L’Esprit veut dire «souffle», «vent», ces noms dépassent notre intelligence, mais tout comme le vent, il est souverain, invisible, insondable, (Je 3: 8), indispensable (Je 3: 5), vivifiant (Eze 37; 7,10), et irrésistible (Act 1: 8). SA PERSONNALITÉ Le Saint-Esprit est une personne: à part entière, troisième personne de la divinité. Matthieu 28:19 Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. SA
PERSONNE: Comme toute personne il a sa personnalité
propre, comme sa sensibilité.
Il EST ASSOCIE A DIEU: Act 5: 3,5 pense: et ses pensées sont les pensées même de Dieu. Romains 8:27 et celui qui sonde les coeurs connaît la pensée de l'Esprit, parce que c'est selon Dieu qu'il intercède en faveur des saints. IL POSSÈDE L’AMOUR: Rom 15: 30 Je vous exhorte, frères, par notre Seigneur Jésus-Christ et par l'amour de l'Esprit, à combattre avec moi, en adressant à Dieu des prières en ma faveur. CONNAÎT: Il a de la connaissance il connaît les choses de Dieu. 1 corinthiens 2:10,11,12 Dieu nous les a révélées par l'Esprit. Car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. Qui donc, parmi des hommes, connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en lui? De même, personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu. Or nous, nous n'avons pas reçu l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données par sa grâce. PARLE:
Actes
13:2 Pendant qu'ils servaient le Seigneur dans leur
ministère et qu'ils jeûnaient, le Saint-Esprit dit:
Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l'oeuvre à laquelle
je les ai appelés. AVERTI:
Luc
2:26 Il avait été divinement averti par le Saint
-Esprit qu'il ne mourrait point avant d'avoir vu le Christ
du Seigneur. ENVOIE:
Actes
13:4 Barnabas et Saul, envoyés par le Saint-Esprit,
descendirent à Séleucie, et de là ils s'embarquèrent pour
l'île de Chypre. CONVAINC:
Jean 16:8 Et quand il sera venu, il convaincra le
monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le
jugement. CONDUIT:
Luc 4:1 Jésus, rempli du Saint-Esprit, revint du
Jourdain, et il fut conduit par l'Esprit dans le désert.
SA VOLONTÉ: L’Esprit est doué de volonté Il décide de lui-même dans la distribution des dons. Hébreux 2:4 Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté. SA SENSIBILITÉ: Il est sujet à la sensibilité comme peut l'être une personne. Il est même possible de lui mentir: Actes 5:3 Pierre lui dit: Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton coeur, au point que tu mentes au Saint -Esprit, et que tu aies retenu une partie du prix du champ? Il est possible de lui opposer de la résistance: Actes 7:51 Hommes au cou raide, incirconcis de coeur et d'oreilles! Vous vous opposez toujours au Saint-Esprit. Il est possible de le tenter: Actes 5:9 Alors Pierre lui dit: Comment vous êtes-vous accordés pour tenter l'Esprit du Seigneur? Voici, ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte, et ils t'emporteront. Il peut être attristé: par notre comportement et il est possible de le froisser. Éphésiens 4:30 N'attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption. Mais il y a pire que de pouvoir froisser l’Esprit de Dieu c'est de lui porter outrage. Jésus dans son enseignement met en garde ceux qui pourraient parler contre L’Esprit de Dieu. Matthieu 12:32 Quiconque parlera contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné; mais quiconque parlera contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir. Porter outrage à une personne quelconque cela est terrible, mais cela l'est encore davantage quand l’Esprit Saint lui est outragé. Hébreux 10: 29 de quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l'alliance, par lequel il a été sanctifié, et qui aura outragé l'Esprit de la grâce? SES ATTRIBUTS. OMNIPRÉSENT:
L’Esprit Saint est omniprésent, il est partout en même
temps. Il n'est pas possible de se cacher de lui. Ps
139:7 Où irais-je loin de ton Esprit, Et où fuirais-je loin
de ta face? OMNISCIENT: L’Esprit Saint est Omniscient, il a la connaissance. Il
connaît les pensées de Dieu, et à plus forte raison
connaît-il aussi les pensées qui animent le
coeur de l'homme. 1
Corinthiens 2:10 Dieu nous les a révélées par
l'Esprit. Car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de
Dieu. OMNIPOTENT: Il est omnipotent, tout puissant. Zacharie 4:6 Alors il reprit et me dit: C'est ici la parole que l'Éternel adresse à Zorobabel: Ce n'est ni par la puissance ni par la force, mais c'est par mon Esprit, dit l'Éternel des armées. Son omnipotence se découvre au travers des guérisons des dons de puissances. ÉTERNEL: L’Esprit de Dieu est comme Dieu lui-même, éternel: Hébreux 9:14 combien plus le sang de Christ, qui, par l'Esprit éternel, s'est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des oeuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant! Jean 14:16 Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous. SON OEUVRE. IL ENGENDRA JÉSUS: Mat 1: 20 Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit: Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l'enfant qu'elle a conçu vient du Saint-Esprit. LA NOUVELLE NAISSANCE: Il produit chez le croyant la nouvelle naissance: Jean 3: 5,7 Jésus répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne t'étonne pas que je t'aie dit: Il faut que vous naissiez de nouveau. «CE QUE FAIT L’ESPRIT» SA MISSION: rendre témoignage de Jésus: Jean 15: 26 Quand sera venu le consolateur, que je vous enverrai de la part du Père, l'Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi. CHEZ LE CROYANT: Il transforme le croyant et Il agit comme un précepteur ou un éducateur spirituel: Ésaïe 11:2 L’Esprit de l'Éternel reposera sur lui: Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l'Éternel. Jean 16: 13,14,15 Quand le consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera. Tout ce que le Père a est à moi; c'est pourquoi j'ai dit qu'il prend de ce qui est à moi, et qu'il vous l'annoncera. CONDUIT: L’Esprit conduit dans toute la vérité, il annonce les choses à venir. Il est avec chaque enfant de Dieu. Romains 8:9 Pour vous, vous ne vivez pas selon la chair, mais selon l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, il ne lui appartient pas. Il demeure avec les enfants de Dieu: Jean 14:16 Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous. convainc: Jean 16:8 Et quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement. VIVIFIE: 2Cor 3: 6 Il nous a aussi rendus capables d'être ministres d'une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l'esprit; car la lettre tue, mais l'Esprit vivifie. enseigne: Jean 14:26 Mais le consolateur, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. ENTEND: Il entend, il nous dit, donc il parle: Jean 16:13 Quand le consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Hébreux 3:7 C'est pourquoi, selon ce que dit le Saint-Esprit: Aujourd'hui, si vous entendez sa voix. conduit: Actes 21:4 Nous trouvâmes les disciples, et nous restâmes là sept jours. Les disciples, poussés par l'Esprit, disaient à Paul de ne pas monter à Jérusalem. Romains 8:14 Car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu. empêche: Actes 16:6 Ayant été empêchés par le Saint-Esprit d'annoncer la parole dans l'Asie, ils traversèrent la Phrygie et le pays de Galatie. Ou comme ce cas il conduit sans avoir à tout révéler: Actes 20:22 Et maintenant voici, lié par l'Esprit, je vais à Jérusalem, ne sachant pas ce qui m'y arrivera. ASSISTE: L’Esprit de Dieu assiste l’Église dans sa croissance: Actes 9:31 L’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie, s'édifiant et marchant dans la crainte du Seigneur, et elle s'accroissait par l'assistance du Saint-Esprit. DISTRIBUE: L’Esprit Saint distribue les Dons (Charismes) à l’Église: Hébreux 2:4 Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté.1Co 12:11 Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut. Il est l'inspirateur des prophéties (2pie 1: 21) ordonne: Actes 8:29 L’Esprit dit à Philippe: Avance, et approche-toi de ce char. UN INTERCESSEUR, UN AIDE: Il est un aide précieux, il intercède: Romains 8:26 De même aussi l'Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu'il convient de demander dans nos prières. Mais l'Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables. Il aide dans la prière: Jude 1:20 Pour vous, bien-aimés, vous édifiant vous-mêmes sur votre très sainte foi, et priant par le Saint-Esprit. Mais son oeuvre consiste surtout à glorifier le Fils de Dieu: Jean 16:14 Il me glorifiera. Et il glorifie Jésus merveilleusement bien dans la vie du Chrétien. «CONCLUSION» (Jean 14: 16,17) JÉSUS Lui-même lui donne ce nom merveilleux «l'autre consolateur», littéralement quelqu'un qui est appelé au coté d'un autre, a la place d'un autre, pour toujours être avec lui. C'est comme ci, Jésus disait de l’Esprit un autre lui-même. (Jean 16: 7) © LA NOUVELLE 24/04/2000 Retour
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Les réflexions qui paraissent et paraîtront sous ce titre s'inspirent du magistral ouvrage de Frederick Dale Bruner: «A Theology of the Holy Spirit - The Pentecostal Experience and the New Testament Witness» (Une théologie du Saint-Esprit - L'expérience pentecôtiste et le témoignage du NT), Hodder & Stoughton, London 1970, 390 p. à ceux qui savent l'anglais, nous ne pouvons que chaleureusement en recommander la lecture. Ce livre est aussi actuel aujourd'hui qu'au jour de sa publication. La réception du Saint-Esprit est devenue sujet à controverse depuis l'apparition du pentecôtisme avec son prolongement charismatique. Il est impératif que l'Église soit édifiée, aussi en ce qui concerne ce point primordial, uniquement sur la base de l'Écriture sainte, l'expérience ne pouvant être un fondement valable, pour deux raisons: elle n'est jamais normative; étant subjective, elle n'est pas nécessairement authentique quant à son origine et ses manifestations.
* * * 1. Recevoir l'Esprit: la condition A. L'enseignement du NT La condition principale pour recevoir le Saint-Esprit est énoncée ainsi par Jésus: Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein, comme dit l'Écriture. Il dit cela de l'Esprit qu'allaient recevoir ceux qui croiraient en lui (Jean 738-39). Ces paroles sont simples et claires: l'Esprit de Dieu est donné en réponse à la foi, sans aucune adjonction. Pourtant, même avant cette réception par la foi, il fallait qu'une condition fondamentale soit remplie: la glorification de Jésus, à savoir sa mort, sa résurrection et son ascension (Jean 12.16,23-24; 16.17). La condition préalable est donc l'oeuvre de Christ. Il fut donné à l'apôtre Paul de développer les raisons théologiques pour lesquelles l'oeuvre de Christ devait précéder le don de l'Esprit. Comment l'incompatibilité entre la condition de l'homme (pécheur) et la justice de Dieu (saint) pouvait-elle être surmontée? Tout le message chrétien dépend de la réponse à cette question. Gal 3.10-14 joue ici un rôle de première importance: Tous ceux qui dépendent des oeuvres de la loi sont sous la malédiction, car il est écrit. «Maudit soit quiconque n'observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi, pour le mettre en pratique.» Et que nul ne soit justifié devant Dieu par la loi, cela est évident puisque: «Celui qui mettra ces choses en pratique vivra par elles.» Christ nous a racheté de la malédiction de la loi, étant devenue malédiction pour nous - car il est écrit: «Maudit soit quiconque est pendu au bois» - afin que, pour les païens, la bénédiction d'Abraham se trouve en Jésus-Christ et que, par la foi, nous recevions la promesse de l'Esprit. Paul examine la possibilité d'obtenir la vie et les dons de Dieu par l'obéissance à la loi. Il constate que comme personne n'est capable d'observer toute la loi sans faille, il se trouve condamné par elle. Car les exigences de la loi sont absolues; la loi doit être mise en pratique dans sa totalité par l'homme qui veut vivre par elle, sinon aucune justification n'est possible. Il en découle que croire qu'on a Dieu parce qu'on a à son actif des actes d'obéissance à la loi constitue une malédiction. Au lieu de pousser à une plus grande obéissance à la loi, comme le faisaient les frères judaïsants en Galatie, Paul démontre que par la loi personne ne peut être justifié et recevoir les dons de Dieu, dont le Saint-Esprit. La justification est obtenue par la foi en l'oeuvre accomplie par Jésus-Christ. C'est pourquoi Paul pouvait écrire aux Romains: Christ est la fin de la loi, en vue de la justice pour tout croyant (10.4). En recevant Jésus-Christ par la foi, il vient à nous avec le don gratuit de la plénitude de l'Esprit. En d'autres termes: ce n'est pas l'homme qui par son obéissance à la loi atteint à l'Esprit, mais c'est l'Esprit qui vient à l'homme à cause de l'oeuvre de Christ accomplie dans l'obéissance parfaite. La bénédiction d'Abraham se trouve en Jésus-Christ. C'est lui qui a racheté l'homme de la malédiction de la loi. Ainsi la condition de base a été remplie pour que l'homme puisse recevoir le Saint-Esprit par la foi seulement. Il y a donc deux chemins différents: l'un est le chemin de l'homme vers l'Esprit, où il s'agit d'accomplir des oeuvres pieuses et bibliquement fondées; l'autre est le chemin de l'Esprit vers l'homme, sur la base de l'oeuvre parfaite accomplie par Christ. Le premier chemin monte de l'homme à Dieu; le deuxième descend de Dieu à l'homme. Le premier consiste en actes faits par l'homme; le deuxième est sur la base de l'oeuvre faite par Christ selon le témoignage de l'Écriture. Le premier chemin est impraticable; seul le deuxième correspond à la réalité spirituelle. Car l'homme ne peut aller à l'Esprit; c'est l'Esprit qui vient à l'homme. La vie dans l'Esprit vécue par la foi accomplit doublement la loi: La foi attribue à Dieu l'honneur pour toute l'oeuvre du salut; la foi en la pleine suffisance du salut en Christ dirige le regard loin de soi-même vers les autres pour les aimer comme on est aimé par Dieu. En résumé: Le don de Dieu par l'obéissance parfaite de Christ est la condition déjà accomplie pour la réception du Saint-Esprit. En et avec Christ, le croyant reçoit le don parfait du Saint-Esprit, qui le rend capable de vivre la justice dans l'obéissance. Le Saint-Esprit est la source et non le but de la vie du croyant. C'est la rédemption de la loi opérée par Christ, et non l'effort de l'homme pour l'accomplir, qui est la condition pour la réception du Saint-Esprit, don gratuit de Dieu aux hommes qui croient en Jésus-Christ. B. Enseignement erroné L'Esprit étant donné sur la base de la foi comme don gratuit de Dieu, la réception de l'Esprit ne peut être envisagée comme étant conditionnée par quelque mérite que ce soit de la part du récepteur. Il apparaît que le pentecôtisme prône un enseignement selon lequel il faut d'abord passer par une purification de tout «péché connu» avant de pouvoir recevoir l'Esprit. Cela équivaut à un renversement de la séquence biblique: la grâce est suivie et non précédée de l'obéissance. Cette erreur a sa racine en une compréhension défectueuse du pardon de tous les péchés accordé par la grâce seule. L'erreur consiste à penser que le pardon des péchés ne joue un rôle déterminant qu'à la conversion et cesse ensuite d'être efficace. Or la réception de l'Esprit ne dépend aucunement de la dignité du croyant (qui aurait réussi à bannir tout péché), mais uniquement de la foi en la justice totale d'un autre, le Christ. La thèse pentecôtiste est que le péché et le Saint-Esprit ne peuvent cohabiter dans un même coeur. Pourtant, l'Esprit et le péché habitent bel et bien dans le coeur du croyant, sinon il serait sans péché affirmer cela ferait de lui un menteur (1 Jean 1.8). D'ailleurs, comment quelque croyant que ce soit saurait-il bannir le péché de son coeur sans le Saint-Esprit? Et qu'en est-il des péchés inconnus? Un péché est-il moins péché pour n'être pas connu? Le pardon reçu par grâce est complet: nous sommes délivrés des péchés (connus et inconnus) par son sang (Apoc 1.5). Il n'y a aucune distinction à faire entre les expressions Christ pour nous et Christ en nous, car si Christ est pour nous, il est aussi en nous, sans quoi il ne serait pas vraiment pour nous. Pas besoin «d'abandon» spécial ou «d'appropriation» particulière; l'Évangile ne connaît que la réception du Christ tout entier par le simple moyen de la foi. La passion pentecôtiste et charismatique pour avoir «plus» (surtout plus d'expériences spirituelles) est la conséquence d'une sous-estimation du pardon de tous les péchés accordé dès la conversion par la grâce de Dieu, pardon qui entraîne l'adoption comme fils de Dieu. Le croyant est adopté par Jésus-Christ (Eph 1.5); il a reçu un Esprit d'adoption par lequel il crie: Abba! Père! (Rom 8.15) La puissance du Saint-Esprit consiste en rien de moins ni rien de plus que la mise en oeuvre du miracle de l'adoption. «La justification du pécheur par Dieu est le message central du NT. Et la sanctification du pécheur justifié montre qu'il prend la justification au sérieux. La compréhension profonde du sens du pardon des péchés est la signification essentielle du don Saint-Esprit» (Bruner p. 234). Prétendre que «en tant que pécheurs nous acceptons Christ, et en tant que saints nous acceptons le Saint-Esprit» revient à séparer l'Esprit du Christ. Or recevoir Christ, c'est recevoir l'Esprit de Christ, qui est identique avec le Saint-Esprit de Dieu, comme cela ressort clairement de Rom 8.9-10: ... vous êtes sous l'emprise de l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, il ne lui appartient pas. Et si Christ est en vous, ... l'esprit est vie à cause de la justice. Recevoir Jésus-Christ, c'est recevoir le Saint-Esprit et devenir enfant de Dieu, ce dont l'Esprit témoigne dès la conversion (Jean 1.12; Rom 8.16). Vouloir séparer la réception de Jésus-Christ de la réception de l'Esprit est totalement étranger à l'enseignement du NT.
* * *
II. Les moyens de l'Esprit A. Le message de la foi 1. L'enseignement du NT Comment Dieu communique-t-il le Saint-Esprit aux hommes? Par une question, Paul rappelle aux Galates comment ils ont reçu l'Esprit: Est-ce en pratiquant la loi que vous avez reçu l'Esprit, ou en écoutant avec foi? (3.2) Le moyen utilisé par l'Esprit n'est rien d'autre que le message de la foi, à savoir le message de Jésus-Christ mort à la croix pour nous. Le danger que couraient les Galates était de vouloir mettre en oeuvre des moyens plus «élevés» que la simple foi en Christ par laquelle ils avaient reçu l’Esprit initialement. Paul insiste: la pratique de la loi et le message de la foi s'excluent mutuellement. Il n'y a pas d'autre évangile soi-disant «plus plein» par lequel le chrétien recevrait une plus grande plénitude de l'Esprit, par exemple en remplissant les conditions d'une plus parfaite obéissance. Le message de la foi, qui est à la fois la condition et le moyen pour recevoir l'Esprit, n'est pas seulement le point de départ de la vie chrétienne, mais il est aussi le moyen continuel qui permet de vivre la vie chrétienne dans l'Esprit. Le message de la foi hier, aujourd'hui et demain est le moyen choisi par Dieu pour communiquer le Saint-Esprit aux hommes. C'est là le sens du passage de Gal 3.1-5, que je cite ici dans la transcription moderne faite par Alfred Kuen.
1 Ah! mes pauvres amis galates! Que vous êtes donc insensés! Qui vous a fascinés ainsi? On dirait que vous avez été ensorcelés! Ne vous ai-je pas dépeint Jésus-Christ, le crucifié, comme s'il avait été cloué à la croix sous vos yeux? Où est restée votre compréhension de sa mort? 2 Je ne vous poserai qu'une seule question: comment avez-vous reçu le Saint-Esprit? Était-ce parce que vous aviez accompli strictement les oeuvres exigées par la loi, parce que vous aviez observé toutes les ordonnances rituelles, ou bien plutôt parce que vous avez accueilli avec foi le message de la Bonne Nouvelle? 3 Manquez-vous à ce point d'intelligence? Vous avez commencé votre vie chrétienne avec l'Esprit de Dieu, et vous voulez la parachever par vos propres efforts? Croyez-vous que vous atteindrez la perfection par des pratiques toutes matérielles? 4 Avoir fait tant d'expériences exaltantes pour rien! Auriez-vous vraiment reçu de si grandes bénédictions inutilement! Valait-il la peine de tant souffrir pour tout oublier? J'ai peine à le croire. Et encore, si c'était pour rien! 5 Lorsque le Seigneur vous a donné son Esprit, lorsqu'il agit puissamment parmi vous, opérant des prodiges étonnants, pourquoi le fait-il? Parce que vous avez observé la loi juive? N'est-ce pas plutôt parce qu'après avoir entendu prêcher l'Évangile, vous l'avez accepté avec foi? Dans la première question au verset 2, Paul utilise l'aoriste, temps de la conjugaison grecque qui correspond au passé simple (ou défini) français et indique donc un fait passé considéré comme achevé. Dans sa deuxième question au verset 5, Paul utilise le participe présent pour indiquer que le Saint-Esprit continue à être donné pleinement par le moyen de la foi et sans le moyen d'oeuvres quelconques. Il combat ainsi l'enseignement des faux docteurs selon lequel il faut, en plus de la foi, l'obéissance à des exigences légales ou autres pour recevoir le Saint-Esprit pleinement. Non pas que Paul aurait jamais contesté la nécessité de se soumettre aux commandements de Dieu, tout au contraire! Mais ce n'est pas le moyen par lequel l'Esprit est donné et oeuvre en le croyant. En résumé: L'obéissance au message de la foi est diamétralement opposée à l'obéissance à des conditions quelles qu'elles soient. Cette dernière obéissance implique une constante concentration sur soi-même, alors que l'obéissance au message de la foi est portée sur les intérêts des autres. La présence continuelle de l'Esprit est un don que Dieu accorde en réponse à la foi en Christ et à rien d'autre. Pour votre recherche personnelle, voici quelques textes qui éclairent la doctrine du NT: Rom 10.16-17; 1 Thes 1.4-5; 2.13; 2 Thes 2.13-14; 1 Cor 2.4-5; 2 Cor 3.3,6; Eph 6.17; 1 Pi 1.12; Jean 6.63; 16.8; 20.22. 2. Conséquences d'une doctrine erronée a) Comment atteindre à la plénitude? Comme c'était le cas pour les chrétiens de Galatie, le danger pentecôtiste consiste à chercher la plénitude de l'Esprit en remplissant certaines conditions. S'il est vrai, dit-on, que la vie chrétienne commence par l'acceptation du message du salut par la foi seule, l'Esprit n'est pourtant pleinement donné que suite à une séparation totale de tout péché connu (comme si le péché inconnu était négligeable), à un abandon absolu et une soumission complète au Seigneur. Cela crée les deux niveaux de chrétiens - les chrétiens tout court et les chrétiens remplis de l'Esprit - qui caractérisent le pentecôtisme. L'erreur a été résumée ainsi: «En tant que pécheurs, nous acceptons le Christ; en tant que saints, nous acceptons le Saint-Esprit.» Cependant le trait distinctif du message apostolique consiste en la toute-suffisance de l'Évangile du salut par la foi pour le début, la continuation et l'accomplissement de la vie du chrétien. Non seulement le chrétien reçoit le Saint-Esprit une fois pour toutes par le message de la foi, et cela sans conditions spéciales à remplir, mais il continue à être équipé pleinement par l'Esprit par ce même message, et ce sans le moyen de, techniques particulières, y compris un baptême du Saint-Esprit qui serait à rechercher après la conversion. La prédication fidèle de la grâce en Jésus-Christ est le moyen constant pour avoir la plénitude de l'Esprit. b) Où est la plénitude? Le pentecôtisme préconise une recherche de la plénitude du Saint-Esprit en recherchant l'Esprit lui-même. L'épître aux Colossiens enseigne clairement que la plénitude se trouve uniquement en Christ et nulle part ailleurs. En fait, le sujet de cette lettre est le thème principal de la doctrine pentecôtiste: la plénitude. La description sublime du Christ dans Col 1 se termine par cette déclaration pertinente: Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude (v. 19) - donc aussi celle du Saint-Esprit. Au deuxième chapitre, Paul renchérit: En lui (Christ) habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Et vous avez tout pleinement en lui (v. 9-10). Toute la divinité, y compris le Père et le Saint-Esprit, se trouve pleinement réunie en Jésus-Christ, de sorte que quiconque croit en Christ a reçu, en lui et par lui, toutes les bénédictions imaginables et ne doit pas rechercher d'autres moyens que la foi en Christ pour «obtenir» plus de plénitude ou de bénédiction. Le croyant peut jubiler avec Paul écrivant aux Éphésiens: Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ (1.3). La plénitude que les chrétiens ont en Christ est vraiment pleine, non pas parce qu'ils seraient capables de se l'approprier, mais parce que Christ est capable de s'approprier les chrétiens. L'épître aux Colossiens ne contient aucune condition préalable demandant de faire le vide pour recevoir la plénitude. Au contraire, Paul y combat rigoureusement toute condition de ce genre, car les faux docteurs invitaient les Colossiens à la mortification, à l'abandon à des visions, à l'application de règlements diététiques, dont Paul dit qu'ils ne sont que préceptes et enseignements humains... qui ne méritent pas d'honneur et contribuent à la satisfaction de la chair (Col 2.16-23). Non, dit Paul, ne concentrez-vous pas sur vos obligations subjectives sans valeur, mais sur votre condition objective: vous êtes en Christ, donc vous avez la plénitude, car être en Christ signifie être en celui en qui habite toute la plénitude divine. La plénitude appartient à Christ; le croyant est en Christ; donc le croyant a la plénitude. Insinuer que le croyant, tout en étant en Christ, aurait besoin d'une plénitude spirituelle additionnelle ou d'une quelconque appropriation: voilà l'hérésie colossienne. L'argumentation de Paul dans les épîtres aux Galates et aux Colossiens a de graves conséquences pour la doctrine pentecôtiste. Selon Galates, il n'y a qu'un moyen pour recevoir le Saint-Esprit, à savoir le message de la foi en Christ, à l'exclusion de toute autre condition. Selon Colossiens, les croyants ont à rechercher la plénitude de l'Esprit au seul endroit où ils l'ont reçue initialement, à savoir en Christ. Question Y a-t-il une distinction à faire entre le Christ habite en vous et l'Esprit de Dieu habite en vous? L'Esprit, troisième personne de la Trinité, vient-il habiter le croyant après coup, indépendamment de Christ, deuxième personne de la Trinité, ou vient-il en Christ Jésus? Est-ce que être en Christ ne signifie qu'une plénitude partielle? Réponse La réplique de Paul est claire: En Christ, le croyant a tout, et cela parfaitement; le chrétien qui est en Christ n'a pas reçu qu'une mesure de la puissance. Il n'a pas à rechercher ce qu'il a déjà pleinement en Christ. Par la foi, il a reçu tout ce que Dieu veut lui donner, à lui personnellement et pleinement, et en permanence, puisque par la foi il reçoit le Christ. Le chrétien qui a reçu Jésus-Christ, non seulement a reçu tout ce dont il a besoin, mais il a reçu tout ce qu'il peut jamais avoir. Preuves scripturales Rom 8.9-11: Pour vous, vous n'êtes plus sous l'emprise de la chair, mais sous celle de l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, il ne lui appartient pas. Et si Christ est en vous, le corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais l'esprit est vie à cause de la justice. Et si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. 1 Cor 6.17: Celui qui s'attache au Seigneur est avec lui un seul esprit. 1 Cor 15.45: Le premier homme, Adam, devint en être vivant. Le dernier Adam (= Christ) est devenu un esprit vivifiant. Col 2. 10: Vous avez tout pleinement en lui (ou: vous êtes remplis en lui), qui est le chef de toute principauté et de tout pouvoir. Jean 3.34-35: Celui que Dieu a envoyé (= Christ) dit les paroles de Dieu, parce que Dieu donne l'Esprit sans mesure. Le Père aime le Fils et a tout remis dans sa main. Cette affirmation de Jean-Baptiste résume la pensée de Paul, pensée qui est, ne l'oublions pas, celle du Saint-Esprit qui inspire Paul. À savoir: La divinité tout entière habite corporellement (=personnellement) en Jésus-Christ. C'est pourquoi celui qui n'a ou ne trouve pas Dieu en Christ ne l'aura ou ne le trouvera nulle part ailleurs en dehors de Christ, où qu'il aille (selon Luther). B. L'écoute de la foi 1. L'enseignement du NT a) L'apôtre Paul posait cette question aux chrétiens de la Galatie (3.2): Est-ce en pratiquant la loi que vous avez reçu l'Esprit, ou en écoutant avec foi? Le terme «écouter» a en grec la connotation de «rapport message». Or le message est objectif, alors que l'écoute est subjective. Ainsi donc, le message de l'évangile exige la foi, mais comme il est plus que la loi, il donne aussi la foi exigée. C'est un message-écoute de foi: la foi vient avec le message. Dans l'introduction de sa lettre aux Romains, Paul nomme l'Évangile un message où Dieu s'y révèle par la foi et pour la foi (1.17). Cela revient à dire que, non seulement le don de Dieu est reçu par la foi initialement, mais qu'il est toujours reçu «pour» la foi (afin de susciter la foi). Autrement dit: Dieu nous donne sa justice et son acceptation, son Esprit et sa présence - et ceci continuellement -, non pas en réponse à un quelconque effort de notre part, aussi louable qu'il soit, mais en réponse à notre foi. b) Pour nous faire comprendre ce qu'est la foi, Paul la met constamment en contraste avec les oeuvres de la loi. La foi est présentée comme le contraire de l'oeuvre. La foi est quelque chose que Dieu fait, que Dieu nous met à même de faire, quelque chose qui est reçu sans qu'il n'y ait ni mérite ni «faire» de notre part. Voilà pourquoi Paul parle de la foi de Jésus-Christ (selon le texte grec; c'est une foi qui vient donc de Jésus). La déduction est contraignante: si la foi émane de Dieu par l'écoute de l'Évangile, elle est l'oeuvre et le don de Dieu. Aux Galates, qui voyaient en la foi un acte humain, Paul décrit la foi comme étant venue à eux (3.25). Paul combattait ainsi l'idée que pour avoir la plénitude, il fallait la foi et l'obéissance, ce qui mettait en cause la toute-suffisance de la foi comme unique base pour la justification (Rom 5.1) et comme source effective des oeuvres bonnes. Il fallait ensuite que l'apôtre Paul se défende contre l'accusation que, par sa doctrine de la foi seule, il préconisait en fait l'immoralité. Non! dit Paul; car si la foi est suffisante, c'est justement parce qu'elle identifie le croyant avec Christ, qui est pleinement suffisant pour garder le croyant de toute immoralité. Voici comment Paul explique cela aux Galates (2.20; 3.11-14): Je suis crucifié avec Christ (le vieil homme pécheur est mort), et ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi (identification: réception de la vie de Christ, qui est éternelle); ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu (pas question de s'abandonner au dérèglement moral)... Le juste vivra par la foi (sa vie correspond à la vie de Christ, qui nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous... afin que... par la foi, nous recevions la promesse de l'Esprit). c) Significatif aussi est le fait que dans l'écoute de la foi, le Saint-Esprit entre par le plus passif des organes majeurs de la personne: l'oreille, qui ne crée ni n'émet rien, qui ne fait que recevoir ce qui lui est donné. Du côté humain, l'écoute de la foi est la seule et unique condition pour recevoir le don de Dieu; ce n'est pas quelque chose qu'on fait. L'écoute de la foi est rendue possible par la présence du message de la foi. Comme toutes les conditions pour la réception de l'Esprit furent remplies par l'oeuvre de Christ en dehors de nous-mêmes, et comme le moyen utilisé par l'Esprit est le message de l'oeuvre de Christ qui nous atteint par la parole d'autrui, de même l'écoute qui reçoit le don rendu possible par l'oeuvre de Christ n'a pas besoin de faire appel à une puissance engendrant la foi, autre que la puissance inhérente en le message de la foi. C'est là toute la gloire de l'Évangile: il n'est pas seulement une parole concernant le salut; il est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit (Rom 1.16). Dieu dispense son Évangile non en vue d'une action, mais en vue de l'écoute de la foi - de la «foi-écoute» et même cette écoute, il la donne. 2. Conséquences d'une doctrine erronée a) La foi vue comme une oeuvre L'erreur cruciale de la doctrine pentecôtiste aussi bien que charismatique consiste à faire de la foi un accomplissement nécessaire pour recevoir l'Esprit en récompense. Ralph M. Riggs écrit dans «L'Esprit lui-même» (1949), après avoir précisé que le Saint-Esprit est reçu comme un don absolument gratuit: «Nous n'avons qu'à étendre notre main dans la foi, nous saisir de lui, nous l'approprier et le recevoir comme nous appartenant.» Les trois expressions soulignées annulent l'affirmation du don gratuit, puisque la foi elle-même est le prix par lequel il est obtenu. On trouve toujours à nouveau l'idée erronée que «plus nous convoitons le don de Dieu, plus nous sacrifions pour l'obtenir, plus nous l'apprécierons une fois que nous l'avons obtenu». Selon cet enseignement, ce n'est pas la foi hormis les oeuvres, mais la foi après les oeuvres: «D'abord il faut être en ordre avec Dieu. Ensuite (!) nous cessons de faire des efforts et nous lui demandons le don que nous recherchons. Il attend que nous en arrivions là.» Encore une fois, c'est l'idée que Dieu attend et que l'homme agit. Selon le NT, Dieu lui-même établit une relation «en ordre» avec lui par Christ, et ceci à l'exclusion de nos efforts et non en conséquence de ceux-ci. C'est Dieu qui vient à l'homme avec son don par l'Évangile, et non les hommes qui viennent quémander auprès de Dieu. Qui a donné le premier, pour qu'il ait à recevoir en retour? Tout est de lui, par lui et pour lui! (Rom 11.35-36). S'il faut d'abord faire quoi que ce soit avant de pouvoir recevoir le don de Dieu, il cesse d'être un don, il devient un dû. La foi authentique produit les oeuvres bonnes, comme le disent Paul, Jacques, les autres apôtres et les réformateurs avec eux. Luther écrivait ces paroles bien connues dans sa préface à l'épître aux Romains: «0! la foi est une chose vivante, active, puissante, de sorte qu'il est impossible qu'elle ne produise pas continuellement ce qui est bien. La foi ne demande pas s'il y a des bonnes oeuvres à faire, mais avant qu'on puisse demander, la foi les a déjà faites.» b) La foi vue comme une appropriation Voici l'argument dont se sert le raisonnement fallacieux: Il est vrai que le don de Dieu n'est reçu que par la foi, tout comme, dans un certain sens (?), l'Esprit. Il est pourtant aussi nécessaire de faire un second acte de foi pour s'approprier entièrement (?) le Saint-Esprit, afin d'obtenir puissance, sanctification, victoire et la plénitude de l'Esprit. Car par la première foi n'ont été obtenus que grâce, justification et pardon des péchés. Il y aurait donc une foi ayant pour objet Jésus-Christ en vue du salut, et une foi ayant pour objet le Saint-Esprit en vue de la puissance et de la consécration; cette seconde foi serait nécessaire parce que le don de Dieu exigerait une «appropriation». Il faut en déduire qu'il y aurait une foi (la première) procurant la grâce sans puissance. La raison principale qui est avancée pour expliquer que le don reçu par la foi primaire serait insuffisant n'est pas l'insuffisance de Christ (qu'on ne veut pas dénigrer), mais l'insuffisance d'appropriation du croyant. «Appropriation» a le sens de «faire d'une chose sa propriété, acquérir une chose». C'est justement ce que la foi en Dieu n'est pas: «faire» plutôt que recevoir. Un don qu'on doit acquérir, qu'on doit «faire sien», n'est plus simplement reçu comme une grâce; il devient le résultat d'un effort. Ainsi l'oeuvre du salut est en fin de compte transférée de Dieu à l'homme, quelle que puisse être l'orthodoxie de ce qui précède l'acte d'appropriation. Quand l'appropriation prend la place de la réception, il s'agit peut-être bien d'une oeuvre intentionnellement pieuse, mais ce n'est plus ce que le NT entend par la foi. c) La foi vue comme un absolu Finalement, la foi est souvent synonyme d'un abandon total. L'argument est le suivant: De même que l'on est justifié, régénéré et sanctifié par la foi, de même on doit recevoir le baptême du Saint-Esprit par la foi, pour autant qu'on se soit abandonné à Dieu en tous points. En fait, on sépare la justification et la sanctification puisque, avant qu'on puisse vraiment recevoir le Saint-Esprit, il faudrait obéir totalement à l'exigence de l'abandon «en tous points». Cela est exprimé clairement par Wade Horton: «Personne ne peut recevoir ou maintenir l'expérience pentecôtiste s'il n'obéit pas à toute la volonté de Dieu... Seulement une fois que le croyant s'est entièrement consacré et a obéi pleinement, l'Esprit entrera; une fois donc que toutes les conditions auront été remplies» («Pentecost Yesterday and Today», 1964). Dans ces conditions, l'Esprit n'entrera jamais, puisque le croyant est laissé à lui-même pour opérer une consécration totale sans l'Esprit, ce qui lui est évidemment impossible. Même si le langage utilisé par le pentecôtisme relève de la pure piété quand il parle de l'abandon à Dieu et de la consécration chrétienne, il ne s'agit plus de la foi néo-testamentaire dans sa simplicité. Car les absolus d'abandon et de consécration exigés par la doctrine pentecôtiste appellent les chrétiens, non à la grâce en Christ, mais à une recherche acharnée et futile de trouver dans leur coeur des absolus qui n'y sont pas. La foi telle qu'elle est définie par le NT est souveraine et suffisante. Elle est évoquée avec concision par Luther: «Crois et tu l'as reçu» («Glaubst du, so hast du»). C'est la doctrine du NT dans sa pureté. Aussitôt qu'on y ajoute: «Crois absolument (abandonne-toi, livre-toi, vide-toi) et tu l'auras» (langage d'apparence ultra-pieuse), on replace le croyant sous le poids de la loi et de l'impossible. Ce n'est certes pas par hasard que l'apôtre Paul ne lie jamais la foi à un adjectif ou un absolu. 3. Observations supplémentaires: «La foi seule» dans l'Évangile de Jean Nous terminons nos réflexions sur la parfaite suffisance de la foi en Christ que le NT connaît par un texte de l'Évangile de Jean. Voici l'annonce programmatique dans Jean 7.37-39: Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus debout s'écria: Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein, comme dit l'Écriture. Il dit cela de l'Esprit qu'allaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l'Esprit n'était pas encore donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié. La foi en Jésus a pour résultat le don du Saint-Esprit. C'est l'enseignement unanime, clair et simple du NT. La foi en Christ et la réception de l'Esprit sont corrélatives. La foi n'est jamais «en l'Esprit» ici elle est deux fois en Jésus. Pour recevoir le Saint-Esprit, Jésus-Christ est le seul objet de la foi; c'est toujours par la foi que Christ est reçu. Le texte cité enseigne aussi que l'Esprit donné en réponse à la foi n'est nullement anémique; au contraire, il coule du croyant comme des fleuves d'eau vive. N'y voir qu'un filet d'eau sans puissance fait bien peu de cas de la foi en Christ. Car la formulation pentecôtiste dit: la foi en Christ mène à la vie, alors que la foi ultérieure en l'Esprit résulte en puissance spirituelle, attestée par «le parler en langues». Mais selon Jean 7, la foi en Jésus ne produit pas seulement un filet d'eau propre à humecter la langue du croyant; au contraire, celui-ci reçoit du Christ aussi bien l'existence et la vivification spirituelle que la puissance spirituelle, donc aussi la puissance nécessaire au service. Si la foi en Jésus ne confère pas la pleine réception de l'Esprit, comment le croyant saurait-il s'abandonner, se consacrer, faire toutes sortes de sacrifices, puis avoir une foi suffisante pour recevoir la «plénitude de l'Esprit» (le «baptême du Saint-Esprit»)? Ce n'est que parce que l'Esprit a été pleinement reçu qu'abandon, consécration et sacrifices sont possibles. Sinon, il s'agit d'une parodie de l'Évangile de la grâce. La foi toute simple en Christ reçoit de Dieu tout ce qu'il a à donner. La foi qui ne repose pas sur ce principe rend l'Évangile inopérant. En conclusion, voici encore une affirmation de Luther, citée par Karl Barth dans «Der Heilige Geist und das christliche Leben» (Le Saint-Esprit et la vie chrétienne): «Dieu ne veut pas nous voir donner notre confiance ou vouer notre coeur à quoi que ce soit d'autre, quelque saint ou rempli d'Esprit que ce soit, qu'à Christ seul dans sa parole.»
* * * III. Un seul baptême Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance, celle de votre vocation; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Eph 4.4-5 1. L'enseignement du NT Nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit, pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit. 1 Cor 12.13 Autres textes à consulter: 1 Cor 6.11; Jean 3.5-8; Tite 3.4-8; Rom 6.1-11; Col 2.8-19. a) Il ressort de la lecture des Actes que la foi n'est jamais désincarnée; elle devient un fait historique par l'action du baptême d'eau, qui est non seulement le sceau de la foi du nouveau converti, mais aussi le sceau de la venue de l'Esprit en lui. Le NT atteste clairement la relation entre l'eau et le Saint-Esprit, à commencer par le baptême de Jésus (Marc 1.10). À la fin de la première prédication donnée par Pierre à la Pentecôte, le Saint-Esprit est offert ensemble avec le baptême d'eau: Pierre leur dit: Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit (Act 2.38). Cette relation entre baptême d'eau et réception de l'Esprit est enseignée avec la plus grande évidence dans les passages des Actes où il se produisit un intervalle de temps passager entre baptême d'eau et réception de l'Esprit; chaque fois, cet intervalle fut rapidement interrompu et l'Esprit reçu. Les événements décrits dans Actes 8.5-17, 10.43-48 et 19.1-7 enseignent d'une manière frappante que le don du Saint-Esprit et l'eau du baptême chrétien sont liés entre eux. b) Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l'Esprit de notre Dieu (1 Cor 6.11). Il ne s'agit pas là d'une succession imparfaite ou douteuse; l'emploi de l'aoriste pour les trois verbes (temps qui indique une action accomplie) montre que le baptême signifie que le croyant est purifié, sanctifié et justifié par le fait qu'il est devenu un membre du Corps de Christ en qui l'Esprit habite. 1 Cor 3.16: Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous? Purification, justification, sanctification et l'Esprit sont donnés en Jésus-Christ à la fois et non par bribes. Le tout est scellé et solennellement signifié par le baptême. c) L'Évangile de Jean présente l'enseignement du NT sur le baptême avec toute la clarté désirable. Voici ce que dit Jésus à Nicodème: En vérité, je te le dis: si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu (Jean 3.5). On peut considérer ce texte comme la description classique du NT sur le rite d'initiation qu'est le baptême. Les termes d'eau et d'Esprit pourraient difficilement être plus intimement liés, ce qui est encore plus évident en grec, où la traduction littérale donne: d'eau et Esprit, la préposition «ex» (= de) servant pour les deux termes, qui ne sont donc pas séparables. En plus de cela, le verbe étant à la forme de l'aoriste passif subjonctif, le sens littéral est: «naît une fois d'eau et Esprit». Le croyant naît donc une seule fois d'eau et d'Esprit. Il n'y a qu'un seul baptême chrétien, qui est en même temps d'eau et d'Esprit, en même temps matériel et spirituel. L'accent dans l'Évangile de Jean est nettement sur l'Esprit. La nouvelle naissance est une naissance par l'Esprit, même si la venue de l'Esprit dans le croyant reste un mystère et un miracle de la grâce de Dieu, comme l'indique bien Jean 3.8. Cela exclut l'exigence de conditions ou d'évidences en rapport avec la venue de l'Esprit sur le baptisé. Sont à écarter: l'idée d'une quelconque vertu sacramentale de l'eau baptismale (Tertullien); la prétention d'une église de détenir le privilège d'administrer le seul baptême valable (catholicisme romain); la notion d'une preuve qu'apporterait l'expérience individuelle (pentecôtisme). Il suffit de savoir que l'Esprit vient d'en haut et qu'il est étroitement lié à l'eau du baptême, mais comment, où et pourquoi, cela nous échappe. Jean 3.9-21 interprète Jean 3.3-8 et montre que l'Esprit est reçu en conséquence de notre foi. d) Le passage de Tite 3.4-8 peut être considéré comme un résumé de la doctrine du NT sur «le baptême dans le Saint-Esprit»: Lorsque la bonté de Dieu notre Sauveur, et son amour pour les hommes, ont été manifestés, il nous a sauves - non parce que nous aurions fait des oeuvres de justice, mais en vertu de sa propre miséricorde - par le bain de la régénération et le renouveau du Saint-Esprit; il l'a répandu sur nous avec abondance par Jésus-Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions héritiers dans l'espérance de la vie éternelle. La clarté de ce texte, en conjonction avec les autres déjà cités, permet de tirer quelques e) Conclusions finales. 1. Le Saint-Esprit en tant qu'agent du salut n'attend pas que le croyant devienne plus digne ou plus pur - comme s'il pouvait devenir plus digne ou plus pur que lorsqu'il a été «lavé» par Dieu mais l'Esprit est donné avec le salut. 2. L'Esprit n'est pas donné partiellement, comme si Dieu était réticent, mais répandu sur nous avec abondance. 3. Étant aussi bien (a) l'agent du salut que (b) le don de Dieu, le Saint-Esprit n'est pourtant ni un agent indépendant, ni un don à part, ni (c) une source de richesses par lui-même. Plutôt: (a) en tant qu'agent, l'Esprit baptise en Christ, et par conséquent aussi en l'Esprit, car Christ et l'Esprit sont inséparables; (b) en tant que don, l'Esprit est donné en et par Christ, et jamais par une expérience comme don séparé, comme si Christ, quand il est reçu, était incapable de communiquer l'Esprit; (c) en tant que don du salut en Christ, l'Esprit ne nous amène pas à faire des expériences meilleures ou plus riches en lui-même, mais à nous communiquer la richesse insondable du Christ. Nous pouvons donc affirmer que l'oeuvre du salut accomplie par Christ à la croix et par sa résurrection a eu un triple effet: le message de l'Évangile est reçu par l'écoute dans la foi, le Saint-Esprit est reçu et le croyant est scellé dans le baptême; il devient ainsi une même plante avec Christ (Rom 6.5). C'est une des grâces de Dieu que le don de l'Esprit soit rattaché à un acte aussi terre à terre que le baptême d'eau, signe visible s'il en est, et non à un événement extatique ou ésotérique réservé à une élite sensible aux états émotionnels, ni à un acte demandant un effort acharné comme l'exige la doctrine du «parler en langues» du pentecôtisme. 2. La doctrine des deux baptêmes est insoutenable a) Un baptême d'eau sans le Saint-Esprit ou un «baptême dans le Saint-Esprit» sans eau sont des impossibilités, comme les passages dans Actes 8.15-16 et 19.1-7 le démontrent. Du Plessis ne semble pas comprendre qu'un nouveau converti est, par définition, quelqu'un qui a reçu le Saint-Esprit, quand il écrit: «Chaque converti est encouragé à recevoir le Saint-Esprit afin de devenir un témoin de Jésus-Christ» (dans «Religion in Geschichte und Gegenwart»). Quand les Assemblées de Dieu soutiennent que «cette merveilleuse expérience (de la réception de l'Esprit) est distincte de l'expérience de la nouvelle naissance et lui est postérieure», nous ne pouvons que conclure qu'ils connaissent mal ce que le NT dit du baptême. Le pentecôtisme morcelle ce qui, dans le NT, est signifié par le seul acte du baptême: d'abord l'identification avec Christ (conversion), puis le baptême d'eau, ensuite l'accomplissement des conditions rendant le «baptême dans le Saint-Esprit» possible, et finalement la pleine identification avec l'Esprit par le «baptême dans l'Esprit» accompagné des langues. Tout au long, l'accomplissement dépend du croyant. Il est à remarquer ici que l'expression «baptême dans le Saint-Esprit» ne se trouve nulle part dans le NT! b) Selon Romain 6, la vie chrétienne est fondée sur le seul baptême en la mort, la mise en tombe et la résurrection de Christ. Au v. 10, le terme grec «une fois pour toutes» indique que ce baptême ne peut être répété, de sorte que le chrétien n'a pas besoin de deux morts par deux baptêmes avant d'avoir reçu la vie spirituelle. Son baptême d'eau signifie qu'il est baptisé du Saint-Esprit et qu'il est aussi spirituel que le Christ avec lequel il a été baptisé. Le baptême spirituel enseigné par le NT est la base et non pas le but de toute activité chrétienne. c) L'épître aux Colossiens enseigne que le résultat de l'identification du croyant avec Christ dans le baptême le délivre non seulement du péché et de la loi, mais aussi de son piètre effort de se débarrasser lui-même de certains péchés. 1. Col 2.12-13 dit que, ensevelis avec Christ par le baptême, le croyant est rendu à la vie par lui. Point n'est besoin d'un «baptême» supplémentaire pour cela. Le baptême en Christ n'est pas un symbole préliminaire, mais signifie la réception de la plénitude qui est en Christ: vous avez tout pleinement en lui (2.10). Le baptême selon le NT n'offre pas seulement, mais donne tout ce que Dieu a accompli pour l'homme en Christ; l'accent est sur le mot «tout». 2. Col 2.16-23 avertit contre la pratique de la mortification de la chair comme moyen d'atteindre un niveau spirituel plus élevé. Non! dit Paul; la croissance spirituelle est une croissance qui vient de Dieu (v. 19). Bien entendu, la discipline et l'humilité ont leur place (3.1-12), mais non pas avant et en vue du baptême, mais après et à cause de la plénitude reçue en Christ. d) La redécouverte du sens du baptême selon le NT est de la plus haute importance, car du moment où il est vidé de son véritable contenu, on doit avoir recours à des substituts. Or ces substituts ont forcément toujours pour effet de mettre en question la toute suffisance aussi bien de la foi concrétisée par le baptême que du Christ avec lequel le croyant est identifié dans le baptême. Quand le seul baptême ne donne plus une certitude suffisante, il faut trouver d'autres certitudes, d'autres évidences, car la certitude du salut est un des soucis majeurs de l'homme. Nous avons vu à quels expédients les Colossiens avaient recours pour pallier à la carence créée par l'introduction de règles basées sur la philosophie et la tradition: observation de sabbats, cultes des anges, visions, divers préceptes humains (ne prends pas! ne goûte pas! ne touche pas!). Certaines des conditions pentecôtistes ne sont pas répréhensibles en elles-mêmes; elles ont même une apparence de grande spiritualité. Cependant l'introduction de conditions dans le but d'obtenir les grâces de Dieu transforme la vertu en loi. «Faire le vide» est une condition pentecôtiste afin d'être rempli de l'Esprit, alors que cet état est la conséquence de l'habitation de l'Esprit en le croyant dès sa conversion. Il faut se rappeler que l'Esprit n'est pas un fluide, mais une personne, la troisième Personne de la divinité, qui exerce son influence sur le croyant. En être rempli veut tout simplement dire: s'y soumettre volontairement pour que l'Esprit puisse diriger la pensée, le coeur et la volonté du croyant. Aussi Paul peut-il enjoindre aux Éphésiens: Soyez remplis de l'Esprit (litt.: Soyez toujours en train d'être remplis de l'Esprit; autrement dit: ayez la volonté de vous laisser guider par lui). Alors même que les règles de discipline et de dévotion religieuse des Colossiens leur paraissaient si admirables, Paul dut les reprendre durement: enflé d'un vain orgueil, contribuant à la satisfaction de la chair (2.18,23). Par leurs abnégations, ils ne plaisaient pas à Dieu, mais à eux-mêmes. La discipline et la dévotion chrétiennes caractérisent bel et bien le chrétien né d'en haut, mais non en vue d'obtenir quelque chose de plus; c'est le résultat de la nature nouvelle (3.10) dont il a été revêtu à la conversion, nature qui se manifeste par l'amour et la compassion que le Saint-Esprit lui communique par le Christ en lui (3.12-17). Tout ce qui est bon en lui découle de la grâce, de la puissance et de la plénitude qu'il a reçues lors du baptême d'eau et d'Esprit.
* * * IV. La manifestation de l'Esprit: la foi chrétienne Préambule: foi, espérance, amour Pour traiter le sujet de la manifestation de l'Esprit selon le NT, il est nécessaire d'esquisser toute la doctrine du NT concernant le Saint-Esprit. Tout le poids de l'oeuvre de l'Esprit porte sur la foi, ce qui signifie: sur Jésus-Christ. L'espérance et l'amour ne sont pas des alternatives, ni des suppléments, ni encore des perfectionnements de la foi, mais le fruit spirituel de la foi même. Ce fait nous est indiqué par l'apôtre Paul dans Gal 5.5-6: Pour nous, c'est de la foi que nous attendons, par l'Esprit, l'espérance de la justice. Car, en Christ-Jésus, ce qui a de la valeur, ce n'est ni la circoncision ni l'incirconcision, mais la foi qui est agissante par l'amour. L'Esprit se manifeste par la foi dans la vie du chrétien, qui est faite d'espérance et d'amour. Le premier fruit que produit l'Esprit, c'est l'assurance de la foi, suivi par l'objectif de l'espérance et la patience de l'amour. Ce sont là les manifestations les plus évidentes de la présence de l'Esprit dans la vie des croyants. Nous allons donc examiner chacune de ces manifestations: foi, espérance et amour. Nous verrons que l'action du Saint-Esprit est parfaitement christocentrique. A. L'assurance de la foi 1. Après avoir jeté les fondements théologiques de l'oeuvre rédemptrice de Christ dans les épîtres aux Galates et aux Romains, Paul arrive chaque fois à la conclusion suivante: le rôle essentiel, sinon primaire, de l'Esprit est de donner aux hommes la foi en Dieu le Père: Parce que vous êtes des fils, Dieu a envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son Fils, qui crie: Abba! Père! Ainsi tu n'es plus esclave, mais fils, si tu es fils, tu es aussi héritier, grâce à Dieu (Gal 4.6). Vous n'avez pas reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d'adoption, par lequel nous crions: Abba! père! L'Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ... (Rom 8.15-17a). La capacité de crier «Père!» est l'oeuvre et donc la manifestation de l'Esprit du Fils. La première preuve que l'Esprit est à l'oeuvre est la foi chrétienne en Dieu le Père, et en même temps la prière adressée au Père. Dans ces textes parallèles, l'Esprit est intentionnellement nommé l'Esprit du Fils, non seulement parce que l'Esprit appartient au fils et est donné en lui, mais parce que l'oeuvre de l'Esprit est d'assurer les croyants que, par le Fils, ils sont véritablement fils de Dieu. La plénitude de la grâce et la perfection de l'Évangile, c'est que non seulement le Père a envoyé le Fils pour le salut des hommes, mais il envoie aussi l'Esprit de son Fils «en bas» avec l'Évangile chrétien, et puis «en haut» dans la prière chrétienne, afin que les hommes puissent avoir le salut et savoir qu'ils l'ont. Descendu du ciel à travers l'Histoire pour entrer dans le coeur et retournant au ciel par la prière, voilà un circuit qui est dû à Dieu seul: Tout est de lui, par lui et pour lui (Rom 11.36). 2. La signification de ce circuit trouve un commentaire dans Rom 5.5: L'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. Cette dernière proposition relative fait ressortir le fait que l'Esprit est un don divin et ne peut être obtenu par l'homme de quelque manière que ce soit. La forme grammaticale du verbe «donner» est au temps aoriste en grec et signifie «donné une fois pour toutes», au moment de la conversion. Par contre, le verbe «répandre» est au parfait, ce qui indique que l'amour une fois versé dans les coeurs avec l'Esprit donné y continue constamment son oeuvre. Tout enseignement qui laisse entendre que l'Esprit ne fait qu'introduire l'amour dans le coeur et ensuite le quitte jusqu'à ce que le croyant soit devenu assez obéissant ou se soit suffisamment vidé pour mériter que l'Esprit vienne habiter en lui, coupe le croyant du fondement à partir duquel il se sait aimé de Dieu en tant que son enfant. 3. Dans les trois textes cités plus haut, le ministère de l'Esprit a pour effet d'ouvrir le coeur du croyant à la connaissance de l'amour de Dieu. C'est aussi cette vérité qui apparaît dans 1 Cor 2.12: Or nous, nous n'avons pas reçu l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin de savoir ce que Dieu nous a donné par grâce. Paul s'adresse à tout chrétien de l'église de Corinthe (et au-delà) comme ayant reçu l'Esprit de Dieu (il dit: nous), dont le but est de faire comprendre la grâce. Ce que Dieu donne est gratuit. Le plus important de ses dons gratuits est le Saint-Esprit, qui permet à l'enfant de Dieu de comprendre ce qui lui est donné et d'en être assuré. Il est intéressant de constater que le ministère de l'Esprit ne consiste pas ici à révéler des choses futures, cachées, mystérieuses, mais des choses déjà reçues. L'Esprit n'attire pas l'attention sur lui-même, mais sur la grâce. C'est la grâce, et non l'Esprit lui-même, qui est au centre de la manifestation de l'Esprit. Par la réception de l'Esprit, le chrétien non seulement a obtenu les dons de grâce, mais il sait aussi discerner ce que sont ces dons et ce qu'ils signifient. Pour résumer: le Saint-Esprit rend le chrétien apte à comprendre l'oeuvre de Dieu. 4. Le Saint-Esprit est aussi décrit comme un acompte (les arrhes), donc une garantie pour la réception du tout. Or la partie reçue en acompte est du même genre que le tout. Celui qui nous affermit avec vous en Christ et qui nous a donné l'onction, c'est Dieu. Il nous a aussi marqués de son sceau et a mis dans nos coeurs les arrhes de l'Esprit (2 Cor 1.22; cf aussi 2 Cor 5.5). Quand Dieu donne son grand salut, il le donne avec la garantie qu'il l'a donné, et cette garantie est le Saint-Esprit. L'apôtre Jean a compris cela de la même manière: à ceci nous reconnaissons que nous demeurons en lui, et lui en nous, c'est qu'il nous a donné de son Esprit (1 Jean 4.13; 3.24: ... par l'Esprit qu'il nous a donné). La connaissance ou assurance que Dieu est en nous est indissolublement liée au don de l'Esprit. Enfin, l'Église a le moyen de vérifier (contrôler, tester) que le témoignage de l'Esprit qu'elle perçoit est bien celui de l'Esprit de Dieu: Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit; mais éprouvez les esprits pour savoir s'ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. Reconnaissez à ceci l'esprit de Dieu: tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu, et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n'est pas de Dieu, c'est celui de l'antichrist (1 Jean 4.1-3). Dans sa première lettre, Jean combat les gnostiques, pour lesquels Jésus n'était pas vraiment humain, ni le Fils de Dieu qui souffrit à la croix en tant que Dieu devenu chair. Les gnostiques pensaient que la présence de l'Esprit devait forcément s'attester par des manifestations extérieures, extraordinaires ou surhumaines. Mais l'évidence que l'Esprit est à l'oeuvre se trouve dans la confession du Seigneur Jésus-Christ devenu homme dans la chair ou, pour parler avec Paul, dans une chair semblable à celle du péché (Rom 8.3). La démonstration que l'Esprit a été reçu n'est pas d'ordre mystique ou extatique, mais consiste en un clair témoignage que l'homme Jésus, Jésus dans sa chair, est le Christ incarné. Ce témoignage, cette confession, est la première évidence sans équivoque de la divinité et de la présence de l'Esprit (cf. aussi 1 Cor 12.1-3). Soit dit en passant, l'extase était, au premier siècle, un phénomène courant dans les religions à mystères, voire le point culminant de l'expérience spirituelle; elle ne pouvait donc pas être considérée comme une preuve de l'action du Saint-Esprit. Il est intéressant de constater la similarité du déroulement des phénomènes entre le pentecôtisme et les religions à mystères: 1. obéissance active (préparation); 2. obéissance passive (se vider, s'abandonner); 3. manifestation audiovisuelle (glossolalie extatique). À notre connaissance, il n'est nulle part dit que Dieu rende le récepteur conscient d'avoir reçu le Saint-Esprit (même pas dans Gal 4.6). Par contre, l'Esprit le rend conscient d'être fils de Dieu, signe infaillible qu'il a reçu l'Esprit. Il est aussi à noter que, dans tous les textes de Paul et de Jean examinés jusqu'ici, l'Esprit ne rend jamais témoignage à lui-même, ni à une quelconque oeuvre qu'il accomplit, pour attirer l'attention sur lui-même. Plutôt, l'Esprit se manifeste indirectement en rendant capable de prier Abba! Père! et de confesser que Jésus est aussi bien humain (1 Jean 4.3) que divin (1 cor 12.3).
5. Résumons. Le don du Saint-Esprit rend les croyants aptes, non seulement à connaître, à comprendre, à discerner, à confesser l'amour de Dieu le Père par la grâce dont ils sont l'objet en Jésus-Christ son Fils, mais aussi à lui adresser leurs prières en tant que ses enfants. Là où la grâce du Seigneur Jésus-Christ et l'amour de Dieu sont au centre de nos préoccupations, il y a la communion du Saint-Esprit (2 Cor 13.13). Question: Qu'est-ce qui est au centre de ma vie? de la vie de mon église, de mon assemblée, de ma communauté?
B. L'espérance de la foi Le ministère de l'Esprit n'agit pas que dans le présent; il s'étend aussi à l'avenir: Pour nous, c'est dans la foi que nous attendons, par l'Esprit, l'espérance de la justice (Gal 5.5). Lorsqu'on se préoccupe trop intensément de la plénitude spirituelle, comme ce fut le cas dans le contexte colossien par exemple, on risque de perdre de vue le «pas encore» de l'espérance chrétienne. Car ceux qui sont en Christ, non seulement ont reçu la justification, la plénitude, la vie et la rédemption, mais nous qui avons les prémices (l'acompte) de l'Esprit, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l'adoption, la rédemption de notre corps. Car c'est en espérance que nous avons été sauvés. Or, l'espérance qu'on voit n'est plus espérance... Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l'attendons avec persévérance (Rom 8.23-25). Aux Éphésiens, Paul écrit: N'attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption (4.30). Si toute la plénitude spirituelle nous avait déjà été donnée pleinement, on pourrait se passer de l'espérance, et la foi ne serait plus foi. Mais par l'Esprit, le chrétien non seulement croit, il espère aussi. Et pourtant, l'espérance chrétienne n'est pas la même chose que prendre ses désirs pour la réalité c'est une attente ferme et sûre produite en nous par l'Esprit. Comme nous l'avons vu, l'Esprit de Dieu est la garantie de notre adoption, à savoir la rédemption de notre corps (Rom 8.23), qui sera revêtu d'incorruptibilité pour devenir ce corps spirituel dont Paul parle dans 1 Corinthiens 15. La raison pour laquelle l'espérance ne trompe pas est d'ailleurs assez inattendue: parce que l'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné (Rom 5.5). Notre espérance n'est pas de l'optimisme, elle se fonde sur l'amour de Dieu qui nous est révélé par l'Esprit et dont la démonstration objective est la mort de Jésus-Christ à la croix. L'attente pleine d'espérance n'est pas, dans le NT, une attente de la plénitude du Saint-Esprit. L'objectif de l'espérance et de l'attente dans le NT n'est pas l'Esprit; il est le moyen, la garantie, mais non le but de l'attente et de l'aspiration chrétienne. Selon le NT, le chrétien n'attend pas, au-delà de Christ, une seconde expérience, comme s'il avait reçu l'Esprit imparfaitement à la conversion. Après la Pentecôte, le verbe «attendre» n'est jamais employé en vue de la réception du Saint-Esprit. Plutôt, le chrétien attend par ou dans l'Esprit, par la foi, l'accomplissement de l'espérance de l'Église, c'est-à-dire l'héritage de Christ. Ce n'est que parce que Dieu a déjà donné son Esprit que l'espérance chrétienne a de la substance. Finalement, si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, il ne lui appartient pas (Rom 8.9). Un chrétien sans l'Esprit, ou un chrétien où l'Esprit ne serait qu'en dehors de lui («sur lui») sans habiter en lui, cela n'existe pas. La marque par laquelle tout chrétien né de Dieu se distingue de l'incrédule est précisément le fait que l'Esprit de Dieu habite en lui. Le passage d'Eph 1.13-14 cité ci-après fournit une conclusion appropriée aux considérations sur le ministère d'espérance du Saint-Esprit; en même temps, il résume son action à travers l'annonce de l'Évangile centrée en Christ et énonce le but eschatologique. La traduction qui suit tient compte de la forme exacte du texte grec: En lui (condition), vous aussi, ayant entendu la parole de la vérité, l'Évangile de votre salut (le message), en lui ayant cru (la foi), vous avez été scellés du Saint-Esprit de la promesse (le baptême), qui constitue l'acompte (la garantie) de notre héritage, en vue de la rédemption (l'adoption) de ceux que Dieu s'est acquis pour célébrer sa gloire (but final). C. Le dynamisme de la foi Selon l'expression inoubliable de l'apôtre Paul, la foi, qui est l'oeuvre de l'Esprit, s'énergise en amour (Gal 5.6). L'exercice de l'amour chrétien a besoin de l'énergie de l'Esprit, qui est reçue par la foi (Gal 3.5). Dans le NT, l'action d'amour exercée par le Saint-Esprit est considérée sous deux aspects: négativement en ce qui concerne la chair et positivement quand il s'agit du prochain.
1. La chair L'énergie qui produit l'amour par la foi est en tension constante avec la chair La vie en Esprit est une vie en guerre contre la chair. Cette guerre ne cesse pas une fois que l'Esprit a été reçu (Rom 8.13). Mais c'est justement parce que l'Esprit a été reçu que le chrétien mène un combat continuel pour «mettre à mort» ses mauvais penchants. Ce combat constitue d'ailleurs pour le chrétien l'assurance qu'il est conduit par l'Esprit, qu'il est donc enfant de Dieu. C'est la raison pour laquelle Paul juxtapose ces deux choses: Si par l'Esprit vous faites mourir les (mauvaises) actions du corps, vous vivrez, car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu (Rom 8.13-14). On peut donc conclure que marcher selon l'Esprit et contre la chair signifie «marcher dans l'amour». Cette marche est la manifestation, la démonstration et l'attestation que l'Esprit est à l'oeuvre, qu'il habite le croyant. L'Esprit ne se manifeste donc pas nécessairement par une extase quelconque, mais bien par un comportement éthique. Ce n'est pas le chrétien qui fait preuve d'expériences spirituelles ostensibles ou qui parle d'une manière inintelligible qui manifeste la vie dans l'Esprit. Car l'amour ne supprime pas la conscience du Moi dans l'extase; il exerce une contrainte sur le Moi, qui peut alors se donner à l'autre. L'amour n'est pas tellement l'explosion d'une grande émotion, mais consiste plutôt à maîtriser ses émotions. L'amour est d'abord caractérisé par la patience; dans les moments décisifs, ce n'est pas tellement la langue qui agit, mais les mains (cf. 1 Jean 3.18, où aimer en parole et avec la langue est mis en contraste avec aimer en action et en vérité). 2. Le prochain La foi chrétienne se distingue de toutes les religions illuministes par le souci du don au prochain. Le gnosticisme, qui prétend au «savoir par excellence» (généralement par initiation), a pour but l'accumulation de «spiritualité» pour soi-même; pour y parvenir, il faut «faire le vide» en soi afin d'être rempli de substance divine (mouvement vertical). Le but de la foi chrétienne, au contraire, est de se vider de soi-même en vue de se donner au prochain - c'est un mouvement horizontal. C'est à cette différence de direction que prend l'énergie que Paul fait allusion quand il écrit: La connaissance (gnostique, voire charismatique) enorgueillit, mais l'amour édifie (1 Cor 8.1). Le prochain (que l'on voit) est l'objet de l'authentique spiritualité chrétienne; le spirituel (que l'on ne voit pas) est le centre de toutes les variétés de gnose (connaissance) mystique. Cependant, le gnostique (l'illuminé) est séparé de son prochain aussi par ses expériences spirituelles elles-mêmes. Car chacune de ces expériences le fait accéder à un niveau spirituel supérieur, de sorte qu'il considère en état d'infériorité le frère chrétien (et toute autre personne) qui n'a pas fait ces expériences. C'est ainsi que se créent inévitablement des schismes. 3. Pertinence particulière de la première épître de Jean Cette lettre de Jean doit se comprendre dans le contexte du gnosticisme très répandu de son temps. Jean met en contraste la soi-disant «piété supérieure» des gnostiques avec le seul critère légitime de la foi chrétienne - l'obéissance au commandement de l'amour. Jean détecte chez les gnostiques une incapacité de fonder leur version de la foi en Jésus en tant qu'homme, parce qu'ils opposent ce qui est humain et naturel à ce qui est spirituel et surnaturel (1 Jean 4.2-3). Par ce fait, ils comprennent mal le côté éthique de la vie chrétienne et donnent la priorité aux «choses spirituelles» (aux expériences supérieures) plutôt qu'aux «choses historiques» telles que le frère et le prochain; la perfection est dans l'amour, et non dans l'exaltation «spirituelle» (1 Jean 4.12). Pour l'apôtre Jean, c'est le manque d'amour et non le manque d'expériences spirituelles qui indique qu'un chrétien n'est pas dans le vrai. Le test de l'authentique spiritualité est donc l'amour et non l'expérience spéciale. C'est la raison pour laquelle Jean refuse aux gnostiques le droit d'être appelés chrétiens (1 Jean 2.4-6). En fait, centrer sa vie dans le spirituel (donc finalement en soi-même) plutôt que dans le Christ incarné correspond à l'esprit de l'antichrist (1 Jean 4.3). Par conséquent, la forme de piété gnostique n'est plus, pour Jean aussi bien que pour Paul, une forme valable de la foi chrétienne, malgré sa prétention de l'être à un degré supérieur. La manifestation de la vie chrétienne dans la foi, l'espérance et l'amour, se réalise concrètement à l'égard du frère plutôt qu'en démonstration de dons (charismes) de l'Esprit. D. Le centre de la foi Les déclarations concernant le Paraclet dans l'évangile de Jean constituent le témoignage le plus concentré sur la doctrine de la manifestation du Saint-Esprit et nous serviront de résumé. Ces affirmations sont toutes centrées sur le Christ auquel l'Esprit rend constamment témoignage. Nous vous proposons de cataloguer la doctrine du Saint-Esprit et son pendant pentecôtiste de la manière suivante: 1. Jean 14.15-17 (a) Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements, et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur (Paraclet) qui soit éternellement avec VOUS. Ce texte indique ce qui s'approche le plus d'une condition humaine en vue de recevoir l'Esprit. Ce passage porte-t-il préjudice au principe de «par la foi seule» qu'on trouve partout, et notamment dans l'évangile de Jean (7.37-39), en relation avec le Saint-Esprit? En fait, cette obéissance n'est pas une «oeuvre» en plus de la foi mais, selon l'usage de Jean lui-même, un appel à la foi: Ce qui est l'oeuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qui l'a envoyé (6.29). Si Jean 14.15 est un appel à l'amour, ce que le contexte suggère (cf. 13.34; 15.12, 17), la doctrine du NT est confirmée. Par contre, il est intéressant de constater que, jusqu'à ce jour, nous n'avons pas découvert le commandement de l'amour dans les listes pentecôtistes énumérant les conditions pour recevoir l'Esprit. Celles-ci tournent toutes autour de l'abandon absolu à Dieu, de «faire le vide», de l'attente dans la prière; tout cela peut se faire en isolation chez soi, d'une manière égocentrique. (b) L'Esprit n'est pas donné imparfaitement ou d'une manière incomplète, mais de sorte qu'il soit éternellement avec VOUS. Le pentecôtisme nie en général que quand l'Esprit est donné «d'abord», il demeure toujours dans le croyant; pour que cela arrive, il faut, dit-il, une obéissance plus parfaite du croyant, sans quoi l'Esprit ne fait que communiquer le salut. Pourtant, Jésus dit en clair que quand l'Esprit est donné, c'est pour toujours. (c) L'Esprit de vérité ne peut pas être reçu par le monde parce qu'il ne le voit 4. Jean 16.13-14 (a) L'Esprit ne fait pas que rappeler et convaincre; Jésus dit aux disciples: il vous annoncera aussi les choses à venir. L'Église ne doit pas oublier cette dimension future de l'activité de l'Esprit. Encore faut-il relever que cette activité n'est pas une mission indépendante de l'Esprit, car ses paroles ne viendront pas de lui-même (de sa propre autorité), mais de ce qu'il aura entendu du Christ. Par les apôtres, l'Esprit a annoncé fidèlement les paroles de Christ aussi en ce qui concerne l'avenir. (b) Jésus dit du Saint-Esprit: Lui me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi et vous l'annoncera. C'est là le résumé de toute la mission du Paraclet. La manifestation par excellence du Saint-Esprit est la glorification de Jésus-Christ. Conclusion Puisque tout a été donné à Jésus-Christ, tout est donné à ceux à qui Christ se donne: Vous avez tout pleinement en lui (Col 2.10). C'est le témoignage unanime du NT par rapport à la manifestation du Saint-Esprit en Jésus-Christ. E. Les conséquences pour la doctrine pentecôtiste concernant «la manifestation initiale de l'Esprit» Le pentecôtisme donne une importance de premier ordre à la doctrine, considérée comme reposant sur des bases bibliques, selon laquelle le parler en «langues» signifierait d'une manière audible et visible indiquant que le baptême du Saint-Esprit aurait effectivement eu lieu. Ainsi, toute «foi vague» serait éliminée. Cette doctrine est l'expression d'une véritable passion d'acquérir la certitude de la présence du Saint-Esprit par une manifestation qui en serait l'évidence. Pourtant, le Nouveau Testament donne comme évidences: 1. la prière adressée au «Père»: Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son Fils, qui crie: Abba! Père! (Gal 4.6); 2. la confession que Jésus est le Seigneur: ... nul ne peut dire: Jésus est le Seigneur! si ce n'est par le Saint-Esprit (1 Cor 12.3); 3. le fait que tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu (Rom 8.14), ce qui indique sans contredit que l'Esprit habite en eux; 4. le témoignage de l'Esprit à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Rom 8.16). Ces témoignages de la présence de l'Esprit peuvent être entendus, perçus et toucher le coeur comme aucune langue inintelligible ne le peut. En d'autres termes, ce sont la prière et la confession de foi chrétiennes qui sont la démonstration que le baptême du Saint-Esprit a effectivement eu lieu, et non la manifestation du parler en «langues» que le pentecôtisme demande comme «preuve». Le terme que le Nouveau Testament emploie pour attester que l'Esprit est présent est le mot foi. La foi n'est pas seulement le moyen, elle est aussi l'attestation que l'Esprit est actif dans la vie du chrétien. C'est dans ce sens-là que la justice de Dieu se révèle dans l'Évangile par la foi et pour la foi (Rom 1.17). La réalité de cette foi se manifeste donc premièrement par la confession de la seigneurie de Jésus, autrement dit: de la divinité du Jésus terrestre, sans que pour autant son humanité soit diminuée. À la confession de Thomas: Mon Seigneur et mon Dieu! Jésus attache une béatitude: Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru! (Jean 20.28-29). Toujours et encore la foi! Autre conséquence d'une foi authentique: elle n'entraîne pas dans l'euphorie, mais elle entraîne vers le prochain. Le Nouveau Testament nomme cet «entraînement» amour. Ces simples manifestations de la foi - le baptême, la prière adressée au «Père», la confession de Jésus comme «Seigneur», l'amour chrétien plein d'égards - ne sont pas, il est vrai, d'ordre spectaculaire, mais ils sont d'ordre spirituel. Il y a, dans les manifestations selon le Nouveau Testament, une normalité et une simplicité qui font défaut au pentecôtisme. Il faut cependant mentionner quelque chose de plus grave. Les manifestations prônées par le pentecôtisme ne sont pas de simples particularités anodines dont la naïveté pourrait nous faire sourire. Car du moment où l'on exige des chrétiens, en plus de la foi, de parler en «langues» avant de pouvoir recevoir Dieu dans sa plénitude, le pentecôtisme risque de se placer en dehors de la sphère de la foi chrétienne. La démonstration extérieure exigée par le pentecôtisme ressemble à la circoncision exigée par les judaïsants de l'Église primitive. L'apôtre Paul ne considérait pas cette addition à la foi comme inoffensive, ni comme une variation oecuménique innocente qui ne mettrait pas l'Évangile en danger (relisez Actes 15). Quand des «super-apôtres» vinrent apporter aux Corinthiens un Jésus, un Esprit et un Évangile différents, meilleurs et plus complets, Paul ne trouva pas cela simplement intéressant. Il compare ce nouvel apport à la séduction d'Eve par le serpent qui corrompit ses pensées (2 Cor 11.3-4). Les avertissements les plus intransigeants du Nouveau Testament sont dirigés précisément contre tout supplément que certains essayaient d'ajouter à la simplicité de l'Évangile du salut par la seule foi. Nous n'honorons pas l'Évangile si nous ne précisons pas ce qu'implique la doctrine particulière du pentecôtisme. Il se peut que le parler en «langues» soit parfois parfaitement anodin, tout comme Paul, par exemple, en certaines circonstances, était prêt à taxer la circoncision de rite inoffensif: En Jésus-Christ, ce qui a de la valeur, ce n'est ni la circoncision ni l'incirconcision, mais la foi qui est agissante par l'amour (Gal 5.6). Il arriva même à Paul d'administrer la circoncision dans le cas précis de Timothée, à cause des Juifs qui étaient dans ces lieux-là, afin que son témoignage parmi les Juifs soit bien reçu (Act 16.1-3). Mais dès qu'un rite, l'observation d'une règle religieuse ou une expérience devient une adjonction à la foi ou une condition nécessaire pour atteindre plus de plénitude en Dieu, alors l'anathème doit être prononcé afin d'éviter un faux enseignement à tout prix. Dans sa forme classique, cet avertissement solennel se trouve dans l'épître aux Galates (1.6-9; 5.2-12). Afin d'indiquer le degré de gravité concernant les adjonctions à la foi, nous terminerons notre tour d'horizon systématique par une simple comparaison de la manifestation des langues à la Pentecôte avec le rite judaïque de la circoncision. Cela se justifie par la remarquable similitude des deux rites. Les deux se basent sur l'Écriture en tant qu'extensions ou de conséquences de la foi, et les deux veulent être compris comme nécessaires pour obtenir la faveur de Dieu et de la puissance. En plus, les deux sont des phénomènes physiques momentanés concernant spécifiquement des organes du corps, et les deux semblent garantir la réalité de ce que chaque rite veut attester. Dans les deux cas, l'événement physique est investi de signification spirituelle. Finalement, l'histoire montre que le fait d'ajouter à la foi est destiné à devenir le centre d'une nouvelle foi. Il n'est donc pas surprenant que le premier «mouvement supplétif» formât un groupe à part; c'est le cas aussi pour le mouvement supplétif le plus récent, celui «des langues». Historiquement parlant, il apparaît que toute adjonction à la foi comporte la tendance presque irrésistible de prétendre à un avancement spécifique qui dépasse la foi et devient ainsi le but d'une nouvelle spiritualité d'un type chrétien soi-disant «supérieur». La foi ne devient alors qu'un pas dans la bonne direction. En un mot, ce qu'on y ajoute à la tendance inéluctable de devenir le centre. Conclusion au chapitre IV Tant que le parler en «langues» sera considéré comme l'attestation initiale et du même coup l'ultime condition exigée pour prouver la réception du Saint-Esprit, tous les avertissements sévères de l'apôtre Paul, particulièrement ceux adressés aux Galates (5.2-12), doivent être appliqués au pentecôtisme: être séparé de Christ, déchu de la grâce et obligé d'observer toute la loi. Ce jugement est le seul à faire justice à l'Évangile du Nouveau Testament, bien qu'il puisse paraître injuste à ceux qui en sont frappés. Ceux qui vous troublent et veulent pervertir l'Évangile du Christ (Gal 1.7) en y ajoutant le «plus» que le Nouveau Testament ne connaît pas, supporteront la condamnation (5.10). Et ceux qui se laissent fasciner, que Paul nomme insensés (3.1) parce qu'ils désobéissent à la vérité (5.7), supporteront la leur. Car la prétention qu'il faille ajouter à la suffisance de la foi un «plus» pour obtenir le plein don de Dieu est une subversion de la vérité. Un peu de levain fait lever toute la pâte (5.9), et un peu de «plus» anéantit tout l'Évangile. Le fond de la question est d'une clarté toute simple: ou bien le croyant reçoit tout ce que Dieu veut lui donner en Christ par la foi, ou il le reçoit par quelque chose de plus (même par «plus de foi»). Le Nouveau Testament désavoue sans ambages la deuxième éventualité (cf. Jean 10.1). Au pentecôtisme d'en tirer les conséquences.
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V. Les problèmes spirituels probants de l'église de Corinthe Introduction Une étude sérieuse de la doctrine du Saint-Esprit dans le Nouveau Testament, en relation avec le pentecôtisme, ne serait pas complète sans la considération des lettres corinthiennes. Les problèmes qui y sont traités sont d'ordre intérieur, ce qui apparaît bien quand Paul parle des dons spirituels (1 Cor 12-14), mais encore mieux dans 2 Cor 10-13. Pour quiconque connaît quelque peu la doctrine pentecôtiste, les développements de l'apôtre Paul sont une véritable révélation. Dans 1 Cor 1, Paul met en lumière ce que les Corinthiens ont déjà en Christ-Jésus: la sanctification (v. 2), la grâce (4), richesse en parole et connaissance (5), tous les dons spirituels (7). Ce qu'ils ont sera complété par ce qu'on peut nommer «une deuxième expérience»: le jour de notre Seigneur Jésus-Christ, à savoir son retour (8). L'appel primordial est celui à la communion de son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur (9). En un mot: tout ce que les Corinthiens ont et auront encore, ils l'ont en Christ. Paul insiste parce qu'un certain zèle mal placé semble avoir égaré les Corinthiens au-delà de Christ. 1 Cor 12-14 Dans ces trois chapitres, Paul fait face au problème par excellence de l'église de Corinthe. Il est recommandé de lire au fur et à mesure les chapitres et versets indiqués. 1 Cor 12: L'oeuvre de l'Esprit (charismes: dons de grâce) V. 1: Paul répond à la question: Qui ou qu'est-ce qui est vraiment spirituel? Comment évaluer qui ou ce qui est spirituel? En particulier: Comment la spiritualité doit-elle s'exprimer dans une assemblée? v. 2: D'une manière thématique, Paul commence par rappeler aux Corinthiens ce que les «choses spirituelles» (pneumatika) ne sont pas. Évoquant leur passé païen, Paul dit en substance: «La marque de ce qui est authentiquement spirituel n'est pas l'exaltation qui caractérisait jadis votre religion.» Il est significatif que Paul place cette observation au début de son traitement des «choses spirituelles». v. 3: Nul, s'il parle par l'Esprit de Dieu, ne dit: Jésus est anathème! et nul ne peut dire: Jésus est le Seigneur! si ce n'est par le Saint-Esprit. L'oeuvre pour ainsi dire classique de l'Esprit est la confession simple et intelligible que Jésus est Seigneur. L'Esprit ne s'exhibe pas dans le Moi en transposant ses pulsions sur un plan supérieur, en subjuguant le Moi, en le noyant dans l'extase; c'est ce qui était arrivé à Corinthe. Paul cherche à rétablir l'utilisation intelligente, intelligible et christocentrique du Moi par l'Esprit. L'Esprit Saint attribue la divinité au Jésus humain et terrestre, en contraste avec d'autres esprits qui minimisent son humanité. L'Esprit témoigne de l'humanité de Jésus, Fils de Dieu devenu chair, alors que les faux esprits ne témoignent que de ses qualités spirituelles (1 Jean 4.1-3). En résumé, Paul met en contraste l'expérience religieuse extatique des Corinthiens avant leur conversion et l'expérience produite ensuite par l'Esprit, qui consiste à honorer Jésus en lui attribuant la divinité de manière simple et intelligible. Le fondement est ainsi posé pour ce qui va suivre. (Remarque: Quiconque me dit: Seigneur, Seigneur! n'entrera pas forcément dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père (Mat 7.21). Jésus avertit contre un usage quasi magique de la formule «Jésus est Seigneur».) v. 4-7: À ce point, Paul change stratégiquement de vocabulaire. Il remplace le mot «pneumatika» (choses spirituelles) par le mot «charismata» (grâces, choses de grâce). Le ministère de l'Esprit n'est pas la glorification de l'insolite, de l'étrange, du «spirituel», de l'inutile, mais la mise en lumière du Seigneur historique, concret, crucifié et ressuscité, et à présent la distribution continuelle et variée des dons de grâce assurant le service efficace dans l'Église. Un charisme, un don de grâce, est d'abord défini comme un service (diakonia, v. 5), non pour l'édification, la jouissance ou la mise en valeur individuelle, mais pour l'ensemble de l'Église. Dans les v. 4-5, la progression passe de l'Esprit au Seigneur (progression évangélique), et non du Seigneur aux dons de l'Esprit, comme pour passer à un plan supérieur. Paul utilise tous les moyens possibles pour préserver la relation intérieure de l'Esprit en fonction de Christ, du spirituel en fonction de la grâce, et des dons individuels en fonction de l'Église. Lapidairement exprimé: les différents dons de grâce servent tous au bien commun. v. 8-11: Paul énumère à présent une liste de dons. On remarque qu'il commence par les dons qui, touchant au domaine de l'intelligence, s'expriment en paroles parfaitement compréhensibles, et qu'il termine par des dons en langage inconnu qui doit être interprété pour avoir de la valeur. Ayant en vue l'assemblée entière, il n'attribue de la valeur aux dons que pour autant qu'ils soient compréhensibles et édifiants. Paul semble vouloir indiquer qu'on ne peut pas, pour ainsi dire, prendre un don de grâce chez soi. Autre aspect: ces dons ne sont pas réservés à quelques-uns seulement. Il sont distribués à chacun en particulier comme l'Esprit veut. v. 1-11: sommaire Dans cette première partie, Paul met en évidence: 1. Ce n'est pas le plus spectaculaire qui est le plus spirituel. 2. Les dons ne sont pas la récompense d'un quelconque effort, mais des grâces accordées par Dieu comme il veut, sans aucun mérite du récepteur. 3. Les charismes sont donnés primairement pour le bien de l'église et très secondairement pour celui du récepteur. 4. Jésus ne peut être séparé de l'Esprit, soit en rabaissant la simple confession que «Jésus est Seigneur» au niveau d'un «christianisme de nom» (sous-entendu: sans vie), soit en jugeant le simple témoignage chrétien comme inférieur à certaines «démonstrations» de l'Esprit et d'enthousiasme exaltant, comprises comme une «spiritualité plus profonde». L'Esprit ne mène pas au-delà de Jésus mais à Jésus même, qui équipe le chrétien pour le service par son Esprit. En un mot: L'Esprit exalte Jésus-Christ; ceux qui sont spirituellement doués le sont pour servir le Corps de Christ. v. 12-13: Au v. 12, le corps humain sert d'exemple pour la diversité dans l'unité qui caractérise le Christ. La phrase nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit est l'approximation la plus proche de l'expression «baptême du (ou dans le) Saint-Esprit», d'ailleurs nulle part trouvée dans tout le Nouveau Testament. Le Saint-Esprit ne pourrait pas avoir inspiré à Paul un texte plus clair pour faire comprendre aux Corinthiens que tous, c'est-à-dire l'église tout entière, et incidemment chaque église aujourd'hui, est une unité où chaque membre né de l'Esprit a été baptisé dans un seul Esprit et abreuvé d'un seul Esprit. C'est ce qui fait de l'ensemble des membres un seul corps. Jamais Paul ni aucun autre auteur du Nouveau Testament n'enseigne un baptême spirituel réservé à une élite (à ceux qui sont portés à l'exaltation psychique), mais le baptême chrétien donné à tous. Paul insiste que ce baptême que chaque converti reçoit fait de lui un membre, tous les membres formant un seul corps. Il n'y a pas deux «corps» chrétiens, l'un composé de chrétiens baptisés d'eau d'une manière partiellement spirituelle, l'autre constitué seulement de chrétiens consacrés baptisés ultérieurement et pleinement dans le Saint-Esprit, comme s'il y avait deux baptêmes et deux corps de Christ. Tenant compte du caractère et de la mission christologique du Saint-Esprit, le baptême du Saint-Esprit est identique avec le baptême en Christ. La distinction faite par le pentecôtisme sur ce point n'a aucun fondement biblique. Le baptême en Christ ne peut pas plus être séparé du baptême dans le Saint-Esprit que Christ du Saint-Esprit lui-même. 2 Cor 3.17-18 dit carrément: le Seigneur, c'est l'Esprit. Le baptême dans le Corps de Christ n'est pas une affaire où l'Esprit serait quasi absent, de sorte qu'il faudrait une revalorisation par un baptême ultérieur, plus «spirituel», dans le Saint-Esprit. Car selon le texte (v. 13a), c'est un seul Esprit qui baptise le croyant dans le Corps de Christ. La parole de Jésus: Si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu (Jean 3.5), confirme, en résumé, non seulement l'enseignement donné aux Corinthiens (1 Cor 6.11), mais aussi celui donné par Pierre le jour de la Pentecôte: Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit (Act 2.38-39). Le v. 13 se termine ainsi: ... et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit. Le temps grec utilisé (aoriste) indique que c'est chose faite. Par l'image parlante du verbe abreuver, Paul veut faire comprendre que le chrétien n'est pas seulement baptisé de l'Esprit, mais en même temps rempli de l'Esprit. L'accumulation des mots «tous» et «un» devait convaincre même le plus obstiné des Corinthiens que par un seul et même baptême ils sont tous devenus un seul et même Corps. v. 14-31: Maintenant Paul peut considérer l'autre aspect de la vérité de l'unité organique du corps: sa diversité. S'il est vrai que le corps est formé de membres plus ou moins «honorables» ou «décents», il est aussi vrai que ce ne sont que des distinctions fonctionnelles et non qualitatives ou «spirituelles». Aucune des parties du corps ne doit s'estimer inférieure ou supérieure, car Dieu a placé chacun des membres dans le corps comme il a voulu (v. 18). Chaque part a besoin de chaque autre part. Loin de rivaliser, les parts se complètent, en vue du bon fonctionnement du tout. Paul termine son argumentation par une liste, mais cette fois non de dons, mais de personnes, comme pour indiquer que la liste de neuf dons invoqués aux v. 8-10 n'était pas un inventaire rigide ou invariable. De plus, les ministères établis par Dieu dans l'Église ne se recouvrent pas forcément avec les dons énumérés. Cette liste se distingue des autres par la numérotation des ministères: premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des docteurs (enseignants), ensuite il y a... et tout à la fin: diverses sortes de langues. Ce don est aussi nommé en fin de liste au v. 10. On pourrait considérer les v. 29-30 comme une troisième liste sous forme interrogative, se terminant par l'évocation du don des langues et de leur interprétation; la raison pour avoir toujours nommé ce don en dernier est évidente. À cet endroit, l'apôtre Paul met un terme à la discussion de ce problème particulier en suggérant aux Corinthiens d'aspirer aux dons les meilleurs. 1 Cor 13: La manière de l'Esprit (agapé: amour) Si au 12e chapitre Paul reliait ce qui est spirituel à la grâce, au 13e il les relie à l'amour. Il indique comment les dons de grâce doivent être exprimés sur le plan humain. Ni le langage exalté (v. 1), ni la pénétration de «mystères» (v. 2), ni le sacrifice le plus sublime (v. 3) ne peuvent se substituer à l'expression de l'amour chrétien. L'amour est une grâce moins spectaculaire mais combien plus fondamentale que tous les dons. Sans l'amour, les dons de grâce sont disgraciés. Pour bien comprendre et interpréter 1 Cor 13, nous devons tenir compte du contexte: les problèmes d'ordre spirituel dans l'église de Corinthe. Ce regard permet de mieux déchiffrer ce «poème» sur l'amour. Ainsi, la première définition positive de l'amour au v. 4 est un verbe grec qui a été traduit par «patient» (litt. l'amour longanimise, ne perd pas facilement patience); il se manifeste par une action qui va à la rencontre de l'autre. Paul dit aux Corinthiens enclins à l'émotivité que ce n'est pas tellement l'expression ardente qui caractérise l'amour authentique. Tout comme il avait donné la priorité aux dons s'exprimant en paroles pondérées (12.8), Paul décrit l'amour chrétien comme une attitude de joie, de pardon, de confiance, d'espérance et de tolérance. Il est évident que la description de l'amour n'est pas ici de la poésie, mais une application concrète de la vérité à l'adresse de ceux qui devaient apprendre ce que signifie vraiment la vie chrétienne, en faisant abstraction du penchant pour le spectaculaire. Considérons l'injonction du v. 5: L'amour ne cherche pas son intérêt (litt. ... le sien, ce qui est à lui). Cette définition nous permettra de mieux comprendre le chapitre suivant. L'amour ne cherche pas le sien, tout comme les dons, qui n'existent que pour bénéficier au Corps. Sommaire Les expériences «supérieures» individuelles prônées par les Corinthiens doivent faire place à la manière «inférieure» de l'amour patient pour l'église et son ministère dans le monde, tel que l'apôtre Paul l'enseigne. 1 Cor 14: Le but de l'Esprit (oikodomé: édification) v. 1-3: Paul désire que les Corinthiens recherchent spécialement le genre de vie qu'il vient de décrire. Il nous semble que le mot «prophétie», quelque peu vétuste, serait mieux rendu par des mots tels que «discours réfléchi», «témoignage» ou «conseil», car celui qui prophétise parle aux hommes, les édifie, les exhorte, les console (v. 3). C'est là une importante définition de la prophétie dans le sens du NT. Il semble bien que le don de prophétie soit le don de comprendre et exprimer la volonté de Dieu dans une situation donnée. Ainsi, tout comme la Trinité est la source de toutes les grâces (chap. 12), et comme l'amour en est la manière (chap. 13), l'édification en est le but (chap. 14). Le critère ultime dans l'évaluation d'un don, dans la pensée de Paul, est celui-ci: édifie-t-il l'église? v. 4 et 12: Celui qui parle en langue s'édifie lui-même; celui qui prophétise édifie l'église. Paul ne nie pas que le don de parler d'autres langues existe; par contre, il n'encourage dans aucune de ses lettres la recherche de ce don. La raison serait-elle dans le fait que ce don «édifie» le parleur lui-même, alors que celui dit de «prophétie» édifie l'église? v. 5-20: Seul quand le parler en une autre langue est traduit, il peut être utile. La comparaison du v. 19 devrait ouvrir les yeux à ceux qui attribuent de l'importance au don de parler en d'autres langues: plutôt 5 paroles en une langue connue de l'auditoire que 10 000 en une langue inconnue (rapport: une minute plutôt que 33 heures). Peut-on s'exprimer plus clairement? De là l'insistance de Paul de rechercher plutôt le don de prophétie (tel que défini plus haut), comme le demande la règle de l'édification du plus grand nombre. Ne soyez pas des enfants au point de vue du jugement... soyez des hommes faits (v. 20); autrement dit; ayez du bon sens.
v. 21-25: Dans ce passage se trouve l'argument le plus fort: celui de l'évangélisation. Un incroyant qui entend parler en une langue inintelligible pensera que les chrétiens sont détraqués (v. 23). La citation de l'AT au v. 21 est un avertissement dont la portée n'est pas immédiatement apparente: les langues étrangères provoquent un endurcissement et non une humiliation du coeur. L'auteur relate un incident typique qui se produisit lors d'un «petit déjeuner» organisé par un groupe pentecôtiste dans une université. Après quelques chants exécutés par leur choeur, plusieurs pentecôtistes s'adonnèrent au «parler en langues», ce qui eut pour résultat que pratiquement tous les étudiants quittèrent la salle un à un. Même si ce geste pouvait être qualifié de peu courtois, il était pourtant symptomatique. J'affirme que beaucoup de personnes sont détournées de la foi par ce genre de manifestations, quoi qu'en disent les pentecôtistes. Ceux qui sont ainsi chassés peuvent évidemment moins aisément être comptés que ceux qui entrent... Par contre, le témoignage missionnaire authentique est d'une grande portée et mène souvent à la conversion (v. 24-25). Toute église devrait considérer ce fait lorsque la question de l'usage public du «parler en langues» se pose. v. 26-33 a: Paul résume ses considérations en examinant la manière de se rassembler. Notez l'emploi du mot «chacun» au v. 26, qui indique que chaque croyant devait être conscient de sa responsabilité dans la vie de la communauté. Paul ne méprise pas les langues, pourvu que trois conditions soient remplies: pas plus de trois, chacun à son tour, traduction obligatoire. Une quatrième condition sera ajoutée plus loin. Les prophètes aussi devaient parler à tour de rôle (pas plus de deux ou trois), alors que les autres devaient exercer leur jugement. Il est évident que chaque présentation pouvait être suivie d'une discussion critique. Le but de la participation totale de l'église: afin que tous soient instruits et que tous soient exhortés (v. 31). v. 33b-38: Paul interdit ensuite à la femme de prendre la parole dans l'assemblée. Vu que, dans 1 Cor 11.5, Paul envisage que la femme puisse prier ou prophétiser pourvu qu'elle ait la tête voilée (couverte), il doit s'agir ici du «parler en langues». On peut se demander si les difficultés provenant de l'usage abusif des langues n'étaient pas dues à la participation des femmes. v. 39-40: Paul termine ce chapitre par l'exhortation d'aspirer à la prophétie, à savoir: édifier, exhorter, consoler (selon la définition du v. 3), suivie de la concession pleine de tact de ne pas empêcher les langues. Le mot final mérite toute l'attention de toute église qui n'est pas liée par un ordre liturgique rigide: Mais que tout se fasse avec bienséance et avec ordre. Résumé Dans ces trois chapitres de sa première lettre aux Corinthiens, l'apôtre Paul cherche à inculquer à l'église de Corinthe un principe resté actuel pour nous aujourd'hui: de même que l'Esprit est un avec Christ, de même les dons de l'Esprit servent à édifier le Corps de Christ. Le Dieu trinitaire est la source, l'amour est le moteur, et l'édification de l'église est le but des dons de grâce. L'impact des instructions de ces trois chapitres doit être tel qu'aucune église ne puisse trouver l'essence de sa vie spirituelle en ce qui provient simplement de l'enthousiasme et du miraculeux visible. Les réflexions de l'apôtre font bien comprendre que la spiritualité chrétienne consiste à confesser la divinité de Jésus par la foi et à oeuvrer à l'édification du Corps de Christ par l'exercice de l'amour lucide. Responsable de la traduction-adaptation du texte de Bruner: J.-P. Schneider Jean-Pierre Schneider © Promesses 1989 - No 90 - 91 - 92 -93 -84 - 95 - 96 - 97 - 98
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LE
DIABLE EST MORT VIVE LILITH! Une secte féminine russe adore Lilith, démon femelle et première femme d'Adam selon des traditions hébraïques comme le Zohar et l'alphabet de Ben Sira. Le nom Lilith se trouve en un unique endroit de la Bible, en Ésaïe 34 : 14 où il est traduit par «spectre de la nuit». S'emparant de ce nom obscur certains exégètes se sont empressés de l'assimiler au personnage féminin de la mythologie assyrienne, femme superbe mais démoniaque, et d'inventer l'histoire abracadabrante d'Adam et sa première femme. La secte de Lilith a pris comme emblème le rat. Dans la Bible nous lisons (1 Timothée 4): «L'Esprit dit expressément que dans les derniers temps quelques-uns s'attacheront à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons... repousse les contes profanes de vieilles femmes.» (Soleil d'Orient) ajouté le 15/11/2000
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1. Vocabulaire AT: Satan (21 fois) = méchant adversaire, saboteur NT: diabolos (37 fois)= calomniateur, accusateur (Job!) Satan[as] (36 fois)= adversaire, ennemi Béelzebul (7 fois) = seigneur des mouches (ou du sacrifice aux idoles)
2. Désignations Satan est: – le pécheur dès le commencement de la création: Jean 8.44 (cf. Gen 3) l'ennemi: Mat 13.39; Act 13.10 – le malin: Mat 6.13; Eph 6.16; 1 Jean 2.13 (vaincu) le prince de ce monde: Jean 12.31; 14.30; 16.11 – le menteur et le meurtrier: Jean 8.44 le tentateur: Mat 4.3 – le voleur, le loup, le lion rugissant: Jean 10.10,12; 1 Pi 5.8 le dieu de ce siècle: 2 Cor 4.4 – Bélial, l'ange des ténèbres selon les manuscrits de Qumran, qui nomme «les trois filets de Bélial: souiller le temple, débauche, richesses (luxure)». Mentionné dans 2 Cor 6.15 (Bélial personnifie la méchanceté = Satan). – Satan se déguise en ange de lumière: 2 Cor 11.14 Apoc 12.9 résume Satan en 4 titres: le grand dragon, le serpent ancien, le diable et Satan. 3. Origine Plusieurs ont cru voir les origines de Satan dans deux textes de l'AT: 1. Ésaïe 14.12: Il est question de Hélel (le lumineux= Lucifer), appliqué au roi de Babylone (Sanchérib, qui envahit Juda en 701 av. J.-C.), abattu à terre; ce dernier trait pourrait s'appliquer à Satan, de même que le v. 14. Par contre, comme Satan n'a pas été précipité dans le séjour des morts, cela ne peut s'appliquer qu'à Sanchérib. 2. Ez 28.1-19: Il faut considérer tout le passage. Il s'adresse au roi de Tyr (Ittobal 11), ville fondée en 2750 av. J.-C. sur un haut rocher dans la mer; très puissante au 6' siècle av. J.-C.; assiégée par Nebucadnetsar pendant 12 ans (585-573), siège prédit par Jérémie (27.1-11) et Ezéchiel. Certains traits de la prophétie d'Ez pourraient s'appliquer à Satan: orgueil démesuré, se croire l'égal à Dieu. Par contre, Satan n'est pas un homme (v. 2 et 9) et n'a pas son meurtrier (v. 9); si Satan a bien été en Éden (v. 13), il y a été comme le méchant tentateur et non comme chérubin protecteur (v. 14), trait qui est tout aussi difficile à appliquer à Ittobal Il. Le v. 15 pourrait s'appliquer à Satan et non au roi de Tyr. Conclusion: Nous ne savons rien sur l'origine de Satan. Nous ne savons même pas s'il a été créé bon ou mauvais; Es 45.7 – Je forme la lumière et je crée les ténèbres, – je réalise la paix et je crée le malheur (Chouraqui: «le créateur du mal»); cp Amos 3.6 et Lam 3.38. L'origine de Satan reste un mystère. 4. Satan est une personne Cela ressort des destinations sous 2. Elles ne pourraient s'appliquer à une «force» neutre, à une influence vague. Loin d'être un mythe, il est l'être le plus puissant après Dieu, qui devra livrer bataille contre Satan pour l'expulser du ciel (Apoc 12. 7-9), auquel il aura accès jusqu'à ce moment-là, car il y accusait [les croyants] devant Dieu jour et nuit (Apoc 12.10). Pour l'heure, Satan est le principal des esprits mauvais et nous avons à le prendre au sérieux, car il est encore le prince de la puissance de l'air (Eph 2.2). 5. Action de Satan a. Action sur le monde en général – Satan détient le pouvoir sur la mort: action de mort (Héb 2.14: litt. il est l'ayant pouvoir sur la mort, donc maintenant) – Il a pouvoir sur les hommes: Act 26.18 La magie est liée à Satan: Act 13.30 Le pécheur est «du Malin» comme Caïn: 1 Jean 3.8,12 – Les pécheurs sont enfants du diable parce qu'ils en ont la nature et le comportement: 1 Jean 3.10 (par contre, les chrétiens sont enfants de Dieu) – Judas est nommé «un diable» (litt.): Jean 6.70 b. Action sur les chrétiens – Satan tente les saints et les églises: 1 Cor 7.5; 1 Thes 3.5 Il tend des pièges: 1 Tim 3.7; 2 Tim 2.26 – Il use de manoeuvres contre les chrétiens: Eph 6.11 – Il se change en ange de lumière pour tromper par les faux apôtres: 2 Cor 11.14 Il veut duper les serviteurs de Dieu (ici Paul): 2 Cor 2.11 – Il veut empêcher Paul de faire un voyage: 1 Thes 2.18 – Satan cherche à entrer dans le coeur des croyants: Luc 22.3 (Judas); Act 5.3 (Ananias) 6. Victoire sur Satan Par les armes de Dieu: Eph 6. 11-12,16 En lui résistant: Jac 4.7 Apoc 12.11: Ils ont vaincu à cause du sang de 1 Agneau et à cause de la parole de leur témoignage (sang: victoire de Jésus sur Satan à la croix, dont le chrétien se réclame; témoignage: parler de l'Évangile et de sa foi personnelle) Remarque. Certains chrétiens étant tombés dans un péché grave peuvent être livrés à Satan pour la destruction de la chair, afin que l'esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus: 1 Cor 5.5; 1 Tim 1.20. Explication: Ces chrétiens-là se sont replacés sous la domination de Satan quant à la chair en s'adonnant à une tentation spécifique (rappel: Héb 2.14, valable pour le monde); mais ils ne perdent pas leur salut (cf. 1 Cor 3.15: sauvé comme à travers le feu). 7. Destinée de Satan – Satan sera jeté sur la terre au temps de la fin (Apoc 12.9) et fera rage, sachant qu'il a peu de temps (Apoc 12.12). – Satan enverra l'Antichrist et la Bête (2 Thes 2.3-12; Apoc 13.17), qui seront jetés en enfer, préparé pour Satan (Apoc 20.10). – Satan sera écrasé sous les pieds des saints: Rom 16.20 (allusion à Gen 3.15). Il sera lié pendant le millénium: Apoc 20.2. Relâché après le millénium, il séduira les nations pour faire la guerre au Roi-Messie établi à Jérusalem et sera dévoré par le feu du ciel: Apoc 20.9-10. Destin final de Satan: il sera jeté en enfer (Apoc 20.10). Jean-Pierre Schneider © Promesses 1991 – 1 / No 95
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SATAN
DÉFENDU PAR L'UNION POUR LES LIBERTÉS CIVILES L'association d'Union Américaine pour les Libertés Civiles (ACLU) menace d'engager des poursuites au niveau fédéral contre le maire d'une petite ville de Floride pour sa déclaration bannissant Satan des limites communales. L'association ACLU a envoyé une lettre au maire Carolyn Risher dans laquelle elle indique qu'elle entreprendra ces poursuites à moins que le maire ne retire sa déclaration anti-Satan des 4 panneaux d'entrée de ville. ACLU veut également que le conseil municipal vote une résolution abrogeant l'édit de Mme Risher et demande que Mme Risher rembourse à la ville tous les coûts d'impression des affiches. Mme Risher, sur les conseils de l'avocat de la municipalité, n'a pas souhaité apporter de commentaire selon un journal local. Mme Risher qui est maire de la ville depuis 9 ans a rédigé cette déclaration la nuit d'Halloween. Elle l'a fait dactylographier dans les locaux de la mairie, et ensuite elle-même et le secrétaire général Sally McCrainie l'ont paraphée et y ont apposé le tampon officiel de la commune. Mme Risher, qui serait une chrétienne engagée, a épinglé un exemplaire sur le mur de son bureau et placé d'autres exemplaires aux entrées de la ville. Elle a contacté l'association nationale basée sur des principes religieux «Conseil pour la Liberté» qui lui a offert une aide juridique en cas de problème. L'avocat de l'association ACLU Gary S.Edinger a précisé dans la lettre que son organisation intervenait au nom de Polly Bowser, une habitante de cette petite ville de 1400 âmes. Mme Bowser a déclaré avoir été indignée à la lecture de la déclaration du maire apposée sur une porte de la mairie. Elle a alors lancé un mouvement de pétition appelant à la démission du maire mais a abandonné un peu plus tard, devant des menaces qui lui auraient été faites ainsi qu'à sa famille. Mme Bowser précise qu'elle a contacté l'association ACLU début décembre mais ne leur a plus parlé depuis. Elle n'est plus très sûre de vouloir poursuivre d'éventuelles poursuites, mais l'avocat Edinger indique que ACLU se portera partie civile si Mme Bowser ne veut plus s'impliquer. (Associated Press) ajouté le 28/1/2002 © Voxdei 28-01-2002
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Dans ce 2e livre de Samuel (chap. 19, vers.22), David répond à son officier Abisaï qui veut la condamnation de Shimeï: «... Pourquoi devenez-vous aujourd'hui pour moi un Satan? ou: «Pourquoi vous changez-vous aujourd'hui pour moi en Satan?» D'autres traduisent l'hébreu «Sâtân», et disent «l'adversaire» ce mot signifie plus encore «accusateur», celui qui cherche à faire condamner. Le «Sâtân» est l'accusateur public et, sur le plan où se situe le texte biblique, l'adversaire par excellence, l'Accusateur devant Dieu. C'est la première fois dans la Bible qu'apparaît, à peine personnifié, le nom de l'intime ennemi de l'humanité, de ce Satan qui, pour l'accuser, incite chacun à se centrer sur soi-même au lieu de se centrer sur Celui qui Est. Satan n'est cité nommément qu'en quatre ou cinq passages de l'Ancien Testament et notamment dans le livre de Job. Depuis, sauf pour quelques saints, il cherche à se faire oublier, pour mieux agir, devenant si intelligemment intime aux hommes, que la plupart n'y croient plus guère. N'est-ce pas là son arme la plus redoutable? Plus d'Accusateur, plus d'Accusation; plus de Mal, tout est indifférent; plus de Bien, plus de Dieu. Noël BOMPOIS © En ce temps-là, la Bible No 24 page III. -----------------------------------------------------------
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TOUT
LE MONDE DIT: LE DIABLE N'EXISTE PAS En regardant la photo ci-contre qui fut faite pendant le «Tour de Suisse» 1998, j'ai pensé au grand sérieux du symbole qui s'y cache. Quelqu'un constate dans une chanson mondaine: Tout le monde le dit: Le diable n'existe pas, le diable n'existe pas. – Pouvez-vous me dire d'où vient l'angoisse – la nuit, quand on sonne à la porte? – Chaque nuit la peur est ma compagne. Je ne puis m'en défendre. Je suis comme paralysé! Celui qui a peur, en est-il honteux? – Mais tout le monde dit qu'il n'y a pas de diable, pas de diable! – Pouvez-vous me dire d'où vient le désir de s'enivrer, d'oublier, de s'enrichir...? Pouvez-vous me dire d'où vient la luxure, quand le sang se met à brûler? Pouvez-vous me dire d'où vient cette luxure, quand elle prend possession de votre être? Et vous pensez à la fidélité sans pouvoir vous y tenir. Et vous remarquez alors comment votre main échappe à votre contrôle. Mais tout le monde dit que le diable n'existe pas, que le diable n'existe pas... N'en est-il pas ainsi? Très rares sont ceux qui, aujourd'hui, croient encore à l'existence du diable. On le présente comme un personnage qui prête à rire plutôt que ce qu'il est vraiment: une affreuse réalité. Le seul qui peut rire de tout cela, c'est le diable lui-même. Jésus-Christ a parlé de lui avec le plus grand sérieux; et Il a dit entre autres: «L'ennemi qui l'a semée (l'ivraie), c'est le diable; la moisson, c'est la fin du monde; les moissonneurs, ce sont les anges» (Matth. 13, 39). Le Seigneur a également parlé de la fin qui serait réservée au diable ainsi qu'à ceux qui se laisseraient détourner par Satan de la foi en Lui: «Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche.Retirez-vous de moi, maudits; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges» (Matth 25, 41). Le diable pousse les êtres humains dans toutes les directions possibles, afin qu'ils ne connaissent pas le calme intérieur qui leur permettrait de venir à Jésus par la foi. Ce «meurtrier dès le commencement» (Jean 8, 44) dirige les enfants de ce monde vers des buts et des réalisations qui, en fin de compte, peuvent leur coûter la vie mais qui ne leur apportent rien. Il incite les individus à vouloir gagner des lauriers qui se fanent. Une très grande partie de l'humanité se précipite dans des milliers d'activités, avec pour conséquence qu'elle est continuellement détournée de l'essentiel. La profession stresse; dans la vie privée, des échéances, des rendez-vous et des tâches de toutes sortes remplissent nos journées. Alors que jadis, on rentrait à la maison pour se retrouver en famille ou pour lire un bon livre, il y a maintenant au premier plan la télévision, la vidéo et la stéréo. Et à côté de toutes les activités et de toutes les manifestations sportives, que d'offres sont faites pour meubler les loisirs! C'est ainsi que l'on ne trouve jamais le temps de se reposer et de réfléchir. Le pouvoir sur «les royaumes de ce monde et leur gloire» a été donné au diable. Il s'en est servi pour tenter Jésus: «Le diable, l'ayant élevé, lui montra en un instant tous les royaumes de la terre, et lui dit: «je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes; car elle m'a été donnée, et je la donne à qui je veux. Si donc tu te prosternes devant moi, elle sera toute à toi» (Luc 4, 5-7). Mais le Seigneur n'a pas cédé à cette tentation. Il l'a repoussée par la foi en Son Père (v. 8). Mais l'humanité y a succombé. Les gens veulent obtenir le plus possible de ce monde et se griser de sa gloire. De plus, la plupart se donnent l'illusion d'être libres; ils ne remarquent pas qu'ils sont esclaves de Satan. L'homme pense que le diable n'existe pas; il ne réalise pas qu'il le suit de très près. En rapport avec la photo reproduite, je pense aux attaques sournoises du diable, auxquelles nous devons résister: «Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable.» (Ephés. 6, 11). Comment lui résister le mieux? En entrant dans la communion avec Jésus et en y restant! Un jeune étudiant avait été élevé dans une famille chrétienne, mais il n'avait jamais considéré la question de la foi avec sérieux. Il loua un «kot» (chambre d'étudiant). Son prédécesseur avait laissé aux murs des images, certaines correctes, mais d'autres douteuses. Sans réfléchir plus loin, il les y laissa. Lors d'une visite, son père lui offrit une image du Christ crucifié et l'accrocha au mur. Que se passa-t-il ensuite? Après quelques jours, tous les posters indécents avaient disparu; ils étaient remplacés par d'autres, irréprochables. Quand Jésus obtient de la place en nous et que notre vie est mise sous Son influence, tout ce qui est diabolique disparaît. La photo reproduite me fait penser à ce passage de la première Épître de Pierre: «Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. Résistez-lui avec une foi ferme...» (1 Pierre 5, 8-9). En regardant cette photo, je pense surtout à Celui qui a vaincu Satan:Jésus-Christ. Il est dit de Lui et de Sa première venue sur cette terre: «Le Fils de Dieu a paru afin de détruire les oeuvres du diable» (1 Jean 3, 8). Ce n'est pas encore visible dans tous les domaines, mais à Son retour en gloire s'accomplira ce qui est écrit en Romains 16, 20: «Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds. Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous! À quiconque est encore sous la puissance du péché, de la mort et du diable, est offerte la possibilité d'aller à Jésus avec toute sa vie, et il sera arraché au pouvoir des ténèbres sataniques pour se retrouver dans la pleine lumière de Christ, car: «Quiconque croit en lui ne sera point confus... Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.» (Rom. 10, 11.13). N.L. © Appel Minuit 09-98 Retour-----------------------------------------------------------
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L'ANCIEN
TESTAMENT, MANUEL D'ÉCOLOGIE La Bible comme une source de conseils spécialisés dans les questions d'environnement Aloys Hüttermann (55 ans) est professeur de botanique à l'Université de Göttingen et catholique pratiquant. Pendant ses loisirs, il se penche sur le judaïsme et étudie intensivement la Bible. Il a fait une découverte étonnante: il a découvert dans l'Ancien Testament des connaissances écologiques parfaitement fondées. Après avoir quitté l'Égypte, les Juifs se rendirent en Palestine. Ils durent séjourner dans des contrées inhospitalières. Les terres fertiles étaient occupées par les Philistins. La plupart des lieux mentionnés dans l'Ancien Testament se trouvent dans des massifs montagneux pauvres où seul un type d'épineux, la macchia, croissait à l'origine. «Les hommes qui y vivaient étaient en permanence au bord de la catastrophe écologique», explique Hüttermann. «Pour survivre, ils étaient contraints d'observer minutieusement la nature.» En conséquence, des règles écologiques strictes virent le jour. La consommation de viande de porc est strictement interdite aux Juifs. «L'élevage des porcins est un pur luxe», explique Hüttermann. «Pour obtenir un kilo de viande de porc, il faut trois fois plus de nourriture que pour le boeuf.» Par contre, les boeufs étaient les animaux les mieux à même d'exploiter les ressources disponibles, et étaient connus comme gros producteurs de protéines. La liste des animaux interdits jouait pour ainsi dire un rôle de «liste rouge» motivée par l'écologie. Tritons, crapauds et grenouilles étaient considérés comme impurs. Ces mesures ont permis de lutter contre la malaria dans l'Israël antique. Les grenouilles sont les principaux prédateurs de l'anophèle, moustique agent de transmission du paludisme. Les vautours, corbeaux et corneilles étaient sous protection: c'était la police sanitaire. L'ensemble des oiseaux de proie ne pouvaient être chassés, car ils limitaient le nombre de souris. Les hérons et les ibis étaient les prédateurs privilégiés des sauterelles, forme antique de lutte biologique contre les nuisibles. «Non seulement les Juifs de l'Antiquité connaissaient le concept de la conservation des espèces, mais en outre, ils préservaient déjà le biotope», constate Hüttermann. Dans le livre d'Ésaïe, chapitre 5,8-10, il est écrit: «Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, et qui joignent champ à champ, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'espace, et qu'ils habitent seuls au milieu du pays! Voici ce que m'a révélé l'Éternel des armées, certainement, ces maisons nombreuses seront dévastées, ces grandes et belles maisons n'auront plus d'habitants. Même dix arpents de vigne ne produiront qu'un bath, et un homer de semence ne produira qu'un épha» «C'est un avertissement», prévient Hüttermann: «Une exploitation intensive des surfaces arables prive d'espace vital les prédateurs naturels des nuisibles.» La succession des plaies d'Égypte traduit également, selon Hüttermann, une connaissance approfondie de l'écologie: le Nil commence par se transformer en sang (1ère plaie) ... du sang qui, en réalité, est une invasion d'algues. Le manque d'oxygène qui en résulte fait sortir les grenouilles de l'eau (2ème plaie). En l'absence de leurs ennemis naturels, les moustiques et taons (3ème et 4ème plaie) peuvent proliférer et transmettre les épidémies aux humains et aux animaux (5ème et 6ème plaie); enfin, les sauterelles s'abattent sur le pays (8ème plaie). Selon Hüttermann «les auteurs de la Bible avaient certainement connaissance des rapports de cause à effet». Les lois écologiques étaient strictement respectées, même si cela présupposait de nombreux inconvénients économiques. Ainsi, après la fin de la Révolte contre Rome (70 après J.C.), il fut interdit aux Juifs de posséder des moutons et des chèvres afin de ne pas dévaster davantage encore le pays détruit. Dans le Nouveau Testament, l'écologie ne joue plus aucun rôle. «Le judaïsme ainsi que le christianisme étaient des religions purement urbaines». Ce n'est qu'aux Xllème et XIIIème siècles que les théologiens chrétiens redécouvriront la nature. «Mais ils y ont eu accès par le philosophe grec Aristote», commente Hüttermann, «et non par la Bible». Hüttermann est le seul citoyen allemand à avoir été cité à l'International Council for Thora and Science pour ses recherches sur la Bible. (DW) © Nouvelles d'Israël 02 / 1994 -----------------------------------------------------------
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ALLEMAGNE:
LA BIBLE BIENTÔT INTERDITE PAR LA JUSTICE? La presse allemande relate que des parents de mineurs ont demandé au Ministre allemand des familles et de la Jeunesse Mme Bergmann, d'ouvrir une procédure de contrôle sur le contenu de la Bible, qui représenterait un danger moral pour la jeunesse la Bible relatant souvent des faits sanguinaires. La Bible suggère la haine, la cruauté, et les massacres seraient voulus par Dieu. Les parents ont déposé une plainte auprès du tribunal administratif de Berlin pour imposer par voie de justice un contrôle du contenu délictueux de la Bible. On parle dans la requête que Dieu est un monstre malfaisant! L'anti-judaïsme du Nouveau Testament est aussi particulièrement dangereux pour la jeunesse: les Juifs sont villipendés et l'Église y a fondé un antisémitisme qui a finalement débouché sur l'Holocauste d'Hitler. Il est même possible de lire le mémoire des deux avocats à l'adresse www.sailer-hetzel.com (L'Appel de Minuit) ajouté le 22/02/2001 ©
Voxdei 22-02-2001
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LA
BIBLE DANS L'EXPÉRIENCE CHRÉTIENNE
Préambule Avant de faire une analyse descriptive du rôle de la Bible dans l'expérience chrétienne, je tiens à rappeler quelques principes salutaires. Ce rappel s'impose face aux dangers qui menacent la chrétienté actuelle, y compris sa fraction «évangélique». La Réforme – le plus grand réveil spirituel de l'histoire – a honoré ces principes. C'est même pour s'y être tenue qu'elle a été si marquante. Raison supplémentaire pour les considérer avec attention. A. L'autorité souveraine, unique et normative de l'Écriture, face à toute autre autorité. Sola Scriptura! «D'où il suit que ni l'antiquité, ni les coutumes, ni la multitude, ni la sagesse humaine, ni les jugements, ni les arrêts, ni les écrits, ni les décrets, ni les conciles, ni les visions, ni les miracles ne doivent être opposés à cette Écriture Sainte, mais au contraire, toutes choses doivent être examinées, réglées et réformées selon elle», Confession de La Rochelle, 1559. B. La pleine suffisance de l'Écriture pour tous les besoins du chrétien et de l'Église. «Tout le conseil de Dieu, concernant toutes les choses nécessaires à Sa propre gloire, au salut de l'homme, à la foi, et à la vie, se trouve soit expressément consigné dans l'Écriture, ou peut être légitimement et logiquement déduit de l'Écriture: à laquelle, à aucun moment, l'on ne peut rien ajouter, soit par de nouvelles révélations de l'Esprit, soit par les traditions des hommes», Confession de Westminster, chap. 1, article 6 (traduction), 1645. C. Le lien étroit, indissoluble, inviolable, entre l'Écriture et le Saint-Esprit. Ce lien est établi d'une façon catégorique et lumineuse par le fameux texte sur l'inspiration divine de la Bible: «Toute l'Écriture est inspirée de Dieu...», 1 1 Timothée 3:16. «Theopneustos», pour «inspirée», signifie littéralement exhalée, soufflée par Dieu. L'Écriture est l'émanation même du souffle de Dieu et, par conséquent, indissociable de ce souffle. Ce qui veut dire que la parole inscripturée est et demeure le produit achevé, parfait, de Dieu le Saint-Esprit. Comme telle, cette parole est un guide infaillible et même le seul guide infaillible. En elle, par elle, Celui qui a parlé parle encore, aujourd'hui même (cf. les verbes «parler» et «attester», au présent, en Hébreux 3:7 et 10: 15). De là cette formule frappante de Calvin: «... l'Écriture est l'école du Saint-Esprit, en laquelle comme il n'y a rien d'omis qui ne soit salutaire et utile à connaître, ainsi il n'y a rien d'enseigné qu'il ne soit expédient de savoir...» L'Institution Chrétienne, 3e livre, chap. 21, sur l'élection éternelle. Dans et par l'Écriture, c'est le Saint-Esprit lui-même qui nous instruit. Nous sommes sous son divin magistère. Voix du Saint-Esprit L'Écriture est aussi l'organe de l'Esprit. C'est par elle qu'il agit, opère, vivifie, transforme, en nous révélant le Christ glorifié, source de toute vie spirituelle. Le lien indissoluble entre la Parole et l'Esprit se voit, au Psaume 33, dans l'activité créatrice: «Les cieux ont été faits par la parole de l'Éternel, et toute leur armée par le souffle de sa bouche», v. 6. Ils agissent ensemble. L'Écriture représente un espace spirituel absolument unique, privilégié. Dans cette sphère de la Parole où l'Esprit Saint se meut, il y a tout ce dont l'esprit humain a besoin en fait de lumière, vie, puissance, renouvellement. Pour être «complet», cf. Il Timothée 3: 17, il suffit de rester dans sa sphère. En sortir, c'est s'appauvrir. Comme nous le disions plus haut, l'Écriture est pleinement suffisante. Les principes fondamentaux que nous venons de rappeler: autorité et suffisance de l'Écriture, unité essentielle entre l'Écriture et l'Esprit Saint, sont salutaires. En quel sens? Eh bien! en ce qu'ils nous rendent circonspects à l'égard de: – Toute spiritualité où la Parole n'est pas centrale, toute spiritualité qui déloge la Parole du centre. Dans certains milieux, aujourd'hui, le point central semble être la prière plutôt que la Parole. – Toute spiritualité qui ne se nourrit pas, ne se contente pas de la Parole, mais cherche des compléments hors de l'Écriture. Ces tendances, ces tentatives, sont une négation pratique de la suffisance de la Bible. – Toute spiritualité dont le lien avec la Parole est vague, indéfini, relâché, qui semble déconnecter l'Esprit Saint de la Parole, ou la Parole de l'Esprit, comme s'il y avait deux pôles à la vie spirituelle. Confronté aux mystiques et illuminés de son temps, Calvin souligne vigoureusement l'unité infrangible Parole-Esprit. S'appuyant sur Ésaïe 59:21: «Mon esprit qui repose sur toi, et mes paroles, que j'ai mises dans ta bouche, ne se retireront point de ta bouche, ni de la bouche de tes enfants, dit l'Éternel, dès maintenant et à jamais», il dénonce ceux qui cherchent à séparer Esprit et Parole: «D'où je conclus que ces trompeurs démembrent par leur sacrilège détestable ces deux choses que le Prophète a conjointes d'un lien inviolable», L'Institution Chrétienne, livre 1er, chap. 9. Dans le même chapitre, il s'oppose avec énergie à une spiritualité qui flotterait dans le vide: «... Saint Paul, en exhortant les Thessaloniciens de ne point éteindre l'Esprit (I Thess. 5:19-20), ne les transporte point en l'air à vaines spéculations hors de la Parole, mais conséquemment il ajoute qu'ils ne devaient point mépriser les prophéties. En quoi pour certains il signifie que lors la lumière de l'Esprit est suffoquée, quand les prophéties viennent en mépris». Il est évident que, contrairement à l'usage actuel, Calvin prend le mot «prophéties» dans son sens biblique, c'est-à-dire paroles infaillibles sorties de la bouche de Dieu. En méprisant la Parole on éteint l'Esprit, à cause de leur unité indissoluble. Toute spiritualité qui donne le champ libre au subjectivisme, qui privilégie «un espace de subjectivité» non contrôlé par l'autorité de l'Écriture. Au lieu de dépendre des directives objectives de la Parole de Dieu, nous pouvons devenir tributaires des sentiments, impressions, impulsions, de la vie intérieure personnelle, de tout ce qui se passe dans le sujet, en nous-mêmes. Les phénomènes subjectifs ont toujours été un piège pour le chrétien et pour l'Église quand ils ont été érigés en critères de direction. Au milieu des plus grands réveils, l'élément subjectif non soumis à la Parole a été source de difficulté, facteur d'égarement. Ce fut le cas en Nouvelle-Angleterre lors du grand réveil du XVIlle siècle (The Great Awakening) avec Jonathan Edwards et Whitefield. «En Nouvelle-Angleterre les pasteurs engagés dans le réveil combattirent toutes les formes de direction subjectives, même quand celles-ci se réclamaient de l'Esprit. Ils exigeaient que l'Écriture soit le guide objectif, et l'unique guide, de leurs démarches.» Pendant un certain temps, James Davenport suivit une orientation subjective et on le considéra comme un illuminé. Grâce aux efforts d'autres pasteurs, il finit par désavouer sa précédente attitude, en ces termes: «Je confesse que je me suis profondément égaré en prenant des impulsions ou des impressions comme règle de conduite, qu'elles se présentaient avec ou sans texte de l'Écriture. Je reconnais aussi avoir négligé d'observer avec soin l'analogie de l'Écriture.* Je suis convaincu que cela a grandement contribué à corrompre mes expériences et à m'entraîner loin de la Parole de Dieu. Ce fut un moyen fort commode dont s'est servi l'esprit d'erreur pour agir sur bon nombre de personnes, sur moi en particulier». Conscients que l'excitation religieuse pouvait égarer les foules, les pasteurs du réveil se sont constamment appliqués à tester toutes les expériences des convertis par les doctrines de la Parole de Dieu. Rien n'était valable pour eux que les opérations normales et intérieures de l'Esprit en conviction, régénération et sanctification.» (Traduit de Signs of the Apostles, W. J. Chantry, pp. 132 et 133). C'est à la lumière de ces remarques qu'il faut lire ce qui va suivre. Elles servent à situer tout ce que j'ai à dire sur «La Bible dans l'expérience chrétienne». «Vous observerez et vous mettrez en pratique tous les commandements que je vous prescris aujourd'hui, afin que vous viviez, que vous multipliiez, et que vous entriez en possession du pays que l'Éternel a juré de donner à vos pères. Souviens-toi de tout le chemin que l'Éternel, ton Dieu, t'a fait faire pendant ces quarante années dans le désert, afin de t'humilier et de t'éprouver, pour savoir quelles étaient les dispositions de ton coeur et si tu garderais ou non ses commandements. Il t'a humilié, il t'a fait souffrir de la faim, et il t'a nourri de la manne, que tu ne connaissais pas et que n'avaient pas connue tes pères, afin de t'apprendre que l'homme ne vit pas de pain seulement, mais que l'homme vit de tout ce qui sort de la bouche de l'Éternel.» Deutéronome 8:1-3 À un peuple beaucoup trop axé sur la satisfaction de ses besoins physiques, sur le manger et le boire, Dieu souligne un autre impératif: celui de vivre – spirituellement – «de tout ce qui sort de la bouche de l'Éternel». Il ne suffit pas de remplir nos bouches de la nourriture matérielle. Il faut nourrir nos âmes «de tout ce qui sort de la bouche de l'Éternel», autrement dit de toute parole de Dieu, de toute la Parole de Dieu. Voilà l'élément vital, l'aliment indispensable. Celui qui le reçoit vit au sens le plus fort: il vit de la vie de Dieu. Celui qui s'en prive est «mort, quoique vivant» (cf 1 Timothée 5:6). Il est vrai que dans ce passage Dieu s'adresse au peuple de I'Ancienne Alliance. Mais cela ne change rien à la portée de la vérité énoncée, puisqu'il dit: «L'homme ne vit pas de pain seulement, mais l'homme vit de tout ce qui sort de la bouche de l'Éternel». C'est vrai pour tout homme, sans exception. Que cette déclaration soit universelle dans sa portée et son application et, de plus, actuelle – donc qu'elle nous concerne bien comme «chrétiens» – ressort du fait suivant: Jésus-Christ lui-même, que nous confessons comme Seigneur et Dieu, l'a citée au seuil de son ministère, lors de la tentation dans le désert, après un jeûne de quarante jours et quarante nuits. Quelle clé et quelle inspiration pour nous, ses disciples! Quelle leçon aussi! Nous avons besoin de la Parole de Dieu, de la Bible, chaque jour, à chaque instant! C'est par elle et d'elle que nous vivons. De là le titre de cet exposé: «La Bible dans l'expérience chrétienne». Il est coutumier aujourd'hui de mettre l'accent sur l'expérience comme telle, quelle que soit sa source et quel que soit son contenu théologique. Et il y a beaucoup d'expériences extra-bibliques, sans lien avec la Parole de Dieu. Certes un christianisme dépourvu de la dimension expérimentale serait fantomatique. Mais l'expérience doit procéder de la Parole de Dieu, être régie par elle, ne pas s'en écarter, et y ramener, comme à son centre. La Bible est au coeur de l'expérience chrétienne. I. Le rôle de la Parole de Dieu dans l'engendrement de la foi et dans la régénération Sans l'action de la Parole, nous n'existerions tout simplement pas en tant que nouvelles créatures en Christ. Dans la création comme dans la rédemption, le rôle de la Parole est primordial. Dès le commencement, elle est là, à l'oeuvre. «La Parole de la vérité, l'Évangile de notre salut» nous a atteints alors que nous étions encore dans l'ignorance, dans les ténèbres. Organe de l'Esprit-Saint, dont elle est inséparable, elle a éclairé notre intelligence, touché notre coeur. C'est elle qui nous a convaincus, car «la foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la Parole de Christ» (Romains 10: 17). C'est elle qui a suscité notre adhésion à l'Évangile, qui a incliné notre volonté et planté en nous la vie nouvelle: «Il nous a engendrés selon sa volonté, par la Parole de vérité, afin que nous soyons en quelque sorte les prémices de ses créatures» (Jacques 1: 18). «Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la Parole vivante et permanente de Dieu» Il Pierre 1: 23). Pas de conversion authentique, solide, durable, décisive, pas de vraie régénération en dehors de l'action déterminante de la Parole, organe du Saint-Esprit. L'illumination de l'intelligence, par l'Écriture, et son action au fond de la conscience, en conviction et régénération, sont la porte d'entrée obligatoire dans la vie et l'expérience chrétiennes. Autrement, conversions ratées, éphémères, d'ordre psychologique ou émotionnel, et non d'ordre spirituel. Il. Le rôle de la Parole dans l'entretien de la communion avec Dieu et dans l'adoration Communion Toute vraie conversion, si elle entraîne des ruptures («vous vous êtes convertis à Dieu, en abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et vrai», 1 Thessaloniciens 1: 9), mène aussi à une union, à une communion avec le seul vrai Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Les barrières dressées par le péché tombent. Enfin nous sommes «reliés» au seul vrai Dieu! «Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu, et la communion du Saint-Esprit, soient avec vous tous!» (2 Corinthiens 13:13). Mais cette communion doit être entretenue, maintenue, nourrie. C'est sous l'espèce de la Parole que le Seigneur se communique à nous, nous nourrit de sa vie, lui, le pain de vie, qui a donné sa chair pour la vie du monde: «Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui croit en moi n'aura jamais soif... Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie» (Jean 6:35, 63). «L'oeuvre par laquelle l'Esprit de Dieu communique la vie est si intimement liée aux paroles de Christ que notre Seigneur identifie Ses Paroles et l'Esprit: «Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie» (Jean 6:63). Christ ne se réfère pas à une «parole» abstraite que l'on pourrait rencontrer à travers une intuition bénie, ni à une expérience communicatrice de vie indépendamment d'une communication intelligente. Il s'agit plutôt de «paroles» (pluriel – c'est-à-dire d'effectifs véhicules de communication rationnelle – employées par l'Esprit pour apporter la vie à une âme.» (Signs of the Apostles, Walter J. Chantry, p. 111, traduction.) La Parole a le caractère même de celui dont elle émane: elle est vie. «Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, Même celui qui n'a pas d'argent! Venez, achetez et mangez, Venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer! Pourquoi pesez-vous de l'argent pour ce qui ne nourrit pas? Pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne rassasie pas? Écoutez-moi donc, et vous mangerez ce qui est bon, Et votre âme se délectera de mets succulents. Prêtez l'oreille, et venez à moi, Écoutez, et votre âme vivra ...» (Ésaïe 55:1-3). On ne peut séparer le Seigneur de sa Parole. C'est par elle qu'il nous nourrit de sa Personne, nous communique sa vie, qu'il entretient la communion entre lui et nous. Pierre exhorte ceux qui ont «goûté que le Seigneur est bon» (sa Personne) à désirer «comme des enfants nouveau-nés» – c'est-à-dire avec intensité, avidité – «le lait spirituel et pur», l'aliment de choix, approprié, qu'est la Parole. L'expérience chrétienne ne peut s'épanouir réellement que par le ministère de la Parole vivante. Celle-ci est et demeure l'aliment indispensable de notre communion avec Dieu. Adoration Quant à l'adoration, elle est la réponse de tout notre être à l'action en nous de la Parole communicatrice de vérité et de vie. Il ne faut pas séparer la vie de la vérité. Toute vraie adoration suppose la communication d'un élément de connaissance. Pour qu'il y ait adoration – authentique – il faut que la révélation de la vérité soit présente. Autrement, l'adoration devient un acte irrationnel, irréfléchi, dépourvu d'intelligence, formaliste. Notre culte doit être intelligent, et pour qu'il le soit, l'élément révélationnel de la Parole doit être présent et actif. Il en est trop qui confondent adoration et émotion, adoration et exaltation, adoration et excitation (je n'exclus pas du culte l'émotion si celle-ci naît de la révélation). L'adoration ressemble trop souvent à la «dynamique de groupe»... Pour être authentique, il faut qu'elle découle de l'action illuminatrice continue de la Parole de Dieu. elle ne doit pas «tourner à vide», se muer en des formules creuses, répétitives (incantatoires), un langage pieux, sans vraie substance spirituelle, ni traduire un survoltage des sentiments. Nous sommes appelés à adorer Dieu de tout notre être, dans la lumière de la révélation biblique. Notre intelligence est la première concernée. Ne la court-circuitons pas. III. Le rôle de la Parole dans le développement de la vie nouvelle et la sanctification Développement de la vie nouvelle L'approfondissement spirituel consiste à découvrir de mieux en mieux et de plus en plus qui est Jésus-Christ, celui que nous avons reçu au début de notre expérience chrétienne. Deux textes suffiront: «Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d'après les instructions qui vous ont été données, et abondez en actions de grâces» (Colossiens 2:6-7). Christ est l'objet, Christ est le centre, Christ est le substrat de notre expérience chrétienne. Paul, vers la fin de sa vie, dit qu'il regarde toutes choses «comme une perte» et même «Comme de la boue, afin de gagner Christ, et d'être trouvé en lui», afin de «connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances» (Philippiens 3:8-10). Christ, à tous les stades de la vie chrétienne, reste l'objet central de notre connaissance et de notre expérience. Nous n'avons pas besoin de «nouveautés», pas besoin du dernier «gadget» spirituel. Ce sont les enfants qui ont toujours besoin de nouveautés, de nouveaux jouets. Mais Christ est l'alpha et l'omega de notre expérience chrétienne. Nous n'avons pas besoin de lui plus quelque chose. Nous avons «tout pleinement en lui» (Colossiens 2: 10). Ne cherchons donc pas des expériences hors de lui, à côté de lui, voire au-dessus de lui. C'est une vieille tentation et une vieille hérésie. On ne peut absolument rien ajouter à Christ. Et le développement de la vie nouvelle en Christ (Christ est lui-même «la nouveauté absolue») n'est pas détachable de la Parole de Dieu, car Paul a soin de préciser: «... et affermis par la foi d'après les instructions qui vous ont été données». Nous nous enracinons en Christ par l'étude de «la doctrine de Christ» (2 Jean 9). Sanctification À mesure que nous découvrons Christ dans la Parole, nous nous découvrons aussi nous-mêmes dans notre misère. La Parole, qui nous renvoie son image, nous renvoie aussi notre image. Elle joue le rôle de «miroir» dans les deux cas. Et par l'instrumentalité de ce miroir qu'est la révélation biblique, nous mesurons les progrès que nous avons à faire. Car, d'un côté, il me révèle sans fard ma laideur morale (ce que Jacques appelle «le visage naturel»), et de l'autre, (la gloire du Seigneur», sa beauté immaculée. Et cela aboutit – parce que le miroir de la révélation biblique est animé par la dynamique du Saint-Esprit – à travers le dépouillement du «vieil homme» et le revêtement de «l'homme nouveau» (la vie nouvelle en Christ), à une transformation glorieuse et progressive de tout notre comportement: «Nous tous qui, le visage découvert (en toute liberté), contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l'Esprit» (2 Corinthiens 3:18). Voilà comment, par le ministère agissant de la Parole, organe de l'Esprit Saint, s'opère notre sanctification: «de gloire en gloire», d'un progrès dans la sainteté à un nouveau progrès, d'un degré à un autre. IV. Le rôle de la Parole dans les épreuves du chrétien Dans cette sphère-là, étroitement liée à notre sanctification et à notre croissance en Christ, la Parole a un rôle déterminant. Tout d'abord, elle-même peut être à l'origine de certaines épreuves, la raison même de ces épreuves. En effet, l'enfant de Dieu vit dans un monde qui, viscéralement, rejette la Parole de Dieu et écoute la voix séductrice des faux prophètes. Le monde n'a jamais supporté la Parole de Dieu, qui le démasque et le juge. Ainsi, tout porteur de la Parole – qui est le témoignage de Dieu lui-même – est exposé à la souffrance, à la tribulation, à la persécution (Matthieu 5:11-12; 13:21). Il n'est que de penser aux prophètes, Ésaïe, Jérémie, Jean-Baptiste, à Étienne, aux apôtres, aux témoins de tous les siècles, mais surtout à Jésus-Christ, le Prophète par excellence et Parole incarnée: toute une lignée de témoins, de «martyrs» (le mot «témoin» correspond au grec marturios). De plus, cette Parole (pour laquelle je souffre) m'enseigne explicitement que l'épreuve, la souffrance, sont inhérentes à la vie chrétienne, qu'elles ne sont pas «étranges» mais «normales». Elles font partie de notre lot et de notre vocation de disciples de Jésus-Christ, qui, lui-même, nous a précédés sur ce chemin-là: «Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite: Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s'ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu'ils ne connaissent pas celui qui m'a envoyé» (Jean 15:20-21). «Or, tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés» (2 Timothée 3: 12). «Mes bien-aimés, ne trouvez pas étrange d'être dans la fournaise de l'épreuve, comme s'il vous arrivait quelque chose d'extraordinaire. Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et dans l'allégresse lorsque sa gloire apparaîtra» (1 Pierre 4:12-13). Par son réalisme, la Parole nous prépare à l'épreuve et désarme l'effet de surprise: «Je vous ai dit ces choses, afin qu'elles ne soient pas pour vous une occasion de chute» (Jean 16: 1). La Parole, en me révélant le caractère logique de l'épreuve, m'aide à l'accepter. Enfin, la Parole, par la lumière qu'elle projette sur nos épreuves – où, à première vue, il y a beaucoup de zones d'ombre – nous permet de les interpréter correctement, d'en saisir la nécessité, le sens et l'utilité. Elle nous amène à les voir sous un angle positif, c'est-à-dire comme des moyens de grâce et des marques d'amour du Père céleste, et non comme une forme de jugement. C'est elle qui nous montre qu'elles servent au raffinement de notre foi (Il Pierre 1: 6-9), au progrès de notre sanctification («Dieu nous châtie pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté», Hébreux 12: 10), à notre croissance vers la maturité («sachant que l'affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l'épreuve, et cette victoire l'espérance», Romains 5:3-4), à notre préparation pour la gloire à venir «nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au delà de toute mesure, un poids éternel de gloire», 2 Corinthiens 4:17). C'est la Bible encore qui nous montre que les souffrances constituent une école d'identification aux souffrances d'autrui, afin que nous soyons capables de les consoler, après avoir été nous-mêmes, dans l'affliction, les bénéficiaires de la consolation divine (2 Corinthiens 1: 3-5). Voilà toutes «les clés» que la Parole nous donne par rapport à nos épreuves. Et cela est capital, car, souvent, la plus dure épreuve, c'est de ne pas avoir la clé de l'épreuve! Mais surtout, la Parole est – de par le fait qu'elle est «vivante» (véhicule de la vie de Dieu) – la cause directe de la victoire dans l'épreuve. Non seulement nous éclaire-t-elle, par sa vertu illuminatrice, sur le sens de l'épreuve, mais encore nous communique-t-elle la force de la traverser. C'est le toucher de Dieu dont nous avons besoin: «C'est ma consolation dans ma misère, car ta promesse me rend la vie» (Psaume 119: 50; cf Romains 15:4). Paul-André Dubois (à suivre) © La Bonne Nouvelle No 1 – 2 – 3 / 1991 Retour-----------------------------------------------------------
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LE
DICTON DU PEUPLE: LA
BIBLE EST UN LIVRE COMME LES AUTRES
ET LA RÉPONSE DE JÉSUS-CHRIST.
Par Napoléon Roussel (1805 – 1878) – Bah! votre Bible est un livre comme un autre! – Avant de vous répondre, me permettrez-vous de vous adresser une question? – Parlez. – Avez-vous lu la Bible? – Oh! j'en ai tant, tant entendu parler! – Ce n'est pas ce que je vous demande; voici ma question: Avez-vous lu la Bible? – Oui, à l'école... autrefois... un peu... – Ainsi, un livre que vous avez épelé quand vous étiez entant, un livre que vous n'avez pas lu depuis des années, enfin un livre de mille pages que vous avez lu un peu, un tout petit peu, vous vous permettez de le juger! Vous décidez qu'il est semblable aux autres?... À propos des autres, quels sont ces livres auxquels vous dites que la Bible est semblable? – C'est tout simple: je ne compare pas la Bible à un roman, mais aux livres qui, comme la Bible, ont servi de base à des religions, tels que le Coran de Mahomet, les Védas des Indous. – Bien; puisque vous m'avez autorisé à vous faire des questions, je vais user de la liberté. – Volontiers. – Avez-vous lu le Coran de Mahomet et les Védas des Indous? – Oh! pour ça non. – Quoi! vous comparez la Bible, que vous ne connaissez guère, au Coran et aux Védas, que vous ne connaissez pas? N'est-ce pas un aveugle qui juge des couleurs. – Je répète ce que j'ai entendu. Tout le mode vous dira que la Bible est un livre comme un autre. – Oui, tout le monde qui ne l'a pas étudiée; mais, puisque jusqu'à ce jour vous n'avez entendu que ces gens-là, permettez à une personne qui lit cette Bible depuis longtemps de vous donner aussi son opinion. – Je vous écoute. – D'abord, la Bible est le plus ancien des livres connus. Ses premières pages datent de Moïse, plus de dix-sept siècles avant Jésus-Christ, tandis que l'ouvrage le plus ancien chez les Chinois ne remonte qu'à Confucius, douze cents ans plus tard. Il est vrai que les documents dont s'est servi ce philosophe appartiennent à une époque antérieure; mais on peut dire de même que les documents de la Genèse viennent d'une époque plus ancienne que leur rédaction définitive. Je n'attache pas trop d'importance à ce fait; mais pour répondre à votre question, je vous fais seulement remarquer que, à l'égard de son âge d'abord, la Bible n'est pas comme tous les autres livres: c'est le plus ancien. Observez en second lieu que ce volume n'a pas été gardé par quelques amateurs de livres rares au fond d'une bibliothèque, mais par un peuple entier qui devait le lire chaque jour, dans sa maison comme en voyage, I'écouter de la bouche de ses rois et de ses prêtres. Ses gardiens en ont eu un si grand soin, qu'ils en sont venus à en compter les mots et les lettres. Les Massorètes auraient pu vous dire qu'elle est juste la parole qui est au centre du volume; combien il y avait de mots dans ce livre, de lettres dans celui-là. Tous ces cal-cu1s sont puérils, sans doute, mais ils ont du moins l'avantage de nous manifester avec quelle vigilance les Juifs ont gardé l'Ancien Testament. Quant au Nouveau, non seulement on en a lu de tout temps les pages dans les diverses Églises d'Afrique, d'Asie et d'Europe, mais de nombreux conciles s'en sont occupés, des milliers d'écrivains les ont expliquées. Les citations en sont si fréquentes qu'on pourrait aujourd'hui, si le texte sacré se perdait, recomposer le volume en rapprochant les citations qu'en ont données les seuls Pères de l'Église. Vous conviendrez donc qu'à regard des soins pour la conserver pure, la Bible n'est pas dans un cas ordinaire, mais qu'elle est infiniment supérieure à tout autre livre. Cette Bible, conservée avec tant de vigilance, a été copiée et recopiée par des milliers de scribes, de moines, de savants, pendant des siècles. À l'invention de l'imprimerie, la Bible fut le premier livre mis sous presse; les éditions furent si nombreuses que le nombre des volumes dépassa ceux de tous les autres ouvrages réunis cette reproduction des livres saints a été si abondante qu'aujourd'hui c'est par millions d'exemplaires qu'il faut les compter. En Angleterre et en Amérique deux sociétés bibliques impriment à elles seules pour cinq ou six millions de francs chaque année, et l'on marche à la réalisation du projet d'en mettre un exemplaire dans toutes les familles de l'univers. Parmi tous les autres livres, en est-il un seul qui s'achemine vers un tel résultat? Mais cette Bible fait plus que de se répandre dans les familles, elle y exerce une puissante influence. Pour en juger, il nous faudrait vivre dans ces contrées où père, mère, enfants, serviteurs, se réunissent deux fois par jour, autour du volume sacré pour le lire avec attention et respect, accompagnant cette lecture de prières, pour que Dieu donne à tous la force d'en suivre les préceptes. Que de malades, que d'affligés, que de mourants, consolés par les promesses de l'Évangile! Que de troupeaux édifiés, chaque dimanche, par ses pages, tenues pour inspirées! Y a-t-il au monde un livre qu'exerce une telle influence? Les lois humaines sont appliquées par des juges à d'autres qui les observent par crainte. Mais les lois de la Bible sont appliquées par les croyants, à eux-mêmes, qui les observent par amour. De quel code pourrait-on en dire autant? Donc, quant à son antiquité, sa conservation, sa diffusion, son influence, la Bible est sans égale dans le monde, et nous pouvons déjà conclure qu'à tous ces égards ce n'est pas un livre comme un autre. Mais examinons de plus près. Ouvrons ce livre, et voyons son contenu; et puisque vous avez vous-même nommé les Védas et le Coran, rapprochons la Bible des Védas et du Coran. Tenons-nous à un double sujet: notre Créateur et nous-mêmes. Qui est le Créateur, d'après le livre des Indous? Dans son passage le plus admiré, on nous répond, sous mille formes: Je ne le sais pas. Celui qui ne peut pas être compris par l'intelligence, celui qu'on ne voit pas par l'organe de la vision; celui qu'on n'entend point par l'organe de l'ouie, qu'ou ne peut distinguer par l'odorat. L'homme qui ne croit pas le connaître, c'est celui qui le connaît; I'homme qui croit le connaître, c'est celui qui ne le connaît pas. I1 est regardé comme incompréhensible par ceux qui le connaissent le plus, et comme parfaitement connu par ceux qui l'ignorent entièrement. Vous le voyez, les Védas nous donnent beaucoup de mots pour arriver à dire sur Dieu ce que le plus ignorant peut répéter: Je ne le connais pas. Mais demandez à la Bible de vous définir cet Être des êtres, et elle vous répondra sans effort et sans phrases: DIEU EST CELUI QUI EST, celui qui existe par lui-même; et par ce seul mot, elle vous fera comprendre à la fois que l'existence de Dieu est éternelle et que la nôtre a commencé; que Dieu est nécessaire et nous de moindre importance. Lui maître de tout, nous ses subordonnés. Sans doute, cette définition de Dieu ne nous dévoile pas sa nature, mais elle nous apprend tout ce que nous sommes capables de comprendre, tout ce que nous avons besoin de savoir. De notre Dieu, passons à nous-mêmes, et demandons aux Védas ce qu'est la race humaine. Ils nous répondront que Brahma produisit de sa bouche, de son bras, de sa cuisse et de son pied, le Brahmane, le Kchatriya, le Vaisrya et le Soudra. De là quatre races d'hommes; de là l'institution des castes dans les Indes, l'orgueil et la domination des uns, l'abjection et l'ignorance des autres; et, enfin, des distinctions absurdes, dégradantes, qui tiennent dans l'esclavage la plus grande partie de cette nation. Adressez la même question à la Bible, et Jésus-Christ vous répondra: Vous êtes tous frères. Tous frères! l'entendez-vous? Point de classes privilèges; point de classes avilies: point de maîtres par la grâce de Dieu; point d'esclaves par ordre de l'Évangile. Selon la Bible, il n'y a plus ni Grecs, ni Juifs, ni Barbares, ni Scythes, ni esclaves, ni libres; mais Christ est tout en tous. Dieu a fait naître d'un même sang tout le genre humain. Adam est notre père commun; en un mot, nous sommes tous frères, c'est-à-dire égaux, et destinés à nous aimer comme parents d'une seule famille, à nous aider comme les membres d'un seul corps. Sans doute, dans la société, il sera loisible à chacun d'acquérir de l'instruction, de l'influence, des richesses. Mais la même liberté appartient à tous. Personne, en venant au monde, n'est condamné par l'Évangile à rester ignorant, ni pauvre, ni esclave. Ce n'est pas la naissance, c'est l'activité, le courage, la vertu, qui détermineront notre place; et même, plus ou moins élevés en rang, fortune, dignité, les chrétiens restent encore frères en leur commun Sauveur. Du trône à la chaumière, ils devront se tenir par la main. Voici donc la différence sur le second point de notre comparaison. D'après le livre des Indous, nous sommes quatre races d'hommes qui devons, chacun dans notre caste, rester prêtres, soldats, laboureurs et esclaves; tandis que le livre des chrétiens nous appelle tous à la fraternité. Trouvez-vous que ce soit la même chose? Et la Bible est-elle encore ici comme tout autre livre? Maintenant, un mot sur notre avenir, et, puisque vous avez mentionné le Coran, permettez-moi de le comparer, sur ce point, avec l'Évangile. Jésus, parlant de notre vie future, nous apprend que nous ne nous y marierons pas, mais que nous y serons tous comme des anges. Cela se comprend: où l'on ne meurt pas, il n'est plus besoin de naissances; où le sort est fixé par une conduite antérieure, il ne peut y avoir de place pour des nouveau-nés, étrangers aux épreuves qui, jadis, ont produit les sentiments chrétiens. Enfin, dans un monde où le corps actuel doit subir un changement assez complet pour revêtir l'incorruptibilité, ce corps ne saurait rester animé des besoins terrestres. Toutes ces conséquences découlent de cette déclaration de Jésus-Christ, que dans le monde à venir, on ne se mariera pas. Maintenant, ouvrez le Coran de Mahomet et cherchez-y les passages relatifs au bonheur du paradis. Vous y verrez les mêmes jouissances, les mêmes passions que sur la terre; seulement elles y seront amplifiées; au lieu d'une femme, soixante pour un seul homme!... Je n'ose entrer dans la description de ces plaisirs grossiers, infâmes, et je me contente de vous demander. Trouvez-vous que Mahomet soit aussi chaste que Jésus-Christ? La Bible, à cet égard, ressemble-t-elle au Coran? Est-elle, sur ce nouveau point, un livre comme un autre? – Je ne conteste pas que votre Bible ne soit le meilleur des livres; mais, parce qu'un livre est le meilleur, il ne vient pas pour cela de Dieu. – J'en conviens; quelle que soit la beauté des doctrines morales d'un livre, il sera toujours possible de n'y voir avec une apparence de raison qu'une beauté humaine. Mais si l'excellence de la Bible ne se déploie que lentement pour ne se manifester complète qu'après plusieurs générations, il faudra bien reconnaître que cette manifestation n'est pas le fait de l'homme; je vais m'expliquer. La Bible n'a pas été rédigée par un seul écrivain, mais par plusieurs; non pas dans un siècle, mais dans vingt. Si donc on découvre entre ses diverses parties des rapports constituant un tout, on sera bien obligé de reconnaître que cet ensemble n'a pas été conçu par des volontés humaines diverses de siècles et de contrées, mais par une volonté unique, divine qui dirigeait tous ces écrivains. Or c'est précisément ce qu'on trouve dans la Bible, depuis Moïse jusqu'à saint Jean: partout, le même Dieu; un Dieu Esprit, Tout-puissant et tout bon; un Dieu unique, Créateur, de l'univers. Dans Moïse et David, comme dans les Évangélistes et saint Paul, ce que Dieu demande à l'homme, c'est toujours le même sentiment, une confiance entière, une foi vivante. Chez les Prophètes, comme chez les Apôtres, dans l'Histoire comme dans les Épîtres, I'homme est déclaré profondément coupable, coupable à ce point qu'il ne peut échapper à la punition que par la grâce. Dans ses sacrifices de taureaux, Moïse montre l'exigence de la loi dans ses Psaumes, David exprime le besoin de pardon; dans ses Prophéties, Ésaïe annonce un être mystérieux venant concilier cette justice et ce pardon; jusqu'à ce qu'enfin, dans son Évangile, Jésus-Christ manifeste celte réconciliation sur la croix, où la justice et la grâce se sont embrassées. Dès lors le sacrifice expiatoire est aboli, et dans ses Épîtres Paul ne demande plus aux rachetés que l'offrande vivante et sainte de leur vie consacrée à leur Dieu. Ainsi la notion de sacrifice traverse toute la Bible, en s'y transformant. C'est un vaste édifice qui s'élève toujours plus majestueux: à la base, les sacrifices figuratifs d'animaux institués par Moïse; au centre, le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ, réalisant la figure et auquel tout vient aboutir; au sommet, pour couronne, le sacrifice volontaire de notre volonté à la volonté divine, ou notre sanctification. Voilà le plan dans son ensemble. N'y a-t-il pas unité entre Moïse et les prophètes, Jésus-Christ et les Apôtres? Cette unité n'est-elle pas parfaite, féconde et sainte? Et cependant comment voir là l'oeuvre de l'homme quand on remarque qu'elle a mis tant de siècles à se manifester, Il n'y a pas seulement unité dans cette grande oeuvre de la Bible, il y a de plus progression. Ainsi, dans le sacrifice lui-même dont nous venons de parler, ce n'est d'abord qu'une multitude d'ombres qui témoignent de notre péché; ensuite c'est une grande et unique réalité qui efface nos fautes, accomplit notre salut et nous inspire la reconnaissance; Enfin c'est une vie sainte, affectueuse, divine, répandue dans des milliers d'êtres heureux et purs. Dans le nombre des créatures appelées à cette félicité toujours le développement et le progrès: d'abord, c'est la seule famille d'Abraham. Bientôt, le peuple juif; plus tard, il en doit venir d'orient et d'occident, jusqu'à ce qu'enfin l'apôtre Pierre comprenne que toute la race humaine est conviée au grand salut de Christ et à l'universelle fraternité. Je pourrais vous montrer la correspondance de la Bible non-seulement avec elle-même, mais avec l'histoire du monde, depuis que cette Bible est close; par exemple, les menaces de Moïse s'accomplissant de nos jours sur les Juifs conspués, honnis, persécutés pendant de longs siècles sur toute la terre; la réalisation de ces promesses de Jésus-Christ :<< Cet Évangile sera prêché sur tout le monde habitable. Mes paroles ne passeront point, alors même que vieilliront la terre et les cieux! >> Cette vision de Jean, contemplant un ange qui traverse les espaces pourtant l'Évangile éternel à toutes les nations, dans toutes les langues, vision transformée en réalité vivante de nos jours. Mais je préfère, pour en finir plus brièvement, vous montrer un fruit de cette Bible, si beau, si savoureux que vous soyez contraint de reconnaître que cet arbre croit, fécondé par la divine rosée. Je ne vous dirai pas: Voyez combien la Bible a de partisans, combien de peuples l'ont adoptée combien de prêtres la prêchent, combien de rois la protégent; car vous pourriez me répondre qu'il en est de même des Védas et du Coran; et la Bible eût-elle plus de partisans que tous ces autres codes ensemble, une supériorité de nombre ne suffit pas pour franchir la distance de la terre aux cieux, de l’homme à Dieu. La Bible peut avoir plus de croyants que les livres sacrés de la Turquie et des Indes et cependant être encore un livre humain. – Très bien! Voilà précisément ce que je voulais vous dire. – Vous voyez donc que je vais au-devant de l'objection et que je ne songe pas à l'éluder. Voici donc la différence essentielle entre la Bible et tous les autres livres qui n'en sont pas issus. Védas et Coran ont formé des adeptes, mais la Bible seule a fait des saints. Et, par saints, n'allez pas croire que j'entende des jeûneurs, des ermites, des martyrs de fantaisie... Non. Mais des saints dans le sens primitif de ce mot: des saints, c'est-à-dire des hommes purs, dévoués, humbles, dépensant leurs biens pour les autres, donnant leur temps, leurs peines, leur santé, leur vie sans bruit, sans salaire, sans gloire. Des saints, c'est-à-dire des hommes chastes dans le secret de leur vie, dans leurs pensées, de telle sorte que leur conduite n'est que la conséquence toute naturelle de leurs sentiments. Saints, c'est-à-dire que leur volonté, leurs désirs sont transformés; élevés toujours plus loin de la terre et plus prés du ciel, jusqu'à ce qu'ils puissent dire comme saint Paul: << Je suis pressé de deux cotés, mon désir étant de déloger (partir) pour être avec Christ, ce qui me serait bien meilleur; mais il vous est plus avantageux que je demeure dans cette vie pour votre avancement.>> Ainsi, cette Bible n'a pas seulement mis un culte Esprit et vérité à la place d'un culte matériel; dressé des églises chrétienne là même où jadis s'élevaient des temples païens; détourné les louanges de Jupiter impur sur Jésus-Christ saint. Non, elle a fait plus: elle a transformé, refondu le coeur de milliers et de milliers de créatures. Voilà son oeuvre, voilà ce qu'aucun autre livre humain n'a jamais fait. Votre Coran a mis le glaive à la main de quelques fanatiques; son triomphe a consisté à faire des fatalistes; tout au plus a-t-il répandu une hospitalité de parade connue avant lui. Vos Védas ont fait un peuple immobile, des bourreaux de leur corps, des mangeurs d'herbe, des momies séchant sur place, le bras ou la jambe tendue! Mais des saints, des hommes purs, humbles, dévoués. Non, jamais! Or, si la Bible produit SEULE la sainteté sur la terre, il faut bien en conclure qu'elle a subi l'influence des cieux. Napoléon ROUSSEL © Source: Pompignane -----------------------------------------------------------
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LA
BIBLE ET LA SCIENCE: OPPOSÉES OU COMPLÉMENTAIRES?
Il est aujourd'hui banal de dire que la Science, dans ses applications technologiques, influence notre vie quotidienne, la conditionne même de plus en plus. Les découvertes scientifiques se succèdent à un rythme accéléré. En quarante ans, le chemin parcouru a été plus long. qu'au cours des dix-neuf siècles passés. Qu'il s'agisse de cosmonautes battant des records de séjour dans l'espace, de «bébé-éprouvette», d'informatique envahissant tous les domaines de notre vie: le point de non-retour est atteint. «On n'arrête pas le progrès!» C'est comme un tourbillon qui entraîne toute l'humanité dans une course folle. Pourtant, le best-seller est toujours le même à travers les générations successives: la Bible. Comment un si vieux livre peut-il encore dire quelque chose, à l'heure des missiles et des ordinateurs? LA SCIENCE Par définition, la Science analyse des phénomènes, recherche des causes, essaie d'établir des relations de cause à effet et de formuler des lois. Science signifie connaissance, savoir. La Science a des applications pratiques variées et, que nous le voulions ou non, nous dépendons de plus en plus de la technologie pour notre subsistance, notre confort, notre protection, etc. «Science» est devenu synonyme de progrès, d'évolution. La notion même de progrès confère aux scientifiques contemporains un pouvoir jamais égalé. L'homme n'a-t-il pas marché sur la lune le 21 juillet 1969? Ne joue-t-il pas à l'apprenti sorcier en faisant des manipulations génétiques? Si. la Science a un tel impact, c'est qu'elle s'appuie sur des mythes comme celui-ci: seule la connaissance scientifique est une connaissance véritable, objective. La Science peut devenir une sorte de religion, qu'on appelle scientisme. Autrement dit, elle devient capable de résoudre tous les problèmes de l'homme, de répondre à tous les besoins de celui-ci. La Science déborde son domaine propre, car elle influence la philosophie, la politique et même les idées religieuses. La théorie de l'évolution (en biologie) est presque unanimement acceptée comme vérité, alors qu'elle est invérifiée et invérifiable. Pourtant, la Science connaît des limites: celle de l'objectivité du scientifique, de celui qui observe, qui expérimente; c'est l'État qui finance les chercheurs et les rend dépendants du système. Celle aussi de l'utilisation des recherches, des découvertes, qui pose des problèmes éthiques (fin militaires, thérapeutiques, ...). Nous sommes donc devant un paradoxe: d'une part, un essor prodigieux de la science et un progrès que rien ne semble devoir arrêter; d'autre part, une inquiétude croissante devant l'emprise de la Science sur notre vie et un sentiment de dépersonnalisation, d'aliénation, d'avenir sans but. Pourquoi? Parce que la Science, bien que nous donnant une certaine connaissance du monde et de nous-mêmes, ne répond pas à nos aspirations profondes, à notre soif d'absolu. Malgré les Immenses progrès scientifiques, l'homme est toujours le même: joie, tristesse, désespoir, amour, espérance, peur, mort, sont le lot de toute vie humaine. Qu'en dit la Bible? LA BIBLE La Bible nous montre l'homme tel qu'il est et nous dit que cet homme a une valeur, en tant qu'individu, car Dieu l'a créé à son image (Genèse 1.27). Cette connaissance que la Bible nous donne de nous-mêmes est objective, puisque donnée par Dieu: elle est révélation. La Bible parle aussi de notre monde, de son origine et de sa destinée. Y-a-t-il alors opposition entre la Bible et la Science, au sujet de la connaissance qu'elles nous donnent? Pour certains, elles ne se situent pas sur le même plan, donc il n'y a pas conflit, c'est la neutralité. Si la Bible ne prétend pas être un livre de Science, elle manifeste en certains points une exactitude scientifique étonnante (par exemple: nombre incommensurable des étoiles, Jérémie 13.32, 1 Cor. 15.41 ; cycle de l'eau, Job 36.27-28). La réciproque est vraie: la Science a confirmé les Écrits bibliques avec l'archéologie: ruines de Babylone, manuscrits de la mer Morte. Mais la Bible va plus loin que la Science. Car elle envisage l'homme, non seulement dans ses dimensions charnelle et mentale, mais aussi dans sa dimension spirituelle. La Bible parle d'esprit, de Saint-Esprit. La vision que nous donne la Bible est remarquable, car elle est indépendante du contexte culturel et sociologique. Ce qu'elle affirme est valable pour tous les siècles, pour toutes les générations, y compris la nôtre, marquée par l'athéisme, le matérialisme, le scientisme; ce qui n'était pas le cas il y a quelques siècles seulement. La Bible nous interpelle tous. Elle nous invite à sortir du cercle en nous amenant à croire que quelque chose d'extraordinaire peut se produire dans notre vie. La source de nos maux, de nos problèmes, de notre insatisfaction n'est pas dans la société, dans le système politique ou chez les autres, mais en nous-mêmes. Ce mal, la Bible l'appelle péché. C'est un mal mortel, aux yeux de Dieu; mais il y a un moyen de salut. Quelle est votre attitude vis-à-vis de Dieu, vis-à-vis de son Fils Jésus-Christ venu sur terre pour nous montrer qui est Dieu et pour s'offrir notre salut? Avez-vous reconnu que Dieu a raison et que vous avez tort, c'est-à-dire vous êtes-vous repenti? Avez-vous mis votre confiance en Dieu? Il ne s'agit pas d'échappatoire mais de vie nouvelle, de vraie vie. Il y a un danger à mettre toute sa confiance dans la Science: celui de passer à côté du but. La Science a des limites. Elle cherche à répondre au «comment» des choses; ses postulats et ses méthodes l'empêchent de répondre au «pourquoi». La Bible elle, répond au «pourquoi». Elle nous invite à aller plus loin, à réfléchir à notre condition d'homme et à garder notre point de référence en Dieu, même si nous sommes scientifiques. La Bible va au-delà de la Science. Philippe MICHAUT Maître-assistant en biologie à l'Université de Dijon. © Promesses 1984 - 2 / No 70
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LA
BIBLE ET LES LIVRES APOCRYPHES
La Bible se compose de deux ensembles d'écrits: le Nouveau Testament, proche de nous dans le temps, relate la vie et l'oeuvre de Jésus-Christ et de ses apôtres, l'Ancien Testament retrace, en particulier, l'histoire du peuple juif choisi par Dieu pour se révéler aux hommes. Le texte de l'Ancien Testament nous a donc été transmis par l'intermédiaire d'Israël. Pour l'essentiel, les traductions dites protestantes et catholiques sont faites à partir des mêmes manuscrits. Toutefois, certaines de ces traductions de la Bible renferment dans le cadre de l'Ancien Testament quelques écrits (au nombre de huit, plus quelques fragments) dont la particularité est de n'avoir jamais appartenu, de près ou de loin, au texte hébreu de la Bible. L'Église Catholique les considère comme «deutéro-canoniques» (c'est-à-dire faisant partie d'une seconde norme). Il s'agit des livres de Judith, Tobie, 1 et 2 Macchabées, la Sagesse, l'Ecclésiastique ou Siracide, Baruch, une lettre prétendument de Jérémie, et des fragments d'Esther et de Daniel. On ne sait s'ils furent écrits initialement en hébreu ou en grec. À cause de leur origine obscure, ces livres sont appelés «Apocryphes», du grec, que le dictionnaire Bailly traduit ainsi: «soustraits aux regards, cachés, secrets; en parlant des livres saints non canoniques, apocryphes veut dire tenus cachés, non lus dans les synagogues ou dans les églises». Certaines éditions de la Bible ne comprennent donc, pour l'Ancien Testament, que la traduction des seuls manuscrits hébraïques, alors que d'autres: 1) ajoutent à ces mêmes manuscrits des écrits qui leur sont étrangers, 2) accompagnent les récits bibliques (et extra-bibliques) de tout un assortiment d'introductions et d'annotations de tous ordres, cela étant vrai pour l'Ancien Testament et pour le Nouveau. Ici, nous abordons le premier problème. Le deuxième sera traité séparément. ORIGINE DES LIVRES DITS DEUTÉRO-CANONIQUES OU APOCRYPHES Le peuple juif, dépositaire du texte saint, n'a jamais reçu les apocryphes comme étant des livres d'origine divine. Pour Israël, ces écrits ne sont rien d'autre que des ouvrages de piété ou d'histoire, assez contestés d'ailleurs. N'ayant donc jamais considéré les apocryphes comme inspirés de Dieu, Israël n'en a pas fait usage dans son culte. Sa foi et sa vie religieuse étaient nourries par «la Loi, les Prophètes et les Écrits», soit les trente-neuf livres composant l'Ancien Testament, à l'exclusion de tous les autres. DIFFUSION Longtemps (quelque deux cent cinquante ans) après la communication à Israël du message de Malachie, le dernier de ses prophètes, soixante-douze Juifs d'Alexandrie, en Égypte, ont entrepris de traduire en grec l'Ancien Testament. Leur travail est connu sous le nom de «Version des Septante» (qui aurait été achevée vers cent cinquante avant Jésus-Christ). Au texte de l'Ancien Testament tel qu'il était conservé par Israël, le «peuple du Livre», lis ajoutèrent les écrits qui font l'objet de la présente information. Le fait est que par le moyen de cette version grecque «augmentée» les écrits apocryphes ont été introduits dans la Vulgate (382-420), traduction latine réalisée par saint Jérôme, et par elle dans toutes les éditions anciennes et récentes de la Bible jusqu'au début du 19e siècle. APPRÉCIATION 1) Identifier des Apocryphes à la Parole de Dieu est lourd de conséquences, tant pour soi que pour autrui. Une telle décision va à l'encontre des faits que nous relevons ici, notamment: a) Cette identification est contraire aux affirmations consignées par certains auteurs des livres litigieux. Voici, à titre d'exemple, l'appréciation portée par l'auteur, sur son oeuvre, de 1 Macchabées: 15, v. 38, version de Jérusalem «Si la composition en est bonne et réussie, c'est aussi ce que j'ai voulu. A-t-elle peu de valeur et ne dépasse-t-elle pas la médiocrité? C'est tout ce que j'ai pu faire». b) Cette identification est encore contraire à la pensée même de saint Jérôme, traducteur de la Vulgate, qui contestait la valeur de ces textes ajoutés à la Bible. c) Cette identification est enfin et SURTOUT, contraire à la pensée de Dieu qui a attribué à Israël un rôle unique dans la communication de sa Parole aux hommes. Il est notoire que le peuple hébreu, dépositaire du texte sacré, a scrupuleusement veillé à sa transmission fidèle. L'apôtre Paul rend témoignage que c'est aux Juifs qu'ont été confiés les oracles de Dieu (Rom. 3:2). À aucun moment, ni les prophètes, ni Jésus, ni les apôtres ne remettent en cause le souci d'Israël de conserver ce précieux dépôt, dont les Apocryphes ne font pas partie. 2) Ce n'est pas sans raison qu'on élève au rang de «Parole de Dieu» des textes que le peuple de Dieu n'a jamais pu reconnaître comme tels. Cela ne peut être expliqué que par la nécessité de trouver une justification à des doctrines et des pratiques étrangères à la pensée biblique. Il s'agit, par exemple, de l'intercession des anges et des saints (Tobie 12:12; 2 Macchabées 15:14; Baruc 3:4); de la rédemption des âmes après la mort (2 Macchabées 12-42-46); du Salut par les oeuvres selon Ecclésiastique 3:3 «Celui qui honore son père expie ses fautes», et Tobie 12:9 «l'aumône sauve de la mort, et elle purifie de tout péché», etc. Que dire des solennelles paroles d'Apocalypse 22:18-19? «Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre: Si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre...» Évidemment, elles concernent tout d'abord le dernier livre du Nouveau Testament, mais elles sont valables pour toute l'Écriture. Ces deux versets avertissent tout homme des risques encourus par celui qui altère le Livre, en ajoutant à la Révélation divine, ou en retranchant quoi que ce soit.
EN CONCLUSION Chercher à connaître Dieu suppose que l'on se met à l'écoute de ce qu'il a dit. Or sa pensée exprimée en langage d'homme se trouve consignée dans la Bible, Parole de Dieu aux hommes. Il faut veiller sur l'Écriture et encore plus sur l'usage que les hommes en font. La Bible plus (ou moins) autre chose, n'est plus, à vrai dire, la Bible. Puisse votre lecture de la Bible vous conduire à chercher la face de Dieu au travers des pages de Son Livre, à l'exclusion de tout écrit étranger. Victor Rodriguez© Promesses 1983 - 3 / No 67 -----------------------------------------------------------
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BIBLE
ET PSYCHOLOGIE, UN MARIAGE IMPOSSIBLE
Nous vivons dans une civilisation post-chrétienne caractérisée par une abondance de biens matériels assortie d'une grande insatisfaction et d'une angoisse existentielle croissante. Le sentiment d'insécurité est encore aggravé par l'augmentation de la violence, de l'injustice et du désordre, contre lesquels les autorités semblent impuissantes. Dans ce contexte difficile on constate un accroissement des maladies psychosomatiques au point que la remarque plaisante du Docteur Knock devient une réalité: «Un homme en bonne santé est un malade qui s'ignore.» Réplique célèbre du docteur Knock tirée d'une pièce de théâtre de Jules Romains (1885-1972), intitulée «Knock» (1923) Il n'est pas étonnant que, dans ces conditions, le coût de la santé croisse exponentiellement et que tous ceux qui ont un pouvoir réel ou imaginaire de soulager l'humanité trouvent abondance de clients. Dans les Églises, les études bibliques sont désertées au profit de réunions où «l'ambiance» devient primordiale. Ceux qui s'occupent de «relation d'aide» sont largement sollicités. Diverses organisations religieuses offrent quantité de conférences et de séminaires en relation avec les problèmes sociaux, conjugaux, familiaux, éducatifs, etc. Ceux qui les donnent, comme ceux qui les suivent, ont le souci d'aider à résoudre les problèmes du prochain et parfois aussi les leurs. C'est très bien quand l'enseignement donné est essentiellement basé sur la Bible et que les sciences humaines ne sont que des moyens de mettre en valeur ce qu'elle dit. Hélas, ce n'est pas toujours le cas et il arrive fréquemment que la psychologie prenne une place démesurée dans la relation d'aide. On sait que les fondateurs de cette science, Freud, Jung, Adler et bien d'autres, n'étaient pas chrétiens et que, sous un langage presque religieux (Jung) Karl-Gustav JUNG, médecin et psychologue suisse né à Kesswil (1875-1961). Fils de pasteur, familier du langage biblique, il a fait de la psychologie une espèce de nouvelle révélation dans laquelle le MOI est la nouvelle divinité. Voici un court passage d'un livre intitulé «L'idolâtrie du moi»: Dès les années 1940, l'image jungienne de Dieu «améliorée» (c'est-à-dire le MOI), incluait en elle non seulement le mal, mais la matière et le féminin, sous prétexte qu'ils forment une sorte de «trinité inférieure» exclue de la Divinité par le patriarcat. Ces concepts ont fini par trouver un écho dans les théologies modernes prétendument chrétiennes, sous forme d'adoration de la nature («la terre est le corps de Dieu»), de liturgies, de «cultes aux déesses» (adoration du féminin), et de tolérance à l'égard de styles de vie alternatifs en bref, tout cela correspond au monde, à la chair et au diable (page 43). Ce livre est une étude intéressante de la psychologie de Jung. «L'idolâtrie du moi», par Jeffrey Satinover, Éditions Raphaël, case postale 1, CH-1801 Le Mont-Pèlerin, 84 pages, ils distillent souvent un poison subtil. C'est d'autant plus dangereux qu'une partie de la psychologie est utile, par exemple, comme auxiliaire de la pédagogie. Le Seigneur Jésus, dans son enseignement, a toujours fait preuve d'un grand sens psychologique. Il suffit pour s'en convaincre de relire, dans les Évangiles, les entretiens qu'il a eus avec diverses personnes. L'apôtre Paul exhorte les Colossiens à faire preuve de ce même sens psychologique lorsqu'il écrit: «Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment vous devez répondre à chacun.» (Col 4:6). Une psychologie dangereuse Aujourd'hui, la psychologie a une très grande audience. Il y a seulement 50 ans, on ne trouvait des psychologues que dans les grandes villes. Ils représentaient une infime minorité du corps médical. Maintenant, les cabinets des psychologues abondent partout. C'est un signe du mal-être général de la population, d'une part, et de l'importance exagérée que cette science a prise dans notre culture occidentale déchristianisée, d'autre part. Ce sont des psychologues eux-mêmes qui tirent la sonnette d'alarme, car ils connaissent mieux que personne les limites de leur science et les abus qu'elle engendre. Lors d'attentats ou d'accidents impliquant plusieurs personnes, les rescapés sont «aidés» par des psychologues. Par exemple, après la chute du MD 111 de Swissair dans l'Atlantique, à proximité des côtes du Canada, cette compagnie d'aviation a invité les proches des victimes à visiter les lieux du drame. Des psychologues se tenaient à disposition des personnes endeuillées et ont remis à chacune d'entre elles un ours en peluche à serrer sur son coeur pour les aider à supporter l'émotion du moment. Chacun de nous a pu lire cet épisode dans nos journaux ou le voir à la télévision. N'est-ce pas une illustration dramatique des limites de la psychologie? La psychologie est dangereuse quand elle se présente comme une alliée de l'enseignement biblique. Dans un livre intitulé «Séduction psychologique», le psychologue William Kirk KilpatricK «Séduction psychologique» est un livre de William Kirk Kilpatrick qui est professeur associé de psychologie éducative à Boston Collège. Ce livre de 284 pages est chaudement recommandé à ceux qui s'intéressent à l'échec de la psychologie moderne. Édition en français par le Centre Biblique Européen, case postale 2386, CH1222 Lausanne. écrit: «La véritable difficulté est de distinguer la foi en Dieu et la foi en la psychologie. En fait, quand les gens apprennent que je m'occupe à la fois de psychologie et de christianisme, ils présument généralement que je travaille à une synthèse destinée à les réunir, à rassembler les quelques différences restantes possibles. – La psychologie et la religion ne sont-elles pas simplement deux façons d'arriver à la même chose? – C'est là une question que j'entends souvent. Il est vrai que la psychologie moderne a beaucoup de points communs avec la religion orientale; en fait, une fusion est en train de s'opérer. Mais si vous parlez de christianisme, il est beaucoup plus juste de dire que la psychologie et la religion sont deux fois rivales. Si l'on tient sérieusement à l'un de ces ensembles de valeurs, il faudra logiquement rejeter l'autre... L'attrait que la psychologie exerce sur les chrétiens et sur les non-chrétiens est complexe. Il est difficile de s'en rendre compte si on ne comprend pas que c'est fondamentalement un attrait religieux, car il est vrai que la psychologie possède un vernis de christianisme. Non pas de christianisme doctrinal, bien entendu. La plupart des psychologues y sont hostiles et assez naturellement les non-chrétiens le sont également. Néanmoins, il existe une certaine note de christianisme dans ce que dit et fait la psychologie: échos d'amour pour son prochain comme pour soi-même, la promesse d'une plénitude de l'être entier, le soin d'éviter de juger les autres. Ces idées sont attirantes pour bien des personnes quelle que soit leur foi. Mais comme bien des contrefaçons, la psychologie populaire ne tient pas ses promesses. Au contraire, elle éloigne à la fois les chrétiens et les non-chrétiens de ce qui est leur devoir ou leur conduite. C'est une séduction selon le sens étymologique du mot (lat. seducere, conduire à l'écart.)» (fin de citation) Séduction psychologique, citations extraites des pages 12 et 14. Après l'avis d'un psychologue, voici celui de deux pasteurs: «Notre époque est marquée par l'influence de la psychologie séculière dans l'Église. Contrairement à 2 Tim. 3:16-17, la Bible n'est plus suffisante pour servir de base à la relation d'aide. On a besoin de la psychothérapie. On ne compte plus sur le Saint-Esprit pour qu'il produise les changements nécessaires dans la vie des croyants. Les anciens ne sont plus compétents pour conseiller. Ils doivent envoyer les chrétiens à des psychothérapeutes. Cela en dépit du fait que Dieu nous a donné dans sa Parole et par le Saint-Esprit, tout ce qui est nécessaire à la vie et à la piété (2 Pierre 1: 3).» Citation tirée de «L'invasion de la psychologie dans l'Église» par William Mac Donald et Rany Amos, page 5. Il s'agit d'un traité de 24 pages donnant un aperçu du problème. C'est le minimum de ce qu'il faudrait avoir lu sur le sujet. Éditeurs: Service d'orientation biblique, Plaza Laval, 2750, chemin de Sainte-Foy, Sainte-Foy, Québec GIV IV6 «Certains enseignent qu'il faut prendre ce qui est bon chez les psychologues incrédules et l'adapter à la Bible. Mais ceux qui agissent ainsi oublient qu'il ne suffit pas de citer quelques textes bibliques, qui donnent une saveur évangélique à un enseignement provenant d'incrédules, pour que cet enseignement soit conforme à la pensée de Dieu. Ce qui est grave, c'est que cette psychologie au goût du jour n'est au fond que de l'humanisme déguisé. L'homme veut être au centre et occuper ainsi la place qui revient à Dieu.» Citation tirée de la préface du livre «La psychologie et la Bible... un bien triste mariage», par M. et D. Bobgan, page 6. Cet ouvrage de 118 pages en gros caractères se lit facilement et traite de plusieurs aspects de la psychologie. Recommandé à ceux qui veulent avoir une bonne idée des dangers de la psychologie. Mêmes éditeurs que ci-dessus comme nous l'avons dit plus haut, tout n'est pas mauvais dans la psychologie. Elle constitue un des éléments de la pédagogie, et l'Ecclésiaste, comme l'auteur des Proverbes, ont fait de la bonne psychologie sans le savoir et bien avant ceux qui prétendent en être les inventeurs. Le danger de la psychologie provient justement du mélange entre le bon et le mauvais. Ce qui est bon en elle représente l'appât destiné à attirer le poisson. Encore faut-il savoir, quand on parle de psychologie, de quelle psychologie il est question, car il est impossible de faire le tour de tous les procédés psychologiques imaginés à ce jour. En 1978, une statistique américaine en recensait plus de 4000. Renseignement tiré du livre «Psychothérapie ou cure d'âme biblique» par R Antholzer, page 53. Ce livre de 71 pages fait une comparaison intéressante entre la psychothérapie et la cure d'âme biblique. L'auteur, Roland Antholzer, est psychologue diplômé de l'université de Tubingen, où il se convertit à Jésus-Christ. Éditeurs: La Maison de la Bible, Genève Comment alors s'y retrouver quand, comme l'auteur de cet article, on n'est pas un spécialiste? En tant que chrétiens dont la foi est fondée sur la Bible seule, nous pouvons comparer les enseignements de la psychologie à ceux de l'Écriture Sainte et rejeter purement et simplement tout ce qui est en contradiction avec ce que Dieu nous dit dans sa Parole. Nous serons sans doute traités d'intégristes, de fondamentalistes, d'obscurantistes, de vieilles barbes réactionnaires, et de bien d'autres épithètes malsonnantes. Ce sont les «éloges» que le monde décerne habituellement à ceux qui prennent la Bible pour référence. Enseignements psychologiques inacceptables La théorie psychologique de «l'estime de soi» est un des principaux chapitres qu'on trouve généralement sous une forme ou sous une autre dans la plupart des techniques psychologiques destinées à nous assurer l'équilibre et le bonheur. La psychologie humaniste qui place l'homme au centre de ses préoccupations souligne l'importance du MOI. La réalisation de soi est le but recherché et l'estime de soi en est le chemin. C'est la nouvelle terre promise. Plus l'Église donne de place à la psychologie, plus son centre de référence passe de Dieu au MOI. Il y a environ 35 ans que, pour la première fois, j'ai entendu un pasteur dire que pour aimer son prochain comme soi-même, il est nécessaire de commencer par s'aimer soi-même. À l'époque j'avais cru à une plaisanterie, tellement il me paraissait absurde de modifier le commandement de Dieu de cette manière. Il m'avait toujours semblé, et je persiste à le croire encore, qu'aimer son prochain comme soi-même, c'est faire pour lui dans tous les cas ce qu'on ferait pour soi. La Bible ne dit-elle pas que «Personne n'a jamais haï sa propre chair; mais il la nourrit et en prend soin.» (Eph 5:29)? La psychologie objecte que beaucoup de personnes sont malheureuses parce qu'elles ne s'estiment pas assez et qu'elles se considèrent incapables de faire ce que font les autres. En un mot, elles s'auto-dénigrent. Ce manque d'estime de soi, disent les psychologues, est la cause de la plupart des problèmes de comportement. C'est un fait que la plupart des personnes qui suivent un traitement psychologique se plaignent d'être malheureuses et incomprises, négligées par les autres du fait de leur insignifiance. Mais, est-ce là l'indice d'un manque d'estime de soi? N'est-ce pas plutôt un désir d'être reconnu, félicité, flatté? En proclamant sa propre nullité, n'est-ce pas un moyen de susciter des éloges: «Mais non, tu n'es pas rien. Tu es quelqu'un de très bien. Des milliers de personnes aimeraient savoir ce que tu sais et avoir les capacités que tu as, etc.» Le manque d'estime de soi n'est souvent rien d'autre qu'une collection de pensées centrées sur soi-même et même un excès d'estime de soi camouflé sous des apparences d'humilité. Les enseignants – qui brassent la pâte humaine – côtoient tous les genres et ont plus de soucis avec les élèves trop pleins d'eux-mêmes, qui compensent leur médiocrité par des prétentions exagérées et des revendications continuelles. L'excès de modestie, si ça se trouve, est plus supportable et bien moins dommageable que l'excès d'estime de soi. Dans ce domaine, l'équilibre est atteint quand la personne connaît à la fois ses potentialités et ses limites. Satan n'a pas péché par manque d'estime de soi, mais par l'opposé: l'orgueil (Ezéch. 28:15-18). L'orgueil est le péché primordial, celui auquel on échappe avec peine. C'est pourquoi Paul ordonne de ne pas nommer comme ancien un nouveau converti, de peur qu'enflé d'orgueil il ne tombe sous le même jugement que le Diable (1 Tim. 3:6). Or l'estime exagérée de soi n'est rien d'autre que de l'orgueil. Ne dit-on pas en plaisantant que, pour faire fortune, il faudrait acheter les gens pour ce qu'ils valent et les vendre pour ce qu'ils s'estiment? La sagesse populaire est plus réaliste que celle de certains psychologues. Dans Romains 12:3, Paul déclare: «Je le dis à vous tous: n'ayez pas une opinion de vous-mêmes plus haute qu'il ne faut. Ayez au contraire des pensées modestes, que chacun de vous s'estime d'après la part de foi que Dieu lui a donnée.» Voir aussi Galates 6:3: «Si quelqu'un pense être quelque chose, alors qu'il n'est rien, il s'illusionne lui-même.» Corollaires de l'estime de soi exagérée. Les psychologues qui encouragent le développement de l'estime de soi incitent les gens à affirmer leur MOI. Jacques Poujol, pasteur et psychologue, a dit, lors d'un culte à l'Église Libre de la Chaux-de-Fonds: «Le but à atteindre est de devenir chaque jour nous-mêmes, de devenir sujet, de devenir JE. Pouvoir dire très fort JE par rapport au Seigneur. Dieu ne veut pas faire de nous des zombies. Nous devons donc nous appliquer à devenir ce que nous sommes. Le but à atteindre de toute ma vie est devenir MOI-MÊME. Si je passe ma vie à vouloir mourir à moi-même, qui va exister à la place de MOI? (une voix dans l'Église a crié: JÉSUS)... Jésus a déjà existé. Excusez-moi, non, c'est MOI qui dois exister. C'est JE qui doit exister» Extrait d'une cassette du message donné le dimanche le 1er novembre 1998 à l'Église Évangélique Libre de la Chaux-de-Fonds par le pasteur Jacques Poujol. Voilà un très bon exemple du mélange de vérité et de mensonge. Il est vrai que Dieu ne veut pas faire de nous des zombies et que nous devons nous appliquer à devenir ce que nous sommes. Tout le reste est faux, et la partie vraie ne l'est que si nous sommes nés de nouveau. On trouve dans les paroles de Jacques Poujol citées plus haut l'écho subtil de la voix du tentateur: «vous serez comme des dieux». C'est la tentation toujours répétée de l'autonomie par rapport à Dieu. Comment concilier ses propos avec les Paroles de Jésus: «Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive. Quiconque en effet voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi la trouvera.» (Mat. 16:24-25)? ou encore: «Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire. Faites donc mourir votre nature terrestre...» (Col. 3:3-5) «Je suis crucifié avec Christ, et ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi; ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu.» (Gal. 2:20). D'autre part, la Bible nous présente Jésus comme un modèle à imiter. C'est dans la ressemblance à Christ que nous nous réalisons pleinement! Ceux que Dieu a connus d'avance, il les a prédestinés à être semblables à l'image de son Fils, afin qu'il soit le premier-né d'un grand nombre de frères (Rom. 8:29). C'est quand nous sommes esclaves de Satan que nous sommes des zombies, mais l'esclave de Dieu est libre. «Vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché qui conduit à la mort, soit de l'obéissance qui conduit à la justice... Mais maintenant libérés du péché et esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sanctification et pour fin la vie éternelle.» (Rom 6:16 et 22). Le but à atteindre, c'est de ressembler à notre modèle, c'est-à-dire à Christ. Notre personnalité est accomplie à partir du moment où nous lui ressemblons totalement et où nous pouvons dire: Ce n'est plus moi qui vis. Cela arrive progressivement. En effet, «nous tous qui, le visage dévoilé, reflétons comme un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par l'Esprit du Seigneur.» (2 Cor 3:18). C'est donc tout autre chose que ce que propose la psychologie humaniste qui préconise le développement du MOI. Des blessures qui ne guérissent pas La psychologie humaniste nous informe que nous sommes blessés et traumatisés par toutes sortes d'agressions extérieures. D'après Jacques Poujol, notre expulsion de l'utérus maternel est la première blessure grave qui nous est infligée. Cette expulsion créerait en nous une névrose dont on ne se remet jamais complètement. De plus, notre guérison est freinée par toutes les blessures que nous infligent notre entourage, parents, frères et soeurs, instituteurs, patrons, etc. Il y a une part de vérité dans ces affirmations parce que nous vivons dans un monde marqué par le péché. Nous ne pouvons éviter d'en subir les conséquences. L'erreur principale de la psychologie humaniste dans ce domaine est de croire que l'homme naît bon et que c'est la société mauvaise qui nous rend mauvais et méchants. Si c'était vrai, nous ne serions en rien responsables du péché et des blessures dont nous souffrons. Pour ce système, ce sont les autres qui sont coupables. Nous sommes des victimes dégagées de toute responsabilité, de sorte que ces blessures nous font d'autant plus mal. Il ne vient pas à l'idée de ces psychologues que l'excès d'estime de soi et l'hypertrophie du MOI aggravent notre sensibilité à ce que nous considérons comme des injustices. Aucune blessure ne fait souffrir un mort, mais la moindre égratignure est terriblement douloureuse pour un écorché vif. Il en est de même dans le domaine spirituel. Plus nous sommes morts à nous-mêmes, moins nous sommes sensibles aux blessures d'amour-propre. Plus nous nous estimons nous-mêmes, plus nous souffrons de n'être pas reconnus à notre prétendue vraie valeur. Finalement, la psychologie présentée ci-dessus ne fait qu'augmenter le malaise des gens en proposant des remèdes pires que le mal. En d'autres termes, c'est un «autre Évangile» (Gal 1: 8 et 9). J.-C. Nicolet © La Bonne Nouvelle No 1 / 2000
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LA
BIBLE, EXCLUSIVE ET TOUTE SUFFISANTE
La tendance actuelle, même dans nos milieux évangéliques, est de confondre tolérance et compassion. La première ne se trouve nulle part dans la Bible alors que notre Seigneur, la Parole faite chair, est l'exemple partait de la seconde. Ainsi au nom de la tolérance on en vient gentiment à relativiser les doctrines les plus essentielles de la foi chrétienne. Et pour ce faire on est obligé de toucher, consciemment ou inconsciemment, au caractère exclusif, normatif et pleinement suffisant de la Bible, Parole infaillible de Dieu. C'est pourquoi il m'a paru important, dans ce contexte de tolérance, d'aborder le sujet de «La Bible, exclusive et toute suffisante». Que faire face à un monde et une prétendue église qui tolère toutes les formes de religiosité et de spiritualité aussi longtemps qu'elles n'enseignent pas de dogmes exclusifs? La tentation est forte de céder au relativisme ambiant, enclins que nous sommes par notre coeur à rechercher la respectabilité, la reconnaissance publique plutôt que le rejet et la moquerie. Pourtant si nous voulons marcher à la suite des prophètes, du Seigneur, des apôtres et des bons chrétiens qui nous ont précédés dans l'histoire, nous devrons nous souvenir du lot qui fut souvent le leur dans ce monde. Jean 15: 18-21: «Si le monde a de la haine pour vous, sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui; mais parce que vous n'êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde a de la haine pour vous. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite: Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s'ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais tout cela ils vous le feront à cause de mon nom, parce qu'ils ne connaissent pas celui qui m'a envoyé.» Notre responsabilité actuelle est donc de tenir ferme sur la doctrine de l'exclusivité et de la toute suffisance de l'Écriture, car c'est là que se mène le combat parmi les évangéliques aujourd'hui; et comme le disait Luther: «C'est là où la bataille fait rage que se trouve la loyauté du soldat, et tenir ferme sur tout le reste du front n'est que fuite et déshonneur si l'on flanche sur ce point-là». l. L'heure du bilan Au risque de vous surprendre, j'aimerais tenter de vous montrer comment deux courants théologiques en général opposés sur le terrain, et apparemment très lointains l'un de l'autre, ont en fait le même problème de base. Une incompréhension envers la nature de l'Écriture sainte. Le premier de ces courants se caractérise par des phrases telles que celle-ci: «En matière de religion, chacun a sa vérité. Peu importe Ce que tu Crois pourvu que Cela te fasse du bien. De toute façon toutes les religions conduisent à Dieu.» C'est la pensée répandue dans le modernisme théologique. Elle naît d'une relativisation de l'autorité de la Parole de Dieu et d'un manque de foi au caractère normatif de l'Écriture. Elle place la raison humaine au-dessus de l'Écriture. Quand ce modernisme est exprimé de façon si massive il n'y a aucun problème à le détecter et à le dénoncer. Ce qui est dangereux pour nous, ce sont ses germes, plus subtils qui peuvent habiter notre propre pensée. Lequel d'entre nous ne s'est pas surpris un jour à relativiser la portée universelle du juge ment de Dieu, alors qu'il se trouvait face à une personne qui jouait la corde sensible de l'amour de Dieu. Pourtant le développement des 3 premiers chapitres de l'épître aux Romains est tout à fait clair. Il se termine par cette déclaration: Rom. 3: 9-12 «. . . nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l'empire du péché, selon qu'il est écrit: Il n'y a point de juste. Pas même un seul. Nul n'est intelligent, nul ne cherche Dieu. Tous sont égarés, ensemble ils sont pervertis. Il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul. . .» Le second de ces courants est encore plus familier. C'est celui du «sentimentalisme non doctrinal évangélique». Il est caractérisé par une phrase qui, au premier abord, paraît très spirituelle, mais qui en fin de compte porte atteinte au caractère normatif et exclusif de l'Écriture sainte. La voici: «Ce qui compte c'est ce que nous avons là, dans le coeur, et non pas nos divergences doctrinales». Que répondre à une telle phrase? Si vous acquiescez, vous cautionnez le flou doctrinal. Si vous répondez par la négative votre interlocuteur vous taxera d'intellectualiste mort. Discernons d'abord quel est le problème énoncé par une telle proposition: Une accentuation de l'expérience au détriment de la doctrine. Une surévaluation de l'événement actuel (ce que je vis dans mon «coeur») par rapport à l'événement combien plus important de l'inspiration de l'Écriture. Une priorité du sentiment sur l'intelligence. Ce sentimentalisme évangélique est donc une position très subtile. Sous couvert d'hyperspiritualité il relativise la révélation que Dieu nous a donnée dans sa Parole. Et sans juger du coeur des personnes qui tiennent l'un ou l'autre de ces discours, constatez avec moi comment ces deux positions, apparemment très éloignées, se rejoignent sur un point: un rejet du caractère normatif, exclusif et tout suffisant de la Parole de Dieu. Pour le modernisme, un rejet en faveur de la raison. Pour l'évangélisme événementiel, émotionnel, un rejet en faveur du sentiment. Mais dans les deux cas il y a une négation de l'autorité de l'Écriture et de son caractère normatif et infaillible. Pourquoi? Parce que si c'est la raison ou le sentiment de l'homme qui décide de ce qui est acceptable, la Bible devient un livre variable en fonction de nos préférences. On en arrive donc à lui faire dire «tout et son contraire». Et que ferait le mathématicien d'un manuel dont les théorèmes conduisent chaque fois à des résultats différents en fonction du savant qui l'emploie? C'est à cela que conduisent tant le modernisme que l'évangélisme sentimental non doctrinal. Nous le constatons déjà dans certaines églises. La lecture de la Parole de Dieu et la prédication de celle-ci occupent de moins en moins de place dans le culte. La référence à l'Écriture Sainte devient absente des discussions. Le culte de famille disparaît des foyers... Que faire pour contrer ce problème? Redéfinir ensemble ce qu'est l'Écriture Sainte et la façon dont Dieu a parlé. Il. Dieu s'est révélé La Bible est «révélation de Dieu» et s'affirme comme telle. L'apôtre Pierre déclare que l'Esprit de Dieu veille sur les auteurs sacrés afin qu'ils parlent de la part de Dieu. «Avant tout sachez qu'aucune prophétie de l'Écriture ne peut être un objet d'interprétation particulière, car ce n'est nullement par une volonté humaine qu'une prophétie a jamais été présentée, mais c'est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu.» II Pierre 1: 20-21. Jean 1: 14: «La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme du Fils unique venu du Père.» Première vérité: Dieu s'est révélé. Il nous est donc interdit d'accepter toute spiritualité et recherche de Dieu comme équivalente. Cela nous empêche aussi d'affirmer que toute expérience mystique soit bonne car il y a une norme selon laquelle tout doit être jugé. III. Dieu s'est révélé de façon cohérente et compréhensible 1) Le message de la Bible est cohérent L'Écriture n'est pas un amalgame de récits sans lien les uns avec les autres. Elle contient un message central qui peut se résumer en trois mots: «Création, Chute, Rédemption». Les auteurs citent leurs prédécesseurs en leur accordant une grande autorité. Christ déclare que sa venue accomplit la prophétie d'Ésaïe, Luc 4: 1 7-21. Les thèmes se retrouvent et se développent peu à peu jusqu'à leur plein épanouissement. Pensez simplement à celui de l'agneau et du sacrifice sanglant. L'Écriture est comprise dans son ensemble et en tenant compte des grandes lignes de son message. Avant d'appliquer un texte à votre vie, examinez son contexte avec soin. Le sens qu'il a dans l'ensemble de l'Écriture. Qui l'a prononcé, à qui est-il adressé et dans quel but. Vous éviterez ainsi le travers de vous approprier par exemple des jugements portés contre les pharisiens, des paroles comme celles des amis de Job qui furent en définitive condamnées par Dieu. . . Cette cohérence rend impossible toutes affirmations contradictoires dans la Bible. Bien sûr il faut distinguer entre contradictions et vérités qui dépassent notre entendement pécheur si souvent obscurci. Il existe de nombreuses vérités que nous ne pouvons pas cerner totalement. (Trinité, deux natures de Christ en un seul homme, élection et responsabilité). Mais elles ne doivent pas être considérées comme contradictoires. Ce sont des démonstrations de la grandeur de Dieu dont la sagesse et l'intelligence nous dépassent infiniment. 2) Le message de la Bible est compréhensible Dieu s'est abaissé et s'est exprimé en tenant compte de nos limitations humaines. Cette accommodation de Dieu est un fait extraordinaire que nous ne pouvons pas oublier. Il s'est soumis aux règles de grammaire et de style en usage. C'est une maladie de notre temps que de relativiser la clarté de l'Écriture. Certes nous sommes pécheurs et pouvons être mal affermis au point de tordre le sens de l'Écriture. Mais la Parole de Dieu est claire et compréhensible. Gardons-nous de nous servir de l'Écriture pour justifier nos sentiments et nos expériences de toutes sortes au lieu de la servir en nous efforçant de la comprendre avec l'intelligence que Dieu nous a donnée. Façon de faire extrêmement dangereuse car il est possible de faire dire n'importe quoi à la Bible quand nous nions contexte et cohérence. Le Psaume 53: 2 affirme même qu'«il n'y a point de Dieu». Mais le contexte montre que c'est l'insensé qui dit cela en son coeur. Si Dieu s'est révélé sous forme intelligible, cela veut dire que notre intelligence doit précéder les sentiments dans notre analyse des phénomènes de spiritualité. S'il s'est révélé de façon cohérente, cela nous contraint à formuler les vérités dans l'Écriture sous forme de doctrines, d'énoncés théologiques et de préceptes clairs et cohérents. La Parole de Dieu est une révélation qui ne fait pas abstraction de l'intelligence. Elle donne de vraies réponses à ceux qui ont l'honnêteté de poser de vraies questions. Elle permet d'argumenter avec l'incroyant. C'est ce que Paul fit à Rome en Actes 28: 23-24 «Paul rendait témoignage du royaume de Dieu et cherchait par la loi de Moïse et par les prophètes à les persuader en ce qui concerne Jésus; et cela depuis le matin jusqu'au soir.» C'est là notre responsabilité tout en comptant sur l'Esprit de Dieu qui seul convainc de péché et fait naître à la vie nouvelle. Alors devenir chrétien n'est pas un saut dans l'irrationnel et l'incontrôlable comme vous l'avez peut-être entendu dans certains milieux. C'est une soumission intelligente à la révélation cohérente et compréhensible de Dieu. Soumission qui donne le cadre dans lequel nos sentiments peuvent s'épanouir d'une façon qui glorifie Dieu. IV. Dieu s'est révélé d'une façon exclusive Au deuxième commandement il dit: «Je suis un Dieu jaloux». La révélation suprême de Dieu en Jésus-Christ a aussi un caractère exclusif. Il dit: «Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. Si vous me connaissiez vous connaîtriez aussi mon Père...» Jean 1 4: 6-7. Il ne dit pas: «Je suis une vérité. . .» Gal. 1: 8 «Mais quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème!» Et quand Paul songe à la relève dans le ministère, que fait-il? Il exhorte Timothée à répéter ce qu'il a entendu de lui à des hommes fidèles qui l'enseigneront à d'autres à leur tour: Il Tim. 2: 2. Pourquoi? Parce qu'il y a une «bonne doctrine» qu'il s'agit de suivre si on veut être un ministre fidèle du Seigneur. l Tim. 4: 6 «En exposant ces choses aux frères, tu seras un bon ministre de Jésus-Christ, nourri des paroles de la foi et de la bonne doctrine que tu as exactement suivie». V. Dieu s'est révélé d'une façon suffisante Le texte classique sur ce thème est II Tim. 3: 14-16 «Toi, reste attaché à ce que tu as appris et qui est l'objet de ta foi; tu sais de qui tu l'as appris: depuis ton enfance tu connais les Écrits sacrés; ils peuvent te donner la sagesse en vue du salut pas la foi en Christ Jésus. Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit adapté, préparé è toute oeuvre bonne». A) L'homme n>a; besoin ni de la tradition de l'Église, ni de révélations nouvelles après la clôture du Nouveau Testament pour comprendre le salut, grandir dans la foi et vivre à la gloire de Dieu dans ce monde. Bien sûr il faut distinguer le salut de la connaissance purement intellectuelle des Écritures. Car les pharisiens sondaient les Écritures sans pour autant venir à Christ. Jean 5: 39-40. Il faut illumination et régénération par le Saint-Esprit pour que l'Écriture porte ses fruits. B) La suffisance de l'Écriture ne concerne pas uniquement le salut. Paul dit à Timothée qu'au moyen de l'Écriture il est parfaitement «adapté et préparé» à «toute oeuvre bonne». La Parole de Dieu équipe tant pour la doctrine que pour la morale. Elle est donc le manuel parfaitement adapté à un jeune pasteur dans des églises à problèmes comme celle d'Éphèse. N'est-ce pas d'ailleurs l'exemple que nous donne notre Seigneur en face du Diable? Mat. 4: 1-11. C'est le doute quant à la suffisance qui fait inventer à l'église d'aujourd'hui toutes sortes de moyens techniques et de méthodes de remplacement dans l'évangélisation, dans le culte, dans la cure d'âme. C'est le doute quant à la suffisance de l'Écriture qui fait rechercher toutes sortes d'expériences pour le progrès dans la foi. C'est une mauvaise compréhension de ce qu'est l'Écriture qui en fait tordre le sens pour justifier tant de pratiques extravagantes répandues de nos jours dans bien des milieux évangéliques: 2e, 3e expériences, bénédiction de Toronto. Ainsi la Parole de Dieu est devenue le manuel du code de la route que nous apprenons sur le bout des doigts pour passer l'examen, puis dont nous nous contentons de garder de vagues connaissances pour nous débrouiller sur route sans plus jamais avoir recours au manuel. Alors si vous désirez plus que l'Écriture pour obtenir la sagesse, vous vous trompez, mais si vous vous contentez de moins que l'Écriture, vous vous trompez aussi, car elle seule est suffisante pour équiper parfaitement l'homme de Dieu et tout chrétien pour sa marche quotidienne. VI. Conclusion Nous avons débuté en montrant que tant le modernisme (ou ses germes) que l'évangélisme sentimentaliste relativisaient soit par la raison soit par les sentiments l'enseignement de l'Écriture. Maintenant j'espère que nous nous rendons mieux compte de la gravité de telles positions, car elles privent l'homme de Dieu, et par conséquent l'église de Dieu, de l'arme dont elle a besoin tant pour construire que pour se défendre. Olivier Favre © La Bonne Nouvelle 6/95
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