Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Etudes bibliques

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CONNAÎTRE CHRIST COMME FILS DE DIEU ET COMME SAUVEUR


Discours prononcé à Lausanne, place de Montbenon, le dimanche 5 mars 1922, à 3 heures. 

Jean 14,21: Celui qui a reçu mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime. Et celui qui m'aime sera aimé de mon Père, je l'aimerai et je me ferai connaître à lui. 


Connaissance incomplète de Jésus-Christ. 

Il ne se fait pas connaître à chacun, mais seulement à ceux qui y sont préparés et cherchent la vérité de tout leur coeur. Il ne veut pas se révéler à nous dans l'impatience et le tourbillon de la vie. Nous lisons dans Marc 8, 22 , qu'un jour où notre Sauveur se trouvait dans la ville de Bethsaïda, entouré de la foule, il y avait là un aveugle venu d'un village des environs, que ses amis amenèrent à Jésus, afin qu'Il le guérit. Christ alors, prenant l'aveugle par la main, le fit sortir du village. 

Il ne voulait pas le guérir au milieu de la foule, qui aurait pu être une entrave à l’oeuvre qu'il désirait accomplir. Le Seigneur fit alors une chose que, sans doute, vous n'aimeriez pas du tout: Il mit de la salive sur les yeux de cet homme. Si certains d'entre nous avaient été là, ils auraient perdu la foi. Nous n'aurions pas aimé cette salive et nous aurions dit: «Mais ne peut -il pas le guérir d'un mot, sans même toucher le malade?» Pourtant, il y avait une cause déterminée à cet acte. La salive ne contenait aucune médecine, aucun remède, mais Christ désirait se rendre compte de la foi de l'aveugle: «S'il ne fait pas d'objection, je le guérirai». Cet aveugle avait de la foi, certainement, mais il y avait encore quelque difficulté; sa foi n'était pas entière, il y avait un déficit dans sa foi, aussi ne reçut-il qu'une demi-guérison. Christ lui demande s'il voit quelque chose, et il répond: «je vois des hommes qui marchent et qui sont comme des arbres...» 

Mais les hommes ne sont pas comme des arbres! Ses yeux n'étaient qu'à demi-ouverts; il ne pouvait pas voir les choses clairement, aussi Christ dut-il toucher ses yeux de nouveau. Au commencement, il n'avait pas assez de foi pour que Christ pût le guérir et il ne reçut qu'une demi-vue, mais ensuite sa foi augmenta, il crut entièrement et reçut alors une guérison complète. 

  Il y a, aux Indes, des gens qui ressemblent à cet aveugle. Leurs yeux sont ouverts, mais ils n'ont reçu qu'une demi-vue, ils ne voient pas distinctement. De même que cet aveugle vit des hommes qui étaient comme des arbres, de même beaucoup de chrétiens, aux Indes, ne réalisent pas, ne voient pas Christ. Ils pensent qu'il n'a été qu'un homme et ne voient pas qu'Il est Dieu. 


L'agitation, le manque de prière et le péché empêchent de connaître Christ comme Sauveur. 

Pour pouvoir donner à cet aveugle une vue entière, Christ le fit sortir de la foule. Si nous consacrons du temps à la prière, dans une retraite tranquille et solitaire, nous recevrons une vue entière. Ici, en Europe, les gens sont tellement occupés qu'ils n'ont pas le temps de voir leur Dieu. C'est très bien de travailler, mais il est nécessaire d'avoir un peu de temps pour être seul avec Dieu, sinon nous ne pouvons pas voir Dieu, nous ne pouvons pas comprendre les choses de l'ordre spirituel. 

Cependant, il y en a aussi en Europe qui connaissent vraiment Christ comme le Sauveur vivant et qui partent comme missionnaires. D'autres, qui ne peuvent pas partir eux-mêmes, aident par leurs dons ceux qui s'en vont afin que les contrées qui n'ont pas encore eu l'occasion de recevoir l'Évangile puissent à leur tour en entendre le message. Mais nous ne pouvons rien faire pour les autres si nous n'avons pas premièrement compris et réalisé nous-mêmes qui est Jésus-Christ. 

Beaucoup d'entre nous le connaissent comme le Fils de l'homme, ainsi que c'était le cas pour l'aveugle-né. Cet homme aurait dû être infiniment reconnaissant, car, enfin, il était né aveugle et ses yeux furent miraculeusement ouverts; mais, bien qu'il eût reçu la vue, il y avait une chose des plus importantes qu'il ignorait encore. Sans doute, lorsque ses connaissances l'interrogèrent, lui demandant comment il avait trouvé la guérison, il rendit ce témoignage: «Jésus-Christ m'a guéri.» Mais, quand Jésus, l'ayant rencontré de nouveau, lui demanda: «Crois-tu au Fils de Dieu?», il ne savait pas du tout de qui il était question. Il connaissait le Fils de l'homme, mais il ne savait pas que Jésus, le Fils de l'homme, est aussi le Fils de Dieu, de sorte que, ayant reçu la vue de ses deux yeux, il avait reçu Jésus comme le Fils de l'homme; n'ayant pas reconnu que ce même Jésus est le Fils de Dieu, il n'avait pas reçu la vue de l'Esprit. 

Combien de chrétiens, dont les yeux paraissent être ouverts, ne voient Christ que comme un grand homme, un homme parfait, sans discerner en Lui le Christ vivant, Dieu incarné. La vue des yeux du corps ne suffit pas; il faut posséder la vue spirituelle. Ce sont nos yeux spirituels qui doivent s'ouvrir et alors nous voyons, en Jésus-Christ, le Fils de Dieu Lui-même. 

Beaucoup de chrétiens sont comme Marie, qui aimait Jésus-Christ et allait le voir dans son tombeau lorsqu'Il ressuscita des morts. Elle aimait Jésus de toute son âme et pourtant, quand elle le vit sorti du tombeau elle ne le reconnut pas. Sa vue était troublée par les larmes, il y avait devant ses yeux comme un brouillard qui l'empêchait de le reconnaître; elle crut que c'était le jardinier. C'est ainsi pour beaucoup de chrétiens, ils aiment Jésus sans reconnaître en Lui le Sauveur qui se leva d'entre les morts, le Christ vivant. Ils ne peuvent pas le reconnaître à cause du brouillard du péché et de l'erreur; ils ont des larmes de tristesse plein les veux. 

Mais, quand ils ouvrent leur coeur à Christ, alors ils le reconnaissent. Marie reconnut sa voix. Si nos coeurs sont remplis de sa présence, nous le reconnaissons partout, dans le jardin, dans les lieux solitaires, lui, Jésus, le Sauveur du monde. Il s'est fait homme pour nous et, parce qu'il a vécu comme un homme, nous ne pouvons pas croire qu'il est Dieu. 


Parabole du propriétaire de moutons déguisé. 

Il y a quelques années, dans les montagnes de I'Himalaya, je rencontrai un homme qui possédait plusieurs centaines de moutons. Ayant perdu quelques-uns de ces animaux, égarés ou malades dans la montagne, il demanda à ses serviteurs d'aller à leur recherche; ils refusèrent, par crainte des bêtes féroces. Voyant que ses serviteurs avaient peur, le maître décida d'aller lui-même à la recherche de son troupeau perdu, pour le sauver. En réfléchissant à la chose, il se dit: «Si je vais tel que je suis, les moutons ne me reconnaîtront pas. Ils connaissent mes serviteurs qui les ont conduits au pâturage, mais moi ils ne me connaissent pas. Ils faut que je ressemble à un mouton et ils me suivront!» Cet homme fit alors une chose bien extraordinaire: Il se couvrit d'une grande peau de brebis et sortit ainsi vêtu, en s'efforçant de marcher comme un mouton. 

Les moutons ne s'effrayèrent pas du tout en voyant arriver cet être qui leur ressemblait tellement, et il put ainsi les ramener au bercail. Tout heureux d'avoir sauvé tous ses moutons égarés, le maître enleva la peau de brebis. Le troupeau dut alors être très surpris, car il croyait avoir à faire à une brebis et voilà que c'était un homme. Il était devenu pareil à une brebis, afin de sauver ses brebis perdues, par amour pour son troupeau. Jésus-Christ, qui est Dieu, s'est fait homme par amour, afin de sauver ceux qui étaient perdus. 

Les aveugles spirituels croient qu'il n'est qu'un homme, mais le temps viendra où ils comprendront qu'il n'est pas un simple homme, qu'Il est le Fils de Dieu, qui s'est fait homme pour sauver l'humanité perdue. Ceux qui mettent du temps à part pour la prière ne sauront pas cela au dernier jour seulement, mais le comprendront déjà dans ce monde. Ils sauront que, bien qu'il ait été semblable à nous et qu'il ait vécu en Palestine comme un simple homme, il était Dieu. Cela, le monde ne peut pas le reconnaître; les hommes de prière seuls arrivent à le réaliser. Il y a quelques années, moi aussi je ne le connaissais pas tel qu'il est; je pensais qu'il n'était qu'un grand homme.


Le Christ vivant est apparu à Sundar Singh lors de sa conversion. 

J'aimerais redire ici comment je me suis converti, comment je suis devenu chrétien. Beaucoup d'entre vous ne savent pas que j'étais un ennemi de Jésus-Christ. je déchirais l'Évangile et je le jetais au feu; je pensais: «C'est une religion fausse; notre hindouisme est la seule vraie religion». Quand, tout jeune encore, je ne fus plus satisfait par ma religion, je ne voulus pourtant pas croire à Jésus-Christ et je pensai à me suicider. 

 Un matin, je me levai de très bonne heure, je pris un bain froid et me mis à prier, demandant que, si Dieu existe, Il vînt me montrer le chemin du salut. À cinq heures du matin, un train devait passer et j'avais décidé de me suicider en me mettant sur les rails, si je n'avais pas auparavant trouvé la paix. Je priais donc pour que Dieu se révélât à moi, sinon j'irais me suicider, afin de le rencontrer dans l'autre monde. Au bout d'une heure et demie de prière, je vis quelque chose de merveilleux que je ne compris pas tout d'abord. Là, dans ma chambre, le Christ glorieux m'apparut et me dit d'une voix pleine de douceur: «jusqu'à quand me persécuteras-tu? Je suis mort pour toi; je suis le Sauveur du monde». Je ne m'y serais jamais attendu. 

C'était le 18 décembre 1904, et trois jours auparavant j'avais brûlé la Bible! Alors, la puissance du Christ vivant me pénétra et je trouvai mon Sauveur, mon tout. 

Lorsque je me relevai, Il avait disparu, mais la paix merveilleuse qui remplissait mon coeur ne m'a pas quitté. Il faisait encore nuit quand j'allai réveiller mon père, qui dormait dans une autre chambre, et lui racontai ce qui m'était arrivé. Je lui dis: «Maintenant, je suis chrétien». Il ne pouvait pas le croire: «Comment! Avant-hier tu brûlais la Bible et aujourd'hui tu serais chrétien! C'est impossible!» je répondis: «C'est vrai! je connaissais Jésus-Christ par les livres, mais maintenant je Le connais, Lui, le Christ vivant, parce que je l'ai vu et je sais qu'Il est Dieu. Je l'ai haï aussi longtemps que j'ai cru qu'il n'était qu'un homme, mais maintenant Il s'est révélé à moi, je veux le servir». 

Si je n'avais pas vu le Christ vivant, je n'annoncerais pas l'Évangile que je brûlais il y a quelques années. Cependant, je ne suis pas ici pour prêcher, mais pour rendre témoignage de ce que Jésus-Christ peut faire. S'il peut se révéler d'une manière si magnifique à un ennemi, combien plus peut-Il se révéler à vous, qui le connaissez depuis votre enfance? Il ne suffit pas d'avoir entendu parler de Jésus-Christ; il faut le connaître lui-même, personnellement. je suis certain que, par la prière, il se révélera aussi à vous; alors, vous le connaîtrez tel qu'il est, et non seulement il se révélera à vous, mais il viendra lui-même vous donner la puissance, la joie, la paix, pour surmonter les tentations. C'est ma propre expérience.


Nécessité de prier chaque matin et de rendre témoignage. 

Je ne vous dirai pas tout ce qu'il a fait pour moi, car vous ne pourriez pas le comprendre. Les hommes ne croient pas à ces choses, parce qu'ils ne les comprennent pas et ils ne les comprennent pas, parce qu'ils n'en ont pas fait l'expérience. Si vous priez, si, chaque matin, vous savez réserver un moment de prière tranquille avec le Seigneur, vous verrez des choses magnifiques, car tout est possible avec Dieu et vous devez devenir ses témoins.

Il est probable que je ne vous reverrai jamais, mais je veux encore vous dire que, si vous ne consacrez pas du temps à la prière et ne rendez pas témoignage au Christ vivant, vous serez blâmés au jour du jugement. Je vous ai donné mon témoignage, je vous ai dit les choses merveilleuses que le Seigneur a faites pour moi; j'ai fait mon devoir. À vous maintenant de faire le vôtre. Il ne suffit pas de s'appeler chrétien et d'entendre parler de Christ, il faut apprendre à le connaître comme son Sauveur personnel. Ce n'est que lorsque nous sommes en relation intime avec Lui que nous, le connaissons et le servons; alors, nous ne pouvons plus nous taire; nous allons dire à d'autres que Jésus-Christ est le Christ vivant. 

  Avant de quitter les Indes, je rencontrai un homme qui avait vu un enfant né avec deux têtes. C'est une chose extraordinaire qu'un enfant avec deux têtes, et cet homme avait besoin de raconter cela. Eh bien, celui qui a vu le Créateur lui-même, comment pourrait-il se taire? Ceux qui se taisent, ceux qui ne savent pas ouvrir la bouche pour parler de Christ, ne l'ont pas vu, car si nous l'avons vu, nous ne pouvons plus nous taire, l'amour pour notre Sauveur nous contraint à parler; nous devons dire: «Venez et voyez Celui qui est le Christ vivant». Il veut faire de grandes choses pour vous aussi, si vous lui en donnez l'occasion. Il vous demande de Lui consacrer quelques instants chaque jour pour vous recueillir avec lui dans la prière, afin qu'il puisse se révéler lui-même à vous, mais vous n'avez pas le temps, vous êtes trop occupés! 

Si vous n'avez pas de temps pour la prière, vous ne le connaîtrez jamais. C'est la prière seule qui peut vous faire voir Jésus-Christ et alors il parlera à vos âmes. Que Dieu nous aide à le connaître, et quand nous le connaîtrons, nous aurons la puissance d'être ses témoins. 


Hommage à la Mission. 

Je désire ajouter quelque chose que j'ai oublié de vous dire. J'ai rendu mon témoignage, mais je voudrais aussi rendre témoignage à ces serviteurs du Christ, qui sont venus d'Europe aux Indes pour annoncer l'Évangile et dont j'ai vu le travail à Calicut et ailleurs. Quelques-uns ont donné jusqu'à leur vie pour amener les païens à Christ. Au dernier jour, Christ vous demandera: «Qu'as- tu fait pour moi?» Il y a peut-être parmi vous des égoïstes, qui ne s'inquiètent pas du salut des autres et ne pensent qu'à leur propre salut. Si Christ avait pensé ainsi, il n'aurait jamais quitté le Ciel pour descendre sur la terre, afin de nous sauver. 

C'est notre devoir d'aider aux autres. Vous ne pouvez pas partir tous comme missionnaires, mais tous vous pouvez aider en priant et en donnant de l'argent. Si vous aimez Jésus-Christ, c'est votre devoir d'aider les serviteurs de Dieu dans leur travail missionnaire. Si vous ne faites rien pour les autres, vous serez punis à cause de votre égoïsme. Le monde est une grande famille. Nous devons nous aider les uns les autres. Nous devons être les témoins de Christ et aider ceux qui s'en vont au loin porter leur témoignage; les aider de nos prières et de notre argent. 


© Source: Tripod


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PAS DE PLACE! INDÉSIRABLE


«Et elle enfanta son fils premier-né. Elle l'emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans l'hôtellerie» (Luc 2, 7).

C'est ce que nous lisons, le coeur ému, à l'occasion de la Noël. L'évangéliste Luc se renseigna consciencieusement sur les événements auprès de sources sûres, donc en première main chez des témoins oculaires.


Le pénible voyage

Le recensement des juifs ordonné par l'empereur romain Auguste ainsi que leur enregistrement durent se faire dans leurs lieux d'origine respectifs. Ce fut la raison du voyage de Joseph et de Marie à Bethléhem. Personne ne se doutait alors que tant l'empereur que ce couple de fiancés devaient agir selon le plan divin. Aller de Nazareth à Bethléhem représentait une marche de 120 kilomètres environ par la voie la plus directe, mais 160 par la vallée du Jourdain. De toute façon: un déplacement extrêmement pénible surtout pour Marie, dont la grossesse était très avancée. Selon la loi mosaïque, un couple de fiancés était dans l'obligation de se marier. À cette époque-là, Joseph était donc tenu, en tant que fiancé, à respecter son engagement. Fidèle à la loi, il n'avait eu aucun rapport sexuel avant le mariage, car il passait pour Tsadik (juste). Ayant été conçu de l'Esprit Saint, Jésus n'eut pas de père dans la chair (Luc 1, 35). Affirmer autre chose, c'est s'opposer à la vérité, à la Parole de Dieu. Comme l'Éternel agit de manière unique et merveilleuse! Et cela, Il l'avait annoncé 700 ans auparavant par le prophète Ésaïe: «Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d'Emmanuel, (Es. 7, 14). Accordons toute notre foi à ce signe!

Par pure considération humaine, Joseph aurait dû laisser Marie, enceinte, à la maison. Mais elle aurait alors été exposée à un grand danger. Parce qu'héritière selon la loi mosaïque (Nombres 27, 1-11; 36, 1-13), elle avait des biens à Bethléhem (Beth Lehem = Maison du pain), et elle aussi dut y aller pour les impôts. Tout se passa conformément au sage plan de Dieu, Ses promesses devant se réaliser.

Que de fois Joseph et Marie durent s'accorder une halte durant ce voyage d'une durée d'au moins cinq jours! Arrivés à Jérusalem, ils durent certainement admirer le magnifique temple ainsi que l'imposant palais du roi Hérode, ne supposant pas un seul instant que cet homme ferait courir un danger mortel au petit enfant. Mais le but de leur déplacement n'était pas Jérusalem, c'était Bethléhem. Il fallait donc poursuivre; le temps pressait, la naissance étant proche. Marie avançait avec peine. Elle et lui ont-ils, à Ramat Rachel, adressé une prière à Dieu près de la tombe de leur illustre ancêtre? En tout cas, les juifs le font jusqu'à ce jour dans un saint respect.

Voici enfin Bethléhem en vue, là-haut sur la colline. Le coeur bat plus vite. Bethléhem, la patrie! Maintenant tout près du but! Un regard fatigué jeté vers les champs dans la vallée, où, jadis, le jeune David gardait ses chèvres; David, conduit par Dieu depuis sa ville natale Bethléhem jusqu'au trône par un long et pénible cheminement. David: roi d'Israël! Les deux voyageurs fatigués éprouvèrent sans doute une certaine fierté d'être de la descendance royale. Se souvenaient-ils de ce que Michée avait prédit au sujet de ce lieu? Déjà 700 ans auparavant, ce prophète avait annoncé le lieu de naissance, la généalogie et l'origine du Messie, Celui qui deviendrait un jour Roi et Conducteur d'Israël? Voici: «Et toi, Bethléhem Ephrata, petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël, et dont l'origine remonte aux temps anciens, aux jours de l'éternité), (Michée 5, 1).

Enfin arrivés à Bethléhem! Mais il reste un problème à régler: trouver une chambre où loger. Mais «Pas de place!», affiche-t-on partout! Le caravansérail est également complet; et ne pensons surtout pas que des notables de la ville leur auraient offert un gîte! Quelle détresse pour Marie! Pas d'endroit tranquille où accoucher!? – Pas de place pour le Fils de Dieu? Impossible! Toujours, ils avaient fait confiance à l'Éternel. Ils étaient habitués depuis longtemps à la pauvreté, et ils n'avaient pas de grandes exigences.

Mais voici que leur détresse atteint des limites dangereuses. Pas possible qu'il n'y ait pas pour le jeune couple un logement disponible ou un lieu où s'abriter dans la ville natale de Bethléhem!, Qu'il me soit fait selon ta parole» (Luc 1, 38), telle avait été jadis la réponse humble mais confiante de Marie, lorsque l'ange Gabriel lui annonça la naissance du Messie. Mais maintenant, que faire? – Voici qu'ils trouvent enfin un endroit couvert avec une crèche pour animaux! C'est primitif, mais l'événement se produit là! À peine concevable! Selon le conseil éternel de Dieu, Son Fils unique vient au monde dans une étable. N'est-ce pas indigne? Nous ne savons si des animaux se trouvaient là, comme des peintres voudraient le faire croire. Cette image, présentant souvent de petits anges joufflus, peut certes dégager l'impression d'un certain romantisme poétique, mais la réalité était tout autre: froide et dure. Que plus tard, Il fût tenté par Satan quarante jours durant dans le désert, se tenant sans crainte parmi des bêtes sauvages, nous tenons cela comme un fait certain (Marc 1, 13). Il est Celui qui apportera le salut à toute créature qui soupire et souffre maintenant encore sous le poids de notre péché.


L'identité de Jésus

Savons-nous réellement qui est Jésus? Il n'est pas seulement le doux petit Jésus» couché dans la crèche, ainsi qu'on le chante, mais Il est Celui «dont l'origine remonte aux temps anciens, aux jours de l'éternité» (Mi. 5, 1). «Celui qui vient d'en haut est au-dessus de tous... Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous» (Jean 3, 31). Et ce témoignage qu'Il rend au sujet de Sa propre personne: «Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût» (Jean 17, 5). L'apôtre Paul dit de Lui: «... caché de tout temps en Dieu qui a créé toutes choses» (Eph. 3, 9). Jésus existait de toute éternité et, avec le Père, créa l'univers matériel. Personne n'a jamais vu Dieu, le Fils unique, qui est dans le sein du Père... » (Jean 1, 18).

Cela explique que Lui et Dieu sont un dans le ciel et qu'Il est caché dans le Père. Christ est né comme homme pour nous, afin que nous puissions connaître Dieu: «Celui qui me voit voit celui qui m'a envoyé» (Jean 12, 45). Il est venu pour nous délivrer du Méchant. Nous ne pouvons considérer la crèche sans diriger nos regards vers la croix de Golgotha, où Il a offert Sa vie en sacrifice. Jésus est plus fort que la mort, car Il est ressuscité d'entre les morts; Il vit et siège à la droite du Père comme «Roi des rois et Seigneur des seigneurs), (Apoc. 19, 16). Crèche, croix et trône sont inséparables! Il a déclaré: «Je suis l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin» (Apoc. 22, 13). Il va très bientôt revenir – tout d'abord pour l'enlèvement des Siens et ensuite, avec puissance et en gloire, pour établir Son règne de paix en Israël: «Car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds), (1 Cor. 15, 25).

Personne ne peut décrire, chanter et représenter en images l'identité et la gloire de Jésus, ne serait-ce qu'approximativement. Le céleste ne peut être cerné par des formes d'expression humaines. En Hébreux 1, 3, Jésus est dépeint comme le reflet de la gloire de Dieu: Il est le reflet de sa gloire et l'empreinte de sa personne, et soutenant toutes choses par sa parole puissante, a fait la purification des péchés et s'est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts.» Les mages venus de l'Orient durent certainement avoir remarqué quelque chose de la grandeur et de la dignité de Jésus quand ils Lui rendirent hommage. À combien plus forte raison nous, qui sommes réconciliés avec Dieu par Son précieux sang, devons Le louer et L'adorer!


Le Fils de Dieu devient le Fils de l'homme

Il est là, le Fils de Dieu, couché dans une crèche: un petit enfant tout à fait dépendant. Il est écrit: «Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous» (Jean 1, 14). Voici maintenant accomplie cette prophétie: «Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la domination reposera sur son épaule; on l'appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix» (Es. 9, 5). Ce ne sont pas seulement des concepts incomparables; ils parlent également de Son être réel et de Son caractère divin.

Jésus-Christ, dont nous allons bientôt fêter la naissance, a ainsi commencé Son chemin terrestre: «Il vint chez soi, et les siens ne l'ont pas reçu» (Jean 1, 11). Aucune place dans les auberges! Aucune place dans Sa propriété! Très rares furent ceux qui reconnurent Son origine divine, Sa gloire et Son caractère de Messie. Au terme de Sa carrière ici-bas, on cria: «Crucifie-le!»... ,Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous!»... «Ôte celui-ci!» (Marc 15, 13; Luc 19, 14; 23, 18). L'Écriture devait s'accomplir: «Méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à celui dont on détourne le visage, nous l'avons dédaigné, nous n'avons fait de lui aucun cas» (Ésaïe. 53,3).

N'éprouvons-nous pas de la pitié pour ce couple très saint, qui se trouvait là à Bethléhem? Certainement, du moins nous l'espérons. Mais ce ne peut pas être tout! Celui qui ne considère cet événement que du seul point de vue humain méconnaît totalement l'histoire de Noël, et il n'en tire aucun profit. Par contre, la dimension divine apparaît toute différente: le Fils unique et bien-aimé de Dieu, qui était en même temps «Fils de David», et en qui Il trouvait Son plaisir, était choisi de toute éternité pour apporter le salut aux hommes. Ce n'est que par Lui, Jésus-Christ, que nous pouvons être libérés de nos péchés. Seul le Fils bien-aimé de Dieu qui est mort comme un malfaiteur, entre deux criminels, sur un bois maudit, a pu réaliser par Son sang l'expiation de nos péchés. Quiconque croit cela et se l'approprie personnellement peut chanter, reconnaissant et joyeux: «Temps de Noël qui apporte la grâce – Christ, le Sauveur est là!»


Oh, l'amour insondable de Dieu!

Comme il a dû en coûter à Dieu de donner son Fils bien-aimé en sacrifice pour nous! Il n'y avait personne d'autre! Dieu savait que Son Fils allait se trouver parmi des criminels qui finiraient par L'envoyer à la mort. Pour quelle raison agit-il ainsi? C'est Son amour incommensurable qui Le poussa! Combien Dieu aimait Son Fils, Jean l'indique par ces mots: «... le Fils unique, qui est dans le sein du Père...» (Jean 1, 18). «Le sein du Père» signifie siège, sûreté, patrie et centre de l'amour éternel de Dieu. Dans un cantique, nous chantons: «Il vient du sein de Son Père, devient un petit enfant; Il est couché là dans une crèche, nu et sans défense.» Oui, c'est son amour insondable et éternel envers nous, des créatures misérables, qui L'a poussé à agir de la sorte. «Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu!» (1 Jean 3, 1).

Personne, même pas l'homme le plus pieux, ne pourra jamais décrire, ne serait-ce qu'approximativement, cet amour de Dieu et de Jésus. Jésus est le don de Dieu à une humanité corrompue et perdue! «Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle» (Jean 3, 16). Par Son don, Dieu a pensé à vous et à moi. Acceptez ce cadeau, car il vous est destiné personnellement. Il n'y a qu'un coeur humble qui peut saisir cet amour d'une telle dimension; et dans un profond étonnement, il se prosterne et adore. Que ce soit là votre joie personnelle pour Noël 1999, que vous pourrez alors célébrer plein de reconnaissance! «Et, sans contredit, le mystère de la piété est grand: celui qui a été manifesté en chair, justifié par l'Esprit, vu des anges, prêché aux nations, cru dans le monde, élevé dans la gloire), (1 Tim. 3, 16). C'est par ces mots que l'apôtre Paul décrit le mystère de la foi. C'est l'amour globe rédempteur de Dieu dans Son Fils Jésus-Christ, que nous devons accepter par la foi et en adorant.


Pas de place – indésirable?

Jésus – dehors? Ce ne peut pas être vrai pour vous! La lumière des bougies, les scintillements, les menus de fête, les cadeaux et toutes sortes d'activités traditionnelles ne font pas un véritable Noël. Cela en devient une farce. Jésus doit trouver de la place dans votre coeur. «Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi» (Apoc. 3, 20). Votre corps également doit être un temple du Saint-Esprit! Mais le prince des ténèbres ne veut vraiment pas que ce soit réellement Noël dans votre être intérieur. Jésus a-t-Il de la place dans votre coeur? Dans quel coin? Une place de quel ordre? Christ a affirmé: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui» (Jean 14, 23).

Jésus a tout fait pour vous; c'est pourquoi Il veut tout votre coeur, le purifier, le sanctifier, le remplir de bonheur. Donnez-le Lui! Il y aura ainsi de la place pour vous dans le ciel, là où Jésus est allé pour préparer les plusieurs demeures pour les Siens (Jean 14,2).

C'est dans ce sens que je vous souhaite une fête de Noël bénie!

BURKHARD VETSCH

©  Nouvelles d'Israël Décembre 1999


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TEXTES DE L'ÉGLISE PRIMITIVE CONCERNANT LE FAIT D'ÊTRE CHRÉTIEN ET SOLDAT


Un chrétien peut-il être soldat? Cette question s'est très tôt posée au sein du christianisme. Une seule fois dans le Nouveau Testament, elle est clairement énoncée. Des militaires s'approchent de Jean le Baptiste et demandent: 

«Et nous, que nous faut-il faire?» Il leur dit: «Ne faites ni violence ni tort à personne, et contentez-vous de votre solde.» Luc III, 14. 

Ce passage fera l'objet de diverses interprétations, mais on notera que Jean le Baptiste ne demande à aucun moment aux soldats de cesser leur activité, mais uniquement de la pratiquer avec justice. Se contenter de sa solde signifie: ni extorsion, ni pillage. Ne faire ni violence ni tort signifie: ne pas abuser de son pouvoir, ne pas torturer ou violer par exemple. En somme, le soldat peut rester soldat. Et de fait, tuer un étranger en temps de guerre n'a jamais été considéré comme un homicide dans l'Ancien Israël, mais comme un simple fait d'armes. 

Lorsque Jésus soigne le serviteur du centurion, il admire sa foi, mais ne lui fait aucun reproche sur son statut et ne lui demande à aucun moment d'en changer (Matthieu VIII, 5-13; Luc VII, 2-10; Jean IV, 46-54). La même remarque peut être faite au sujet du centurion Corneille qui, à la suite de sa conversion, se fera baptiser par Pierre (Actes X, 1-8, 17-48). 

Certes Jésus a bien dit: «Tous ceux qui prennent l'épée périront par l'épée» (Matthieu XXVI, 52). Mais il s'agit d'une parole de sagesse, non d'une interdiction formelle de porter l'épée. D'ailleurs, c'est sur ses propres recommandations que les disciples, du moins au moment de l'arrestation à Gethsémani, étaient armés (Luc XXII, 36, 38). Et porter une arme, comme chacun sait, induit la possibilité de s'en servir. En cette occasion justement, tandis que les disciples sont dans l'incertitude «faut-il frapper du glaive?» (Luc XXII, 49), Pierre tire l'épée de son fourreau et blesse grièvement le serviteur du Grand Prêtre à l'oreille (Matthieu XXVI, 51; Marc XIV, 47; Luc XXII, 50; Jean XVIII, 10). Mais Jésus montre alors clairement qu'il n'est pas pour l'usage de la force (Matthieu XXVI, 52; Luc XXII, 51; Jean XVIII, 11). Pourtant, le Maître avait également dit: 

«N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive». Matthieu X, 34. 

Mais tout est question de contexte et cette parole ne doit pas être prise ici au premier degré. Il faut au contraire la comprendre de façon métaphorique, le glaive désignant ici la séparation, la déchirure occasionnée par la nouvelle religion, comme les versets suivants le montrent de façon suffisamment claire.

Pour être contre la violence, les Évangiles nous rapportent que Jésus en a fait au moins une fois usage lors de l'épisode des marchands du Temple. Il renverse alors les tables des changeurs et des marchands et les chasse après s'être «fait un fouet avec des cordes» (Jean II, 15), ce qui n'est pas rien. Même si ce n'est pas une épée et qu'il n'est, dans son usage normal, pas destiné à donner la mort, le fouet reste en effet un instrument dangereux. 

Le soldat évidemment, de par sa fonction même, peut être amené à donner la mort. Les textes les plus anciens en notre possession montrent cependant qu'il y eut très tôt des chrétiens dans l'armée. La conversion au christianisme n'entraînait que rarement la démission de celle-ci. L'armée était alors permanente et professionnelle et fondée sur le volontariat. Le service, auquel le soldat s'engageait par serment, était de 20 ans pour le légionnaire et de 25 pour l'auxilliaire. Celui qui entrait dans l'armée devait d'abord jurer fidélité à l'empereur. Tertullien nous apprend qu'à son époque (la fin du IIe siècle) les chrétiens étaient nombreux dans tous les corps de métiers, y compris dans l'armée, et il utilise l'argument pour répondre aux païens qui disaient que les chrétiens étaient «des gens inutiles pour les affaires» (Apologétique, XLII, 3). Le nombre de fidèles dans l'armée était si important à la fin du IIIe siècle qu'elle fit l'objet, sous le règne de Dioclétien, d'une tentative d'épuration et, comme l'écrit Eusèbe de Césarée: 

«Ce fut parmi les frères qui étaient dans les armées que commença la persécution (...) On put voir un très grand nombre de ceux qui étaient aux armées embrasser très volontiers la vie civile pour ne pas devenir des renégats de la religion du créateur de l'univers. Car lorsque le chef de l'armée, quel que fût celui qui l'était alors, entreprit la persécution contre les troupes, en répartissant et en épurant ceux qui servaient dans les camps, il leur donna le choix ou bien, s'ils obéissaient, de jouir du grade qui leur appartenait, ou bien, au contraire, d'être privés de ce grade, s'ils s'opposaient à cet ordre (1). Un très grand nombre de soldats du royaume du Christ préférèrent, sans hésitation ni discussion, la confession du Christ à la gloire apparente et à la situation honorable qu'ils possédaient.» 


Histoire ecclésiastique, VIII, I, 7 et IV, 2, 3. 

De nombreux soldats chrétiens furent alors dégradés, mais demeurèrent cependant dans l'armée. Beaucoup d'autres, alors que le mouvement d'épuration atteignait son paroxysme, furent de surcroît mis à mort et, d'après certaines sources, une légion composée pour une bonne partie de chrétiens, et à laquelle Saint Maurice appartenait, aurait à cette époque été victime d'une décimation (1 soldat sur 10 mis à mort). Plusieurs Saints du calendrier, alors qu'ils étaient soldats, subirent ainsi le martyre pour avoir refusé de prendre part à des sacrifices païens. On peut déjà citer quelques noms: Acace, Achille et Nérée, Léonce, Théodore d'Amasée, Vivien qui sera condamné à mourir de froid avec une quarantaine d'autres légionnaires, mais la liste complète serait en réalité beaucoup plus longue et difficile à établir. Certains mêmes étaient officiers: Maurice déjà cité, Marcel, Sébastien, Serge, Théodore d'Héraclée, Victor... 

À la fin du IIIe siècle, le nombre des légionnaires chrétiens était si conséquent qu'il est bien évident que la plupart d'entre eux n'étaient pas devenus chrétiens après s'être engagés, mais qu'ils l'étaient déjà au moment de le faire. Nous savons par exemple que Saint-Sébastien, qui occupera un poste à responsabilité et subira le martyre, est entré dans l'armée alors qu'il était chrétien. Mais son cas n'est pas isolé. En effet, si un soldat qui se convertissait à la nouvelle religion pouvait demeurer dans l'armée, on tolérait également la plupart du temps, du moins au IIIe siècle, qu'un chrétien s'engage dans celle-ci, même si la chose semble alors avoir été plutôt mal considérée. Hippolyte de Rome écrit en effet vers 215 apr. J.-C.: 

«Que les nouveaux venus qui se présentent pour entendre la parole soient d'abord amenés aux docteurs avant que le peuple n'arrive (...) Qu'un gladiateur ou quelqu'un qui apprend aux gladiateurs à combattre (...) ou un officier public qui s'occupe des jeux de gladiateurs cesse ou qu'on le renvoie (...) À un soldat qui se trouve auprès d'un gouverneur, qu'on dise de ne pas mettre à mort. S'il en reçoit l'ordre, qu'il ne le fasse pas. S'il n'accepte pas, qu'on le renvoie. 

Que celui qui possède le pouvoir du glaive ou le magistrat d'une cité, qui porte la pourpre, cesse ou qu'on le renvoie. 

Si un catéchumène ou un fidèle veut se faire soldat, qu'on le renvoie, car il a méprisé Dieu.» 


La Tradition apostolique, XVI. 

La position de Tertullien, qui écrit vers 205 apr. J.-C., n'est pas moins ferme: 

«Il s'agit en ce moment de savoir si un Chrétien peut servir dans l'armée; si un soldat des derniers rangs, qui ne se trouve jamais dans la nécessité de sacrifier aux dieux, ou de prononcer des peines capitales, peut être admis dans l'Église (...) Mais comment le soldat combattra-t-il, comment même servira-t-il pendant la paix, s'il n'a pas d'épée? Or, le Seigneur a brisé l'épée. Il est bien vrai que les soldats se rendirent auprès de Jean et reçurent de sa bouche la règle qu'il fallait observer; il est bien vrai que le centurion eut la foi; mais toujours est-il que le Seigneur, en désarmant Pierre, a désarmé tous les soldats. Rien de ce qui sert à un acte illicite n'est licite chez nous». 


De l'Idolâtrie, XIX. 

Vers 211 apr. J.-C., alors qu'il commence à se détacher de la grande Église et s'imprègne peu à peu de l'hérésie montaniste, Tertullien est tout aussi catégorique: 

«Croyez-vous qu'il soit permis à un Chrétien d'ajouter au serment fait à Dieu le serment fait à un homme, et de s'engager à un autre maître quand il s'est engagé au Christ? (...) Lui sera-t-il permis de vivre l'épée à la main, quand le Seigneur a déclaré que «quiconque se servait de l'épée, périrait par l'épée?» Ira-t-il au combat le fils de la paix, auquel la dispute n'est même pas permise? (...) Toutefois, autre chose est de ceux que la foi est venue trouver plus tard sous le drapeau: ainsi de ceux que Jean admettait au baptême; ainsi des fidèles centurions que Jésus-Christ approuve et que Pierre catéchise, pourvu cependant qu'après avoir embrassé la foi, et s'être engagé à la foi, on quitte la milice, comme plusieurs l'ont pratiqué, ou du moins que l'on prenne garde de toute manière de commettre contre Dieu des choses que ne permet pas même le service militaire; ou enfin que l'on souffre jusqu'à l'extrémité pour Dieu (...) Ainsi la milice est permise, d'accord, mais jusqu'à la couronne exclusivement.»


De la couronne du Soldat, XI. 

Origène qui écrit vers 240 apr. J.-C. n'est, tout comme ses prédécesseurs, pas favorable à la carrière des armes: 

«Mais voici encore ce qu'on pourrait dire aux étrangers à la foi qui nous demandent de combattre en soldats pour le bien public et de tuer des hommes (...) Plus que d'autres nous combattons pour l'empereur. Nous ne servons pas avec ses soldats, même s'il l'exige, mais nous combattons pour lui en levant une armée spéciale, celle de la piété, par les supplications que nous adressons à la divinité.» 


Contre Celse, VIII, 73. 

Le combat du chrétien, en effet, doit être spirituel: 

«Pendant que d'autres combattent en soldats, ils combattent comme prêtres et serviteurs de Dieu; ils gardent pure leur main droite, mais luttent par des prières adressées à Dieu pour ceux qui se battent justement et pour celui qui règne justement, afin que tout ce qui est opposé.


Contre Celse, VIII, 73. 

Mais par ces paroles mêmes, Origène admet donc la notion de «guerre juste» comme il le dit d'ailleurs en autre endroit alors qu'il compare la société des hommes à celle des abeilles:

«Peut-être même ces sortes de guerres des abeilles sont-elles un enseignement, pour que les guerres parmi les hommes, si jamais il le fallait, soient justes et ordonnées.» 


Contre Celse, IV, 82. 

Cette notion de «guerre juste», et même de meurtre légitime, sera reprise et développée par Saint Augustin: 

«Mais cette même autorité divine a établi certaines exceptions à la défense de tuer l'homme. Quelquefois Dieu ordonne le meurtre soit par une loi générale, soit par un commandement temporaire et particulier. Or, celui-là n'est pas moralement homicide, qui doit son ministère à l'autorité; il n'est qu'un instrument comme le glaive dont il frappe. Aussi n'ont-ils pas enfreint le précepte, ceux qui, par l'ordre de Dieu, ont fait la guerre; ou, dans l'exercice de la puissance publique, ont, suivant ses lois, c'est-à-dire suivant la volonté de la plus juste raison, puni de mort les criminels (...) Hors de ces exceptions où le meurtre est ordonné soit par une loi générale et juste, soit par un ordre exprès de Dieu, source de toute justice, celui qui tue ou son frère ou lui-même est tenu du crime d'homicide (...) Mais je le demande, convient-il aux gens de bien de se réjouir de l'accroissement de leur Empire? Car les progrès en sont dus à l'injustice de leurs ennemis, qui a provoqué de justes guerres (...) Ainsi, guerroyer, dompter les nations, étendre son Empire est aux yeux des méchants une félicité, aux yeux des bons une triste nécessité; or comme il serait encore plus triste que les auteurs de l'injure devinssent les maîtres de ceux qui l'ont reçue, il n'est pas sans raison d'appeler bonheur une victoire juste; mais nul doute que le bonheur ne fût plus grand de vivre dans l'union avec un bon voisin que de briser l'épée d'un mauvais.» 


La Cité de Dieu, I, XXI et IV, XV.

Origène a rédigé son Contre Celse à Alexandrie dans les années 240 apr. J.-C. On aurait pu croire, en le lisant, que de son temps les chrétiens refusaient de servir dans l'armée. Mais si cela correspondait sans aucun doute alors au voeu de beaucoup d'entre eux, dont les plus érudits et bien évidemment les prêtres, on peut voir que dans les faits, la réalité était tout autre. Nous avons déjà cité Tertullien, mais nous disposons d'autres témoignages. Eusèbe de Césarée, par exemple, nous a conservé le souvenir du martyre du soldat Basilide qui, après avoir pris la défense d'une chrétienne: 

«Sans avoir attendu longtemps, fut déféré pour un motif quelconque, à un serment par ses compagnons d'armes. Il déclara fortement qu'il ne lui était absolument pas permis de jurer, qu'il était chrétien et qu'il le confessait ouvertement (...) Il eut la tête coupée.» 


Histoire ecclésiastique, VI, V, 5, 6.

L'action se situe dans la 1ère moitié du IIIe siècle, entre 200 et 250 apr. J.-C. au plus tard, à Alexandrie, c'est-à-dire à l'époque et dans la cité d'Origène. Basilide est chrétien, il assume parfaitement son statut de soldat, mais refuse de jurer par les dieux, ce qui reviendrait à apostasier. Il est donc exécuté. En 248 apr. J.-C., Dèce lance une vaste opération: tous les citoyens sont appelés à sacrifier aux dieux devant les magistrats. Une commission est chargée de surveiller l'opération et de délivrer des certificats de «conformité» (on a retrouvé un certain nombre de ceux-ci en Égypte). Ceux qui refusent de sacrifier sont mis à mort. Toujours à Alexandrie, quelques soldats chrétiens qui prennent partie pour les victimes sont exécutés (Histoire ecclésiastique, VI, XLI, 16, 17). Mieux, alors qu'«une escouade complète de soldats» encourageait un chrétien à ne pas apostasier, ceux-ci avouèrent finalement qu'ils étaient chrétiens eux aussi et furent également mis à mort (Histoire ecclésiastique VI, XLI, 22, 23). Plusieurs autres soldats subirent le même sort en Égypte, sous la persécution de Dèce, selon une lettre d'un témoin oculaire (Denys d'Alexandrie) conservée par Eusèbe (Histoire ecclésiastique, VII, XI, 20). Bref, l'affirmation d'Origène qui dit que, de son temps, les chrétiens ne servaient pas dans l'armée est largement démentie par les faits. Il y eut au contraire de nombreux soldats chrétiens à son époque et dans sa ville même, pour ne compter que ceux qui subirent alors le martyre à Alexandrie. Nous ne pouvons de plus nous référer qu'aux cas des soldats chrétiens ayant effectivement été condamnés, c'est-à-dire uniquement à ceux ayant sous la contrainte, ou de façon spontanée, confessé leur foi. 

À partir de la fin du IIe siècle, les chrétiens sont donc déjà nombreux dans l'armée, mais ils restent discrets. Tant qu'il ne leur est pas demandé de sacrifier aux dieux, ou de jurer par eux, ce qui constituerait une forme d'apostasie, ils se soumettent aux règles de la discipline militaire. Certains pourtant, plus zélés que d'autres, vont plus loin en refusant jusqu'aux distinctions militaires, comme la couronne ou le cep de vigne, considérés comme idôlatriques. Mais ces ardents défenseurs de la foi font plutôt figure d'exception, et Tertullien d'ailleurs, le déplore assez (vers 211 apr. J.-C.): 

«Voici ce qui arriva les jours passés. Les très-puissants empereurs distribuaient des largesses dans le camp. Les soldats se présentaient la couronne de laurier sur la tête. L'un d'eux, plus soldat de Dieu, plus intrépide que tous ses compagnons, «qui s'imaginaient pouvoir servir deux maîtres», se distinguait de tous les autres, parce qu'il s'avançait la tête nue, et tenant à la main sa couronne inutile, manifestant ainsi qu'il était chrétien (...) Aussitôt voilà mille jugements sur son compte. Viennent-ils des Chrétiens ou des païens? je l'ignore; car les païens ne tiendraient pas un autre langage. On en parle comme d'un étourdi, d'un téméraire, d'un désespéré qui cherche la mort et qui, interrogé sur son extérieur, a mis en péril le nom chrétien, comme s'il n'y avait que lui de brave, comme s'il était le seul chrétien parmi tant de compagnons!»


De la couronne du Soldat, I. 

Eusèbe de Césarée rapporte un autre cas survenu à Césarée en 262 apr. J.-C. qui offre quelques points de ressemblance avec le précédent: 

«Marin, qui était parmi les hommes honorés de hautes fonctions dans les armées et qui était distingué par sa race et par sa fortune, a la tête coupée pour le témoignage du Christ, pour le motif suivant. Chez les Romains, le cep est un insigne de dignité, et ceux qui l'obtiennent deviennent, dit-on, centurions. Une place étant vacante, l'ordre de l'avancement appelait Marin à ce grade, et déjà il allait recevoir l'insigne de cette dignité, quand un autre, s'avançant devant l'estrade, déclara qu'il n'était pas permis à cet homme d'avoir part à une dignité romaine, selon les lois anciennes, parce qu'il était chrétien et ne sacrifiait pas aux empereurs, mais que le grade lui revenait à lui-même.» 


Histoire ecclésiastique, VII, XV, 1, 2. 

Contrairement au cas précédent cependant, on notera qu'ici le soldat chrétien aurait sans aucun doute accepté la fameuse distinction s'il n'avait pas été dénoncé et sommé de choisir entre le paganisme et sa foi. Mais dans un cas comme dans l'autre, on remarquera surtout que le métier des armes n'est à aucun moment remis en cause pour lui-même, et semble tout au contraire parfaitement accepté. 

De tout cela il ressort que pour les auteurs chrétiens les plus anciens s'étant exprimés sur ces questions, un chrétien ne devait pas s'engager dans l'armée, mais qu'un soldat qui se convertissait gardait la possibilité de finir son service. Le militaire chrétien ne devait cependant à aucun prix jurer par les dieux ou leur sacrifier, ce qui aurait équivalu à une apostasie. Pour Tertullien de surcroît, un soldat chrétien devait impérativement refuser toute distinction militaire, comme la couronne ou le cep de vigne par exemple, considérés comme idôlatriques par les chrétiens les plus stricts. L'armée n'était en effet pas uniquement condamnée parce qu'elle remettait en cause l'idéal chrétien de non-violence que parce qu'on pouvait y être amené à pratiquer certains rites païens alors considérés comme absolument inconciliables avec la foi chrétienne. Mais comme en fait, Jésus lui-même et les Apôtres à sa suite n'avaient rien décidé de précis touchant cette question particulière, on se référait assez souvent à la position du Baptiste qui fit ainsi jurisprudence. C'est pourquoi de nombreux chrétiens, peut-être mal catéchisés (?), continuèrent-ils de s'engager dans l'armée au moins à partir de la fin du IIe et durant tout le IIIe siècle. Au IVe siècle en tout cas, avec l'augmentation massive du nombre de chrétiens, la christianisation de l'Empire romain et la pression croissante des peuples barbares aux frontières, l'abstention totale apparaîtra vite comme irréalisable. C'est alors, qu'avec Saint Augustin, la notion de «guerre juste» finira par s'imposer...


Note: 

(1) Il leur était ordonné de sacrifier à l'empereur ou aux dieux, ce qu'un chrétien ne pouvait faire sans apostasier. 

(T.Murcia) ajouté le 7/10/2001


© Voxdei


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SUR TA PAROLE


«Comme Jésus se trouvait auprès du lac de Génézareth, et que la foule se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu, il vit au bord du lac deux barques, d'où les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. Il monta dans l'une de ces barques, qui était à Simon, et il le pria de s'éloigner un peu de terre. Puis il s'assit, et de la barque il enseignait la foule. Lorsqu'il eut cessé de parler, il dit à Simon: Avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher. Simon lui répondit: Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre; mais, sur ta parole, je jetterai le filet. L'ayant jeté, ils prirent une grande quantité de poissons, et leur filet se rompait... Alors Jésus dit à Simon: Ne crains point; désormais tu seras pêcheur d'hommes» ou, dans la version Darby: «... dorénavant tu prendras des hommes» (LUC 5, 1-6.10).

Lors d'un cours de religion, une enseignante parla de l'appel des disciples: «Pierre était un simple pêcheur, quand le Seigneur l'appela; il abandonna immédiatement sa profession et devint...» «Policier!», s'écria Uwe. «Policier?», s'étonna l'institutrice. «D'où te vient cette idée?» «Jésus lui a dit 'dorénavant tu prendras des hommes'.» Ne se fait-il pas que de nombreux chrétiens comprennent mal leur appel comme «pêcheur d'hommes»: plus policier que menant à Jésus?

La vocation prioritaire de l'Église du Seigneur et de ses membres est de gagner des âmes pour Christ, de prêcher l'Évangile, de faire du travail missionnaire. Toute autre tâche peut certes être intéressante et importante, même s'y rattacher; elle doit cependant toujours venir après. La chose essentielle est que l'Assemblée de Jésus-Christ croisse, que le Seigneur, pour salaire de Ses souffrances, gagne chaque jour de nouvelles âmes, afin que la plénitude des nations soit atteinte (cf. Rom. 11, 25). Quelqu'un a dit un jour: «Le mieux est l'ennemi du bien.»

Les versets bibliques cités ci-dessus nous donnent une introduction à ce sujet: Comment remplirons-nous le mieux la mission prioritaire de l'Église?


Nous avons besoin d'une charge

«Comme Jésus se trouvait auprès du lac de Génézareth, et que la foule se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu, il vit au bord du lac deux barques...» (Luc 5, 1-2). Quand le Seigneur vit cette foule qui «se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu», Il fut profondément ému. C'est pourquoi Il chercha une occasion d'apporter la parole à ces gens; et Il monta dans l'une de ces barques.

Avez-vous remarqué qu'il est souvent écrit: «Or il arriva...»? Que de possibilités s'offrent en une seule journée de mettre les gens en contact avec l'Évangile: par un traité, une visite, lors d'une rencontre en rue, dans le bus, etc.! La Bible nous dit que Dieu, pour Son nom, nous conduit dans les sentiers de la justice (Ps. 23, 3). De tels «Or il arriva» sont des faveurs divines destinées à faire connaître Son amour à d'autres personnes. Il faut parfois peu de chose pour rendre courage à son prochain qui est bien las: «Un regard bienveillant donne de la joie et une bonne nouvelle ranime les forces» (Prov. 15, 30; français courant).

Cherchons-nous des occasions d'apporter aux autres le message de l'Évangile libérateur? Cela pèse-t-il sur notre coeur? Nous sentons-nous forcés de nous agenouiller pour les gens de notre famille, de notre voisinage, pour nos collègues de travail ou nos condisciples, afin de supplier le Dieu tout-puissant pour leur conversion?

Quand le Seigneur s'arrêta au bord du lac de Génézareth, les auditeurs étaient suspendus à Ses lèvres: «... la foule se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu...» Non seulement alors, mais aujourd'hui encore, alors que nous sommes à la veille du retour de Jésus, c'est le temps de la moisson. Ne pensons surtout pas que l'on ne veut plus rien savoir de la Parole de Dieu. Même si, actuellement, des distractions de tous genres sont offertes par les médias et les loisirs, nous devons voir dans tous ces gens une foule qui aspire à entendre la Parole. Car chaque individu a en lui une soif de vérité et de vraie paix; et, consciemment ou non, il s'approche de Jésus, qui est la vérité et veut être ou devenir notre paix (Jean 14, 6; Eph. 2, 14). Sommes-nous habités par la pensée que chaque être humain a besoin de Jésus, et cela – parce que sans Lui – il est éternellement perdu dans ses péchés?! Qu'aujourd'hui d'innombrables personnes se tournent vers tant de courants, c'est bien là une preuve supplémentaire qu'elles aspirent à entendre la vérité. Et c'est là précisément que le Seigneur veut nous utiliser!


Dieu cherche des volontaires

Nous lisons en Luc 5, 1-3: «Comme Jésus se trouvait auprès du lac de Génézareth... il vit au bord du lac deux barques, d'où les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. Il monta dans l'une de ces barques, qui était à Simon, et il le pria de s'éloigner un peu de terre. Puis il s'assit, et de la barque il enseignait la foule.» Pour Sa grande mission qui est de sauver des perdus, Jésus veut employer des êtres humains qui se sont déjà donnés à Lui. Jadis, Il s'est trouvé au bord de la mer pour procurer le pain de vie à des âmes affamées. Il eut alors besoin de gens et de la barque de Pierre pour présenter Sa parole: «Il monta dans l'une de ces barques, qui était à Simon...»

Comment le Seigneur veut-Il nous employer? En utilisant ce qui nous appartient' Il «monta dans l'une de ces barques, qui était à Simon», mais Il lui demanda aussi «de s'éloigner un peu de terre». Toute notre vie, avec tout ce que nous sommes et possédons, Il veut l'utiliser pour Ses affaires, afin que des âmes perdues soient sauvées pour l'éternité. Mais Il n'oblige personne à Lui donner quelque chose; Il fait appel à notre bonne volonté. Là où Il réussit, d'autres sont richement bénis; et les donateurs volontaires reçoivent surabondamment en retour. Chacun de nous est un tel petit «bateau», dont le Seigneur de la moisson veut se servir.


Du quotidien à l'essentiel

Il est écrit en Luc 5, 2-3: «... les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. Il monta dans l'une de ces barques, qui était à Simon, et il le pria de s'éloigner un peu de terre. Puis il s'assit, et de la barque il enseignait la foule.» Ces pêcheurs étaient occupés à une tâche quotidienne, mais nécessaire: ils lavaient leurs filets. Mais le Seigneur les en arracha pour tourner leurs regards vers l'essentiel.

Jésus veut parfois nous tirer des circonstances normales de la vie pour nous utiliser pour Ses affaires. Il arrive souvent que nous soyons fort imprégnés du quotidien et de son infrastructure: nous nous imposons un plan, qui doit absolument être respecté. Le Seigneur peut-Il ainsi contrecarrer nos desseins, nous arrêter dans nos activités, nous arracher au travail habituel pour nous entraîner vers ce qui est le plus important à Ses yeux? Peut-être désire-t-Il qu'à ce moment précis, vous rendiez visite à votre voisine et que vous laissiez là votre repassage de linge. Il se pourrait aussi qu'à un moment ou l'autre de la journée, vous ayez l'impression de devoir intercéder pour telle ou telle personne. Laissez donc le travail qui vous occupe et mettez-vous à prier! Acceptons-nous de telles interruptions proposées par le Seigneur? Ou faisons-nous le matin une halte pour lire et méditer la Parole? Il arrive, hélas, souvent que nous n'avons pas le temps, notre programme étant déjà établi.

Se mettre à l'écoute de la voix de Dieu et s'y plier est souvent plus précieux et plus productif que l'ensemble de notre propre travail. Par cette requête adressée à Pierre: «s'éloigner un peu de terre», Il arracha également les autres disciples à leur lavage de filets pour les ramener dans la barque.


Communion personnelle avec Jésus

Avant de s'adresser à la foule, Le Seigneur «Monta dans l'une de ces barques, qui était à Simon, et il le pria de s'éloigner un peu de terre» Le temps qu'il fallut à Pierre pour s'éloigner quelque peu du bord l'isola avec Jésus: un tête-à-tête particulièrement important!

Pour nous aussi, de tels moments sont de la plus grande signification. Être avec Jésus seul, «quelque peu éloigné de la terre ferme»: un temps de calme indispensable pour pouvoir s'offrir une respiration spirituelle. Ce sont des instants des plus profitables pour nous; et ils nous permettent de présenter à d'autres le message du salut.


L'appel à l'élargissement

Après avoir, depuis le bateau, adressé Son enseignement à la foule se tenant sur le rivage, «il dit à Simon: Avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher Simon lui répondit. Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre; mais, sur ta parole, je jetterai le filet. L'ayant jeté, ils prirent une grande quantité de poissons, et leur filet se rompait» (Luc 5, 4-6).

L'ordre donné à Pierre: «Avance en pleine eau .. » est rendu ainsi dans d'autres versions: «Pousse en eau profonde...» (Maredsous), «Avance la barque à un endroit où l'eau est profonde» (Français courant). Dieu veut élargir nos limites. Nous devons porter nos regards vers le large, nous ne pouvons cesser de ramer:

nous devons avancer toujours plus sur la mer des peuples. Nous ne pouvons nous arrêter que là où le Seigneur nous dit de le faire pour y jeter nos filets.

Nous ne devons pas ménager nos peines; nous devons continuer à chercher des occasions d'accomplir la mission prioritaire de l'Église. Mais il faut pour cela une totale confiance dans les promesses bibliques.


Une ferme confiance en Jésus

«Simon lui répondit. Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre; mais, sur ta parole, je jetterai le filet» (Luc 5, 5). Toutes les objections humaines, tous les motifs et expériences de la raison, Pierre les surmonta en disant: «... mais, sur ta parole, je jetterai le filet». Il y a mille et un arguments, sentiments et paroles humaines pour nous arrêter, pour nous empêcher de jeter nos filets, pour nous amener à la résignation. Cela n'a plus aucun sens de prier pour un tel ou une telle – la situation ne fait que s'aggraver! Il existe pourtant un argument décisif qui doit nous inciter à continuer et à ambitionner davantage: écouter la Parole de Dieu et la mettre en pratique. Jésus a promis: «Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre... Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création . – Et voici, le suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde» (Matth. 28, 18-19; Marc 16, 15; Matth. 28, 20). Parce que, Seigneur, tu l'as déclaré dans ta parole, je prie. Sur ta parole, je vais, car je n'ai rien d'autre sur quoi m'appuyer. Les gens déçoivent; mais sur ta parole, je veux oser!

Pierre, sur la parole de Jésus, a osé jeter les filets; et il ne l'a pas regretté: «L'ayant jeté, ils prirent une grande quantité de poissons, et leur filet se rompait... Alors Jésus dit à Simon: Ne crains point; désormais tu seras pêcheur d'hommes» (Luc 5, 6.10).

Jusqu'à ce que la décision mûrisse dans un coeur de ne plus regarder ni à gauche ni à droite, mais de simplement agir sur la parole de Jésus, il faut de la foi. Dieu ne fait appel ni à nos sentiments ni à nos pensées, mais bien à notre volonté. A cet égard, j'ai lu récemment ces quelques lignes dans un livre de méditations très interpellant:


«J'aimerais» – «Je ferai» – «Je veux»

Ces trois expressions situent trois types d'individus. Il est aisé de deviner laquelle des trois catégories les promesses divines visent, et qui s'en tirera le mieux dans la vie.

«J'aimerais bien» – cela signifie que l'on sait déjà que telle qu'elle est, la situation n'est pas en ordre; quelque part, on désire une «autre vie», on aspire à sortir du manque de clarté et de vérité, mais on ne parvient pas à prendre une décision nette: on veut et on ne veut pas, on «aimerait», et on reste irrésolu.

«Je ferai bientôt» – le sens en est que l'on a bien compris ceci: les choses ne peuvent pas continuer ainsi, on veut en sortir, on prend une décision, mais on n'ose pas s'engager immédiatement, on remet à plus tard; et dans cette attitude, on stagne et, au fond, on est très malheureux.

Par contre, il y a le «Je veux» – dans ce cas, on ne se contente pas d'aspirer à quelque chose et de réfléchir; il s'agit ici d'une nette décision; une démarche ferme est entreprise.

C'est ainsi que Pierre a agi, lorsque Jésus le mit devant le choix à faire; il a prononcé le grand «Mais» de sa vie et il a oeuvré en conséquence: «... mais sur ta parole je jetterai le filet»

Des milliers de personnes l'ont suivi. Plus nous adopterons cette attitude courageuse, plus Jésus pourra nous utiliser à Son service dans Sa communion.

Le Seigneur attend que nous prononcions ces deux petits mots, maintenant et régulièrement: «Je veux...»

Soyons de ceux qui, «sur sa parole», s'engagent vers le large des possibilités divines! Ce n'est qu'en entreprenant des démarches fermes «sur sa parole» que nous serons de véritables pêcheurs d'hommes.

© Appel de Minuit 10 / 1999


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À TOI


Simon, j'ai quelque chose à te dire. Luc, VII, 40.)


Quand Jésus dit à Simon le Pharisien: «Simon, j'ai quelque chose à te dire,» ce préambule tout personnel introduit un récit qui doit servir à l'instruction de tous.

La parabole du créancier et des deux débiteurs est d'une application universelle; mais elle s'applique d'abord à Simon et répond aux secrètes pensées de son coeur, à des pensées que Jésus a lues dans le coeur de Simon, bien que les lèvres de Simon ne les aient point formulées.

Il en arrive de même tout le long de notre vie.

Bien que nous n'ayons peut-être rien dit à Dieu, Dieu a quelque chose à nous dire. Nous n'avons pas fait de question, et nous obtenons une réponse: à nos préoccupations intimes Dieu adresse la parole, directement ou indirectement.

J'ai, par exemple, un doute secret. La voix d'un scepticisme caché, presque inconnu de moi-même, m'a dit: «Cela est-il bien possible?» Et voici que les merveilles de la puissance divine déconcertent mes objections. Les pierres deviennent du pain, les pécheurs se convertissent, la nuit est sillonnée par des éclairs qui révèlent le fond des choses et le fond des coeurs. «Dieu a quelque chose à me dire.»

C'est, par exemple, un remords qui n'a jamais su devenir une repentance; c'est un ver qui ne meurt pas, un feu qui ne s'éteint pas; contre ce souvenir obstinément accusateur il n'y a pas de remède humain, pas de Léthé qui coule à ma portée, pas de tombeau qui consente à garder ce mort. Mais voici une parole qui nie vient du ciel, voici une goutte sanglante qui tombe de la croix; et cela suffit. «Dieu a quelque chose à me dire.»

Et cette douleur persistante, ces larmes qui ne s'arrêtent pas, ce regret immortel d'une créature mortelle, cette souffrance sans consolation? - Le Christ s'approche, et il me regarde, et il ouvre sa bouche sacrée «Il a quelque chose à me dire.»

Oui, Dieu parle directement, individuellement. Il me connaît «par mon nom;» il sait mon péché spécial, ma tristesse spéciale, mon incrédulité personnelle; car il a pour chacun un appel qui convient à chacun. Il s'adresse à Simon fils de Jonas autrement qu'à Simon le Pharisien, et quand il dit «quelque chose» à la Samaritaine, il lui révèle son péché à elle, et non pas les péchés de tout le monde.

Quelquefois Dieu s'adresse à nous par l'intermédiaire d'un homme; mais alors même qu'il y a un tiers entre lui et nous, et que les bonnes nouvelles nous parviennent par un messager, c'est toujours lui qui appelle, et moi qu'il appelle. Oui, même quand c'est Marthe qui dit à Marie: «Le Maître est ici, et il t'appelle,» (Jean, XI, 28) même quand l'aveugle qui ne pouvait voir Jésus et qui ne l'entendait pas non plus, reçut de sa part cette invitation: «Prends courage, lève-toi, il t'appelle.» (Marc, X, 49)

Jésus voulait voir Marie et la Consoler; Jésus voulait voir l'aveugle et le guérir; Dieu veut me voir, me consoler, me guérir. Il ne peut pas se passer de moi, parce qu'il sait bien que je ne peux pas me passer de lui. Son éternelle félicité a besoin de ma propre félicité. «Il a quelque chose à me dire,» à moi qui peut-être ne lui ai jamais ouvertement et franchement parlé.

Est-ce que je ne répondrai pas au Maître qui exprime ce désir, comme Simon le Pharisien, fût-ce au prix d'une humiliation méritée? «Maître, ce que tu as à me dire, dis-le.»


Benjamin Couve

Courtes méditations (1894)

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CHOISIR LA BONNE PART


«Comme Jésus était en chemin avec ses disciples, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Elle avait une soeur, nommée Marie, qui, s'étant assise aux pieds du seigneur, écoutait sa parole. Marthe, occupée à divers soins domestiques, survint et dit: «Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma soeur me laisse seule pour servir? Dis-lui donc de m'aider». Le Seigneur lui répondit: «Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses. Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée» (Luc 10, 38-42).

Nous savons où s'est passée cette histoire, qui revêt une énorme signification pour notre vie spirituelle, car elle nous montre où nous avons placé notre centre de gravité. Cette scène se déroula à Béthanie. Partons, en pensée, de Jérusalem vers le mont des Oliviers via la vallée du Cédron; dans la direction sud-est, se trouve Béthanie sur le flanc oriental de cette colline. Jésus a souvent fait ce chemin dans les deux directions. Nous sommes toujours fortement impressionnés quand, lors de nos voyages en Israël, nous pouvons nous en aller par ces chemins sur lesquels notre cher Sauveur a marché. Mais le faisons-nous chaque fois dans l'attitude intérieure qui convient? Béthanie (= Maison des pauvres) est arabe dans sa plus grande partie; elle se nomme el-Azarije et fait dès lors penser à Lazare, que Jésus a ressuscité. Le village voisin de Bethphagé nous rappelle que le Seigneur y a fait trouver un âne à ses disciples avant Son entrée à Jérusalem.

Béthanie était alors un village essénien. On pense qu'il y avait là aussi un camp de lépreux; c'est ce que nous donne à croire Matthieu 26, 6: «Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux...» Un reporter a écrit:

Il y a cent ans, Béthanie était encore un misérable village de vingt à trente cabanes, faites de pierres enlevées aux ruines de l'ancienne Béthanie. Sur cette petite pente se trouvent des amandiers avec leurs fleurs blanches, des abricotiers, des figuiers et des oliviers; au printemps, l'herbe verte et fraîche est toute parsemée de fleurs sauvages multicolores.

Jésus n'était pas insensible à la beauté de la nature. Au contraire, Il considérait avec énormément d'attention la création de toute vie que Lui-même et Son Père avaient amenée à l'existence. Cette nature Lui a inspiré des paraboles remarquables. Aujourd'hui, Béthanie, qui a grandi, est intégrée à Jérusalem.

Notre récit nous rapporte l'entrée de Jésus chez les deux soeurs Marthe et Marie et leur frère Lazare, à Béthanie. Quand le Fils de Dieu pénètre dans une maison, cela revêt toujours une énorme signification, car il s'y passe alors des choses merveilleuses!

La Bible porte à notre connaissance d'autres rencontres très importantes du Seigneur. Nous lisons en Genèse 18, 1-3: «L'Éternel lui (à Abraham) apparut parmi les chênes de Mamré, comme il était assis à l'entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour. Il leva les yeux et regarda: et voici, trois hommes étaient debout près de lui. Quand il les vit, il courut au-devant d'eux, depuis l'entrée de sa tente, et se prosterna en terre. Et il dit: «Seigneur, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe point, je te prie, loin de ton serviteur.» Qui était Celui qu'Abraham reconnut comme l'Éternel, désireux d'entrer chez lui? C'était le Fils du Dieu de gloire, qui, avec deux de Ses anges, avait pris provisoirement une forme visible avant Son incarnation. C'était le Messie, de qui il est dit «... duquel les origines ont été d'ancienneté, dès les jours d'éternité» (Michée 5, 1; version Darby). Quel moment ce fut dans la vie d'Abraham, le fidèle serviteur de Dieu, de pouvoir recevoir le Très-Haut en toute liberté, mais avec une profonde révérence! Le Seigneur aime entrer chez des gens qui vivent selon Ses commandements.

Abram prenait à coeur la recommandation qui lui avait été adressée auparavant: «Lorsque Abram fut âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, l'éternel apparut à Abram et lui dit: Je suis le Dieu tout puissant.

Marche devant ma face et sois intègre.» (Gen.17, 1). Abram, en se pliant à cette directive, approfondit sa relation avec Dieu. C'est alors qu'il reçut son nouveau nom: Abraham. La venue du Très-Haut chez lui fut de toute importance, car cette promesse lui fut alors faite: «Je reviendrai vers toi à cette même époque; et voici, Sara, ta femme, aura un «fils» (Gen. 18, 10). Abraham intercéda alors pour Sodome et Gomorrhe; et il parvint à sauver la vie de son neveu Lot.

Toute différente, mais tout aussi bénie, fut l'entrée de Jésus chez le péager Zachée à Jéricho, un homme qui s'était enrichi d'une manière douteuse.

«Lorsque Jésus fut arrivé à cet endroit, il leva les yeux et lui dit: Zachée, hâte-toi de descendre (du sycomore); car il faut que je demeure aujourd'hui dans ta maison'» (Luc 19, 5). Étrange: le visiteur qui invite le propriétaire! Peu courant! Celui qui s'invite n'a pas souvent des intentions pures. Jésus entrait chez des publicains et des pécheurs, ce qui était très mal perçu par Ses concitoyens: «Voyant cela, tous murmuraient et disaient: Il est allé loger chez un homme pécheur» (Luc 19, 7). Mais le Seigneur ne se laissait pas détourner quand il s'agissait de sauver une brebis perdue. L'opinion publique ne pouvait L'arrêter dans Sa mission. Quand Il cherchait un gîte, Il ne pouvait le trouver que chez des pécheurs. Zachée, assis en face de Jésus, a sans doute éprouvé ce que Pierre a ressenti, quand il s'est écrié dans une sainte frayeur devant la gloire du Seigneur: «Je suis un homme pécheur» (Luc 5, 8).

Zachée n'eut pas besoin d'être convaincu de péché il ne fut pas contraint à la confession: il reconnut spontanément sa condition de pécheur. En présence de Celui qui est la lumière du monde, toute souillure apparaît crûment. Mais tout coupable repentant obtient le pardon, le salut et la guérison de son âme: Jésus lui dit: «Le salut est entré aujourd'hui dans cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d'Abraham» (Luc 19, 9). Dès lors, ce péager, heureux d'être délivré de son péché, put héberger son Messie. Zachée, tout comme Abraham, eut cette rencontre sous un arbre. Il est écrit en Proverbes 8, 31: «Mes délices étaient dans les fils des hommes.» «Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu» (Luc 19, 10).

Venons-en maintenant au texte biblique introductif: Jésus entra donc à Béthanie chez ce trio de célibataires: Marthe, Marie et Lazare, qui habitaient ensemble. Jésus Lui-même n'était pas marié, contrairement au commandement divin: «Soyez féconds, multipliez!» Dieu donna ce commandement aux hommes, mais non au Fils éternel non créé. Pour les Esséniens, le célibat était considéré comme une vertu, que Jésus n'approuvait pas. Le Seigneur entra donc dans cette maison de Béthanie. Pourquoi?

Vraisemblablement parce qu'Il avait déjà pu apprécier auparavant l'hospitalité de ces gens, qui Lui avaient offert de passer la nuit. Nous lisons en Matthieu 21, 17: «Et, les ayant laissés, il sortit de la ville pour aller à Béthanie, où il passa la nuit.» C'était Sa dernière halte sur le chemin allant de Jéricho à Jérusalem, où Il allait souffrir et mourir. Il est écrit en Jean 11, 5 : «On Jésus aimait Marthe et sa soeur, et Lazare.» Ces gens pieux connaissaient manifestement l'ordonnance relative à l'hospitalité.

Ils savaient probablement aussi quelle bénédiction reçut la Sunamite pour avoir hébergé le prophète Élisée (cf. 2 Rois 4). La Parole de Dieu nous exhorte en Romains 12, 13: «Pourvoyez aux besoins des saints. Exercez l'hospitalité.» – «Il faut donc que l'évêque soit irréprochable, ... hospitalier...»(l Tim. 3, 2) – «Exercez l'hospitalité les uns envers les autres, sans murmures» (1Pierre 4,9) «N'oubliez pas l'hospitalité car en l'exerçant, quelques-uns ont logé des anges, sans le savoir» (Hébr. 13, 2) – «... mais qu'il soit hospitalier (un ancien), ami des gens de bien.. .» (Tite 1, 8). L'Écriture Sainte ne passe pas sous silence qu'il existe des oisifs pieux, et elle met en garde contre les parasites (pique-assiettes) (2 Thess. 3 et 1Tim. 5), qui aiment vivre au crochet des autres, qui abusent de l'hospitalité des croyants et remplissent leur ventre chez eux.

Entrons maintenant avec Jésus chez Marthe et Marie. Marthe fait preuve de courage en recevant chez elle le Seigneur, mis au ban de la société par les autorités. Cela équivaut à une reconnaissance du Messie. Celui qui le fait peut facilement être regardé de travers ou abreuvé de moqueries. Des préparatifs sont immédiatement entrepris pour offrir l'hospitalité au Seigneur. Marthe, vertueuse et active, s'affaire au repas, tandis que sa soeur Marie se met aux pieds de Jésus pour L'écouter parler. Il est inhabituel qu'elle n'apporte pas son aide. Comme Marthe devait fulminer! Mais Marie, désireuse d'apprendre, n'en remarquait rien. Buvant les paroles du Seigneur, elle en oubliait son entourage.

Elle ne voulait perdre aucun des mots qu'il prononçait. Quel moment pour elle! Finalement, Marthe, n'y tenant plus, demanda à Jésus de rappeler sa soeur à ses obligations domestiques. Mais elle s'attira ce doux reproche: «Le Seigneur lui répondit:

Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses. Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée» (Luc 10, 4 1-42). Ainsi parla-t-Il à Marthe; par contre, nous ne savons ce qu'Il dit à Marie. Peut-être était-il question du royaume des cieux.

Choisir la bonne part! Quelle en est la signification pour nous? Hors de Christ, la Parole devenue chair, il n'y a absolument rien de bon dans ce monde. Il sait situer les priorités. Certes, il apprécie l'hospitalité, le sens du devoir et la dignité du travail. Mais cette éthique n'est pas ce qu'il y a de plus élevé. Rien n'est plus important que la Parole de Dieu. Même s'activer pour le Seigneur n'a pas de valeur si les motifs du coeur ne sont pas purs et vidés de tout égoïsme. Bien des choses se réalisent dans le royaume de Dieu «au nom du Seigneur», mais elles n'appellent ni Son approbation ni Sa louange. À celui qui travaille dans cette sphère dans le souci de se faire connaître et de récolter des honneurs, Dieu ne promet aucune récompense. Jésus ne peut apprécier le zèle de Marthe, parce que, dépassant la mesure, elle néglige l'essentiel que le Messie, le Fils divin, lui propose. «Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée.» Que faut-il entendre par là? Réponse: Marie a choisi d'écouter et de retenir Ses paroles comme possession éternelle. «Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point» (Matth. 24, 35). Toutes les paroles de Jésus ont valeur d'éternité, et elles donnent la vie éternelle. «Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie» (Jean 6, 63). Peut-ii se trouver sur la terre quelque chose de plus précieux et de plus important que la Parole de Dieu? Certainement pas! C'est pourquoi Marie a choisi la bonne part à la source même de la vie en possession éternelle. Quelle heure de grâce inoubliable pour elle là, aux pieds de Jésus! Le coeur brûlant, elle honore ainsi son Messie. Elle veut dorénavant Le servir.

Nous comprenons maintenant que peu de temps après, la douce et paisible Marie aura le courage d'adorer le Fiancé de son âme lors de ce repas: «Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie, où était Lazare, qu'il avait ressuscité des morts. Là, on lui fit un souper; Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui se trouvaient à table avec lui. Marie, ayant pris une livre d'un parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et elle lui essuya les pieds avec ses cheveux; et la maison fut remplie de l'odeur du parfum» (Jean 12, 1-3). En répandant ce précieux parfum, Marie donna expression à la consécration de son coeur pour son Messie. Avec ses cheveux (l’honneur de la femme), elle essuya Ses pieds, qui bientôt allaient Le conduire à Golgotha – «elle l'a fait pour ma sépulture» (Matth.

26, 12), a dit Jésus.

Il y a ceci de particulièrement important dans l'existence: choisir la bonne part! Le faisons-nous?

Cherchons-nous cette place aux pieds de Jésus? Il nous donne la Parole de vie, car Il est Lui-même la Parole devenue chair. N'est-il pas d'une légèreté coupable de négliger la relation avec Lui dans la prière et la lecture du Saint Livre? Satan veut nous arrêter dans la communion avec Lui. Jésus ne doit pas être un hôte occasionnel; non, Il doit avoir Sa demeure dans notre coeur, Lui qui nous donne force et paix intérieure. L'apôtre Paul a écrit: «Je fléchis les genoux devant le Père... afin qu'il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d'être puissamment fortifiés par son Esprit dans l'homme intérieur, en sorte que Christ habite dans vos coeurs par la foi; afin qu'étant enracinés et fondés dans l'amour, vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu'à toute la plénitude de Dieu» (Ephés. 3, 16- 19).

Oui, une chose est indispensable! J.H. Schröder l'a formulée ainsi: «Ah, Seigneur, apprends-moi à distinguer cette chose unique et essentielle! Tout le restant, malgré les apparences, n'est qu'un joug pesant, sous lequel le coeur gémit et ne trouve aucune réelle satisfaction. Si je parviens à cette chose unique capable de remplacer absolument tout, mon âme en sera totalement réjouie.»

© Appel de Minuit Juillet 1998


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DE LA SOLENNITÉ D'UN FORT BREF DÉLAI


 «Il dit aussi cette parabole: Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint pour y chercher du fruit, et il n'en trouva point. Alors il dit au vigneron: Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n'en trouve point. Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement? Le vigneron lui répondit: Seigneur, laisse-le encore cette année, je creuserai tout autour, et j'y mettrai du fumier. Peut-être à l'avenir donnera-t-il du fruit; sinon, tu le couperas» (Luc 13, 6-9).

La Bible fait souvent du figuier un type d'Israël. Pensons au discours du Seigneur Jésus sur le temps de la fin, où Il dit en Matthieu 24, 32-33: «Instruisez-vous par une comparaison tirée du figuier. Dès que ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous savez que l'été est proche. De même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l'homme est proche, à la porte.» Les exégètes affirment généralement que la parabole du figuier, en Luc 13, concerne le peuple d'Israël endurci qui ne portait pas de fruit, mais qui, néanmoins, obtint un délai de grâce; mais parce qu'il ne mit pas ce temps de répit à profit, il fut coupé. Sachons que lire les Saintes Écritures avec une telle étroitesse de vue est beaucoup trop facile. Car:


La Parole de Dieu s'adresse au monde entier

Dans la parabole citée ci-dessus par le Seigneur Jésus, nous trouvons la clé du conflit entre, d'une part, l'absolue sainteté et l'inflexible justice de Dieu, et, d'autre part, Son amour infini. En raison de celles-là, Il doit damner l'homme pour sa stérilité selon les normes divines: il ne peut, en effet, produire du «fruit digne de la repentance». Aux saints regards de Dieu, «il n'y a point de juste, pas même un seul» (Rom. 3, 10). Bien que Dieu soit amour total (1 Jean 4, 8b), Sa justice et Sa sainteté absolues L'obligent à condamner le pécheur. Mais cette parabole fait mention d'un merveilleux miracle: celui qui s'est réalisé à Golgotha! Car si le propriétaire de la vigne et du figuier stérile a dit au vigneron: «Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement? Voici que cet ouvrier adresse cette prière à son maître: «Seigneur, laisse-le encore cette année; je creuserai tout autour, et j'y mettrai du fumier.

Peut-être à l'avenir donnera-t-il du fruit...» Appliqué à l'individu, le sens en est: Je vais m'occuper de lui, lui parler; peut-être se convertira-t-il, viendra à toi et portera enfin du fruit: «Seigneur, laisse-le encore cette année»! Je vois, en esprit, comment la cognée, pourtant déjà levée, sera déposée, et cela en raison du sacrifice de substitution accompli par Jésus-Christ sur la croix. Parce que Lui, le grand souverain Sacrificateur, s'est tenu à la brèche, le jugement a été différé l'amour et la grâce de Dieu peuvent se manifester par Celui qui a été jugé et condamné à notre place, et «qui a porté nos péchés en son corps sur le bois» (1 Pierre 2, 24).

Nous voyons ainsi que cette parabole ne se rapporte pas seulement à Israël, mais qu'elle constitue aussi un très sérieux avertissement pour chacun de ceux qui «ne portent pas du fruit digne de la repentance». C'est pourquoi, déjà en son temps, Jean le baptiseur criait aux soi-disant «Justes» qui venaient à lui: «Produisez donc du fruit digne de la repentance... Déjà la cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu» (Jean 3, 8. 10).


Un figuier dans la vigne – quel en est le sens?

S'il est possible d'approcher cette parabole de différents points de vue, il vaut la peine d'y considérer cet élément très particulier: «Un homme avait un figuier planté dans sa vigne.» Dans la nature, il n'est pas courant du tout de voir un figuier planté dans une vigne. Si, en priorité, le Seigneur parle là prophétiquement d'Israël, Il voit également en perspective l'Église, alors complètement inconnue, faite de Juifs et de païens. Ne perdons pas de vue que, dans l'Écriture, Israël est typifié, non pas par un seul arbre, mais par trois:


1. La vigne

«La vigne de l'Éternel des armées, c'est la maison d'Israël, et les hommes de Juda, c'est le plant qu'il chérissait.» (Ésaïe 5, 7).

2. Le figuier

Je rappellerai ici la parole du Seigneur déjà citée en Matthieu 24, 32:

«Instruisez-vous par une comparaison tirée du figuier...»

3. L'olivier

«L'Éternel avait appelé ton nom Olivier vert, beau de son fruit excellent» (Jér. 11, 16; version Darby). L'«olivier franc», dont il est question en Romains 11, est Israël.

Ici se pose cette très importante question: Pourquoi Dieu désigne-t-il Son peuple de ces manières? Parce que, dans Son grand amour pour Israël, Il s'est identifié à lui: «Dans toutes leurs détresses, il a été en détresse» (Ésaïe 63, 9; version Darby). À travers ces trois types d'Israël, nous voyons la complète identification de l'Éternel avec Son peuple – Il est Dieu en trois personnes qui s'unit à Israël!

Les feuilles et les fruits du figuier constituent des signes de l'intervention divine dans l'histoire du monde: «Mais apprenez du figuier la parabole qu'il vous offre: Quand déjà son rameau est tendre et qu'il pousse des feuilles, vous connaissez que l'été est proche. De même aussi vous, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que cela est proche, à la porte» (Matth. 24, 32-33; version Darby). Le prophète Joël nous dépeint l'avenir d'Israël et l'intervention de Dieu en sa faveur par ces mots: «Terre, ne crains pas, sois dans l'allégresse et réjouis-toi, car l'Éternel fait de grandes choses! Bêtes des champs, ne craignez pas, car les plaines du désert reverdiront, car les arbres porteront leurs fruits, le figuier et la vigne donneront leurs richesses» (Joël 2, 21-22). N'est-il pas frappant que dans ce passage – comme dans d'autres, notamment Michée 4, 4; Zach. 3, 10 – le figuier et la vigne soient mentionnés ensemble? Il en est ainsi, non seulement parce que le Père et le Fils sont un: «Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi» (Jean 14, 11), mais également parce que tant le Père que le Fils s'identifient à Israël. Nous voyons donc dans le figuier Israël et Dieu le Père, Lequel, comme signe de Sa puissance, intervient efficacement dans l'histoire du monde. Mais dans la vigne, nous trouvons, outre Israël, Dieu le Fils qui est allé sur le mont Calvaire, où Son précieux sang a coulé en rémission de nos péchés. Et dans l'olivier, autre type d'Israël, nous distinguons l'Esprit Saint qui opère avec détermination en Israël.

Si nous reconnaissons ces formidables dimensions de la relation de la Trinité divine avec Israël à travers le figuier, la vigne et l'olivier, nous serons émerveillés et n'oserons plus avancer cette affirmation: le figuier, qui devait être coupé mais a obtenu un répit d'une année, est Israël. Mais bien plutôt – je le répète – il a été planté, contre nature, dans la vigne. Je pense à cette parole de Dieu en Romains 11, 24: «Si toi, tu as été coupé de l'olivier sauvage selon sa nature, et greffé contrairement à ta nature sur l'olivier franc, à plus forte raison eux seront-ils greffés selon leur nature sur leur propre olivier» A qui l'apôtre adresse-t-il ces mots? Le verset 13 nous l'apprend: «Je vous le dis à vous, païens...» Étant, au départ, des rameaux de «l'olivier sauvage», nous avons été entés sur «l'olivier franc» qu'est Israël, et cela contre nature comme ce fut le cas pour le figuier dans la vigne. Voilà pourquoi cette parabole nous parle de Jésus-Christ et de Ses rachetés, qui ont été greffés dans Sa croix à Golgotha, cette vigne tout imbibée de Son sang. Ainsi donc:

– «nous avons la rédemption par son sang» (Eph. 1, 7);

– nous avons la paix avec Dieu «par le sang de sa croix» (Col. 1, 20);

– nous sommes «justifiés par son sang» (Rom. 5, 9);

– sur base de la foi, nous qui, jadis, étions éloignés et des étrangers, avons été greffés sur le pied de vigne divin. C'est ce que Paul nous décrit de façon saisissante, à nous païens: «C'est pourquoi, vous autrefois païens dans la chair, appelés incirconcis par ceux qu'on appelle circoncis et qui le sont en la chair par la main de l'homme, souvenez-vous que vous étiez en ce temps-là sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous avez été rapprochés par le sang de Christ» (Eph. 2, 11-13).

Le sens de cette parabole nous apparaît ainsi de plus en plus clairement. Elle comporte un très sérieux message pour nous qui sommes entés dans la vigne plantée dans le sol de Golgotha. Car en quoi consistait «la joie qui était devant lui», pour laquelle le Seigneur Jésus «a enduré la croix» et «méprisé la honte» (Hébr. 12, 2; version Darby)? Pourquoi a-t-Il «souffert hors de la porte» et versé «son propre sang» (Hébr. 13, 12)? La réponse:


En raison du fruit qui demeure

C'est ce que nous voyons en Jean 15, 16 où le Seigneur déclare: «Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure...» Tel est le seul but pour lequel nous sommes «devenus une même plante avec lui» (Rom. 6, 5). Pour porter «beaucoup de fruit», par lequel le Père céleste est glorifié (Jean 15, 8), il faut que nous restions en Jésus: «Demeurez en moi, et moi en vous... Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit» (v.4a.5b; version Darby). Détachés de Jésus, nous ne pouvons porter aucun fruit; le fruit qui demeure n'est produit que dans une relation vitale avec Lui. Très concrètement, cela signifie que le Seigneur Jésus a créé les conditions pour que nous, qui devons porter du fruit, puissions le faire: «... je vous ai choisis, et je vous ai établis, (on pourrait dire: je vous ai plantés) afin que vous alliez et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure...» En d'autres termes: Voilà votre mission! Pour qu'il en soit ainsi, je vais aller à Golgotha et verser mon sang!


Quel fruit attend-Il de nous?

Pour pouvoir porter ce fruit indispensable, il faut donc tout d'abord devenir une plante des parvis de Dieu, de Sa vigne. Seulement alors, indépendamment de l'âge et des déficiences corporelles, on produira du fruit qui Lui plaira. Nous lisons, à cet égard, au Psaume 92: «Les justes croissent comme le palmier, ils s'élèvent comme le cèdre du Liban. Plantés dans la maison de l'Éternel, ils prospèrent dans les parvis de notre Dieu; ils portent encore des fruits dans la vieillesse, ils sont pleins de sève et verdoyants, pour faire connaître que l'Éternel est juste. Il est mon rocher, et il n'y a point en lui d'iniquité» (v. 13-16). Dieu veillera à ce que vous, Son enfant enraciné en Jésus, puissiez porter constamment du fruit qui demeure, et cela quelles que soient les circonstances et vos épreuves; il est écrit en Jérémie 17, 7-8: «Béni soit l'homme qui se confie dans l'Éternel, et dont l'Éternel est l'espérance! Il est comme un arbre planté près des eaux, et qui étend ses racines vers le courant; il n'aperçoit point la chaleur quand elle vient, et son feuillage reste vert; dans l'année de la sécheresse, il n'a point de crainte, et il ne cesse de porter du fruit.» Paul était, lui aussi, tout à fait pénétré de la nécessité de remplir cette condition; écoutons-le faire cette recommandation aux jeunes dans la foi: «Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi...» (Col. 2, 6-7).

La question se pose une fois encore: Quel fruit le Seigneur attend-Il maintenant de nous? Déjà nous avons pu réaliser que nous ne serons à même de porter du fruit que si nous restons unis à Lui. Mais cette autre question surgit: N'est-ce pas l'Esprit Saint qui opère, qui donne vie à tout ce qui vient à nous de Dieu par Jésus-Christ? Dès lors: N'est-ce pas ce «fruit de l'Esprit» que Dieu veut trouver en nous? Très certainement!

Généralement, on pense qu'il y a différents fruits de l'Esprit. C'est là commettre une erreur; en effet, notons bien qu'en Galates 5, 22 Paul emploie expressément le singulier: «Mais LE FRUIT de l'Esprit est l'amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance.» Il s'agit donc là d'un fruit avec ses neuf manifestations. Parce que Paul, inspiré par l'Esprit Saint, parle, en tant que Juif, au départ d'usages judaïques, bon nombre de théologiens modernes ont trébuché sur ce «fruit de l'Esprit», pensant qu'il était en fait question de «fruits de l'Esprit». Ce problème étant d'une extrême importance, nous citerons ces réflexions très significatives d'un Juif messianique:

«Celui qui ne trouve pas Christ dans l'Ancien Testament ne pourra que très difficilement Le reconnaître dans le Nouveau. Cette affirmation fait référence à une vérité historique, ou mieux encore: chronologique. Car le Nouveau Testament s'est cristallisé au départ de l'action de l'Église primitive, qui a bâti sa doctrine sur les seuls écrits de l'Ancien Testament; les premiers évangélistes et apôtres – qui avaient reçu autorité pour le faire – dispensèrent leur enseignement sur Jésus sur base de l'Ancien Testament – le Nouveau ne vint que plus tard. Dès lors, certains concepts du Nouveau Testament ne peuvent s'expliquer que par la tradition juive. Ainsi, par exemple, le discours de Paul sur le «fruit de l'Esprit» (Gal. 5, 22). Des théologiens modernes ont trébuché sur le singulier employé par Paul pour l'énumération des neuf fruits: «l'amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance» il n'a pas retenu le pluriel, mais ces neuf fruits, il les a présentés sous la forme d'un singulier. Ces théologiens ne parvenaient pas à se retrouver dans les usages juifs, car Paul, par ce terme «fruit» figurant dans son Épître aux Juifs de la Galatie, faisait référence à «l'étui Bessomim» bien connu aujourd'hui encore. À la fin du sabbat, on célèbre la «Hawdala» dans les familles juives pieuses. Ce terme signifie «distinction» il doit marquer la différence entre la sainteté du sabbat et le caractère profane de la journée de travail, entre la lumière et les ténèbres, entre Israël élu et les peuples païens.

C'est pourquoi le Juif dit, entre autres, dans ses prières: «Tu nous as élus – Tu nous as fait le don de Ta grâce... » et ensuite, il remplit à ras bord la coupe «Hawdala» prévue pour cet usage. Sur ce, il allume les bougies «Hawdala» et met neuf épices odorantes dans «l'étui Bessomim» – le plus souvent en forme de fruit, en argent pur et avec des trous – qu'il referme et fait circuler parmi les gens de sa maison. Cette bonne odeur doit, en tant que salutation, remettre en mémoire, durant toute la semaine de travail, la paix du sabbat: un parfum qui nous rappelle la différence entre la lumière et les ténèbres. Josèphe Flavius (37-105 après Jésus-Christ) écrit dans «La Guerre des Juifs» qu'au temps de l'Ancien Testament, on se servait de douze épices et de sel pour un usage sacré. Ces épices n'étaient pas toutes suffisamment odoriférantes, mais neuf d'entre elles pouvaient être retenues pour «l'étui Bessomim». Le mélange des épices se faisait selon les traditions locales.

Chez les Juifs de la Diaspora, on donnait naturellement la préférence à des épices de l'Orient, de la Terre sainte, comme, par exemple, la coriandre, la menthe, la cannelle, les clous de girofle, la vanille, le fenouil, le cumin, la cardamome et l'aneth. Quand Paul parlait du «fruit de l'Esprit», ses auditeurs juifs voyaient immédiatement en pensée «l'étui Bessomim», faisant la distinction entre la bonne odeur de la vie dégagée par les croyants et celle de la mort émanant des ténèbres, car c'est à «l'amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance» que le monde reconnaît que nous sommes des enfants de la vie.

La «Hawdala» – la mise en évidence de ce qui est devenu abondance, lumière et bonne odeur de la vie par le fruit de l'Esprit – est devenue un défi pour les chrétiens d'aujourd'hui. «Loué sois-tu, ô Dieu, qui distingue entre ce qui est saint et ce qui est profane!» Puisse cette prière de la «Hawdala» nous sortir de la pénombre spirituelle, nous qui, si souvent, vivons bien indécis, afin qu'un parfum agréable se dégage en témoignage pour pénétrer chez tous nos voisins.»

Comme il y a un seul Esprit et qu'il y a le «fruit de l'Esprit» avec ses diverses manifestations, il en est de même pour les dons de l'Esprit au sein de l'Église du Seigneur et l'activité du seul Dieu: «Il y a diversité de dons, mais le même Esprit; diversité de ministères, mais le même Seigneur; diversité d'opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous» (1 Cor 12, 4-6). Il est une chose absolument indispensable, c'est que nous, croyants de la nouvelle Alliance, saisissions que le «fruit de l'Esprit» – c'est à dire la disposition intérieure de Jésus – avec ses neuf effets deviennent visibles et opérants en nous et par nous, et cela en opposition avec les gens du monde. Le grand péché de notre époque est la perte de l'identité chrétienne de sorte que l'on ne peut plus distinguer entre les disciples de Jésus et les incrédules, la frontière entre eux ayant disparu.


Le Seigneur cherche du fruit en vous...

... et non pas des dons spectaculaires de l'Esprit! C'est la raison pour laquelle Il a toujours parlé avec tant d'insistance, durant les jours de Sa chair, de la nécessité de porter du fruit; ainsi, par exemple, en Matthieu 7, 16-20: «Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ou un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C'est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.» Quel message d'un sérieux saisissant! Écoutons Jean le baptiseur, le héraut du Seigneur, crier en son temps: «Déjà même la cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu» (Luc 3, 9). Le Seigneur, également, dans Ses derniers discours, a dit aux Siens avec la plus grande solennité: «Je suis le cep, vous êtes les sarments... Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il (le Père) le retranche» (Jean 15, 5a.2a). Le Seigneur Jésus parle ici des croyants qui, certes, n'iront pas à la damnation éternelle, mais qui sont «retranchés». Ils feront la perte de la «couronne» pour avoir négligé le but à atteindre: «Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors, comme le sarment, et il sèche; puis on le ramasse, on le jette au feu, et il brûle» (v. 6). Nous retrouvons le contexte de ce verset en 1 Corinthiens 3, 15: «Si l'oeuvre de quelqu'un est consumée, il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu.» Dites-moi: Comme preuve de l'authenticité de votre foi en Jésus-Christ, portez-vous le fruit indispensable que le Seigneur cherche chez vous?

Ce n'est pas sans raison qu'en ce temps de la fin, il soit tellement question des dons de l'Esprit comme s'ils étaient hautement prioritaires. Mais notre Seigneur inverse les priorités. Il place les dons de l'Esprit au second plan et ne les accepte pas comme preuves de la réalité d'une vie sanctifiée, Il ne considère chez vous, chez moi qu'une seule chose: le fruit! Écoutons-Le dire en Matthieu 7, 21: «Ce ne sont pas tous ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux» (version Darby). Hélas, à tous ceux qui, en ce jour maintenant tout proche de Sa venue, feront état de leurs oeuvres pour prouver qu'ils sont enfants de Dieu: «Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom? N'avons-nous pas chassé des démons par ton nom? Et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom?» (v. 22), Jésus répondra: «Je ne vous ai jamais connus (au fruit, à votre disposition intérieure qui aurait dû être celle de Jésus); retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité» (v. 23)!

Quelle parole solennelle: «Je ne vous ai jamais connus»! Ils avaient pourtant des dons et étaient très «charismatiques» – mais c'est en vain que le Seigneur a cherché chez eux du fruit. Et vous, cher lecteur, se pourrait-il que votre vie de foi, même si elle est remplie d'expériences religieuses, ne revête aucune valeur aux yeux de Jésus-Christ, et cela parce que le «fruit de l'Esprit» – avec ses neuf manifestations – manque chez vous? Serait-il possible que vous viviez alors, quand vous vous trouverez devant le Seigneur, ce triste moment qu'a connu cette femme? À force d'économiser, elle avait pu réunir 10.000 DM. Elle se proposait, la guerre terminée et l'Allemagne écrasée, de faire bâtir une école biblique en Westphalie grâce à tout cet argent. Remplie de fierté et de joie, elle se rendit donc auprès du responsable pour lui remettre ce qu'elle considérait comme un grand sacrifice d'action de grâces. Mais elle connut là la plus cruelle déception de sa vie, car elle s'entendit dire que quelques jours auparavant, le DM avait été déclaré sans valeur par les Alliés. C'est le coeur bien lourd qu'il dut déclarer à cette pauvre dame: «Vos 10.000 DM ne valent absolument plus rien.» En prenant connaissance de cette nouvelle, je ne pus m'empêcher de penser à ces nombreux chrétiens qui – comme cette femme de fermier – s'en vont le chemin de leur vie sans jamais se demander: «Est-ce que je porte du fruit, ou bien vais-je me présenter les mains vides devant le Seigneur? Pourrai-je me tenir debout?» Cher ami, Il a dû payer le prix fort pour nous racheter! Il a dû monter sur ce sinistre coteau pour que nous devenions, en tant que croyants, une «plante» avec Lui! Êtes-vous réellement Sa propriété? Portez donc du fruit qui demeure pour l'éternité!


«Seigneur, laisse-le encore cette année...»

En lisant cette parabole de Luc 13 avec attention, on constate que Dieu Lui-même ne cesse de chercher du fruit chez vous, chez moi: «Alors il dit au vigneron: Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n'en trouve point» (v. 7a). Il revient continuellement, et vous remarquez Sa présence quand Il s'adresse à vous par Sa Parole et vous convainc de stérilité par Son Esprit Saint. Certes, Il trouve des feuilles, c'est-à-dire l'activité de la chair, comme des propos vains, de la médisance, des critiques, de l'impureté, de l'avarice, etc.; mais c'est en vain qu'Il cherche chez vous le «fruit de l'Esprit», l'image de Son Fils, la disposition intérieure qui était Sienne.

Si c'est le cas, sachez que vous passez à côté du véritable but de la rédemption: votre transformation à la ressemblance du Seigneur. C'est pour cela que Dieu a donné Son Fils, et que Celui-ci, après d'indicibles souffrances, a versé Son précieux sang, afin que nous soyons «à la louange de la gloire de sa grâce» (Eph. 1, 6). Oh, quels grands espoirs l'Éternel a fondés sur vous depuis votre conversion, depuis que vous êtes né de nouveau sur le mont Golgotha! Mais se pourrait-il que vous soyez resté attaché à d'anciens péchés? L'Esprit de Dieu ne cesse de vous mettre en garde par des paroles comme, par exemple, celle de 2 Corinthiens 6, 1: «Puisque nous travaillons avec Dieu, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain.» Mais voilà, on s'endurcit dans son péché: on est resté haineux; l'avarice est toujours bien là, et elle annihile toute tentative de germination du «fruit de l'Esprit», dont Paul dit en premier lieu qu'il consiste dans l'amour: «Mais le fruit de l'Esprit est l'amour...» Ce n'est pas sans raison que l'apôtre donne la priorité à l'amour; nous lisons en 1 Corinthiens 13, 13: «Maintenant donc ces trois choses demeurent: la foi, l'espérance, l'amour; mais la plus grande de ces choses, c'est l'amour» Le verset 2 nous présentait déjà la même pensée: «Et quand j'aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j'aurai même toute la foi jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien.»

L'Esprit veut indiquer par là que le Seigneur cherche chez vous ce fruit: «l'amour de Dieu», «versé dans votre coeur par l'Esprit Saint» (Cf. Rom. 5, 5b). S'Il le trouve, Il s'en réjouit. Dans le cas contraire, Il devra dire au vigneron: «Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n'en trouve point...». Serait-il possible que chez vous également, Il n'ait trouvé au cours de ces années aucune des manifestations du fruit de l'Esprit, comme: «l'amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance»?


«... Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement?»

Alors que le Seigneur de la vigne a cherché en vain du fruit et a dû, chaque fois, se retirer déçu, que va-t-il se passer maintenant? Sa colère éclate. Ne pensez pas que Dieu ne puisse plus éprouver ce sentiment à l'égard des croyants de la nouvelle Alliance; ce serait commettre une erreur. S'Il n'a pas épargné Son cher peuple Israël, si, dans Sa fureur, Il l'a expulsé de la terre qu'Il lui avait donnée, pouvez-vous concevoir qu'Il nous ménagera si nous restons stériles? Nous L'entendons dire, dans une sainte indignation, au vigneron: «Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement?» (Luc 13, 7b). Une version allemande de la Bible – celle de Wuppertal – met en évidence les effets désastreux que peut avoir un seul arbre parasite sur toute la terre – et donc un croyant sur toute l'Assemblée des rachetés par le sang de Christ. Il y a, dans cette traduction, cette phrase: «Coupe-le! Pourquoi épuise-t-il la terre?» En d'autres termes: Un croyant qui, par son endurcissement dans la désobéissance, ne produit aucun fruit, suce la précieuse sève de la vie de rédemption et utilise la «terre» a son propre profit. Abattre l'arbre est donc doublement nécessaire, parce que, par sa stérilité:

– il est inutile,

– il fait un mauvais usage du sol qu'il épuise. Le précieux sang de Christ est ainsi détourné du but pour lequel il a coulé. Ce qu'en dit Hébreux 10 reste particulièrement saisissant, même si ce passage est fort connu. Cette parole de Dieu ne s'adresse pas aux gens du monde, mais bien à des croyants; voici, au verset 28: «Celui qui a violé la loi de Moïse meurt sans miséricorde, sur la déposition de deux ou de trois témoins.» Suit alors, avec cette question, la transposition de ce passage de l'Ancien Testament au Nouveau: «De quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l'alliance, par lequel il a été sanctifié, et qui aura outragé l'Esprit de la grâce? Car nous connaissons celui qui a dit: À moi la vengeance, à moi la rétribution! et encore: Le Seigneur jugera son peuple. C'est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant» (v. 29-31). Ceux qui méprisaient la loi dans l'Ancienne Alliance devaient mourir sans miséricorde; à combien plus forte raison en sera-t-il ainsi pour ceux qui tiennent pour profane le sang de Christ. Un châtiment bien plus grave les attend, car l'oeuvre de la grâce s'est déjà accomplie pour eux.


Entre la grâce et le jugement

Jean le baptiseur se trouvait à la limite entre la loi et la grâce, entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Quant à nous, nous sommes à la frontière entre la grâce et le jugement. C'est pourquoi les paroles de Jean-Baptiste revêtent un sens extrêmement solennel pour notre temps: «Produisez donc du fruit digne de la repentance, et ne prétendez pas dire en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père (pour nous: Nous sommes des enfants de Dieu)! Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Déjà la cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu» (Matth. 3, 8-10). Quelle parole saisissante que celle-ci: «Déjà la cognée est mise à la racine des arbres...»! Nous vivons actuellement à une époque limite: le temps de la grâce s'achève! De même, les occasions pour les enfants de Dieu de porter du fruit sont comptées. Parce que né de nouveau, vous avez la vie éternelle; sachez pourtant que, si vous ne produisez pas de fruit, vous en subirez une perte. Comme le dit 1 Corinthiens 3, 15: «Pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu» – sans «récompense», sans «couronne», sans gloire.

Le délai accordé pour porter du fruit va bientôt s'achever! C'est pourquoi l'exhortation du Seigneur et celle de Jean le baptiseur sont identiques: «Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche» (Matth. 3, 2; 4, 17). Lors de la première venue de Jésus, ce message était d'une importance vitale. Maintenant qu'Il revient bientôt, cet appel à la repentance est d'une extrême urgence! Envisagez-vous vraiment de devoir vous tenir devant Lui les mains vides?

Quelle est la caractéristique de l'époque d'alors, et quelle est celle du temps actuel? D'un côté, une partie du peuple était disposée à se repentir dans l'optique de la venue du Messie. On vint donc auprès de Jean le baptiseur pour lui demander: «Que devons-nous donc faire?» (Luc 3, 10). Toutes les classes sociales étaient là représentées: des soldats, des fonctionnaires, des ouvriers et des employeurs. Ils se laissèrent convaincre, se jugèrent eux-mêmes et déclarèrent: «D'accord! Nous n'avons pas porté le vrai fruit de la repentance; nous devrions être coupés!» «Que devons-nous donc faire?» C'était un élan vers le réveil; c'était l'esprit de repentance sur leur stérilité spirituelle. Jean-Baptiste tourna leurs regards vers l'Agneau de Dieu. Quant aux autres qui ne voulaient pas voir leur situation désespérée, il leur adressa ces paroles dures: «Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir?» (Matth. 3, 7). Eux aussi venaient pour se faire baptiser par lui. Mais il les repoussa parce qu'ils ne portaient pas le vrai fruit de la repentance.

Parvenus comme nous le sommes à la frontière, l'exhortation du Seigneur à porter du fruit se fait de plus en plus pressante. Car bientôt, très bientôt, nous devrons nous présenter devant Lui (2 Cor. 5, 10). Ne voyez-vous donc pas que la cognée déjà levée est sur le point de s'abattre sur vous, le «figuier stérile»: «Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement?»? Cher lecteur, tout au long de mes années d'évangélisation et de service pastoral, j'ai souvent pu constater comment des croyants, qui ne portaient aucun fruit, étaient soudainement «coupés». Chose effrayante que celle-là! Le Seigneur avait attendu bien longtemps, mais tout à coup Il les retrancha: ils avaient négligé les occasions offertes pour produire du fruit! C'est ce qui se passa avec le peuple d'Israël des temps anciens: L'Éternel l'a porté, a pris soin de lui; Il a fait des miracles en sa faveur. Il lui a parlé Il lui est apparu. Mais tous ces efforts furent vains. Car quand le peuple fut parvenu à la frontière de la terre promise, Dieu le rejeta dans le désert. «Coupé!»

Nous sommes encore au temps de la grâce. En esprit, je vois encore ce vigneron se tenir devant son maître et le suppliant; il constitue un type de Jésus, notre céleste Souverain Sacrificateur. Que dit l'Écriture de Lui? «... Étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur» (Hébr 7, 25). Il est entre le Dieu saint et vous-même, le «figuier stérile». Je vois comment Il tend Ses mains percées vers Dieu pour supplier: «Seigneur, laisse-le encore cette année; je creuserai tout autour, et j'y mettrai du fumier» (Luc 13, 7). Et que se produit-il? La cognée déjà levée s'abaisse, et le jardinier se remet à travailler dans votre coeur:

Il creuse, Il prend soin de vous, pour qu'enfin vous portiez du fruit! Peut-être ce message vous effraie-t-il, et vous vous demandez: Pourquoi un tel discours? Je ne puis que vous répondre: Parce qu'il est grand temps! Je ne sais quel délai vous est encore accordé: deux ans, un an, un mois, ou... quelques jours seulement. Sachez que ce délai touche à sa fin! C'est pourquoi le Seigneur vous presse de porter du fruit. Il y a droit, car, selon Ésaïe 53, 12, ce fruit est le salaire de Ses souffrances. Ainsi donc, si vous êtes resté stérile jusqu'à présent, repentez-vous à cet instant même, «car le royaume s'est approché»!

Wim Malgo

© Nouvelles d'Israël 02 / 1993

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LA FEMME DE LOT


Souvenez-vous de la femme de Lot. (Luc, XVII, 32.)


Quel est le dessein de Jésus, alors que, dans sa prédiction relative à sa seconde venue, il intercale cette allusion à l'épisode bien connu de la Genèse? (XIX, 26.)

De même qu'en fuyant la ville maudite la femme de Lot a reçu l'ordre de ne regarder point en arrière et a été changée en statue de sel pour avoir désobéi, de même, saisi par une destruction subite, l'homme ne pourra et ne devra plus tourner les yeux vers le passé ni s'attacher aux souvenirs et aux intérêts d'un monde condamné. Ce sera le jour de l'irrévocable. Non plus en bas et en arrière, mais en haut et en avant!

Cette parole du Maître a, d'ailleurs, une application actuelle. Ne réprouve-t-elle pas, tout d'abord, les curiosités vaines? La femme de Lot sait bien que son regard est sans influence sur la destinée des cités vouées à la destruction: ce regard, stimulé par la défense même, n'a d'autre objet que de satisfaire son désir sans profiter à personne. Nous connaissons tous, plus ou moins, cet attrait vers les régions interdites, cette soif de connaître le mal, qui n'a rien de commun avec la soif d'être utile aux autres, cette vague et malsaine nostalgie des terres maudites. Un seul regard, rapide et furtif, puis nous reprendrons notre route. Mais ce regard, coupable d'abord, devient funeste. Il nous détourne d'avancer et nous tient cloués au sol.

Il n'y a pas seulement ici vaine curiosité, mais encore regrets stériles. Nous passons une partie de notre vie à nous lamenter de n'être plus ce que nous avons été, de n'avoir plus ce que nous avons possédé, et de n'avoir pas davantage ce qui aurait pu nous échoir, mais ce que nous n'avons jamais eu. Nous ne nous contentons pas (tristesse légitime) de pleurer sur les tombeaux qui ont reçu nos morts; mais nous avons aussi des larmes pour des simulacres de tombeaux où nous n'avons jamais rien mis que nos projets manqués, nos rêves déçus, nos chimères réduites en poudre. Il y a quelque chose de morbide dans ces regrets inutiles, qui nous attristent sans profit et qui épuisent notre force. C'est bien ici que s'applique le mot de l'Apôtre (Philippiens, III, 14): il faut «oublier les choses qui sont derrière nous, afin de s'avancer vers celles qui sont devant nous.» Si réellement toutes choses sont faites nouvelles (II Corinth., V, 17), ce n'est pas au passé qu'il faut donner notre attention et laisser notre coeur, quand l'avenir nous réclame et quand la cité de refuge est devant nous.

Mais la vaine curiosité et les regrets stériles ne sont que des symptômes d'un mal plus profond: ils attestent que la grande décision n'est pas prise et que le coeur partagé n'a pas fait son choix. Nous ne regarderions plus en arrière, si nous étions résolus à courir en avant et si le devoir de l'activité et de l'obéissance nous absorbait tout entiers. Combien de chrétiens qui se sont réduits eux-mêmes à l'immobilité et comme à l'impuissance spirituelle, parce que, trop chrétiens pour se plaire plus longtemps dans le royaume des ténèbres, ils n'étaient pas prêts, sans espoir de retour, à «marcher dans la lumière!»

Voilà pourquoi la femme de Lot est une image de l'âme humaine. Derrière elle, un monde qui s'effondre et qui se consume; devant elle, le salut, la vie, l'espérance illimitée.

Mon âme, tu as des âmes à sauver; mais tu ne peux les sauver qu'en te sauvant toi-même. Elles sont devant toi, non derrière toi! loin de t'attarder aux contemplations maladives et aux lamentations surannées, regarde l'horizon blanchir. «Le soleil se levait sur la terre, dit la Bible (Genèse, XIX, 23), lorsque Lot entra dans Tsoar.» Entre aussi dans l'éternelle cité du salut, sur laquelle s'est levé le Soleil de la justice.



Benjamin Couve

Courtes méditations (1894)

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QUE TROUVERA-T-IL?

Quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la tente? (Luc 18: 8)


À cette question posée par Jésus à ses disciples aucun d'eux ne répondit. Peut-être a-t-il simplement voulu les faire réfléchir – et nous faire réfléchir après eux – pour prévenir tout relâchement dans la foi et toute contrefaçon.

Laissons-nous donc aussi interpeller par cette question en demandant d'abord:


1. Que trouvera-t-il quand il reviendra?

Il trouvera sans doute des cathédrales, des basiliques, des temples, des chapelles, des lieux de pèlerinages, des cimetières pleins de croix, peut-être aussi des festivals de musique hard rock «chrétienne», des fabricants de louange, des ballets d'adoration, des metteurs en scène, des troupes de comédiens qui jouent l'Évangile, des stars, des chanteurs vedettes que les foules acclament, des hommes dont tout le monde dira du bien (Luc 6: 26). Il y aura de faux prophètes revêtus de vêtements de brebis (Mat. 7: 15), des faiseurs de miracles et des chasseurs de démons auxquels le Seigneur dira: «Je ne vous connais pas...» (Mat. 7: 23).

Il trouvera aussi des synagogues, des mosquées, des pagodes et autres sanctuaires, témoins d'une dévotion universelle qui est l'expression d'un besoin inné de l'âme humaine en quête de Dieu. Il rencontrera des foules qui croient et qui pratiquent une religion selon des coutumes ancestrales. Cette religiosité ne sera souvent que du ritualisme, du pieux sentimentalisme, du légalisme, de l'activisme, ou encore de l'intellectualisme, si ce n'est pas de la pure superstition. Juifs et païens du temps de Jésus ont aussi été très religieux, les uns attachés à des traditions annulant la Parole de Dieu (Mat. 15: 6-9), les autres adorant la créature au lieu du Créateur (Rom. 1: 25), invoquant un dieu inconnu (Actes 17: 23) ou se prosternant devant des idoles.

N'est-il pas dit par ailleurs qu'à l'avènement de Jésus il en sera comme du temps de Noé? Ce temps fut caractérisé par l'insouciance des gens qui ne se doutèrent de rien parce qu'ils ne prêtèrent pas attention à la prédication de Noé (II Pierre 2: 5) et le déluge les emporta tous, sauf ceux qui trouvèrent refuge dans l'arche?

Les religions et les sectes se sont divisées et multipliées au cours des siècles et les guerres ont déchiré et meurtri l'humanité, mais la Bible annonce pour la fin des temps une tendance au rapprochement et à l'unification de ces diverses collectivités nationales et religieuses, c'est-à-dire une sorte de syncrétisme politico-religieux mondial qu'elle appelle la grande Babylone (Apoc. 17: 5). Cette Babylone est en voie de formation autour de nous et à tous les niveaux. C'est un signe des temps à ne pas méconnaître. Une puissance d'égarement est à l'oeuvre et Satan cherche à séduire par toutes sortes de miracles, de signes, de prodiges et de slogans ceux qui n'ont pas reçu l'amour de la vérité pour être sauvés (II Thess. 2: 9-12).


2. Trouvera-t-il la vraie foi?

Quand Jésus reviendra il trouvera aussi un reste de fidèles qui auront gardé la Parole de la persévérance (Apoc. 3: 10) et la foi de Jésus (Apoc. 14: 12) sans se laisser séduire. Ce seront peut-être des fidèles se réunissant clandestinement, ou qui au contraire, paraîtront au grand jour et seront persécutés, sans renier leur foi (Apoc. 2: 13). Un reste auquel le dragon, c'est-à-dire Satan, fera la guerre (Apoc. 12: 17) et qu'il vaincra momentanément (la guerre aux saints: Apoc. 13: 71, mais l'Agneau, le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois, remportera la victoire finale, et les appelés, les élus ou les fidèles qui sont avec lui vaincront aussi (Apoc.

17: 14). C'est là la persévérance des saints (Apoc. 13: 9). L'essentiel est donc de demeurer en Lui pour faire partie de la totalité des rachetés qui seront alors aussi nombreux que les étoiles du ciel et innombrables comme le sable des plages (Héb. 11: 12).


Conclusion

cette heureuse perspective devrait encourager les enfants de Dieu isolés ou dispersés dans les dénominations déviantes ou apostasiantes à sortir de la confusion religieuse pour se rapprocher les uns des autres en vue de l'édification mutuelle et d'un témoignage commun fidèle et efficace.


Une question pour terminer:

Et si le Seigneur revenait maintenant comment nous trouverait-il?

– découragés et débranchés, sceptiques, indifférents aux réalités spirituelles, ou peut-être enthousiastes, exaltés, nous laissant emporter par les courants religieux présentement dominants et... «vogue la galère!»? – ou, au contraire, sérieusement engagés, nous confiant dans les promesses de Dieu, marchant par la foi en allant à contre-courant des moeurs dégradées et des abandons spirituels de notre époque, annonçant le salut en Jésus-Christ crucifié (1 Cor. 2: 2), c'est-à-dire l'Évangile – la Bonne Nouvelle – qui est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit (Rom. l: 1 6)?

Jean Hoffmann

 © La Bonne Nouvelle 6/94


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LE PHARISIEN ET LE PÉAGER


«Il dit encore cette parabole, en vue de certaines personnes se persuadant qu'elles étaient justes, et ne faisant aucun cas des autres: Deux hommes montèrent au temple pour prier; l'un était pharisien, et l'autre publicain. Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même: O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme ce publicain; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus. Le publicain, se tenant à distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine, en disant: O Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur. Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l'autre. Car quiconque s'élève sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé» (Luc 18, 9-14).

Ces deux hommes se rendaient au temple pour prier, mais leurs motivations étaient fondamentalement différentes.

Le Seigneur Jésus exprima nettement Son sentiment relativement au pharisien, qui se considérait particulièrement pieux, et était dès lors plein de mépris pour le péager: «Il dit encore cette parabole, en vue de certaines personnes se persuadant qu'elles étaient justes, et ne faisant aucun cas des autres.» Que répondrons-nous à ces questions: à qui va mon estime, au pharisien ou au péager? Auquel des deux souhaiterais-je me comparer, m'identifier? Sans qu'il soit nécessaire de réfléchir longtemps, la plupart d'entre nous se prononceront certainement en faveur du péager. En effet, le Seigneur n'a-t-Il pas dit à son sujet: «Celui-ci descendit dans sa maison justifié»? En raison de cette position de Jésus qui estime l'attitude du publicain meilleure, nous prenons parti pour cet homme. Dans ce récit, le pharisien est donc condamné tandis que le péager est justifié. Posons-nous maintenant cette question:


Qu'est-ce qu'un pharisien?

Il m'incombe peut-être de jeter sur les pharisiens un autre éclairage sous lequel ils sont habituellement placés. Qui oserait affirmer que leur personnalité n'a pas un côté moins mauvais?

Premièrement, malgré leur mauvaise réputation, ils avaient, contrairement aux sadducéens, un bon témoignage quant à la foi: «Car les sadducéens disent qu'il n’y a point de résurrection, et qu'il n'existe ni ange ni esprit, tandis que les pharisiens affirment les deux choses» (Actes 23, 8). Ils croyaient donc à la résurrection et, dès lors, à la vie éternelle.

Deuxièmement, un pharisien invita, un jour, Jésus à sa table: «Un pharisien pria Jésus de manger avec lui. Jésus entra dans la maison du pharisien et se mit à table» (Luc 7, 36).

Troisièmement, ce sont des pharisiens qui mirent en garde Jésus contre le roi Hérode. Nous lisons en Luc 13, 31 : «Ce même jour, quelques pharisiens vinrent lui dire: Va-t'en, pars d'ici, car Hérode veut te tuer,»

Quatrièmement, l'Eglise primitive compta aussi, parmi ses membres, des pharisiens, qui, malgré leurs nombreux manquements, étaient venus à une foi vivante en Jésus-Christ: «Alors quelques-uns du parti des pharisiens, qui avaient cru, se levèrent , . .» (Actes 15, 5). Ils étaient sortis du pharisaïsme corrompu; il est écrit dans la version de Maredsous: «Mais quelques-uns de ceux qui, avant d'avoir la foi, avaient appartenu à la secte des pharisiens...»

Cinquièmement, un des plus grands apôtres et évangélistes, à savoir Paul, était issu du mouvement religieux des pharisiens. Il n'en a jamais fait un mystère; il s'est toujours exprimé ouvertement sur ce sujet. Il avait été un des étudiants d'un des plus sévères et plus réputés pharisiens: «Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie; mais j'ai été élevé dans cette ville-ci, et instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la loi de nos pères, étant plein de zèle pour Dieu, comme vous l'êtes tous aujourd'hui (Actes 22, 3). Et écoutons-le s'écrier devant la cour suprême, où il devait se présenter pour la première fois comme prisonnier: «Hommes frères, je suis pharisien, fils de pharisien.» Il confessait donc appartenir à l'ordre des pharisiens et se réclamait de leur profession de foi: «C'est à cause de l'espérance et de la résurrection des morts que je suis mis en jugement» (Actes 23, 6). Quand il dut plaider sa cause devant le roi Agrippa, il déclara sans ambages: <«Ma vie, dès les premiers temps de ma jeunesse, est connue de tous les Juifs, puisqu'elle s'est passée à Jérusalem, au milieu de ma nation. Ils savent depuis longtemps, s'ils veulent le déclarer, que j'ai vécu pharisien, selon la secte la plus rigide de notre religion» (Actes 26, 4-5). Et il écrivit dans le même sens aux Philippiens: «Moi, circoncis le huitième jour, de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu né d'Hébreux; quant à la loi, pharisien» (Phil. 3, 5).

Si nous, croyants de la nouvelle Alliance, sommes portés à rejeter les pharisiens en bloc, nous devons cependant admettre qu'ils avaient un bon fondement s'appuyant sur la résurrection des morts.


Hypocrisie et grand savoir

Malgré toutes ces belles qualités, un pharisien reste un pharisien, c'est-à-dire quelqu'un de plutôt mauvaise réputation. Pourquoi? En raison de son hypocrisie, souvent épinglée par Jésus. Mais il se caractérisait aussi par un énorme savoir, ce qui, en soi, n'est pas répréhensible. Oui, les pharisiens étaient réellement fort versés dans les Écritures, de véritables érudits. Ainsi, par exemple, il est dit de Gamaliel, un des plus grands pharisiens de son époque et professeur du jeune Saul de Tarse: «Mais un pharisien, nommé Gamaliel, docteur de la loi, estimé de tout le peuple, se leva dans le sanhédrin» (Actes 5, 34).

Selon la tradition judaïque, ce Gamaliel était même surnommé «l'éclat de la loi». Mais c'était précisément cela qui faisait d'un pharisien un pharisien.

Au lieu de les conduire dans la vérité, ces connaissances considérables firent que la plupart de ces gens se fourvoyèrent. Paul, un des éminents pharisiens de son temps, ne le reconnut-il pas implicitement quand il écrivit aux Corinthiens: «La connaissance enfle, mais l'amour édifie» (1 Cor. 8, 1)? Cet énorme savoir faisait d'eux des hypocrites enflés d'orgueil, à qui il manquait l'amour du prochain. Nullement étonnants dès lors ces mots écrits par l'apôtre Paul avec une entière conviction: «Mais ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte, à cause de Christ. Et même je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus Christ mon Seigneur, pour lequel j'ai renoncé à tout, et je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ, et d'être trouvé en lui, non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s'obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi» (Phil. 3, 7-9).

Paul était tout disposé à jeter par-dessus bord tout ce qu'il avait appris comme pharisien pour pouvoir obtenir «l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ.» La plupart de ses anciens coreligionnaires ne parvenant pas à la véritable connaissance, Paul était donc plus ou moins isolé.

Après cette incursion dans la sphère des pharisiens, revenons à notre point de départ.


Deux attitudes fondamentalement différentes dans la prière

«Deux hommes montèrent au temple pour prier; l'un était pharisien, et l'autre publicain.» À la lumière des considérations précédentes, la différence entre les deux hommes apparaît plus nettement encore.

L'un connaissait pratiquement tout ce que l'on peut savoir, mais il ignorait la chose essentielle: son état intérieur. L'autre, peu cultivé, détenait pourtant une des plus merveilleuses notions qu'un être humain puisse posséder: la connaissance de soi; et c'est ainsi que lui, le publicain «descendit dans sa maison justifié.» Ce qui fut refusé au pharisien, enflé de sa propre justice.

Comment paraissons-nous devant notre Dieu? Dans quelle disposition intérieure prions-nous? Nous présentons-nous avec nos besoins devant le Seigneur comme des gens qui connaissent énormément de choses? Nombreux sont ceux parmi nous qui possèdent de vastes connaissances bibliques, sont avertis des choses de la prophétie et savent plus ou moins ce qui doit encore arriver en ce temps de la fin. Et à toutes ces questions, bon nombre ont des réponses toutes prêtes tirées du Saint Livre. Comme les pharisiens, beaucoup de chrétiens peuvent avancer la meilleure profession de foi qu'il puisse y avoir: «Je crois à la résurrection des morts et à la vie éternelle.» Mais savons-nous où nous en sommes nous-mêmes?

Il se peut qu'il y ait eu une époque où nous avions une réelle connaissance de nous-mêmes selon la Bible. Et cette connaissance de notre vie intérieure nous portait vraiment à la prière, de sorte que nous pouvions nous écrier à la manière du péager: «O Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur.» Mais qu'en est-il maintenant?

Nous vivons à une époque où le savoir de l'homme est particulièrement étendu. Les chrétiens d'aujourd'hui sont aussi fort bien informés, comme ce n'a jamais été le cas auparavant. Pourtant, dans bon nombre d'assemblées locales, il manque une des connaissances les plus importantes: la connaissance de soi. La conséquence en est que dans bien des endroits, se manifeste une vie chrétienne affreusement superficielle.

J'ai eu le privilège d'être élevé par des parents croyants. Dés ma plus tendre enfance, on se mettait à l'écoute journalière de la Parole de Dieu. Dès que nous avons pu lire, nous nous sommes mis à nous pencher personnellement sur le Livre des livres. Mais je pense sérieusement à ce que doit être la lecture de la Bible pour quelqu'un qui ne l'a jamais ouverte auparavant. Quel en serait l'effet sur moi? Mon propos n'est évidemment pas de dire que nous devons tout oublier de ce que nous savons de la Bible. Mais nous devrions lire la Parole comme si nous l'ouvrions pour la première fois, de manière à nous laisser toucher par elle. Nous sommes nombreux à avoir beaucoup de connaissances bibliques. Chez plusieurs, hélas, ce savoir leur cache leur état intérieur, de sorte qu'ils pensent erronément ne pas être en danger.

Pour terminer, je poserai une fois encore ces questions décisives: Comment sommes-nous aux yeux de Dieu? Dans quelle disposition intérieure prions-nous?

Comme ceux qui connaissent toutes choses et, en conséquence, prient par obligation – ou comme d'autres qui, convaincus de leur propre impuissance, désirent vivement trouver le Seigneur? Un des psalmistes a prié: «Comme une biche soupire après des courants d'eau, ainsi mon âme soupire après toi, à Dieu. Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant» (Psaume 42, 2-3a). Sommes-nous des chrétiens qui aspirent vraiment à rencontrer Dieu – ou, au contraire, poussons-nous un soupir de soulagement quand le temps de la prière arrive à son terme? Il importe d'y répondre honnêtement.

Une chose est certaine: L'ambition de se hisser bien au-dessus des autres, et cela parce qu'on les imagine de moindre qualité, est du plus pur pharisaïsme. Dans notre récit introductif, nous avons vu ce pharisien tout à fait conscient de la vilenie des autres, et en particulier de ce publicain. Si, chaque fois que nous prions, nous sommes pénétrés de nos propres imperfections, nous rentrerons chez nous «justifiés», ainsi que le Seigneur le dit.

«Car quiconque s'élève sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé.»

 

Par Marcel Malgo


© Appel de Minuit mai 1998

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DEUX POIDS, DEUX MESURES


Lire Luc 23.13-47

Ce passage tragique de l'évangile est animé par quatre prisonniers:

– un meurtrier gracié et libéré,

– trois prisonniers exécutés, dont:

  • – un malfaiteur endurci, – un malfaiteur repentant dans sa dernière heure,
    – un innocent injustement condamné.

– 50% de fautes imputables à la justice humaine sont mises en évidence:

  • a) condamnation de l'innocent, b) libération du meurtrier.

– Peut-être 75% d'insatisfaction si on regrette que le malfaiteur repentant n'ait pas été récupéré par la société.

La justice de Dieu est tout à fait différente, exempte d'erreur et empreinte de la volonté de pardon et de restauration du coupable. D'autre part, une grande promesse lourde d'avenir est faite à quiconque souffre d'injustice ici-bas. C'est Mat 5.6 (Darby): Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

Il est raisonnable d'aimer la justice de Dieu, car elle est guidée par l'amour  Pr 3.12; 1 Cor 11.32. En revanche le présent récit démontre que le plus grand juste peut avoir peur de la justice exercée par l'homme.

Comparons maintenant le jugement de l'homme avec celui de Dieu.


Barabbas

C'est le meurtrier libéré à la place de Jésus. Il doit son élargissement à la haine des puissants Juifs envers leur Messie, dont ils craignent le règne terrestre  Jean 19.21. Quelle différence avec la justice de Dieu, qui ne tient pas le coupable pour innocent Nom 14.18 et n'agit pas différemment selon les personnes Rom 2.11!

Barabbas ne comprend peut-être même pas d'où lui vient la faveur de la foule. Mais mieux que quiconque il sait que Jésus le juste est mort à sa place. Il a connu d'emblée ce message central de l'Évangile; il a peut-être été le premier homme à être convaincu sur ce point Jean 18.39s.

Mais la connaissance entraîne la responsabilité Rom 1.21. Barabbas, quelle responsabilité tu as, toi qui sais!

Que fera-t-il de sa connaissance? Se convertira-t-il à la première prédication de Pierre? Retournera-t-il à son ancienne vie? On ne le sait pas. Sa conduite future n'alimentera pas les controverses chrétiennes sur le code pénal des nations. Elle n'aidera ni un camp, ni l'autre.


Le malfaiteur repenti

Il n'a pas eu la chance de Barabbas. La chance influençait déjà la justice des hommes: ce n'était plus l'ancienne théocratie en Israël.

Mais avant de mourir, il s'est repenti, il a confessé son péché et il a fait appel au roi juste qui souffrait encore à côté de lui: Souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi!

Quel dommage qu'il n'ait pas été gracié à ce moment! Il nous devient tellement sympathique subitement. Et quel extraordinaire témoin il aurait été dans la future Église! Le témoignage des gangsters notoires convertis est très apprécié, on le suppose très efficace, mais c'est une pensée très humaine que d'attribuer une grande efficacité spirituelle aux puissants. Le Seigneur pense autrement et il préfère les instruments faibles, pourvu qu'ils soient conscients de leur faiblesse  1 Cor 1.27.

Le brigand converti prêchera cependant l'Évangile de la grâce, mais depuis la tombe. Son témoignage sera souvent cité avec succès: des multitudes comprendront le salut par ce moyen.

Un tel succès n'est pas étonnant, car au paradis le brigand converti n'aura ni la possibilité ni l'envie de s'en glorifier; en effet, la tentation de se glorifier est un des principaux freins du succès spirituel 1 Cor 1.28s. Et je vous le demande: quel ouvrier du Seigneur est aussi peu capable qu'un mort de se féliciter de ses résultats?

Quant à la justice de Dieu, nous la trouvons encore très différente: tant qu'il n'est pas trop tard, tout pécheur perdu peut changer de comportement en se repentant et envisager sur le champ une nouvelle vie avec le Seigneur  Act 17.30.


Le malfaiteur endurci

Dans ce cas, les principes de la justice divine correspondent à ceux de la justice romaine.

Comme son compagnon ce brigand n'échappe pas au châtiment et il est en contact avec le même Dieu sauveur, à portée de voix. Mais quelle différence dans le résultat: il se moque de l'innocent condamné. Les souffrances, l'humiliation et la mort ne changent pas ses sentiments. Dans cet exemple, la peine de mort n'est pas un moyen d'amélioration; mais la grâce du condamné n'aurait sans doute pas été plus efficace. Objectivement, on ne voit pas de relation de cause à effet entre le supplice des deux brigands et leur comportement: devant la même mort, l'un se convertit et l'autre s'endurcit.

Dans le domaine spirituel, combien d'hommes avertis de la destination éternelle, raillent et s'endurcissent définitivement! Remarquons que la menace de la colère de Dieu n'est pas le meilleur argument pour appeler les gens à se repentir.


L'innocent crucifié

Ce sera différent au tribunal de Dieu: aucune erreur, aucune injustice ne sera possible. Nous n'avons pas besoin d'avocat pour ces risques. En fait, si nous avons un avocat, et de quelle taille, c'est bien parce que nous sommes coupables, et notre seul issue est de plaider coupable. C'est ainsi du reste que le Seigneur plaide pour nous, en termes de loi, parce que son salut ne concerne que des coupables 1 Tim 1.15. En ce qui concerne la mort du Seigneur, il ne s'agit pas d'une erreur, mais d'un crime de la justice.

Bien sûr, les coalisés étaient nombreux à vouloir se débarrasser du Seigneur: Satan, les chefs religieux, le chef politique. Ce sont ces trois mêmes puissances qui dirigent le monde et bientôt se coaliseront vainement pour régner sur lui à la place du Seigneur. Tous avaient quelque chose à perdre si le Seigneur prenait le pouvoir. Alors, devant ce risque, ils ont choisi la mort du Seigneur, accomplissant sans le savoir de dessein de Dieu annoncé par les prophètes Mat 17.22; Es 53.

Il est remarquable que de nombreux avertissements (de portée prophétique) concernant la justice, mettaient les Juifs en garde contre l'injustice envers le Messie Ps 22; Pr 17.15.

Dans un coeur où règne le Seigneur, tout change. Mais le monde, lui, ne change pas, ni son prince. Aussi le monde est-il déjà jugé, car il ne changera pas avant que le Messie annoncé, Jésus lui-même, ait établi son royaume annoncé par l'Écriture.

Pour changer le monde, les hommes de bonne volonté sont impuissants. Impuissants leurs choix politiques ou judiciaires. Le seul chemin ne vaut que pour une personne à la fois, c'est le Seigneur Jésus Jean 16.8; 17.9,16; 14.6.

Une dernière pensée: des trois brigands, Barabbas et les deux larrons, lequel fut le plus grand pécheur au regard de Dieu?

Ce pouvait être n'importe lequel des trois, sans aucune incidence sur leur destinée éternelle. Seul compte le changement de comportement qui suit la repentance, ce nouveau départ avec le Seigneur Jésus Rom 3.23.

Henri Larçon

 © Promesses 1990 – 2 / No 92

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LA RÉSURRECTION DANS LA PERSPECTIVE DU TEMPS DE LA FIN


«Et, étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Comme elles ne savaient que penser de cela, voici, deux hommes leur apparurent, en habits resplendissants. Saisies de frayeur, elles baissèrent le visage contre terre; mais ils leur dirent: Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant?» (Luc 24,3-5).

Nous ne pouvons considérer comme un fait isolé la résurrection de Jésus, car elle concerne tant le passé que le présent et l'avenir. Nous voulons tout d'abord insister sur ce point: la mort de Jésus-Christ sur la croix de Golgotha est la victoire – un véritable triomphe – remportée sur l'enfer, la mort et le diable. À ce sujet, l'«Encyclopaedia Judaïca» déclare ceci de remarquable: «Si, comme les chrétiens le croient, le martyr Jésus était en même temps le Messie, Sa mort est dès lors d'une portée universelle.» De la signification infinie de cette mort, Jésus Lui-même a dit à Marthe, la soeur de Lazare: «Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?» (Jean 11, 25-26). Le Psaume 48, 15 en parla déjà prophétiquement: «Voilà le Dieu qui est notre Dieu éternellement et à jamais; il sera notre guide jusqu'à la mort.» Les chrétiens morts dans le Seigneur, qui ont cru en Jésus comme dans leur Sauveur personnel, vivront, parce qu'Il est ressuscité! Un poète a exprimé cette pensée en ces termes:

Un peu de temps encore, et la victoire sera remportée.

Le combat de la vie aura alors cessé.

Je pourrai me rafraîchir aux ruisseaux de la vie,

Et éternellement être avec Jésus et Lui parler.

Jésus a vaincu la mort par Sa résurrection. Et cette résurrection nous a ouvert une perspective pour ce temps de la fin et pour Son retour.

Nul ne put empêcher la résurrection de Jésus: ni la puissance du monde, ni les plus solides mesures de précaution, ni les soldats postés devant le tombeau. De même, aucune des forces du monde visible et de l'invisible ne pourra s'opposer au retour de Christ et à la restauration d'Israël. Il est écrit en Apocalypse 1, 7-8: «Voici, il vient avec les nuées. Et tout oeil le verra, même ceux qui l'ont percé et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui. Oui. Amen! je suis l'alpha et l'oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était, et qui vient, le Puissant.»


I. L'histoire se répète

Tout comme jadis le monde a essayé d'empêcher la résurrection de Jésus et que ceux qui Lui appartenaient se refusaient à l'admettre, le même phénomène se produit aujourd'hui quant à Son retour. À cet égard, considérons trois points importants:

1. La coalition politico-religieuse contre la résurrection et le retour de Jésus

Nous lisons en Matthieu 27, 62-66: «Le lendemain, qui était le jour après la préparation, les principaux sacrificateurs et les pharisiens allèrent ensemble auprès de Pilate, et dirent. Seigneur, nous nous souvenons que cet imposteur a dit, quand il vivait encore: Après trois jours je ressusciterai. Ordonne donc que le sépulcre soit gardé jusqu'au troisième jour, afin que ses disciples ne viennent pas dérober le corps, et dire au peuple. Il est ressuscité des morts. Cette dernière imposture serait pire que la première. Pilate leur dit Vous avez une garde; allez, gardez-le comme vous l'entendrez. Ils s'en allèrent, et s'assurèrent du sépulcre au moyen de la garde, après avoir scellé la pierre.»

Les autorités religieuses de jadis (le souverain sacrificateur et les pharisiens) et la puissance politique mondiale de Rome (Pilate) se retrouvèrent unies dans la poursuite d'un même but: Jésus ne peut absolument pas ressusciter! Pourquoi? Parce qu'elles voulaient réaliser leur programme politique. Que se passe-t-il de nos jours? Nous savons par Apocalypse 17 que l'Église unique mondiale (la religion) en devenir et le dernier empire universel antichrist (la politique) s'uniront pour atteindre un seul et même but: Jésus-Christ ne peut et ne doit pas revenir – Israël ne peut ressusciter!

Et que se passe-t-il aujourd'hui sous nos yeux? La «réconciliation» entre le Vatican et Israël! Durant pratiquement deux mille ans, le Vatican a refusé de reconnaître les juifs, Israël. Bien plus, les inquisiteurs de l'Église catholique romaine ont pourchassé, persécuté et tué des juifs par milliers. Pourquoi ce soudain rapprochement? On sait que les relations diplomatiques actuelles avec Israël apportent des avantages considérables au Vatican. Quand vous lirez ces lignes, le Pape aura peut-être déjà effectué sa visite officielle en Terre sainte, ou il sera sur le point de le faire. Mais faisons bien attention: nous sommes maintenant tout près de l'accomplissement d'Apocalypse 17!

Pourquoi, au dernier jour de l'intercession mondiale des femmes, une prière commune a-t-elle été prononcée contre Israël? Pourquoi aussi ces diverses résolutions de l'ONU contre le peuple juif – mais pas contre l'Iran qui encourage le terrorisme par tous les moyens et s'est donné pour but la destruction d'Israël? Voici un petit aperçu de ce qui se passe en Iran: Les non-musulmans sont marqués

Ainsi que l'agence KNA nous en informe, les commerces en Iran qui appartiennent à des non-musulmans sont tout particulièrement marqués: en effet, ils doivent appliquer une enseigne sur leur façade avec ces mots «Minorité religieuse». Ce procédé irait jusqu'à exiger que soit affiché sur les portes des bureaux des non-musulmans un permis de travail muni d'un cachet portant la même inscription.

Une fois de plus, tout cela montre clairement de quoi est capable l'islam pur et dur. En Algérie et peut-être aussi en Égypte, de semblables malheurs semblent vouloir frapper; cela nous laisse supposer quelles suites dangereuses aurait l'amalgame des pouvoirs publics et des forces religieuses islamiques.

Si le même phénomène se produisait en Israël, il serait vite condamné par l'ONU. Mais Israël va infiniment loin – échange de territoires contre la paix – pour obtenir cette paix avec les Arabes. Ces efforts sont un signe de la prochaine résurrection d'Israël, à laquelle l'adversaire s'oppose de toutes ses forces.

Le programme de ce monde doit se poursuivre en dehors de l'intervention de Dieu. Son règne ici-bas ne peut à aucun prix se réaliser. Car quand Jésus reviendra, cela signifiera la résurrection spirituelle du peuple d'Israël et la domination mondiale du Fils de Dieu à partir de Jérusalem.

2. L'opposition militaire à la résurrection et au retour de Jésus

On s'est efforcé jadis d'empêcher la résurrection de Jésus, annoncée par Lui, en postant des soldats romains devant Sa tombe (Matth. 27, 65-66). Cela s'est fait le second jour, après celui de la préparation.

Voyons cela dans la perspective du temps de la fin: Quand ce temps de la fin atteindra son point culminant, le monde tentera de résoudre militairement le problème de la restauration d'Israël, laquelle se réalisera par le Seigneur lors de Son retour; la question se réglera à Harmaguédon. C'est ainsi que la Russie voudra poursuivre la politique de l'URSS au Proche-Orient. Voici ce que nous avons pu lire, à ce sujet, dans le magazine «Focus» (No 12/ 94):

Le retour d'une puissance mondiale «Que cela convienne ou pas, nous sommes de retour», a déclaré Viktor Gogitidse. Ce diplomate d'origine géorgienne s'occupe, commissionné par le Président russe Boris Eltsine, du retour de Moscou au Proche-Orient. Gogitidse a déjà pu lancer un premier signal: le ministre des Affaires étrangères Andréi Kosyrev s'est rendu à Jérusalem pour y rencontrer le Premier ministre Yitzhak Rabin, et ensuite à Tunis pour discuter avec le chef de l'OLP Yasser Arafat.

Gogitidse songerait-il à tracer de nouvelles sphères d'influence? Le diplomate nie: «Nous voulons tout simplement jouer un rôle positif»

Il y a d'autres indices qui viennent prouver que la Russie se pointe de nouveau dans le grand jeu du Proche-Orient: – Moscou a exigé un assouplissement des sanctions contre l'Irak.

– Une flottille «de l'amitié» russe a fait une apparition dans le port irakien d'Um-Kassar.

– Des «experts techniciens» russes se sont rendus à Damas pour discuter de la vente de pièces de rechange pour les armes soviétiques livrées à la Syrie.

– Le navire espion soviétique «Ariel», maintenant sous pavillon russe, est, pour la première fois depuis 1989, retourné dans le golfe Persique, soi-disant pour sonder l'environnement.

– Malgré sa situation financière très difficile, le gouvernement russe accorde de nouvelles bourses aux étudiants en provenance des pays arabes.

– Les fameux instituts soviétiques d'enseignement des langues arabes ont de nouveau ouvert leurs portes. L'élite diplomatique russe doit apprendre l'arabe, le perse et le turc.

– Pas moins de 30 délégations diplomatiques commerciales et culturelles partiront de Russie dans les trois prochains mois pour visiter 18 pays du Proche-Orient.

– Partout au Proche-Orient, les ambassades russes renforceront leur personnel. «Les communistes déçus, amateurs de vodka, s'en iront. Des diplomates plus jeunes, mieux formés et plus dynamiques viendront», a déclaré un observateur au Koweït.

Nous ne pouvons nous empêcher de penser à Ezéchiel 38 et 39. La prophétie biblique s'accomplit; elle se réalisera pleinement, comme, notamment, celle d'Ésaïe 13, 3-5: «J'ai donné des ordres à ma sainte milice, j'ai appelé les héros de ma colère, ceux qui se réjouissent de ma grandeur. On entend une rumeur sur les montagnes, comme celle d'un peuple nombreux, on entend un tumulte de royaumes, de nations rassemblées: L'Éternel des armées passe en revue l'armée qui va combattre. Ils viennent d'un pays lointain, de l'extrémité des cieux. L'Éternel et les instruments de sa colère vont détruire toute la contrée.» Jadis, le complot démoniaque des gens religieux et des politiciens se forma pour empêcher la résurrection de Jésus; un semblable complot d'origine satanique verra le jour. Il est écrit en Apocalypse 16, 13-16: «Et je vis sortir de la bouche du dragon, et de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits impurs, semblables à des grenouilles. Car ce sont des esprits de démons, qui font des prodiges, et qui vont vers les rois de toute la terre, afin de les rassembler pour le combat du grand jour du Dieu tout-puissant. – Voici, je viens comme un voleur. Heureux celui qui veille, et qui garde ses vêtements, afin qu'il ne marche pas nu et qu'on ne voie pas sa honte! – Ils les rassemblèrent dans le lieu appelé en hébreu Harmaguédon.» Satan, aidé de ses armées de démons, mobilisera toutes les nations pour s'opposer au retour du Seigneur et à la résurrection d'Israël.

3. Malgré tous les efforts de l'ennemi, Jésus est ressuscité le troisième jour exactement comme Il l'avait annoncé!

Le moment où les soldats furent placés devant le tombeau de Jésus fut en même temps le «lever de rideau» pour Sa résurrection. Il nous est dit en Matthieu 28, 2-4: «Et voici, il y eut un grand tremblement de terre; car un ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre, et s'assit dessus. Son aspect était comme l'éclair, et son vêtement blanc comme la neige. Les gardes tremblèrent de peur, et devinrent comme morts.»

Au moment où les armées de ce monde se rassembleront à Harmaguédon en vue de s'opposer à la résurrection d'Israël, le ciel s'ouvrira et Jésus reviendra. Ce sera la fin de l'Antichrist «que le Seigneur Jésus détruira par le souffle de sa bouche, et qu'il anéantira par l'éclat de son avènement» (2 Thess.2, 8). Les tremblements de terre et les autres catastrophes naturelles de plus en plus nombreux témoignent du fait que tout se hâte dans cette direction. Il en est ainsi aussi de l'esprit militaire du monde actuel. Alors qu'apparemment il est beaucoup question de désarmement, on s'équipe à outrance d'armes atomiques, biologiques et chimiques et de systèmes de destruction toujours plus diaboliques. Les armées romaines antichrist s'efforceront, par la violence, d'empêcher le retour du Seigneur Jésus-Christ, mais elles échoueront lamentablement; il est écrit: «Ils combattront contre l'agneau, et l'agneau les vaincra, parce qu'il est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois, et les appelés, les élus et les fidèles qui sont avec lui les vaincront aussi» (Apoc. 17, 14). Cet événement a été typifié par la résurrection de Jésus.


II. La résurrection d'Israël par le retour de Jésus est proche

Comment le savons-nous? Il est dit, par exemple, en Ezéchiel 37,11-14: «Il me dit. Fils de l'homme, ces os, c'est toute la maison d'Israël. Voici, ils disent Nos os sont desséchés, notre espérance est détruite, nous sommes perdus! Prophétise donc, et dis-leur. Ainsi parle le Seigneur, L' Éternel. Voici, j'ouvrirai vos sépulcres, je vous ferai sortir de vos sépulcres, ô mon peuple, et je vous ramènerai dans le pays d'Israël. Et vous saurez que je suis l'Éternel, lorsque j'ouvrirai vos sépulcres, et que je vous ferai sortir de vos sépulcres, 6 mon peuple! je mettrai mon esprit en vous, et vous vivrez, je vous rétablirai dans votre pays, et vous saurez que moi, l'Éternel, j'ai parlé et agi, dit l'Éternel»

La peur des mondes religieux et politique, lors de la résurrection de Jésus, se situait au niveau de la possibilité de voir effectivement se réaliser ce qu'Il avait déclaré: à savoir qu'Il ressusciterait après trois jours. Cela ne pouvait être en aucun cas, c'est pourquoi ils placèrent des sentinelles romaines devant Sa tombe. Mais Jésus a triomphé ce qu'Il avait dit auparavant s'est accompli: Il est ressuscité le troisième jour. Il en sera de même pour Son retour en vue de la résurrection d'Israël. Le monde tentera de l'empêcher, mais: «Et vous saurez que moi, l'Éternel, j'ai parlé et agi, dit l'Éternel» (v. 14).

La sortie actuelle des Juifs des «tombeaux des nations» et le retour dans leur pays, voilà le grand but de Dieu: «Et vous saurez que je suis l'Éternel» (Ezéch. 37,13a, voir également v. 6).

– Toute la maison d'Israël sera ramenée (V. 11).

– Étant Son peuple, il sera ramené dans le pays d'Israël (V. 12).

– Afin qu'ils sachent qu'Il est l'Éternel (v. 13).

– Afin qu'ils obtiennent Son Esprit de réveil et pour que Sa Parole s'accomplisse (v. 14).

Si, de nos jours, Israël, sorti des «tombeaux des nations», a été replanté dans son pays comme nation vivante, l'événement qui suivra immédiatement sera que le Seigneur reviendra personnellement et que les juifs le reconnaîtront. Nous avons affaire avec un Dieu vivant! Quiconque éprouve des difficultés à comprendre peut prier; mais celui qui ne veut pas croire doit en tirer les conséquences.

Cet accomplissement est-il proche ou non?


III. Le plan divin en trois étapes pour le rétablissement d'Israël vu dans le Psaume 80

1ère étape: 1948

Asaph a supplié l'Éternel en ce sens: «0 Dieu, relève-nous! Fais briller ta face, et nous serons sauvés! Éternel, Dieu des armées! Jusques à quand t'irriteras-tu contre la prière de ton peuple? Tu les nourris d'un pain de larmes. Tu les abreuves de larmes à pleine mesure. Tu fais de nous un objet de discorde pour nos voisins, et nos ennemis se raillent de nous» (Psaume 80,4-7).

Nous trouvons là, décrite prophétiquement, l'histoire d'Israël au cours de notre siècle. Dieu a ramené les Juifs de l'Holocauste où ils avaient mangé du pain de larmes, et, tout spécialement en 1948, Il les ramena dans la terre promise d'Erez Israël, où ils durent faire face à l'hostilité farouche des voisins arabes: «Tu fais de nous un objet de discorde pour nos voisins, et nos ennemis se raillent de nous» (v. 7).

2ème étape: 1967

Nous lisons encore au Psaume 80, 8-12: «Dieu des armées, relève-nous! Fais briller ta face, et nous serons sauvés! Tu avais arraché de l'Égypte une vigne; tu as chassé des nations, et tu l'as plantée. Tu as fait Place devant elle: Elle a jeté des racines et rempli la terre; les montagnes étaient couvertes de son ombre, et ses rameaux étaient comme des cèdres de Dieu; elle étendait ses branches jusqu'à la mer, et ses rejetons jusqu'au fleuve.»

Dans la perspective prophétique: le 7 juin 1967, les nations ennemies furent chassées et Jérusalem fut rendue aux juifs de la part de Dieu. Lui-même a fait de Jérusalem la capitale de l'État d'Israël. Il a même donné à Son peuple davantage d'espace. Son pays devint extrêmement fertile de sorte qu'Israël put et peut exporter de plus en plus de fruits dans le monde entier.

3ème étape: La fin du dernier temps

Nous lisons encore au Psaume 80, 13-20: «Pourquoi as-tu rompu ses clôtures, en sorte que tous les passants la dépouillent? Le sanglier de la forêt la ronge, et les bêtes des champs en font leur pâture. Dieu des années, reviens donc! Regarde du haut des cieux, et vois! Considère cette vigne! Protège ce que ta droite a planté, et le fils que tu t'es choisi! Elle est brûlée par le feu, elle est coupée! Ils périssent devant ta face menaçante. Que ta main soit sur l'homme de ta droite, sur le fils de l'homme que tu t'es choisi! Et nous ne nous éloignerons plus de toi. Fais-nous revivre, et nous invoquerons ton nom. Éternel, Dieu des années, relève-nous! Fais briller ta face, et nous serons sauvés!»

Ceci encore vu prophétiquement: après l'enlèvement de l'Église qui, jusqu'à ce jour, a été, par ses prières, pour Israël comme une muraille de feu, celle-ci sera arrachée. Le méchant pourra alors déployer ses forces; l'Antichrist (la «bête») et les nations fondront sur Israël, et ce sera la grande tribulation – «Le sanglier de la forêt la ronge» (= la vigne qu'est Israël). Et il est aussi écrit en 2 Thessaloniciens 2, 6-8: «Et maintenant vous savez ce qui (c'est l'Assemblée) le (l'Antichrist) retient, afin qu'il ne paraisse qu'en son temps. Car le mystère de l'iniquité agit déjà il faut seulement que celui (l'Esprit Saint dans l'Assemblée) qui le retient encore ait disparu. Et alors paraîtra l'impie...»

En ces temps tout particulièrement difficiles, Israël aspirera à la venue du Messie: «Dieu des armées, reviens donc!» (v. 15a). Et le prophète dit: «Éternel, ils t'ont cherché, quand ils étaient dans la détresse» (Ésaïe 26, 16a). Par les versets suivants du Psaume 80, nous apprenons par la voix prophétique par qui Israël sera maintenu en vie: «Que ta main soit sur l'homme de ta droite, sur le fils de l'homme que tu t'es choisi! Et nous ne nous éloignerons plus de toi» (v. 18-19a). Après avoir accompli l'oeuvre de la rédemption par Sa mort sur la croix de Golgotha, Jésus-Christ fat ressuscité par Dieu le Père; et après être monté au ciel, Il put s'asseoir sur le trône à la droite de la Majesté divine «au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir. Il a tout mis sous ses pieds...» (Ephés. 1, 21-22a). Lui, le Roi des juifs, a gardé Israël dans sa dispersion de bientôt deux mille ans. Quand, durant les trois années et demie de sa terrible domination, «l'angoisse de Jacob», l'Antichrist s'efforcera de détruire le peuple d'Israël, les juifs crieront de tout leur coeur au Messie. Et lorsque Jésus apparaîtra avec puissance et en gloire, ils Le reconnaîtront comme tel (leur Messie) et se prosterneront devant Lui, et ils Lui diront: «Fais-nous revivre, et nous invoquerons ton nom. Éternel, Dieu des armées, relève-nous! Fais briller ta face, et nous serons sauvés!» (Psaume 80, 19b-20).

Voici donc en résumé: nous avons – la première étape du rétablissement d'Israël en 1948: «0 Dieu, relève-nous!» (Ps. 80, 4a). Les Juifs reviennent de l'Holocauste, des «tombeaux des nations» ils rentrent dans leur pays, et Dieu, de nouveau, fait d'eux une nation.

– La deuxième étape de ce rétablissement en 1967: «Dieu des années, relève-nous!» (v. 8a). Bon nombre de juifs en Israël et dans la Diaspora reconnaissent davantage leur Dieu et Son règne.

– La troisième étape, définitive celle-ci: «Éternel, Dieu des années, relève-nous!» (v. 20a). Ils reconnaîtront alors complètement leur Messie et Dieu!


IV. Quiconque aime l'apparition du Seigneur Jésus se tient dans la vraie sanctification

J'aimerais le dire une fois encore Il y a quelque deux mille ans, le monde voulut à tout prix empêcher la résurrection de Jésus; et les Siens refusèrent d'admettre qu'Il était réellement ressuscité le troisième jour, comme Il l'avait pourtant annoncé Lui-même. Il en va de même aujourd'hui quant à Sa prochaine venue.

Cher frère, chère soeur, vous êtes-vous déjà demandé pourquoi Thomas était absent quand le Seigneur Jésus apparut la première fois à Ses disciples après Sa résurrection? Nous lisons en Jean 20, 24-25: «Thomas, appelé Didyme, l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc: Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit. Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point.» La Bible déclare en Hébreux 12, 14: «Recherchez la paix avec tous, et la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur» Quand Jésus se présenta devant Ses disciples, Il leur dit: «La paix soit avec vous!» (Jean 20, 19). Thomas, le sceptique, n'était donc pas là il ne put goûter à cette communion de paix, parce qu'il ne croyait pas à la venue et à l'apparition du Seigneur. Déjà quand Jésus parla de Son retour en Jean 14, 1-4: «Croyez en Dieu, et croyez en moi. Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Si cela n'était pas, je vous l'aurais dit. Je vais vous préparer une place. Et, lorsque je m'en serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi. Vous savez où je vais, et vous en savez le chemin», Thomas répondit: «Seigneur, nous ne savons où tu vas; comment pouvons-nous en savoir le chemin?» (v. 5.). Après la mort et l'ensevelissement de Jésus, Thomas, dans son incrédulité, s'est tenu à l'écart des autres disciples qui, malgré leur faiblesse, attendaient ensemble et continuaient à espérer. Il n'a pu ainsi recevoir l'Esprit Saint; il est, en effet, écrit que le Seigneur souffla sur eux et leur dit: «Recevez le Saint-Esprit!» (Jean 20, 22).

Aimer l'apparition de Jésus appartient en fait à la sanctification, sans laquelle nul ne verra le Seigneur. Mais celui qui délaisse la communion des croyants par une attitude de doute, d'incrédulité ou d'hostilité abandonne aussi Jésus, qui se réjouit de voir Son Église réunie. Ils sont nombreux aujourd'hui à n'avoir aucun égard pour Jésus-Christ, parce qu'ils ne croient pas inconditionnellement à Son retour et ne s'attachent pas à la communion des croyants. C'est pourquoi, lors de Sa seconde apparition devant Ses disciples, Thomas étant alors présent, Il lui montra Ses mains et Son côté percés et lui dit: «... avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté...» (Jean 20, 27); et Il ajouta: «Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru!» (v. 29). Adoptez donc cette position d'attente dans la foi! Poursuivez la paix avec tous et la sanctification; vous irez ainsi, joyeux, à Sa rencontre, quand Il apparaîtra en l'air avec un cri de commandement; et vous Le verrez tel qu'Il est. Le Seigneur vient bientôt. Amen!


© Nouvelles d'Israël 06 / 1994


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NOUS ESPÉRIONS


Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël, mais avec tout cela, voici le troisième jour que ces choses se sont passées.

(Luc, XXIV, 21.)

Cléopas et son compagnon, dans l'entretien qui, le jour de Pâques, les rapproche de Jésus sur la route d'Emmaüs, expriment sans doute à leur interlocuteur inconnu les sentiments qui ont envahi le coeur des disciples depuis le vendredi soir et qui se résument dans ce seul mot: «Nous espérions.»

Ils éprouvent une immense déception. Il s'est fait en quelques heures un effondrement total de leurs espérances. Peut-être jusqu'à la dernière minute ont-ils cru à un revirement soudain, à une manifestation de puissance. Eux aussi, ils auraient volontiers crié au Crucifié: «descends de la croix.» Mais il n'en est pas descendu.

Et il ne s'agit pas ici d'une espérance purement ou principalement égoïste. Ce n'est pas surtout pour eux qu'ils ont compté sur lui: c'est pour Israël. Se mêlait-il une préoccupation personnelle à leur ambition généreuse qui avait en vue la patrie et la religion? C’est possible – Mais Jésus était pour eux le libérateur d'Israël; et c'est là l'espoir sacré qu'ils ont mis au tombeau: «Nous espérions,» disent-ils. Ils n'espèrent plus. Cléopas et son ami pensent et disent cela, juste à l'heure où le mort marche vivant à côté d'eux c'est leur déception qui va se trouver déçue.

Beaucoup de chrétiens – chrétiens du Vendredi-Saint ou du Samedi-Saint qui ne sont pas encore des chrétiens de Pâques – ont à la bouche cette plainte: «Nous espérions.» Ils vivent de regrets, ou ils en meurent. Ils gémissent, ils succombent sous le fardeau de leurs illusions desséchées et flétries. Ils ont cru, et ils ne croient plus au bonheur; ils ont attendu une délivrance qui n'est pas venue; ils ont compté sur un être chéri, pour réaliser un programme amoureusement conçu, et l'être imparfait a failli à sa tâche, ou l'être mortel est tombé avant l'heure; – ils ont entrevu un avenir radieux, et ils se retrouvent dans la nuit. «Pourquoi êtes-vous si tristes?» – «C'est que nous espérions, et nous n'espérons plus.»

Et ils reprennent: «Avions-nous donc tort d'espérer? nous sommes-nous trompés?»

Oui et non, mon frère, suivant que vous regardez le monde ou la croix.

Oui, vous vous êtes trompé, quand vous avez mis, de bonne foi d'ailleurs, tout votre espoir sur un intérêt d'un moment ou sur une créature d'un jour; quand vous avez attendu délivrance et joie de ceux qui pouvaient les promettre, mais non les donner. Le sépulcre où sont descendus vos espoirs n'est pas un sépulcre neuf; bien d'autres s'y sont engouffrés avant les vôtres; et ce tombeau-là ne peut pas rendre ses morts.

Non, vous ne vous êtes pas trompé, quand vous avez espéré, à la condition que vous ayez espéré en Lui, et que tous vos autres espoirs légitimes, sacrés, soient venus se ranger à l'abri et à l'ombre de cet espoir souverain. Vous ne vous êtes pas trompé, car Jésus est vraiment le libérateur, et il n'y a point d'apparence qui puisse prévaloir contre cette réalité, il n'y a point de tombeau qui puisse retenir ce Prince de vie et ceux qu'il prend sous sa garde; il n'y a pas de liens d'enfer qui puissent entraver ses bien-aimés.

Si donc vous croyez au Crucifié qui est aussi le Ressuscité, ne dites pas: «J'espérais,» – mais: «J'espère;» – ne dites pas: «Je croyais, je vivais,» – mais dites: «je crois, je vis.» Vous n'êtes ni l'héritier d'un Sauveur mort, ni le gardien de son cimetière; vous n'avez pas à regretter son oeuvre manquée ou à pleurer sur son tombeau. Vous êtes le racheté, l'ami, le cohéritier de «Celui qui a été mort, mais qui est vivant au siècle des siècles.»


Benjamin Couve 


Courtes méditations (1894)


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LA PITIÉ


Je suis ému de compassion pour cette foule; car voilà trois jours qu'ils sont près de moi, et ils n'ont rien à manger. (Marc, VIII, 2.)

La compassion de Jésus est ici directement provoquée par les besoins, les souffrances physiques de la foule; et il n'est pas inutile de le rappeler aux philanthropes qui déclarent la bienfaisance stérile et même nuisible, puisqu'elle alimente la misère en prétendant la soulager. Mais il va sans dire que la pitié de Jésus pénètre plus loin et descend plus avant; quand, quelques pages plus haut, l'évangéliste nous dit dans les mêmes termes: «Jésus, étant sorti, vit là de grandes troupes, et il fut ému de compassion envers elles,» (Marc, VI, 34) il nous donne la raison de sa pitié: «parce qu'elles étaient comme des brebis qui n'ont point de berger.» Sa sollicitude pour les âmes ne se sépare jamais de sa sympathie pour les corps souffrants.

La pitié de Jésus, outre cette largeur qui lui fait embrasser l'homme dans sa totalité, à ce caractère spécial qu'elle n'a rien de méprisant. Avoir pitié, quand il s'agit de nous, c'est regarder de haut en bas l'objet de cette pitié. Qu'il soit question de paroles à dire ou d'argent à donner, c'est toujours une aumône que nous laissons tomber avec un peu ou beaucoup de dédain. Il semble que nous nous trouvions bien supérieurs à notre obligé et qu'il demeure entre lui et nous un grand abîme. Tout au plus le pont jeté par notre pitié nous laisse-t-il aller jusqu'au misérable, mais il ne le laisse pas venir jusqu'à nous.

Analysons notre pitié pour le pauvre, pour l'égaré, pour l'ignorant, pour le vaincu; nous y trouverons mêlés à quelques gouttes de sympathie vraie des flots d'orgueil et de mépris. Et si nous savourons la douceur de la compassion, c'est que cette compassion nous procure, avec la satisfaction légitime de faire du bien à autrui, le plaisir moins noble de sentir notre supériorité.

La vraie pitié, la compassion modelée sur celle du Christ, a un caractère tout autre. Elle provient d'un coeur «doux et humble;» elle n'apporte pas, avec éclat, avec hauteur, des solutions toutes faites, des panacées qu'elle impose; elle souffre avec ceux qui souffrent, selon le sens même des mots compassion et sympathie; elle descend, mais sans s'apercevoir qu'elle descend; elle porte vraiment les fardeaux des autres sans les distinguer des siens propres. C'est la pitié de l'amour, fort différente de la pitié de l'orgueil, qu'on rencontre si souvent chez les chrétiens eux-mêmes et qui rend leur bonté inutile et même mauvaise.

Nous nous plaignons souvent, non sans raison, de l'inefficacité de nos bonnes oeuvres, du peu d'accueil que rencontrent nos efforts, de l'ingratitude que nous récoltons. Ne serait-ce pas l'insuffisance, la défectuosité de notre compassion qu'il faudrait souvent accuser? Si nous étions vraiment émus de compassion, si les douleurs à soulager pesaient d'un poids réel sur nos coeurs et les fautes à réparer sur nos consciences, si nous faisions nôtres les tristesses et les péchés d'autrui au lieu de laisser entre les autres et nous la distance du péager au pharisien, alors notre pitié serait chrétienne et féconde, car elle serait une forme, et la plus touchante, de l'amour qui se donne. Puisque la pitié de Dieu pour les hommes a fait descendre dans notre chair mortelle le Bien-Aimé du Père, est-ce que notre pitié à nous ne pourra pas nous faire descendre de ce ciel où plane notre orgueil spirituel jusque sur la terre où notre place est auprès de nos compagnons de péché et de rédemption?

Benjamin Couve
 

Courtes méditations (1894)

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PRÈS DU ROYAUME DE DIEU


Cathédrale de Lausanne, le mardi 7 mars 1922. 


Marc 12, 34. Jésus, voyant qu'il avait répondu avec intelligence, lui dit: Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu. 

Être près du Royaume de Dieu ou être dedans. 

Un scribe se rendit auprès du Seigneur et lui demanda: «Maître, quel est le premier de tous les commandements?», et le Seigneur répondit: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée; cela vaut mieux que beaucoup d'offrandes et de sacrifices». 

Cet homme n'avait, semble-t-il, aucune objection à faire à ce que le Sauveur lui dit, mais sa réponse ne sortait pas de son coeur et c'est pourquoi Christ lui répondit: «Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu». Ce scribe était un homme très instruit et il doit avoir été ravi d'entendre un si grand prophète lui dire, devant une telle foule: «Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu». Jésus-Christ, qui réprimandait souvent ses interlocuteurs au sujet de leurs péchés, ne réprimande pas ce scribe. Il lui dit simplement: «Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu...» Il semble donc qu'il ait été meilleur que tant d'autres scribes et pharisiens. 

Et pourtant, cet homme aurait dû être bien attristé en s'entendant dire qu'il n'était pas dans le Royaume de Dieu: qu'il en était près, mais pas dedans car cela fait une immense différence. Ce scribe, en effet, avait la religion de la tête et non pas celle du coeur. Très souvent, les choses qui sont dans notre tête ne descendent pas plus bas que la gorge et ne touchent pas le coeur. Si la réponse était venue du coeur, Christ aurait dit: «Heureux es-tu, car tu es dans le Royaume de Dieu». Pour être sauvé, il ne suffit pas d'être près, il faut être dans le Royaume; ceux qui sont loin mourront dans le péché tout comme ceux qui sont près. Être près ne sauvera pas les pécheurs: la seule chose qui compte, c'est d'être dans le Royaume, c'est-à-dire d'avoir le Royaume de Dieu au dedans de soi.


Trois exemples. 

Pensez aux dix vierges dont le Seigneur a raconté l'histoire. Cinq d'entre elles attendaient hors de la maison des noces et les cinq autres étaient dans la maison. Si quelqu'un leur avait dit de l'intérieur: «Vous êtes bénies, car vous n'êtes point loin de la maison des noces», elles auraient répondu: «A quoi cela nous sert-il de n'être pas loin? Nous ne sommes pas dans la maison, nous ne pouvons pas chanter avec vous». Elles doivent s'être frappé la poitrine de désespoir, car il ne suffit pas d'être près de la porte, il faut être entré par cette porte pour se trouver dans la maison. De même être près du Royaume de Dieu ne sert pas à grand-chose, si l'on n'entre pas dans ce Royaume. 

Il y a quelques années, dans mes voyages d'évangélisation, je racontais souvent une histoire que je vais vous dire aussi. Un chasseur partait pour la chasse dans une contrée où il savait que les animaux féroces abondaient. Il tenait à la main son fusil et se croyait à l'abri de tout danger. Apercevant un lion, il le visa, tira et le manqua! Le lion se mit aussitôt à poursuivre le chasseur qui se rappela que, par bonheur, il y avait, dans le voisinage, une petite maison destinée précisément à servir de refuge aux voyageurs et aux chasseurs. Sentant sa vie en danger, il se mit à courir de toutes ses forces du côté de cet abri et, tout en courant, il fouillait dans ses poches pour chercher la clef du refuge, mais... il ne la trouva pas! Elle était restée chez lui, il avait oublié de la prendre! Il aurait mieux valu qu'il eût pensé à cette clef avant de sortir de sa maison, car, comme il était devant la porte, cherchant un moyen d'entrer, le lion sauta sur lui et le tua. 

Si ce chasseur avait été dans la maison, il aurait été sauvé, mais il était dehors et, bien que tout près de la porte de la maison, il perdit la vie. Entre le salut et lui, il y avait peu de chose: juste l'épaisseur de la porte; cela suffit pour le perdre. Satan, comme, un lion rugissant, est toujours après nous, cherchant à nous tuer, à détruire notre vie, si nous ne sommes pas dans le Royaume de Dieu. 

Beaucoup de chrétiens, comme ce scribe, admirent Christ. Ils disent: «C'est admirable, c'est une splendide vérité», mais l'admiration qui vient de la tête ne suffit pas; l'admiration doit venir du coeur. Nous ne sommes pas sauvés si nous ne sommes pas entrés dans le Royaume de Dieu. 

Au temps de Noé, les gens ne croyaient pas à la possibilité d'un déluge. Noé leur prêchait la repentance et ils disaient «Il est fou. Il est si vieux qu'il a perdu la raison» Il y eut encore une autre chose très étonnante à ce moment-là. C'est que même les charpentiers occupés à la construction de l'arche ne croyaient pas aux prédictions de Noé. Ils étaient sans doute nombreux, ces ouvriers, car Noé avait assez à faire à les diriger et bien sûr que les gens venaient leur dire: «Pourquoi travaillez-vous à la construction de cette arche? Vous ne croyez pas qu'il y aura un déluge!» Ils répondaient sans doute: «Nous travaillons pour gagner!» Ils ne croyaient pas à la parole de Noé, mais, quand ils virent l'eau monter toujours, ils furent effrayés comme tous les autres. Ils grimpèrent sur les plus hautes montagnes pour sauver leur vie; ils se mirent à nager aussi, mais tout fut inutile. 

Ceux qui savaient nager et qui voyaient l'arche flotter, durent se diriger de ce côté; ils auront heurté à la porte en criant: «Ouvrez-nous!» Sans doute que Noé avait pitié d'eux et aurait voulu leur ouvrir la porte, mais ce n'était pas lui qui l'avait fermée; c'était Dieu. «Et l'Éternel ferma la porte de l'arche» (Gen. 7, 16). Peut-être que l'un ou l'autre des charpentiers qui avaient travaillé avec Noé cria: «J'ai aidé à bâtir l'arche; j'ai bien le droit d'y entrer; ouvre la porte!» Et Noé a dû répondre: «Quand vous m'aidiez à bâtir, vous n'avez point eu de foi, vous n'avez pas voulu me croire; maintenant, je ne puis pas vous ouvrir la porte!» La distance entre eux et l'intérieur de l'arche n'était pas grande: juste l'épaisseur de la porte. Si Noé leur avait crié: «N'ayez pas peur! Vous n'êtes pas loin, vous êtes tout près de l'arche», ils auraient répondu «A quoi cela nous sert-il d'être près, tant que nous ne sommes pas dedans?» 

Le scribe doit avoir été bien triste s'il a compris la signification de ce que Jésus lui disait: «Tu n'es pas loin». Il doit avoir pensé - «je suis en danger!» De nos jours, en pays chrétiens, il y a beaucoup de personnes dans les églises qui admirent Christ et son enseignement. Elles ont le privilège d'être tout près du Royaume de Dieu, mais elles se frapperont la poitrine un jour, comme les cinq vierges folles, car elles sont tout près, mais non pas dans le Royaume de Dieu. C'est maintenant qu'il faut prendre garde; aujourd'hui est le jour favorable pour entrer dans le Royaume. Ne vous contentez plus d'être près. 


Comment entrer dans le Royaume?

«Comment entrer dans le Royaume?», direz-vous. Il n'y a qu'un moyen et c'est la prière. La prière est la clef du Ciel; par la prière, le Ciel s'ouvrira devant nous; par la prière, nous serons en Christ, à l'abri de tout danger. Alors aussi nous verrons et réaliserons sa présence dans nos vies, car nous serons en Lui et Lui sera en nous. 

Avec nos yeux, nous pouvons voir tant de choses! Nous voyons aussi la médecine qui guérit les yeux; elle est dans une bouteille. Quand elle est dans les yeux, elle éclaircit la vue et pourtant les yeux ne peuvent plus la voir. Ils sentent que la médecine leur a fait du bien, mais ils ne la voient plus. On peut dire: «J'ai de la médecine dans mes yeux et je ne la vois pas!» Quand Christ était en Palestine, dans un corps de chair, beaucoup de gens l'ont vu, mais aujourd'hui qu'il vit dans nos coeurs, nous ne le voyons pas. Comme une médecine, il purifie notre vue spirituelle de toute espèce de péché. Bien que nous ne puissions pas le voir, nous sommes sauvés; nous le savons, car nous sentons la présence de Dieu dans nos vies. Je ne veux pas dire que nous «sentons» d'une sensation physique; cette sensation n'est pas un sentiment, une émotion; par «sentir», je veux dire que nous réalisons la présence du Christ vivant, que nous sommes rendus capables d'être ses témoins et de dire: «maintenant, nous sommes dans le Royaume de Dieu et le

Royaume de Dieu est au dedans de nous...» Alors, nous trouvons le Ciel sur la terre et il n'est plus nécessaire de nous dire: «Tu n'es pas loin», car le Royaume est au dedans de nous. Dans ces conditions, nous n'espérons pas seulement entrer dans le Royaume de Dieu après la mort, mais nous pouvons dire: «je suis au Ciel dès cette vie, parce que je suis en Christ».


La paix du coeur, preuve que nous sommes dans le Royaume. 

Exemples: un martyr, le brigand repentant.

Les hommes s'efforcent de toutes manières de trouver la paix, mais ils ne la trouvent qu'en donnant leur coeur à Dieu. Ils sont alors dans le Royaume de Dieu et jouissent de cette paix que le monde ne peut pas donner et qu'il ne petit enlever. Ceux qui possèdent cette paix profonde ne peuvent plus se taire; ils doivent rendre ce témoignage: «Nous avons trouvé Christ et le Royaume de Dieu est en Lui». 

Un de mes amis était allé au Thibet pour y rendre témoignage et annoncer l'Évangile. Les uns se mirent à lui dire qu'il devait être fou pour prêcher ainsi, car le prêtre bouddhiste ne le supporterait pas longtemps. «Taisez-vous» lui dit-on. «Impossible, répondit-il, je ne puis pas me taire. Il faut que je raconte ce que j'ai trouvé en Jésus-Christ.» Alors, ils l'insultèrent et le frappèrent; puis, trouvant que cela ne suffisait pas, ils lui lièrent les jambes avec une corde et le suspendirent à un arbre par les pieds. Ce devait être terrible d'être ainsi suspendu la tête en bas, et cependant, quand on lui demandait: «Comment te trouves-tu, maintenant?» Il répondait: «je remercie Dieu de me trouver au Ciel sur la terre». «N'as-tu pas honte d'être ainsi pendu les pieds en l'air?» «Il n'y a point là de honte; je souffre pour mon Sauveur. Je ne suis pas surpris que vous me traitiez de la sorte. Vous montrez quelle est votre nature. Ce monde est sens dessus dessous et ses actions sont comme lui. Ce monde, qui est sens dessus dessous, ne peut rien voir du bon côté. Il voit tout à l'envers. Par votre action, vous avez témoigné de ce qui est au dedans de vous. Vous ne voyez les choses qu'à l'envers, vous ne pouvez pas supporter de les voir redressées. Le monde est à l'envers, votre nature aussi, et vous m'avez pendu de la même manière. Mais, en réalité, je n'ai pas la tête en bas. Je suis debout dans la lumière. 

Dans la lanterne magique, on doit placer les verres le haut en bas, mais, sur l'écran, ils se reflètent redressés. S'ils étaient placés droits dans la lanterne, ils se refléteraient à l'envers sur l'écran. De même, suivant les conceptions de ce monde, je suis placé la tête en bas, mais, dans le Ciel, je me reflète debout. Je remercie Dieu de ne pas être debout aux yeux du monde. Le monde me hait, mais je suis debout aux côtés de Dieu».

Nous avons là une preuve du Royaume de Dieu. Cet homme était dans le royaume: au sein de la persécution, il jouissait d'une paix et d'une joie parfaites. Pour comprendre la vraie signification du christianisme, nous devons entrer dans le Royaume de Dieu. Sinon, nous ne pouvons pas comprendre ce qu'est en réalité le christianisme. Une société, une église n'est pas le christianisme; le christianisme, c'est Christ Lui-même. Ceux qui vivent avec Jésus-Christ savent bien qu'Il est Lui-même tout le christianisme. 

Ceux-là ont déjà commencé à vivre dans le Ciel et rendent témoignage du Ciel; ils sont dans le Royaume de Dieu; ils sont sauvés. Ceux qui sont près du royaume sont en danger. Ils ressemblent au brigand qui fut crucifié avec notre Sauveur. À Golgotha, nous voyons trois croix et trois hommes sur ces croix. Tous les trois mourant de la même mort: la mort par crucifixion; mais au point de vue spirituel, il y avait une très grande différence entre ces trois morts. Au milieu était le Sauveur et, de chaque côté de lui, un brigand. Entre les deux brigands, se trouvait le Sauveur qui mourait pour le péché; à sa gauche, se trouvait le brigand qui mourait dans le péché, et, à sa droite, le brigand qui mourait au péché... Pour le péché. Dans le péché, au péché. Christ mourut pour le péché afin de sauver les hommes; le brigand qui était à gauche était tout près du coeur et du côté percé du Sauveur, près du sang et de l'eau qui coulèrent. Il était près et cependant il mourut dans le péché, car il ne s'était pas repenti. Le brigand de droite se dit: «Cet homme n'a pas péché; Il est saint!» Il crut et mourut au péché pour commencer à vivre en Christ; aussi Christ lui dit: «Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis». Aujourd'hui, non pas dans des jours ou des années, mais aujourd'hui, parce qu'il mourut au péché et commença à vivre dans la justice. 

Beaucoup d'hommes sont comme le brigand qui mourut dans son péché. Ils disent: «Il est venu pour sauver les autres et il n'a pas pu se sauver lui-même!» D'autres, par contre, ressemblent au brigand qui se repentit et auquel Christ promit qu'il serait avec Lui au paradis. 

Nous devons savoir si nous sommes près du Royaume de Dieu ou si nous sommes dans ce Royaume. Si nous sommes dans ce Royaume, nous en trouvons une preuve dans nos vies, car nous ressentons une paix profonde qui nous montre bien que nous sommes dans le Royaume de Dieu. Si cette paix nous manque, c'est la preuve que nous sommes encore hors du Royaume et que nous devons nous repentir et prier bien, afin d'entrer dans le Royaume. 


Témoignage personnel du Sundar Singh. 

Pour terminer, je désire rendre témoignage. L'hindouisme m'avait enseigné qu'il y aurait un Ciel et je faisais 

de mon mieux pour être rendu libre du péché et agir en toutes choses selon la volonté de Dieu. J'essayais de sauver ma vie par mes bonnes oeuvres, ce qui était insensé et ne pouvait me sauver. Malheureusement, je ne croyais pas en Jésus-Christ. J'étais très fier de la religion et de la philosophie hindoues, mais la philosophie ne peut pas sauver les pécheurs. J'étais désespéré et suppliai Dieu de me montrer le chemin du salut. En réponse à mes prières, je vis mon Sauveur. Il se montra Lui-même à moi. Je ne me serais jamais attendu à voir une chose pareille. Je vis sa gloire, et je sus que Christ est le Christ vivant. Il disparut ensuite, mais la paix qu'il m'avait apportée ne disparut plus jamais. je le dis tout de suite à mes parents: «Maintenant, j'ai trouvé cette paix que je cherchais depuis des années». Je réalisai dès lors que nous ne trouvons cette paix qu'en Jésus-Christ, et cela, c'est le Royaume de Dieu sur la terre. Nous ne pouvons pas le trouver ailleurs qu'en Christ. 

Après ma conversion, je passai trois ou quatre jours à l'écart, en prières. Je priais pour que Dieu me pardonnât, car, trois jours auparavant, je brûlais la Bible et j'étais l'ennemi de Christ. Je criais: «Mon Dieu, pardonne-moi! J'étais aveugle spirituellement, je ne pouvais pas comprendre ta parole; c'est pourquoi j'ai brûlé la Bible». Cette assurance me fut donnée: «Tu étais aveugle spirituellement, mais maintenant j'ai ouvert tes yeux. Va donc et rends-moi témoignage». 

Mes parents étaient très étonnés et disaient: «L'autre jour, tu brûlais la Bible, tu jetais des pierres aux missionnaires et, maintenant, tu prêches l'Évangile! Nous n'y comprenons rien!» je fus heureux de rendre mon témoignage et de dire: «J'ai eu de bons enseignements dans ma vie, mais le Christ vivant a changé ma religion. Je suis sauvé par sa grâce. Je l'ai persécuté, mais maintenant j'ai vu sa puissance merveilleuse et ses miracles». Parfois encore, je risque de m'enorgueillir, mais alors je revois les années où j'ai persécuté Christ et je redeviens humble. 


Appel au témoignage et à la décision. 

Laissez-moi comparer ma vie à la vôtre: Vous avez été bénis dès votre jeune âge, vous n'avez jamais persécuté Christ. je ne connaissais rien de lui dans mon enfance, tandis que vous, vous avez entendu parler de lui, mais vous l'avez aussi persécuté par votre vie, par vos mauvaises actions. Ceux qui aiment Dieu réalisent sa présence. Il y a très peu de vrais chrétiens. Si tous les habitants des pays dits chrétiens avaient été de vrais enfants de Dieu, l'Évangile aurait été répandu partout en quelques mois et le monde entier serait devenu chrétien. Quand nous sommes sauvés, notre devoir et notre responsabilité sont de faire tout notre possible pour sauver les autres. Pour commencer, nous devons entrer dans le Royaume de Dieu et le Royaume de Dieu doit être en nous. Je ne puis pas expliquer ce mystère, mais il s'explique quand nous en avons fait l'expérience. Nous ne sommes plus alors comme le scribe qui n'était pas loin du Royaume, nous sommes dans le Royaume de Dieu. 

Que Dieu vous aide à faire de votre vie une vie de prière. Passez chaque jour un moment en prière et vous verrez des choses magnifiques dans vos vies. Par la prière, nous entrons dans le Royaume de Dieu, pour vivre et régner avec Christ au siècle des siècles. 

C'est là mon témoignage. Au dernier jour, Christ vous dira: «Vous avez eu l'occasion d'apprendre à me connaître. Ceux qui vivaient dans les pays païens ont cherché la vérité et m'ont trouvé. Et vous?» 

Dieu nous aide, afin que nous ne soyons pas couverts de honte au dernier jour, afin que nous n'ayons pas seulement une petite part du Royaume de Dieu, mais nous soyons les enfants du Royaume, pour régner à toujours. 

Que le Seigneur nous aide à entrer dans le Royaume. Amen. 

 © Source: Tripod



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AU CHANT DU COQ


«Veillez donc, car vous ne savez quand viendra le Maître de la maison, ou le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou le matin; craignez qu'Il ne vous trouve endormis, à Son arrivée soudaine. Ce que Je vous dis, Je le dis à tous: Veillez!»(Marc 13, 35-37).

Il est frappant de voir combien de fois notre Seigneur Jésus a prononcé le mot: «Veillez!» Et ici, au verset 37, Il souligne encore une fois toute l'importance de la vigilance: «Ce que Je vous dis, Je le dis à tous: Veillez!» En ces jours d'hiver, nous ressentons une fatigue particulière. Une fatigue inhérente aux conditions atmosphériques, au surplus de travail et à la tension que ce dernier occasionne. Et, lorsqu'on s'assied, ne serait-ce que pour quelques minutes, alors le sommeil s'empare de nous. Et combien le risque est plus grand de s'endormir au niveau spirituel! Pensons aux disciples les plus proches de Jésus qui, à l'heure la plus difficile de la vie de leur Maître, se sont endormis.

Le Seigneur Jésus parle en Marc 13,35 de quatre périodes de l'Avent: «Veuillez donc, car vous ne savez quand viendra le Maître de la maison, ou le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant de coq, ou le matin.» Ce verset nous donne une définition des quatre différentes périodes de l'Avent. Ainsi donc, le Seigneur nous dit:

1. Je peux venir le soir.

2. Je peux venir au milieu de la nuit.

3. Je peux venir au chant du coq.

4. Je peux venir le matin.

Il nous exhorte à l'attendre à chacune de ces périodes. Deux de ces périodes appartiennent au passé, elles font partie de l'histoire. Il s'agit, en l'occurence, de la période du soir et de celle du milieu de la nuit. Les deux périodes en question se rapportent sans aucun doute à Israël qui, après avoir rejeté le Messie, a été plongé dans l'obscurité du soir et de la nuit. Et le peuple juif a vécu une époque de dispersion. Nous savons tous que le soir commence à 18 heures et que le milieu de la nuit se situe à 24 heures. Ainsi que le laps de temps qui s'étend entre le soir et le milieu de la nuit est long, ainsi fut longue la période durant laquelle Israël erra dans la nuit de l'aveuglement. Et, à ce même instant de l'histoire du Salut, où Israël entra dans l'obscurité, commença à briller la lumière de l'Évangile pour les nations. Ainsi, la période du soir et celle du milieu de la nuit ont été des périodes de l'Avent pendant lesquelles les premiers chrétiens attendaient déjà avec impatience l'avènement du Seigneur Jésus. Mais, Il ne vint pas.

Nous sommes actuellement, dans la troisième, voire la quatrième, période de l'Avent, c'est-à-dire, celles «du chant du coq et du matin». Tandis que le laps de temps qui se situe entre le soir et le milieu de la nuit est long, celui qui se trouve entre le chant du coq et l'aube du jour nouveau est court, car le chant du coq et la levée du jour sont des événements étroitement liés. Cela nous indique que nous osons attendre, à chaque instant, l'avènement de notre Seigneur Jésus. Et voici les raisons qui justifient notre espérance: Israël, est retourné trois fois dans la Terre promise. En ce qui concerne Israël, on peut résumer l'histoire du Salut en trois périodes de l'Avent, dont l'accomplissement de chacune est le retour au pays de Pères. Par ailleurs, il est intéressant de constater que chacun de ces retours d'Israël au pays a été aussi accompagné d'une grande bénédiction pour le monde. Lors du premier retour d'Israël, celui de l'esclavage en Égypte, le monde a reçu l'Ancien Testament, la révélation de l'existence de Dieu. Une réalité encore inconnue avant le retour d'Israël. Mais, après le retour d'Israël dans son pays, Dieu lui-même s'est révélé à Son peuple et ce faisant, Il nous a donné la loi et ainsi l'Ancien Testament.

Et 1500 ans plus tard, Israël retournait pour la deuxième fois dans son pays. Ce retour de l'exil à Babylone devint la base des événements de Bethléhem. Car, par la naissance de Jésus-Christ, nous avons reçu le Nouveau Testament. Ce fut l'accomplissement du deuxième avent.

Le troisième et dernier retour d'Israël, qui se déroule aujourd'hui devant nos yeux, fera connaître au monde et à l'Église l'avènement du Seigneur, en gloire et dans Sa toute-puissance. Ce sera l'accomplissement du troisième avent.

Chacune de ces trois périodes de l'avent a été marquée par l'action de Satan, avant qu'elle ne s'accomplisse.

Quarante ans avant le premier retour d'Israël, qui a conduit à la première création de l'État juif, Satan a cherché par l'intermédiaire du Pharaon antisémite à éliminer Israël. Sachant que la création de l'État hébreu était imminente, il mit tout en oeuvre afin qu'Israël disparaisse. Mais il ne parvint pas à ses fins, car plus il s'efforçait à décimer le peuple d'Israël, plus celui-ci multipliait et s'accroissait (Exode 1, 12). Les Israélites quittèrent triomphalement l'Égypte et se rendirent au pays de Canaan, tandis que Pharaon périt. Et peu de temps avant le deuxième retour, ce fut Haman qui, par vengeance, imagina une stratégie visant l'extermination de tous les Juifs. Mais cet ennemi d'Israël tomba aussi dans la honte, et il fut pendu. Israël, en revanche, retourna au pays des Pères. Et c'est à la suite de cette deuxième création de l'État juif que se situe la première venue de notre Seigneur Jésus.

Et, qui, peu de temps avant la troisième et dernière création de l'État hébreu, s'opposa, avec véhémence, à l'accomplissement du troisième avent? Hitler, l'assassin des Juifs! Le plan de la «solution finale», mis en application par les Nazis, est à mettre en relation avec l'histoire du Salut. Satan savait que c'était sa dernière chance.

Nous vivons à une époque passionnante, tous les événements ont une profonde signification prophétique. Et les trois périodes de l'avent, nous les retrouvons aussi en relation avec la venue de notre Seigneur Jésus.

La première de ces périodes de l'avent de l'histoire du Salut a été accomplie avec la naissance de notre Seigneur Jésus. Il est né dans une étable, dépouillé de toute majesté et de toute puissance humaines, ainsi que nous le lisons en Philippiens 2, 7: «Mais Il s'est dépouillé Lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes; et Il a paru comme un vrai homme.» L'accomplissement du deuxième avent est un événement à venir, mais il peut déjà se produire aujourd'hui. Alors notre Seigneur reviendra, caché aux yeux du monde, pour l'enlèvement de tous ceux qu'Il a rachetés par Son sang. Paul nous a annoncé cet événement avec les paroles suivantes: «Voici, je vous dis un mystère: nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés, en un instant, en un clin d'oeil, à la dernière trompette.» (Corinthiens 15, 51-52 et cf aussi 1 Thessaloniciens 4, 16). Ce sera l'accomplissement de l'avent de l'Église, l'événement que nous attendons.

La troisième période de l'avent sera accomplie lorsque notre Seigneur Jésus viendra, en gloire et dans Sa toute-puissance, avec Son Église pour instaurer Son règne de paix sur la terre. Et le quatrième avent, dont je me limite à faire mention, sera accompli après le règne millénaire lorsque la puissance de Satan sera définitivement brisée.

Nous devons être constamment conscients que nous sommes déjà entrés dans la période du troisième avent de l'histoire du Salut. Cela signifie que l'accomplissement du deuxième avent, la venue de notre Seigneur Jésus pour les Siens, peut littéralement se produire à chaque instant. Cette situation nous rappelle en mémoire les propos fascinants que Jacques a tenus au Concile de Jérusalem, en parlant de l'Église: «Simon a raconté comment Dieu a d'abord jeté les regards sur les nations pour choisir du milieu d'elles un peuple qui porte Son nom.» (Actes 15, 14). Et il ajouta en citant le prophète Amos: «Et avec cela s'accordent les paroles des prophètes, selon qu'il est écrit.

Après cela, Je reviendrai, et Je relèverai de sa chute la tente de David, J'en réparerai les ruines, et Je la redresserai.» (versets 15-16). Lorsque nous réfléchissons à ce rassemblement de l'Église parmi les nations, alors nous découvrons. avec étonnement, la merveilleuse concordance des prophéties bibliques.

Ce rassemblement de l'Église parmi les nations, qui a commencé au début de la période du deuxième avent, durera jusqu'à la fin de celle du troisième avent de l'histoire du Salut. Lorsque nous lisons le verset 16: «Après cela, Je reviendrai, et Je relèverai dé, sa chute la tente de David. J'en réparerai les ruines, et Je la redresserai.» et que, simultanément, nous voyons comment le Seigneur, de nos jours, relève de sa chute la tente de David, signe indiquant que la période du troisième avent a déjà commencé, alors nous savons combien l'enlèvement est proche! La période définie par les paroles: «Après cela....» a déjà commencé, mais, pourquoi alors notre Seigneur n'est-Il pas encore venu? Parce qu'Il use de patience envers nous! Nous le lisons en 2 Pierre 3, 9: «Le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient; mais Il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance.» Il semble bien que le Seigneur retarde Sa venue pour l'enlèvement afin que soient sauvés tous ceux qui veulent être sauvés.

Nous venons de voir le triple retour d'Israël et la triple venue de notre Seigneur Jésus. Or, j'ai été bouleversé en constatant qu'il y a encore un troisième «triple événement» en vue du troisième avent. Mais, avant de porter notre réflexion sur ce troisième événement, récapitulons les deux premiers: Le premier retour d'Israël nous a apporté la loi qui nous révèle l'existence de Dieu le Père. Le deuxième retour d'Israël nous a révélé l'existence du Fils. Et entre le deuxième et le troisième retour d'Israël, le Saint-Esprit agit sur terre, en glorifiant l'Agneau de Dieu et en sauvant des millions d'hommes qu'Il réunit en l'Église de Jésus-Christ.

Quant au troisième retour d'Israël, celui qui se déroule actuellement, il nous révélera l'avènement en gloire du Fils de Dieu. Mais, au cours de cette troisième période de l'avent, le Saint-Esprit se retira de l'occident chrétien. On observe aujourd'hui, à bien des endroits, un réveil spirituel parmi la jeunesse. Il semble que l'Esprit de Dieu s'adresse aujourd'hui particulièrement aux jeunes, car plus une personne prend de l'âge, plus elle a de la peine de sortir des sentiers battus qui la conduisent dans la mauvaise direction. Les jeunes, en revanche, sont ouverts au renouveau spirituel, et il semble que le Saint-Esprit veuille faire une dernière moisson, avant qu'Il ne se retire définitivement. Nous sommes aujourd'hui, aussi au niveau de la vie spirituelle, à la veille de l'hiver. Une situation dont Ezéchiel nous dit: «Esprit viens des quatre vents, souffle sur ces morts, et qu'ils revivent!»

L'ensemble des morts, dont il est question en Ezéchiel 37, 9, est le peuple d'Israël. De nos jours, l'Esprit de Dieu se retire et ainsi, commence à s'accomplir la prophétie d'Amos: «Voici, les jours viennent, dit le Seigneur, l'Éternel, où J'enverrai la famine dans le pays, non pas la disette du pain et la soif de l'eau, mais la faim et la soif d'entendre les paroles de l'Éternel. Ils seront alors errants d'une mer à l'autre, du septentrion à l'orient, ils iront çà et là pour chercher la parole de l'Éternel, et ils ne la trouveront pas.» (8, 11-12). Quelle réalité bouleversante!

L'accomplissement littéral de cette prophétie se mesure, de nos jours, au grand nombre d'hommes et de femmes qui, dans les églises et aussi déjà dans certaines communautés libres, ne trouvent plus la nourriture spirituelle qu'ils cherchent. On leur offre de plus en plus des pierres en lieu et place du pain de vie qu'ils attendent. L'annonce de la Parole devient de plus en plus rare. Nous nous en apercevons particulièrement lors de nos rencontres en Allemagne, où nos frères et soeurs de ce pays parcourent souvent des centaines de kilomètres pour assister à ces rencontres. Il le font parce que, là où ils habitent, ils n'ont plus la possibilité d'entendre la vraie parole de l'Éternel. Heureux celui qui aujourd'hui se laisse encore guider par le Saint-Esprit, car bientôt l'Esprit de Dieu se retira pour souffler sur les morts d'Israël!

Selon l'Évangile de Marc (13, 35), nous nous trouvons actuellement dans la troisième période de l'avent, c'est-à-dire «au chant du coq» la période qui précède celle du matin. Par ailleurs, l'expression «au chant du coq» nous rappelle Pierre, et il nous semble entendre le Seigneur dire à ce disciple qui se croyait si sûr de lui: «Pierre, Je te le dis, le coq ne chantera pas aujourd'hui que tu n'aies nié trois fois de Me connaître,»

(Luc 22, 34). De nouveau le chiffre 3. Et lorsque nous mettons ce triple reniement de Pierre en rapport avec les événements de notre époque, alors nous constatons une effrayante similitude. Je vous le dis encore une fois: nous vivons dans l'heure qui précède l'enlèvement! Ainsi la corruption des nations a été mise au grand jour par le rétablissement d'Israël, ainsi apparaît aujourd'hui, au grand jour, le reniement du Rédempteur par tous ceux qui se disent chrétiens et qui, en réalité, ne le sont qu'en apparence. Car plus Son avènement approche, plus l'apostasie est apparente. Nombreux seront les croyants qui, surpris par le chant du coq, devront prendre conscience de leur reniement lorsque le Seigneur jettera Ses regards sur eux comme Il le fit sur Pierre. Dans l'Ancien Testament, il est trois fois question du reniement du Seigneur:

1. Une des causes du reniement est l'avidité, c'est-à-dire l'importance excessive que l'homme attribue aux valeurs matérielles. À ce sujet, nous lisons en Proverbes 30, 8-9:

«Éloigne de moi la fausseté et la parole mensongère; ne me donne ni pauvreté, ni richesse, accorde-moi le pain qui m'est nécessaire, de peur que, dans l'abondance, je ne Te renie et ne dise: Qui est l'Éternel?»

N'est-ce pas un signe typique de notre époque? Nous vivons dans une société de prospérité qui est manipulée, une société de consommation avide de bien-être, de nouveautés, de luxe et qui, avec ironie, demande: «Qui est l'Éternel?» En attribuant une importance excessive à la nourriture et aux biens matériels, nous anéantissons nos capacités de prier et ainsi, nous commençons à renier l'Éternel.

2. Une deuxième cause qui conduit au reniement du Seigneur est le mensonge. J'ai lu en Ésaïe 59, 13 une réponse qui explique pourquoi il y a parmi les croyants tant de personnes qui mentent sans scrupules, pourquoi le menteur ne poursuit qu'un seul but, celui de se tirer d'affaire par ses propres moyens, et pourquoi, après son forfait, le menteur se comporte et prie le Seigneur comme si rien ne s'était passé. Voici ce qu'est le reniement du Seigneur par le mensonge:

«Nous avons été coupables et infidèles envers l'Éternel. Nous avons abandonné notre Dieu; nous avons proféré la violence et la révolte, conçu et médité dans le coeur des paroles de mensonge.» Nombreux sont aujourd'hui ceux dont la conscience est indifférente et insensible. On trouve aussi dans l'Église de Jésus-Christ des comédiens, des simulateurs qui, certes, se présentent avec le sourire aux lèvres, mais qui, au fond de leur coeur, blasphèment. Et ce sont les mêmes qui, les larmes aux yeux, disent: «Seigneur, je t'offre tout mon coeur!» et qui, ensuite, passent à l'ordre du jour, obnubilés par la seule idée de réaliser leurs propres projets. Une telle attitude est l'expression du reniement de l'Éternel par le mensonge.

3. La troisième cause du reniement résulte des deux premières, c'est-à-dire la négation de la sainteté et de la justice de Dieu. Nous le lisons en Jérémie 5, 12: «Ils renient l'Éternel, ils disent: Il n'existe pas! Et le malheur ne viendra pas sur nous, nous ne verrons ni l'épée ni la famine.» Autrement dit: «Il n'y a pas de souci à se faire et il n'y a aucune raison de peindre le diable à la muraille. Tout cela n'est pas si grave!» Mais, soudainement, il sera trop tard pour une prise de conscience.

Ce triple reniement du Seigneur caractérise la période dite «au chant du coq», période à laquelle nous vivons aujourd'hui. Le chant du coq, qui retentit après que Pierre eut renié trois fois le Seigneur, annonça le jour le plus grand de l'histoire du monde. Le jour où Dieu a réconcilié le monde avec Lui, le jour où Jésus-Christ, l'Agneau de Dieu, a porté le péché du monde et où, à la croix de Golgotha, Il a vaincu Satan, la mort et l'enfer.

Ce chant du coq a deux significations. Il se compose d'un côté lumière et d'un côté ténèbres. Le côté lumière est celui que nous venons de voir: Golgotha. Le côté ténèbres est la résonance du triple reniement de Pierre: «Je ne connais pas cet homme.» (Matth. 26, 72). Mes amis, l'histoire du Salut se répète! N'entendez-vous pas aussi le chant du coq? Il est pour vous, comme il le fut pour Pierre, le rappel d'un triple reniement. Nous lisons en Luc 22, 54-59: «Après avoir saisi Jésus, ils l'emportèrent, et le conduisirent dans la maison du souverain sacrificateur. Pierre suivait de loin. Ils allumèrent du feu au milieu de la cour, et ils s'assirent. Pierre s'assit parmi eux. Une servante, qui le vit assis devant le feu, fixa sur lui les regards, el dit: Cet homme était aussi avec Lui. Mais il le nia, disant: Femme, je ne Le connais pas. Peu après, un autre, l'ayant vu, dit: Tu es aussi de ces gens-là. Et Pierre dit: Homme, je n'en suis pas. Environ une heure plus tard, un autre insistait, disant: Certainement cet homme était aussi avec Lui, car il est Galiléen. Pierre répondit, Homme, je ne sais ce que tu dis. Au même instant, comme il parlait encore, le coq chanta.»

Et nous entendons Pierre qui se demande: «Pierre, pourquoi as-tu pu faire cela? Toi, qui, avec ardeur, avais dit au Seigneur que tu étais prêt à aller avec Lui à la mort. Toi qui es le plus fervent parmi les disciples! Comment peux-tu, face à une jeune fille, renier trois fois ton Maître, en jurant que tu ne Le connais pas?» Mes chers, examinons notre propre comportement! Je sais que parmi mes lecteurs il y en a qui, quotidiennement, renient le Seigneur. Car tout ce qu'ils font par le mensonge, l'impureté, l'amertume et la haine, ou par attache aux biens matériels ou par mépris pour la sainteté de Dieu, en négligeant les instructions de l'Écriture, sont des actes qui se traduisent par l'affirmation: «Je ne le connais pas!» Est-ce que vous faites aussi partie de cette catégorie?

Entre les deux significations du chant du coq, c'est-à-dire entre le côté lumière et le côté ténèbres de cet événement, se situe le moment où Pierre a été sauvé et où il s'est converti. Événement qui nous est relaté en Luc 22, 61 «Le Seigneur, s'étant retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dit; Avant que le coq chante aujourd'hui, tu Me renieras trois fois.» Et voici l'instant de la conversion de Pierre, qui, précisément, se situe entre le chant du coq et la levée du jour, le matin: «Et étant sorti, il pleura amèrement.» (verset 62).

Lorsque l'on cherche à analyser le reniement de Pierre, on arrive aux conclusions suivantes: Pierre voulait, à tout prix, appliquer ses propres idées et organiser sa vie selon ses propres projets. Et nombreux sont ceux qui, dans le seul but de manifester leur volonté et de réaliser leurs projets, renient leur Sauveur. Pourquoi Pierre a-t-il renié son Maître? Parce que sa vie dans la foi n'était en réalité qu'un mensonge. Donc, il fallut que ce disciple de Jésus se convertisse. Voici ce que le Seigneur avait dit à Pierre, avant que ce dernier ne Le renie: «Simon, Simon, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point: et toi, quand tu seras converti, affermis tes frères.» (Luc 22, 31-32). Et c'est après le reniement que Pierre, saisi par le regard du Seigneur, se convertit et se repentit: «Et étant sorti, il pleura amèrement.» Les trois événements qui ont motivé la repentance de Pierre se résument ainsi:

1. Il entendit le chant du coq.

2. Il vit le regard de Jésus.

3. Il se souvint de la parole du Seigneur.

La repentance de Pierre était-elle sincère? Une question que je pose en rapport avec le grand nombre de ceux qui se sont repentis, mais dont la repentance ne fut qu'une façade. Pierre a témoigné de la sincérité de sa repentance en confessant par trois fois: «Seigneur, Tu sais toutes choses, Tu sais que je T'aime.» (Jean 21, 17).

Le troisième retour d'Israël au pays des Pères, celui qui nous fera connaître l'avènement de notre Seigneur Jésus, nous indique que nous sommes aujourd'hui dans la période dite «au chant du coq» La repentance de votre péché du reniement est-elle sincère ou faites-vous partie de ces chrétiens dont Paul nous dit: «... ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. Éloigne-toi de ces hommes-là» (2 Timothée 3, 5). Et c'est peut-être, maintenant, la dernière occasion que le Seigneur vous donne pour une repentance sincère!

Wim Malgo

© Nouvelles d'Israël Janvier 1990


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JÉSUS EST VIVANT


«Lorsque le sabbat fui passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates, afin d'aller embaumer Jésus. Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre, de grand matin, comme le soleil venait de se lever. Elles disaient entre elles: Qui nous roulera la pierre loin de l'entrée du sépulcre? Et, levant les yeux, elles aperçurent que la pierre, qui était très grande, avait été roulée. Elles entrèrent dans le sépulcre, virent un jeune homme assis à droite, vêtu d'une robe blanche, et elles furent épouvantées. Il leur dit: Ne vous épouvantez pas, vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié Il est ressuscité, Il n'est point ici; voici le lieu où on l'avait mis. Mais allez dire à Ses disciples et à Pierre qu'Il vous précède en Galilée: c'est là que vous Le verrez, comme Il vous l'a dit.» (Marc 16, 1-7).

Les trois femmes qui, le matin de Pâques, se rendirent au sépulcre du Christ, étaient plongées dans une profonde tristesse, car elles ignoraient que leur Sauveur était ressuscité. Pleines de soucis, elles se demandaient: «Qui nous roulera la pierre loin de l'entrée du sépulcre?» (v. 3).

Cette pierre précisément est un symbole de l'incrédulité. Dans les Évangiles, il est question d'une autre pierre, celle qui fermait le sépulcre de Lazare. Cette pierre-ci était effectivement le symbole de la mort et de l'incrédulité, car ils pensaient tous que même Jésus ne pouvait plus rien faire pour Son ami. Voici ce que nous lisons au chapitre 11 en Jean au sujet de cette incrédulité et du triomphe de la foi qui s'ensuit:

«Jésus, frémissant de nouveau en Lui-même, se rendit au sépulcre. C'était une grotte, et une pierre était placée devant. Jésus dit: ôtez la pierre. Marthe, la soeur du mort, Lui dit: Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu'il est là. Jésus lui dit: Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu? Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut, et dit: Père, Je Te rends grâces de ce que Tu m'as exaucé. Pour Moi, Je savais que Tu m'exauces toujours; mais J'ai parlé à cause de la foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que c'est Toi qui m'as envoyé. Ayant dit cela, Il cria d'une voix forte: Lazare, sors! Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d'un linge. Jésus leur dit: Déliez-le, et laissez-le aller.» (versets 38-44).

Par le biais de ces événements, Jésus a voulu démontrer que la mort n'existe pas pour Lui, et que notre incrédulité est une pierre qui fait obstacle entre nous et Lui. Lors de la résurrection de Lazare, Jésus dit: «Ôtez la pierre!» ou autrement dit: «Croyez et vous vivrez! Enlevez la pierre de votre coeur!» Et voici ce que ces paroles signifient concrètement pour chacun de nous: celui qui chemine dans l'ombre de la mort a des pensées négatives et il continue à se heurter à des barrières et à des obstacles qui, pourtant, ont été supprimés par la résurrection de notre Seigneur Jésus.


Le Christ ressuscité a enlevé la pierre de la mort

La résurrection de Jésus-Christ s'est déroulée à l'inverse de celle de Lazare; c'est Lui, le Ressuscité, qui a enlevé la pierre. La mort n'a pas pu Le retenir; au contraire, c'est Lui qui a vaincu la mort! La portée de cette victoire nous est expliqué en Hébreux 2, 14-15: «Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, il y a également participé Lui-même, afin que, par la mort, Il anéantît celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable, et qu'Il délivrât tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans la servitude.»

«Ôtez la pierre». Cette pierre s'enlève dès l'instant où nous croyons en Jésus-Christ qui est ressuscité et qui a tout accompli! Et quand le Seigneur vous dit: «Ôte la pierre», alors cela veut dire: «Crois que Je suis vivant et tu vivras avec Moi. Ne reste pas plus longtemps dans l'ombre de la mort!»

Et pour Israël, dont les préoccupations sont identiques à celles des trois femmes qui allèrent au sépulcre de Jésus, la situation n'est pas différente; la vision prophétique d'Ezéchiel, au chapitre 37, en est la preuve éclatante:

«Il me dit: Fils de l'homme, ces os, c'est toute la maison d'Israël. Voici, ils disent: Nos os sont desséchés, notre espérance est détruite, nous sommes perdus! Prophétise donc, et dis-leur: Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel: Voici, J'ouvrirai vos sépulcres, Je vous ferai sortir de vos sépulcres, ô Mon peuple, et Je vous ramènerai dans le pays d'Israël. Et vous saurez que je suis l'Éternel, lorsque J'ouvrirai vos sépulcres, et que Je vous ferai sortir de vos sépulcres, ô Mon peuple! Je mettrai Mon esprit en vous, et vous vivrez; Je vous rétablirai dans votre pays, et vous saurez que Moi, l'Éternel, J'ai parlé et agi, dit l'Éternel.» (versets 11-14).

La résurrection de Jésus-Christ et le rétablissement d'Israël nous démontrent d'une façon merveilleuse la profonde identité de Jésus-Christ avec Ses frères issus du même peuple.


Une incrédulité obstinée: «Nous sommes perdus!»

Les trois femmes du matin de Pâques pensaient et parlaient comme nous venons de le lire en Ezéchiel 37, 11: «Notre espérance est détruite, nous sommes perdus!» Pour elles, le Seigneur était mort. Mais très vite, leur souci s'avéra totalement injustifié: «Et, levant les yeux, elles aperçurent que la pierre, qui était très grande, avait été roulée.» (Marc 16,4).

Ces trois femmes étaient-elles incrédules? Sans doute! Car, avant les événements de Golgotha, le Seigneur avait souvent répété aux Siens que le Fils de l'homme devrait souffrir et qu'Il serait crucifié, mais qu'Il ressusciterait le troisième jour. Nous le lisons à trois reprises dans l'Évangile de Matthieu:

Chapitre 16, 21:

«Dès lors Jésus commença à faire connaître à Ses disciples qu'il fallait qu'Il allât à Jérusalem. Qu'Il souffrit beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, qu'Il fût mis à mort, et qu'Il ressuscitât le troisième jour».

Chapitre 17, 23:

«... Ils le feront mourir, et le troisième jour Il ressuscitera. Ils furent profondément attristés.»

Chapitre 20, 19:

«... Et ils le livreront aux païens, pour qu'ils se moquent de Lui, Le battent de verges, et Le crucifient; et le troisième jour Il ressuscitera».

Nous retrouvons également ces trois citations, qui annoncent la passion, la mort et la résurrection du Seigneur, dans les Évangiles de Marc et de Luc. Et chaque fois que Jésus a parlé de ces événements, Il a toujours précisé qu'Il ressusciterait le troisième jour. Mais les Siens ne L'ont pas cru! Leur incrédulité obstinée face à la résurrection de Jésus nous est relatée en Marc 16, 9-14:

«Jésus, étant ressuscité le matin du premier jour de la semaine, apparut d'abord à Marie de Magdala, de laquelle Il avait chassé sept démons. Elle alla en porter la nouvelle à ceux qui avaient été avec Lui, et qui s'affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent qu'Il vivait, et qu'elle L'avait vu, ils ne le crurent point. Après cela, Il apparut, sous une autre forme, à deux d'entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne. Ils revinrent l'annoncer aux autres, qui ne le crurent pas non plus. Enfin, Il apparut aux onze, pendant qu'ils étaient à table; et Il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur coeur, parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui L'avaient vu ressuscité.»


Les conséquences de l'incrédulité

Les trois femmes allaient au sépulcre du Christ et cheminaient dans l'ombre de la mort, qui est une conséquence de l'incrédulité. Car l'incrédulité engendre la mort, «mais le juste vivra par sa foi.» (Habacuc 2, 4b).

Toute la génération d'Israël qui a été sauvée de l'exil par le sang d'un agneau et qui est sortie d'Égypte, affranchie de l'esclavage, mourut ensuite dans le désert. Elle est restée dans l'ombre de la mort et elle n'a pas pu entrer dans la Terre promise: le pays de la vie et de la surabondance. Nous trouvons le motif de ce refus en Hébreux 3, 19: «Aussi voyons-nous qu'ils ne purent y entrer à cause de leur incrédulité».

Et nous devons être parfaitement conscients que l'actuelle génération de chrétiens, qui, pourtant, a été affranchie de l'esclavage du péché par l'Agneau de Dieu, ne pourra pas entrer avec le Christ ressuscité dans la plénitude de Dieu à cause de son incrédulité. Les paroles en Hébreux 4, 1-3a nous mettent sérieusement en garde contre les méfaits de l'incrédulité:

«Craignons donc, tandis que la promesse d'entrer dans Son repos subsiste encore, qu'aucun de vous ne paraisse être venu trop tard. Car cette bonne nouvelle nous a été annoncée aussi bien qu'à eux: mais la parole qui leur fut annoncée ne leur servit de rien, parce qu'elle ne trouva pas de la foi chez ceux qui l'entendirent. Pour nous qui avons cru, nous entrons dans le repos, selon qu'Il dit: Je jurai dans Ma colère: Ils n'entreront pas dans Mon repos!»

Lors de la lecture, nous découvrons souvent les merveilles auxquelles nous sommes appelés à participer en vertu de la résurrection de Jésus-Christ. En voici un exemple en Romains 8, 29-34:

«Car ceux qu'Il a connus d'avance, Il les a aussi prédestinés à être semblables à l'image de Son Fils, afin que Son Fils fût le Premier-né entre plusieurs frères. Et ceux qu'Il a prédestinés, Il les a aussi appelés; et ceux qu'Il a appelés, Il les a aussi justifiés; et ceux qu'Il a justifiés, Il les a aussi glorifiés. Que dirons-nous donc à l'égard de ces choses? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Lui, qui n'a point épargné Son propre Fils, mais qui L'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-Il pas aussi toutes choses avec Lui? Qui accusera les élus de Dieu? C'est Dieu qui justifie! Qui les condamnera? Christ est mort: bien plus, Il est ressuscité, Il est à la droite de Dieu, et Il intercède pour nous!»

Et si nous renonçons à l'incrédulité, alors nous sommes personnellement «morts avec lui», «ressuscité avec Lui» et «élevés avec Lui dans les lieux célestes». Nous le lisons en Éphésiens 2, 4-7:

«Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ (c'est par grâce que vous êtes sauvés); Il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ, afin de montrer dans les siècles à venir l'infinie richesse de Sa grâce par Sa bonté envers nous en Jésus-Christ.»


L'incrédule n'est pas en mesure d'identifier JÉSUS-CHRIST

L'appel: «Il est vivant!», ne résonne, aussi aujourd'hui, que dans un petit nombre de coeurs. Et nombreux sont ceux qui pensent: «Moi, si j'avais vécu à cette époque, alors j'aurais été présent lorsque le Christ ressuscité est apparu à Ses disciples et, ainsi, j'aurais plus facilement cru à Sa résurrection». Je leur réponds: «Vous faites erreur! Certes, vous vous seriez réjouis de voir le Seigneur ressuscité, mais tout comme Ses disciples, vous n'auriez pas cru.» La preuve de l'incrédulité des disciples, nous la trouvons en Luc 24, 36-46:

«Tandis qu'ils parlaient de la sorte, Lui-même se présenta au milieu d'eux, et leur dit: La paix soit avec vous! Saisis de frayeur et d'épouvante, ils croyaient voir un esprit. Mais Il leur dit: Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi pareilles pensées s'élèvent-elles dans vos coeurs? Voyez Mes mains et Mes pieds, c'est bien Moi; touchez-Moi et voyez: un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que J'ai. Et en disant cela, Il leur montra Ses mains et Ses pieds. Comme, dans leur joie, ils ne croyaient point encore, et qu'ils étaient dans l'étonnement, Il leur dit: Avez-vous ici quelque chose à manger? Ils Lui présentèrent du poisson rôti et un rayon de miel, Il en prit, et Il mangea devant eux. Puis Il leur dit: C'est là ce que Je vous disais lorsque J'étais encore avec vous, qu'il fallait que s'accomplît tout ce qui est écrit de Moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. Alors Il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils comprissent les Écritures. Et Il leur dit: Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu'Il ressusciterait des morts le troisième jour.»

Ce récit de l'Écriture nous prouve bien que l'incrédulité nous empêche d'identifier JÉSUS-CHRIST. Le verset 37 nous dit qu'ils croyaient voir un esprit. Et lorsque Jésus leur montra Ses mains et Ses pieds, ils étaient dans la joie et dans l'étonnement, mais ils ne croyaient pas encore. Car, voir et croire sont deux choses qui ne vont pas nécessairement de pair! Nous le lisons au verset 41: «Comme, dans leur joie, ils ne croyaient point encore, et qu'ils étaient dans l'étonnement, Il leur dit: Avez-vous ici quelque chose à manger?»

Nous voyons comme le Seigneur est merveilleux! Afin que Ses disciples puissent croire en Lui, le Christ ressuscité partage leur repas et Il leur ouvre l'esprit pour qu'ils comprennent les Écritures:

«Avez-vous ici quelque chose à manger? Ils Lui présentèrent du poisson rôti et un rayon de miel, Il en prit, et Il mangea devant eux. Puis Il leur dit: C'est là ce que Je vous disais lorsque J'étais encore avec vous, qu'il fallait que s'accomplit tout ce qui est écrit de Moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. Alors Il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils comprissent les Écritures.» (Versets 41b-45).

Dès cet instant, ils croient! Et leur incrédulité obstinée face à Sa résurrection se transforme en une foi vivante et dynamique, comme nous le dit l'Écriture:

«Les apôtres rendaient avec beaucoup de force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus. Et une grande grâce reposait sur eux tous.» (Actes 4,33).


Un dialogue pastoral

Les disciples d'Emmaüs, qui avaient vu Jésus et qui avaient mangé et parlé avec Lui, retournèrent auprès de Ses disciples et leur dirent: «Le Seigneur est réellement ressuscité, et Il est apparu à Simon.» (Luc 24,34).

Cette rencontre entre le Ressuscité et Pierre, au sujet de laquelle nous ne disposons d'aucun récit détaillé, est mentionné par Paul en 1 Corinthiens 15, 3-5:

«Je vous ai enseigné avant tout, comme je l'avais aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures; qu'Il a été enseveli, et qu'Il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures; et qu'Il est apparu à Céphas, puis aux douze.»

Pierre était connu sous différents noms: «Simon, appelé Pierre.» (Matth. 4, 18) et: «Jésus, l'ayant regardé, dit: Tu es Simon, fils de Jonas; tu seras appelé Céphas (ce qui signifie Pierre).» (Jean 1, 42).

Nous ignorons ce que le Seigneur a dit à Pierre lorsqu'Il lui apparut le matin de Pâques. En revanche, nous en connaissons les conséquences qui se manifestèrent dans l'attitude du disciple lorsque Jésus lui apparut la troisième fois. Voici ce que nous lisons à ce sujet au dernier chapitre de l'Évangile de Jean:

«Après qu'ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre: Simon, fils de Jonas, M'aimes-tu plus que ne M'aiment ceux-ci? Il Lui répondit: Oui, Seigneur, Tu sais que je T'aime. Jésus lui dit: Pais Mes agneaux. Il lui dit une seconde fois: Simon, fils de Jonas, M'aimes-tu? Pierre Lui répondit: Oui Seigneur, Tu sais que je T'aime. Jésus lui dit: Pais mes brebis. Il lui dit pour la troisième fois: Simon, fils de Jonas, M'aimes-tu? Pierre fut attristé de ce qu'Il lui avait dit pour la troisième fois: M'aime-tu? Et il lui répondit: Seigneur, Tu sais toutes choses, Tu sais que je T'aime. Jésus lui dit: Pais mes brebis.» (versets 15-17).

Nous voyons ce même Pierre, qui avait renié publiquement trois fois le Seigneur, confesser solennellement par trois fois sa foi en Jésus-Christ. Pierre répond à la troisième interrogation du Christ en se référant manifestement à un dialogue pastoral qu'il a eu avec Lui: «Seigneur, Tu sais toutes choses, Tu sais que je T'aime.» Cette réponse nous témoigne que ce dialogue au petit matin de Pâques avec le Christ ressuscité a été particulièrement édifiant pour Pierre. Pierre ne réagit plus de façon émotionnelle et ne fait plus de déclarations fracassantes (cf. Matth. 26, 33-35), mais il répond d'une façon simple et sincère.

Lui qui, jusqu'à présent, avait aimé Jésus simplement comme on aime un ami, est désormais imprégné de cette foi vivante dont le Seigneur nous dit: «C'est pourquoi, quiconque Me confessera devant les hommes, Je le confesserai aussi devant Mon Père qui est dans les cieux» (Matth. 10, 32). C'est un amour et une fois qui ne se limitent pas seulement à la pensée, mais qui se traduisent aussi dans les actes. Et celui qui avait renié son Seigneur, confesse maintenant publiquement: «Seigneur, Tu sais toutes choses, Tu sais que je T'aime.»

«M'aimes-tu?». Si la douleur que suscite cette interrogation ne nous a pas profondément pénétrés, alors nous ne sommes pas encore imprégnés de la parole de Dieu. Quand la parole de Dieu nous touche, cela fait mal, comme aucun péché ne peut faire mal, car le péché tue les sentiments. En revanche, la question du Seigneur éveille les sentiments de façon à ce que la douleur qu'elle provoque nous paraît insupportable. Une douleur que nous ressentons non seulement physiquement, mais, surtout, psychiquement. La parole du Seigneur nous pénètre jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, afin que nous ne puissions pas nous méprendre à notre sujet. Il n'y a aucune possibilité d'éluder cette question du Seigneur. Quand le Seigneur nous parle personnellement, la douleur que nous occasionne Sa parole est si intense que nous ne pouvons pas nous défiler devant Lui. Cette douleur est si aiguë qu'elle nous fait oublier tous nos autres soucis. Et c'est précisément par le biais de cette douleur, qui nous est si incompréhensible, que Dieu veut nous révéler Jésus-Christ. N'avez-vous, personnellement, jamais ressenti cette douleur dans le fond de votre âme, une douleur qui vous a pénétrés jusque dans les replis les plus cachés de votre coeur? Là, où ni le diable, ni le péché et ni l'amour humain peuvent vous blesser, car seule la parole de Dieu peut y pénétrer (cf. Hébreux 4,12).

Pierre se rendit compte que, de toute âme, il était soumis à Jésus et ainsi, il comprit la portée des questions du Seigneur. Il ne fit plus de déclarations fracassantes et ne se laissa plus emporter dans ses propos: «Je ferai ceci ou cela pour Toi Seigneur!» Dès cet instant, Pierre sut que son amour pour le Christ était sincère et il répondit: «Seigneur, Tu sais toutes ces choses.» Et plus rien de tout ce qui se trouve sur la terre et dans les cieux ne fut pour lui aussi important que JÉSUS!

À l'égard de Pierre, le Seigneur a fait preuve de beaucoup de patience. Notre Seigneur attend toujours l'instant propice pour nous poser Ses questions. Et quand Il nous pose personnellement cette question pertinente: «M'aimes-tu?», alors nous ressentons cette douleur vive qui nous pénètre jusque dans les replis les plus cachés de notre coeur! Et notre amour pour Jésus-Christ devient ainsi plus sincère que toutes les promesses solennelles.


L'aspect prophétique de l'appel: «Il est vivant!»

Cet appel: «Il est vivant! Le Seigneur est réellement ressuscité!» retentit dans ces jours de la fin des temps plus puissamment que jamais! L'incrédulité qui se manifesta face à la résurrection de Jésus, se manifeste aussi de nos jours à l'égard de Son avènement et de la résurrection des morts, en Jésus-Christ. Tout comme les disciples de l'époque ne croyaient pas à Sa résurrection, le plus incrédule parmi eux étant Thomas auquel Jésus dit en Jean 20, 19: «Parce que tu M'as vu, tu as cru, Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru!», il y a beaucoup de Ses disciples actuels qui ne croient pas en Son proche avènement, suivi de la résurrection des morts.

Ainsi, Jésus nous dit à ce sujet en Luc 18, 8: «Mais, quand le Fils de l'homme viendra, trouvera-t-Il la foi sur la terre?» Ces paroles prophétiques de notre Seigneur Jésus sont d'actualité!

Nous continuerons notre réflexion dans l'éditorial de la prochaine édition, intitulé: «À l'aube du troisième jour». En effet, l'incrédulité obstinée des disciples atteignit son point culminant le troisième jour après la mort de Jésus, le jour de Sa résurrection: «Enfin, Il apparut aux onze, pendant qu'ils étaient à table; et Il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur coeur, parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui L'avaient vu ressuscité.» (Marc 16, 14). Et en outre, nous savons que les Évangiles de Matthieu, de Marc et de Luc contiennent chacun trois citations où le Seigneur dit qu'Il ressusciterait le troisième jour!

Wim Malgo

©  Nouvelles d'Israël Septembre 1989


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