Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Israël

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«TOUTE ARME FORGÉE CONTRE TOI SERA SANS EFFET»


L'étendue de l'armement irakien, qui a été une menace réelle et extrêmement dangereuse pour Israël, n'apparaît que maintenant, des mois après la fin de la guerre du Golfe. Le bombardement par Israël du réacteur nucléaire irakien en 1981 a bien entravé le développement d'armes nucléaires en Irak, mais ce pays a cherché, par la suite, à obtenir par des moyens plus simples, parfois même primitifs, l'uranium enrichi nécessaire à la fabrication des bombes nucléaires. Selon toutes les estimations, l'Irak se trouvait dans le dernier stade du développement de fabrication de ces armes, afin de détruire Israël, au début de la guerre du Golfe.

Les rapports de la commission d'examen de l'ONU ont démontré que l'Irak disposait des moyens techniques pour lancer les missiles Scud sur Israël, munis de gaz toxiques, biologiques et chimiques. Saddam Hussein redoutait apparemment la réaction israélienne pour ne pas s'en être servi. La dernière découverte étonnante de la commission d'enquête de l'ONU a été publiée dans un communiqué officiel qui informe que l'Irak possédait deux super-canons pointés sur Israël. Jusqu'en juillet de cette année, l'Irak a démenti toutes les informations selon lesquelles il travaillait au développement de ces canons, suivant les plans de l'ingénieur canadien, Gérald Boll. Boll a été assassiné par des inconnus dans son appartement à Bruxelles en mars 1990. Selon certaines rumeurs, il aurait été assassiné par des agents du Mossad après avoir ignoré leurs avertissements le sommant de ne plus aider les Irakiens dans le développement de ces canons. Selon les documents que ces derniers ont soumis à l'ONU, un canon géant, ayant un diamètre de 250 mm et une longueur de plus de 50 m, était prêt à l'emploi. La portée de ce canon, avec lequel on a déjà effectué des essais, est d'environ 500 km, et il était destiné à lancer des bombes nucléaires, chimiques et biologiques. Les raisons pour lesquelles l'Irak ne l'a pas utilisé durant la guerre du Golfe restent obscures.

Le deuxième canon aurait dû avoir un diamètre de 1'000 mm et une portée de 1'500 km. Ceci est le canon le plus grand jamais construit. Toutes les pièces, dont 44 tuyaux en acier spécial pour la construction du tube de lancement, avaient déjà été réunies; mais la construction du canon a été stoppée.

Malgré toutes ces découvertes et la forte pression des grandes puissances et de l'ONU pour dévoiler les plans d'armement, les experts des services secrets estiment que Saddam Hussein non seulement a réussi à rétablir sa position, mais qu'aucun danger ne le menace à l'intérieur de l'Irak. Les dangers pour le monde, comme pour Israël, ne sont pas encore écartés. (ZL) 

©  Nouvelles d'Israël Octobre 1991


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UN COSMONAUTE ISRAÉLIEN DANS L'ESPACE À BORD D'UNE NAVETTE SOVIÉTIQUE?


Bien que les relations diplomatiques entre Israël et l'URSS n'aient pas encore été officiellement rétablies, la collaboration pratique entre les deux pays prend des formes de plus en plus visibles. L'une des preuves est cette proposition faite à la mi-juillet: un astronaute israélien devrait participer au vol d'un vaisseau spatial soviétique. Cette proposition a été discutée lors d'une rencontre internationale des hommes d'affaires à Taschkent (Russie); elle a aussi trouvé un écho positif auprès d'un général soviétique, responsable de l'entraînement des cosmonautes. Les sources israéliennes officielles ne font aucun commentaire à ce sujet, mais notent tout de même que, dans le cadre de la prise de contact entre les deux pays, l'URSS a offert à Israël d'acheter de l'équipement spatial. (ZL)

© Nouvelles d'Israël Octobre 1991


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UN MOSHAV RUSSE EN ISRAËL


Des Juifs russes se sont rassemblés, afin de fonder une colonie faite exclusivement de nouveaux immigrants. La colonie sera établie à Ashalim au Néguev. Ashalim est un moshav coopératif qui a été abandonné par ses premiers habitants lors d'une récession. Le groupe de base compte 40 familles et quelques célibataires. Ils se nomment «Chavkiel». Tous les membres sont des académiciens, ils s'étaient déjà contactés en Russie. Quatre familles du groupe initial s'y sont déjà établies et s'occupent maintenant de la rénovation des maisons qui leur ont été attribuées ainsi que de la récolte des pêches. (ZL)

© Nouvelles d'Israël Octobre 1991


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USA-ISRAËL: ENTRE PASSION ET TENSIONS


TANDIS QUE SE PRÉPARE DIFFICILEMENT – LA CONFÉRENCE DE PAIX AU PROCHE-ORIENT, LES ISRAÉLIENS ONT DE PLUS EN PLUS L'IMPRESSION QUE L'ADMINISTRATION AMÉRICAINE SORT DE SON RÔLE D'ARBITRE ET PENCHE EN FAVEUR DE LA CAUSE ARABE. DEPUIS LA CRÉATION DE L'ÉTAT HÉBREU, EN 1948, LES RELATIONS ENTRE LES ÉTATS-UNIS ET ISRAËL SONT PASSIONNELLES, PARFOIS MARQUÉES PAR DE GRAVES MOMENTS DE TENSION.

On ne peut pas parler de «grand amour» pour qualifier les relations qui se sont établies entre l'administration présidentielle américaine et le gouvernement israélien depuis 43 ans, depuis que l'État d'Israël existe; elles n'ont jamais connu de lune de miel, quoiqu'en dise la propagande arabe. Ces relations étaient fondées sur une certaine vision des deux États, le géant outre Atlantique et le minuscule État juif: chacun pensait avoir intérêt à cultiver de bons rapports avec l'autre. Et il est évident que l'opinion du «géant» pesait beaucoup plus dans la balance que les arguments du bébé État, aussi justes et aussi solides soient-ils. Mais dans le cadre de ce mariage de raison, où le petit s'adaptait au grand, s'est tissé, à tous les niveaux, tout un réseau de relations et d'échanges, Israël jouissant de la générosité réfléchie de son patron et s'efforçant de réduire au minimum les frictions avec lui, tout en conservant un maximum de liberté d'action.

Mariage de raison, les relations États-Unis/Israël n'ont pas exclu l'apparition, avec le temps, de «sentiments» d'appréciation réciproque; les Américains ont salué en Israël la seule démocratie du Proche-Orient, société dynamique, pluraliste et libérale, ouverte au progrès tel qu'il est compris aux USA; quant aux Israéliens, et surtout aux jeunes Israéliens, dont l'engouement pour l'américanisme va parfois jusqu'à l'abandon de leur âme juive, ils ont vu dans le mode de vie américain une possibilité d'évasion, un moyen de fuir, mentalement et émotionnellement, la stagnation, la violence, le caractère primitif, le bigotisme, voire le fanatisme du Proche-Orient qui les entoure. Pour beaucoup de «sabras» (Israéliens de souche), les films américains, le pop, le rock, le rap et tout un comportement propre à la jeunesse américaine ont pris la place de la tradition des pères – et malheureusement aussi, bien souvent, de la culture européenne.

Les rapports États-Unis/Israël ont connu de grosses secousses et traversé des crises sérieuses, et cela dès avant la naissance de l'État juif. En mai 1948, les principaux conseillers du président Truman, au département d'État et à l'état-major général, ont exercé de très fortes pressions sur David Ben Gourion pour que l'État d'Israël ne soit pas proclamé après la proclamation, les États-Unis ont cependant été un des tout premiers états à reconnaître Israël. Lors de la guerre du Sinaï, en octobre 1956, le président Eisenhower, en des termes que ne laissaient entrevoir aucune cordialité, s'est joint aux Soviétiques pour ordonner aux Israéliens de retirer leurs troupes du Sinaï. Il y eut encore d'autres passes difficiles: la nouvelle évaluation de la politique extérieure américaine faite par le président Ford en 1975, le débat autour de la vente d'avions d'observation à l'Arabie Saoudite en 1981, la guerre au Liban – et j'en passe. Mais ces conflits n'ont jamais mis en cause l'aide financière américaine, ni la vente d'armements sophistiqués à Israël; et sur le plan de la politique internationale, les États-Unis ont persévéré dans leur soutien à Israël, s'opposant à maintes résolutions anti-israéliennes à l'ONU, refusant de reconnaître l'OLP ou de négocier avec elle – et ceci, pendant de nombreuses années. Alors que tant de nations lui tournaient le dos, ou même rompaient leurs relations diplomatiques avec lui, Israël s'était habitué à voir dans les États-Unis un allié et un ami fidèle qui ne ferait jamais défaut.

Or, depuis quelques années, et plus encore de puis quelques mois, rien ne va plus, semble-t-il, dans les relations américano-israéliennes. La détérioration a commencé sous l'administration Reagan-Schulz: ceux-ci ont exigé d'Israël l'interruption du développement de son avion de combat, le Lavi (projet pourtant lancé en collaboration avec les États-Unis et avec leur financement), puis ils ont pris contact avec l'OLP, entamant des négociations avec cette organisation et lavant, sur la scène diplomatique, son leader, Yasser Arafat, d'une réputation de terroriste international.

La dégradation de la confiance entre les deux pays s'est dramatiquement accélérée sous le tandem Bush-Baker. Dès le début de la nouvelle administration américaine, la pression diplomatique sur Israël s'est renforcée: il fallait contraindre l'État hébreu à modifier radicalement la conception de sa sécurité par rapport à la valeur stratégique des territoires. Et cela bien que ses voisins arabes n'aient pas explicitement proclamé la fin de l'état de guerre entre eux et «l'ennemi sioniste» – mis à part l'Égypte, dont une partie de la presse continue pourtant de nommer Israël: «al-adou», c'est-à-dire «l'ennemi», omettant généreusement le terme «sioniste»! Alors que les États arabes qui s'étaient alliés aux Américains pendant la crise du Golfe, étaient libéralement gratifiés d'une remise de leur dette, Israël, en récompense pour sa bonne conduite (recevoir les coups sans les rendre), était prié, en mars dernier, de reporter à septembre sa demande de garanties pour un prêt de dix milliards de dollars; ce qui fut fait. La suite est connue: le président Bush a remporté la victoire sur les membres du Congrès et la demande israélienne ne sera pas examinée avant l'année prochaine. Qui plus est, George Bush a expressément promis qu'il ne promettrait rien dans quatre mois...

Rappelons qu'il n'est pas question d'une demande de subside, ni même d'une demande de prêt de dix milliards de dollars. Rappelons également qu'Israël a toujours remboursé ses dettes envers l'étranger, capital et intérêts; non, il s'agit d'une demande de garantie de quelques centaines de millions de dollars, qui seront finalement remboursés et n'auront rien coûté aux contribuables américains. Officiellement, du côté américain, il n'est pas question de pression ni de chantage, mais uniquement du désir de ne pas irriter les Arabes par des prêts finançant l'absorption des centaines de milliers d'immigrants juifs en Israël. Parallèlement, George Bush et James Baker livrent un combat acharné contre la politique d'implantation du gouvernement de Yitzak Shamir, n'épargnant pas la future localité de Tsour Ygal, pourtant projetée à l'intérieur de «la ligne verte», à côté de Kfar Saba, à 18 km de la côte méditerranéenne. Les Israéliens s'inquiètent de cet acharnement des Américains à vouloir imposer leur politique à l'État hébreu, politique qui finalement porte atteinte à l'intégration de l'immigration.

S'exprimant lors d'une réunion du cabinet, avant la venue de M. Baker, le ministre de la santé, Ehud Holmert, osa dire: «nous avons affaire à un politicien cynique. . . Nous n'avons rien à perdre. Il n'est pas possible de fuir la bataille que Bush nous a imposée. . . Il a choisi de concentrer ses attaques justement sur l'alyah (l'immigration). S'il s'agissait des implantations, on aurait encore pu discuter; mais l'alyah? On nous a dit qu'il n'est pas possible de gagner cette bataille, et que même s'il était possible, nous aurions alors un président hostile. Eh bien, c'est ce que nous avons déjà. Quoi que nous fassions, il est hostile».

Et Shamir, fâché, de poursuivre: «Vous comprenez ce que cela veut dire? Par «gel des implantations», il ne vise plus seulement la création de nouvelles localités en Judée et en Samarie, mais le développement même de localités existantes. Il n'y a pas de fin à cela. Et après ça, ils (Bush et Baker) prétendent qu'il n'y a pas de «linkage» (lien entre garanties financières et immigration). Ce n'est pas seulement un «linkage», mais c'est un «linkage à la puissance 2»».

Expliquant, devant les caméras de télévision, le combat qu'il mène contre l'examen actuel de la demande israélienne, M. Bush a déclaré, irrité, qu'il luttait seul contre un lobby de mille membres... Un tel manque de tact, avec son relent d'antisémitisme, n'a pas échappé aux Israéliens. Reharam Zeevi, ministre sans portefeuille du parti de droite Molédète (patrie), a dit tout haut ce que plusieurs pensent tout bas. «Le président Bush est un quasi anti-sémite et un anti-israélien». D'autres ministres ont cependant souligné qu'il était important de ne pas jeter d'huile sur le feu et de ne pas envenimer davantage les relations avec les États-Unis. On a aussi fait remarquer qu'un gouvernement antisémite n'agirait pas à l'égard d'Israël comme agit le président Bush: il a lutté pour que les Juifs d'Éthiopie puissent venir en Israël, pour que les portes de la Russie restent ouvertes à l'émigration juive et pour que soit annulée la fameuse déclaration 3379 de l'ONU assimilant le sionisme à une forme de racisme.

Le sujet de crainte est ailleurs. Il se peut qu'avec les meilleures intentions du monde, ainsi qu'avec une bonne mesure de mauvaise foi, le gouvernement du président Bush, dans son zèle à vouloir à tout prix instaurer la «pax americana» dans la région, soit sur le point de commettre une série de terribles erreurs d'estimation, avec les conséquences pratiques qui en découleraient pour Israël. Ce ne serait pas la première fois, au vingtième siècle, que les États-Unis se fourvoieraient en matière de politique étrangère et prendraient, par naïveté et par présomption, des décisions qui livreraient des peuples entre les mains de conquérants cruels et précipiteraient des régions entières dans la guerre. Il y a là, hélas!, matière à plusieurs articles...

Israël est, et demeure, menacé dans son existence. L'expérience des accords de Camp-David a montré qu'un traité de paix avec une nation du Proche-Orient a une valeur relative, qui peut rapidement tendre vers zéro si le partenaire du traité cesse de voir son intérêt dans la paix. Israël aura toujours besoin, pour sa sécurité, d'une profondeur stratégique. Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Benyamin Netanyanu, s'exprime ainsi: «l'objet de la controverse entre nous et le gouvernement de Washington n'est pas notre droit à avoir un État... mais la profondeur et les dimensions de l'État juif. Nous visons à avoir une largeur minimum de 70 km, tandis que les États-Unis veulent que nous nous contentions d'une largeur de 10 km seulement».

De Jérusalem, Henri-Léon Vaucher

©  AVENEMENT Octobre 1991 No 32 / P 14


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APRÈS LE SPECTACLE


La conférence de paix entre dans sa deuxième phase: Israéliens et Arabes entament des discussions bilatérales

Ce qu'aucun chef d'État ni aucune autre instance internationale n'a réussi à faire, James Baker l'a réalisé en public et en direct dans la capitale espagnole: rassembler autour d'une même table une délégation israélienne et 3 délégations arabes (Syrie, Liban et Jordanie-Palestine) dans la langue desquelles le vocable même d'Israël est tabou, imprononçable. On connaît une partie des tours de passe-passe qui ont introduit les participants récalcitrants dans la «cage de la paix», selon les termes d'un diplomate arabe: promesses contradictoires, démenties, réaffirmées, contredites, parfois tout simplement violées, le tout accompagné de quelques torsions de bras mesurées mais fermes. Il a bien fallu se rendre à Madrid. Avec quelques poignets endoloris.

Les Syriens ont dû s'asseoir en compagnie de l'ennemi sioniste, sans avoir obtenu d'abord l'assurance que le Golan leur serait rendu. Les Libanais ont dû faire de même, sans que l'évacuation des troupes israéliennes du sud de leur pays leur ait été promise. Les Palestiniens ont dû siéger dans le cadre d'une délégation commune jordano-palestinienne, contraints de taire leur identification avec l'OLP et de renoncer, pour un temps, à réclamer un État indépendant. Quant aux Israéliens, ils ont dû s'asseoir en face de Syriens et de Libanais qui refusaient de leur tendre la main et de les regarder, en face d'une délégation palestinienne dont chaque membre avait été choisi avec le consentement de la centrale de l'OLP à Tunis. Ils ont dû endurer les discours virulents des représentants syriens et palestiniens. Contrairement aux assurances données, ils ont été mis devant un fait accompli pénible: la délégation palestinienne a tenu son propre discours, indépendamment de la délégation jordanienne. Et pour consolider la cage – ou le piège? – de la paix, Américains et Soviétiques ont rappelé à Israël, en termes divers, le contenu des Résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU: abandon des territoires en échange de la paix.

Les allocutions des délégations arabes ont déçu les moins optimistes par leur manque d'ouverture et leur dureté: le réquisitoire syrien fut en particulier difficilement supportable. Le premier ministre Shamir, fatigué et mélancolique, a résumé ainsi ses sentiments, le deuxième soir de la Conférence, à la télévision israélienne: «on nous avait bien dit que ce ne serait pas un jardin de roses... mais aujourd'hui ce n'était qu'un champ de ronces». Quant à l'intervention clownesque, le dernier jour de la première phase de la conférence, du ministre syrien des Affaires étrangères, Farouk El Charah, brandissant une vieille photographie de Shamir «terroriste recherché par les Anglais», elle dépassa tout ce que l'on pouvait imaginer comme provocation.

Mais, diront les optimistes, le simple fait qu'Arabes et Israéliens se soient assis autour de la même table, d'abord dans le cadre d'une conférence d'ouverture puis dans celui, plus restreint et plus intime, de négociations bilatérales sans présence de tiers, n'est-il pas révolutionnaire? Il est vrai que l'on croyait rêver en voyant délégués arabes et israéliens à la même table, dans la même pièce. Et bien des politiciens israéliens se sont félicités de voir s'effriter le tabou arabe du non-dialogue avec Israël. Le mortier américain a pressé dans une même masse médiatique des éléments jusqu'alors irréductibles. Et, ajouteront les optimistes à propos des Arabes, ne sommes-nous pas au Proche-Orient, où un long marchandage décide du prix final? Les déclarations dures et rigides des délégués arabes ne constituent-elles pas que des positions de départ, augurant de longues tractations?

Il est vrai que nous sommes au Proche-Orient et que, dans les souks des villes, un acheteur patient peut faire baisser le prix d'un objet de 60 à 25 dollars. Mais le marchandage a ses limites: on ne peut faire descendre un prix beaucoup plus bas que 40% de la proposition initiale; inversement, un acheteur sérieux ne peut proposer comme prix initial une somme ridiculement basse. J'ai vu de mes yeux des touristes éconduits dans les échoppes des bazars pour n'avoir pas saisi les règles du jeu du marchandage levantin. Et quand les Syriens demandent d'abord la restitution intégrale du Golan et la démilitarisation d'une partie de la Galilée, avant même d'envisager les pourparlers de paix, tout habitant de la région comprend qu'ils ne sont pas sérieux. Cette impression a été confirmée le dimanche 3 novembre, avec toutes les opérations de diversion de la délégation syrienne et l'entretien nocturne qu'elle n'a pu éviter avec la délégation israélienne. Eliyahou Ben Elissar, un des représentants israéliens, à Madrid, déclara le lendemain, à la radio Kol Israël: «il est évident que les Syriens ne veulent pas la paix: ils ont été forcés de venir à cette conférence et ils cherchent tous les prétextes possibles pour en sortir et pour faire éclater les négociations directes».

La délégation jordano-palestinienne, en revanche, a surpris les Israéliens par son désir d'arriver à un accord avec eux, même au risque de déplaire aux Syriens. Il y a eu, certes, les déclarations dures des discours officiels, exprimant les exigences bien connues: retrait israélien total de la bande de Gaza, de la Samarie et de la Judée, y compris de Jérusalem-est, démantèlement des implantations, instauration d'une autonomie régionale aboutissant, après une période donnée, à la création d'un État palestinien. Mais, dans la pratique, la délégation jordano-palestinienne a observé les règles du jeu et s'en est tenue à vouloir négocier seulement les modalités d'une autonomie palestinienne dans les territoires. Quant à la Jordanie proprement dite, elle se contente de demander à Israël de déterminer avec elle le contour d'une frontière plus précise dans la zone désertique de l'Arava.

On a souligné que les premières négociations directes se sont déroulées dans une atmosphère détendue, où les plaisanteries et l'humour n'étaient pas exclus. Que s'est-il passé avec les Palestiniens? Ces pires ennemis d'hier, ces supporters de Saddam Hussein et du coup d'État avorté d'août en URSS ont-ils subi une brusque mutation génétique? Il convient de rappeler ici quelques éléments qui échappent souvent aux observateurs étrangers, dont la pensée est souvent manichéenne: les opprimés (palestiniens) s'opposant aux oppresseurs (israéliens).

Il y a un contact quotidien à bien des niveaux entre Arabes et Juifs. Beaucoup d'Israéliens parlent l'arabe et plus de Palestiniens encore parlent l'hébreu. Malgré «la guerre des pierres», les interventions de l'armée israélienne dans les territoires et la méfiance réciproque, les deux populations ont des champs d'activité communs et la vie «normale» continue. Les «Palestiniens», à savoir les Arabes des territoires contestés et leurs frères dispersés à l'étranger, sont ceux qui ont le plus souffert de l'intifada, des grèves incessantes, de la baisse dramatique du tourisme et des tueries commises par les militants des groupes terroristes divers. À cela s'est ajoutée la guerre du Golfe, catastrophique avec l'exil forcé de centaines de milliers de Palestiniens du Koweït et la chute du dinar jordanien.

La politique israélienne d'implantation dans les territoires, et la vague d'immigrants juifs de Russie ont amené les dirigeants palestiniens à conclure que le temps ne travaillait pas forcément pour eux. La disparition de l'URSS comme patronne automatique des mouvements révolutionnaires a également contribué à orienter les attitudes vers la recherche d'un «modus vivendi» avec Israël.

Les Israéliens se réjouissent, évidemment, de tout signe d'espoir perceptible dans l'attitude des dirigeants palestiniens et jordaniens. Dans l'ensemble, cependant, le doute demeure. La conférence de Madrid, avec toute sa solennité, ses poignées de mains, les sourires palestino-israéliens, n'a pas changé d'un millimètre les données du contentieux: à qui appartiennent (ou à qui doivent revenir) la Judée, la Samarie, la bande de Gaza, Jérusalem? Quel bâtiment doit se trouver sur la place du Temple et pour quel culte? Le culte d'Allah dans les deux mosquées existantes, ou le service du Dieu d'Israël dans un Temple reconstruit? Les musulmans sont convaincus que la Terre sainte tout entière fait partie du domaine de l'Islam et que seul l'Islam doit y régner. Les Juifs qui ne renient pas leur foi sont tout aussi convaincus que Dieu leur a donné, par promesse, toute la terre d'Israël et que Jérusalem est la ville du Grand Roi, du Messie.

De Jérusalem, Henri-Léon Vaucher

©  AVÈNEMENT Décembre 1991 No 35 


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MENACE MILITAIRE DE LA SYRIE ET DE L'IRAN


La Syrie et l'Iran (les ennemis les plus acharnés d'Israël depuis la défaite de l'Irak) développent ensemble des missiles sol-sol de type «Scud». C'est ce que rapportent des informateurs de services secrets occidentaux. Ceux-ci révèlent en outre que la Syrie à l'intention de fabriquer elle-même des missiles de ce type avec l'aide de la Corée du Nord. L'Iran financerait cette opération et recevrait des missiles en contrepartie.

Mais la Syrie ne se contente pas seulement de missiles. Un accord sur le développement d'armes chimiques a récemment été signé entre Damas et l'Inde. On ne dispose pas encore de renseignements à ce sujet, mais cette affaire est déjà un thème de discussion entre Washington et le gouvernement indien. Les USA tentent de persuader l'Inde de rester à l'écart de telles activités, d'autant plus qu'elles impliquent des pays du Proche-Orient

© NOUVELLES D'ISRAËL Décembre 1991


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L'URSS A ÉTABLI DES RELATIONS COMPLÈTES DIPLOMATIQUES AVEC ISRAËL


– Après 24 ans et six mois, l'Union Soviétique a rétabli des relations diplomatiques complètes avec Israël. La cérémonie a eu lieu le 18 octobre à Jérusalem. Quelques heures auparavant, le chef de gouvernement, Shamir, a fait savoir qu'Israël participera à la conférence de la paix à Madrid...

– L'URSS a voté en 1947 pour la création d'un État juif; elle fut en 1948 le premier pays à reconnaître Israël...

©  NOUVELLES D'ISRAËL Décembre 1991


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LA MORT D'UN MYTHE: MENAHEM BEGIN


Né en 1913, Menahem Begin s'est éteint le 9 mars.

Conformément à ses dernières volontés, Menahem Begin a été enseveli le jour de sa mort, selon les rites de la religion juive, comme un homme du peuple. Son fils, Benyamin Zeev Begin a prononcé le «Kaddish», la prière de l'orphelin; les amis et les proches ont refermé la tombe. C'était tout. Pas de sonnerie de clairon, pas de discours, pas de salves. Douze heures après le décès, la dépouille de ce grand homme était en terre. Pas d'invitation officielle... Et pourtant, une foule de plus de 20 000 personnes, de tout âge, de tous bords, les larmes aux yeux, s'est dirigée spontanément vers le cimetière juif du Mont des Oliviers. Chose peu commune pour un homme d'État: Menahem Begin était tout simplement... aimé!

Sa biographie est celle de toute une partie du peuple juif. Né en Pologne, il reçut l'éducation juive traditionnelle, ainsi qu'une instruction scolaire qui lui communiqua une vaste culture générale. Il connut le nazisme: des Allemands jetèrent son père, les mains liées, dans une rivière. Menahem Begin s'enfuit en URSS, où il fut arrêté et déporté en Sibérie. Quand Hitler, rompant le pacte Ribbentrop-Molotov, attaqua brusquement l'empire de Staline, Menahem Begin fut tiré de l'enfer sibérien pour rejoindre celui de l'armée polonaise en exil. Envoyé dans le cadre d'une mission de secours vers les Anglais de Palestine, il se dégagea de ses obligations militaires et devint le chef incontesté de l'Irgoun, l'une des organisations clandestines qui luttaient contre les Anglais, pour l'instauration d'un État juif en terre d'Israël.

Il connut la déception et l'amertume d'une concurrence – qui frisa la guerre civile – avec d'autres organisations juives résistantes d'obédience socialiste (la Haganah) ou marxiste (le Palmach). Avec le départ des Anglais, la proclamation de l'État d'Israël et la guerre d'indépendance, le Palmach et l'Irgoun furent dissouts et leurs membres intégrés dans l'armée nouvelle, unifiée, du jeune État. Pendant près de 30 ans, Menahem Begin fut rejeté, par les dirigeants sionistes, dans l'opposition libérale dont il devint le chef. Orateur éloquent et redouté du pouvoir – à l'époque: socialiste – il savait parler aux foules et les galvaniser; mais il n'usa jamais de ses dons de persuasion à des fins anti-parlementaires, respectueux qu'il était des règles du jeu démocratique. Les remous qui suivirent la guerre du Kippour, en 1973, le portèrent au pouvoir en 1977. Il se révéla alors comme un homme d'État brillant, dynamique, mais aussi conciliateur, en politique intérieure comme en politique extérieure. Un des sommets de sa carrière fut la signature, à Camp David, des accords de paix avec l'Égypte. Cependant, la prolongation imprévue de la guerre au Liban, avec son cortège de victimes, et le décès de sa femme Aliza furent sans doute parmi les facteurs qui sapèrent sa résistance morale. Pendant l'été 1983, il démissionna de sa fonction de Premier ministre, confiant à ses amis: «je n'en peux plus!». Dès lors, Menahem Begin se confina dans un silence dont il ne sortit point jusqu'à sa mort.

Contrairement à David Ben Gourion ou à Moshe Sharett, Menahem Begin, répondit par le silence aux très violentes critiques dont il était l'objet; il ne chercha jamais à se justifier devant l'Histoire. D'une personnalité riche et complexe, M. Begin surprit plus d'une fois ses adversaires et ses partisans par des prises de position et des décisions qui brisaient le cadre dans lequel l'avaient enfermé les médias et l'opinion publique. Sa politesse et sa galanterie étaient proverbiales et tranchaient avec la rudesse et l'absence de savoir-vivre de la génération des «sabras».

De Jérusalem, H.L. Vaucher

©   AVÈNEMENT Mars 1992 No 42


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LA FERMETÉ SUR TOUS LES FRONTS


IL SE PASSE TOUJOURS QUELQUE CHOSE AU PROCHE-ORIENT. COMME LE COEUR DU MONDE, CET ENDROIT PALPITE EN TENSIONS INCESSANTES QUI RISQUENT DE DÉGÉNÉRER GRAVEMENT. LA PLACE ET L'IMPORTANCE D'ISRAËL DANS LE PLAN DIVIN NE SONT PAS ÉTRANGÈRES À CETTE AGITATION QUI SECOUE RÉGULIÈREMENT LA RÉGION.

À la fin du mois de février, Israël a renoué avec le principe de la réplique immédiate à toute agression. L'État hébreu avait dérogé à cette tradition pendant la guerre du Golfe, en se soumettant à la pression des États-Unis. En s'attaquant à un camp militaire israélien proche de la Cisjordanie, dans la nuit du 14 au 15 février, le commando palestinien n'ignorait pas les risques qui en résulteraient; d'autant plus que l'opération fit 3 morts, 3 soldats exécutés à l'arme blanche (hache et couteau), de jeunes recrues immigrées de l'ex-URSS. «Tsahal», l'armée israélienne, répliqua en menant des raids au Sud-Liban dans deux camps de réfugiés palestiniens, puis sur une colonne de véhicules: cette réplique provoqua la mort d'une dizaine de personnes, dont celle du chef du Hezbollah pro-iranien, Cheikh Abbas Moussaoui, de sa femme et d'un de ses fils. L'émotion, côté arabe, se traduisit en désir de vengeance. D'où le cycle des représailles. À partir de rampes de lancement Katioucha disséminées au Sud du Liban, les Palestiniens «arrosèrent» de roquettes le nord d'Israël. Alors, pour la première fois depuis 1989, les Israéliens sortirent de «la zone de sécurité» qu'ils entretiennent au Sud-Liban pour atteindre des villages chiites abritant des combattants islamistes. Les puissances occidentales se sont bien sûr émues de cette incursion israélienne qui «violait» une nouvelle fois la souveraineté du Liban; c'est cependant sans réagir que ces mêmes États assistent au subtil effacement d'un Liban qui n'est plus que l'ombre de la Syrie!

 

De même, bien peu semblent s'étonner de la puissance du Hezbollah pro-iranien dont la vive résistance a surpris l'armée israélienne. Ces intégristes musulmans combattent avec le soutien de l'Iran qui, sorti de l'isolement des années «Khomeini», étend son influence de plus en plus loin et de plus en plus profondément. Le cheikh Nasrallah, qui a pris la succession d'Abbas Moussaoui, comme chef du Hezbollah, est un proche du président iranien Rafsandjani et, dans son premier discours, il n'a pas hésité à qualifier Israël de «cancer». Du Soudan aux républiques musulmanes de l'ancien empire soviétique, les dirigeants iraniens tissent leur filet, avec un grand sens de l'opportunité: leur désir de respectabilité les a même conduit à réactiver l'ECO, l'Organisation de la coopération économique, une structure régionale qui regroupait la Turquie et le Pakistan, outre l'Iran, et qui vient d'accueillir l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan et le Turkménistan, en attendant le Tadjikistan et la Kirgizie.

Les Israéliens discernent les enjeux diplomatiques derrière ces manoeuvres de regroupement «économique». Pendant la poursuite des discussions sur la paix au Proche-Orient, une sourde pression islamiste tente, en coulisse, de nuire à la stabilité et à la sécurité de l'État hébreu. Quand les chars de Tsahal bousculent les véhicules de l'ONU, le monde s'émeut et accuse Israël de vouloir gripper l'engrenage de la paix. Mais des forces moins visibles hypothèquent davantage ces espoirs de paix. La Bible prophétise clairement l'isolement d'Israël face à une coalition de plusieurs nations armées (Ezéchiel 38, 15 et 16). Tout se met en place, peu à peu, presqu'imperceptiblement. Y compris sur la terre même d'Israël, où le camp des «colombes» a subi un revers. Dans la perspective des élections du 23 juin, le parti travailliste a en effet durci son image en désignant un nouveau leader pour contrer le Premier ministre Ytzhak Shamir: Yitzhak Rabin a été préféré à Shimon Peres, parce qu'il est davantage perçu comme un ardent défenseur de la sécurité du pays. Pour beaucoup de ses concitoyens, Rabin reste le chef de l'État-major israélien victorieux de la guerre des Six jours, en juin 1967. Shamir n'aura donc pas le monopole de la fermeté pendant la campagne électorale. Le parti travailliste devrait récupérer les suffrages d'indécis et de «déçus» du Likoud, même s'il perd les voix d'électeurs de gauche prêts à accepter davantage de concessions pour la paix. Le débat électoral s'annonce donc plus indécis et plus passionnant que jamais, surtout dans le contexte du processus de paix, avec, aussi, 2 inconnues: 250 000 nouveaux électeurs venus de l'ex-URSS et 250 000 jeunes se rendront aux urnes pour la première fois. Mais d'ici le 23 juin, il peut encore couler beaucoup d'eau sous les ponts du Jourdain...

M. Béghin

© AVENEMENT Mars 1992 No 41 

 

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URNES ET PAIX


De passage à Genève, le chef de l'opposition en Israël: Shimon Peres, qui fut Premier Ministre d'un cabinet de coalition de 1984 à 1987. Le leader travailliste s'est expliqué sur ses espoirs de revenir au pouvoir alors que se poursuivent les négociations de paix qui doivent modifier la physionomie de la région.

Les Israéliens sont appelés à des élections législatives anticipées qui auront lieu le 23 juin. La Knesset (le parlement) a été dissoute le 4 février. Cette péripétie politique bouscule les principaux partis israéliens. Ainsi, au sein du Likoud, l'actuel Premier ministre Yitzhak Shamir et son dauphin Moshe Arens doivent affronter la contestation de David Lévy (ministre des Affaires étrangères), d'une part, et d'Ariel Sharon (ministre de l'Habitat), d'autre part. Ces querelles de personnes révèlent des divergences idéologiques. Hostile aux concessions territoriales, Ariel Sharon est pour la poursuite de l'implantation des colonies, quitte à mécontenter les États-Unis. À l'inverse, David Lévy veut préserver les chances de paix et éviter toute crise avec Washington. Entre les deux, M. Shamir essaie de maintenir une ligne équilibrée.

Dans l'opposition, chez les travaillistes, Shimon Peres croit en ses chances de revenir au pouvoir malgré des sondages défavorables. Il l'a réaffirmé lors d'un passage à Genève, le mois dernier. Pour L'AVÈNEMENT, Humberto Salgado a recueilli ses déclarations.

 

Shimon Peres: Je me demande parfois, si les gens ont une vue exacte de la situation politique en Israël. Aux dernières élections, sur un parlement de 120 députés, les travaillistes et leurs alliés ont eu 56 sièges. Le Likoud, et ses alliés, qui dirige actuellement le gouvernement, ont remporté 47 sièges. Au milieu, 17 sièges se répartissent entre différents partis religieux qui font la balance du pouvoir; ce problème vient du système électoral étrange et unique en Israël: il privilégie les petits partis et élimine les grands. Mais aux prochaines élections, 2 grands groupes joueront un rôle important et, pratiquement, décideront: d'abord les émigrants, en particulier ceux d'Union soviétique qui pourront élire 7 ou 8 députés et les Arabes israéliens qui disposent de 12 sièges. Les sondages vont et viennent et je crois que nous pouvons gagner ces élections. Mais, à mon avis, le problème n'est pas seulement de savoir comment gagner les élections, mais de savoir que faire après une victoire.

L'AVÈNEMENT: En quoi votre programme diffère-t-il de celui du Likoud?

Shimon Peres: D'abord, pour aboutir à un Moyen-Orient «nouveau», il faut arriver à la paix. Je ne crois pas que nous pouvons achever la paix sans un compromis territorial. Le Likoud est contre le compromis territorial, il veut garder tous les territoires sous contrôle israélien et c'est une différence profonde. En ce qui me concerne, je pense que la meilleure solution est une confédération jordano-palestinienne, presque comme en Suisse, avec des cantons démilitarisés: un canton à Gaza, les autres cantons en Cisjordanie et où le Jourdain serait la frontière de sécurité, Jérusalem la capitale d'Israël, unifiée sous la souveraineté israélienne... Telles sont les grandes lignes de notre solution.

L'AVÈNEMENT: Et le Golan?

Shimon Peres: Le Golan est compris dans le compromis territorial.

L'AVÈNEMENT: Un nouveau gouvernement d'union nationale est-il envisageable?

Shimon Peres: Le problème, ça n'est pas nécessairement la composition du gouvernement, mais la direction politique. Et pour le moment nous sommes divisés sur le problème de la paix qui est peut-être le plus important qui existe chez nous.

L'AVÈNEMENT: Actuellement, n'est-il pas plus «confortable» de rester dans l'opposition?

Shimon Peres: Nous ne cherchons pas le confort, nous cherchons le destin.

L'AVÈNEMENT: Comment voyez-vous, le processus de paix?

Shimon Peres: Il y a 3 étapes. La première est une solution interne, c'est-à-dire l'autonomie; la seconde c'est la solution permanente; la troisième c'est la construction de la région. Pour l'autonomie, je pense qu'on peut conclure un accord assez rapidement. L'autonomie elle-même durerait 5 ans. Le changement important, à mon avis, est dans l'ordre des choses; autrefois, c'était: solution interne, solution permanente puis problème régional. Aujourd'hui tout le monde est prêt à introduire le changement régional entre la solution interne et la solution permanente, parce que d'abord on n'a pas «le temps régional», si je puis dire, et aussi parce que la solution régionale soutiendra la solution permanente. Les conflits au Moyen-Orient ne sont pas seulement des conflits de frontières, mais aussi, plus hauts, des problèmes d'horizon...

L'AVÈNEMENT: Votre position par rapport aux Palestiniens a-t-elle changé?

Shimon Peres: Oui, je pense qu'on a tous compris que nous n'avons pas le temps, qu'il faut faire les choses plus vite et aussi que les palestiniens ne sont pas les seuls partenaires: on ne peut pas imposer les choses. Quand je parle d'un compromis territorial, c'est un compromis qui est offert aux 2 côtés, pas seulement à un seul.

L'AVÈNEMENT: Actuellement les États-Unis exercent des pressions sur Israël. Où donc votre pays peut-il trouver des appuis?

Shimon Peres: Il n'y a pas de pressions contre Israël, il y a des pressions pour la paix, ce n'est pas contre Israël. Les États-Unis ne se sont pas réveillés tout à coup comme un pays hostile à Israël; les responsables qui veulent faire avancer le processus de paix et ont pris ces positions, c'est autre chose! Quant aux appuis, on a des sympathies très profondes aux États-Unis comme en Europe.

©  AVÈNEMENT Mars 1992 No 40 


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LES COMBINAISONS POLITIQUES


L'originalité de la société israélienne permet une vie politique étonnante pour les Occidentaux

Près de deux siècles d'expérience démocratique ont formé les occidentaux à penser en matière de politique selon un axe de catégories allant de la droite à la gauche. Toutes les opinions touchant aux affaires publiques, aussi variées soient-elles s'alignent sur cet axe unique de coordonnées: les cadres ecclésiastiques, la population paysanne et l'aristocratie étant généralement confondues avec la droite conservatrice, la bourgeoisie avec les milieux libéraux, le «prolétariat ouvrier» et une partie des intellectuels avec la gauche progressiste ou révolutionnaire. De nos jours, ce schéma simpliste paraît déjà partiellement anachronique, nombre de théologiens et de prélats se situant idéologiquement à gauche, nombre d'ouvriers et d'employés votant pour des partis de droite.

Appliqué au tiers-monde, ce schéma se révèle inadéquat: où faut-il situer par exemple l'intégrisme musulman? Quel est son contraire, une gauche marxiste ou une droite libérale? Dans la vie politique israélienne, la situation est encore plus compliquée, et une certaine confusion règne dans les médias occidentaux à ce sujet, où l'on parle par exemple de Juifs ultra-orthodoxes d'extrême-droite, ce qui est une absurdité, comme nous le verrons. Pour clarifier les idées, considérons l'espace politique israélien selon trois axes de coordonnées, indépendants les uns des autres, générateurs de toute une série de combinaisons possibles.


L'AXE RELIGIEUX – ANTI-RELIGIEUX

À l'extrême «droite» de cet axe, nous trouvons plusieurs groupes ultra-orthodoxes et violemment anti-sionistes, tels les «nétoreï Karta» («les gardiens de la cité»), qui se refusent à reconnaître l'État d'Israël; sa création est, à leurs yeux, une entreprise impie d'hommes sans Dieu qui, dans leur arrogance impatiente, ont voulu réaliser politiquement la rédemption d'Israël avant la venue du Messie. Ces groupes s'interdisent la participation aux élections, refusent de profaner l'hébreu en le parlant (ils parlent le yiddisch dans la vie de tous les jours), refusent d'utiliser la monnaie israélienne (ils n'acceptent que des dollars américains, moins blasphématoires...). Leur attitude est apocalyptique: l'État d'Israël ira à sa ruine, avec tout ce qui n'est pas conforme à la Torah. Sur le plan politique, ils ont une position plutôt anarchiste: que périsse cette société impie pour que le Messie puisse venir! À la limite, ils sympathisent avec les mouvements terroristes arabes.

Un peu plus modérés sont les groupes orthodoxes non-sionistes – mais participant à la vie politique – tels «Agoudate Israël» (le parti des Hassidim aschkénazes), Deguel Hatorah (le parti des orthodoxes aschkénazes anti-hassidiques), Schass (le parti des orthodoxes séfarades). Leur programme politique: défendre leurs intérêts particuliers, assurer au maximum le financement de leurs institutions religieuses avec l'argent de l'État, imposer le plus possible de lois religieuses à la société israélienne (pas de transports publiques le sabbat, interdiction d'élever et de vendre du porc, etc.). Sur le plan pratique, ils sont pragmatiques et rejoindront la coalition qui leur assurera les plus grands avantages financiers et les plus grands succès dans l'imposition de la religion à la société.

Plus modéré encore, et profondément sioniste et patriote, est le Mafdal (Miflagah Datite Léoumite, le parti religieux national). Attachés à la tradition, les membres du Mafdal ne sont pas fanatiques et savent unir la religion des pères avec la vie politique d'un État moderne. Leur politique: promouvoir une société israélienne juive, fidèle à la religion et à la culture des pères, fidèle à la terre promise aux pères. Ils s'intéressent à l'instruction publique, préconisant dans les écoles un enseignement aussi juif que possible (étude de la Torah, de la littérature talmudique, de la tradition et du folklore). Ils sont contre un abandon des territoires pris lors de la guerre des Six jours et sont les principaux créateurs de nouvelles implantations. Depuis 1977, ils soutiennent systématiquement le Likoud.

Plus à gauche encore, nous trouvons des religieux dans les diverses tendances du parti travailliste. Il s'agit surtout d'intellectuels religieux qui, au nom de leur religion, ont adopté des positions contraires à celle du Mafdal.


L'AXE DROITE-GAUCHE SUR LE PLAN DE LA POLITIQUE INTERNATIONALE

C'est le schéma connu des médias internationaux. À l'extrême-droite se trouvent trois partis dont les nuances échappent à bien des observateurs étrangers.

Tehiyah («résurrection, renouveau») est le parti laïc, mais pas anti-religieux, de Guéoula Cohen et Youval Ne'eman. Leur politique: garder les territoires, créer des implantations.

Molédète («patrie») est le parti laïc de Rehavam Zéev qui, à l'idéologie de la Tehiyah, ajoute encore le programme du transfert: avec ou sans accord de paix, si la situation devient impossible, les Arabes des territoires devraient être transférés en Jordanie et au Liban, la terre d'Israël étant réservée aux Juifs.

Tsomète («carrefour») est le parti du général Rafael Eitan. Il combine le programme de la Tehiyah avec une politique anti-religieuse: les orthodoxes, anti-sionistes ou non sionistes, de toute façon non-patriotes, doivent être tenus à l'écart des décisions politiques.

Ces trois partis de droite soutiennent le Likoud, dans la mesure où celui-ci ne dévie d'une ligne nationaliste. Tout compromis du Likoud avec les travaillistes amène à brève échéance le départ de ces trois partis de la coalition.

Plus au centre, le Likoud («union» des libéraux et du «Héroute» l'ancien parti de Menahem Begin) est un parti laïc mais non anti-clérical, libéral désireux, notamment, de libérer le socialisme de la société israélienne telle que l'ont formée les pères de la nation (Ben Gourion et sa génération). Patriote, le Likoud s'oppose en général à l'abandon des territoires, quoique ce fut lui qui accepta de céder le Sinaï à l'Égypte lors de la signature des accords de Camp David. Il préconise une autonomie politique pour la population palestinienne, les territoires devant rester sous contrôle israélien. À deux reprises, en 1984 et en 1988, le Likoud n'a pas hésité à former un gouvernement d'union nationale avec le parti travailliste.

À gauche se trouve l'autre grand acteur de la scène politique israélienne, le Ma'arakh («l'alignement»), connu au dehors sous le nom de parti travailliste. Comme le Likoud, le Ma'arakh regroupe en son sein plusieurs tendances, parfois fort diverses. C'était le parti des pères politiques de la nation. Jusqu'à une époque très récente, il a conservé les slogans et les symboles traditionnels du socialisme de l'ancienne génération (célébration pathétique du 1er mai, drapeaux rouges, chant de l'«Internationale»), ce qui l'a, pour un temps, éloigné de l'électorat nouveau d'origine russe allergique au rouge. Dans l'ensemble, le Ma'arakh accepte l'idée d'un retrait des territoires, sauf de Jérusalem, et semble de plus en plus accepter l'éventualité de la création d'un État palestinien.

À l'extrême-gauche se trouvent, outre des groupuscules communistes, deux partis suivant une ligne socialiste stricte, violemment anti-religieuse: Ratss et Mapam. Ils préconisent l'abandon des territoires, la création d'un État palestinien et acceptent de soutenir le Ma'arakh dans la mesure où celui-ci suit une politique extérieure qui va dans leur sens.


L'AXE DROITE-GAUCHE SUR LE PLAN SOCIAL

Ici les rôles sont inversés entre le Likoud et le Ma'arakh. L'électorat du parti travailliste est constitué en grande partie de gens de profession libérale, d'intellectuels, de membres de l'«establishment» de la société héritée des pères fondateurs. L'électorat du Likoud, en revanche, se recrute en grande partie parmi les gens du petit peuple. C'est le Likoud qui aimerait nationaliser la caisse-maladie, les hôpitaux et la «Bank Hapoalim» en possession de la Histadroute, le grand syndicat au travers duquel le parti travailliste exerce un pouvoir démesuré sur l'ensemble de la population israélienne. Et, bien entendu, le parti travailliste refuse de perdre cet empire économique qu'est la Histadroute. Il est évident que si la caisse-maladie et la chaîne des dispensaires et des hôpitaux qui dépendent de la Histadroute étaient nationalisés, un grand nombre d'Israéliens quitteraient immédiatement la Histadroute, qui perdrait ainsi une partie importante de ses revenus.

Pour être bref, nous ne mentionnons que pour mémoire des groupuscules sans importance parlementaire, tels que les restes du mouvement du rabbin Kahana, le mouvement Shalom Akhshar («paix maintenant»), ou le parti Shinoui («changement»).

Puissent ces lignes permettre de comprendre la trame embrouillée de la vie politique israélienne!

De Jérusalem, Henri-Léon Vaucher

©  AVÈNEMENT Avril 1992 No 43


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LES SYRIENS NE SONT PAS PRÊTS À RECONNAÎTRE L'EXISTENCE D'ISRAËL


– Les négociations pour la paix qui se tiennent à Washington et qui sont la conséquence directe de la Conférence de Madrid, ont abouti à une impasse et ne seront vraisemblablement reprises qu'en été, pour autant qu'il y ait reprise!

Le quatrième tour de ces négociations a débuté fin février, dans un contexte de discorde, après que l'un des délégués palestiniens ait déclaré dans une interview accordée à l'agence de presse Reuter qu'il faudrait tordre le cou aux délégués.

© NOUVELLES D'ISRAEL Avril 1992

 

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ISRAËL EN CAMPAGNE


Les élections à la Knesset intéressent le monde entier

LE 23 JUIN, LES ISRAÉLIENS SE RENDRONT AUX URNES POUR ÉLIRE LES 120 MEMBRES DE LA KNESSET, LE PARLEMENT ISRAÉLIEN. TRENTE FORMATIONS POLITIQUES SE DISPUTENT LES SUFFRAGES DES ÉLECTEURS. LE RÉSULTAT S'ANNONCE EN TOUT CAS DES PLUS SERRÉS.

Les partis désireux de prendre part aux élections avaient 2 jours, les 18 et 19 mai, pour s'inscrire devant le comité électoral et déposer leurs listes de candidats. Les représentants des listes nouvelles ont passé la nuit précédant l'ouverture des inscriptions dans le jardin qui fait face à la Knesset pour être parmi les premiers reçus au comité électoral et les premiers à choisir les lettres de l'alphabet hébreu qui représenteront leur parti. Un humoriste des années 50 avait noté qu'une campagne électorale en Israël pouvait ressembler à une campagne de lutte contre l'analphabétisme: les murs des villes sont recouverts d'affiches ou de graffitis représentant toutes les lettres de l'alphabet, isolées ou groupées (l'alphabet hébreu ne comptant que 22 lettres, il a fallu attribuer à plusieurs partis un ensemble de lettres: alef-mem-tav pour le parti travailliste, mem-het-lamed pour le Likoud).

En Israël, comme dans beaucoup de démocraties, les listes nouvelles pullulent (15 sur les trente inscrites) et la plupart n'obtiendront même pas le minimum de voix nécessaire pour être représentées: 1,5%, soit 40 000 suffrages. Parmi ces listes, relevons: le parti des chauffeurs de taxis, celui du Royaume d'Israël (dont le programme est de rebâtir le Temple), le parti de la femme (féministe, bien entendu), celui des victimes des intérêts hypothécaires élevés, le parti de l'espoir (des quartiers déshérités), deux partis de nouveaux immigrants russes, deux partis s'affirmant héritiers spirituels du rabbin terroriste Kahana assassiné aux États-Unis en 1990, le parti d'un fabricant de salades en boîtes, Picanti (qui part en guerre contre le fisc) etc.

Le nouveau parti libéral de Yitzak Modaï, ancien membre du Likoud, a des chances d'obtenir quelques mandats. L'extrême-droite est plus fragmentée que jamais: à Moledet, Tehiyya et Tsomet s'ajoutent le parti de «I'État de Judée» (contre la restitution des territoires), le parti du rabbin Levinger d'Hébron et les deux partis disciples de Kahana. Chez les orthodoxes, on assiste à un regroupement et à des divisions.

Regroupement: Agoudate Israël, Deguel Hatorah et Moriah (la nouvelle formation du rabbin Perets, ancien membre de Shass) s'unissent pour former un parti unique, Yahadoute Hatorah (le judaïsme de la Torah); divisions: le parti Shass reste autonome, tandis que deux rabbins orthodoxes instaurent, chacun de son côté, un nouveau parti.

Regroupement encore du côté de l'extrême-gauche: Shinouï, Rats, et Mapam fusionnent et constituent le parti Merets («énergie», mélange des consonnes de Rats et de Mapam). Division, en revanche, du côté arabe, où plusieurs partis se constituent autour de personnalités politiques indépendantes.

La campagne est chaude, voire même violente en certains endroits, lorsque les agitateurs de l'un des deux grands partis vont déranger les réunions électorales de l'autre, malgré l'appel au calme du président Herzog et de plusieurs personnalités. C'est que l'enjeu de la campagne est de taille: l'avenir des territoires, des implantations, du statut de Jérusalem, même si, en fait, les décisions réelles se prendront à Washington ou ailleurs. L'incertitude quant aux réactions de l'électorat israélien, contribue également à faire monter la tension. Alors qu'en décembre dernier les sondages d'opinion attribuaient au Likoud une supériorité écrasante sur le Ma'arach (parti travailliste), en mai les deux blocs adverses semblaient s'équilibrer. Des querelles intestines ont affaibli le Likoud, tandis que le Ma'arach, en mettant comme tête de liste le général vainqueur de la guerre des Six-jours, Yitz'ak Rabin, a partiellement rassuré une partie des électeurs déconcertés par la personnalité versatile de Shimon Pères et troublés par la puissante représentation des «colombes» dans la liste travailliste.

Avec sarcasme, les commentateurs politiques soulignent que si les dirigeants du Likoud ont tout fait pour nuire à leur propre parti par leurs luttes internes sans fin, leurs adversaires, en Israël comme à l'étranger, ont tout fait pour voler au secours du Likoud: les travaillistes en présentant un grand nombre de candidats teintés d'une gauche radicale, l'OLP en demandant aux citoyens arabes d'Israël de soutenir Rabin; les États-Unis en ne cachant pas, eux non plus, leur préférence pour le parti travailliste et en faisant toutes sortes de tracasseries à Israël sur les plans économique et diplomatique: réduction de l'aide financière, refus de garantir les prêts, accusations vaines (l'enquête menée en Israël par les Américains eux-mêmes l'a démontré) selon laquelle Israël aurait vendu à la Chine le savoir-faire technologique américain dans le domaine des fusées, et en ressuscitant la fameuse résolution 194 de l'ONU sur le droit de retour des Palestiniens sur les terres qu'ils avaient abandonnées en 1948.

Cette affaire est suffisamment exemplaire des liens entre l'histoire et le présent et des rapports entre Israël et l'opinion internationale pour que nous l'examinions en détail. Pendant les premiers mois de la guerre d'indépendance, alors que les combats faisaient encore rage et que la situation dans la région demeurait confuse, une résolution fut votée à l'ONU, dans laquelle était affirmé le droit des «Palestiniens» (c'est-à-dire des Arabes qui avaient quitté leurs terres avant les combats, ou au début de ces combats) à retourner chez eux. Nul ne pouvait prévoir, à l'époque, l'intensité de l'hostilité arabe envers le nouvel État, ni le flot de réfugiés juifs que ce «nouveau-né» dut accueillir en provenance des pays arabes où ils abandonnaient tous leurs biens pour fuir la persécution et sauver leur vie. Combien de Palestiniens étaient concernés par cette résolution de l'ONU? Les chiffres les plus incroyables ont été avancés, certains dépassant de loin le total de la population arabe en Palestine britannique en 1948! Se basant sur les statistiques connues et sur l'estimation du nombre d'habitants des localités arabes abandonnées, les sources israéliennes estiment que le nombre des réfugiés arabes palestiniens de l'époque se situe entre 350 000 et 500 000. Ces réfugiés ont abandonné en grande partie des villages pauvres ou des quartiers déshérités des grandes villes du pays. Ce qui est certain, en revanche, c'est que 800 000 juifs en provenance des pays arabes ont dû laisser derrière eux des demeures souvent fastueuses et des entreprises florissantes dans les pays arabes où ils ont vécu pendant des siècles. C'est une des raisons pour laquelle les gouvernements israéliens, quelle que soit leur couleur, ont toujours refusé la réintégration massive des réfugiés palestiniens, exhortant les gouvernements arabes à prendre soin de leurs réfugiés comme l'État juif a pris soin des siens... Entre-temps, le nombre de réfugiés palestiniens, parqués, au début, dans des camps exigus par leurs frères arabes et entretenus par l'UNWRA (l'organisation d'aide des Nations Unies aux réfugiés) s'est accru; à eux se sont joints un nombre indéterminé d'Arabes locaux désireux de bénéficier du soutien financier international.

Au total, les personnes portant le qualificatif de «réfugiés palestiniens» sont estimées à plusieurs millions. Le bon sens et la réflexion historique permettent de dénoncer l'invraisemblance de ce gonflement démographique. Ces réfugiés se trouvent dispersés dans tous les pays arabes du Moyen-Orient, où beaucoup d'entr'eux, quittant la promiscuité des camps, se sont intégrés dans la société arabe locale et ont réussi, grâce, notamment, à l'instruction et à la formation professionnelle reçues pendant leur jeunesse en Palestine britannique. Cette population, dont on ne peut remettre en cause l'aspiration légitime à une vie décente, est foncièrement hostile à l'État d'Israël et à tout ce qui touche au judaïsme. C'est une autre raison qui explique le fait qu'aucun gouvernement israélien, de gauche comme de droite, n'est prêt à se laisser submerger par ces millions d'ennemis déclarés. Cela signifierait simplement l'élimination physique de l'État d'Israël...

L'attitude des États-Unis à propos de cette affaire est d'autant plus surprenante que l'un des arguments utilisés par Washington pour tenter de convaincre Israël de faire des concessions territoriales importantes était précisément d'affirmer que les États arabes et les dirigeants palestiniens avaient, de fait, abandonné l'idée du «droit au retour». Alors pourquoi Margaret Tutwiler, porte-parole du département d'État américain, a-t-elle ressorti de l'ombre cette résolution 194 vieille de 44 ans?

Au fil des déclarations et des mises au point, les conseillers du président Bush n'ont fait que s'embrouiller davantage. La dernière déclaration de Margaret Tutwiler se veut formelle: seules les résolutions 242 et 338 de l'ONU forment le cadre du processus de paix actuel.

Pour Washington, l'affaire est close. Mais l'administration du président Bush ne pouvait mieux faire si son intention était de nuire à la gauche israélienne. De l'extrême-gauche à l'extrême-droite, tous les citoyens israéliens ont été choqués par les déclarations de Madame Intweiler selon lesquelles les États-Unis continueraient à appuyer la résolution 194. Ceux qui rêvaient d'un changement d'attitude de la part des gouvernements arabes se sont brusquement réveillés: ils ont pu constater que les bases de la diplomatie arabe n'ont pas changé et que l'administration américaine semble s'en accommoder. La position des pacifistes généreux, prêts aux concessions maximales, s'est révélée fragile, reposant sur des rêves et des espoirs plus que sur des faits politiques nouveaux.

Un événement de dernière heure peut encore influencer l'électorat israélien dans un sens ou dans un autre. Ce pourrait être, par exemple, un attentat terroriste spectaculaire, ou une déclaration maladroite d'un politicien israélien. Nous en saurons davantage au lendemain du scrutin. Une chose est certaine: la pression du monde, en particulier du monde occidental, sur Israël n'ira pas en décroissant, d'ici au 23 juin, et, quelle que soit la ligne idéologique du gouvernement qui sortira des urnes, il aura à affronter des temps difficiles.

De Jérusalem, Henri-Léon Vaucher

© AVÈNEMENT Juin 1992 No 47


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44e ANNIVERSAIRE DE L'INDÉPENDANCE


Le nombre des victimes de la guerre au sein de Tsahal depuis la guerre d'indépendance de 1948 s'élève aujourd'hui à 17.418. Les invalides de guerre qui sont pris en charge par l'État sont au nombre de 59.180. Ces chiffres ont été publiés à la veille des cérémonies qui marquent le 44ème anniversaire de l'indépendance.

Celles-ci ont débuté comme chaque année par la journée de commémoration en hommage aux soldats qui sont tombés en servant dans l'armée israélienne. Durant cette journée, des cérémonies nationales du souvenir ont été organisées dans les 40 cimetières militaires du pays. C'est à la fin de celle-ci qu'ont commencé les manifestations de l'anniversaire de l'indépendance proprement dites. Cette année, elles furent placées sous le signe du 50ème anniversaire de l'expulsion des Juifs d'Espagne. L'événement le plus marquant fut la cérémonie organisée sur le mont Herzl où une multitude de torches brandies formèrent un spectacle impressionnant. Tous ceux qui allumèrent ces torches étaient des descendants d'anciens expulsés espagnols qui témoignèrent ainsi de l'évolution de l'histoire juive depuis l'expulsion jusqu'à la naissance de l'État juif indépendant. (ZL)

©  Nouvelles d'Israël 07 / 1992


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«À MORT LES JUIFS»


«Des pierres sont lancées, qui tuent des Juifs», peut-on lire dans un poème de l'Arabe Schafik Chabib. Ces vers ne sont pas uniquement de la poésie, mais de véritables appels au meurtre. C'est d'ailleurs ce que prouvent les déclarations des quatre meurtriers arabes qui ont assassiné trois Israéliens dans un camp de toile, près de Galed. Ils ont fait l'aveu suivant: «Nous sommes sortis pour tuer des Juifs, nous les avons attaqués pendant leur sommeil et les avons tués à coups de couteau.»

À Jaffa, Ilanit Ohana, âgée de 19 ans, a été attaquée et poignardée par un Palestinien de 22 ans et, lorsque le chauffeur de taxi arabe Abdel Ghani Karim (44 ans) s'est précipité pour lui porter secours, il a également été assassiné. Le meurtrier a agi sur ordre du «Djihad» islamique (Guerre sainte), dont les statuts précisent: «Pas de repos avant que le dernier Juif de la terre ait été liquidé». Ainsi, au «nom d'Allah miséricordieux», un attentat à l'explosif a été perpétré le 17 mars contre l'ambassade israélienne à Buenos Aires, faisant 29 morts et 225 blessés. M. Hans-Dietrich Genscher, alors ministre des Affaires étrangères allemand, a adressé une lettre de condoléances au gouvernement israélien où il exprimait son «horreur» et son «indignation» devant «cet attentat terroriste lâche». Le lendemain, il a pourtant reçu des hommes politiques islamiques, connus pour leur haine envers Israël, sans les condamner pour cet attentat à la bombe.

La révolte de l'Intifada contre Israël a connu un tournant: la direction de l'Intifada a une nouvelle fois permis aux commerçants arabes de garder leur magasin ouvert jusqu'à 15 heures et jusqu'à 17 heures dans la vieille ville de Jérusalem, alors que jusqu'à présent, ils devaient fermer à 13 heures. En fermant plus tôt leurs magasins, les propriétaires devaient montrer leur solidarité vis-à-vis de l'OLP et de la direction de l'Intifada. Étant donné que cette mesure rendait l'OLP de plus en plus impopulaire dans les milieux commerçants, les leaders de l'Intifada ont lâché prise sur ce terrain, mais ont renforcé leur action sur d'autres, comme le prouvent les chiffres suivants:

En janvier, 66 attentats à la bombe: 20 morts En février, 61 attentats à la bombe: 27 morts En mars, 116 attentats à la bombe: 29 morts En avril, 127 attentats à la bombe: 31 morts

L'évolution suivante montre que l'Intifada n'est en aucun cas un «combat de libération du peuple palestinien», mais consiste plutôt en une terreur imposée par divers groupes radicaux, dirigée en premier lieu contre leur propre peuple, afin de les contraindre par des mesures d'intimidation à suivre leur politique:

Du 1er janvier au 30 avril 1992, 120 personnes ont péri en raison des troubles de l'Intifada. Parmi elles, 107 personnes (102 Palestiniens et 5 Israéliens) ont été assassinées par des Palestiniens de l'Intifada. Durant la même période, 13 Palestiniens ont été tués par les forces de sécurité israéliennes.

En Israël, les plaintes d'«Amnesty International» ont été qualifiées «d'absurdes et de parti pris». En effet, cette organisation ne considère que les 13 Palestiniens tués par des Israéliens, mais ferme totalement les yeux sur les 107 autres victimes. «Amnesty International» a en outre affirmé que la «torture était pratiquée dans la prison israélienne d'El-Khiam au Sud-Liban». En dépit du fait que l'administration et la gestion de cette prison sont uniquement sous la responsabilité de l'armée ZADAL sud-libanaise, «Amnesty International» accuse Israël. «Amnesty International» critique le fait que les Sud-Libanais aient refusé à la Croix-Rouge l'accès à la prison d'El-Khiam, dans laquelle se trouvent 200 détenus, et cela suffit à «Amnesty International» pour supposer que des tortures y sont pratiquées et en accuser Israël. «Amnesty International» passe sous silence le fait que les Sud-Libanais ont refusé l'accès à la Croix-Rouge à cette prison uniquement dans le but de faire pression sur cette organisation, afin qu'elle s'occupe enfin des Sud-libanais détenus par des organisations terroristes libanaises. Le général Antoine Lahed de la ZADAL insiste: «Si la Croix-Rouge s'occupe de nos compatriotes détenus par les musulmans, nous lui ouvrirons les portes de notre prison.» Les journalistes qui ont visité cette prison ont démenti les accusations «d'Amnesty International».

Les prisons de sécurité israéliennes abritent actuellement 4.980 détenus, dont la plupart ont été condamnés à des peines de courte durée. 70% des prisonniers appartiennent à l'organisation terroriste FATAH de l'OLP, 11 % au groupe islamique HAMAS, 10% au Front démocratique de l'OLP, 8% au Front populaire de l'OLP, 3% au groupe terroriste du «Djihad islamique» et 2% sont des terroristes d'obédience communiste. Les excès commis par des soldats israéliens à l'encontre de Palestiniens sont punis par la loi. D'ailleurs, 11 soldats et officiers israéliens comparaissent actuellement devant des tribunaux, car ils se sont montrés violents à l'égard de détenus ou ont fait usage de leur arme à feu trop rapidement. En effet, d'après les ordres, un soldat israélien ne peut tirer que lorsqu'il est agressé et que sa vie est directement mise en danger, ce qui signifie que l'agresseur a toujours l'avantage sur les Israéliens.

Les terroristes de l'Intifada tuent, eux, sans respecter aucune règle, peu importe qui, peu importe comment:

Le 11 mai, quatre Palestiniens de l'Intifada ont fait irruption dans l'école UNWRA, à Gaza, et ont tué l'instituteur arabe âgé de 42 ans Abdul Maati el-Buheisdi sous les yeux des enfants en proférant les menaces suivantes: «Il en sera ainsi pour tous ceux d'entre vous qui ne collaboreront pas avec nous.»

Le 12 avril, à Rafiach, Machmud Chader Wadi, jeune élève de 15 ans, a été sorti de nuit du domicile de ses parents et étranglé, car il refusait de se joindre à une bande de terroristes.

Le 22 avril, à Jenin, Ahmed Istateh, médecin arabe de 53 ans, directeur du dispensaire local, a été tué à coups de couteau par des terroristes de l'Intifada.

Le 3 avril, à Gaza, trois Palestiniens ont été emmenés par des Arabes masqués devant la mosquée et exécutés sous les yeux des musulmans en prière. Deux d'entre eux ont été abattus et le troisième tué à coups de couteau. Personne n'est intervenu, tous se sont contentés de répéter, intimidés: «Allahu akhbar! -Allah est grand».

Le 14 mars, dans le village de Hajje, M. et Mme Shanaa, deux Arabes âgés de 70 ans, ont été assassinés dans leur logement par des Palestiniens de l'Intifada. Par la suite, ces meurtres ont été qualifiés de «messages de libération» par la direction de l'Intifada. Mais Amnesty International préfère ne pas parler de ces exactions. (LS)

©  Nouvelles d'Israël 07 / 1992


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LE PORT DE HAÏFA POUR LA 6ÈME FLOTTE AMÉRICAINE


Quelques éléments positifs en dépit des relations tendues entre les USA et Israël

La collaboration stratégique entre les deux États est placée sous le signe de l'optimisme. Les États-Unis envisagent en effet d'investir des millions de dollars dans le port d'Haïfa, afin d'élargir et d'approfondir celui-ci en vue de permettre aux porte-avions d'y jeter l'ancre. Il s'agira également d'améliorer de manière décisive les possibilités techniques des chantiers navals. Ce projet vient de faire l'objet de négociations entre une organisation juive et un membre du gouvernement américain. Actuellement, le porte-avions de la sixième flotte doit mouiller au large d'Haïfa, car ce bâtiment de guerre est trop grand pour le port actuel d'Haïfa.

Le projet présenté par le Pentagone a été approuvé par le Congrès. Cette décision souligne également l'importance stratégique de l'infrastructure du port de Haïfa pour la 6ème flotte américaine au Proche-Orient – par rapport à d'autres ports de la région. En juillet 1992, 30 navires de la sixième flotte mouilleront dans le port afin de profiter de ces services. (ZL)

© Nouvelles d'Israël 07 / 1992

  

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QUERELLE ENTRE LE ROI HUSSEIN ET LE ROI FAHD À PROPOS DU DÔME DU ROCHER


La coupole dorée qui orne le dôme du Rocher à Jérusalem sera prochainement restaurée. Cette entreprise durera plusieurs mois. Les coûts sont estimés à environ huit millions de dollars. Jusqu'à présent, on ignore encore qui financera cette opération onéreuse. Le roi Hussein de Jordanie et le roi Fahd d'Arabie Saoudite se disputent actuellement cet honneur. Tous deux souhaitent prendre ces travaux de rénovation à leur charge et se poser en protecteur des Lieux saints de l'Islam à Jérusalem. Le roi Hussein a vendu sa résidence privée de Londres pour pouvoir financer cette entreprise. Pour sa part, Israël a annoncé qu'il ne souhaitait pas s'immiscer dans cette querelle entre les deux maisons royales étant donné la liberté dont jouissent les représentants de toutes les religions et de tous les groupes de population. (ZL)

© Nouvelles d'Israël 07 / 1992


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RELATIONS AVEC LES ÉTATS UNIS


Le Président américain Georges Bush et ses collaborateurs s'efforcent d'améliorer leurs relations avec la communauté juive des USA. À ce propos, ils ont notamment mis en branle le processus d'une rencontre importante avec des personnalités juives de premier plan. Les diplomates israéliens en poste aux USA supposent que le changement d'attitude de M. Bush est dû au fait que Ross Perot, candidat libre aux élections présidentielles, bénéficie d'un vaste soutien de la part de l'opinion publique. M. Bush et ses conseillers ont bien évidemment compris l'importance des voix juives pour le scrutin, mais ils ont surtout besoin des Juifs pour financer la campagne électorale. (ZL)

© Nouvelles d'Israël 07 / 1992


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