Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Etudes bibliques

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LES ÉVANGILES ET LES «MOINES JUIFS» DE QUMRAN


On sait l'importance de la découverte, depuis 1947, sur les bords de la mer Morte, des documents qui ont non seulement permis un contrôle de certains textes de l'Ancien Testament mais éclairé d'un jour nouveau le judaïsme au temps de Jésus. Philon et Josèphe avaient fourni quelques données sur l'existence de communautés monastiques implantées «dans le désert» où Jean-Baptiste fit retraite. Voici qu'à travers des vestiges et des écrits elles prennent un visage concret.

On ne trouve aucune allusion aux moines juifs de la mer Morte dans l'Évangile, ni dans les autres livres du Nouveau Testament. Il vaut d'en faire remarque si l'on songe aux nombreuses convergences qu’on peut relever entre la spiritualité évangélique et celle que révèlent les textes de Qumrân.

Ceux-ci, comme les évangiles et plus spécialement celui de Jean, soulignent l'affrontement dans le monde entre les ténèbres et la lumière, entre le bien et les forces du mal, entre l'action de Dieu et celle de Satan. dénommé Bélial dans les manuscrits de la mer Morte. Le vocabulaire du prologue du quatrième évangile se retrouve très largement dans la règle de la communauté et les hymnes récemment découvertes. L'une de celles-ci, notamment, reflète d'étonnante manière la vision de la «Femme revêtue du soleil et en travail d'enfantement» du chapitre 12 de l'Apocalypse.

La communauté de Qumrân accorde une grande importance aux purifications dans le Jourdain et aux repas rituels pris en commun qui remplacent plus ou moins les sacrifices offerts selon la liturgie du Lévitique, impossibles hors du Temple de Jérusalem. Ces rites semblent bien apparentés, de par une commune origine biblique, au baptême et à l'Eucharistie.

La vie conventuelle elle-même de ces cénobites du judaïsme implique: le partage des biens dans des conditions presque identiques à celles qu'établira la pratique de la toute primitive Église de Jérusalem (ACTES, chap. 4, vers. 32); un dépouillement effectif dans les déplacements apostoliques, presque en tous points conforme aux instructions données par Jésus aux Douze (MATTHIEU, chap. 10, vers. 9-11 ); la découverte d'une valeur spirituelle du célibat et de la chasteté, telle que le Christ dans Matthieu (chap. 19, vers. 12) et l'auteur de l'Apocalypse (chap. 14. vers. 4) la proclameront: le rejet de tout serment et la correction fraternelle, qui sont l'un et l'autre recommandés en Matthieu (chap. 5, vers. 33-37 et chap. 18, vers. 13-17).

Toutefois, à côté de telles convergences indiscutables, les divergences ne manquent pas. Relevons dans les mêmes textes: la rigidité avec laquelle est comprise l'observance du sabbat: une sorte d'obsession de la pureté légale et des interdits alimentaires; un certain nationalisme théocratique qui n'imagine l'avènement du Règne de Dieu que par une guerre eschatologique où la victoire n'hésite jamais, jusqu'à la défaite de tous les ennemis de la secte. Or. l'Apocalypse (chap. 11, vers. 7-12), développant un thème bien proche, montre par exemple les «témoins de l'Agneau» d'abord tués et vaincus par «la Bête», avant que le souffle de vie ne les ranime et que la voix de Dieu ne les appelle au ciel.

Les manuscrits de Qumrân font aussi état d'une «Alliance nouvelle» (l'expression vient d'ailleurs de Jérémie, chap. 31, vers. 31). Mais elle n'est que la restauration de l'Alliance conclue entre Dieu et son peuple par l'entremise de Moïse, alors que l'Alliance scellée par le Christ est réellement neuve et convenue avec tous les hommes (ÉPÎTRE AUX HÉBREUX, chap. 8, vers. 6-13).


Le mystérieux «Maître de justice»

Enfin, héros du drame dont traite l'ouvrage appelé Commentaire d'Habacuc, est sans doute la révélation la plus surprenante qu'aient réservée les «Rouleaux» de la mer Morte. Ce personnage vénéré, dont les fidèles s'interdisent, par respect, d'écrire le nom, a été jugé, soumis à d'odieux traitements et, semble-t-il même, crucifié. De qui s'agit-il? Diverses identifications ont été proposées, aucune ne s'impose. On sait seulement qu'il était prêtre, réformateur zélé et mystique ardent, adversaire résolu du sacerdoce officiel auquel il reprochait son mépris de la Loi et son impiété, il rompit avec le judaïsme administratif et le service du Temple, qu'il considérait comme souillé. Nombre de prêtres et de laïcs le suivirent. Entouré de ses fidèles, il s'installa à Qumrân et organisa cette communauté de «l'Alliance nouvelle» qu'il opposait à la «congrégation des hommes pervers».

Il apparaît que la secte dont il était le chef subit à maintes reprises des persécutions sanglantes; c'est au cours de l'une d'elles qu'il fut probablement mis à mort.


Le rapprochement avec Jésus a tenté certains commentateurs.

Mais, même si l'on n'aborde pas les subtilités d'interprétation de la doctrine, les différences apparaissent notables. Le Maître de justice était prêtre de la tribu de Lévi, Jésus appartenait à la tribu royale mais «laïque» de Juda. Le Maître de justice n'exerça guère son ministère qu'en Judée, alors que la majeure partie de celui du Christ se déroule en Galilée. Le Maître de justice semble avoir été surtout un docteur retranché dans sa science; Jésus était un Maître familier que chacun pouvait aborder. Le Maître de justice imposa une règle monacale à ses adeptes, et se montra dur pour les «impies» Jésus, lui, vécut en prédicateur populaire, parmi les pécheurs.

On ne peut donc retenir l'hypothèse d'une identité entre l'un et l'autre, pas plus qu'une dépendance directe entre la communauté de Qumrân et le christianisme primitif, malgré les parentés qui soulignent leur appartenance à une même époque, travaillée par un courant spirituel nouveau.

par Dom J. GOLDSTAIN

© En ce temps-là, la Bible No 81


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LE 4 ÈME ÉVANGILE: UN DRAME QUI SE JOUE ENTRE LA LUMIÈRE ET LES TÉNÈBRES


À la fin du premier siècle paraissait un quatrième évangile, attribué, ainsi qu'on l'a dit ailleurs, à l'apôtre Jean. Sans doute peut-on disputer certains passages à l'auteur principal. Mais les tentatives récentes qui cherchent le dernier évangéliste en un autre Jean – dit... «Jean l'Ancien» – n'emportent pas l'assentiment; la tradition plus sûre et le plus probable vaut mieux que le plus «neuf»: on retiendra donc aussi Éphèse comme le lieu où fut composé l'ouvrage.

On a parfois pensé que l'original de l'évangile de Jean avait été rédigé en araméen, mais cette supposition n'a finalement pas été retenue, encore que la pensée de l'auteur apparaisse nettement sémitique.

Par contre, la discussion sur l'ordre actuel du texte n'est pas close. On a songé à un déplacement accidentel de certains feuillets, ce qui expliquerait qu'il soit difficile parfois de suivre l'enchaînement des idées: ainsi du chapitre 5 qui se lirait plus facilement 8 près le chapitre 6; mais à vrai dire l'hypothèse ne trouve aucun appui dans les manuscrits que nous possédons. Quant au contenu, la plupart des exégètes contemporains admettent que n'appartiennent pas à l'oeuvre primitive de Jean: le récit de la femme adultère (chap. 7, vers. 53; chap. 8, vers. 11), le passage attribuant à un ange les vertus curatives de la piscine de Bézatha (chap. 5, vers. 4), non plus que le chapitre final.

Comme ceux des Synoptiques, l'auteur du quatrième évangile témoigne en insistant lui aussi sur la Passion et la Résurrection: il joue lui-même un rôle discret dans la première, et bénéficie certainement d'une expérience personnelle du Christ ressuscité.

Cependant ce livre présente dans son ensemble une différence considérable avec ceux de Matthieu, Marc et Luc; ce qui avait amené les anciens à appeler l'oeuvre johannique: «L'évangile spirituel». En effet, on découvre ici une dominante doctrinale très affirmée: non seulement les discours du Christ y sont plus nombreux et plus insistants, mais la présentation de ses actions concrètes est, elle aussi, tout entière ordonnée à l'enseignement.

La vie publique du Christ se présente comme un véritable drame qui se joue entre la lumière et les ténèbres.

Les miracles – au nombre de sept – sont des signes qui invitent à aller au-delà du sensible et mettent en jeu un certain symbolisme. C'est que le monde a pris un sens nouveau de par l'Incarnation. Avant celle-ci, les réalités matérielles avaient une valeur en elles-mêmes dans leur ordre; la venue de Jésus parmi les hommes leur en donne une autre: elles deviennent en outre les signes d'une réalité supérieure. Ainsi la lumière du jour était magnifique, et Jésus accordait un bienfait remarquable à l'aveugle-né en la donnant à ses yeux; mais elle était aussi le signe d'une autre lumière que Jésus apportait à tout homme: la connaissance du Père. Le pain était nécessaire à la vie humaine, et Jésus le multipliait en faveur des foules qui le suivaient; mais il disait peu après: «Le pain que je donnerai, c'est ma chair pour le salut du monde.»

Faut-il ajouter que certains ont cru trouver dans les premiers chapitres un exposé sur les différents faits rapportés au livre de l'Exode: l'agneau pascal, le serpent d'airain, la manne, l'eau du rocher. Rien n'interdit de les suivre, encore qu'une telle interprétation nécessite une rare subtilité.

On s'aperçoit plus aisément que la vie du Christ n'est plus ici présentée, comme dans les synoptiques, moulée à l'intérieur d'un cadre artificiel qui pousse à enfermer toute l'activité évangélique en une année: Jean, quant à lui, rapporte soigneusement trois Pâques, ce qui implique une durée d'environ deux ans et demi pour le ministère public de Jésus.

On se représentera volontiers le dernier survivant des apôtres, dans une petite maison du quartier juif d'Éphèse, rédigeant, peut-être en compagnie de la Vierge, ses souvenirs longuement médités. Ultime représentent d'un âge révolu, il apportait ainsi à la deuxième génération chrétienne un évangile fait à la fois de témoignage et de contemplation.

J. DHEILLY

Professeur à l'institut catholique de Paris

© En ce temps-là, la Bible No 81


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EXISTE-T-IL UN TEXTE ORIGINAL DU NOUVEAU TESTAMENT EN HÉBREU?


L'hypothèse selon laquelle le Nouveau Testament a été écrit originairement en langues hébraïque et araméenne est de plus en plus prise au sérieux. Des recherches, effectuées à l'aide d'ordinateurs ultramodernes, semblent montrer que le texte original grec, considéré encore aujourd'hui comme l'écrit original du Nouveau Testament, est en fait une traduction. Le grec employé dans ces écrits renfermerait en effet des rythmes typiques de traduction. Reste à savoir si ces originaux hébraïques existent encore, et ce malgré les bruits persistants qui voudraient qu'un texte original hébraïque se trouve dans quelque oubliette du Vatican. Mystère. À présent, des scientifiques juifs et chrétiens cherchent à retraduire le texte original grec du Nouveau Testament en langue hébraïque originale. On compare cette retraduction du Nouveau Testament dans sa langue originale – judéo-hébraïque – à la réapparition de Joseph vendu en Égypte, lorsqu'il se débarrassa de ses ornements étrangers pour se faire reconnaître à ses propres frères. À ce sujet, le professeur David Flusser (juif) et Robert Lindsay (chrétien) sont à la tête de l'équipe de recherche. L. S.

© Nouvelles d'Israël Août 1988

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LES SYNOPTIQUES: L'ÉVANGILE SELON MATTHIEU


Le Christ n'avait laissé qu'un souvenir. Il n'avait rien écrit, il n'avait pas non plus explicitement demandé à ses apôtres d'écrire quoi que ce soit, mais de proclamer partout la Bonne Nouvelle du salut. C'est ce qu'ils firent. Mais avec l'expansion de l'Église s'imposa la nécessité de fixer ce qui n'avait été jusqu'alors qu'un enseignement oral, afin que les fondements de la foi chrétienne fussent clairs, fermes et transmissibles sans risque de déformation. Alors apparurent les quatre Évangiles. Les trois premiers forment un ensemble dont se distingue le quatrième, celui de Jean. On les appelle SYNOPTIQUES, d'un mot grec qui implique l'idée d'embrasser l'ensemble d'un coup d'oeil. C'est qu'un peut en effet, ainsi que nous le proposerons à nos lecteurs, disposer leurs contenus en trois colonnes pour suivre du même regard le déroulement parallèle des récits et rapprocher les termes du même propos. Cependant leur similitude n'est pas telle qu'elle exclue toute spécificité et c'est le caractère original de chacun de ces trois ouvrages que permettra d'apprécier leur présentation dans ces pages.

Le premier des Évangiles synoptiques selon l'ordre traditionnel est celui de saint Matthieu.

C'est aussi le premier en date (aux environs de l'an 50) dans sa rédaction araméenne qui précéda la version grecque d'où est issu le texte que nous connaissons. Rappelons qu'il était d'abord destiné aux Juifs de Palestine.

Cet arrière-fond sémitique et palestinien apparaît en maints détails. C'est ainsi qu'il reproduit sans explications des expressions comme «race», c'est-à-dire «tête creuse» (chap. 5, vers. 22); «lier et délier» (chap. 16, vers. 19 et chap. 18, vers.. 18); le «joug à porter» (chap. 11, vers. 29-30); le«royaume des cieux» (chap. 13, vers. 11, etc.); la «condamnation à la géhenne» (chap. 23, vers. 33); la «justice» au sens d'aumône (chap. 6, vers. 6 et chap. 6, vers. 1 la «ville sainte» désignant Jérusalem (chap. 4, vers 5); la «chair et le sang» (chap. 16, vers. 17); les «ténèbres extérieures» et les «grincements de dents» (chap. 8, vers. 12; chap. 13, vers. 42 et 50; chap. 22, vers. 13; chap. 24, vers. 51; chap. 25, vers. 30); peut-être aussi faut-il citer le jeu de mots sur Béel-Zébub et le maître de maison (chap. 10, vers. 25). Autant de termes qui ne sont pleinement intelligibles qu'en fonction du vocabulaire du judaïsme tardif, familier à Matthieu et sans doute aux destinataires de son Évangile.

Parmi les coutumes des Juifs palestiniens, Matthieu est le seul à mentionner l'offrande à l'autel (chap. 5, vers. 23), les usages des prêtres le jour du sabbat (chap. 12, vers. 5), la piété ostentatoire de certains (chap. 6, vers. 1 - 6), le port des phylactères (chap. 23, vers. 5), le prosélytisme (chap. 23, vers. 15), la dîme (chap. 23, vers. 23). Selon Matthieu encore, Jésus n'a été envoyé tout d'abord qu'au seul Israël (chap. 15, vers. 24), et c'est vers les cités d'Israël qu'il dirige ses disciples dans leurs premières missions (chap. 10, vers. 5 et 23). Ce «premier évangile» qui donne une impression d'ordre, de sobriété et d'équilibre est beaucoup moins pittoresque que celui de Marc, d'une puissance d'évocation moins délicate que celui de Luc, mais sait faire alterner de manière heureuse les événements, les discours, les synthèses et les analyses. Le sermon sur la montagne et ses longs chapitres sur les paraboles révèlent à eux seuls la perfection de sa composition.

En Matthieu rien n'étonne, rien ne choque. On n'est pas arrêté, non plus, par quelque détail saillant. C'est une sorte de fleuve puissant, majestueux, calme et serein.

On a pu dire qu'on s'y croirait dans un temple tellement tout y respire le sacré. L'auteur semble avoir le secret des maximes (chap. 3, vers. 12; chap. 5, vers. 3-12; chap. 6, vers. 23, etc.); des descriptions solennelles (chap. 8, vers. 16-17; chap. 9, vers. 35-38) et des déclarations imposantes (chap. 16, vers. 17-19; chap. 25, vers. 31-46, etc.). Ses citations de l'Écriture sont admirablement choisies. L'art des mots-clefs donne à l'ensemble un air grave, une tonalité de mélopée orientale. D'emblée, son ouvrage porte à la révérence et à la méditation. Peut-être est-ce la raison pour laquelle l'Église jusqu'à la récente réforme - lui avait donné la première place dans sa liturgie.

Moins que Marc et Luc, Matthieu se propose d'écrire une biographie du Christ. Ce qu'il veut donner aux croyants, c'est un témoignage sur le Fils de Dieu, accomplissement des prophéties et fondateur de l'Église. Son témoignage tend inévitablement, sinon à rendre intemporels les événements du passé, du moins à leur conférer une dimension éternelle.

Dom J. GOLDSTAIN 74

© En ce temps-là, la Bible No 74


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L'ECCLÉSIASTE, BIOLOGISTE AVANT LA LETTRE

... telle est du moins la pittoresque thèse de ceux qui voient le coeur humain dans la poulie du puits.


L'interprétation de l'apologue qui achève le livre de l'Ecclésiaste (chap. 12, vers. 1-8) a toujours suscité grand intérêt. Personne ne doute qu'il y s'agisse de la vieillesse et de la mort, et rares sont ceux qui demeurent indifférents à vieillir et mourir. Les exégètes modernes ne répugnent pas à la thèse dite «biologique», que nous avons d'ailleurs très brièvement évoquée au passage (No 50). Mais on peut examiner l'allégorie en son ensemble ou la disséquer au scalpel. Le Qohélet a-t-il voulu seulement proposer une description poétique globale ou suggérer des transpositions anatomiques précises? Rien n'empêche de faire de lui, si l'on y tient, un biologiste du Ille siècle avant notre ère: si le mot «biologie» est récent, l'étude des organismes vivants fut l'objet d'une science très ancienne, peut-être pas étrangère aux «sages».

De nombreux commentateurs, à la suite du Talmud, de Targums et de Midrashs ont essayé d'une manière plus ou moins systématique, de découvrir une correspondance entre chacune des images ou expressions de ce texte et des segments ou transformations physiologiques du corps humain atteint par le vieillissement.


L'«exégèse» de l'anatomiste

Un mémoire fort précis publié naguère par M. Henri Holzhammer dans la «Revue d'histoire de la médecine hébraïque» compte parmi les travaux les plus curieux (et les plus accessibles aux non-initiés) qui aient été faits à ce sujet. L'auteur y propose d'abord une ingénieuse explication à propos de «la roue» qui se brise sur la citerne (vers. 6), estimant qu'une fois bien éclairé le sens figuré de ce terme, celui de tous les autres se déduit aisément. La roue d'un puits ou d'une citerne présente, estime-t-il, un grand nombre d'analogies avec le coeur de l'homme. Elle est ronde et son diamètre représente à peu près le quart de celui du puits; le diamètre du coeur est approximativement le quart de celui de l'abdomen, que figurerait la citerne. Elle est fixée aux deux supports par un système de brides, de même que le coeur est relié aux deux poumons par les artères et les veines pulmonaires. La roue est la partie centrale d'un mécanisme destiné à mouvoir un liquide, comme le coeur qui meut le sang. (Encore qu'on puisse se demander si la circulation du sang fut vraiment soupçonnée avant que Harvey en fasse la découverte, au XVIle s.) Elle tourne par à-coups (une main tire après l'autre sur la corde), imitant en quelque sorte le battement du coeur.

«Il serait vraiment extraordinaire, note M. Holzhammer, que l'auteur de l'Ecclésiaste ait parlé d'une poulie qui se rompt au moment de la mort simplement parce que cette image serait poétique en soi et non qu'il ait eu la moindre idée de l'analogie existant entre une poulie de citerne et le coeur.» Muni de cette clé et fort des interprétations déjà proposées par d'anciens commentateurs, on est amené à songer aux nombreuses équivalences anatomiques des métaphores employées par l'auteur de l'Ecclésiaste.

Ainsi «les gardiens de la maison» sont les mains, gardiennes de la personne physique, non seulement parce qu'elles tiennent l'épée, mais parce qu'elles s'occupent des soins à donner au corps. Lorsqu'on lit donc: «Au jour où les gardiens de la maison auront des tremblements» (vers. 3), il faut comprendre «au jour où les mains trembleront».

Dans le même verset, les «hommes forts» signifieraient les épaules: lorsque l'homme se propose de porter un lourd fardeau, son premier mouvement est de le placer sur l'une des siennes; puis, la première n'en pouvant plus, de le charger sur l'autre. Or avec l'âge les épaules deviennent en effet vacillantes...


Ce qu'aurait pu écrire un auteur du XXe.

Si nous suivons l'auteur, l'ensemble du morceau pourrait s'entendre ainsi à partir du troisième verset:

- Au jour où les mains auront des tremblements, où vacilleront les épaules, où les dents (femmes occupées à moudre) ne pourront plus remplir leur office parce qu'elles ne sont plus assez nombreuses, où les yeux s'enténébreront par la cataracte (les treillis).

- Quand les oreilles (portes de la rue) n'entendront plus, quand la voix s'affaiblira, on se lèvera au chant du coq et on sera incapable de se servir de ses doigts (donc de l'instrument dont on accompagnait «celles qui chantent»).

- On redoutera les montées et on aura peur de la mort, les cheveux blanchiront (l'amandier qui fleurit), les jambes (les sauterelles) deviendront lourdes et on n'aura plus d'appétit (que les câpres stimulent) Car l'homme ira dans la maison de son éternité, et l'on parcourra les rues en pleurant.

- Avant que la moelle épinière (chaîne d'argent) et le cerveau (le texte hébreu dit «la lampe d'or») ne ramollissent, avant que l'estomac (la cruche) et l'oesophage (la fontaine) ne puissent plus remplir leur fonction, avant que le coeur (la roue) cesse de battre et se corrompe (brisé sur la citerne qui serait l'abdomen).

- Que la poussière retourne à la terre, d'où elle vient, et que le souffle retourne à Dieu qui l'avait donné...

Le R.P. André Barucq, professeur à la Faculté de théologie de Lyon, et le plus récent auteur catholique à avoir publié un commentaire de l'Ecclésiaste, fait état de ce genre d'interprétation qu'on ne peut exclure a priori.

«Ainsi, conclut-il, se trouve campé un type de vieillard à tête chenue, gêné dans ses fonctions nutritives par un estomac pour qui les remèdes sont devenus indigestes et les excitants inefficaces. Ces signes ne trompent pas – l'homme va vers «sa maison d'éternité», et déjà les Pleureuses rôdent autour de la demeure, guettant une aubaine.»

Georges DAIX

©  En ce temps-là, la BibleNo 58 pages II-III.


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L'ECCLÉSIASTE


La philosophie du livre de l'Ecclésiaste paraît souvent étrange au lecteur de la Bible. Nous avons eu plusieurs questions à ce sujet. C'est pourquoi nous sommes heureux de présenter ce texte, paru dans le Journal «Le Témoin». Le texte original, de John Phillips, a paru en anglais dans le mensuel de L'institut Biblique Moody à Chicago.

(s-e)


    Le livre de la sagesse humaine

    L'Ecclésiaste


Nous devons à Salomon trois livres bibliques: le Cantique des cantiques, une romance écrite lorsqu'il était jeune et amoureux; les Proverbes, un recueil de maximes rédigé alors qu'il était au sommet de sa forme intellectuelle; et l'Ecclésiaste, un ouvrage qui exprime les regrets de l'auteur quand, à la fin de sa carrière, il jette un regard désabusé sur les ruines de sa vie gâchée.


Après Salomon, bien d'autres personnes ont expérimenté au travers de situations pénibles la véracité de certaines déclarations de l'Ecclésiaste. Cecil Rhodes, par exemple, n'avait que 27 ans lorsqu'il fonda en Afrique du Sud la prestigieuse compagnie des mines De Beers. Huit ans plus tard, il dirigeait toute l'industrie d'exploitation des diamants en Afrique du Sud, et à 36 ans il devenait Premier ministre du Territoire du Cap. À sa mort, il léguait à l'Empire britannique une région aussi étendue que l'Allemagne, la France et l'Espagne réunies: ce qu'on appelait alors la Rhodésie du Sud et la Rhodésie du Nord, aujourd'hui le Zimbabwé, la Zambie et le Botswana.


Cecil Rhodes, peut-être l'homme le plus riche du monde, comptait parmi ses amis un homme des plus pauvres, William Booth, fondateur de l'Armée du Salut. Un jour qu'ils voyageaient ensemble en train, Booth donnant une tape amicale sur le genou de son ami lui demanda: «Dis-moi, es-tu heureux?» Et le magnat du diamant de s'exclamer: «Moi, heureux? Loin de là!»


Rhodes et Salomon ont constaté tous deux qu'une vie sans Dieu est vide; ni le pouvoir, ni la fortune, ni la position sociale ou le prestige ne peuvent rendre un homme heureux. L'auteur de l'Ecclésiaste était tourmenté, malheureux, hanté par le spectre de la mort qui menace tout être irrégénéré et tout croyant rétrograde.


On peut comparer Salomon à l'araignée de la fable: elle tissa un jour son fil à partir du chevron élevé du toit d'un grenier, et arriva à l'embrasure d'une fenêtre. Là elle fila sa toile. Ce coin du grenier bourdonnait d'insectes, et bien vite l'araignée prospéra. Mais un jour qu'elle parcourait sa toile, elle remarqua qu'un fil flottait dans l'air. Elle le happa au passage, sans réaliser qu'il s'agissait de la trame de son ouvrage. En un clin d'oeil, tout son univers s'écroula.


Dans sa jeunesse, Salomon avait établi une importante ligne de communication entre lui et Dieu, telle une corde solidement ancrée dans l'invisible. Puis il prospéra et devint célèbre. Il oublia alors l'importance du lien qui le reliait au ciel et rompit sa communion avec Dieu. Aussi tout son univers ne tarda-t-il pas à s'écrouler. Dans le livre de l'Ecclésiaste, Salomon apparaît comme un vieillard désillusionné: il voit son propre fils se conduire en insensé, et lui-même a perdu l'estime de son peuple. Il se rend compte qu'il est responsable de la division et du déclin qui s'amorcent et qui sonnent le glas du royaume de David.


Le livre de l'Ecclésiaste est une prédication. Salomon déclare: «Moi, le prédicateur (litt.), j'ai été roi d'Israël à Jérusalem» (Ecclésiaste 1:12). Sa voix n'est plus celle d'un prince; c'est celle d'un prédicateur qui dévoile le néant des actions de l'homme qui se conforme à l'esprit du monde.


Voici un plan d'approche de ce livre de «l'Ecclésiaste-prédicateur»:


    1. Son sujet (chap. 1:1-11)


        * a) II introduit son discours (v. 1-2)

          b) II annonce son thème (v. 3-11) 


    2. Son sermon (chap. 1:12 - 10:20)


        * a) II a recherché... (chap. 1 :12 - 2:26)

          b) II a vu... (chap. 3-6)

          c) II a étudié... (chap. 7-10) 


    3. Ses conclusions (chap. 11-12)


        * a) II répète ses plaintes (chap. 11) b)

          II tire une leçon (chap. 12) 


    1. Son sujet


«Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité» (1:2). La vie sans Dieu est vide, futile et sans but, comme la poursuite du vent. Salomon aurait-il trouvé le sujet de son sermon dans l'un des Psaumes de son père? Peut-être le Psaume 39, qui dit: «Voici, tu as donné à mes jours la largeur de la main, et ma vie est comme un rien devant toi. Oui, tout homme debout n'est qu'un souffle... Tu châties l'homme en le punissant de son iniquité, tu détruis comme la teigne ce qu'il a de plus cher. Oui, tout homme est un souffle» (v. 6 et 12).

Les mots «sous le soleil» apparaissent 29 fois dans l'Ecclésiaste. Par cette expression, Salomon veut démontrer que la vie n'a que peu de sens si notre horizon est limité aux choses d'ici-bas et aux plaisirs des sens - en un mot, à tout ce qui se fait sous le soleil.


    2. Son sermon


Il le commence en énumérant ce qu'il a recherché. Peu d'écrivains dans l'histoire étaient aussi aptes à traiter de sujets si variés. Sa position de roi le favorisait, mais aussi et surtout l'éducation reçue dans une atmosphère de profonde piété, par un père dont le coeur et la ferveur d'esprit lui permirent de rédiger près de la moitié du livre des Psaumes. Enseigné par l'Écriture sainte, Salomon eut même deux rencontres personnelles avec Dieu; il avait en outre de grands dons naturels, une richesse prodigieuse, un entendement clair et un esprit avide de connaissances. La paix et la prospérité caractérisèrent presque tout son règne.


D'abord il a recherché la sagesse, et il s'est plongé dans des études philosophiques. Il s'est imaginé qu'il serait heureux en devenant la sommité intellectuelle de son époque. 1 Rois 4:30-34 nous montre que son savoir prodigieux attirait des visiteurs venus de loin, tous désireux de l'entendre sur des sujets tels que la psychologie ou l'histoire naturelle. Mais cette recherche n'a pas satisfait son âme (1:17). Là n'était pas le chemin du bonheur.


Puis il a recherché le plaisir et s'est livré à la jouissance des sens. Il s'est cru tout permis dans ce domaine et s'est adonné à la débauche. Cependant ses expériences sur ce chemin-là l'ont conduit à dire que tout n'est que folie (cp. 2:2).


Puis il s'est lancé dans le monde des affaires. Ses navires princiers sillonnaient toutes les mers et ses caravanes atteignaient les terres lointaines. Les marchés de Jérusalem étaient envahis de produits exotiques. Comme le roi Midas de la légende, il devint si riche que même ses ustensiles de cuisine étaient d'or. Mais malgré ses succès commerciaux et sa renommée, il avoua: «J'ai haï la vie» (2:17).


Dans ses diverses recherches, il ne trouva aucune réponse à ses aspirations profondes. C'est pourquoi il parle ensuite de ce qu'il a vu. Observateur attentif, il a compris que tout est vanité: le temps en dehors de l'éternité, la feuille nouvelle privée de vie en elle-même, l'homme mortel sans l'immortalité, le pouvoir s'exerçant sans droiture, la prospérité quand il n'y a pas de postérité, et ainsi de suite. Rien ne l'a satisfait. Pour lui, la vie était vide, sans but et vaine. Pourtant, se lamente Salomon, «Dieu fait toute chose belle en son temps; même il a mis dans leur coeur (le coeur des hommes) la pensée de l'éternité» (3:11).


La plainte de Salomon rejoint celle d'Augustin, avant qu'il ne rencontre Christ: «Tu nous as faits pour toi, ô Dieu, et notre coeur est inquiet jusqu'à ce qu'il trouve son repos en toi.» L'âme, ce chef-d'oeuvre de la création divine, est infinie dans ses dimensions, et rien sous le soleil n'est assez grand pour la remplir.


Puis Salomon décrit ce qu'il a étudié. Il répète à diverses occasions: «J'ai appliqué mon coeur à connaître...» Il pèse, analyse toutes choses avec soin, puis il devient cynique en concluant


        * à propos des bonnes oeuvres: «II y a tel juste qui périt dans sa justice, et il y a tel méchant qui prolonge son existence dans sa méchanceté» (7:15). Autrement dit, à quoi sert-il d'essayer d'être bon?

        * à propos de la sagesse: «J'ai éprouvé tout cela par la sagesse. J'ai dit: Je serai sage. Et la sagesse est restée loin de moi» (7:23).

        * au sujet de la mort: Salomon ne peut supporter que la mort soit le lot de tout homme, qu'il soit sage ou insensé, bon ou méchant, optimiste ou pessimiste, heureux ou malheureux, doué ou simple d'esprit.

        * à propos des femmes: II erre dans son harem, prête l'oreille aux chuchotements de voix étrangères, découvre des intrigues et des querelles, et se lamente: «J'ai trouvé plus amère que la mort la femme dont le coeur est un piège et un filet, et dont les mains sont des liens... Voici ce que j'ai trouvé, dit l'Ecclésiaste, en examinant les choses une à une pour en saisir la raison... J'ai trouvé un homme entre mille; mais je n'ai pas trouvé une femme entre elles toutes» (7:26-28). Il n'avait pas réussi à trouver L'âme soeur! 


Convaincu de l'aboutissement tragique réservé à l'homme égoïste, il déclare alors sans ambages: «Les mouches mortes infectent et font fermenter l'huile du parfumeur» (10:1). Autrement dit, à quoi sert le parfum de la beauté, de la sagesse, de la richesse ou du savoir, lorsqu'il est infecté par l'égoïsme?



    3. Ses conclusions


Salomon se lamente, désespéré: «Tout ce qui arrivera est vanité. Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse... mais sache que pour tout cela Dieu t'appellera en jugement... Car la jeunesse et l'aurore sont vanité» (11 :8-12:2). Benjamin Disraeli, le célèbre homme d'État britannique, était doué, brillant, populaire et heureux. Pourtant ses réflexions résonnaient comme l'écho des plaintes de Salomon. Il a écrit: «La jeunesse est une erreur, l'âge adulte une bataille, la vieillesse un regret.» En effet, les humains dont l'horizon se limite aux choses de ce monde n'ont rien d'autre à ajouter.


Puis Salomon énonce ses conclusions au sujet de la vie: «Souviens-toi de ton Créateur pendant les jours de ta jeunesse... Écoutons la fin du discours: Crains Dieu et observe ses commandements. C'est là ce que doit faire tout homme» (1 2:3 et 1 5).


    Élevant son regard au-dessus des brumes et des brouillards d'ici-bas, Salomon perçoit une lumière provenant d'un monde qui se trouve au-delà du soleil. Aussi engage-t-il les jeunes à mettre Dieu dans leur expérience et à vivre en sachant qu'un jour ils devront lui rendre des comptes. Il les exhorte à agir présentement, sans attendre que la vieillesse les surprenne, avec ses infirmités et ses défaillances, ses habitudes et ses problèmes spécifiques. Dans un passage sublime sur le plan poétique (12:3-9), il dépeint l'approche difficile de la vieillesse.


L'Ecclésiaste est un livre destiné à l'homme moderne, cet homme entraîné dans l'engrenage de la vie, aveuglé par l'humanisme et le matérialisme, et qui cherche à trouver en dehors de Dieu des réponses à ses questions. Cependant il est temps de nous détourner de la tristesse qui émane de ce livre pour découvrir une réponse glorieuse aux questions qui se posent à chacun de nous, une réponse donnée par l'apôtre Paul. Son message est d'un niveau bien plus élevé que celui de Salomon dans ses dernières paroles: «Christ est ma vie, et mourir m'est un gain» (Philippiens 1:21). Or cette réponse a échappé à Salomon!


John Phillips


Page créée le 6 septembre 1997 par s-e


© Source: Bible ouverte

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DANS LES PIRES ÉPREUVES, UNE LEÇON DE CONFIANCE


Le texte du livre d'Esther est très curieux. On part de l'hébreu, langue originale, que saint Jérôme a traduit dans la Vulgate. Mais de son temps existait une traduction grecque qui fournissait un texte plus long, en raison de certaines additions (le songe de Mardochée et les édits d'Assuérus notamment). Il les a traduites, les jugeant intéressantes, mais les a rapportées en finale.

Il demeure que le récit, tel quel, se lit facilement: la grâce de l'héroïne, un certain élément dramatique qui tient le lecteur en suspens, l'opposition entre un Mardochée fier de sa race et un Aman orgueilleux de son pouvoir, font de l'ouvrage un ensemble fort intéressant.

Si l'on ajoute à cela qu'Esther met sa vie dans la balance au cours de l'action qu'elle mène pour sauver son peuple, et que la menace de pogrom que rapporte le récit a été chose courante dans la vie du peuple choisi, on comprendra qu'après de multiples discussions, ce livre ait trouvé une grande faveur auprès des Juifs de l'ère chrétienne.

L'auteur à qui on le doit est inconnu. On en fait un contemporain de la persécution d'Antiochus Épiphane que racontera le 1er livre des Maccabées. Littérairement, il fait partie de ces midrashim, récits édifiants que nos lecteurs connaissent bien désormais, et où, à côté de développements redevables à la pure imagination, on trouve un certain cadre historique. Certes Vasthi et Esther sont inconnues de la grande histoire; mais Xerxès-Assuérus est un personnage dont nous parle Hérodote. Et si le pogrom dont il est ici question ne s'harmonise pas avec la politique libérale des Achéménides, par contre bien des coutumes perses rapportées correspondant à la réalité.

L'enseignement religieux visé par la narration est identique à celui du livre de Judith. Ici et là, Israël est sauvé de la destruction par la main d'une femme. Certes l'organisation de tueries réciproques, suivies ou non d'effet, heurte notre mentalité d'hommes pétris de civilisation chrétienne. Le massacre projeté des Juifs indique l'hostilité dont ils étaient souvent l'objet et qui se manifestera plus tard dans le monde romain; en regard, l'extermination de 75 000 Perses implique un esprit de vengeance qui en lui-même n'est sûrement pas exemplaire. Le caractère excessif de ces initiatives est sans doute destiné à servir l'élément dramatique; mais surtout la gravité et l'étendue de la menace mettent en valeur le salut accompli par Dieu. D'où la leçon dernière: avoir confiance en Lui au milieu de la pire épreuve.

J. DHEILLY Professeur à l'institut catholique de Paris


© En ce temps-là, la Bible No 37 page IV.

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LES GRANDES PAGES DU GRAND VISIONNAIRE


Ézéchiel, le troisième des grands prophètes, n'est ni un intellectuel comme Isaïe, ni un hypersensible comme Jérémie qui fut son maître. On a pu parler dans son cas de catalepsie sacrée. Il s'agit assurément d'un homme chez qui dominent les nerfs. Chaque appelé répond à sa vocation avec ce qu'il est, et celui qui l'appelle en tire le meilleur. Les deux traditions, la juive comme la chrétienne, ont retenu en entier le message de ce grand visionnaire; il comporte des pages d'une extraordinaire puissance et dont l'interprétation ne sera jamais achevée.

La vision divine dont rend compte le chapitre premier du livre d'Ézéchiel est une des plus grandioses, mais aussi des plus énigmatiques.

La tradition juive ésotérique, la kabbale, considère que ce texte est fondamental, mais estime qu'il ne convient pas de l'étudier, selon les méthodes kabbalistes du moins, sans maître ou avant l'âge de la maturité: les mystères qu'il permet d'approcher sont tels que leur révélation, même partielle, risquerait d'affecter l'équilibre du psychisme humain. Maïmonide, le grand théologien et philosophe juif du XIIe siècle, voit dans les quatre êtres aux formes fantastiques qui participent au trône de Dieu les quatre éléments des Anciens: l'air, le feu, la terre et l'eau, qui participent à la structure du cosmos. De son côté, la tradition chrétienne a songé à la préfiguration des quatre évangélistes, car chacun de ces vivants (traduction exacte du terme hébreu hayoth) «marche droit devant soi», comme iront les porteurs de la Bonne Nouvelle vers les «quatre coins du monde».

Tous ont cherché là aussi, une évocation imagée du monde angélique qui entoure le Très-Haut (cf. ISAIE, chap. 6, vers. 1-3 par exemple). Sans doute comme dans tous les passages de ce genre, faut-il s'attacher à l'impression d'ensemble sans tenter de pénétrer et d'élucider chaque détail.

Avant tout, l'auteur inspiré a probablement voulu faire apparaître «la gloire de Yahvé». Mais, comme il devra plus tard (chap. 10, vers 18-22) annoncer que Yahvé quitte le temple pour aller consoler les déportés dans leur exil, puis reviendra à Jérusalem lors de la restauration (chap. 43), le prophète perçoit le trône divin et la gloire qui l'entoure, doués de mobilité: d'où le char aux roues éblouissantes, et vivantes elles-mêmes.

Par delà la fastueuse imagerie, ce n'est pas un des moindres apports d'Ézéchiel à la théologie biblique que l'affirmation d'une présence divine qui n'est pas réservée à Jérusalem et à son Temple. La certitude de cette présence au milieu d'eux n'est-elle pas pour les captifs dans l'épreuve le plus précieux soutien? Elle fournit en outre une sûre caution aux promesses de la libération et du rétablissement d'Israël, apportées par tant d'autres oracles. Bien d'autres pages de ce recueil méritent une attention particulière: tels d'abord, au chapitre 14, les versets 1 2 à 23, le chapitre 1 8 tout entier, et au chapitre 33, les versets 1 0 à 20. Le prophète y expose la doctrine de la responsabilité personnelle. Dieu punit le pécheur et non sa descendance. Voilà qui confirme en clair un des progrès les plus sensibles de la révélation sur la justice divine.

Qu'on se souvienne du Dieu du Sinaï tel qu'il apparaît dans les livres de Moïse: lent à la colère et surabondant en grâce, mais ne laissant rien impuni, et apparemment disposé, à poursuivre «l'iniquité des pères sur les enfants et les enfants des enfants jusqu'à la troisième et la quatrième générations...» (EXODE, chap. 34, vers. 7). Parce que sans doute il était nécessaire que les géniteurs prennent d'abord conscience de responsabilités bien réelles à l'égard de leur progéniture: l'héritage physique et psychique, la valeur de l'exemple, l'influence de l'éducation n'appartiennent pas au domaine des fables. Mais voici que le chapitre 18 du livre d'Ézéchiel, par exemple, bouscule les idées traditionnelles. Il débute par une question: «Quelles sont ces paroles que vous tournez en proverbe dans le pays d'Israël: Les pères ont mangé des raisins verts et les dents du fils sont agacées?» L'enseignement qui suit est sans équivoque: «Ces paroles ne seront plus pour vous un proverbe... L'âme qui aura péché, c'est elle qui mourra!» Chacun est responsable de ses actes, et chacun s'attire selon son propre comportement la colère ou la grâce de Dieu.

En un autre domaine, Jérémie et Isaïe avaient déjà repensé l'histoire d'Israël sur le schéma de l'union mystique (ISAIE, chap. 1, vers. 21; JÉRÉMIE, chap. 2, vers. 2 par exemple) et Osée reviendra au thème de l'analogie nuptiale. Mais Ézéchiel (chap. 16) est celui qui lui donne le meilleur développement. Tous les âges d'un amour humain sont par lui évoqués pour exprimer les prévenances divines, la gratuité de la prédilection dont Israël fut l'objet et l'énormité de ses trahisons et de ses adultères. Celle qui était nue et abandonnée de tous, dont personne ne voulait, et que Yahvé prit en pitié dans un mouvement de tendresse infinie, celle qu'il a parée des plus beaux joyaux et comblée de tous les biens imaginables, la voici qui non seulement abandonne son bienfaiteur et son époux, mais utilise ses dons et ses joyaux pour servir et honorer les idoles, «ses amants». Les chapitres 20, 22, 23 reprendront et amplifieront ce même thème.


Une esquisse du «Bon Pasteur»

Le Dieu d'Israël n'est pas seulement «l'époux» Pour les prophètes, il est aussi le pasteur. C'est là une des analogies préférées de Jérémie (chap. 23, vers. 1-6) et de Zacharie (chap. 11, vers. 4-17). Le chapitre 34 d'Ézéchiel comporte évidemment lui aussi une esquisse qui prépare le «Bon Pasteur» du Nouveau Testament (MATTHIEU, chap. 18, vers. 12-14; LUC, chap. 15, vers. 4-7; JEAN, chap. 10, vers. 118). Sa grande hantise est de rassembler ses brebis dans un unique bercail, (JEAN, chap. 10, vers. 16; cf. ÉZÉCHIEL, chap. 34, vers. 13 et suivants): «Je chercherai celle qui est perdue, je ramènerai celle qui est tombée, je panserai celle qui est blessée, je fortifierai celle qui est chétive...»

Le verset 23 du chapitre 34 d'Ézéchiel, encore, ne pouvait ne pas solliciter l'attention de la tradition chrétienne: «Je susciterai à leur tête un seul pasteur qui les fasse paître, mon serviteur David. C'est lui qui les fera paître...» Comme Ézéchiel est de beaucoup postérieur à David, il ne pouvait s'agir bien sûr du roi-prophète, mais d'un de ses descendants qui serait en quelque sorte un David idéal, éternellement vivant le Sauveur.


À l'image de ce qui attend tout le «peuple de Dieu» au dernier jour

Un dernier passage du même chapitre a son prolongement dans le Nouveau Testament. C'est le verset 17 qui parle d'un jugement exercé par le divin pasteur entre les brebis et les boucs. Lorsque le Christ évoquera, au chapitre 25 (vers. 32) de Matthieu, le jugement dernier, il le fera dans les catégories d'Ézéchiel assimilant les élus aux brebis et les damnés aux boucs.

Les chapitres 37 (celui des «ossements desséchés») et ceux qui traitent du nouveau Temple, c'est-à-dire du nouveau royaume de Dieu, méritent aussi qu'on s'y arrête et nous n'y manquerons pas en les présentant à nos lecteurs.

Quelle que soit la famille spirituelle à laquelle il appartient nul ne peut rester insensible aux fulgurants oracles du grand «visionnaire» de l'Exil.

Dom J. GOLDSTAIN

© En ce temps-là, la Bible No 65 pages I-II.


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LE PROPHÈTE DE L'EXIL PARMI LES EXILÉS


Trois déportations successives vers la Babylonie ont saigné à blanc le pays de Juda: l'une en 597 av. J.-C., à la suite des menées du parti pro-égyptien de Jérusalem (2 e ROIS, chap. 24, vers. 10- 17); l'autre, la principale, en 586, après la prise, le pillage et l'incendie de la ville, conséquences d'une révolte ouverte contre Nabukodonosor (2e ROIS, chap. 25, vers. 12); la troisième en 581, qui suivit de peu l'assassinat du gouverneur Godolias (JÉRÉMIE, chap, 52, vers. 30). Elles ne laissent dans l'ancien royaume du sud qu'une population infime, composée de gens modestes, et qui, du point de vue religieux, ne peuvent être à l'origine d'un renouveau.

Au contraire, les exilés représentent l'élite politique et religieuse du royaume. C'est pratiquement Juda transporté en terre babylonienne avec ses chefs: notables, prophètes, prêtres. Parmi ces derniers, Ézéchiel, fils de Buzi, qui vraisemblablement fit partie de la première caravane avec le roi Joakin, «sa mère, ses serviteurs, ses chefs et ses eunuques». Disciple de Jérémie, il reprendra à Babylone l'enseignement de son maître, poussant la réflexion prophétique un pou plus loin encore. D'un tempérament différent, peut-être moins vulnérable, il souffrira néanmoins comme lui de l'indifférence des uns et de l'endurcissement des autres, mais surmontant lui aussi l'adversité, il saura adapter son enseignement aux circonstances. Ses vues d'avenir seront spécialement marquées par l'amour du Temple, du sacerdoce et de la liturgie; c'est qu'il appartenait lui-même à une famille sacerdotale.


Les infidèles désespérés appelés à la sainteté

Trois thèmes principaux s'imposent à Ézéchiel: le destin de son peuple, la vocation d'Israël et son infidélité.

Sous les derniers rois de Juda, l'invasion du paganisme avait accompagné et même devancé celle des armées païennes. Le Dieu d'Israël n'eut plus cette place unique qu'il avait réclamée pour que l'Alliance fût valable. Et transportés «sur les rives du fleuve», les exilés se demandent si Yahvé s'intéresse encore à eux: s'il est demeuré dans son Temple de Jérusalem, peut-il être aussi à Babylone? La vision inaugurale de la mission du prophète répond à cette question. Les quatre roues du char, dont chacune va vers l'un des quatre points cardinaux et dont les jantes sont couvertes d'yeux, indiquent l'omniprésence divine. Mais dans le même temps encore que son maître Jérémie, demeuré en Palestine, le prophète de l'Exil considère que le châtiment est inéluctable. Les déportés de 597 pensaient que la victoire de Nabukodonosor ne serait que temporaire et qu'eux-mêmes retourneraient bien vite dans la ville sainte. Ézéchiel va donc s'acharner lui aussi contre cette illusion. En présence d'une paganisation qui atteint le Temple lui-même, Dieu va quitter le sanctuaire, dont la souillure est en opposition radicale avec la sainteté de Celui qui l'habite (chap. 8 et 11). Aussi la ville sera-t-elle prise et la «Demeure» détruite.

De fait en 586 c'en est fini; dans le tumulte des armes et le fracas des écroulements, l'histoire tourne la page. Et les nouveaux exilés n'apportent à ceux qui déjà se morfondaient à Babylone qu'un motif de désespérance, confirmant les oracles des prophètes et notamment ceux d'Ézéchiel. Ils avaient trop raison. Si Dieu avait ainsi traité «les siens», n'est-ce pas qu'il les abandonnait définitivement? Le retour dans la terre des ancêtres ne devenait-il pas impossible à jamais? Bientôt les déportés diront en effet: «Notre espérance est morte, nous sommes perdus.» C'est alors que le prophète se met à prêcher la confiance, en même temps que les cercles sacerdotaux s'emploient à faire réfléchir les malheureux sur la nature de l'Alliance et sur les obligations qui attendent les futurs rapatriés.

La fameuse vision des «ossements desséchés» (chap. 37) montrera que Yahvé est capable de rendre vie à son peuple. Mais que celui-ci ne s'y trompe pas: si Dieu en décide ainsi, c'est pour «sanctifier son nom», alors qu'il a été profané par ceux-là mêmes qui étaient engagés à le préserver et à l'honorer entre tous. Il s'agit donc, l'Alliance ayant été trahie, d'un acte purement gratuit, d'une grâce nouvelle. Et quand Israël sera retourné en Terre promise, il devra se souvenir sans la moindre défaillance des exigences divines. Le Temple et le pays, les prêtres et le prince, jusqu'au moindre des participants à la communauté nouvelle, tout devra refléter la présence du Dieu de sainteté qui a dit: «Soyez saints parce que je suis saint» (LÉVITIQUE, chap. 11 , vers. 44).

Sans doute est-ce à partir de cette époque que la prononciation même du saint nom de «Yahvé» fut strictement réservée, afin qu'il fût préservé de toute souillure.

J. DHEILLY

Professeur à l'institut catholique de Paris

© En ce temps-là, la Bible No 65 page IV


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LA STRUCTURE DU LIVRE D'EZÉCHIEL


À la différence des livres d'Isaïe et de Jérémie qui engrangent la Parole divine transmise par chacun des deux prophètes, ou les inspirés de leur tradition, avec le souci évident de n'en rien perdre plutôt que d'on faire le tri selon de rigoureux critères bien pensés, le livre d'Ézéchiel apparaît méthodiquement présenté.

Assurément il ne faut pas y chercher la savante composition d'un auteur qui aurait médité un plan rigoureux dans le recueillement du cabinet, avant de rédiger à loisir. Le prophète de l'Exil est mêlé lui aussi corps et âme à l'auditoire qu'il a mission d'éclairer, et aux événements qu'avec lui il vit. Lui aussi s'exprime selon l'impulsion divine, au moment qu'a choisi l'Esprit, non au moment de son propre choix.

Et lui aussi sans doute traduit d'abord le message en paroles, et parfois en actes, avant qu'il ne soit consigné par écrit pour les générations futures. Mais, qu'elle soit due à Ézéchiel lui-même ou aux scribes qui ont définitivement fixé le texte sacré tel que nous le connaissons, la structuration de l'ouvrage est ici évidente.

Après l'introduction (chap. 1 à chap. 3, vers. 21 ), qui comporte le récit de la grandiose vision où se manifeste «la gloire de Yahvé» et qui précise la vocation du prophète, on distingue quatre parties:

La première partie (chap. 3, vers. 22 à chap. 24) est faite surtout d'accusations et de menaces à l'adresse des coupables habitants du royaume survivant de Juda;elles sont donc proférées, selon toute vraisemblance, avant que ne parvienne aux exilés de Babylone l'annonce de la chute et de la ruine de Jérusalem. Parmi les redoutables enseignements qu'elles portent, et dont les pécheurs de tous les temps pensent faire profit, il en est deux qui forcent l'attention: la responsabilité personnelle devant le juge suprême est affirmée sans équivoque (chap. 14, vers. 14-24 et chap. 18, vers. 2-20), mais la miséricorde divine à l'égard du pécheur repenti l'est aussi (chap. 1 8, vers. 20-32).


Pourquoi Babylone semble ici épargnée

La seconde partie (chap. 25 à chap. 32) rassemble les oracles contre les nations qui ont elles-mêmes commis des crimes, dont le fait de n'avoir pas bénéficié de toutes les faveurs accordées au peuple choisi ne les innocente pas, mais qui surtout ont entraîné celui-ci sur leurs traces et vers sa perte. On remarquera que Babylone n'est pas prise à partie. On peut certes voir là un indice confirmant que ces prophéties ont été composées en Babylonie: mais la crainte devant les puissants du jour n'a jamais pesé lourd sur les propos des prophètes d'Israël. C'est surtout que le prophète souhaite mettre en valeur, sans le ternir alors par d’autres considérations, le rôle des Babyloniens comme instrument de la justice de Yahvé.

La troisième partie (chap. 33 à chap. 39) est d'abord celle des consolations. Certaines datent probablement déjà de l'époque du siège de Jérusalem, sans autre issue que fatale; la plupart, du temps où les convois massifs de la grande déportation ont rejoint les premiers exilés dont Ézéchiel était, si l'on s'en rapporte aux premiers versets du livre. Ce n'est plus le temps des invectives. Au blâme succède le réconfort, et le plus précieux de tous, le plus apte à ramener vers son Dieu le peuple perdu: le renouvellement de la promesse messianique (chap. 34), où surgit le «Bon Pasteur» succédant aux mauvais bergers.

La quatrième partie (chap. 40 à chap. 48) dépeint enfin l'avenir glorieux de la communauté libérée, regroupée sur sa terre et fidèle autour d'un nouveau Temple.

Tout est idéal dans cette dernière vision: des détails de l'architecture du sanctuaire aux rites, des frontières au partage du pays. Par delà la restauration entrevue, comment n'évoquerait-elle pas en outre le nouvel Israël et la Jérusalem d'En-Haut?

P. CRISOLIT

© En ce temps-là, la Bible No 66 page IV.

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APPELÉ À LA LIBERTÉ
: COMMENTAIRE DE L'ÉPÎTRE AUX GALATES 


Le titre du livre: «Appelé à la liberté» résume le message de l'Épître aux Galates.
Lors de son premier voyage en Galatie (cf.Actes 13 et 14), l'Apôtre Paul avait annoncé l'Évangile «reçu par une révélation de Jésus-Christ». (cf. Gal.1: 11 et 12 et Actes 9: 1-22).

Les effets de la mort de Christ
Subjugué et persuadé par la Révélation divine dévoilant son péché et magnifiant la grâce de Dieu, revêtu de l'autorité de son Sauveur et Seigneur Jésus-Christ, il s'était attaché à «dépeindre», aux Galates, la mort de Jésus-Christ sur la croix et les effets de cette mort pour le salut du pécheur. Effets suffisants, exclusifs, définitifs! Des Églises locales étaient nées de cette prédication du seul Évangile de la grâce de Dieu. (cf. Gal. 4: 13-20).
Hélas! Depuis cet enfantement glorieux les Galates «s'étaient détournés de Celui qui les avait appelés par la grâce de Christ, pour passer à un autre Évangile», (cf. Gal. 1: 6-7).
La cause de cette défection résidait dans l'influence insidieuse et pernicieuse de taux docteurs judaïsants. (cf. Gal. 3: 1 et 5: 1-B).
Stott écrit: «Ces hommes s'en étaient pris avec force à l'autorité et à l'Évangile de Paul. Ils contredisaient son Évangile de la justification par la grâce seule au moyen de la foi seule, et affirmaient que pour être sauvé il fallait davantage que la seule foi en Christ. L'on devait en outre être circoncis, affirmaient-ils, et observer intégralement la Loi de Moïse (voir Actes 15: 1 à 5). Ayant miné l'Évangile de Paul, ils en vinrent aussi à saper son autorité. «Qui est-il, ce Paul?» demandèrent-ils avec mépris. «Il ne fut certainement pas l'un des douze apôtres de Jésus. De plus, autant que nous sachions, il n'a reçu aucune autre autorisation. C'est un imposteur qui s'est nommé lui-même apôtre». (cf. p. 10, 3e §)

L'enjeu de la lutte
Ainsi l'enjeu de la lutte spirituelle entre Paul et les taux frères des Églises de la Galatie était décisif: ou bien la vérité de l'Évangile, à savoir la liberté chrétienne, ou l'esclavage de la Loi. À cet égard. l'explication de Stott est lumineuse:
«Le chrétien a été libéré de la Loi, au sens où son acceptation devant Dieu dépend entièrement de la grâce de Dieu, car elle se tonde sur la mort de Jésus-Christ reçue par la foi.
Introduire les oeuvres de la Loi et rendre notre acceptation dépendante de notre obéissance à ses statuts et ses règlements revenait à taire de nouveau d'un homme libre un esclave.» (cf. p. 38 § 1 et 2)

Le maintien de la Vérité
Paul maintint la vérité de l'Évangile tant à Jérusalem (chap. 2: 1-10) qu'à Antioche lorsqu'il résista en face à l'apôtre Pierre, dont l'attitude était louvoyante du fait de sa crainte «des circoncis» (chap. 2: 11 -21). L'argument de Paul était catégorique et valait autant pour les Juifs que pour les païens:
«... sachant que ce n'est pas par les oeuvres de la Loi que l'homme est justifié, mais par la foi en Jésus-Christ, nous aussi (les Juifs) nous avons cru en Jésus-Christ, afin d'être justifiés par la foi en Christ et non par les oeuvres de la Loi, parce que nulle chair ne sera justifiée par les oeuvres de la Loi...
Je ne rejette pas la grâce de Dieu, car si la justice s'obtient par la loi, Christ est donc mort en vain.» (Gal. 2: 16 et 21).

Pourquoi la loi?
Restait à Paul la mission de répondre à la question: «Pourquoi donc la loi?» (cf. Gal. 3: 19). Y avait-il un lien ou une opposition entre la promesse faite à Abraham (cf. Gal. 3 :6-9) et la Loi promulguée 430 ans plus tard par des anges, au moyen de la médiation de Moïse. (cf. Gal. 3: 15-20).
La réponse de l'apôtre éclaire magnifiquement et positivement le rôle de la Loi:
«La Loi est-elle donc contre les promesses de Dieu? Loin de là! S'il eût été donné une loi qui pût procurer la vie, la justice viendrait réellement de la Loi. Mais l'Écriture a tout renfermé dans le péché, afin que ce qui a été promis fût donné par la toi en Jésus-Christ à ceux qui croient. Avant que la foi vînt, nous étions enfermés sous la garde de la Loi, en vue de la foi qui devait être révélée.
Ainsi la Loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi. La foi étant venue, nous ne sommes plus sous le pédagogue. Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ; vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n'y a plus ni Juif, ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car vous êtes un en Jésus-Christ. Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d'Abraham, héritiers selon la promesse.» (Gal. 3:21-29).
Ainsi la Loi – en révélant le péché – a-t-elle rendu l'accomplissement de la promesse encore plus souhaitable!
Évoquant le passage de Gal. 3: 6-14 Stott magnifie l'unité de la Bible:
«Ici l'apôtre Paul, avec une vision d'une rare envergure, réunit Abraham, Moïse et Jésus-Christ. En huit courts versets, il embrasse une période de deux mille ans. Il parcourt pour ainsi dire l'ensemble du paysage de l'Ancien Testament en le présentant comme une chaîne de montagnes dont les sommets culminants sont Abraham et Moïse et dont l'Everest est Jésus-Christ. Il montre comment la promesse de Dieu à Abraham fut confirmée par Moïse et accomplie par le Christ.» p. 81. 6e §

Plus esclave, mais fils
Avec le chapitre 4, le problème posé est le suivant: l'héritier va-t-il rester enfant et esclave, comme Ismaël, le fils de la femme esclave: Agar, qui typifie la servitude, ou bien va-t-il ressembler à Isaac, le fils de la promesse, de l'épouse légitime d'Abraham, Sara, la femme libre, qui typifie la liberté s'exprimant par l'Esprit d'adoption.
(cf. Gal. 4: 4-7)?
Paul interpelle les Galates en passant de l'allégorie à l'application pratique:
«Pour vous frères, comme Isaac, vous êtes des enfants de la promesse; et de même qu'alors celui qui était né selon la chair (Ismaël) persécutait celui qui était né selon l'Esprit (Isaac), ainsi en est-il encore maintenant. Mais que dit l'Écriture?
Chasse l'esclave et son fils, car le fils de l'esclave n'héritera pas avec le fils de la femme libre. C'est pourquoi, frères, nous ne sommes pas enfants de l'esclave, mais de la femme libre. C'est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude.»  align="justify" style="margin: 0.0px 0.0px 12.0px 0.0px; text-align: justify; line-height: 14.0px">La fausse religion qui met l'accent sur le mérite des oeuvres, maintient la conscience des hommes sous le sentiment de la culpabilité et les sépare de Christ! Tel est l'enseignement du chapitre 5 «Christ a satisfait aux exigences de la Loi pour nous. Il est mort à cause de notre désobéissance et a porté ainsi la condamnation à notre place. Il «nous a libérés de la malédiction que la Loi taisait peser sur nous en prenant la malédiction sur lui, à notre place» (3: 13). Maintenant, II a ôté le joug de nos épaules et nous a libérés afin que nous relevions la tête. Aussi, comment pouvons-nous envisager de nous replacer sous la Loi et de nous soumettre à son joug cruel?» p. 116, 4e §

La liberté chrétienne
Parler de la liberté chrétienne implique que l'on en connaisse la nature et que l'on évite de la confondre avec une sorte d'élasticité! Paul a discerné le danger et l'a dénoncé dans le passage de Gal. 5: 13-15:
«Frères, vous avez été appelés à la liberté, seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair ; mais rendez-vous, par la charité, serviteurs les uns des autres. Car toute la Loi est accomplie dans une seule parole, dans celle-ci: tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous ne soyez détruits les uns par les autres.» La liberté chrétienne est la liberté de la conscience. «Selon l'Évangile, nul n'est vraiment libre jusqu'à ce que Jésus-Christ l'ait déchargé du poids de sa culpabilité. Or, Paul déclare aux Galates qu'ils ont été «appelés» à cette liberté.
C'est également vrai pour nous. Notre vie chrétienne ne commença pas lors de notre propre décision de suivre le Christ, mais dès l'instant où Dieu nous y appela. Dans sa grâce, Dieu prit l'initiative alors que nous étions encore des pécheurs rebelles. Dans cet état, nous ne voulions, ni ne pouvions nous détourner du péché pour aller au Christ. En revanche, Dieu vint à nous et nous appela à la liberté». p. 123, § 3 et 4.

Quelles sont les implications de la liberté chrétienne?
S'appuyant sur la séquence des v. 13-15 du chap. 5, Stott donne trois réponses:
1. La liberté chrétienne n'est pas la liberté de se laisser aller aux tendances de notre nature pécheresse (v. 13).
«Ce n'est pas la liberté de pécher, mais la libération du péché.» (cf. 5 :24 p. 124, § 3 et 5)
2. La liberté chrétienne n'est pas la liberté d'exploiter mon prochain (v. 13b et 15) Le mot d'ordre est: ne pas exploiter les autres, mais les servir!
«La liberté chrétienne consiste à servir autrui et non à se servir d'autrui:
Paradoxe remarquable, d'une certaine manière la liberté chrétienne est une forme d'esclavage non de notre nature pécheresse, mais de notre prochain. Nous sommes libres par rapport à Dieu, mais esclaves les uns des autres.» p. 125, § 4,5 et 6 Le mobile de notre attitude est l'amour qui est la première composante du fruit de l'Esprit. (cf_5: 22)
3. La liberté chrétienne n'est pas la liberté de ne pas accomplir la Loi (v. 14)«Car la Loi se trouve accomplie tout entière par l'obéissance à cette seule parole:Aime ton prochain comme toi-même.»

Le chrétien et la loi
Stott pose la question suivante:
«Quelle est la relation du chrétien à l'égard de la Loi?
Il est tout à fait vrai que Paul déclare que si nous sommes chrétiens, nous avons été libérés de la Loi, nous ne sommes plus sous la Loi et ne devons plus nous soumettre au «joug de l'esclavage» que constitue la Loi: cf. 5: 1. Cependant, nous devons nous efforcer de saisir précisément ce qu'il veut dire par ces expressions.
La liberté chrétienne par rapport à la Loi sur laquelle Paul insiste concerne notre relation envers Dieu. Elle signifie que notre acceptation ne dépend pas de notre obéissance aux exigences par rapport à la Loi, mais de notre foi en Jésus-Christ, qui en mourant sur la croix, porta la malédiction de la Loi à notre place. Cette liberté de la Loi ne signifie nullement que nous sommes libres de négliger la Loi ou d'y désobéir.
Au contraire, bien que nous ne pouvions être acceptés par Dieu sur la base de la Loi, cependant, une fois que nous avons été acceptés*, nous obéirons à la Loi par amour pour Celui qui nous a acceptés et nous a donné son Esprit dans le but même de nous rendre capables de la mettre en pratique. Dans la terminologie du Nouveau Testament, bien que notre justification* ne dépende pas de la Loi, mais de Christ crucifié, toutefois notre sanctification consiste en l'accomplissement de la Loi (cf. Rom. 8:3,4).
De plus, si nous aimons non seulement Dieu, mais aussi notre prochain, nous découvrons que nous obéissons à la Loi de Dieu. En effet, toute la Loi de Dieu – du moins la deuxième table de la Loi concernant nos devoirs envers notre prochain – est accomplie en cette seule parole: «Aime ton prochain comme toi-même». Le meurtre, l'adultère, le vol, la cupidité et les taux témoignages représentent tous des transgressions de cette Loi d'amour. Paul tient le même langage au chapitre suivant: «Aidez-vous les uns les autres à porter vos fardeaux. De cette manière, vous accomplirez la Loi du Christ» (6: 2)» (p. 126, 3e et 5e §, p. 127, § 1 et 2).
Nous avons vu que la liberté chrétienne pouvait se perdre dès que le chrétien quittait le terrain de la vérité, de l'amour et de l'obéissance, c'est-à-dire la sphère de la vie dans le Christ, la vie dans l'Esprit. Par conséquent le maintien de cette liberté glorieuse nécessite un combat. Cela nous amène aux versets 16-25 de Gal. 5 qui attestent la réalité du combat (16-23) et indiquent le chemin de la victoire (24 et 25).

La réalité du combat
Le texte biblique ne laisse planer aucun doute sur le fait que le Saint-Esprit s'oppose à notre nature pécheresse après nous avoir communiqué la nouvelle nature, ni sur le tait que la chair est foncièrement opposée à Dieu, qu'elle ne peut se soumettre à Dieu, qu'elle ne peut être ni améliorée, ni – à plus forte raison – réformée! (cf. Rom. 8:3.5) La vieille nature et la nouvelle nature cohabitent en nous jusqu'à notre mort et se livrent un combat incessant, «féroce», qui – même s'il nous arrache des soupirs et tait couler des larmes – prouve que nous sommes réellement nés de nouveau! Dans Rom. 7: 14-25 l'apôtre Paul raconte le conflit dont Stott écrit «qu'il est spécifiquement chrétien». Notre texte des Galates sur ce combat de nos deux natures et celui de Rom. 7 s'accordent parfaitement. Chaque chrétien sérieux, et honnête envers lui-même, ne peut que reconnaître, à la fois les désirs de sa chair hostile à Dieu, et les oeuvres de cette nature déchue sous la forme de manifestations qui concernent divers domaines de l'existence: sexualité, religion, vie en société, excès de toutes sortes. (cf.v. 19-21)

Le fruit de l'esprit
Ne nous décourageons pas, car l'Écriture n'en reste pas à ce cortège affligeant des «oeuvres de la chair», mais lui oppose le fruit de l’Esprit; soit l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi.
(v.22) Si la Loi vise les «transgressions» caractérisées par les oeuvres de la chair, elle ne peut qu'approuver les diverses manifestations du fruit de l'Esprit! Paul écrit: «la Loi n'est pas contre ces choses».
J. Stott écrit: «Cette section (5: 16-25) est tout simplement remplie du Saint-Esprit*. L'Esprit est mentionné à sept reprises. Il est présenté comme Celui qui nous sanctifie et qui seul peut s'opposer à notre nature pécheresse et la tenir en bride (vv. 16,17), nous rendre capables d'accomplir la Loi` afin que nous soyons délivrés de sa domination sévère (v. 18), et enfin faire croître les fruits de la justice` dans nos vies (vv. 22,23).
Ainsi, la jouissance de la liberté chrétienne dépend du Saint-Esprit. Certes, c'est le Christ qui nous libère, mais sans l'oeuvre constante du Saint-Esprit pour nous sanctifier et nous diriger, notre liberté risque fort de dégénérer en licence.» p. 129, 1er §

Le chemin de la victoire
«Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. Si nous vivons par l'Esprit, marchons selon l'Esprit». vv.
21,25 D'une part, des passages comme Rom. 6: 6, Gal. 2: 20 et Col. 3: 3 enseignent que grâce à notre union avec le Christ par la foi «nous avons été crucifiés avec Lui». C'est notre position juridique, établie par Dieu: «morts en Christ et avec Christ».
D'autre part, selon notre texte de Gal. 5: 24, nous avons à ratifier tous les jours cette position de crucifié en renonçant consciemment et volontairement aux passions et aux désirs de la chair. (cf. Marc 8:34).
Ce rejet de notre ancienne nature doit être absolument déterminé. Stott emploie l'adjectif «impitoyable».
Ce rejet est douloureux. (cf. l Pierre 4: 1-2 et Rom. 13: 14). Il ne faut pas taire de sentiment avec la chair, pas la dorloter, mais la crucifier!
Notre rôle est actif.
Cette vie crucifiée est en rapport direct avec le Saint-Esprit. Quand il est dit que «nous sommes conduits par l'Esprit» (v. 18) cela se réfère à une action continue de l'Esprit rattachée à notre statut d'entant de Dieu. Mais les v. 16 et 25 mettent l'accent sur notre responsabilité active:
«Marchez selon l'Esprit...» Dans ce cas c'est nous qui, consciemment et volontairement, laissons l'Esprit diriger notre vie. Il n'y a pas de passivité de notre part.
Stott précise: «Aussi «laisser l'Esprit diriger notre vie» revient à marcher délibérément sur le chemin ou selon la ligne que le Saint-Esprit nous trace.» p. 136, 2e § Il faut reconnaître que sans l'Esprit nous sommes totalement impuissants. (cf. Rom. 7: 18 et 22-23). «Mais si par l'Esprit nous taisons mourir les comportements charnels, nous vivrons...» Rom. 8:13, cf. Phil 2:13.
Ainsi, notre position juridique correspond à cette déclaration de Col. 3: 3: «Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu»
 
Tout de suite après, l'apôtre Paul nous donne cette injonction qui souligne notre responsabilité personnelle: «Faites donc mourir, ce qui est de la nature terrestre: l'impudicité, l'impureté, les passions, les mauvais désirs et la cupidité qui est une idolâtrie... renoncez à toutes ces choses, à la colère, à l'animosité, à la méchanceté, à la calomnie, aux paroles déshonnêtes... Ne mentez pas les uns aux autres, vous étant dépouillés du vieil homme et de ses oeuvres, et ayant revêtu l'homme nouveau, qui se renouvelle dans la connaissance, selon l'image de Celui qui l'a créé.» (Col. 3: 5, 8-10, cf. Eph. 4: 20-5: 2).

Les résultats pratiques de la victoire (résumé)
1. La croix, acceptée et vécue jour après jour, produit son effet positif dans le domaine des relations entre chrétiens, au sein de situations concrètes, exposés à partir du dernier verset du chap. 5 jusqu'au verset 5 du chap. 6. N'oublions pas que la première caractéristique du fruit de l'Esprit c'est l'amour!
2. Les versets 6-10 posent le principe des semailles et de sa moisson, vrai tant dans le domaine spirituel que dans celui de la nature! «Ne vous y trompez pas: on ne se moque pas de Dieu. Ce qu'un homme aura semé, il le moissonnera aussi. Celui qui sème pour sa chair moissonnera de la chair la corruption, mais celui qui sème pour l'Esprit moissonnera de l'Esprit la vie éternelle. Ne nous lassons pas de taire le bien, car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas.» v. 1-9 Ne nous faisons pas d'illusions! Si nous semons de mauvaises graines nous ne récolterons rien de bon! Stott pose cette question: «Comment pouvons-nous nous attendre à moissonner le fruit de l'Esprit si nous ne semons pas dans le champ de l'Esprit?»
3. En conclusion de l'Épître, l'apôtre Paul souligne une nouvelle fois: le caractère essentiel de la religion chrétienne qui est quelque chose d'intérieur, «de spirituel dans le coeur».
Entre la circoncision et la Croix Paul a fait son choix! «Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d'autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ. Par elle, en effet, le monde de l'homme pécheur a été crucifié pour moi, de même que moi je l'ai été pour ce monde. Peu importe d'être circoncis ou non. Ce qui compte, c'est d'être une nouvelle créature.» v. 14 et 15.
 
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Le livre de John Stott est tout à fait remarquable! Comme le dit la préface, c'est plus un message qu'un commentaire. Cela se sent tout au travers de l'ouvrage qui allie l'équilibre de la pensée et la puissance des convictions bibliques.
De plus, l'auteur applique le message de l'épître aux Galates à ce qui se passe dans le monde d'aujourd'hui, en particulier sur le plan religieux et moral. Stott ne tait aucune concession aux courants modernes et se réfère toujours à la norme de l'Écriture. Il combat le taux christianisme des rites, des formes, des cérémonies et il ne cesse de revenir à la signification de la mort expiatoire de Jésus-Christ sur la Croix.
Les trois grands thèmes de l'Épître, soit celui de l'autorité, (chap. 1 et 2), du salut (chap. 3 et 4) de la sainteté (chap. 5 et 6) apparaissent dans une clarté admirable.
Je n'ai pas pu me borner à une simple recension du livre et j'ai été conduit, – pour le bien du lecteur, je l'espère – à développer mon texte! Le contenu du message des Galates est tel que chacun de nous se sent concerné par les forces qui y sont mises en présence et en opposition!
Que le Seigneur bénisse cette lecture et vous conduise à vous procurer dès que possible l'ouvrage de J. Stott!
J.-J. Dubois
 
*C'est nous qui soulignons
 
Note: Nous n'approuvons pas toutes les positions de cet auteur, sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement.
Toutefois en accord avec la recommandation apostolique: «Examinez toutes choses, retenez ce qui est bon» (1Thess. 5:21), nous avons décidé de publier l'analyse en question vu la valeur intrinsèque du Commentaire de John Stott sur l'Épître aux Galates.
Le comité de la BONNE NOUVELLE.
(John Stott – Éditions Emmaüs – 181 pages)  


© La Bonne Nouvelle 4/98


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NOTES SUR L'ÉPÎTRE AUX HÉBREUX 

VUE D'ENSEMBLE

Située dans l'ensemble des Écritures et envisagée sous ses différents aspects, l'épître aux Hébreux (en abrégé: Héb.) apparaît comme un libre capital du Nouveau Testament (NT), avec ses 13 chapitres et l'accomplissement de l'Ancien Testament (AT) montré dans la personne et l'oeuvre de Jésus-Christ.


1. AUTEUR

Pas nommé. Dieu seul le connaît. C'est:

– un Juif (1.1. nos pères = patriarches d'Israël),

– un helléniste: plus de 80 citations de l'AT, toutes selon la version grecque des LXX (sauf 10.30),

– un ami de Timothée (13.23),

– un contemporain des apôtres (2.3), mais pas apôtre lui-même (ne s'identifie jamais à eux). Selon Tertullien, ce pourrait être Barnabas (Act. 4.36)

– Juif (de la tribu de Lévi),

– Lévite: connaît bien les sacrifices et la loi en général, – Cypriote, avec culture grecque d'Alexandrie,

– converti après la Pentecôte, par les miracles? (2.3-4),

– «fils d'exhortation» (comp. 13.22). Serait-ce plutôt Paul, dont les idées se retrouvent?

Mais:

– il ne se nomme pas (contrairement à ses épîtres), le vocabulaire diffère beaucoup: plus de 150 mots ne se retrouvent pas ailleurs dans le NT,

– le style est différent, plus doux,

– la matière traitée aussi est différente,

– l'autorité dont se réclame Paul ailleurs (Gal. 1.12; 1 Cor. 9.1, etc) n'apparaît pas en Héb. (comp. 2.3).

Quand l'écrivain reste ainsi caché, Dieu n'est que mieux désigné comme la source du message (3.7; 10.15 pour l'AT; 9.8 pour Héb.).


2. DESTINATAIRES

Aucune indication déterminante (autre différence avec les épîtres de Paul).

Ce sont:

– des Hébreux (1.1. nos pères) connaissant l'AT et les nombreuses références aux faits qu'il relate (aucune allusion à des païens convertis),

– devenus chrétiens (2.3) après la Pentecôte et les miracles qui la suivirent, – depuis longtemps déjà (5.11-12), – connaissent Timothée (13.23),

– forment une église locale ayant des conducteurs (13.7, 17, 24), mais où? À Rome, si l'épître est écrite d'ailleurs?

À Jérusalem, si l'épître est écrite d'Italie?

Le doute qui subsiste accrédite le message de cette merveilleuse épître auprès de tous les croyants qui se reconnaissent dans ces croyants d'ancienne date, mais pas avancés spirituellement et exposés au découragement.


3. DATE DE COMPOSITION

Avant l'an 70 de notre ère:

– le temple de Jérusalem et le culte lévitique sont encore là (8.4; 9.9). La destruction du temple n'aurait pas manqué d'être citée comme un jugement de Dieu sur l'ancien état (8.13).

– Timothée vit encore (13.23).


4. BUT DE L'ÉPÎTRE

Il est double, face à la tentation de recul de la foi:

– doctrinal supériorité de Christ sur l'Ancienne Alliance et la loi de Moïse

– pratique conduire à une maturité spirituelle des croyants menacés de relâchement par incrédulité.

5 avertissements sont répartis dans l'épître: 2.1-4; 3.7-19 (4.11-13); 5.11 -6.20; 10.26-39; 12.18-29.

La connaissance du Fils de Dieu est une puissance de vie pour le croyant (Phi. 3-10).


5. QUELQUES THÈMES DE L'ÉPÎTRE

– Perfection

Loi et sacrifices ne peuvent rendre parfait: Héb. 7.11,19; 9.9; 10.1. Christ est parvenu à la perfection: 2.10; 5.9 7.28; 9.11.

Christ sauve parfaitement les croyants: 7.25 10.14; 11.40.

– Éternel (et non temporaire comme la loi) 7 fois: trône 1.8; salut 5.9; jugement 6.2; rédemption 9.12; Esprit 9.14; héritage 9.15; alliance 13.20.

– Meilleur (Héb. = livre des choses meilleures en Christ). 9 fois: espérance 7.19; ministère de Christ 8.6; alliance 8.6; promesses 8.6; biens 10.34; patrie 11.15; résurrection 11.35; quelque chose 11.40 sang d'aspersion 12.24.

– Foi (Héb. 11 = chapitre classique des héros de la foi).

– Quelques versets fondamentaux

1.2: Dieu a parlé 4.16: Le trône de la grâce

5.9: Le salut éternel

7.25 Un sauveur toujours vivant pour prier

9.22 L'effusion du sang nécessaire au pardon

9.27 Après la mort vient le jugement

12.20: Dieu est aussi un feu consumant

13.8: Jésus-Christ est le même.


6. PLAN

Prologue 1.1-3: Gloire personnelle du Fils de Dieu

Partie doctrinale

1.4 - 10.18: Christ médiateur de l'alliance meilleure

1.4 - 7.28: Christ supérieur aux personnalités de l'AT

8.1 - 10.18: Christ supérieur aux institutions de l'AT Partie pratique

10.19 - 13.17 La vie céleste transposée dans les réalités de notre vie terrestre.

10.19 - 11.40 Plénitude de vie et de foi

12.1 - 13.17: Persévérance d'espérance et d'amour

Épilogue 13.18-25: voeux et salutations.


7. VERSET CLEF

On a proposé Héb. 1.1 Dieu a parlé, mais Héb. 8.1 est plus conforme au message spécifique de l'épître: Christ sacrificateur, dans son rôle actuel, caché, mais indispensable au peuple de Dieu (quelques rares aperçus seulement ailleurs dans le NT: Jn. 13, Rom. 5.10; 6.10; sur la vie actuelle au ciel du Sauveur des croyants).

L'épître aux Hébreux est à ce point remplie du Christ, qu'on l'a appelée le 5e évangile!

Jean CHOPARD

© Promesses 1984 – 1 / No 69


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