés à des élections législatives
anticipées qui auront lieu le 23 juin. La Knesset (le
parlement) a été dissoute le 4 février. Cette péripétie
politique bouscule les principaux partis israéliens. Ainsi,
au sein du Likoud, l'actuel Premier ministre Yitzhak Shamir
et son dauphin Moshe Arens doivent affronter la contestation
de David Lévy (ministre des Affaires étrangères), d'une
part, et d'Ariel Sharon (ministre de l'Habitat), d'autre
part. Ces querelles de personnes révèlent des divergences
idéologiques. Hostile aux concessions territoriales, Ariel
Sharon est pour la poursuite de l'implantation des colonies,
quitte à mécontenter les États-Unis. À l'inverse, David Lévy
veut préserver les chances de paix et éviter toute crise
avec Washington. Entre les deux, M. Shamir essaie de
maintenir une ligne équilibrée.
Dans
l'opposition, chez les travaillistes, Shimon Peres croit en
ses chances de revenir au pouvoir malgré des sondages
défavorables. Il l'a réaffirmé lors d'un passage à Genève,
le mois dernier. Pour L'AVÈNEMENT, Humberto Salgado a
recueilli ses déclarations.
Shimon
Peres: Je me demande parfois, si les gens ont une vue
exacte de la situation politique en Israël. Aux dernières
élections, sur un parlement de 120 députés, les
travaillistes et leurs alliés ont eu 56 sièges. Le Likoud,
et ses alliés, qui dirige actuellement le gouvernement, ont
remporté 47 sièges. Au milieu, 17 sièges se répartissent
entre différents partis religieux qui font la balance du
pouvoir; ce problème vient du système électoral étrange et
unique en Israël: il privilégie les petits partis et élimine
les grands. Mais aux prochaines élections, 2 grands groupes
joueront un rôle important et, pratiquement, décideront:
d'abord les émigrants, en particulier ceux d'Union
soviétique qui pourront élire 7 ou 8 députés et les Arabes
israéliens qui disposent de 12 sièges. Les sondages vont et
viennent et je crois que nous pouvons gagner ces élections.
Mais, à mon avis, le problème n'est pas seulement de savoir
comment gagner les élections, mais de savoir que faire après
une victoire.
L'AVÈNEMENT:
En quoi votre programme diffère-t-il de celui du Likoud?
Shimon
Peres: D'abord, pour aboutir à un Moyen-Orient «nouveau», il
faut arriver à la paix. Je ne crois pas que nous pouvons
achever la paix sans un compromis territorial. Le Likoud est
contre le compromis territorial, il veut garder tous les
territoires sous contrôle israélien et c'est une différence
profonde. En ce qui me concerne, je pense que la meilleure
solution est une confédération jordano-palestinienne,
presque comme en Suisse, avec des cantons démilitarisés: un
canton à Gaza, les autres cantons en Cisjordanie et où le
Jourdain serait la frontière de sécurité, Jérusalem la
capitale d'Israël, unifiée sous la souveraineté
israélienne... Telles sont les grandes lignes de notre
solution.
L'AVÈNEMENT:
Et le Golan?
Shimon
Peres: Le Golan est compris dans le
compromis territorial.
L'AVÈNEMENT:
Un nouveau gouvernement d'union nationale est-il
envisageable?
Shimon
Peres: Le problème, ça n'est pas
nécessairement la composition du gouvernement, mais la
direction politique. Et pour le moment nous sommes divisés
sur le problème de la paix qui est peut-être le plus
important qui existe chez nous.
L'AVÈNEMENT:
Actuellement, n'est-il pas plus «confortable» de rester
dans l'opposition?
Shimon
Peres: Nous ne cherchons pas le confort,
nous cherchons le destin.
L'AVÈNEMENT:
Comment voyez-vous, le processus de paix?
Shimon
Peres: Il y a 3 étapes. La première est
une solution interne, c'est-à-dire l'autonomie; la seconde
c'est la solution permanente; la troisième c'est la
construction de la région. Pour l'autonomie, je pense qu'on
peut conclure un accord assez rapidement. L'autonomie
elle-même durerait 5 ans. Le changement important, à mon
avis, est dans l'ordre des choses; autrefois, c'était:
solution interne, solution permanente puis problème
régional. Aujourd'hui tout le monde est prêt à introduire le
changement régional entre la solution interne et la solution
permanente, parce que d'abord on n'a pas «le temps
régional», si je puis dire, et aussi parce que la solution
régionale soutiendra la solution permanente. Les conflits au
Moyen-Orient ne sont pas seulement des conflits de
frontières, mais aussi, plus hauts, des problèmes
d'horizon...
L'AVÈNEMENT:
Votre position par rapport aux Palestiniens a-t-elle
changé?
Shimon
Peres: Oui, je pense qu'on a tous
compris que nous n'avons pas le temps, qu'il faut faire les
choses plus vite et aussi que les palestiniens ne sont pas
les seuls partenaires: on ne peut pas imposer les choses.
Quand je parle d'un compromis territorial, c'est un
compromis qui est offert aux 2 côtés, pas seulement à un
seul.
L'AVÈNEMENT:
Actuellement les États-Unis exercent des pressions sur
Israël. Où donc votre pays peut-il trouver des appuis?
Shimon
Peres: Il n'y a pas de pressions contre Israël,
il y a des pressions pour la paix, ce n'est pas contre
Israël. Les États-Unis ne se sont pas réveillés tout à coup
comme un pays hostile à Israël; les responsables qui veulent
faire avancer le processus de paix et ont pris ces
positions, c'est autre chose! Quant aux appuis, on a des
sympathies très profondes aux États-Unis comme en Europe.
©
AVÈNEMENT Mars 1992 No 40
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LES
COMBINAISONS POLITIQUES
L'originalité
de la société israélienne permet une vie politique étonnante
pour les Occidentaux
Près
de deux siècles d'expérience démocratique ont formé les
occidentaux à penser en matière de politique selon un axe de
catégories allant de la droite à la gauche. Toutes les
opinions touchant aux affaires publiques, aussi variées
soient-elles s'alignent sur cet axe unique de coordonnées:
les cadres ecclésiastiques, la population paysanne et
l'aristocratie étant généralement confondues avec la droite
conservatrice, la bourgeoisie avec les milieux libéraux, le
«prolétariat ouvrier» et une partie des intellectuels avec
la gauche progressiste ou révolutionnaire. De nos jours, ce
schéma simpliste paraît déjà partiellement anachronique,
nombre de théologiens et de prélats se situant
idéologiquement à gauche, nombre d'ouvriers et d'employés
votant pour des partis de droite.
Appliqué
au tiers-monde, ce schéma se révèle inadéquat: où faut-il
situer par exemple l'intégrisme musulman? Quel est son
contraire, une gauche marxiste ou une droite libérale? Dans
la vie politique israélienne, la situation est encore plus
compliquée, et une certaine confusion règne dans les médias
occidentaux à ce sujet, où l'on parle par exemple de Juifs
ultra-orthodoxes d'extrême-droite, ce qui est une absurdité,
comme nous le verrons. Pour clarifier les idées, considérons
l'espace politique israélien selon trois axes de
coordonnées, indépendants les uns des autres, générateurs de
toute une série de combinaisons possibles.
L'AXE
RELIGIEUX – ANTI-RELIGIEUX
À
l'extrême «droite» de cet axe, nous trouvons plusieurs
groupes ultra-orthodoxes et violemment anti-sionistes, tels
les «nétoreï Karta» («les gardiens de la cité»), qui se
refusent à reconnaître l'État d'Israël; sa création est, à
leurs yeux, une entreprise impie d'hommes sans Dieu qui,
dans leur arrogance impatiente, ont voulu réaliser
politiquement la rédemption d'Israël avant la venue du
Messie. Ces groupes s'interdisent la participation aux
élections, refusent de profaner l'hébreu en le parlant (ils
parlent le yiddisch dans la vie de tous les jours), refusent
d'utiliser la monnaie israélienne (ils n'acceptent que des
dollars américains, moins blasphématoires...). Leur attitude
est apocalyptique: l'État d'Israël ira à sa ruine, avec tout
ce qui n'est pas conforme à la Torah. Sur le plan politique,
ils ont une position plutôt anarchiste: que périsse cette
société impie pour que le Messie puisse venir! À la limite,
ils sympathisent avec les mouvements terroristes arabes.
Un
peu plus modérés sont les groupes orthodoxes non-sionistes –
mais participant à la vie politique – tels «Agoudate Israël»
(le parti des Hassidim aschkénazes), Deguel Hatorah (le
parti des orthodoxes aschkénazes anti-hassidiques), Schass
(le parti des orthodoxes séfarades). Leur programme
politique: défendre leurs intérêts particuliers, assurer au
maximum le financement de leurs institutions religieuses
avec l'argent de l'État, imposer le plus possible de lois
religieuses à la société israélienne (pas de transports
publiques le sabbat, interdiction d'élever et de vendre du
porc, etc.). Sur le plan pratique, ils sont pragmatiques et
rejoindront la coalition qui leur assurera les plus grands
avantages financiers et les plus grands succès dans
l'imposition de la religion à la société.
Plus
modéré encore, et profondément sioniste et patriote, est le
Mafdal (Miflagah Datite Léoumite, le parti religieux
national). Attachés à la tradition, les membres du Mafdal ne
sont pas fanatiques et savent unir la religion des pères
avec la vie politique d'un État moderne. Leur politique:
promouvoir une société israélienne juive, fidèle à la
religion et à la culture des pères, fidèle à la terre
promise aux pères. Ils s'intéressent à l'instruction
publique, préconisant dans les écoles un enseignement aussi
juif que possible (étude de la Torah, de la littérature
talmudique, de la tradition et du folklore). Ils sont contre
un abandon des territoires pris lors de la guerre des Six
jours et sont les principaux créateurs de nouvelles
implantations. Depuis 1977, ils soutiennent systématiquement
le Likoud.
Plus
à gauche encore, nous trouvons des religieux dans les
diverses tendances du parti travailliste. Il s'agit surtout
d'intellectuels religieux qui, au nom de leur religion, ont
adopté des positions contraires à celle du Mafdal.
L'AXE
DROITE-GAUCHE SUR LE PLAN DE LA POLITIQUE INTERNATIONALE
C'est
le schéma connu des médias internationaux. À
l'extrême-droite se trouvent trois partis dont les nuances
échappent à bien des observateurs étrangers.
Tehiyah
(«résurrection, renouveau») est le parti laïc, mais pas
anti-religieux, de Guéoula Cohen et Youval Ne'eman. Leur
politique: garder les territoires, créer des implantations.
Molédète
(«patrie») est le parti laïc de Rehavam Zéev qui, à
l'idéologie de la Tehiyah, ajoute encore le programme du
transfert: avec ou sans accord de paix, si la situation
devient impossible, les Arabes des territoires devraient
être transférés en Jordanie et au Liban, la terre d'Israël
étant réservée aux Juifs.
Tsomète
(«carrefour») est le parti du général Rafael Eitan. Il
combine le programme de la Tehiyah avec une politique
anti-religieuse: les orthodoxes, anti-sionistes ou non
sionistes, de toute façon non-patriotes, doivent être tenus
à l'écart des décisions politiques.
Ces
trois partis de droite soutiennent le Likoud, dans la mesure
où celui-ci ne dévie d'une ligne nationaliste. Tout
compromis du Likoud avec les travaillistes amène à brève
échéance le départ de ces trois partis de la coalition.
Plus
au centre, le Likoud («union» des libéraux et du «Héroute»
l'ancien parti de Menahem Begin) est un parti laïc mais non
anti-clérical, libéral désireux, notamment, de libérer le
socialisme de la société israélienne telle que l'ont formée
les pères de la nation (Ben Gourion et sa génération).
Patriote, le Likoud s'oppose en général à l'abandon des
territoires, quoique ce fut lui qui accepta de céder le
Sinaï à l'Égypte lors de la signature des accords de Camp
David. Il préconise une autonomie politique pour la
population palestinienne, les territoires devant rester sous
contrôle israélien. À deux reprises, en 1984 et en 1988, le
Likoud n'a pas hésité à former un gouvernement d'union
nationale avec le parti travailliste.
À
gauche se trouve l'autre grand acteur de la scène politique
israélienne, le Ma'arakh («l'alignement»), connu au dehors
sous le nom de parti travailliste. Comme le Likoud, le
Ma'arakh regroupe en son sein plusieurs tendances, parfois
fort diverses. C'était le parti des pères politiques de la
nation. Jusqu'à une époque très récente, il a conservé les
slogans et les symboles traditionnels du socialisme de
l'ancienne génération (célébration pathétique du 1er mai,
drapeaux rouges, chant de l'«Internationale»), ce qui l'a,
pour un temps, éloigné de l'électorat nouveau d'origine
russe allergique au rouge. Dans l'ensemble, le Ma'arakh
accepte l'idée d'un retrait des territoires, sauf de
Jérusalem, et semble de plus en plus accepter l'éventualité
de la création d'un État palestinien.
À
l'extrême-gauche se trouvent, outre des groupuscules
communistes, deux partis suivant une ligne socialiste
stricte, violemment anti-religieuse: Ratss et Mapam. Ils
préconisent l'abandon des territoires, la création d'un État
palestinien et acceptent de soutenir le Ma'arakh dans la
mesure où celui-ci suit une politique extérieure qui va dans
leur sens.
L'AXE
DROITE-GAUCHE SUR LE PLAN SOCIAL
Ici
les rôles sont inversés entre le Likoud et le Ma'arakh.
L'électorat du parti travailliste est constitué en grande
partie de gens de profession libérale, d'intellectuels, de
membres de l'«establishment» de la société héritée des pères
fondateurs. L'électorat du Likoud, en revanche, se recrute
en grande partie parmi les gens du petit peuple. C'est le
Likoud qui aimerait nationaliser la caisse-maladie, les
hôpitaux et la «Bank Hapoalim» en possession de la
Histadroute, le grand syndicat au travers duquel le parti
travailliste exerce un pouvoir démesuré sur l'ensemble de la
population israélienne. Et, bien entendu, le parti
travailliste refuse de perdre cet empire économique qu'est
la Histadroute. Il est évident que si la caisse-maladie et
la chaîne des dispensaires et des hôpitaux qui dépendent de
la Histadroute étaient nationalisés, un grand nombre
d'Israéliens quitteraient immédiatement la Histadroute, qui
perdrait ainsi une partie importante de ses revenus.
Pour
être bref, nous ne mentionnons que pour mémoire des
groupuscules sans importance parlementaire, tels que les
restes du mouvement du rabbin Kahana, le mouvement Shalom
Akhshar («paix maintenant»), ou le parti Shinoui
(«changement»).
Puissent
ces lignes permettre de comprendre la trame embrouillée de
la vie politique israélienne!
De
Jérusalem, Henri-Léon Vaucher
©
AVÈNEMENT Avril 1992 No 43
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LES
SYRIENS NE SONT PAS PRÊTS À RECONNAÎTRE L'EXISTENCE D'ISRAËL
–
Les négociations pour la paix qui se tiennent à Washington
et qui sont la conséquence directe de la Conférence de
Madrid, ont abouti à une impasse et ne seront
vraisemblablement reprises qu'en été, pour autant qu'il y
ait reprise!
Le
quatrième tour de ces négociations a débuté fin février,
dans un contexte de discorde, après que l'un des délégués
palestiniens ait déclaré dans une interview accordée à
l'agence de presse Reuter qu'il faudrait tordre le cou aux
délégués.
©
NOUVELLES D'ISRAEL
Avril
1992
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ISRAËL
EN CAMPAGNE
Les
élections à la Knesset intéressent le monde entier
LE
23 JUIN, LES ISRAÉLIENS SE RENDRONT AUX URNES POUR ÉLIRE LES
120 MEMBRES DE LA KNESSET, LE PARLEMENT ISRAÉLIEN. TRENTE
FORMATIONS POLITIQUES SE DISPUTENT LES SUFFRAGES DES
ÉLECTEURS. LE RÉSULTAT S'ANNONCE EN TOUT CAS DES PLUS
SERRÉS.
Les
partis désireux de prendre part aux élections avaient 2
jours, les 18 et 19 mai, pour s'inscrire devant le comité
électoral et déposer leurs listes de candidats. Les
représentants des listes nouvelles ont passé la nuit
précédant l'ouverture des inscriptions dans le jardin qui
fait face à la Knesset pour être parmi les premiers reçus au
comité électoral et les premiers à choisir les lettres de
l'alphabet hébreu qui représenteront leur parti. Un
humoriste des années 50 avait noté qu'une campagne
électorale en Israël pouvait ressembler à une campagne de
lutte contre l'analphabétisme: les murs des villes sont
recouverts d'affiches ou de graffitis représentant toutes
les lettres de l'alphabet, isolées ou groupées (l'alphabet
hébreu ne comptant que 22 lettres, il a fallu attribuer à
plusieurs partis un ensemble de lettres: alef-mem-tav pour
le parti travailliste, mem-het-lamed pour le Likoud).
En
Israël, comme dans beaucoup de démocraties, les listes
nouvelles pullulent (15 sur les trente inscrites) et la
plupart n'obtiendront même pas le minimum de voix nécessaire
pour être représentées: 1,5%, soit 40 000 suffrages. Parmi
ces listes, relevons: le parti des chauffeurs de taxis,
celui du Royaume d'Israël (dont le programme est de rebâtir
le Temple), le parti de la femme (féministe, bien entendu),
celui des victimes des intérêts hypothécaires élevés, le
parti de l'espoir (des quartiers déshérités), deux partis de
nouveaux immigrants russes, deux partis s'affirmant
héritiers spirituels du rabbin terroriste Kahana assassiné
aux États-Unis en 1990, le parti d'un fabricant de salades
en boîtes, Picanti (qui part en guerre contre le fisc) etc.
Le
nouveau parti libéral de Yitzak Modaï, ancien membre du
Likoud, a des chances d'obtenir quelques mandats.
L'extrême-droite est plus fragmentée que jamais: à Moledet,
Tehiyya et Tsomet s'ajoutent le parti de «I'État de Judée»
(contre la restitution des territoires), le parti du rabbin
Levinger d'Hébron et les deux partis disciples de Kahana.
Chez les orthodoxes, on assiste à un regroupement et à des
divisions.
Regroupement:
Agoudate Israël, Deguel Hatorah et Moriah (la nouvelle
formation du rabbin Perets, ancien membre de Shass)
s'unissent pour former un parti unique, Yahadoute Hatorah
(le judaïsme de la Torah); divisions: le parti Shass reste
autonome, tandis que deux rabbins orthodoxes instaurent,
chacun de son côté, un nouveau parti.
Regroupement
encore du côté de l'extrême-gauche: Shinouï, Rats, et Mapam
fusionnent et constituent le parti Merets («énergie»,
mélange des consonnes de Rats et de Mapam). Division, en
revanche, du côté arabe, où plusieurs partis se constituent
autour de personnalités politiques indépendantes.
La
campagne est chaude, voire même violente en certains
endroits, lorsque les agitateurs de l'un des deux grands
partis vont déranger les réunions électorales de l'autre,
malgré l'appel au calme du président Herzog et de plusieurs
personnalités. C'est que l'enjeu de la campagne est de
taille: l'avenir des territoires, des implantations, du
statut de Jérusalem, même si, en fait, les décisions réelles
se prendront à Washington ou ailleurs. L'incertitude quant
aux réactions de l'électorat israélien, contribue également
à faire monter la tension. Alors qu'en décembre dernier les
sondages d'opinion attribuaient au Likoud une supériorité
écrasante sur le Ma'arach (parti travailliste), en mai les
deux blocs adverses semblaient s'équilibrer. Des querelles
intestines ont affaibli le Likoud, tandis que le Ma'arach,
en mettant comme tête de liste le général vainqueur de la
guerre des Six-jours, Yitz'ak Rabin, a partiellement rassuré
une partie des électeurs déconcertés par la personnalité
versatile de Shimon Pères et troublés par la puissante
représentation des «colombes» dans la liste travailliste.
Avec
sarcasme, les commentateurs politiques soulignent que si les
dirigeants du Likoud ont tout fait pour nuire à leur propre
parti par leurs luttes internes sans fin, leurs adversaires,
en Israël comme à l'étranger, ont tout fait pour voler au
secours du Likoud: les travaillistes en présentant un grand
nombre de candidats teintés d'une gauche radicale, l'OLP en
demandant aux citoyens arabes d'Israël de soutenir Rabin;
les États-Unis en ne cachant pas, eux non plus, leur
préférence pour le parti travailliste et en faisant toutes
sortes de tracasseries à Israël sur les plans économique et
diplomatique: réduction de l'aide financière, refus de
garantir les prêts, accusations vaines (l'enquête menée en
Israël par les Américains eux-mêmes l'a démontré) selon
laquelle Israël aurait vendu à la Chine le savoir-faire
technologique américain dans le domaine des fusées, et en
ressuscitant la fameuse résolution 194 de l'ONU sur le droit
de retour des Palestiniens sur les terres qu'ils avaient
abandonnées en 1948.
Cette
affaire est suffisamment exemplaire des liens entre
l'histoire et le présent et des rapports entre Israël et
l'opinion internationale pour que nous l'examinions en
détail. Pendant les premiers mois de la guerre
d'indépendance, alors que les combats faisaient encore rage
et que la situation dans la région demeurait confuse, une
résolution fut votée à l'ONU, dans laquelle était affirmé le
droit des «Palestiniens» (c'est-à-dire des Arabes qui
avaient quitté leurs terres avant les combats, ou au début
de ces combats) à retourner chez eux. Nul ne pouvait
prévoir, à l'époque, l'intensité de l'hostilité arabe envers
le nouvel État, ni le flot de réfugiés juifs que ce
«nouveau-né» dut accueillir en provenance des pays arabes où
ils abandonnaient tous leurs biens pour fuir la persécution
et sauver leur vie. Combien de Palestiniens étaient
concernés par cette résolution de l'ONU? Les chiffres les
plus incroyables ont été avancés, certains dépassant de loin
le total de la population arabe en Palestine britannique en
1948! Se basant sur les statistiques connues et sur
l'estimation du nombre d'habitants des localités arabes
abandonnées, les sources israéliennes estiment que le nombre
des réfugiés arabes palestiniens de l'époque se situe entre
350 000 et 500 000. Ces réfugiés ont abandonné en grande
partie des villages pauvres ou des quartiers déshérités des
grandes villes du pays. Ce qui est certain, en revanche,
c'est que 800 000 juifs en provenance des pays arabes ont dû
laisser derrière eux des demeures souvent fastueuses et des
entreprises florissantes dans les pays arabes où ils ont
vécu pendant des siècles. C'est une des raisons pour
laquelle les gouvernements israéliens, quelle que soit leur
couleur, ont toujours refusé la réintégration massive des
réfugiés palestiniens, exhortant les gouvernements arabes à
prendre soin de leurs réfugiés comme l'État juif a pris soin
des siens... Entre-temps, le nombre de réfugiés
palestiniens, parqués, au début, dans des camps exigus par
leurs frères arabes et entretenus par l'UNWRA
(l'organisation d'aide des Nations Unies aux réfugiés) s'est
accru; à eux se sont joints un nombre indéterminé d'Arabes
locaux désireux de bénéficier du soutien financier
international.
Au
total, les personnes portant le qualificatif de «réfugiés
palestiniens» sont estimées à plusieurs millions. Le bon
sens et la réflexion historique permettent de dénoncer
l'invraisemblance de ce gonflement démographique. Ces
réfugiés se trouvent dispersés dans tous les pays arabes du
Moyen-Orient, où beaucoup d'entr'eux, quittant la
promiscuité des camps, se sont intégrés dans la société
arabe locale et ont réussi, grâce, notamment, à
l'instruction et à la formation professionnelle reçues
pendant leur jeunesse en Palestine britannique. Cette
population, dont on ne peut remettre en cause l'aspiration
légitime à une vie décente, est foncièrement hostile à
l'État d'Israël et à tout ce qui touche au judaïsme. C'est
une autre raison qui explique le fait qu'aucun gouvernement
israélien, de gauche comme de droite, n'est prêt à se
laisser submerger par ces millions d'ennemis déclarés. Cela
signifierait simplement l'élimination physique de l'État
d'Israël...
L'attitude
des États-Unis à propos de cette affaire est d'autant plus
surprenante que l'un des arguments utilisés par Washington
pour tenter de convaincre Israël de faire des concessions
territoriales importantes était précisément d'affirmer que
les États arabes et les dirigeants palestiniens avaient, de
fait, abandonné l'idée du «droit au retour». Alors pourquoi
Margaret Tutwiler, porte-parole du département d'État
américain, a-t-elle ressorti de l'ombre cette résolution 194
vieille de 44 ans?
Au
fil des déclarations et des mises au point, les conseillers
du président Bush n'ont fait que s'embrouiller davantage. La
dernière déclaration de Margaret Tutwiler se veut formelle:
seules les résolutions 242 et 338 de l'ONU forment le cadre
du processus de paix actuel.
Pour
Washington, l'affaire est close. Mais l'administration du
président Bush ne pouvait mieux faire si son intention était
de nuire à la gauche israélienne. De l'extrême-gauche à
l'extrême-droite, tous les citoyens israéliens ont été
choqués par les déclarations de Madame Intweiler selon
lesquelles les États-Unis continueraient à appuyer la
résolution 194. Ceux qui rêvaient d'un changement d'attitude
de la part des gouvernements arabes se sont brusquement
réveillés: ils ont pu constater que les bases de la
diplomatie arabe n'ont pas changé et que l'administration
américaine semble s'en accommoder. La position des
pacifistes généreux, prêts aux concessions maximales, s'est
révélée fragile, reposant sur des rêves et des espoirs plus
que sur des faits politiques nouveaux.
Un
événement de dernière heure peut encore influencer
l'électorat israélien dans un sens ou dans un autre. Ce
pourrait être, par exemple, un attentat terroriste
spectaculaire, ou une déclaration maladroite d'un politicien
israélien. Nous en saurons davantage au lendemain du
scrutin. Une chose est certaine: la pression du monde, en
particulier du monde occidental, sur Israël n'ira pas en
décroissant, d'ici au 23 juin, et, quelle que soit la ligne
idéologique du gouvernement qui sortira des urnes, il aura à
affronter des temps difficiles.
De
Jérusalem, Henri-Léon Vaucher
©
AVÈNEMENT Juin 1992 No 47
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44e
ANNIVERSAIRE DE L'INDÉPENDANCE
Le
nombre des victimes de la guerre au sein de Tsahal depuis la
guerre d'indépendance de 1948 s'élève aujourd'hui à 17.418.
Les invalides de guerre qui sont pris en charge par l'État
sont au nombre de 59.180. Ces chiffres ont été publiés à la
veille des cérémonies qui marquent le 44ème anniversaire de
l'indépendance.
Celles-ci
ont débuté comme chaque année par la journée de
commémoration en hommage aux soldats qui sont tombés en
servant dans l'armée israélienne. Durant cette journée, des
cérémonies nationales du souvenir ont été organisées dans
les 40 cimetières militaires du pays. C'est à la fin de
celle-ci qu'ont commencé les manifestations de
l'anniversaire de l'indépendance proprement dites. Cette
année, elles furent placées sous le signe du 50ème
anniversaire de l'expulsion des Juifs d'Espagne. L'événement
le plus marquant fut la cérémonie organisée sur le mont
Herzl où une multitude de torches brandies formèrent un
spectacle impressionnant. Tous ceux qui allumèrent ces
torches étaient des descendants d'anciens expulsés espagnols
qui témoignèrent ainsi de l'évolution de l'histoire juive
depuis l'expulsion jusqu'à la naissance de l'État juif
indépendant. (ZL)
©
Nouvelles
d'Israël
07
/ 1992
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«À
MORT LES JUIFS»
«Des
pierres sont lancées, qui tuent des Juifs», peut-on lire
dans un poème de l'Arabe Schafik Chabib. Ces vers ne sont
pas uniquement de la poésie, mais de véritables appels au
meurtre. C'est d'ailleurs ce que prouvent les déclarations
des quatre meurtriers arabes qui ont assassiné trois
Israéliens dans un camp de toile, près de Galed. Ils ont
fait l'aveu suivant: «Nous sommes sortis pour tuer des
Juifs, nous les avons attaqués pendant leur sommeil et les
avons tués à coups de couteau.»
À
Jaffa, Ilanit Ohana, âgée de 19 ans, a été attaquée et
poignardée par un Palestinien de 22 ans et, lorsque le
chauffeur de taxi arabe Abdel Ghani Karim (44 ans) s'est
précipité pour lui porter secours, il a également été
assassiné. Le meurtrier a agi sur ordre du «Djihad»
islamique (Guerre sainte), dont les statuts précisent: «Pas
de repos avant que le dernier Juif de la terre ait été
liquidé». Ainsi, au «nom d'Allah miséricordieux», un
attentat à l'explosif a été perpétré le 17 mars contre
l'ambassade israélienne à Buenos Aires, faisant 29 morts et
225 blessés. M. Hans-Dietrich Genscher, alors ministre des
Affaires étrangères allemand, a adressé une lettre de
condoléances au gouvernement israélien où il exprimait son
«horreur» et son «indignation» devant «cet attentat
terroriste lâche». Le lendemain, il a pourtant reçu des
hommes politiques islamiques, connus pour leur haine envers
Israël, sans les condamner pour cet attentat à la bombe.
La
révolte de l'Intifada contre Israël a connu un tournant: la
direction de l'Intifada a une nouvelle fois permis aux
commerçants arabes de garder leur magasin ouvert jusqu'à 15
heures et jusqu'à 17 heures dans la vieille ville de
Jérusalem, alors que jusqu'à présent, ils devaient fermer à
13 heures. En fermant plus tôt leurs magasins, les
propriétaires devaient montrer leur solidarité vis-à-vis de
l'OLP et de la direction de l'Intifada. Étant donné que
cette mesure rendait l'OLP de plus en plus impopulaire dans
les milieux commerçants, les leaders de l'Intifada ont lâché
prise sur ce terrain, mais ont renforcé leur action sur
d'autres, comme le prouvent les chiffres suivants:
En
janvier, 66 attentats à la bombe: 20 morts En février, 61
attentats à la bombe: 27 morts En mars, 116 attentats à la
bombe: 29 morts En avril, 127 attentats à la bombe: 31 morts
L'évolution
suivante montre que l'Intifada n'est en aucun cas un «combat
de libération du peuple palestinien», mais consiste plutôt
en une terreur imposée par divers groupes radicaux, dirigée
en premier lieu contre leur propre peuple, afin de les
contraindre par des mesures d'intimidation à suivre leur
politique:
Du
1er janvier au 30 avril 1992, 120 personnes ont péri en
raison des troubles de l'Intifada. Parmi elles, 107
personnes (102 Palestiniens et 5 Israéliens) ont été
assassinées par des Palestiniens de l'Intifada. Durant la
même période, 13 Palestiniens ont été tués par les forces de
sécurité israéliennes.
En
Israël, les plaintes d'«Amnesty International» ont été
qualifiées «d'absurdes et de parti pris». En effet, cette
organisation ne considère que les 13 Palestiniens tués par
des Israéliens, mais ferme totalement les yeux sur les 107
autres victimes. «Amnesty International» a en outre affirmé
que la «torture était pratiquée dans la prison israélienne
d'El-Khiam au Sud-Liban». En dépit du fait que
l'administration et la gestion de cette prison sont
uniquement sous la responsabilité de l'armée ZADAL
sud-libanaise, «Amnesty International» accuse Israël.
«Amnesty International» critique le fait que les
Sud-Libanais aient refusé à la Croix-Rouge l'accès à la
prison d'El-Khiam, dans laquelle se trouvent 200 détenus, et
cela suffit à «Amnesty International» pour supposer que des
tortures y sont pratiquées et en accuser Israël. «Amnesty
International» passe sous silence le fait que les
Sud-Libanais ont refusé l'accès à la Croix-Rouge à cette
prison uniquement dans le but de faire pression sur cette
organisation, afin qu'elle s'occupe enfin des Sud-libanais
détenus par des organisations terroristes libanaises. Le
général Antoine Lahed de la ZADAL insiste: «Si la
Croix-Rouge s'occupe de nos compatriotes détenus par les
musulmans, nous lui ouvrirons les portes de notre prison.»
Les journalistes qui ont visité cette prison ont démenti les
accusations «d'Amnesty International».
Les
prisons de sécurité israéliennes abritent actuellement 4.980
détenus, dont la plupart ont été condamnés à des peines de
courte durée. 70% des prisonniers appartiennent à
l'organisation terroriste FATAH de l'OLP, 11 % au groupe
islamique HAMAS, 10% au Front démocratique de l'OLP, 8% au
Front populaire de l'OLP, 3% au groupe terroriste du «Djihad
islamique» et 2% sont des terroristes d'obédience
communiste. Les excès commis par des soldats israéliens à
l'encontre de Palestiniens sont punis par la loi.
D'ailleurs, 11 soldats et officiers israéliens comparaissent
actuellement devant des tribunaux, car ils se sont montrés
violents à l'égard de détenus ou ont fait usage de leur arme
à feu trop rapidement. En effet, d'après les ordres, un
soldat israélien ne peut tirer que lorsqu'il est agressé et
que sa vie est directement mise en danger, ce qui signifie
que l'agresseur a toujours l'avantage sur les Israéliens.
Les
terroristes de l'Intifada tuent, eux, sans respecter aucune
règle, peu importe qui, peu importe comment:
Le
11 mai, quatre Palestiniens de l'Intifada ont fait irruption
dans l'école UNWRA, à Gaza, et ont tué l'instituteur arabe
âgé de 42 ans Abdul Maati el-Buheisdi sous les yeux des
enfants en proférant les menaces suivantes: «Il en sera
ainsi pour tous ceux d'entre vous qui ne collaboreront pas
avec nous.»
Le
12 avril, à Rafiach, Machmud Chader Wadi, jeune élève de 15
ans, a été sorti de nuit du domicile de ses parents et
étranglé, car il refusait de se joindre à une bande de
terroristes.
Le
22 avril, à Jenin, Ahmed Istateh, médecin arabe de 53 ans,
directeur du dispensaire local, a été tué à coups de couteau
par des terroristes de l'Intifada.
Le
3 avril, à Gaza, trois Palestiniens ont été emmenés par des
Arabes masqués devant la mosquée et exécutés sous les yeux
des musulmans en prière. Deux d'entre eux ont été abattus et
le troisième tué à coups de couteau. Personne n'est
intervenu, tous se sont contentés de répéter, intimidés:
«Allahu akhbar! -Allah est grand».
Le
14 mars, dans le village de Hajje, M. et Mme Shanaa, deux
Arabes âgés de 70 ans, ont été assassinés dans leur logement
par des Palestiniens de l'Intifada. Par la suite, ces
meurtres ont été qualifiés de «messages de libération» par
la direction de l'Intifada. Mais Amnesty International
préfère ne pas parler de ces exactions. (LS)
©
Nouvelles d'Israël 07 / 1992
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LE
PORT DE HAÏFA POUR LA 6ÈME FLOTTE AMÉRICAINE
Quelques
éléments positifs en dépit des relations tendues entre les
USA et Israël
La
collaboration stratégique entre les deux États est placée
sous le signe de l'optimisme. Les États-Unis envisagent en
effet d'investir des millions de dollars dans le port
d'Haïfa, afin d'élargir et d'approfondir celui-ci en vue de
permettre aux porte-avions d'y jeter l'ancre. Il s'agira
également d'améliorer de manière décisive les possibilités
techniques des chantiers navals. Ce projet vient de faire
l'objet de négociations entre une organisation juive et un
membre du gouvernement américain. Actuellement, le
porte-avions de la sixième flotte doit mouiller au large
d'Haïfa, car ce bâtiment de guerre est trop grand pour le
port actuel d'Haïfa.
Le
projet présenté par le Pentagone a été approuvé par le
Congrès. Cette décision souligne également l'importance
stratégique de l'infrastructure du port de Haïfa pour la
6ème flotte américaine au Proche-Orient – par rapport à
d'autres ports de la région. En juillet 1992, 30 navires de
la sixième flotte mouilleront dans le port afin de profiter
de ces services. (ZL)
©
Nouvelles d'Israël
07
/ 1992
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QUERELLE
ENTRE LE ROI HUSSEIN ET LE ROI FAHD À PROPOS DU DÔME DU
ROCHER
La
coupole dorée qui orne le dôme du Rocher à Jérusalem sera
prochainement restaurée. Cette entreprise durera plusieurs
mois. Les coûts sont estimés à environ huit millions de
dollars. Jusqu'à présent, on ignore encore qui financera
cette opération onéreuse. Le roi Hussein de Jordanie et le
roi Fahd d'Arabie Saoudite se disputent actuellement cet
honneur. Tous deux souhaitent prendre ces travaux de
rénovation à leur charge et se poser en protecteur des Lieux
saints de l'Islam à Jérusalem. Le roi Hussein a vendu sa
résidence privée de Londres pour pouvoir financer cette
entreprise. Pour sa part, Israël a annoncé qu'il ne
souhaitait pas s'immiscer dans cette querelle entre les deux
maisons royales étant donné la liberté dont jouissent les
représentants de toutes les religions et de tous les groupes
de population. (ZL)
© Nouvelles
d'Israël
07
/ 1992
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RELATIONS
AVEC LES ÉTATS UNIS
Le
Président américain Georges Bush et ses collaborateurs
s'efforcent d'améliorer leurs relations avec la communauté
juive des USA. À ce propos, ils ont notamment mis en branle
le processus d'une rencontre importante avec des
personnalités juives de premier plan. Les diplomates
israéliens en poste aux USA supposent que le changement
d'attitude de M. Bush est dû au fait que Ross Perot,
candidat libre aux élections présidentielles, bénéficie d'un
vaste soutien de la part de l'opinion publique. M. Bush et
ses conseillers ont bien évidemment compris l'importance des
voix juives pour le scrutin, mais ils ont surtout besoin des
Juifs pour financer la campagne électorale. (ZL)
© Nouvelles
d'Israël
07
/ 1992
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