LES
LIVRES APOCRYPHES C'est le nom habituellement donné aux 14 livres contenus dans certaines Bibles, entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Ils eurent leur origine entre le 1er et le 3e siècle avant Jésus-Christ, pour la plupart d'auteurs incertains et furent ajoutés à la version des Septante, qui était une traduction grecque de l'Ancien Testament faite à cette époque-là. Ils ne se trouvaient pas dans l'Ancien Testament hébreu. Ils furent écrits après la cessation des prophéties, oracles et révélations de l'Ancien Testament. Josèphe les rejetait en bloc et ils ne furent jamais reconnus par les Juifs comme faisant partie des Écritures. Ils ne sont jamais cités par Jésus, pas plus qu'ailleurs dans le Nouveau Testament. L'Église primitive ne leur reconnut aucune autorité canonique, ni inspiration divine. Quand la Bible fut traduite en latin au 2e siècle de notre ère, son Ancien Testament ne fut pas traduit à partir de l'hébreu, mais à partir de la version grecque des Septante. C'est ainsi que ces livres apocryphes furent reportés de la Septante à la traduction latine, et de là à la Vulgate, qui devint la version commune en Europe occidentale jusqu'aux temps de la Réforme. Les Protestants, fondant leur mouvement sur l'autorité divine de la Parole de Dieu, rejetèrent aussitôt ces livres apocryphes comme ne faisant pas partie de la Parole de Dieu, tout comme l'avaient fait les anciens Hébreux et l'Église primitive. Puis l'Église catholique romaine, au Concile de Trente, en 1546, tenu pour arrêter le mouvement protestant, déclara ces livres canoniques et encore de nos jours, ils se trouvent dans les versions catholiques de la Bible.
I Ces livres apocryphes sont les suivants: Esdras (également appelé 3e Esdras). Ce livre est une compilation de passages d'Esdras, 2 Chroniques et Néhémie, avec en plus des légendes au sujet de Zorobabel. Son but était de décrire la libéralité de Cyrus et de Darius envers les Juifs, dans l'espoir que cela servirait de modèle aux Ptolémées. 2 Esdras (également appelé Apocalypse d'Esdras). Il prétend relater des visions accordées à Esdras, au sujet du gouvernement du monde par Dieu, d'une nouvelle ère à venir et la redécouverte de certaines Écritures perdues. Tobie. Un roman, dénué de toute valeur historique, au sujet d'un jeune et riche captif israélite à Ninive, qui fut conduit par un ange à épouser une «veuve-vierge» qui avait perdu sept maris. Judith. Un roman historique au sujet d'une veuve juive, riche, belle et pieuse, qui au temps de l'invasion babylonienne de Juda, se rendit audacieusement à la tente du général babylonien, et sous prétexte de s'offrir à lui, le décapita et ainsi sauva sa ville.
Additions au livre d'Esther. Des passages intercalés dans la version des Septante du livre d'Esther de la Bible hébraïque, essentiellement dans le but de montrer la main de Dieu dans l'histoire. Ces fragments furent rassemblés et regroupés par Jérôme.Sagesse de Salomon. Très semblable à certaines portions de Job, Proverbes et Ecclésiaste. Une sorte de fusion entre la pensée hébraïque et la philosophie grecque. Écrite par un Juif d'Alexandrie qui se présente comme Salomon. Ecclésiastique (ou Sirac). Ressemble au livre des Proverbes. Écrit par un philosophe juif ayant beaucoup voyagé. Donne des règles de conduite dans tous les détails de la vie civile, religieuse et domestique. Exalte les mérites d'une longue liste de héros de l'Ancien Testament. Baruc. Ce livre prétend être l'oeuvre de Baruc, le scribe de Jérémie, qui est présenté comme ayant vécu la dernière partie de sa vie à Babylone. Il s'adresse aux exilés et consiste pour la plupart en des paraphrases de Jérémie, de Daniel et d'autres prophètes. Le Cantique des trois amis de Daniel. Une addition pas authentique au livre de Daniel, insérée après 3:23 et prétendant être leur prière tandis qu'ils étaient dans la fournaise ardente, ainsi que leur chant triomphal après la délivrance. Histoire de Suzanne. Encore une addition au livre de Daniel, relatant comment l'épouse pieuse d'un riche Juif de Babylone, faussement accusée d'adultère, fut acquittée par la sagesse de Daniel. Bel et le serpent. Encore une addition au livre de Daniel. Deux histoires dans lesquelles Daniel prouve que les idoles Bel et le serpent sont pas des dieux, l'une est basée sur l'histoire de la fosse aux lions. La prière de Manassé. Prétend être la prière de Manassé, roi de Juda, alors qu'il était captif à Babylone, et dont il est question en 2 Chroniques 33: 12, 13. L'auteur est inconnu. La date probablement est le 1er siècle avant Jésus-Christ. 1 Maccabées. Un ouvrage historique d'une grande valeur pour la période maccabéenne, relatant les événements de la lutte héroïque des Juifs pour la liberté (175-135 avant Jésus-Christ). Écrit vers 100 avant Jésus-Christ par un Juif palestinien. 2 Maccabées. Également un récit de la lutte des Maccabées, se limitant à la période 175-161 avant Jésus-Christ. Prétend être un condensé d'un ouvrage écrit par Jason de Cyrène, dont on ne sait rien. S'ajoute à 1 Maccabées, mais lui est inférieur.
II Autres écrits pseudépigraphes À côté des Apocryphes, décrits dans les deux pages précédentes, il eut d'autres écrits juifs, datant de la période entre le 2e siècle avant Jésus-Christ et le premier siècle de notre ère, dont beaucoup étaient de nature «apocalyptique», et dans lesquels l'auteur se présente sous nom d'un héros mort depuis longtemps et réécrit l'histoire en termes prophétiques. Ils sont pour la plupart composés de visions attribuées à des personnages anciens des Écritures, certaines d'entre les présentant des fantaisies des plus extravagantes. Ces livres intéressent beaucoup au futur Messie. Les souffrances de la période maccabéenne intensifièrent l'attente juive que le temps de sa venue approchait. Ils sont partiellement fondés sur des traditions incertaines et partiellement sur l'imagination. En voici quelques-uns parmi les mieux connus: Les livres d'Hénoc. Un groupe de fragments, d'auteurs divers et inconnus, écrits entre les 1er et 2e siècles avant Jésus-Christ, contenant des révélations qui auraient été données à Hénoc et Noé. Ils parlent du futur Messie et du Jour du Jugement. Un verset du 1er livre d'Hénoc est cité en Jude 14. L'assomption de Moïse. Écrit par un Pharisien, à peu près au moment de la naissance de Jésus. Contient des prophéties attribuées à Moïse, au moment de sa mort et que celui-ci confia à Josué. L'ascension d'Ésaïe relate le récit légendaire du martyre d'Ésaïe et certaines visions qui lui sont attribuées. On pense qu'il fut écrit à Rome, par un Juif chrétien, pendant la persécution des Juifs par Néron. Le livre des Jubilés. Un commentaire de la Genèse, écrit probablement pendant la période maccabéenne, ou un peu plus tard. Il tire son nom de son système de datation, basé sur les périodes de jubilé, soit 50 ans. Psaumes de Salomon. Un recueil de chants, par un pharisien inconnu, au sujet du futur Messie, rédigé probablement peu après la période maccabéenne. Le testament des douze patriarches. Un produit du 2e siècle avant Jésus-Christ, prétendant contenir les dernières volontés des douze fils de Jacob à leurs enfants, chacun racontant l'histoire de sa vie et les leçons qu'il en tire. Les oracles sybillins. Écrit pendant la période maccabéenne avec des additions plus tardives, imitant les oracles grecs et romains, et traitant de la chute des empires oppresseurs et de l'aube de l'ère messianique.
III Les livres apocryphes du Nouveau Testament: Ce sont des évangiles, des actes d'apôtres et des épîtres légendaires et contrefaits, ainsi que divers textes produits dans le but de promouvoir le culte naissant de la mère de Jésus. Tous ces écrits commencèrent à paraître au cours du 2e siècle. Il s'agissait pour la plupart de faux, reconnus comme tels dès le départ. Ils sont tellement remplis d'histoires invraisemblables de Christ et des apôtres qu'on ne les a jamais considérés comme d'inspiration Divine et ils n'ont jamais été inclus dans notre Bible. Ce ne sont que des essais délibérés pour combler les vides dans l'histoire de Jésus dans le Nouveau Testament, afin de propager des idées hérétiques en s'appuyant sur de faux documents. On a recensé environ 50 évangiles fictifs, ainsi que de nombreux actes et épîtres. La grande masse de ces faux écrits rendit d'autant plus urgente et importante la tâche de l'Église primitive pour faire la distinction entre le vrai et le faux. On dit que Mahomet reçut la plupart de ses idées sur le christianisme à partir de tels livres. Ils sont également à l'origine de certains dogmes de l'Église catholique romaine. On ne doit pas les confondre avec les écrits des «pères apostoliques» qui ont été authentifié comme ayant été écrit par des chrétiens ayant été en contact avec les Apôtres et les premiers disciples. Voici quelques-uns parmi les plus connus de ces faux: L'Évangile de Nicodème incorpore les Actes de Pilate, un prétendu rapport officiel du procès de Jésus, envoyé à l'empereur Tibère, produit au 2e ou au 5e siècle. Pure fiction. Protoévangile de Jacques, récit allant de la naissance de Marie au massacre des innocents. Comprend des histoires qui avaient commencé à circuler au 2e siècle, achevé au 5e siècle. La mort de Marie fourmille de miracles farfelus, culminant dans l'assomption de «son corps immaculé et précieux» au paradis. Écrit au 4e siècle, avec la naissance du culte de la Vierge. Évangile selon les Hébreux contient des additions aux évangiles canoniques, avec des paroles attribuées à Jésus. Vers 100 Évangile des Ébionites compilé à partir des Évangiles synoptiques, dans l'intérêt de la doctrine ébionite. Entre les 2e et 4e siècles. Évangile des Égyptiens. Conversations imaginaires entre Jésus et Salomé. Entre 130 et 150. Utilisé par les Sabellins. Évangile de Pierre, au milieu du 2e siècle basé sur les anges canoniques. Écrit dans l'intérêt des doctrines docétiques, anti-juives. Évangile de pseudo-Matthieu. Une fausse traduction de Matthieu, datant du 5e siècle, abondant en récits de miracles de Jésus enfant. Évangile de Thomas. 2e siècle. La vie de Jésus entre sa 5e et sa 12e année. Le dépeint comme faisant des miracles pour satisfaire des caprices d'enfant. La Nativité de Marie. Un faux délibéré du 6e siècle, afin de promouvoir le culte de la Vierge. Des histoires sur des visites d'anges que Marie aurait reçues quotidiennement. Avec le développement de la papauté, il jouit d'une immense popularité. Évangile arabe de l'enfance. 7e siècle. Récits de miracles pendant le séjour en Égypte. Très fantaisiste. Évangile de Joseph le charpentier. 4e siècle. Origine en Égypte. Consacré à la glorification de Joseph. Apocalypse de Pierre. De prétendues visions du ciel et de l'enfer qui auraient été accordées à Pierre. Eusèbe le considéra comme un faux. Actes de Paul. Milieu du 2e siècle. Un roman prônant la continence. Incorpore l'épître aux Corinthiens supposée perdue. Actes de Pierre. Fin du 2e siècle. Une liaison amoureuse de la fille de Pierre. Conflit avec Simon le Magicien. Contient l'histoire de Quovadis? Actes de Jean. Fin du 2e siècle. Récit d'une visite à Rome. Pure fiction. Contient des descriptions d'une sensualité révoltante. Actes d'André. Récit d'André essayant de convaincre Maximilla de s'abstenir de rapports sexuels avec son mari et aboutissant à son martyre. Actes de Thomas. Fin du 2e siècle. Comme les Actes d'André, un roman écrit pour promouvoir l'abstinence de rapports sexuels. Lettre de Pierre à Jacques. Fin du 2e siècle. Violente attaque sur Paul. Une pure fabrication dans l'intérêt des Ébionites. Épître à Laodicée, prétend être celle dont il est question en Colossiens 4: 13. Un assemblage de phrases de Paul. Lettres de Paul à Sénèque et Lettres de Sénèque à Paul. Un faux du 4e siècle, ayant pour objet soit de faire l'éloge du christianisme auprès des disciples de Sénèque, soit de faire l'éloge de Sénèque auprès des chrétiens. La principale caractéristique de ces écrits est leur nature fictive présentée comme un document historique, mais dans la plupart des cas ils sont tellement absurdes que leur fausseté est évidente. Lettres d'Abgar. Elles pourraient avoir quelque fondement. Eusèbe était de cet avis. Il raconte qu'Abgar, roi d'Édesse, étant malade, tendit parler des pouvoirs de Jésus et lui adressa une lettre, l'implorant de venir le guérir. Jésus lui aurait écrit cette réponse: «Il est nécessaire que s'accomplissent les choses pour lesquelles j'ai été envoyé, après quoi je serai reçu par Celui qui m'a envoyé. Quand j'aurai été dans le ciel, je t'enverrai un de mes disciples qui te guérira.» En conséquence, dit-on, Thaddée aurait été envoyé et il aurait vu les lettres dans les archives d'Édesse. Il est possible que Jésus ait envoyé un tel message verbalement, qui aurait été ensuite transcrit. © Source: L’histoire de l’Église
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AVONS-NOUS
BESOIN DES ÉVANGILES APOCRYPHES POUR MIEUX
CONNAÎTRE CHRIST?
L'éditeur Gallimard envisage de faire paraître en 1996 un ouvrage de la Pléiade sous forme d'un recueil d'apocryphes. Ici il est question de textes qui remontent à la période post-apostolique (70-150 après J.-Ch.), que les chrétiens des premiers siècles de notre ère n'ont pas reçus comme inspirés de Dieu et qui n'ont donc pas été admis dans le Canon biblique. (Épîtres du pseudo-Barnabas, de Clément aux Corinthiens, aux Laodiciens, le Pasteur Hermas...). contenant des récits légendaires sur l'enfance de Jésus. Une équipe de théologiens protestants lausannois, avec le professeur Jean-Daniel Kaestli comme cheville ouvrière, a été chargée de réaliser la publication de ces écrits apocryphes ou pseudépigraphes. Les pseudépigraphes sont des écrits qui portent un faux nom d'auteur (évangiles faussement attribués à Thomas, à Pierre, à Jacques, à Barnabas, à Barthélémy, à Nicodème. . .). La distinction entre apocryphes et pseudépigraphes n'est pas toujours claire. On y trouve des narrations présentant Jésus sous un faux jour (un enfant colérique et vengeur...), ainsi que des épisodes légendaires, voire mythologiques, avec bien des détails que les quatre Évangiles ignorent totalement et qui sont même parfois en flagrante contradiction avec la lettre et l'esprit du texte biblique. Même si l'Église romaine n'a pas reconnu à cette littérature la canonicité, on appelle canoniques les livres qui ont été reconnus comme divinement inspirés et de ce fait admis dans le Canon (règle), c'est-à-dire inscrits dans le catalogue ou la liste des livres faisant autorité dans l'Église dont jouissent tous les écrits du Nouveau Testament, elle y a puisé des éléments qu'elle a introduits dans sa tradition, en particulier la mariolâtrie, y compris l'assomption de Marie. Les
chrétiens des premiers siècles qui sont à l'origine de la
formation du Canon biblique ont, avec l'assistance du
Saint-Esprit, agi avec sagesse et discernement spirituel en
écartant tous les manuscrits dont l'apostolicité ou
l'authenticité et l'inspiration divine n'étaient pas
évidentes. Mais voici que ces théologiens lausannois
désirent réhabiliter la face cachée de la vie du Christ Voir
le quotidien «24 Heures» des 15-17 avril 1995 sous le titre:
«L'enfant Jésus menait la vie dure à ses parents», comme
si son image, telle qu'elle apparaît dans la Bible, et
particulièrement dans les Évangiles, avait besoin d'être
complétée par des éléments provenant de sources douteuses.
Ces auteurs veulent ainsi populariser ces évangiles
apocryphes qui, dit-on, font à nouveau fureur. Le
«Nouveau Dictionnaire Biblique» dit (p. 1084): «De temps en
temps, quelques savants profanes saisissent l'un ou l'autre
ou plusieurs de ces pseudépigraphes et crient haut et fort
que pendant des siècles l'Église a caché la vérité, le vrai
Evangile, à ses membres, les tenant dans une ignorance
inadmissible»! Cette mode nous vient d'Outre-Atlantique où, dans le sillon du «Nouvel Âge», on assiste au retour de ces faux évangiles gnostiques. On peut, certes, s'intéresser à toute littérature ancienne religieuse ou profane, mais ce n'est pas dans des récits légendaires, voire mythiques, que nous devons chercher un complément d'information sur la personne du Christ. J. H. © La Bonne Nouvelle 1/96 Retour |
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QUE
PENSER DES LIVRES
APOCRYPHES
APPELÉS AUSSI PAR CERTAINS «DEUTÉROCANONIQUES»
La Bible comprend l'Ancien et le Nouveau Testament. Dieu a révélé le premier aux Juifs, et le second aux Chrétiens; l'ensemble constitue la révélation de Dieu à l'homme.
Si toutes les traductions françaises de la Bible contiennent 27 livres dans le Nouveau Testament, nous devons signaler que certaines traductions comportent 46 livres dans l'Ancien Testament au lieu de 39. Pourquoi?
CERTITUDE DU CANON JUIF Un écrivain inspiré tel que l'apôtre Paul reconnaît que les oracles de l'Ancien Testament ont été confiés aux Juifs (Romains 3 v. 2), c'est donc vers eux que nous devons nous tourner pour connaître les Écrits révélés par Dieu à son peuple. Une simple consultation des textes hébraïques ou des versions juives (par exemple celle du Rabbinat français) nous montre que les Juifs acceptent 39 livres comme inspirés. La position de la communauté Juive n'a jamais changé et nous prendrons à témoin l'historien Josèphe qui affirme que le nombre de livres tenus pour divins par les Juifs sont au nombre de 22 et qui repousse les autres livres, écrits depuis Artaxerxès, comme n'ayant qu'une autorité humaine. Or c'est le cas de ces livres qui ont été ajoutés à l'Ancien Testament, après que le dernier prophète, Malachie, ait écrit son livre. D'OÙ VIENNENT LES APOCRYPHES? On a appelé Apocryphes, c'est-à-dire, cachés, douteux, ces livres dont les Juifs ont toujours nié l'inspiration et qui se trouvent actuellement dans certaines versions de la Bible. Quoique compris sous un même nom, ils n'ont presque rien de commun entre eux: ils diffèrent non seulement par le sujet et par la forme mais encore par le pays d'où ils proviennent (Palestine, Égypte) et par la langue originale (Hébreu, Araméen, Grec). Au troisième siècle avant notre ère, la langue grecque était la plus répandue. Ptolémée Philadelphe, pour garnir son impressionnante bibliothèque, demanda la traduction des écrits religieux juifs. C'est ainsi qu'apparut la version des «Septante», traduction grecque des écrits inspirés juifs, auxquels furent ajoutées diverses narrations profanes. Le Nouveau Testament, écrit en grec, se réfère souvent aux écrits de l'Ancien Testament, et cite celui-ci dans la traduction grecque de la version des «Septante», mais jamais les «apocryphes» ne sont cités ni par notre Seigneur Jésus-Christ ni par aucun des auteurs inspirés. Au quatrième siècle, la langue commune est le latin. C'est ainsi que Jérôme, secrétaire du pape, est chargé de traduire la Bible dans la langue de Virgile. Après avoir traduit le Nouveau Testament, il essaie, selon les ordres reçus, de traduire l'Ancien à partir de la version des «Septante» qui contient précisément les apocryphes. Jérôme est un homme de grand savoir, un «Père de l'Église», aussi son avis sur la question des apocryphes est-il fondamental. Il confesse que s'il a traduit ces fables, ce n'est que pour se prêter aux préjugés du peuple; mais qu'il les a marqués d'un style «afin, en quelque sorte, de les égorger». Nous pourrions donner le témoignage d'ecclésiastiques aussi connus que: Eusèbe, Origène, Hilaire de Poitiers, Athanase, Cyrille de Jérusalem, Épiphane, Grégoire de Naziance, Rufin, Augustin et beaucoup d'autres évêques et docteurs qui affirment que les apocryphes ne sont pas les oracles de Dieu. C'est finalement Augustin qui fit admettre les apocryphes aux Conciles d'Hippone et de Carthage mais seulement comme livres qui pourraient être lus et cités. Au seizième siècle, au concile de Trente (1546-1563), les autorités ecclésiastiques réunies ratifièrent l'exclusivité de la Vulgate comme version officielle de l'Église romaine; mais elles prirent soin, au préalable, de supprimer la note d'introduction de Jérôme au sujet des apocryphes, qui furent alors portés au bénéfice d'une prétendue inspiration divine: ils devinrent les livres «deutérocanoniques» (deuxième canon). Voici un extrait du prologue de Jérôme qui a été supprimé: «tout ouvrage qui ne figure pas parmi les 24 livres (Initialement on en comptait 22 ou 24 mais il s'agit toujours des mêmes écrits regroupés de façon différente. Par exemple, les douze «petits prophètes» ne comptaient que pour un livre dans les anciennes éditions.) de la Bible hébraïque, doit être considéré comme apocryphe, c'est-à-dire non canonique.» Jusqu'au vingtième siècle, toutes les traductions catholiques ont été faites sur la Vulgate, ce qui explique que ces traductions contiennent 46 livres dans l'Ancien Testament, au lieu de 39.
LISTE DES APOCRYPHES SE TROUVANT DANS CERTAINES ÉDITIONS Le Concile de Trente n'a pas pu accepter la totalité des apocryphes de la Septante; il en a fait une sélection dont nous donnons la liste ici: - Le livre de Tobie (ou Tobit) - Le livre de Judith - Le livre de la sagesse - Le livre du siracide (ou l'Ecclésiastique) - Le livre de Baruch (y compris La lettre de Jérémie) - Le premier livre des Macchabées - Le second livre des Macchabées - Les suppléments grecs d'Esther - Les suppléments grecs de Daniel: Le cantique des 3 jeunes Hébreux + L'histoire de Suzanne + L'histoire de Bel et le Dragon LES APOCRYPHES SONT INACCEPTABLES Voici quelques raisons qui nous montrent que les apocryphes ne peuvent être acceptés comme la Parole de Dieu: 1) Les Juifs, dépositaires des oracles divins, ne les ont jamais acceptés. 2) Ni Jésus-Christ, ni ses apôtres ne s'y sont jamais référés. 3) Ils n'ont jamais été acceptés par l'Église primitive. 4) Jérôme, le traducteur de la Vulgate, a eu soin de mettre en garde contre ces écrits non inspirés qui figurent dans sa traduction. Il écrit: «J'ai cédé à votre demande, ou plutôt à votre persécution, traduisant plutôt d'après le sens que mot à mot.» 5) Il faut attendre l'an 1546, donc environ 1700 ans après leur rédaction, pour que ces livres soient reconnus comme inspirés. 6) Malachie, le dernier prophète de l'Ancien Testament nous renvoie directement à Jean-Baptiste pour la suite de la révélation (Malachie 4 v. 4-6; Matthieu 11 v. 13-16) ce qui est d'ailleurs confirmé par les apocryphes eux-mêmes. (1 Macc. 9 v. 27) 7) Les écrivains des apocryphes ne se présentent pas comme inspirés mais comme des écrivains ordinaires (1 Macc. 4 v. 46; 2 Macc. 2 v. 19-32; 15 v. 37-39) 8) Ces livres contiennent des doctrines qui sont opposées à celles des livres inspirés:
9) Ces livres contiennent des fables et des faits
contraires au sobre bon sens (2 Macc 1 v. 19-22; 2 v. 4-7)
10) Ces livres contiennent de très nombreuses contradictions historiques:
CONCLUSION Les fausses doctrines et les contradictions contenues dans les apocryphes prouvent à l'évidence que ces livres ne peuvent être le langage de l'Esprit de vérité: savoir la Parole même de Dieu! Si votre Bible possède ces textes, ce n'est pas pour autant qu'il faut la rejeter. Lisez d'abord tous les textes inspirés et vous serez alors en mesure de discerner par vous-même la non-inspiration de ces additions dont certaines, comme le premier livre des Macchabées, présentent un intérêt historique non négligeable.
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LA
BIBLE ET LES LIVRES APOCRYPHES La
Bible se compose de deux ensembles d'écrits: le Nouveau
Testament, proche de nous dans le temps, relate la vie et
l'oeuvre de Jésus-Christ et de ses apôtres, l'Ancien
Testament retrace, en particulier, l'histoire du peuple juif
choisi par Dieu pour se révéler aux hommes. Le texte de
l'Ancien Testament nous a donc été transmis par
l'intermédiaire d'Israël.
Victor
Rodriguez
©
Promesses 1983 - 3 / No 67 ------------------------------------------------------------ |
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CE
QUE NOUS CROYONS
Avec cette série d'articles du pasteur Stuart Olyott à Lausanne, nous ouvrons une nouvelle rubrique. L'ensemble de ces articles évoque les aspects fondamentaux de la doctrine chrétienne présentée, sous forme de courts chapitres, d'une manière concise et facile à retenir. Ayez votre Bible ouverte pendant la lecture, car les passages indiqués vous aideront à saisir toute la portée de ce qui est avancé. Nous savons gré au pasteur Olyott d'avoir mis ce matériel, rédigé en anglais, à notre disposition.
1. LA BIBLE A. Ce que dit la Bible Dieu a parlé L'univers parle de Dieu. Ps 19.1-3. Avant la chute, l'homme en comprenait le sens profond. Gen 2.19-20. Même aujourd'hui, quiconque considère la création doit y découvrir Dieu. Rom 1.18-32; 2.14-15. Cependant l'homme a tendance à refouler la vérité qu'il entrevoit. Rom 1. 18, 21-25,28. Pourtant, tout cela laisse l'homme dans l'incapacité de se mettre en ordre avec Dieu ou de le servir de bon coeur. Mais Dieu s'est plu de lui révéler progressivement, en lui adressant la parole, comment s'y prendre. Ces paroles capables de sauver l'homme nous sont maintenant accessibles dans la Bible. Tirons une première conclusion: Au lieu de débattre la question de l'existence de Dieu, déclarons la vérité. Tout homme a une conscience qui lui dit que Dieu existe. Dieu parle dans un livre Nous pouvons savoir sans l'ombre d'un doute que la Bible est la Parole de Dieu: L'AT déclare être Parole de Dieu, ce qui est expressément affirmé par Jésus-Christ et les auteurs du NT. 2 Sam 23.2; Jean 10.35; Act 4.25; 2 Tim 3.16-17; 2 Pi 1.21. Christ a promis aux apôtres qu'ils seraient divinement inspirés, inspiration qu'ils revendiquent. Jean 14.26; 15.26-27; 1 Cor 2.12; 2 Pi 3.16. La Bible enseigne des vérités qui dépassent notre compréhension et notre capacité d'invention. Les prophéties qu'elle contient s'accomplissent. Bien que composée de 66 livres, la Bible présente une unité parfaite. La Bible a été conservée d'une manière miraculeuse. La Bible a résisté à toutes les attaques. Toujours à nouveau, la Bible a prouvé qu'elle a raison. La Bible est la Parole de Dieu d'une manière intrinsèque; en cela, elle a besoin ni du témoignage de l'Église ni de «preuves» quelconques. Mais tout le monde ne peut pas saisir cela, car tout le monde n'en a pas reçu le discernement spirituel nécessaire. 1 Cor 2.14; Eph 4.18. Pourtant la Bible est ce qu'elle est, que nous le percevions ou non. Tirons une deuxième conclusion: Ne vous excusez pas de prendre la Bible au mot. Proclamez-la! Mais Dieu ne parle pas dans tous les livres Seuls les 66 livres du Nouveau et de l'Ancien Testament sont Paroles de Dieu, à l'exclusion de tout autre livre. Il n'y a aucune contestation quant aux 27 livres du NT. L'Église chrétienne a reconnu avec unanimité quels sont les livres qui portent la marque de l'inspiration divine et a exclu les autres. Cependant, les livres dits apocryphes, qui n'ont pas été admis dans le canon biblique, sauf par l'Église catholique, doivent être considérés comme n'ayant pas plus d'autorité que n'importe quel autre écrit humain. En voici les raisons: 1. Les Écritures du temps du Seigneur Jésus formaient une collection de 39 livres (I'AT sans les Apocryphes), collection que le Seigneur et ses apôtres approuvaient comme étant la Parole de Dieu. Marc 14.49; Luc 24.44; Jean 5.39. Christ a souvent reproché aux Juifs de désobéir aux Écritures, mais jamais de les falsifier ou de les altérer. Mat 22.29. 2. Ni le Seigneur ni les apôtres n'ont jamais cité les Apocryphes, qui ne furent jamais acceptés par l'Église primitive et que même l'Église catholique n'intégra dans le canon de FAT qu'au 16e siècle. 3. Non seulement aucun des livres apocryphes ne se réclame d'être divinement inspiré, mais plusieurs s'en défendent. Certains des livres apocryphes contiennent des fables puériles et encouragent à l'immoralité. Troisième conclusion: Le respect et la soumission que nous devons à la Parole de Dieu ne doivent jamais être étendus à d'autres écrits. Application: Du fait que la Bible est la Parole de Dieu découle une double implication pour nous: 1. Étudions les Écritures avec diligence et soin. Vouons notre vie à comprendre exactement ce que Dieu a dit. 2. Par amour pour le Seigneur, soumettons notre vie entière aux impératifs de la Bible, à savoir notre vie personnelle, familiale, ecclésiastique...
B. Comment étudier la Bible La Bible est complète Il est strictement défendu d'ajouter quoi que ce soit à la Bible. Deut 4.2; 13.1; Pr 30.5-6; Apoc 22.18-19. Aucun complément n'est d'ailleurs nécessaire. 2 Tim 3.15-17; Act 20.27; Jude 1.3. Nous avons à appliquer les Écritures à notre situation propre, sans pourtant y changer, y ajouter ou en retrancher quoi que ce soit. Première conclusion: N'ayez rien à faire avec des groupes qui enseignent que la Bible seule ne suffit pas. La Bible est claire Certaines matières sont difficiles à comprendre, mais non pas les Écritures elles-mêmes. 2 Pi 3.15-16. Tout homme peut étudier la Bible. Act 17.11. Tout chrétien peut la comprendre. Rom 1.7; 1 Cor 1.12. Tout parent peut l'enseigner. Deut 6.4-9. Quiconque peut s'y conformer. Ps 119.105, 130. Tout chrétien a reçu le Saint-Esprit, et il ouvrira sa compréhension à la vérité. 1 Jean 2.20, 27. Deuxième conclusion: Étudiez vous-même la Bible, et ne manquez pas de contrôler tout ce que vous entendez. La Bible a été préservée Il n'y a qu'une seule Bible, composée des écrits originaux rédigés par les auteurs sacrés en hébreu, araméen et grec. Ces textes sont les seuls à avoir été inspirés de Dieu. 2 Tim 3.16. Seules des copies de ces textes nous sont parvenues, mais les erreurs qu'elles contiennent se situent en différents endroits, de sorte qu'il est possible, en comparant les copies, d'élaborer les textes originaux avec une certitude quasi totale. Aucun autre livre de l'antiquité a été préservé aussi pur que la Bible. Dans toute la littérature mondiale, c'est un cas unique qui tient du miraculeux. Car Dieu lui-même a veillé à sa Parole écrite, tout comme il veille sur le déroulement de toute l'histoire humaine. Troisième conclusion: Lisez votre Bible avec toute confiance, en vous rappelant toujours que votre texte est une traduction et non l'original. Il faut interpréter la Bible avec exactitude L'Église catholique romaine et les sectes déclarent qu'elles sont les seules à savoir interpréter la Bible comme il faut. En annulant ainsi l'affirmation du Ps 119.105: Ta parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier, elles font de la lumière des ténèbres. En fait, la Bible s'interprète par elle-même, sinon ce qui précède serait faux. Les passages difficiles sont éclaircis par d'autres, de sorte qu'en comparant les textes tout devient clair. Nous pouvons aussi constater qu'une seule voix nous parle par la Bible, et non plusieurs. Cela nous permet de formuler ce que la Bible déclare d'une manière dogmatique, par des confessions de foi et des catéchismes. Quatrième conclusion: Apprenez à connaître la Bible entière, de sorte que vous puissiez étudier chacune des parties en relation avec le tout. La Bible, notre autorité suprême Ce n'est que dans la Bible que se trouve la Parole infaillible de Dieu. Elle seule nous révèle ce qu'il nous faut croire et comment il faut nous comporter. Nous ne sommes donc pas tenus d'accepter l'autorité d'une personne ou d'un conseil, à moins qu'ils soient fidèles à la Bible. Dans ce cas, nous les apprécierons et nous soumettrons à eux chaque fois qu'ils nous rendront attentifs à la vérité contenue dans la Parole de Dieu. Marc 7.6-7, 9, 13. Cinquième conclusion: Ne croyez rien et n'agissez jamais sous pression, à moins que vous en soyez convaincu par le texte même de la Bible. 2. DIEU A. La trinité Dieu est Cela est déjà ressorti de nos considérations sur la Bible. Ce n'est pas un fait qui devrait être prouvé. Cependant, personne ne peut s'approcher de Dieu à moins qu'il ne croie qu'il existe. Héb 11.6. Dieu est Esprit C'est ce qu'enseigne clairement Jean 4.24. Dieu est invisible. 1 Tim 6.15-16. Il est pourtant souvent parlé de Dieu en termes physiques. On nomme ce procédé «anthropomorphisme» du grec «anthropos» = homme et «morphé» = forme: Dieu décrit sous des traits humains. Dieu est quelqu'un et non quelque chose. Ex 33.11; Jac 2.23. Dieu est très grand Quant à l'espace, Dieu est partout (il est omniprésent). Jér 23.24. Quant au temps, Dieu est éternel. Ps 90.2. Quant à la connaissance, Dieu sait tout (il est omniscient). Ps 147.5. Quant à la puissance, Dieu peut faire tout ce qu'il a décidé de faire (il est omnipotent). Ps 115.3.
Dieu a une existence Indépendante Il ne dépend d'aucune créature. Il est la source de son être et de tout ce qui existe. Tout est de lui, par lui et pour lui. Rom 11.33-36. Dieu est un C'est l'enseignement le plus fondamental de la Bible. Deut 6.4; 4.35. Ce Dieu qui est un est d'essence foncièrement indivisible. Deut 6.4. Dieu est une unité triple Déjà l'AT nous prépare à la vérité que Dieu est une divinité en trois personnes. Gen 1.26: Dieu dit: Faisons l'homme à notre image selon notre ressemblance. Le Père est Dieu. Mat 6.9. Le Seigneur Jésus-Christ, le Fils, est Dieu. Jean 20.28-29; 5.18; 2 Cor 5.19 Tite 2.13; Héb 1.8; 1 Jean 5.20. Le Saint-Esprit est Dieu. Act 5.3-4 (mentir au Saint-Esprit = mentir à Dieu). Pourtant, ces trois personnes de la divinité indivisible se distinguent l'une de l'autre. Jean 15.26; 16.13-15. Les caractéristiques de chacune des trois personnes divines sont exprimées ainsi par le Catéchisme de Westminster: «Il est le propre du Père de concevoir le Fils, et du Fils d'être conçu par le Père, et du Saint-Esprit de provenir du Père et du Fils depuis les temps éternels.»
Conclusion: Nous pouvons énoncer ce qu'est la vérité sur Dieu. Par contre, nous ne pouvons pas expliquer comment cela se trouve être ainsi. Il n'y a qu'une seule réaction qui s'impose: l'adoration respectueuse. B. Le plan éternel de Dieu La plupart des gens ne sont pas d'accord avec ce que nous déclarons ici. Mais nous nous sentons tenus d'enseigner cette vérité telle que nous la trouvons dans la parole de Dieu. Nous tâcherons de le faire avec toute la sagesse à notre disposition. Dieu est Dieu Nous entendons par là qu'il n'existe strictement rien, où que ce soit, qui ne soit pas soumis à l'autorité absolue de Dieu. Ps.103.19; Eph 1.11. Cet axiome s'applique aux actes libres de l'homme. La prédestination divine les rend certains, alors même que ceux qui les exécutent exercent leurs actes librement. Mat 26.24; Act 2.23; 4.27-28; Phil 2.12-13. Extérieurement, l'homme est libre de la coercition, intérieurement il ne peut se soustraire aux exigences de sa propre nature. Mat 7.17-19. Mais retenons que c'est grâce au conseil éternel de Dieu que les choses se passent d'une certaine manière et non pas autrement, et non pas seulement parce que Dieu en a connaissance à l'avance. Eph 1.4-5. Première conclusion: Courage! Dieu est encore et toujours sur le trône. Dieu est souverain au-dessus des hommes et des anges Dieu détermine qui sera et qui ne sera pas sauvé. Rom 9.15-16. Dieu donne aux uns la damnation qu'ils méritent et aux autres le salut qu'ils n'ont nullement mérité. Rom 9.22-23. Dieu lui-même différencie les uns des autres, de sorte que sa décision n'est pas conditionnée par quelque chose d'inhérent à la créature, mais à lui-même. Rom 9.10-21; Ex 11.7. Dieu agit ainsi par raison de sa propre gloire. Rom 11.36; Eph 1.4-5.
Deuxième conclusion: Réjouissons-nous, car le ciel sera rempli Dieu est le Souverain des élus Dieu nous donne notre pain journalier, mais utilise des moyens et des agents complexes pour ce faire. Il en va de même pour notre salut, qui est un don de Dieu. Rom 6.23. Dieu donne le salut par son Fils, par son Saint-Esprit. 1 Pi 1.2. Dieu le Père choisit qui sera sauvé. Jean 10.26-29; Act 2.47b. Dieu le Fils est mort pour eux. Jean 10.11. Dieu le Saint-Esprit leur fait faire l'expérience de ce qu'il a préparé pour eux et leur en donne la jouissance. 1 Cor 1. 18-2.5. Le salut est donc l'oeuvre du Dieu trinitaire. Troisième conclusion: Lancez-vous dans l'évangélisation en vous attendant à de grandes choses. Les résultats ne peuvent manquer! Dieu est souverain sur le reste de l'humanité Dieu a décidé de les ignorer, de ne pas les sauver, ce qui peut s'exprimer par le terme théologique de «prétérition» (omission de compter parmi les élus), non pas parce qu'ils seraient plus ou moins pécheurs que les élus, car la prétérition dépend entièrement de Dieu. Rom 9.10-16. Dieu les traite selon la stricte justice, de sorte qu'ils ne reçoivent que ce qu'ils méritent (en théologie «réprobation» = jugement de Dieu à l'encontre des pécheurs impénitents Petit Robert). Rom 9.22; Jude v.4. Dieu est l'arbitre suprême. Étant Dieu, il n'est jamais injuste et ne fait que ce qui est juste. Rom 9.14, 20-21; Ps 145.17. Quatrième conclusion: Tous ceux qui sont sauvés ne le sont que par la seule grâce de Dieu. Stuart OLYOTT
Quelques considérations dans le contexte de LA PRÉDESTINATION Les réflexions qui suivent, loin d'invalider ce qu'enseigne Stuart Olyott, contiennent matière à réflexion qui doit permettre de mieux cerner sa pensée et en éviter une fausse compréhension. 1. Il est évident qu'Adam et Ève n'ont pas été dans l'obligation de désobéir à l'ordre de Dieu, car ils n'étaient pas davantage des robots que l'humanité qui en descend. Avoir été créés à l'image de Dieu exclut un mécanisme psychique à la marionnette. 2. Dans Deut 30.19-20, Dieu dit au peuple d'Israël par Moïse: J'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance, pour aimer l'Éternel ton Dieu, pour obéir à sa voix et t'attacher à lui... Cela implique le libre arbitre, donc la faculté de faire un choix sans contrainte. Dieu donne à l'homme la faculté de choisir pour ou contre lui, de l'aimer ou non, de lui obéir ou non, de s'attacher à lui ou non. Autrement ces paroles seraient vides de sens. Si l'homme n'était pas responsable de ses choix, Dieu, qui est la justice même, ne pourrait le condamner pour avoir fait un mauvais choix. Le Pharaon du temps de Moïse est un exemple parlant. Lors de chacune des cinq premières plaies, nous lisons que son coeur S'endurcit ou qu'il endurcit son coeur. Dans la suite, il est dit que l'Éternel endurcit le coeur du Pharaon lors des plaies suivantes (à l'exception de la septième plaie). Le refus huit fois répété du Pharaon est l'expression de son faux choix; dès lors, Dieu exerce un jugement sur le Pharaon en endurcissant son coeur cinq fois. Par sa prescience, Dieu a choisi ce Pharaon-là pour faire éclater sa gloire. Cela nous mène au point suivant: 3. Comment comprendre la prédestination, le fait donc que Dieu fixe le destin à l'avance? On peut constater que l'idée d'élection et de prédestination est souvent complétée par des termes comme connaître d'avance (Rom 8.29; 11.2) et prescience (Act 2.23; 1 Pi 1.2). A propos de Rom 829, la NIV Study Bible note: «Certains pensent que non seulement Dieu nous connaissait avant que nous ayons eu connaissance de lui, mais qu'il nous connaissait aussi, en fonction de son choix par grâce, avant la fondation du monde. D'autres pensent que Paul se réfère ici au fait que, dans l'éternité passée, Dieu connaissait ceux qui deviendraient son peuple par la foi.» En d'autres termes: Dieu a élu d'avance ceux dont il savait qu'ils feraient le bon choix. 4. Notre intelligence et notre logique humaines ne sauraient résoudre l'apparente divergence qu'il y a entre, d'une part, la souveraineté absolue de Dieu qui sauve qui il veut, et, d'autre part, le choix responsable de l'homme face à l'invitation de croire en Jésus-Christ (quiconque croit en lui est sauvé et a la vie éternelle: Jean 3.16, 36). La Bible nous dit, d'une part, que Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés (1 Tim 2.4), et d'autre part que beaucoup d'hommes ne seront pas sauvés mais seront perdus et même châtiés éternellement (2 Thes 1. 9; Mat 25.41, 46; Apoc 20.15). Jésus se lamentant sur Jérusalem s'écrie:... combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants... et vous ne l'avez pas voulu! (Mat 23.37) L'homme peut donc choisir de ne pas vouloir ce que Dieu veut. Dieu ne viole pas l'homme qu'il a créé à son image. Il l'invite et respecte son choix, même si dans son coeur de Père il en souffre (Es 63.9:... leurs détresses qui étaient pour lui [Dieu] aussi une détresse.). 5. Dans Rom 9.15-16, Dieu dit qu'il fait miséricorde à qui il veut. Mais il précise aussi à qui il veut faire miséricorde ou grâce: à tous ceux qui croient en Jésus-Christ mort et ressuscité, comme le dit Paul en écrivant aux Romains: Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton coeur que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, tu seras sauvé. Car en croyant du coeur on parvient à la justice, et en confessant de la bouche on parvient au salut, selon ce que dit l'Écriture: Quiconque croit en lui en sera pas confus (Es 49.23). Rom 10.9-11. Dans Rom 9.14-18, Paul réfute l'idée que Dieu serait injuste, idée qui implique un blasphème. Dieu n'est aucunement tenu de sauver qui que ce soit, car une grâce due n'en est plus une. «Les efforts de l'homme ne sont jamais le principe, la cause première de son salut» dit la Bible Annotée à propos de ce passage. Et voici ce qu'elle note sur Eph 1. 11: «... le chrétien n'a part à l'héritage que par un effet de la libre grâce de Dieu. Et cette participation est expliquée par une double action divine et souveraine: l'une qui s'accomplit en Dieu même, et par laquelle nous sommes prédestinés selon le dessein arrêté de Dieu; l'autre qui s'accomplit dans les croyants, dans lesquels c'est Dieu encore qui opère avec efficace (grec) la foi, la conversion, toutes les choses qui concernent le salut et la vie chrétienne, selon le conseil de sa volonté. (Vers. 4,5,7, 10)» Conclusion Dieu le créateur n'a pas à rendre compte à la créature. Parce qu'il l'a décidé souverainement, Dieu veut bien sauver quiconque croit au Seigneur Jésus (Act 16 30); mais cela reste une grâce qu'il accorde (Eph 2.8). La souveraineté de Dieu qui «fait miséricorde à qui il veut et endurcit qui il veut» n'est en fait acceptable qu'à la lumière de la justice absolue de Dieu. Que la question de la prédestination ne nous trouble donc point. Tout ce que Dieu décide est bon et découle de son caractère divin incomparable (Jér 10.6-7): L'Éternel descendit dans la nuée, se tint là auprès de lui (Moïse) et proclama le nom de l'Éternel. L'Éternel passa devant lui en proclamant: L'Éternel, l'Éternel, Dieu compatissant et qui fait grâce, lent à la colère, riche en bienveillance et en fidélité, qui conserve sa bienveillance jusqu'à mille générations, qui pardonne la faute, le crime et le péché, mais qui ne tient pas (le coupable) pour Innocent, et qui punit la faute des pères sur les fils et sur les petits-fils jusqu'à la troisième et à la quatrième génération! Ex 34.5-7 Application Toi qui lis ces lignes, as-tu décidé de servir ce Dieu-là? Alors rappelle-toi: Éternel, tu mets en nous la paix, car tout ce que nous faisons, c'est toi qui l'accomplis pour nous. – Seigneur, c'est par tes bontés que l'on vit, c'est par elles que je respire encore. Es 26.12; 38.16
3. LA CRÉATION ET LE CRÉATEUR A. La création En ouvrant notre Bible, nous sommes immédiatement confrontés à la création. Les faits de base de la création L'univers n'existe pas par lui-même et il n'est pas éternel. Il dérive son existence de Dieu seul. Gen 1.1; 1 Cor 8.6; Apoc 10.6. Dieu créa toutes choses par la puissance de sa seule Parole. Ps 33.6, 9. Dieu n'était nullement obligé de créer; il l'a fait par un acte de sa libre volonté souveraine et pour sa propre gloire. Act 17.25; Apoc 4. 11; Col 1. 16; Rom 11.33-36. Quelques considérations à partir de Gen 1. 1 et 2.3. Certaines choses furent créées dans le sens qu'elles étaient fondamentalement nouvelles et inédites, ce que l'hébreu exprime par le mot «bara» (appeler à l'existence ce qui n'existait pas avant). Ce mot utilisé uniquement par rapport à Dieu se trouve dans Gen 1. 1 (création de la matière dont l'univers est fait), Gen 1.21 (création des animaux aquatiques et des oiseaux), trois fois dans Gen 1.27 (création de l'homme) et dans Gen 2.3, où il est appliqué à toute l'oeuvre de la création. On rencontre encore ce verbe «bara» dans Gen 5.1, 2; 6.7; Deut 4.32 – toujours en relation avec la création de l'homme. Toutes les autres choses ont été faites («asah» en hébreu): Gen 1.7, 16 et 25 (la voûte céleste, les astres et les autres animaux). Toute l'oeuvre créatrice fut accomplie en six jours. «L'auteur de la Genèse a pris le plus grand soin de s'exprimer de telle manière que le lecteur comprenne bien qu'il s'agit de jours dans le sens «littéral», donc dans le sens d'une rotation de la terre sur son axe. Le mot «yom» (jour) tel qu'il est employé dans le texte de Genèse 1 exclut toute interprétation symbolique. (2) Toute la création était parfaite et correspondait exactement à la pensée de Dieu. Gen 1.31. – La création de l'homme Elle fut précédée par un conseil divin. L'homme, couronnement de la création, fut créé distinct des animaux. Gen 1.26. L'homme fut créé «mâle et femelle» dès le début, de sorte que toute la race humaine descend d'un seul couple humain. Gen 1.27; 2.4-25. La bénédiction de Dieu reposait sur l'homme, qui fut investi d'un mandat précis. Gen 1.28. Dieu institua le mariage en vue de la procréation, le sabbat comme jour de repos en l'honneur de Dieu, et le travail pour gérer la création, sur laquelle l'homme devait dominer. Gen.1.26-2.25. L'homme, qui connaissait la volonté de Dieu, pouvait aussi bien lui obéir ou tomber dans le péché par la désobéissance. Gen 2.16-17; voir aussi Rom 1.19; 2.15; Gen 3. D'autres passages bibliques sur la création Tout sans exception fut créé par le Christ, en qui tout l'univers subsiste. Col 1.16-17; Jean 1.1,3,10; Héb 1.2-3. Cependant, le Saint-Esprit est l'agent de la création. Gen 1. 2; Job 26.13; Ps 104.30. Dès le commencement, tout ce qui fut créé par Dieu témoignait de sa puissance et de sa divinité éternelles. Rom 1.20. Deux remarques 1. En dernière analyse, nous ne croyons tout cela que parce que Dieu l'a révélé (Heb 11.3), et nous sommes dans la joie à la pensée que du sein des ténèbres, la lumière a brillé dans nos coeurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ 2 Cor 4.6. 2. Il y a des dizaines de livres sur le marché qui montrent que la théorie dite de l'évolution ne peut être soutenue par aucune preuve basée sur des faits et que seul le récit biblique donne une explication de l'origine de l'univers qui s'accorde avec l'évidence des faits. B. Le créateur DIEU EST LE MAÎTRE ABSOLU DE TOUTES CHOSES. Voici 3 passages clés: Dan 4.32 – Ps 135.6 – Eph 1. 11 Voici pourquoi cela ne doit pas nous étonner: Dieu ayant tout créé, quoi d'étonnant qu'il en ait la maîtrise absolue? Rien ne peut jamais prendre Dieu au dépourvu puisqu'il connaît tout parfaitement d'avance. Act 15.18; 1 Pi 1.11-12. Comme Dieu est tout-puissant, rien ne peut jamais échapper à son autorité. Ps 115.3. Dieu étant parfaitement libre (Dan 4.32), rien ne peut jamais l'empêcher d'accomplir toute sa volonté. Il en découle 2 conclusions: 1. Dieu dominant toutes choses, le «hasard» est exclu. Prov 19.21; 21.1. 2. Pour la même raison, il n'y a pas de «sort» aveugle. Ps 103.19. Réponses à quelques objections. Première objection: «Si Dieu a tout sous son contrôle, je ne suis donc pas responsable de mes actes». Réponse: Nous accomplissons notre propre volonté. Mais la souveraineté de Dieu est telle que, tout en nous laissant faire ce qui nous plaît, il s'assure que nos actions soient le moyen par lequel il accomplira son plan. Gen.45.3-8; 50-20. Deuxième objection: «Si Dieu a tout sous son contrôle, ce qui doit arriver arrivera, quoi que je fasse». Réponse: Nos actions, loin d'être sans importance, ont tout au contraire une très grande portée. Pour que le but que Dieu a en vue soit atteint (nommons-le D), Dieu fait qu'arrive d'abord A, puis B et C. Néanmoins, ceux qui agissent sont libres, même si par leurs actions le plan de Dieu s'accomplit. Troisième objection: «Si Dieu a tout sous son contrôle, il doit donc être l'auteur du péché». Réponse: Dieu n'a aucune part au péché, comme il ressort de Jac 1. 13; ses yeux sont même trop purs pour voir (contempler) le mal (Hab 1. 13). Le fait est que nous sommes entièrement responsables du péché que nous commettons, même s'il sert aussi à exécuter les projets de Dieu (Act 4.28). La sainteté de Dieu va de pair avec sa souveraineté absolue (Apo 4.8; Deut 32.39). Quatrième objection: «Si Dieu a tout sous son contrôle, comment expliquer les péchés des justes et la prospérité des méchants?» Réponse: Le péché continue à demeurer dans les membres du croyant jusqu'au jour de la résurrection (Rom 7.14-25). D'autres sont ouvertement révoltés (Rom 1.18-32). Mais tout sera redressé au jour du jugement (Rom 2.1-16) CI
*** Les lecteurs que le sujet intéresse peuvent se documenter dans les ouvrages suivants: J.M. Nicole, «Précis de doctrine chrétienne», p.160-167 (Éditions de l'Institut Biblique de Nogent, 1983) «Nouveau dictionnaire biblique», p. 617-618 (Éditions Emmaüs, St-Légier, 1961/1979) J.,J. von Allmen, «Vocabulaire biblique», p. 86-90 (Éditions Delachaux, Neuchâtel, 1954/1964) JI Packer, «Evangelism and the Sovereignty of God» (IVP, 1961/1979) – Petit livre excellent "Dictionary of New Testament Theology", vol. 1 p. 692-696 ( Paternoster Press, 1975) 4. LE PÉCHÉ ET l'ALLIANCE Adam, la créature la plus accomplie de Dieu, marchait avec Dieu en connaissance, justice et sainteté. Cependant, arriva ce qu'on nomme la chute: Adam tomba Ce fait est totalement nié par les «rationalistes», alors que les «néo-orthodoxes», s'ils disent bien qu'il y a eu une chute, n'acceptent pourtant pas l'historicité du récit de Genèse 3, n'y voyant qu'une parabole. Mais il n'y a aucun doute que Genèse 3 relate des faits historiquement authentiques qu'il y a lieu de traiter littéralement, sans quoi on les dépouille de leur sens véritable. Cela ressort clairement de la manière dont l'apôtre Paul, inspiré par le Saint-Esprit, en parle dans Rom 5.12-21, 2 Cor 11.3 et 1 Tim 2.14, où le récit de Genèse 3 est repris dans son sens littéral. Nous pouvons donc affirmer que: 1. Adam et Ève, le premier homme et la première femme créés par Dieu, ont péché en mangeant du fruit défendu. [Le mot «péché» comprend l'idée de «manquer le but».] 2. Ils furent séduits par la subtilité de la tentation de Satan. 3. Dieu le permit pour que cela serve à le glorifier. Rom 11.36. Voici les résultats de ce premier péché: 1. Adam et Ève perdirent la communion avec Dieu. Gen 3.8, 24. 2. Ils perdirent leur état de justice originel. Gen 3.11. 3. Ils moururent dans le péché et furent entièrement souillés, de sorte que toutes leurs facultés physiques et psychiques en furent corrompues et totalement dépravées Gen 2.17; 6.5. (Illustration: un peu de poison imprègne toute l'eau d'un verre.) Nous sommes tombés Adam représentait toute la race humaine. (Similitudes: le Président représente son pays; le chef de la famille représente la famille.) Le comportement d'Adam a conditionné nos dispositions et notre destinée. Voici pourquoi: 1. Le nom «Adam «signifie» homme «dans le sens de» être humain». 2. Toutes les ordonnances, promesses et sanctions que Dieu adressa au premier couple étaient aussi valables pour leurs descendants (p.ex. la terre maudite, la mort, les douleurs de l'enfantement). Gen 3.16-19. 3. Le NT enseigne clairement que par la désobéissance d'un seul (Adam), tous les hommes sont morts, le péché s'étant étendu à tous, entraînant la condamnation de tous (Rom 5.15,18-19). Ainsi donc, la culpabilité due au péché d'Adam est imputée à tous ses descendants naturels, tous ayant la même nature corrompue. Gen 6.5; Ecc 9.3; Jér 17.9. C'est un mai universel; nous sommes tous nés pécheurs, ce qui explique pourquoi nous péchons. Marc 7.21-23. Étant coupables, la colère et la malédiction de Dieu reposent sur nous Dieu nous demande d'être saints et d'agir avec justice: être et faire ne peuvent être séparés! Comme nous ne sommes cependant ni saints ni justes, nous sommes des pécheurs. 1 Pi 1. 16; 1 Jean 3.4. Il est dit du péché qu'il règne sur nous, qu'il nous domine, que nous en sommes les esclaves. Rom 6.12-18; Eph 4.18-19. Par nature, nous sommes des enfants de colère (Eph 2.3) 1. Déjà dans notre vie terrestre, il est évident que la malédiction de Dieu est sur nous. Gen 3.16-19; Rom 1. 18-32. 2. L'au-delà réserve à l'homme pécheur un juste châtiment et une ruine éternelle. 2 Thes 1.6-9; Apoc 20.11-15. Dieu fait alliance Dieu est Dieu et nous sommes ses créatures: il y a une énorme distance entre lui et nous. Même si nous vivions d'une manière irréprochable, nous n'aurions fait que notre devoir. Rien ne nous permet de jamais faire valoir des «droits» auprès de Dieu. Cependant Dieu veut, à certaines conditions, nous gratifier de certains bienfaits, ce qui est un acte de générosité imméritée de sa part. C'est lui qui choisit les dons et qui décide quelles sont les conditions qui y donnent accès. Il ne s'agit pas d'un contrat entre deux parties égales où chacune impose ses conditions à l'autre. Dieu lui-même se lie envers ses créatures indignes, auxquelles il impose certaines obligations et conditions. L'alliance de la loi fondée sur les oeuvres Au début de l'Histoire, Dieu mit Adam devant l'alternative suivante: obéir (et vivre, ce que le texte ne dit pas explicitement), ou désobéir et mourir (Gen 2.15-17). Dieu seul décida des termes. Sans le spécifier, il offrait en fait la vie à Adam, à condition qu'il accomplisse l'oeuvre requise de lui, qui consistait à obéir au commandement de Dieu; c'est à cette condition que Dieu allait confirmer Adam pour toujours dans son état originel. Mais nous l'avons vu: Adam désobéit, et les conséquences en furent désastreuses. Si, théoriquement parlant, la promesse de vie sur la base des oeuvres (accomplissement de la loi) est toujours valable, en pratique elle ne nous sert à rien (cf Rom 10.5 et Gal 3.12, qui citent Lév 18.5), car étant toujours pécheurs, nous ne pouvons jamais suffire aux exigences de la loi. Pour avoir accès à la vie éternelle, il nous faut forcément passer par un autre chemin. L'alliance de la grâce fondée sur la foi Ce chemin, Dieu l'a ouvert dans sa miséricorde en instituant une nouvelle alliance, une alliance éternelle (Héb 13.20). Par elle, Dieu lui-même remplit les conditions nécessaires au salut des hommes. Dieu n'a pas consulté les hommes pour savoir s'ils étaient d'accord avec cette alliance, car elle ne dépend que de sa décision souveraine, étant l'expression d'un acte de grâce éternel. De là son nom: alliance de grâce. Tout ce que l'homme doit faire, c'est croire que Dieu dit vrai. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; celui qui ne croit pas au Fils [ou: qui désobéit au Fils] ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui (Jean 3.36). Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé (Act 16.31). C'est par grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Ce n'est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie (Eph 2.8.9). C'est cela, l'Évangile, la Bonne Nouvelle du salut accordé en réponse à notre foi, et non plus sur la base de nos oeuvres, qui ont été accomplies pour nous par Jésus-Christ. L'alliance dans les deux Testaments Dans l'AT, l'alliance de Dieu avec l'homme a été annoncée d'une manière ancienne. Les promesses, les prophéties, les sacrifices, les ordonnances et les symboles de l'AT annonçaient tous le Seigneur Jésus-Christ et parlaient du salut en tant qu'oeuvre de Dieu, et non la nôtre. Dans le NT, l'alliance de Dieu avec l'homme est annoncée d'une manière nouvelle: par la prédication (Rom 10. 14; 2 Cor 3.6; 4.5); par le baptême (Col 2.12-14); par la sainte cène (1 Cor 11.23-26). La vérité y est plus clairement apparente, plus simple à saisir, mais accompagnée de moins de gloire perceptible. Une seule alliance En fait, les deux alliances – celle basée sur les oeuvres de la loi et celle basée sur la grâce par le moyen de la foi – ne sont pas fondamentalement différentes. Les deux sont des dons dus à la grâce de Dieu. Le Seigneur Jésus-Christ a suffi aux exigences de la loi pour que nous puissions bénéficier de la grâce. Tant que nous n'avons pas compris le principe de l'alliance, la Bible ne sera jamais qu'un dédale inextricable. Par contre, une fois que nous avons saisi son enseignement sur l'alliance sous sa forme ancienne et nouvelle, le sens de toute la Bible éclate à nos yeux émerveillés. Je n'ai pas honte de l'Évangile: c'est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du juif premièrement, puis du Grec. En effet, la justice de Dieu s'y révèle par la foi et pour la foi, selon qu'il est écrit: Le juste vivra par la foi. Rom 1.16-17. En aurions-nous honte aujourd'hui, gens du vingtième siècle, de cet Évangile, du seul évangile qui sauve? Stuart OLYOTT (Traduit et adapté par Jean-Pierre Schneider)
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LA
BIBLE ET LA SCIENCE: OPPOSÉES OU COMPLEMENTAIRES?
Il est aujourd'hui banal de dire que la Science, dans ses applications technologiques, influence notre vie quotidienne, là conditionne même de plus en plus. Les découvertes scientifiques se succèdent à un rythme accéléré. En quarante ans, le chemin parcouru a été plus long. qu'au cours des dix-neuf siècles passés. Qu'il s'agisse de cosmonautes battant des records de séjour dans l'espace, de «bébé-éprouvette», d'informatique envahissant tous les domaines de notre vie: le point de non-retour est atteint. «On n'arrête pas le progrès!» C'est comme un tourbillon qui entraîne toute l'humanité dans une course folle. Pourtant, le best-seller est toujours le même à travers les générations successives: la Bible. Comment un si vieux livre peut-il encore dire quelque chose, à l'heure des missiles et des ordinateurs? LA SCIENCE Par définition, la Science analyse des phénomènes, recherche des causes, essaie d'établir des relations de cause à effet et de formuler des lois... Science signifie connaissance, savoir. La Science a des applications pratiques variées et, que nous le voulions ou non, nous dépendons de plus en plus de la technologie pour notre subsistance, notre confort, notre protection, etc. «Science» est devenu synonyme de progrès, d'évolution. La notion même de progrès confère aux scientifiques contemporains un pouvoir jamais égalé. L'homme n'a-t-il pas marché sur la lune le 21 juillet 1969? Ne joue-t-il pas à l'apprenti sorcier en faisant des manipulations génétiques? Si la Science a un tel impact, c'est qu'elle s'appuie sur des mythes comme celui-ci: seule la connaissance scientifique est une connaissance véritable, objective. La Science peut devenir une sorte de religion, qu'on appelle scientisme. Autrement dit, elle devient capable de résoudre tous les problèmes de l'homme, de répondre à tous les besoins de celui-ci. La Science déborde son domaine propre, car elle influence la philosophie, la politique et même les idées religieuses. La théorie de l'évolution (en biologie) est presque unanimement acceptée comme vérité, alors qu'elle est invérifiée et invérifiable. Pourtant, la Science connaît des limites: celle de l'objectivité du scientifique, de celui qui observe, qui expérimente; c'est l'État qui finance les chercheurs et les rend dépendants du système. Celle aussi de l'utilisation des recherches, des découvertes, qui pose des problèmes éthiques (fin militaires, thérapeutiques, ...). Nous sommes donc devant un paradoxe: d'une part, un essor prodigieux de la science et un progrès que rien ne semble devoir arrêter; d'autre part, une inquiétude croissante devant l'emprise de la Science sur notre vie et un sentiment de dépersonnalisation, d'aliénation, d'avenir sans but. Pourquoi? Parce que la Science, bien que nous donnant une certaine connaissance du monde et de nous-mêmes, ne répond pas à nos aspirations profondes, à notre soif d'absolu. Malgré les immenses progrès scientifiques, l'homme est toujours le même: joie, tristesse, désespoir, amour, espérance, peur, mort, sont le lot de toute vie humaine. Qu'en dit la Bible? LA BIBLE La Bible nous montre l'homme tel qu'il est et nous dit que cet homme a une valeur, en tant qu'individu, car Dieu l'a créé à son image (Genèse 1.27). Cette connaissance que la Bible nous donne de nous-mêmes est objective, puisque donnée par Dieu: elle est révélation. La Bible parle aussi de notre monde, de son origine et de sa destinée. Y-a-t-il alors opposition entre la Bible et la Science, au sujet de la connaissance qu'elles nous donnent? Pour certains, elles ne se situent pas sur le même plan, donc il n'y a pas conflit, c'est la neutralité. Si la Bible ne prétend pas être un livre de Science, elle manifeste en certains points une exactitude scientifique étonnante (par exemple: nombre incommensurable des étoiles, Jérémie 13.32,1 Cor. 15.41; cycle de l'eau, Job 36.27-28). La réciproque est vraie: la Science a confirmé les Écrits bibliques avec l'archéologie: ruines de Babylone, manuscrits de la mer Morte. Mais la Bible va plus loin que la Science. Car elle envisage l'homme, non seulement dans ses dimensions charnelle et mentale, mais aussi dans sa dimension spirituelle. La Bible parle d'esprit, de Saint-Esprit. La vision que nous donne la Bible est remarquable, car elle est indépendante du contexte culturel et sociologique. Ce qu'elle affirme est valable pour tous les siècles, pour toutes les générations, y compris la nôtre, marquée par l'athéisme, le matérialisme, le scientisme; ce qui n'était pas le cas il y a quelques siècles seulement. La Bible nous interpelle tous. Elle nous invite à sortir du cercle en nous amenant à croire que quelque chose d'extraordinaire peut se produire dans notre vie. La source de nos maux, de nos problèmes, de notre insatisfaction n'est pas dans la société, dans le système politique ou chez les autres, mais en nous-mêmes. Ce mal, la Bible l'appelle péché. C'est un mal mortel, aux yeux de Dieu; mais il y a un moyen de salut. Quelle est votre attitude vis-à-vis de Dieu, vis-à-vis de son Fils Jésus-Christ venu sur terre pour nous montrer qui est Dieu et pour s'offrir notre salut? Avez-vous reconnu que Dieu a raison et que vous avez tort, c'est-à-dire vous êtes-vous repenti? Avez-vous mis votre confiance en Dieu? Il ne s'agit pas d'échappatoire, mais de vie nouvelle, de vraie vie. Il y a un danger à mettre toute sa confiance dans la Science: celui de passer à côté du but. La Science a des limites. Elle cherche à répondre au «comment» des choses; ses postulats et ses méthodes l'empêchent de répondre au «pourquoi». La Bible elle, répond au «pourquoi». Elle nous invite à aller plus loin, à réfléchir à notre condition d'homme et à garder notre point de référence en Dieu, même si nous sommes scientifiques. La Bible va au-delà de la Science. Philippe MICHAUT Maître-assistant en biologie à l'Université de Dijon. © Promesses 1984 - 2 / No 70 Retour------------------------------------------------------------ |
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Les
enseignements de l'Ancien Testament
L'Ancien et le Nouveau Testament
Un rappel sous forme de 10 questions. 1. Qu'est-ce qu'un Testament? – Sens usuel: un document de ce qu'on lègue après sa mort. – Sens biblique: un document de ce que Dieu nous lègue. 2. De quand date l'utilisation de ce terme pour désigner ce que les Juifs nommaient les Écritures? – Le terme Ancien Testament se trouve pour la première fois dans 2 Corinthiens 3.14; le mot grec veut aussi dire alliance. 3. D'où vient l'Ancien Testament? – Des Juifs, tels que Moïse, qui écrivit, environ 12 siècles av. J.-C., les cinq premiers livres de la Bible (le Pentateuque), et le roi David, qui écrivit la plupart des Psaumes (qui font partie des livres poétiques), et les prophètes tels qu'Ésaïe, Jérémie et le dernier: Malachie (environ 400 av. J.-C.). 4.
Dans quelle langue l'Ancien Testament fut-il écrit? – En hébreu, traduit en grec par les Septante vers 300 av. J.-C. 5. Comment les hommes ont-ils écrit l'Ancien Testament? – Ils ont été poussés par le Saint-Esprit et nullement par une volonté humaine (2 Pierre 1.21). 6. D'où vient le Nouveau Testament? – Dieu Lui-Même a inspiré les apôtres et les disciples: C'est le Saint-Esprit... qui vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit (Jean 14.26; voir aussi Jean 16.13-14). Toute la Bible a donc été inspirée aux hommes choisis par Dieu, comme le dit si clairement Paul lui-même sous l'inspiration du Saint-Esprit: Toute l'Écriture est inspirée de Dieu (2 Timothée 3.16). 7.
Dans quelle langue le Nouveau Testament fut-il écrit? – En grec, qui était alors la langue de culture. 8. Comment le sens propre de testament s'applique-t-il à la Bible? – Un testament entre en vigueur à la mort du testateur (Hébreux 9.16-17). Dieu était le testateur, et dans 2 Corinthiens 5.19, nous lisons: Dieu était en Christ (quand il mourut à la croix), réconciliant le monde avec lui-même. 9. L'Ancien Testament n'est-il plus valable? – Comme Christ est médiateur d'une alliance meilleure, ayant conclu une alliance nouvelle, il a rendu ancienne la première... sur le point de disparaître (Hébreux 8.6,8,13). 10. Pourquoi alors continuer à étudier l'Ancien Testament? – Paul nous en donne les raisons, d'abord dans Romains 15.4: Tout ce qui a été écrit d'avance l'a été pour notre instruction... Puis, dans 1 Corinthiens 10.1 -11 (à lire en entier): ce qui est arrivé aux Israélites leur est arrivé à titre d'exemples (typiques) pour nous avertir (v. 11). Le grand réformateur Luther disait: «Il n'y a pas une seule page de l'Ancien Testament qui n'annonce déjà le Christ!»
LES ENSEIGNEMENTS DE L'ANCIEN TESTAMENT: Moïse: mission et buisson 1. La mission de Moïse (Lisez d'abord Exode 2.11-15 et Actes 7.20-25). Dans l'histoire de Moïse ce que Moïse fait est constamment en contraste avec ce que Dieu accomplit. Tout d'abord, Moïse est sauvé alors qu'il n'est qu'un poupon. Il n'y est pour rien; c'est Dieu qui accomplit ce qu'il avait prédit à Abraham 400 ans plus tôt. Ensuite, Moïse reçoit une éducation égyptienne, ayant été adopté parla fille du Pharaon. Là encore, il n'y est pour rien. Le texte dans Actes décrit Moïse comme puissant en paroles et en oeuvres. Il semble sur le seuil d'une brillante carrière. En fait, il va subir un échec cuisant. C'est son idée à lui, Moïse, de visiter ses frères. C'est lui qui pense que Dieu va délivrer le peuple par sa main, sur la base de ce qu'il sait et de ce qu'il est, lui, Moïse. Or, il doit apprendre la leçon la plus importante: s'il est vrai qu'il a une mission à accomplir, il est impuissant à l'accomplir lui-même! Il n'y a rien de faux à s'indigner contre l'injustice. Seulement, Moïse regarde bien des deux côtés avant de s'attaquer à l'Égyptien, mais il ne regarde pas en haut. Il vit qu'il n'y avait personne. Moïse était sensible à la présence des hommes, mais insensible à la présence de Dieu. Posons-nous cette question: De qui, de quoi sommes-nous le plus conscients? Est-ce de l'approbation des hommes? De leur présence? Ou est-ce de l'approbation de Dieu et de Sa présence? Moïse avait perdu le sens de dépendance de Dieu. Il se croyait appelé à combattre les Égyptiens, à venger l'injustice infligée à ses frères. Nous sentons-nous appelés à combattre le mal dans le monde? Il y a des milliers de besoins: des affamés, des esclaves politiques, des injustices criantes! Apprenons que nous ne sommes pas engagés envers ces besoins, mais envers Dieu. C'est Lui qui se charge des besoins, c'est Lui qui place chaque homme là où Il veut remédier à un besoin. Moïse a dû apprendre, et nous devons apprendre avec lui, que l'homme n'est pas indispensable à Dieu, mais que Dieu est indispensable à l'homme. Dieu est parfaitement capable de s'occuper des affaires du monde. Si l'Église ou telle organisation chrétienne envoie qui elle veut où elle veut, elle agit comme Moïse, qui s'attaque à un seul Égyptien, alors que Dieu veut se servir de Moïse pour s'attaquer au peuple entier. La sincérité de Moïse n'est pas mise en question. Cependant, le résultat montre qu'en plaçant sa confiance en sa propre puissance, Moïse ne réussit même pas à tuer un seul Égyptien avec succès; son crime étant découvert, il est obligé de fuir. Par contre, Dieu fera disparaître toute l'armée égyptienne dans la Mer Rouge! Seulement, il faudra que le peuple attende 40 ans pour être délivré... Moïse, agissant par impulsion naturelle, aboutit à une fausse activité: au lieu de remplir une mission, il commet un meurtre. Au lieu d'être missionnaire, il devient meurtrier! Car Moïse a essayé de faire le travail de Dieu à la manière des hommes, tout comme les Égyptiens. Il a dû apprendre que ce n'est pas une question de capacité et de savoir-faire, mais de disponibilité à faire ce que Dieu demande. Sommes-nous ainsi disponibles? Non pas faire plus, donner plus, être plus, mais: Arrêter, et reconnaissez que je suis Dieu. Je domine sur les nations et sur la terre (Psaume 46.11). 2. Le buisson de Dieu (Lisez d'abord Exode 3.1-7 et Actes 7.30-34.) Depuis 40 ans, Moïse est dans le pays de Madian à garder des troupeaux. J'imagine le sentiment de futilité, de perdre son temps, que cet homme instruit dans toute la sagesse des Égyptiens doit souvent avoir ressenti. Et voilà tout à coup un buisson qui brûle, et qui reste intact! Quel contraste: Moïse est comme un buisson qui a brûlé en 24 heures, alors que le buisson de Dieu brûle éternellement! Le phénomène de ce buisson qui brûle sans se consumer est si extraordinaire que Moïse enquête prudemment. Alors Dieu l'appelle par son nom et se révèle à lui comme le Dieu des promesses faites à ses pères, le Dieu immuable, le Je suis, nom que le français rend par l'Éternel. Moïse doit ôter ses sandales, car désormais ce ne sera plus lui, mais l'Éternel qui décidera où il portera ses pieds. C'est le lieu de la révélation et de la consécration. C'est un lieu à part (sens du mot saint). Ce lieu est nommé Horeb ou Sinaï (mot de la même racine que buisson, en hébreu), et c'est là que Dieu donnera la loi à Moïse Dieu a pris l'initiative. C'est un peu comme si Dieu disait à Moïse: «Ce buisson qui brûle sans se consumer te semble unique. Mais non, n'importe quel buisson ferait l'affaire, pourvu que Dieu l'habite. Quel personnage tu pensais être en Égypte! Maintenant, tu vois que tu n'es rien, que c'est Moi en toi qui te donne ta valeur.» Tous les serviteurs de Dieu ont dû faire une fois l'expérience humiliante de la faillite personnelle: Abraham, Jacob, Moïse, David, Élie, Ésaïe, Pierre, Paul... C'est cette humilité que Jésus entend par sa troisième béatitude: Heureux les humbles, car ils hériteront la terre. Voilà donc le Moïse qui va se trouver face au Pharaon, et puis face au peuple d'Israël pendant 40 ans. Il est devenu l'homme le plus humble et patient que la terre ait porté (Nombres 12.3). Sommes-nous persuadés que n'importe quel buisson fera l'affaire pour devenir un buisson de Dieu? Que ce n'est pas de moi ou de toi, avec mes facultés et avec tes facultés, avec mon éducation et ton éducation, avec mon savoir-faire et le tien, que Dieu a besoin? Non, Il a besoin d'un moi-Moïse, d'un toi-Moïse, d'un moi-rien Dieu-tout-en-moi, d'un toi-rien Dieu-tout-en-toi, d'un moi-qui-ne-vis-pas, mais Christ vit en moi, comme le dit Paul: Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi. (Galates 2.20) El Moïse face au peuple Parallèlement, c'est aussi Moïse face à Dieu. D'une lecture attentive des deux livres Exode et Nombres, Moïse émerge comme le médiateur entre le peuple d'Israël et l'Éternel Dieu. En parcourant l'histoire des 40 ans où le peuple tourna en rond dans le désert, on est sous l'impression d'un combat permanent entre le peuple et Moïse. Il y a contraste entre les incessants murmures du peuple et l'intense vie de prière de Moïse. Moïse face au peuple, c'est aussi Moïse face à Dieu, car le combat de Moïse est aussi le combat de Dieu. Mais tout a commencé par une première étape: La foi du peuple Quand les anciens d'Israël voient les signes que Moïse opère, notamment le bâton changé en serpent, ils croient que Moïse est vraiment l'envoyé de Dieu (Ex. 4). Mais aussitôt que le Pharaon serre la vis, ils lui font des reproches. Moïse prie, et Dieu le rassure (Ex. 5). La puissance de Dieu s'étant manifestée par les dix plaies dont l'Égypte est fustigée, le peuple suit à la lettre les instructions concernant la Pâque. A peine sorti du pays de son esclavage et poursuivi par l'armée égyptienne, le peuple crie à l'Éternel tout en reprochant à Moïse de les en avoir fait sortir. Moïse encourage le peuple: Dieu anéantira les ennemis! Ayant vécu le miracle de cet anéantissement, les Israélites craignent Dieu, et ils crurent en l'Éternel et en Moïse, son serviteur (Ex. 14). Un chant de louanges éclate! Notre foi en Dieu et en son Fils est-elle continuellement remise en question par des événements contrariants? Nous avons aussi besoin de l'exhortation de Moïse: L'Éternel combattra pour vous; et vous, gardez le silence (Ex. 14.14). Une fois le peuple en route vers la terre promise, on discerne une deuxième étape: Les murmures du peuple À Mara, l'eau est amère: le peuple murmure. Moïse supplie Dieu, qui lui montre un certain bois que Moïse jette dans l'eau, et elle devient douce. C'est déjà une image de la croix du calvaire: l'amertume de ma culpabilité devant Dieu est transformée en douceur par le pardon reçu sur la base du sang de Jésus-Christ mort à la croix pour expier mon péché. L'amertume de mon coeur, causée par les injustices dont je me crois victime, fait place à la douceur de me savoir tellement aimé de Dieu. Six semaines plus tard, le peuple se plaint du manque de viande et de pain. C'est la faute à Moïse! Alors l'Éternel fait comprendre au peuple qu'en murmurant contre Moïse, il murmure contre Dieu. Néanmoins, Dieu donne aux Israélites ce qu'ils réclament: des cailles et de la manne (Ex.16). Sommes-nous assez conscients de ce que, lorsque nous manifestons notre mécontentement contre les circonstances qui sont les nôtres et les gens que nous côtoyons, nous murmurons en fait contre Dieu? À Réphidim, il n'y a pas l'eau qu'on escomptait y trouver. Cette fois, les murmures sont contestataires. C'est encore la faute à Moïse, qui crie à Dieu: Ils vont me lapider! C'est alors que Dieu demande à Moïse de frapper le rocher de son bâton, et l'eau en jaillit (Ex.17). Cette image aussi vise le Christ, comme Paul l'écrit aux Corinthiens: Ils buvaient à un rocher spirituel.... et ce rocher était le Christ (1 Cor. 10.4). Il a été frappé à la croix, et des fleuves d'eau vive couleront de celui qui croit en lui (Jean 7.38). Sommes-nous une source de vie pour ceux qui nous entourent? À peine ce miracle désaltérant s'est-il produit qu'Israël est attaqué par Amalec; cette tribu descend d'Esaü, père d'une race incrédule qui restera l'ennemie du peuple de Dieu. Amalec est un symbole de Satan, l'adversaire qui rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer (1 Pi. 5.8). Le Seigneur nous a-t-il particulièrement bénis? Soyons alors sur nos gardes, car c'est à ce moment que Satan attaque. Que fait Moïse? Deux choses: Il envoie Josué contre Amalec avec des hommes choisis, et il prie. Tant qu'il élevait ses mains, Josué gagnait; quand il les baissait, Josué perdait. La fatigue gagnant Moïse, Aaron et Hur soutenaient ses bras, et il put tenir ferme jusqu'à la victoire. Trois enseignements se dégagent de ce fait historique qui a été noté par Moïse lui-même, témoin oculaire, comme d'ailleurs tout le Pentateuque (Ex.17.14 – Deut. 31.9,24): 1. Prendre les mesures qui s'imposent. Associer au combat ceux de nos frères qui savent se servir de l'épée de l'Esprit, qui est la Parole de Dieu..., plus acérée qu'aucune épée à double tranchant, qui pénètre jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit (Eph. 6.17 et Hébr.4.12). Combattre l'ennemi avec d'autres armes s'avère futile. 2. Tant que nous prions, Dieu donne la victoire. Associons à notre prière ceux qui en ont le don. N'imaginons pas pouvoir tenir seuls; nous avons tous besoin de «Aaron» et de «Hur». 3. Une victoire n'est jamais définitive: Il y aura guerre de l'Éternel contre Amalec de génération en génération (Ex.17.16). Tant que Satan n'aura pas été neutralisé, ce qui arrivera au retour du Christ, le combat continuera. Mais c'est une guerre de Dieu contre Satan, raison pour laquelle nous faisons appel à la puissance du Seigneur. La charge de juge que Moïse doit assumer face à son peuple l'épuise. Son beau-père Jéthro, sacrificateur de Madian, lui conseille alors de déléguer ses pouvoirs à des hommes craignant Dieu, attachés à la vérité et qui haïssent le gain malhonnête (Ex.18.21). Moïse est assez humble pour suivre ce conseil donné par un homme qui, s'il n'est pas Israélite, est plein de bon sens. Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la toi du Christ, qui est la loi de l'amour (Gal. 6.2.). Justement, Dieu va donner à son peuple, par l'intermédiaire de Moïse, le décalogue, la loi énoncée en dix commandements. C'est un point culminant dans la vie de Moïse. Il introduit une troisième étape: L'engagement du peuple Les Israélites entendaient la voix de Dieu qui parlait à Moïse. Moïse partait, et Dieu lui répondait à haute voix. Et tout le peuple promit unanimement: Nous ferons tout ce que l'Éternel a dit. (Ex. 19.9,19,8). Moïse est le médiateur de l'Ancienne Alliance, celle de la loi. Et Dieu a confirmé son rôle de médiateur publiquement, à haute voix. Dieu n'en a pas fait moins pour le médiateur de la nouvelle alliance, celle de la grâce: De la nuée sortit une voix qui dit: Celui-ci est mon Fils élu écoutez-le (Luc 9.35). Ce n'est plus Moïse (la loi) ni Élie (les prophètes) qu'il faut écouter, mais Jésus-Christ (la grâce). Moïse était un fidèle serviteur dans la maison de Dieu, alors que Jésus est Fils sur sa propre maison. Et nous sommes sa maison (Héb. 3.5-6). Voulons-nous dire, nous aussi: Nous ferons tout ce que le Fils a dit? Cela inclut ce qu'il a dit par les apôtres. Sur la base de cette promesse d'obéissance plusieurs fois répétée (Ex. 24.3,8), Moïse scelle l'alliance du peuple avec l'Éternel par le sang des taureaux immolés en sacrifice. Cette alliance provisoire a trouvé un accomplissement définitif en Jésus-Christ: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous (Luc 22.20). L'alliance ayant été conclue, le peuple ayant promis d'en observer les conditions, la rencontre avec Dieu est possible. Une vision du Dieu d'Israël est accordée à Moïse avec ses trois fidèles et 70 anciens; puis ils mangèrent et burent (Ex. 24.9-11). Mais ce n'était qu'une vision à travers laquelle ils virent Dieu, car l'homme ne peut me voir et vivre, dit l'Éternel à Moïse (Ex. 33.20). Cette parole est confirmée par Paul parlant ainsi du Seigneur des seigneurs:... qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n'a vu, ni ne peut voir (1 Tim. 6.16). Jésus-Christ, lui, est l'image du Dieu invisible, il est Dieu devenu visible (Col. 1.15). Voir Christ, c'est voir Dieu. Nous le voyons avec les yeux de la foi. Mais il fallut qu'il donne sa vie et son sang pour que le chemin vers Dieu soit définitivement ouvert. Dès lors, par l'oeuvre du Saint-Esprit en nous, nous sommes transformés en son essence au fur et à mesure que nous nous nourrissons de lui (2 Cor. 3.18). Comment? En faisant nôtres ses paroles. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle... il demeure en moi, et moi en lui. Pour dissiper tout malentendu, Jésus déclara: La chair ne sert de rien. C'est l'Esprit qui vivifie. Mes paroles sont Esprit et Vie. (Jean 6.54,56,63). C'est que Jésus est la Parole. En voyant une manifestation de l'Éternel, là sur la montagne, les Israélites ont eu un avant-goût du Christ, expression visible du Dieu invisible. Quel sommet de la révélation déjà au début du déroulement historique du salut de l'humanité! Et quel plongeon dans l'abîme de l'idolâtrie juste après 1 Ce sera la quatrième étape du peuple dans le désert. Nous avons vu le peuple d'Israël passer par trois étapes: celle de la foi, celle des murmures, puis celle de l'engagement, où le peuple est entré en une relation d'alliance avec Dieu. Quatrième étape: L'idolâtrie du peuple Moïse reste quarante jours sur le Mont Sinaï. C'est long, un mois et demi sans nouvelles du chef, sans intermédiaire entre Israël et Dieu. Je vous invite à lire Exode 32 avant de continuer. Vous aurez remarqué la manière désobligeante dont le peuple parle de ce Moïse, cet homme qui nous a fait monter du pays d'Égypte. Les promesses solennelles sont oubliées, un veau d'or prend la place du Dieu vivant dont la voix s'était pourtant fait entendre. – Quand Dieu tarde à répondre à nos prières, vers qui nous tournons-nous? De quoi nos espérances se nourrissent-elles? Nous appuyons-nous sur des Aaron? Jésus est pourtant là, même si nous ne le voyons pas: Nous marchons par la foi et non par la vue, écrit Paul aux Corinthiens friands de manifestations spectaculaires (2 Cor 5.7). Le peuple d'Israël retourne au paganisme d'Égypte, où les dieux étaient représentés par des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles, pour citer l'apôtre Paul (Rom 1.23). Israël est retourné au polythéisme: Fais-nous des dieux. Ton peuple s'est corrompu, dit Dieu à Moïse. Il ne dit pas «ce peuple», car il y a une relation intime, profonde dans le coeur de Dieu et de Moïse pour le peuple que Dieu s'est choisi parmi tous les autres peuples de la terre. Et ce peuple s'est corrompu. Bien entendu, personne ne pense qu'un jeune taureau est vraiment un dieu; mais on lui offre tout de même des sacrifices. Toute adoration ou simple prière faite à l'aide d'une image ou d'une statue comporte le risque de prendre ces représentations pour des réalités. C'est cela, l'idolâtrie: représenter Dieu et se prosterner devant cette image inanimée. Aux yeux de Dieu, la fête idolâtre à laquelle s'adonne le peuple est une perversion si grave qu'il mérite l'extermination. Dieu veut tout recommencer. Il propose à Moïse de faire de lui l'ancêtre d'un nouveau peuple de Dieu. Quel honneur pour Moïse! Sa réaction est un exemple de parfaite loyauté envers Dieu et son peuple. Moïse a l'honneur de Dieu à coeur. Il lui rappelle ses promesses faites aux ancêtres. Et que diraient les Égyptiens ?... Moïse est même prêt à faire biffer son nom inscrit dans le livre de vie, donc de subir le châtiment de la condamnation éternelle, pour que son peuple vive. Quel intercesseur que ce Moïse! Cependant Dieu répond: Non! Seul le pécheur lui-même sera puni. Il y en a eu un autre qui se disait prêt à prendre la malédiction éternelle sur lui, si cela pouvait sauver les Israélites, ses frères (Rom 9.3-5). Il s'agissait là d'une expression de son grand amour pour son peuple. Pourtant, Paul ne savait que trop bien que la question du salut éternel doit être résolue par chacun individuellement. Or, il y en a un qui, n'ayant lui-même aucun péché à expier, s'est chargé de la malédiction et du châtiment de l'humanité entière. C'est lui le parfait intercesseur, le médiateur d'une alliance nouvelle, le Fils éternel de Dieu, mort et ressuscité à l'immortalité à tout jamais (Héb 8.6; Rom 6.9). Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux (Luc 10.20). Quand les livres seront ouverts au dernier jugement, votre nom se trouvera-t-il inscrit dans le livre de vie (Apoc 20.11-15)? Quand Moïse, descendu de la montagne, se trouve face au peuple dansant autour de son dieu postiche, sa colère, tout comme celle de Dieu, s'enflamme à tel point qu'il fait voler en éclats les deux tables sur lesquelles se trouvait pourtant l'Écriture de Dieu, qui ne le reprend pas pour ce geste de fureur violente. En fait, à quoi peut servir la Parole de Dieu quand on adore des idoles? Cela vaut aussi pour nous. La dernière phrase de la première épître de Jean est significative: Gardez-vous des idoles. N'aurions-nous pas besoin de cette exhortation? Moïse vit encore autre chose qu'un peuple adonné à l'idolâtrie. Moïse vit que le peuple était en désordre. C'est la condition de l'homme qui s'est détourné de Jésus-Christ. Les répercussions se font sentir non seulement dans les domaines prosaïques de la vie, mais aussi dans le comportement moral. Dieu n'est pas un Dieu de désordre (Il Cor 14.33): l'ordre doit caractériser ses enfants. Y aurait-il à mettre de l'ordre dans un secteur de ma vie? Dans Exode 33 (à lire), Moïse, conscient de sa responsabilité de meneur des enfants d'Israël, demande à l'Éternel de marcher avec eux, sans quoi mieux vaut ne pas partir du tout! – Partir dans la vie – la vie d'apprenti ou d'étudiant, la vie professionnelle, la vie du couple et de famille – sans se prévaloir de la grâce de Dieu en Jésus-Christ, à quoi bon? Je marcherai moi-même avec toi et je te donnerai du repos. Cette promesse faite à Moïse voici plus de trois millénaires est aujourd'hui plus actuelle que jamais: Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. Venez à moi,... et je vous donnerai du repos (Mat 28.20; 11.28). En Jésus-Christ, la grâce faite au peuple d'Israël suite à l'intercession de Moïse s'accomplit pleinement. Car dans Ex 33.12-19, le mot grâce se trouve sept fois. Oui, Dieu a toujours été le Dieu qui fait grâce, même si le jugement doit expier le péché; ici, il est tombé sur trois mille hommes tués par l'épée; à Golgotha, il est tombé sur l'homme parfait tué par le supplice de la crucifixion. Peu après le départ du Sinaï, décrit dans Nombres 10, le peuple murmure de nouveau. Il n'y a aucune indication de la raison. Est-ce devenu une habitude? Incroyable! direz-vous. Si incroyable que cela? Combien de fois nous les chrétiens, peuple de la nouvelle alliance, n'avons-nous pas murmuré contre les circonstances adverses? Le feu de Dieu ne nous a pourtant jamais dévorés, comme il le fit à Tabeéra (= embrasement). Quand le peuple cria à Moïse, il pria l'Éternel, et le feu s'apaisa (Nom 11.2). Prier au lieu de murmurer, voilà une habitude à prendre. Cinquième étape: La convoitise du peuple Le ramassis de gens qui avaient suivi les Israélites depuis l'Égypte n'a pas eu une bonne influence sur le peuple, qui pleure d'envie de manger de la viande comme en Égypte! Oubliés les travaux forcés non rétribués, oubliés les coups des chefs de corvée, oubliés les dos courbés sous les charges de tuiles, oubliés les gémissements et les pleurs. Mais le souvenir de la viande gratuite (!) fait pleurer chacun devant sa tente. Un peuple libre pleure en pensant à ce qu'il a perdu du temps de l'esclavage, après avoir gagné sa liberté! «On était bien en Égypte I» C'en est trop pour Moïse. Il préfère mourir que de continuer à porter ce peuple sur ses bras comme un poupon contrariant. Est-ce moi qui ai conçu ce peuple? Moïse est tellement las qu'il fait des reproches à Dieu... Et Dieu, loin de le reprendre, décharge son serviteur en mettant de l'esprit qui est sur Moïse sur soixante-dix anciens. Et il donne une abondance de viande au peuple, sous forme de cailles. Où est le Dieu dur et intransigeant qu'on prétend trouver dans l'Ancien Testament? Nous arrive-t-il de convoiter les plaisirs du monde sans Dieu, de loucher vers les pots de viande de l'esclavage du péché? Dieu ne saurait-il pas ce dont nous avons besoin? Si le Seigneur ne nous donne pas de cailles, c'est que nous pouvons vivre sans. Si nous insistons, nous risquons d'en recevoir à satiété, au point d'en être dégoûtés... Mépriserions-nous aussi le Seigneur, comme les Israélites, en ne nous contentant pas des richesses infinies qu'il nous donne en Christ? La convoitise peut prendre la forme de la jalousie, comme le montre Nombres 12. Désirer ce que l'autre possède est à la racine du péché tout court. Adam et Eve ne convoitaient pas simplement un fruit défendu, ils convoitaient ce que Dieu a: être comme Dieu (Gen 3.5)! Dans Rom 7.7, Paul choisit la convoitise comme péché type. Le coeur humain est tortueux. Myriam, la soeur aînée de Moïse et d'Aaron, entraîne ce dernier à parler contre Moïse. Aaron ne résiste pas plus que lorsque le peuple voulait son veau d'or. Myriam est jalouse de la position exclusive de Moïse comme prophète et médiateur entre le peuple et Dieu. (Rappel: Le prophète annonce la Parole de Dieu, parole qui peut contenir des prédictions, mais pas nécessairement. Myriam elle-même est appelée prophétesse, Ex 15.20.) Pourquoi Dieu ne parlerait-il pas par moi aussi bien que par Moïse? Après tout, je suis son aînée. Cela, elle ne le dit qu'à l'oreille d'Aaron. Pour saper l'autorité de Moïse, elle invente une excuse: la Kouchite que Moïse avait épousée. Probablement que Séphora, sa première femme madianite, était morte, et Moïse avait pris une femme de la race kouchite dont l'Arabie était en grande partie peuplée. (La loi n'interdisait que les mariages avec les Cananéennes: Deut 7.1-4.) Myriam, fière Israélite, méprisait l'étrangère kouchite à la peau foncée. Aussi lance-t-elle des rumeurs contre Moïse au sujet de sa femme kouchite. Et l'Éternel l'entendit. – Ah, le mal que peuvent faire les langues calomnieuses! La prochaine fois que je veux parler contre un frère, une soeur, je me rappellerai que l'Éternel entend. Non seulement Moïse est-il surchargé par les soucis de meneur d'un peuple réfractaire, mais ses proches l'accablent par des attaques malveillantes ! Comment réagir? Quelle leçon il nous donne, ce Moïse dont il est dit qu'il était l'homme le plus humble de la terre, alors qu'il aurait pu se vanter de ce que Dieu lui parlait de vive voix (bouche à bouche, dit le texte). Moïse ne semble pas avoir réagi. Mais Dieu, lui, réagit violemment: Pourquoi n'avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur Moïse? Et il frappe Myriam de lèpre. Aaron, qui se sait solidaire de Myriam, reconnaît leur péché commun et supplie Moïse d'intervenir, Moïse qu'il appelle maintenant mon seigneur. Et Moïse crie à l'Éternel: 0 Dieu, je te prie, guéris-la! Toute la grandeur de ce serviteur sans pareil éclate dans cette intercession, qui est exaucée par le Dieu qui fait grâce. Soyons conscients de la gravité que comporte le parler contre les serviteurs de Dieu. Le moteur n'en est-il pas aussi la jalousie? Si Dieu a pardonné les calomnies de Myriam et Aaron contre Moïse, dont Dieu témoigne qu'il est fidèle dans toute ma maison, notre confession sera aussi entendue et le pardon accordé. Même ceux qui parlent contre Jésus, qui a été fidèle comme Moïse dans toute la maison de Dieu, mais qui a été jugé digne d'une gloire... supérieure à celle de Moïse, peuvent être pardonnés. Servons donc Dieu avec piété et avec crainte (de l'offenser). Car notre Dieu est aussi un feu dévorant. (Héb 2.2-3; Mat 12.32; Héb 12.28-29) L'idolâtrie, la convoitise, la jalousie et la médisance: quoi d'étonnant si le résultat en est l'incrédulité? Les conséquences en seront désastreuses, comme nous le verrons par la suite. Le peuple d'Israël, qui avait d'abord cru Moïse et qui s'était engagé envers Dieu («Nous ferons tout ce que L'Éternel a dit».), n'a pourtant pas cessé de murmurer chaque fois que des circonstances adverses se présentaient. Cette attitude de mécontentement et de revendication avait mené à l'idolâtrie et à la convoitise, produisant jalousie et médisance. Si vous reconnaissez dans ce cheminement certains éléments du vôtre, il est encore temps de vous repentir et de recevoir pardon et renouvellement de la part du Dieu de grâce, aujourd'hui. Si les Israélites ont poussé des cris vers Dieu, c'était par crainte des calamités par lesquelles Dieu les visitait pour leur faire comprendre qu'ils avaient offensé sa sainteté. Mais de repentance, pas question. Et
maintenant ce peuple est à Qadech (= sainteté), à 80 km au
sud-ouest de Beer-Chéba, aux portes de la terre promise, le
pays de Canaan, quinze mois après la sortie d'Égypte.
Normalement, il doit pouvoir prendre possession du pays. Douze hommes sont envoyés pour explorer le pays, un prince de chaque tribu, pour éviter toute jalousie. Le récit de leur expédition et la réception de leur enquête par le peuple se trouve dans Nombres 13 & 14, passage auquel se rapportent les références citées dans le texte. L'exploration
dura 40 jours. Ce chiffre revient souvent dans la Bible. Il
indique généralement un temps de préparation ou d'épreuves:
le déluge commença par 40 jours de pluie; Moïse passa deux
fois 40 jours sur le mont Sinaï Jésus jeûna pendant 40 jours
avant d'être tenté par Satan et de commencer son ministère
public, et il passa 40 jours à parler à ses disciples pour
les préparer à leur ministère consistant à annoncer la bonne
nouvelle du royaume de Dieu. Instaurer un royaume, cela ne va pas tout seul. Il y a une conquête à effectuer, car le pays est occupé par l'ennemi, un ennemi formidable: le pays est parsemé d'importantes villes fortifiées (p. ex. Jéricho); il est habité par les descendants d'Esaü, ennemis héréditaires d'Israël (les Édomites ou Amalécites), les Hittites (empire en Asie-Mineure ayant des colonies en Canaan) et des géants, descendants d'Anaq (13. 28-29). Soyons bien conscients que toute avance de l'Évangile, et donc du royaume de Dieu, est un empiétement sur le territoire du royaume de ce monde dont Satan est le prince, l'adversaire le plus redoutable de Jésus lui-même (Jean 14.30). Ceux qui ont l'intention d'arracher du terrain à l'ennemi en proclamant l'Évangile du royaume de Dieu comme le firent Jésus et les apôtres doivent, eux aussi, connaître la force de l'ennemi. Tout évangéliste, missionnaire, pasteur, serviteur de Dieu qui ne s'est pas familiarisé avec la tactique du diable, qui n'est pas conscient de la puissance de l'ennemi, va au-devant de l'échec, spirituellement parlant. Que dire alors des théologiens et des pasteurs qui ne croient pas que Satan existe? C'est un peu comme si les Israélites étaient entrés en Canaan en promenade, en niant l'existence des Amalécites, des Hittites et des géants. Quel massacre! Bercer le peuple en sécurité en niant l'existence de l'ennemi est un crime aux conséquences effrayantes... Mais on peut aussi être tellement affolé par la puissance de l'ennemi qu'on jette le manche après la cognée. C'est ce que fait Israël après avoir entendu le récit des enquêteurs. Face à un ennemi si redoutable, le peuple perd tout courage. Dix des douze espions déconseillent toute tentative d'invasion (Nom 13.31). L'ennemi «est plus fort que nous!» Ils n'ont pas tort, et mieux vaut ne pas sous-estimer l'ennemi. L'adversaire de l'Église aussi est plus fort que nous (Edom est un type de Satan, dans l'AT). Les dix espions disent: «à nos yeux, nous étions insignifiants devant ces puissants guerriers, tout comme à leurs yeux aussi» » Si nous considérons la puissance de l'ennemi, notre faiblesse, nos moyens totalement insuffisants, le ricanement méprisant des incrédules, nous sommes comme les Israélites: «...plus forts que nous... à nos yeux... à leurs yeux...» C'est le regard de l'incrédulité qui est tourné vers soi-même et les autres. Loin de nier la présence et la puissance de l'ennemi, ce n'est pourtant pas à lui qu'il faut regarder, et ce n'est pas son appréciation qui importe. «J'ai vaincu le monde» dit Jésus (Jean 16.33), et donc le prince de ce monde, qui a été jugé par le Fils de Dieu (Jean 16.11). Après avoir pris connaissance de l'ennemi, de son pouvoir, de ses ruses, détournons le regard vers son vainqueur: «... les yeux fixés sur Jésus, qui est l'auteur de la foi et qui la mène à la perfection», lui qui «s'est assis à la droite du trône de Dieu» (Héb 12.2). C'est le regard de la foi, cette foi qu'Israël perd face à l'ennemi, Israël qui semble avoir oublié les miracles qui ont accompagné sa délivrance des Égyptiens. Israël, inexorablement, descend la pente et entre dans la: Sixième étape: l'incrédulité du peuple Le peuple craint pour sa peau: «Ils tueront nos femmes et nos enfants» (Nom 14.3). Bien que quinze mois seulement le séparent de l'esclavage en Égypte, il veut y retourner! À croire que la sortie d'Égypte était une erreur; à croire que l'armée de Pharaon, menace inéluctable, n'a pas été détruite par la puissance de l'Éternel; à croire que Moïse les a menés par le bout du nez! Car eux, ils n'y sont pour rien. Moïse et Aaron, voilà les coupables; c'est contre eux qu'on murmure. Alors c'est tout simple: «Choisissons-nous un autre chef, et qu'il nous ramène en Égypte!» (Nom 14.4) Notre Chef, c'est le Seigneur Jésus-Christ. C'est lui qui nous a sortis de l'esclavage du péché pour nous faire entrer dans le repos de Dieu (Héb 4.10). Qu'en est-il pour toi, mon frère, ma soeur? Y es-tu entré? Ou t'es-tu arrêté sur le seuil, craintif, oublieux de la victoire remportée sur la croix, et lors de la résurrection et à l'ascension? As-tu oublié que le Christ est tout-puissant? Bien entendu, tu les connais dans ta tête, ces paroles que Jésus laissa aux disciples avant de les quitter: «Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre» (Mat 28.18). Tu t'es repenti; tu as reçu le pardon de tes péchés et la vie impérissable qui est celle même de Dieu, qui est venu habiter en toi par le Saint-Esprit qui aimerait te maintenir en communion avec le Seigneur. N'est-il plus ton Chef? En suis-tu un autre, peut-être ton MOI? Tu murmures parce que l'ennemi te bat à plate couture. Il le fera tant que tu auras peur de pousser en avant, tant que tu compteras sur tes ressources, ta force, tes moyens: tant que le MOI restera le chef. Repose-toi donc de tes oeuvres à toi. Va de l'avant en comptant sur Jésus-Christ. Il est le seul qui a vaincu Satan et sera toujours capable de le vaincre. Mais il veut le faire par toi, son instrument. Veux-tu que nous y entrions ensemble, dans ce repos de nos propres oeuvres, laissant nos craintes et nos tracas à la croix, où Jésus les a expiés, afin de nous rendre capables d'accomplir, non plus nos oeuvres, mais les siennes? Alors: «Empressons-nous donc d'entrer dans ce repos-là, afin que personne ne tombe, en suivant le même exemple de désobéissance» (Héb 4.11). Oui, c'est de la désobéissance de la part d'Israël, de vouloir se choisir son propre chef, de ne plus vouloir suivre les chefs choisis par Dieu. Or, quelle est la réaction de ces derniers? «Ils tombèrent face contre terre» (Nom 14.5). Parmi le peuple, deux hommes, en tout et pour tout, qui continuent à faire confiance à Dieu: Caleb et Josué. Faisant partie des douze espions, ils ont pourtant vu la force de l'ennemi. Mais ils regardent ailleurs, ils regardent à l'Éternel: «il nous fera entrer dans ce pays et nous le donnera; ... l'Éternel est avec nous, ne les craignez pas» (Nom 14.8-9)! Ils plaident avec le peuple, mais rien n'y fait. Au contraire: ces quatre croyants, il faut les lapider (Nom 14.10)! Quelle est notre réaction à nous, quand on nous met en question? Vers qui nous tournons-nous? L'amertume remplit-elle notre coeur parce que nous sommes blessés dans notre orgueil? Il n'y a qu'une position qui convienne: la position à genou, la position de l'humilité devant Dieu et devant les hommes («devant toute l'assemblée», Nom 14.5). «Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car il prend soin de vous» (1 Pi 5.7). Mais attention! Les attaques ne vont pas cesser comme par enchantement! On voudra peut-être nous lapider – en finir avec ces gêneurs, ces incommodes, ces trouble-fêtes, ces irréductibles... «Ne vous inquiétez pas pour votre vie...» dit Jésus (Mat 6.25), et: «Ne craignez pas ceux qui tuent le corps» (Mat 10.28). Oui, cela peut nous arriver; nos frères de l'Est le savent bien. C'est le risque de la foi. Relisez Hébreux 11.33-38! La foi peut mener aussi bien à la délivrance qu'au martyre. «Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme; craignez plutôt celui (= Dieu) qui peut faire périr l'âme et le corps dans la géhenne (= l'enfer)». Les Israélites n'ont pas craint Dieu. Lapider Moïse et Aaron après tout ce qu'ils ont fait pour le peuple, c'en est trop! L'Éternel intervient. Car ce ne sont pas tellement Moïse et Aaron, Caleb et Josué qui sont outragés, c'est l'Éternel qui est outragé par un manque de foi qui est tout simplement inexcusable après tout ce que Dieu a déjà fait pour Israël (Nom 14.11). C'est Dieu qui va juger, car sa sainteté a été bafouée. Pour la deuxième fois, l'Éternel veut exterminer Israël et tout recommencer avec Moïse, qui deviendrait l'ancêtre d'un nouveau peuple (Nom 14.12). Quel honneur pour Moïse! Cependant, comme la première fois (Ex 32), Moïse prouve que l'honneur de l'Éternel passe avant le sien. Il prend Dieu au mot en lui rappelant l'oracle qu'il prononça sur le mont Sinaï: «Je fais grâce... jusqu'à mille générations..., je pardonne.... mais je ne tiens pas le coupable pour innocent.... je punis jusqu'à la troisième et la quatrième génération» (Ex 34.5-7). Et L'Éternel pardonne. Mais – ah, ce terrible MAIS! – aucun des Israélites qui sortirent d'Égypte n'entrera en Canaan, sauf Caleb et Josué, «animés d'un autre esprit» (Nom 14.24,29). Pendant 40 années, Israël errera dans le désert, «selon le nombre de jours mis à explorer le pays» (Nom 14.34). Quand Moïse annonce ce verdict de Dieu au peuple d'Israël, celui-ci se rend compte de l'ampleur de la sentence: toute une génération qui va périr dans le désert! Ah oui, c'est vrai, on a péché... Remédions à cela et allons attaquer les habitants du pays! Et ils y vont, mais sans l'Éternel (Nom 14.41,44), de sorte qu'ils sont lamentablement battus. Par leur manque de foi, leur incrédulité, et par leur désobéissance – les deux vont de pair –, le peuple s'est condamné à tourner en rond dans le désert pendant 38 ans de plus qu'il lui aurait fallu pour voyager d'Égypte à Canaan. 40 ans au lieu de quinze mois! 40 ans dans le désert: ce n'était pas l'intention de Dieu pour les Israélites. Israël, à cause de son incrédulité, qui est à la base de sa désobéissance et de sa révolte, doit rester dans le désert pendant toute une génération. Mais Dieu n'abandonne pas son peuple pour autant. Dieu n'abandonne jamais le chrétien dans le désert. Pendant quatre décennies, Dieu va conduire et nourrir son peuple, jusqu'à préserver ses habits de toute usure (Deut 8.4 & 29.5). Seulement, le désert n'est pas Canaan. Et nous verrons, dans cette étape du châtiment divin, réapparaître les vices qui ont jalonné sa vie dès la sortie d'Égypte: jalousie, convoitise, murmures, désobéissance (même de Moïse), révolte, débauche... Comme toujours, le tableau n'est cependant pas entièrement noir: il y a la victoire sur les Cananéens et les Madianites, et la conquête de la Transjordanie. Mon frère, ma soeur, ce n'est pas non plus l'intention de Dieu pour toi qui me lis. On entend quelquefois prêcher sur le chrétien dans le désert comme si c'était là son état naturel. Non! C'est «à cause de leur incrédulité» (Héb 4.6) que ceux qui avaient été délivrés de leur esclavage ne purent entrer en Canaan, «le repos de Dieu», Moïse y compris, comme nous le verrons plus loin. Et c'est à cause de ton incrédulité, aujourd'hui, que tu es peut-être dans le désert, insatisfait, le murmure dans le coeur, las de prier, las de lire la Parole, las de trimer et de faire ton oeuvre à ta manière et avec tes ressources naturelles, tout comme les Israélites dans le désert. Et je ne parle pas des souffrances que l'adversaire peut infliger, souffrances que le chrétien qui est entré dans le repos de Dieu peut avoir à supporter. Examine ton état spirituel. Ta foi a-t-elle été tout juste suffisante pour saisir la justification acquise par le sacrifice de Jésus à la croix? Tu as bien été délivré de la condamnation due à ton péché, tu es bien sorti d'Égypte. Mais ton incrédulité t'a empêché d'entrer dans le repos de Dieu, ce pays où il règne, lui, sur ton MOI, où les priorités sont axées sur Jésus-Christ, sur l'obéissance à sa Parole, sur la communion dans la prière, sur l'exécution de son oeuvre à lui en toi et par toi, c'est-à-dire la sanctification et l'accomplissement des «oeuvres bonnes que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions» (Eph 2.10). Cela ne te fait-il pas envie? Je te prie de lire attentivement, et dans la prière, Romains 6.3-23. Arrête-toi au verset 11. Le verbe grec traduit par «considérer» est tiré du vocabulaire de la comptabilité: «comptez-vous comme morts au péché»; porte ta mort au débit; compte-toi comme «crucifié avec lui»; identifie-toi avec Christ à la croix. Car tu es en quelque sorte mort en lui, comme tu serais mort en ton grand-père s'il était décédé avant de procréer ton père. Du côté crédit, compte-toi comme «vivant pour Dieu en Jésus-Christ.» Vivant pour Dieu, non plus pour toi! T'identifier avec Christ veut dire vivre sa vie dans ton corps vivifié par son Esprit. «Je suis crucifié avec Christ, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi; ma vie présente dans la chair (le corps), je la vis dans la foi au Fils de Dieu» (Gal 2.20). Saisis cette identification avec le Christ par la foi, tout comme tu as saisi le salut par la foi. Nous mettrons une conclusion à nos considérations ayant trait à l'attitude de Moïse devant ce peuple rebelle qu'il aime pourtant, avant de nous vouer à une étude du chrétien dans le désert. «Tout ce qui a été écrit d'avance (l'AT) l'a été pour notre instruction, afin que, par la patience (ou: la persévérance) et par la consolation (ou: l'encouragement) que donnent les Écritures, nous possédions (ou: nous nous accrochions à) l'espérance» (Rom 15.4). L'incrédulité du peuple d'Israël l'empêche de prendre possession du pays promis. Face à un ennemi puissant, le peuple recule, prend peur, oublieux de la puissance supérieure de l'Éternel. La conséquence? 40 ans à tourner en rond dans le désert! C'est la: Septième étape: le châtiment du peuple La punition de Dieu peut provoquer en l'homme des réactions très différentes: la soumission sous la main de Dieu; l'acceptation du châtiment comme d'une fatalité inévitable; la révolte. Où vous reconnaissez-vous? La première attitude est la seule qui permette à Dieu d'accomplir son oeuvre de formation spirituelle en l'homme. Lisez Nombres 16 et 17.1-15, le récit de la révolte de 250 hommes de Dieu, incités par Qoré, Datan et Abirâm de se soulever contre Moïse et Aaron. Quel est leur argument? Nous aussi, on est saint! On est tous saints! On a autant à dire que ce Moïse, cet Aaron! C'est encore la jalousie qui pousse ces notables à se soulever contre ceux que Dieu a choisis, a mis à part (ce qui est le sens du mot saint). Ils se choisissent comme chefs, s'estimant assez saints pour cela. On peut imaginer le gâchis si Dieu avait laissé faire... L'Histoire est jonchée des conséquences catastrophiques, subies par les peuples, à la suite de prises de pouvoir par les notables aussi bien que par des gens de rien. Moïse ne cherche pas à défendre sa position de chef. Il se prosterne devant celui dont il la tient et qui lui donne la réponse à faire aux rebelles: L'Éternel fera connaître... qui est saint. Parmi ces notables, il y a des Lévites, mis à part pour servir Dieu, le «corps ecclésiastique» d'Israël. Et ils refusent de se soumettre au chef choisi par Dieu! Malheur aux responsables ecclésiastiques d'aujourd'hui qui ne se soumettent pas au Seigneur Jésus-Christ, seul Chef de l'Église institué par Dieu (Eph 1.22; 5.23)! Et malheur à moi si je me soumets à un autre que Christ, le Seigneur des Seigneurs! Le signe visible de la révolte, c'est la désobéissance ouverte. À la convocation de Dieu exprimée par Moïse le chef, les rebelles répondent: Nous ne monterons pas! Quand Dieu nous ordonne par notre chef: Pardonne à ton frère sans compter les fois (Mat 18.21-22), disons-nous: Je ne pardonnerai pas? Pardonnez-vous réciproquement est un ordre (Col 3.13); ce n'est pas à bien plaire, pas plus que l'ordre de gagner sa vie honnêtement (1 Thes 4.11), de ne jamais se venger (1 Thes 5.15), de rechercher la justice, la fidélité (aussi conjugale), l'amour (caractérisé par le pardon) et la paix avec tous (2 Tim 2.22), de prendre soin des membres de sa famille (1 Tim 5.8) et de respecter et aider ses parents (1 Tim 5.4). Tout cela se trouve englobé dans cet ordre: Aimez-vous les uns les autres. L'amour consiste à marcher selon ses commandements (2 Jean 5-6). Ma désobéissance aux ordres de Dieu – et le NT en regorge – est donc une conséquence de mon manque d'amour. C'est aussi une négation de la souveraineté de Dieu: Celui qui rejette ces préceptes ne rejette pas un homme (ici Paul, qui communique ces préceptes de la part de Dieu), mais Il rejette Dieu (1 Thes 4.8). Pas besoin d'en préciser les conséquences... Pour la troisième fois, Dieu annonce l'extermination de tout Israël. Une fois de plus, Moïse intercède: Ne détruis que les coupables! Et il demande à Dieu de les faire disparaître dans la terre: elle s'ouvre et engloutit Qoré et sa famille, tandis que le feu de l'Éternel consume les 250 notables révoltés. C'est une illustration frappante de la sainteté de Dieu, qui ne supporte pas le mal (Hab 1.13). Moïse l'intercesseur préfigure le Christ intercesseur (Héb 7.25), qui est aussi la victime expiatoire pour nos péchés (1 Jean 2.1-2), en quoi il dépasse infiniment Moïse. Le sort des rebelles est une autre image, celle du feu éternel qui engloutira ceux qui meurent en révolte contre Dieu et son Christ (Mat 25.41,46). Dieu a épargné le peuple, qui a vu où peut mener la révolte contre Dieu trois fois saint. On aurait pu s'attendre à ce que le jugement de Dieu produise un saint respect de sa volonté, de sa parole. Il n'en est rien – Dès le lendemain, tout Israël accuse Moïse et Aaron de la part du peuple de l'Éternel (17.6)! Décidément, le coeur de l'homme est d'une dureté à tout casser! Dieu annonce une quatrième fois l'extermination du peuple tout entier. La situation demande un remède d'urgence. Moïse agit avec rapidité: il envoie Aaron parcourir le camp avec un brasier prélevé sur l'autel pour expier le péché d'Israël, afin que cesse la plaie qui aura fait périr près de quinze mille personnes. La braise de l'autel proclamait que l'affaire avait déjà été jugée en la victime sacrifiée sur l'autel. Aujourd'hui, la croix de Golgotha proclame qu'en Jésus-Christ le péché de l'humanité a été jugé et expié une fois pour toutes. Dans l'AT comme dans le NT, le principe de la grâce est appliqué chaque fois que Dieu trouve la foi dans le coeur de l'homme. Au cours de ses pérégrinations dans le désert, le peuple passe plusieurs fois aux mêmes endroits. Dans Nombres 20, il arrive au même rocher qui avait donné lieu à un miracle dans Ex 17 où l'eau avait jailli du rocher quand Moïse l'eut frappé de son bâton. Rien n'a changé: le peuple conteste maintenant comme avant contre Moïse et Aaron parce qu'il n'a pas d'eau, raison pour laquelle le lieu s'appelle Meriba (contestation). Ne hochez pas trop vite la tête. Êtes-vous sûr de ne pas vous être fâché plusieurs fois contre Dieu (oh! sans le dire en paroles) à cause des mêmes circonstances adverses? Et si elles étaient voulues par Dieu? Comment voulez-vous être transformé en la même image (que le Seigneur) de gloire en gloire (2 Cor 3.18), si vous ne vous laissez pas former par Dieu? Quelle est votre destinée? Aussi incroyable que cela puisse vous paraître: vous êtes prédestiné à être semblable à l'image de son Fils, afin qu'il soit le premier-né d'un grand nombre de frères (Rom 8.29). Dieu demande à Moïse de parler au rocher, rien de plus. Mais Moïse s'emporte (comme on le comprend!), et il frappe le rocher deux fois en s'écriant: Rebelles! Vous allez voir comment on va vous faire sortir de l'eau de ce rocher, Aaron et moi! (J'ai transposé Nom 20.10 en langage moderne). Oui, Moïse a été emporté par la colère: cela arrive à l'homme le plus humble, le plus patient qu'ait porté la terre (Nom 12.3). Pas si grave, pensons-nous. Qu'en pense Dieu? Dieu punit Moïse et Aaron: Vous ne ferez pas entre cette assemblée (ce peuple) dans le pays que je lui donne. Cette sentence nous semble-t-elle trop sévère, en disproportion avec un délit somme toute négligeable? Posons-nous une autre question: Est-ce grave ou non de désobéir à l'ordre de Dieu? Après tout, Dieu en est le seul juge; laissons-le parler: La désobéissance est aussi coupable que la divination, c'est-à-dire l'occultisme (1 Sam 15.23). Pour grave, c'est grave! Dans Nombres 27.12-14, Dieu donne la raison pour laquelle ni Moïse ni Aaron n'entreront en Canaan: parce que vous avez été rebelles à mon ordre . L'auteur de l'épître aux Hébreux, après avoir dit que les Israélites n'entrèrent pas en Canaan parce qu'ils avaient désobéi, ajoute: Aussi voyons-nous qu'ils ne purent entrer à cause de leur incrédulité (3.18-19). C'est exactement ce que Dieu dit à Moïse et Aaron: Parce que vous n'avez pas cru en moi, pour me sanctifier aux yeux des Israélites (Nom 20.12). Sanctifier veut dire «mettre à part pour Dieu». L'action de Moïse avait un sens à part, un sens symbolique. Sans s'en rendre compte, Moïse avait violé le symbole divin en frappant le rocher au lieu de lui parler. Les textes cités peuvent faire penser que Moïse ne croyait pas que la simple parole adressée au rocher pût avoir le même effet qu'un coup de bâton. Voyons cela de plus près. Dans Exode 17, Moïse a dû frapper le rocher une seule fois. Cette action préfigurait la mort de Jésus, frappé pour nos péchés. «Qu'est-ce qui vous donne le droit d'interpréter cela ainsi?» me demanderont certains. Parlant des Israélites dans le désert, Paul écrit:... ils buvaient à un rocher spirituel, et ce rocher était Christ.... Or, ce sont là des exemples (ou: types) pour nous... (1 Cor 10.4-6). Il s'agit donc d'un symbolisme qui se trouve dans la Bible. Pourquoi Moïse devait-il seulement parler au rocher la deuxième fois, et ne pas le frapper à nouveau? C'est que le Christ a été frappé une seule fois à la croix, et des fleuves d'eau vive couleront de celui qui croit en Christ (Jean 7.38). Moïse a exécuté une action préfigurant la croix. Le Christ ne peut pas être sacrifié à nouveau; il suffit de lui parler, ce que Moïse aurait dû signifier en parlant au rocher. En le frappant deux fois, il a détruit le symbolisme divin. Son châtiment vaut aussi pour ceux qui, aujourd'hui, nient la toute-suffisance du sacrifice du Fils de Dieu à la croix et s'imaginent qu'il faut le répéter sous une forme ou une autre. Le dernier épisode que nous allons méditer se trouve dans Nombres 21.1-9. Il semblerait que la victoire d'Israël sur le roi cananéen Arad, que Dieu leur avait livré, aurait dû encourager le peuple. Il n'en est rien. Pour contourner le pays d'Edom, il faut prendre le chemin de la mer des Joncs, cette lagune à l'extrémité du golfe de Suez que les Israélites avaient franchie à pied sec lors de leur sortie d'Égypte. Cette fois, pas de raccourci! Est-ce pour cela que le peuple s'impatiente? L'impatience est une des expressions de la colère. Le peuple fâché parla contre Dieu et contre Moïse. Et Dieu l'entendit. Tout comme l'Éternel écouta la voix d'Israël quand le peuple demanda son secours contre Arad. Parler contre Dieu... contre le créateur tout-puissant! Et les Israélites sont vraiment déchaînés: On est dégoûté de ce pain méprisable! Quel pain? Il s'agit de la manne, du pain de Dieu! T'es-tu déjà fâché(e) contre la Parole que Dieu t'avait adressée? Tu l'as repoussée parce qu'elle te semblait trop dure et tu ne pouvais pas l'accepter. Tu as été impatient(e), tout comme moi, avec tes enfants; mais c'est Dieu qui te les a donnés. Tu t'es fâché(e) contre les conditions de ta vie, de ton travail, de ton habitation; contre l'attitude de ton mari, de ta femme, de ton patron ou de tes employés; contre le manque de respect, d'estime, d'appréciation que tu croyais être ton dû. Contre qui cette colère était-elle dirigée, en fin de compte? Le peuple paria contre Dieu; il méprisait le pain, pourtant don de Dieu. Es-tu, comme je l'ai été si souvent, en révolte contre Dieu? En voici la conséquence: Alors l'Éternel envoya des serpents brûlants... et il mourut beaucoup de gens. Des morsures qui brûlent et qui tuent: Dieu devra-t-il te parler ainsi? J'entends quelqu'un me dire: «Mais cher monsieur, nous ne sommes plus sous la loi, nous sommes sous la grâce!» À quoi Hébreux 12.29 répond: Notre Dieu est aussi un feu dévorant. Grâce n'est pas synonyme de licence. Ne savez-vous pas que... vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit au péché qui conduit à la mort, soit à l'obéissance qui conduit à la justice? Mais... vous avez obéi de coeur à la règle de doctrine qui vous a été transmise (Rom 6.16-17). Obéir de bon coeur! Votre coeur est-il encore un coeur de pierre? Je vous donnerai un coeur nouveau et... j'ôterai de votre chair le coeur de pierre... Je mettrai mon Esprit en vous (Ez 36.26-27). Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature (ou: création) (2 Cor 5.17), et il marche en nouveauté de vie (Rom 6.4). Plus de mécontentement, plus de colère... Chacun de nous devrait se placer tous les jours sous la parole de Rom 6.11: Ainsi vous-mêmes, considérez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ. Est-ce possible? Oui, car nous savons que notre vieille nature a été crucifiée avec lui (Rom 6.6). Mon MOI méchant, égoïste est mort avec Christ il y a 2000 ans! Si mon grand-père était mort à l'âge de dix ans, je serais pour ainsi dire mort avec lui. Si le MOI né dans le péché est mort avec Christ, je ne suis plus esclave du péché. J'ai reçu une vie nouvelle, celle de Christ: Ce n'est plus moi qui vis, mais Christ en moi (Gal 2.20). Cette vie du Christ n'était pas encore accessible aux Israélites, séparés de la croix de près de quinze siècles. Mais la grâce de Dieu était à leur portée, car le Dieu saint qui juge le péché fait grâce chaque fois qu'il y a repentance. Le chrétien qui s'est fâché contre Dieu peut se repentir: la grâce lui est assurée. Les Israélites se sont repentis: Nous avons péché contre l'Éternel... Dieu leur a pardonné. Non pas en passant l'éponge! Mais il pardonne, et ceci bien avant que la croix soit devenue un fait historique, sur la base de la croix de Golgotha, où le péché de l'humanité a été jugé et expié en Christ. Car le serpent d'airain est un autre symbole du Christ: Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l'homme soit élevé (à la croix), afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle (Jean 3.14-15). C'est Jésus qui dit cela en parlant à Nicodème. L'Israélite qui contemple le serpent d'airain symbolisant Satan vit. Satan cloué à la perche signifie sa défaite à la croix. Celui qui contemple le Christ mort à la croix pour son péché vit. Toute grâce que Dieu a accordée jusqu'à ce jour est due uniquement à la mort propitiatoire de Jésus-Christ. La croix est l'événement central de l'Histoire. Nous la voyons ici, plus d'un millénaire avant Golgotha, représentée par une perche à laquelle est cloué un serpent. C'est encore la croix que le monde entier verra lors du retour de Jésus-Christ. À la question des disciples: Quel sera le signe de ton avènement ? Jésus répondit: Quand des cataclysmes cosmiques se produiront, alors le signe du Fils de l'homme paraître dans le ciel, et toutes les tribus de la terre... verront le Fils de l'homme venir sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire (Mat 24.3, 29-30). Ainsi, dès le début de l'histoire du peuple d'Israël, la croix et avec elle le Christ, est au centre. La parole de la croix est folle pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est puissance de Dieu. (1 Cor 1.18). Ceux qui refusèrent de regarder le serpent à la perche périrent, ceux qui le regardèrent guérirent de leurs morsures. Nous avons tous été mordus par le serpent. Avons-nous tous contemplé le Christ, agneau de Dieu à la croix, pour être guéris? Le peuple dans le désert Les 40 ans qu'Israël doit passer au désert sont, nous l'avons vu, un châtiment imposé au peuple suite à son incrédulité. Tout père qui aime son fils le punit, nous dit Salomon dans ses Proverbes (13-24; 19.18). L'auteur aux Hébreux nous dit que c'est aussi valable pour nous qui sommes le peuple de la nouvelle alliance, qui est une alliance de grâce; il cite Proverbes 3.11-12 et nous montre le but de toute correction divine: Dieu nous corrige pour notre véritable intérêt, afin de nous faire participer à sa sainteté (Héb 12.5-11). J'ai d'emblée établi un parallélisme entre le peuple de l'ancienne et le peuple de la nouvelle alliance, entre l'Israélite et le chrétien. Avant d'étudier le rapport qu'il y a entre les deux, il faut examiner la base qui fait de l'un un Israélite et de l'autre un chrétien. Je vous invite à interrompre votre lecture pour relire Exode 12. La Pâque Sans l'agneau immolé, il n'y a pas de libération de l'esclavage égyptien. Sans l'Agneau immolé, le Christ, il n'y a pas de libération du péché. Le sacrifice sanglant est toujours à la base du pardon de Dieu: Sans effusion de sang, il n'y a pas de pardon (Héb 9.22). Dieu pardonne et libère Israël à cause du sacrifice expiatoire de Christ accompli à la croix, pour ainsi dire rétrospectivement. Car le sang de l'agneau pascal dont l'Israélite badigeonne l'encadrement de la porte de sa maison n'a aucune valeur en soi: Il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés (Héb 10.4), ni celui des tourterelles, des veaux, des béliers, des brebis ou des agneaux... Tous ces animaux sacrifiés par les Israélites préfiguraient le sacrifice des sacrifices, celui offert volontairement par le Fils de Dieu (les animaux sacrifiés n'avaient pas de choix à faire). Aussi le sacrifice de Christ est-il final. Tout sacrifice, sanglant ou non, offert après celui de Christ en vue de se faire pardonner est un affront à Dieu, comme si la mort expiatoire de Jésus à la croix n'était pas suffisante pour tous les temps. Car nous sommes sanctifiés, par l'offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes et par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés, vu qu'avec son propre sang... il nous a obtenu une rédemption éternelle (Héb 10. 10, 14; 9.12). Comme «éternel» veut dire «sans commencement ni fin», le sacrifice de Christ a été la base sur laquelle Dieu a fait grâce dès le premier sacrifice offert par Abel dans Genèse 4; Caïn aussi a bénéficié de l'efficacité éternelle du sang de Christ, car quel autre signe que celui de la croix pensez-vous que l'Éternel aurait mis sur Caïn pour que personne ne le tue à cause de son meurtre (Gen 4.15)? Signification de la Pâque Regardons la Pâque décrite dans Exode 12 de plus près (les versets indiqués entre parenthèses se rapportent à ce chapitre): 1. Toute l'assemblée d'Israël l'immolera (non les immolera, 6). Un seul peuple: Israël, qui préfigure l'Église. Un seul agneau, donc un seul sacrifice: Jésus-Christ. Chaque maison est l'expression locale du peuple entier. Chaque église est l'expression locale de toute l'Église. 2. Quand JE verrai le sang, je passerai.. (13). C'est Dieu qui apprécie la valeur du sang de l'agneau, et donc de Christ. (Les sentiments, les pensées, les expériences passées ne changent rien à la valeur du sacrifice aux yeux de Dieu.) Le
sang était dehors: la famille réunie dans la maison ne le
voyait pas. Elle n'avait qu'à l'appliquer à sa maison et
Dieu faisait grâce. Nous appliquons-nous le sang de Christ
en croyant qu'il nous fait grâce? 3. On mangera la chair de l'agneau rôtie au feu et vous n'en laisserez rien (8,10). S'appliquer le sang, c'est une chose: recevoir le pardon. Manger la chair, c'est autre chose: accepter Jésus-Christ dans sa totalité (il fallait manger tout l'agneau) – être en communion continuelle avec lui. L'agneau était l'objet de la réunion. Jésus-Christ est l'objet de nos réunions. Le feu est l'image du jugement qui purifie. Christ a été jugé pour les péchés du monde afin de se purifier un peuple qui lui appartienne.
4. On mangera sa chair avec des pains sans levain (8). Le levain est le symbole du mal dans toute la Bible. Le sang sur le cadre de la porte donne la sécurité (il n'y a plus de condamnation). Mais si on laisse entrer le mal (le levain), la communion avec Dieu est interrompue. 5. On le mangera avec des herbes amères (8). Elles signifient les souffrances de Christ. Elles signifient la crucifixion de notre chair (Gai 6.14). Elles signifient la mise à mort du vieil homme (Rom 6.6). Renoncer à notre Moi pécheur: chose amère pour la nature charnelle! 6. Concerne le verset 11: Les reins ceints: lier les vêtements qui gênent à la marche, c'est lier, rendre inoffensif ce qui encombre dans la marche spirituelle. Serrer la ceinture: une discipline à exercer (1 Cor 9.27). Les souliers aux pieds: quitter l'endroit de la servitude, l'esclavage du péché. Quitter parfois son lieu géographique. Être sur pied de paix et non de guerre (Eph 6.15)! Le bâton à la main: c'est l'emblème du pèlerin. Il sert à s'appuyer dessus (Ps 23.4). La Pâque signifie donc non seulement le départ d'Égypte (esclavage du péché) et la libération de Pharaon (Satan), mais aussi la formation d'un peuple dans la communion avec Dieu, l'acceptation inconditionnelle de son Fils comme Sauveur, l'exclusion du mal, le renoncement au Moi crucifié à la croix avec Christ, une marche fidèle pour apporter le message de la paix en s'appuyant sur les promesses et la personne du Seigneur Jésus-Christ. Quel programme! Est-il mis à exécution dans ma vie? Dans ma famille? Dans mon église? Dans mon peuple qui se dit peut-être encore chrétien?... Ou sommes-nous un peuple dans le désert? Le désert Dans la Bible, le désert n'est jamais là où l'on demeure: on y passe pour arriver ailleurs. Élie marcha 40 jours et 40 nuits pour arriver à la montagne de Dieu (1 Rois 19.8). Jésus passa 40 jours et 40 nuits dans le désert pour y être tenté (Mat 4.1-2). Israël devait traverser le désert pour arriver à Canaan; mais il n'était pas prévu qu'il y reste 40 ans! Le chiffre 40 signifie une période passagère qui doit déboucher sur une délivrance. Bien entendu, le désert peut aussi signifier la solitude (la chambre où l'on rencontre Dieu). Le désert peut être le silence loin de la foule (la méditation qui accompagne la lecture de la Bible). Ainsi l'apôtre Paul se retira pendant 7 ans dans une région désertique en Arabie, en Syrie et en Cilicie (Gai 1.17-21), où Dieu le prépara à sa grande tâche missionnaire. Se retirer dans ce désert-là est aussi important que de vivre en communauté avec les autres et de travailler avec les autres. Les deux se complètent; un seul des deux constitue un déséquilibre – le moine ou l'activiste. Cependant, le désert dont il est question dans le Pentateuque est tout autre. Il ne faut pas s'imaginer des dunes de sable sans aucune végétation, tel le Sahara. Il s'agit plutôt d'étendues désertiques où le bétail trouve assez de nourriture pour subsister, mais où l'eau peut faire cruellement défaut. Par son incrédulité, donc par sa faute, Israël reste 40 ans dans le désert, c'est-à-dire toute une génération, selon le consensus biblique. Ce n'était pas le plan de Dieu pour son peuple. Ce n'est pas non plus le plan de Dieu pour le chrétien; pourtant, la grande majorité des chrétiens sont dans le désert au lieu d'être en Canaan, pays des promesses que Dieu leur a destiné. Ils sont sortis d'Égypte, mais ils ne sont jamais entrés en Canaan. Ils sont dans le désert, et tout le beau programme qui devait se réaliser une fois libérés de l'esclavage du péché reste en suspens. Pourquoi? Dans le prochain numéro, nous allons chercher à comprendre le pourquoi du comportement du peuple d'Israël, comportement qui explique son incrédulité et son séjour au désert. Du même coup, nous comprendrons aussi pourquoi le chrétien reste dans le désert spirituel, car ce sont les mêmes raisons qui l'y maintiennent. La Pâque est le commencement de quelque chose, tout comme l'application à soi-même de la mort expiatoire de Christ à la croix est le début de toute vie chrétienne: Il n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, dit Paul dans Rom 8. 1; mais il ajoute: et qui marchent non selon la chair mais selon l'Esprit (aussi au v.4). La délivrance (le salut) est suivie d'une marche. La Bible ne connaît pas d'évangile qui n'exige pas un changement radical de vie, changement qui n'est pas possible sans la délivrance initiale, ne l'oublions jamais! Aussi Moïse enjoint-il au peuple de ne pas l'oublier: Souvenez-vous du jour où vous êtes sortis d'Égypte. Quand cela? Quand l'Éternel t'aura fait entrer en Canaan... tu rendras un culte à l'Éternel. (Lisez Ex 13.3-5) C'est donc un jour à se rappeler dans le pays à posséder! Prochaine injonction: Rappelle-le à ton fils (Ex 13.8). Quelle impression cela lui fera-t-il au désert? en l'absence d'une patrie? Après avoir eu de la manne à tous les repas pendant douze ans? Car c'est à cet âge que le fils israélite entrait dans la communauté des hommes. Je m'imagine ce fils disant à son père: «Ne serait-il pas temps de retourner en Égypte? J'en ai entendu parler, et cela me paraît bien plus attrayant que ce désert...» Il n'y a pas de plénitude dans le désert. Cela n'expliquerait-il pas la réaction des enfants inconvertis dont les parents vivent dans le désert? Cela peut même se produire alors que les parents travaillent pourtant pour Dieu (missionnaires, pasteurs, diacres...). Le monde paraît tellement plus attrayant. Selon Ex 23.14-16, le peuple devait célébrer trois fêtes chaque année
Combien de récoltes y eut-il dans le désert? Aucune! Ils ne purent donc pas fêter au désert! Aussi n'y eut-il qu'une seule fête de la Pâque au désert, une année après la sortie d'Égypte (Nom 9.1). Mais avec quoi? Avec ce qu'ils avaient emporté d'Égypte! Tant que vous n'avez pas la plénitude de Christ, vous ne pouvez célébrer votre conversion qu'avec les ressources de votre vie non régénérée, «l'énergie de la chair», et cela durera douze mois, et puis – plus de réserves! Nous pouvons maintenant répondre à la question posée à la fin de l'étude précédente: Qu'est-ce qui explique le comportement d'incrédulité du peuple, cause de son séjour prolongé au désert? La manière dont Dieu avait sorti Israël d'Égypte sera pour le fils comme un signe sur ta main et comme un rappel entre tes yeux, afin que la loi de l'Éternel soit dans ta bouche (Ex 13.9). Un signe sur ta main La main signifie ce que l'on fait. Or, au désert chacun fait ce qui lui semble bon (Deut 12.8); il le fait sincèrement, selon ses propres convictions. Mais quelle corvée de devoir faire ceci ou cela parce que cela semble bien! C'est parce que chacun fait ce qui lui semble bon à lui que le peuple n'est «pas encore arrivé dans le lieu de repos», dans l'héritage que Dieu veut lui donner (Deut 12.9). Qu'en est-il de nous chrétiens? Jouissons-nous du repos de Dieu? Nous reposons-nous de nos propres oeuvres pour laisser Dieu agir en nous (Héb 4.9-10)? Certainement pas tant que nous faisons ce qui nous semble bon. La réception de la vie de Christ est le début d'un développement qui doit aboutir à être conduits par l'Esprit (Rom 8.14). C'est la marque de l'enfant de Dieu qui est entré dans le repos de Dieu, qui jouit du pays à posséder, pays où il n'a plus le droit de faire ce qui est bien «à ses propres yeux» – encore moins ce qui est mal! ... à moins qu'il ne soit dans le désert. Un rappel entre tes yeux Nom 11.4-8 nous apprend ce que les Israélites pensaient. Dieu avait pourvu du pain du ciel, la manne, dont ils faisaient des gâteaux ayant le goût de biscuits à l'huile. À la pensée de la viande, des légumes et des fruits qu'ils avaient mangés en Égypte, ils pleuraient! Ils en avaient oublié le prix: «On avait cela gratuitement.» Lorsqu'on est mécontent de ce que Dieu donne, fût-ce sa Parole (la manne) ou même son Esprit (l'huile), cela perd sa saveur. Leurs pensées sont nourries par le souvenir de ce dont Dieu les a délivrés! Leurs pensées sont dominées par un ennemi vaincu! Quel est le contenu de vos pensées? Êtes-vous préoccupé par la satisfaction de vos appétits (bonne chère, plaisirs de la chair...)? par vos ambitions sociales, politiques, ecclésiastiques? Où votre imagination vous conduit-elle? On peut pécher par procuration (films, livres.. .). Jésus nomme le désir d'avoir une femme autre que la sienne adultère, et la haine pour un frère meurtre. Pourquoi la Bible perd-elle sa saveur? Est-ce parce que notre imagination est remplie de choses dont Dieu nous a délivrés? Tant que nous n'avons pas abandonné tous les domaines de notre vie à la souveraineté de Christ, les promesses de victoire dans la Bible ne sont que du papier imprimé. Car alors la mémoire est remplie de défaites répétées... Quel souvenir avait Israël du pays de Canaan? Aucun! Ce qu'ils en savaient était par ouï-dire; ils n'en avaient aucune expérience personnelle. Dieu veut plus que cela pour nous: Empressons-nous donc d'entrer dans ce repos-là, afin que personne ne tombe, en suivant le même exemple de désobéissance (Héb 4. 11). Empressons-nous de quitter le désert, de prendre possession du repos en entrant dans l'héritage pourvu par Dieu en Christ. Vivons sa vie et non la nôtre, qu'il a prise à la croix à sa mort pour nous ressusciter à une vie nouvelle, sa vie à lui. Dans ta bouche Certains Israélites influents s'assemblèrent contre Moïse et Aaron et dirent: Cela suffit! car toute la communauté, tous sont saints.. (Nom 16.3). Dans leur propre estime, ils étaient assez saints. Pourtant ils refusaient la maîtrise que Dieu exerçait sur eux par Moïse et Aaron. Êtes-vous satisfait d'être converti? d'avoir été pardonné en Christ? d'avoir la certitude d'être enfant de Dieu par l'Esprit habitant en vous?... Et cependant vous répudiez la maîtrise totale de Christ sur votre être tout entier? Seriez-vous «assez saint» au désert? Ce ne serait qu'à vos propres yeux... Que dit votre bouche à Dieu? «Seigneur, merci de ce que je sois assez saint comme cela»? Et quand Moïse descendit du Sinaï, il trouva ce peuple «assez saint» soûl et dansant autour d'un veau représentant Dieu! Comment le Seigneur nous trouvera-t-il à son retour?
La rédemption est un fait dont on peut se souvenir avec joie seulement dans le pays à posséder. Pourquoi ne pas en prendre possession? E Jean-Pierre SCHNEIDER © Promesses 1984 – 2 / No 69 – 70 -71 -72 -73 – 74 – 75 Retour |
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LES
ENSEIGNEMENTS DE L'ANCIEN TESTAMENT: JOSUÉ,
L'HOMME QUI ENTRA
Le livre de Josué commence brutalement: Maintenant que Moïse est mort, traverse le Jourdain!
Qui est cet homme? Est-ce trop dire que c'est un génie militaire? La victoire par exemple qu'Israël remporte sur les Amalékites au Sinaï lui est due, humainement parlant. Mais il est loin de n'être que cela. Josué a les qualités de l'homme de Dieu. Moïse le choisit, avec quelques autres, pour l'accompagner sur la montagne quand la Loi est donnée. Lors de la reconnaissance du pays promis, Josué représente sa tribu, Ephraïm, parmi les espions envoyés; seuls lui et Caleb ont gardé la foi en la toute-puissance de Dieu et encouragent à la conquête du pays pourtant bien défendu et aux villes fortifiées. C'est que Josué et Caleb sont «animés d'un autre esprit», car ils n'ont pas oublié les miracles par lesquels l'Éternel a fait sortir Israël du pays de l'esclavage. L’Éternel est avec nous, ne les craignez pas! disent-ils au peuple incrédule (Nom 14.9). Comment peuvent-ils être si sûrs de la victoire? Ils prennent Dieu au mot, lui qui a dit: Envoie des hommes pour explorer le pays de Canaan que je donne aux Israélites (Nom 13.2). Eux seuls croient que Dieu va faire ce qu'il a promis. Eux seuls parmi les centaines de milliers sortis d'Égypte entreront dans le pays promis. Les autres ne purent y entrer à cause de leur incrédulité (Héb 3.19), y inclus Moïse. L’Éternel dit à Moïse et à Aaron: Parce que vous n'avez pas cru en moi..., vous ne ferez pas entrer cette assemblée dans le pays que je lui donne (Nom 20.12). Ces hommes qui sont montés d'Égypte.. ne verront pas la terre que j'ai juré donner à Abraham,... car ils n'ont pas suivi pleinement ma voie, excepté Caleb et Josué ... (Nom 32.11-12). Je suis avec toi comme j'étais avec Moïse. Mais l'incrédulité de Moïse l'a empêché de faire ce à quoi Dieu l'avait appelé. Et pourtant, dans le postscript du Deutéronome se trouve ce témoignage splendide: Il ne s'est plus levé de prophète comme Moïse, que l'Éternel connaissait face à face. Maintenant qu'il est mort, Dieu en utilise un autre pour accomplir sa tâche. Cependant la Bible ne déprécie jamais Moïse. Il est même dit que Jésus était un prophète à l'instar de Moïse: L'Éternel ton Dieu te suscitera... d'entre tes frères un prophète comme moi: vous l'écouterez! (Deut 18.15) Oui, Jésus est un prophète comme Moïse, mais supérieur à Moïse en ce qu'il n'y a en lui ni faute, ni erreur, ni aucune défaillance (Héb 3). Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous le donne, comme je l'ai dit à Moïse (Jos 1.3). Il y a quarante ans que le peuple est sorti d'Égypte. Dieu n'a pas changé d'avis: il fait toujours ce qu'il a décidé (Nom 23.19). Dieu attend l'homme qui le prend au mot. Trois fois, Josué entend cette exhortation: Fortifie-toi, prends courage! (Jos 1) Par ses dernières paroles que Matthieu rapporte, Jésus assure à ses disciples qu'il est avec eux tous les jours jusqu'à l'achèvement de l'âge. De quoi être fortifiés! Dieu dit aussi à Josué comment se fortifier: ... en observant et en mettant en pratique toute la loi.. Tu y méditeras jour et nuit..., car c'est alors que tu réussiras. Cela n'a pas changé. Peut-être que ton manque de courage est dû à ta négligence de la méditation de la Parole? Lis-la, médite-la, et tu seras fortifié comme Josué. Josué ordonne alors au peuple d'Israël de se préparer à la conquête de Canaan, car dans trois jours ils y entreront en passant par le Jourdain (Jos 1. 10- 11). Quel culot! Cet homme veut essayer d'accomplir ce que le grand Moïse n'a pas pu accomplir en quarante ans! Non, il ne va pas essayer – il croit tout simplement que Dieu fera ce qu'il a dit. En fait, Moïse a essayé – et il a donné la Loi à Israël, alors que Josué a cru – et il a donné le pays à Israël. Il y a là le double secret de la vie consacrée agréable à Dieu: croire Dieu et faire ce qu'il demande. Si la foi sans les oeuvres est morte, les oeuvres sans la foi sont des échecs, comme nous le verrons par la suite. Le troisième jour au matin, ils entrent dans le pays promis. Il y aura un autre troisième jour au matin duquel le Christ ressuscitera des morts; par là il nous fait entrer dans le pays promis. Car Canaan n'est rien d'autre que la jouissance, sur terre, de la vie de résurrection de Christ. C'est aussi là que la Pâque peut être célébrée, face à la forteresse réputée imprenable de Jéricho. Le pays produit le grain qui permet de faire les pains sans levain. La Pâque rappelle la délivrance passée; elle rappelle que le premier-né doit mourir – image du Christ, le Fils premier-né, la Personne de la Trinité qui est notre propitiation, mort et ressuscité, vivant et prêt à venir conquérir la terre promise au sens littéral pour y établir le royaume qu'il gouvernera avec un sceptre de fer. Voici donc le peuple d'Israël face à l'obstacle formidable que représente Jéricho, la forteresse de Satan dans le pays à posséder! Les recherches archéologiques ont révélé que Jéricho était une petite ville recouvrant quatre hectares seulement. L'armée israélite pouvait aisément l'encercler. Quand les murs tomberaient, chaque soldat pourrait tirer son épée et y entrer. Comme la ville fut brûlée mais non pillée, tout resta en place. On trouva nombre d'ustensiles, et le grain qui était resté dans les fosses creusées dans le roc pour résister au siège. Le dessus des greniers fut brûlé, alors que le grain dessous resta intact. On en planta, et il poussa! Quel merveilleux symbole de la grâce! Car dans le NT, Jéricho devint un lieu de bénédictions: l'aveugle Bartimée et deux autres aveugles y furent guéris par Jésus (Marc 10; Mat 20); le voleur Zachée y fut converti (Luc 19). Mais cela arriva 1500 ans plus tard... Les deux espions que Josué envoie et qui ont la vie sauve grâce à la prostituée Rahab, font une découverte ahurissante: depuis 40 ans, les Cananéens sont pris de terreur à la pensée de l'invasion par les Israélites au point d'en perdre le souffle! (Jos 2.9-11). Tout ce qui les étonne, c'est qu'Israël attende si longtemps pour prendre ce que Dieu leur a donné... Israël avait donc tourné en rond dans le désert, parcourant des kilomètres et des kilomètres avec ses tentes et ses troupeaux, se nourrissant d'un menu uniforme consistant en manne et en cailles, alors que le pays coulant de lait et de miel attendait qu'il en prenne possession. Combien de chrétiens sommes-nous de courir d'une activité à l'autre, comme si nous essayions de compenser le manque de direction par le nombre de kilomètres! Quelle direction? Celle de l'arche, qui est le symbole de l'alliance et dont les objets qu'elle renferme symbolisent le contenu de la foi et de l'intention de Dieu à notre égard. Par où l'arche a-t-elle mené le peuple? Par un chemin où il n'avait jamais passé avant (Jos 3.4). Le désert? On connaît. Le pays de la plénitude? Suivons le divin guide Invoque-moi, et je te répondrai; Je t'annoncerai de grandes choses, Des choses cachées Que tu ne connaissais pas. Jér 33.3 Jean-Pierre SCHNEIDER © Promesses 1986 – 2 / No 76 Retour |
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LE LIVRE SCELLÉ
«L'Apocalypse de l'Ancien Testament». C'est ainsi qu'on désigne parfois le livre du prophète Daniel, écrit vers 530 avant J.-C. Ancien par l'époque de sa rédaction, il est très moderne par les nombreuses prophéties qu'il contient et que l'on retrouve souvent dans le livre de l'Apocalypse du Nouveau Testament. Une des grandes leçons qu'il donne, répétée trois fois dans son chapitre 4, c'est que Dieu est le Maître ultime de l'histoire humaine et qu'Il aura par conséquent le dernier mot de cette histoire. Principalement dans ses chapitres 2 et 7, il annonce l'apparition successive de quatre grands empires qui ont eu un rapport direct avec Israël. Il s'agit de Babylone, des Mèdes et des Perses, de celui créé par Alexandre le Grand (gréco-macédonien) et finalement de l'Empire Romain. Où tout ceci devient très actuel, c'est notamment dans la notion d'une continuation ou plutôt d'une résurgence de ce dernier empire, tout à la fin des temps, sous forme d'une confédération d'États symbolisée par les orteils en partie de fer et en partie d'argile de la statue vue par Nebucadnetsar et les dix cornes de la quatrième bête. Comment ne pas voir là un parallèle frappant avec la reconstitution d'un bloc européen dont la charte de départ est appelée le «Traité de Rome»! Cette confédération d'États trouvera un agent coordinateur et unificateur dans la personne de l'Antichrist qui s'imposera pour un temps à l'adoration de tous, avant d'être anéanti lors du glorieux retour de Christ. Jésus est représenté par une pierre qui pulvérisera la «statue des nations» et finira par remplir toute la terre, inaugurant cette fois un royaume divin qui n'aura plus de fin. Une autre prophétie centrale de ce livre et qui est d'une extraordinaire précision est donnée au chapitre 9, relativement à la première venue de Christ. À partir d'un décret de Darius pour la reconstruction de Jérusalem, promulgué en 445 avant J.-C., jusqu'à la mort du Messie, une période de 69 semaines d'années est indiquée. Comme c'est le cas dans d'autres textes de la Bible, chaque semaine correspond à une période de 7 ans. Compte tenu de toutes les données connues aujourd'hui, on peut affirmer que les calculs nous amènent exactement à l'année de la mise à mort de Jésus. N'est-ce pas là un formidable témoignage à l'inspiration divine de la Bible, d'avoir prévu avec totale exactitude un fait qui s'est produit plus de quatre siècles et demi plus tard! Une prophétie très intéressante et dont l'accomplissement peut être vérifié par chacun de nous actuellement, c'est celle du chapitre 12, verset 4: «scelle le livre jusqu'au temps de la fin. Plusieurs alors le liront, et la connaissance augmentera.» Le domaine prophétique a été pendant bien des siècles comme un livre scellé, dont on ne parlait pas. Les Réformateurs eux-mêmes, qui ont remis en honneur la Bible, ont peu parlé du retour de Christ. Calvin a commenté de manière détaillée tous les livres du Nouveau Testament, sauf l'Apocalypse, ce qui est significatif. C'est surtout depuis le 19e siècle que l'intérêt pour les prophéties a grandi. On en parle passablement aujourd'hui. Il est vrai que la connaissance, en général, augmente actuellement d'une manière extraordinaire, comme en aucune autre période de l'histoire humaine. On estime qu'iI y a plus de savants vivant sur notre globe en 1995, qu'il n'y en a eu, au total, dans toutes les générations qui nous ont précédés. Selon certaines estimations, le volume total des connaissances doublerait tous les 12 ans! Là encore, on ne peut que s'émerveiller de l'exactitude dans leur accomplissement des prophéties de cet extraordinaire livre de Daniel. Certes, si Dieu nous a révélé tant de choses dont certaines se sont déjà réalisées, d'autres sont en voie de concrétisation et un certain nombre sont à venir, ce n'est pas simplement pour satisfaire notre curiosité. Il n'y a vraiment rien de commun entre les vaticinations de Nostradamus et les prophéties divines de la Parole de Dieu! Un but fondamental de ce livre se trouve dans son dernier chapitre: «En ce temps-là, ceux de ton peuple qui seront trouvés inscrits dans le livre seront sauvés. Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l'opprobre, pour la honte éternelle.» Un jour, les humains rendront compte de leur vie à Dieu. C'est ici et maintenant que se décide notre éternité. Nous pouvons choisir de nous tourner résolument vers Jésus-Christ dès maintenant en le recevant comme Seigneur et Sauveur et en marchant à sa suite. Si tel est le cas, nous ferons alors partie de ces milliards d'hommes, et de femmes sauvés par Lui et qui se tiendront en sa présence bienheureuse pour l'éternité, selon le texte de Daniel 7, 10. Jacques Beauverd © AVÈNEMENT Mai 1995 No 83 / P 21 Retour ----------------------------------------------------------- |
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DEUX
LETTRES SÉVÈRES DE PAUL ÉCRITES LA MÊME ANNÉE ET
PROBABLEMENT DE LA MÊME RÉGION
Ces deux épîtres, dictées en 56 et alors que l'Apôtre se trouve en Macédoine n'ont guère de commun qu'une certaine sévérité, inégale d'ailleurs, envers les Corinthiens repentants et envers les Galates qui n'ont pas encore pris conscience de leurs égarements. Cependant l'une et l'autre témoignent de la lutte constante que Paul dût mener non seulement pour conquérir, mais pour garder au Christ ses conquêtes. À la suite de l'émeute des orfèvres et d'autres difficultés que ne précisent pas les Actes (chap. 20, vers. 1), Paul vient de quitter brusquement Éphèse, où fut écrite la 1re aux Corinthiens. Il est pour la troisième fois sur le chemin de «la Grèce» lorsqu'il adresse à ces mêmes correspondants le second texte que nous connaissons. Pour comprendre cette lettre, il importe de connaître la nature des relations quelque peu mouvementées qu'il a eues avec la communauté, depuis l'année précédente. La 2e épître canonique serait en fait la 4e aux Corinthiens; on se souvient que la 1re aux Corinthiens, qui mentionne elle-même une lettre antérieure, avait été rédigée en mars 155. L'Apôtre avait peu après fait une visite rapide à Corinthe: sa «2e» épître (chap. 12, vers. 14 et chap. 13, vers. 1) le laisse clairement entendre: «C'est la troisième fois que je vais venir chez vous.» Il pensait alors, en 55 , demeurer plus longuement dans la capitale d'Achaïe, mais un incident où son autorité fut ouvertement mise en question le décida à rédiger une lettre de remontrances particulièrement vigoureuse: «C'est, dit-il (2e aux CORINTHIENS, chap. 2, vers. 4), en grande tribulation et angoisse de coeur que je vous ai écrit.» Certains auteurs pensent d'ailleurs que les chapitres 10 à 13 de cette deuxième épître canonique aux Corinthiens qui est en fait la quatrième de celles dont il est question, appartenaient à la semonce disparue. À la réception de celle-ci, la communauté avait décidé de sévir contre l'excité qui était le principal coupable de l'offense faite à Paul (cf. 20, chap. 2, vers. 6). Tite, envoyé par l'Apôtre à Corinthe, constate les faits et revient en Macédoine apporter à son maître la bonne nouvelle, qui est l'occasion de l'épître qu'on va lire et où les chapitres 10-13 se sont trouvés ultérieurement insérés. Deux questions principales sont traitées dans ce texte: le ministère apostolique dans l'économie chrétienne et l'apologie personnelle de Paul. L'Apôtre, collaborateur de Dieu, doit se montrer fidèle à sa vocation, et cela par toute sa vie, par ses souffrances comme par sa loyauté, par son désintéressement comme par son autorité. Bien que Paul pense à lui-même en écrivant ces lignes, c'est en même temps le portrait idéal de tout ministre authentique du Christ qu'il trace. En outre, obligé par ses adversaires à se justifier, il n'hésite pas à faire «son propre éloge», c'est-à-dire à fournir la preuve de ce qu'il affirmait dans la salutation initiale: «Paul, apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu.» Aussi, après avoir, en face des judaïsants, affirmé la qualité de son ascendance et de son éducation juives, énumère-t-il les titres qui lui donnent le droit d'être reconnu au même rang que les Douze; il exposera donc les dangers courus au long de ses travaux apostoliques, et surtout les grâces spirituelles qui lui ont ouvert une extraordinaire intimité avec le Christ, sans du reste le dispenser de ses faiblesses humaines. Très différente de la précédente, cette épître est singulièrement révélatrice de la personnalité de Paul. C'est leur foi que risquent les Galates la fin de cette même année 56, toujours de Macédoine, l'Apôtre s'en prend avec raison aux Galates. Si les Corinthiens se posaient des questions sur le plan moral et disciplinaire, et avaient mis en jeu l'autorité de Paul, les Galates, eux, sont menacés dans leur foi au Christ: ils ont abandonné une partie de l'enseignement reçu de Paul. Celui-ci, en l'affaire, n'a nul souci de ménager son amour-propre, mais il réagit violemment, car c'est le Christ qui est atteint. Voici les faits: Des judaïsants étaient venus de Jérusalem en Galatie pour mener campagne contre «l'Apôtre des gentils»: aux nouveaux convertis, ils avaient affirmé, comme ils l'avaient déjà dit à ceux d'Antioche (ACTES, chap. 15, vers. 1), qu'ils ne pouvaient acquérir le salut par le seul baptême, mais qu'ils devaient en outre se faire circoncire et observer les prescriptions de la Loi de Moïse... Paul était loin, et ces gens venaient de la communauté-mère de Jérusalem; alors les pauvres Galates avaient cédé. On imagine la tristesse et la fureur de leur père en Dieu lorsqu'il apprend cette défaillance. Il prend aussitôt la plume et, tantôt affectueux, tantôt véhément, il tente de reprendre la situation en main: «Je m'étonne, leur dit-il, que si vite vous vous détourniez de Celui qui vous a appelés dans la grâce du Christ» (chap. 1, vers. 6). Un peu plus loin: «0 Galates insensés (anoètoi signifie à proprement parler: imbéciles, privés d'intelligence) qui a pu vous fasciner?» (chap. 3, vers. 1). Et il ira jusqu'à affirmer: «Vous êtes séparés du Christ... vous êtes déchus de la grâce...» (chap. 5, vers. 4). À travers toute la lettre, le problème de la foi au Christ face à la Loi de Moïse est traité. Ici, ce sera le rappel d'un incident de parcours: Paul s'opposant lui-même à Pierre qui, dans la communauté d'Antioche, se laissait entraîner à ne plus manger en compagnie des païens convertis; là, une argumentation scripturaire qui manifeste le rôle secondaire de la Loi; ailleurs, une tentative pour revigorer le souvenir de l'ancienne affection des convertis pour celui qui les a ouverts à la foi: au temps où ils étaient prêts à s'arracher les yeux pour les lui donner (chap. 4, vers. 15) 1 Au cours de l'exposé fracassant, on rencontre des phrases que le chrétien ne saurait oublier, telle: «Dieu a envoyé en vos coeurs l'Esprit de son Fils qui crie Abba, Père» (chap. 4, vers. 6) le rappel de la grande fraternité dans le Christ: «Il n'y a ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme...» (chap. 3, vers. 28); ou encore la bouleversante confession chrétienne: «... C'est le Christ qui vit en moi» (chap. 2, vers. 20). Au demeurant, tout s'apaisera. Et, quelques mois plus tard, dans l'épître aux Romains, Paul envisagera le même problème, mais dans le calme et la paix: la contestation passionnée deviendra l'exposé d'une thèse théologique. J. DHEILLY Professeur à l'institut catholique de Paris © En ce temps-là, la Bible No 89
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«L'ÉVANGILE»
ET LES QUATRE ÉVANGILES
Aucun chrétien n'ignore, bien sûr, qu'il existe quatre évangiles reçus, dès les origines, par l'Église comme inspirée. Les mêmes paroles et actes du Christ, durant sa vie terrestre, sont parfois présentés de manière différente d'après Matthieu, Marc, Luc et Jean. Ces quatre textes sont pourtant détenteurs d'une même vérité, et l'on a pu ainsi très justement parler de «l'unique Évangile quadriforme». Alors que les oeuvres des quatre évangélistes étaient déjà répandues dans le monde antique, les premiers siècles de notre ère virent éclore toute une floraison d'écrits attribués à l'un ou l'autre des personnages connus par le Nouveau Testament ou destinés à telle ou telle communauté chrétienne hypothétique. On trouve ainsi des «évangiles» de Pierre, de Thomas, de Matthias, de Philippe, de Barthélemy, de Nicodème, un «Protévangile» de Jacques ou des «évangiles» aux Hébreux, aux Égyptiens, etc. Les plus anciens de ces apocryphes remontent au VIe siècle; les plus récents au Moyen Âge déjà bien avancé. L'Église n'a jamais mis de telles compositions, si édifiantes qu'elles se veuillent, en balance avec les évangiles dits «canoniques»: à quelques exceptions près, telles certaines sentences de Jésus rapportées par l'«évangile» de Thomas ou certains traits de celui de Pierre, qui présentent une réelle créance, ces textes ne s'intégrant nullement au message évangélique. Et, c'est précisément parce que la foi de l'Église ne s'y est pas reconnue qu'ils ont été très vite négligés et écartés du Canon, c'est-à-dire de la liste officielle des livres dans lesquels cette Église se lit et se voit comme en un miroir fidèle. Restent donc les évangiles dits «canoniques». Si nul ne conteste qu'ils reflètent bien, eux, la foi chrétienne dans toute sa pureté, la critique contemporaine pose à leur sujet, avec franchise et lucidité, une question qui aurait ému les exégètes des siècles passés: le Nouveau Testament compte-t-il vraiment quatre évangiles? Qu'est-ce qu'un «évangile»? L'étymologie apprend qu'un évangile, du grec eu-angélion, est une «bonne nouvelle». C'est dire, en premier lieu, qu'il s'agit d'une nouvelle ou, si l'on préfère, d'une information sur un événement: «Connaissez-vous la nouvelle?» L'évangile est aux antipodes d'une idéologie savante, d'une philosophie, d'une cogitation experte, issue de l'ingéniosité du cerveau de l'homme. Il informe sur un fait appartenant à l'histoire. Ce fait est celui de Jésus de Nazareth. Le point de départ est indiscutable, et il ne se trouve d'ailleurs plus guère aujourd'hui que quelques rares attardés pour le contester. Mais, de plus, la nouvelle dont ce «fait nouveau» constitue l'objet est interprétée comme bonne. L'évangile ne livre pas le fait brut, l'abandonnant à la réflexion du lecteur; il le propose déjà revêtu d'une signification: cet événement est bon, salutaire, source de vie et d'espérance pour les hommes. De l'évangile, la froide relation du témoin désintéressé est absente; elle laisse place au témoignage interprétatif de l'événement brut, littéralement au «martyre» du grec encore: martyrein, «témoigner». Et, pour défendre cette signification accordée au fait de Jésus de Nazareth, des milliers d'hommes sont allés en effet aux bêtes et à la mort. L'évangile est ainsi l'interprétation d'un événement historique mis en relation avec ceux à qui il est destiné. En outre, «évangéliser», c'est «annoncer», et le mot est très justement devenu dans notre langage synonyme de «prêcher». Car, il s'agit bien d'une prédication, d'une annonce publique, d'une parole vivante adressée par des hommes à des hommes. L'évangile est, si l'on ose dire, une harangue qui les interpelle tous à partir d'un événement passé, dont elle entend livrer la signification profonde et, qui pénètre l'histoire personnelle de chacun aujourd'hui comme hier. Mais cette définition convient-elle de manière univoque à chacun des quatre premiers livres du Nouveau Testament?
De l'unique Parole aux divers écrits À vrai dire, un seul pourrait, semble-t-il, revendiquer ce sens plein. Seul Marc commence son ouvrage en annonçant la teneur exacte qui le justifie: «Commencement de l'évangile de Jésus-Christ, fils de Dieu.» Cet intitulé est unique. Et, de fait, Marc «évangélise», prêche plus qu'il n'écrit. Plutôt que d'une couvre littéraire, c'est d'une parole directe qu'il s'agit, clamée avec fougue, dépourvue de toute parure, mais forte par contre, et d'une étonnante percussion. Peut-être la traduction qu'on va lire dans les pages qui suivent permettra-t-elle de remarquer le manque d'apprêt, voire les incohérences de forme qu'il convient de respecter pour mieux laisser passer le souffle qui anime cette prédication toute vive. À travers le texte tel que nous le connaissons aujourd'hui en tout cas, l'intention de Matthieu est autre il écrit un livre et le dit lui-même «Livre de la genèse de Jésus-Christ», précise l'exergue. Or, de son temps, un livre est fait davantage pour être consulté que pour être lu d'un trait. Venant une dizaine ou une quinzaine d'années peut-être après celle de Marc, la rédaction définitive à laquelle est resté attaché le nom de «premier évangile» en raison de l'antériorité d'une première rédaction araméenne, s'adresse, vers 85 probablement, à une communauté déjà fort structurée. Elle propose à son intention et à celle des pasteurs qui l'ont en charge une sorte de «catéchisme» des vérités et des méthodes pastorales. Ce n'est déjà plus un évangile proclamé, mais, sous une couverture analogue, un vade-mecum bien composé, dont la consultation, de tous temps, demeurera opportune. Luc est encore bien différent. L'auteur est un écrivain de race et de talent qui rédige, dit-il, une «narration» des événements passés. Avec lui, et pour la première fois dans la littérature chrétienne, apparaît un genre qui fera florès: la vie de Jésus. Alors que chez Marc les neuf dixièmes des verbes sont conjugués au présent («Voici ce qui arrive»), ils sont chez Luc, dans la même proportion, au passé avec tout le coeur mis dans un merveilleux souvenir: «Voici ce qui est arrivé». De là vient le ton si chaleureux, si affectif, du «troisième évangile», chef-d'oeuvre de la littérature ancienne qui ne cesse d'émouvoir. Quant à Jean, rien n'indique en clair la nature de son oeuvre. Mais nul ne s'y trompe. La «bonne nouvelle» est supposée depuis longtemps connue des lecteurs, et cet ouvrage invite surtout à une méditation en profondeur. La mystique prolonge ici l'expérience dévoilée par Marc, avec les accents que faisaient retentir jadis les sages d'Israël. Si le texte de Marc s'écoute, celui de Matthieu se consulte, celui de Luc se lit et celui de Jean s'offre aux regards infinis de la contemplation. J.-P. C. © En ce temps-là, la Bible No 76
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