Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Edification

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LE JEÛNE ET LA PRIÈRE


Le but de jeûner

Selon Jean Calvin: 

1) affaiblir la chair; 

2) nous préparer mieux pour prier ou méditer; 

3) comme témoignage de notre humilité devant Dieu lorsque nous allons confesser notre culpabilité devant Lui.


Selon John Wesley: 

Le jeûne est un aide à la prière, particulièrement lorsque nous mettons de côté de plus amples périodes de temps pour la prière personnelle... le jeûne   n'est qu'une façon ordonnée par Dieu où nous attendons la grâce non méritée de Dieu.

Relevez les mains ballantes par la foi et la prière; fortifiez les genoux chancelants. 

Passez-vous des jours dans le jeûne et la prière? Assaillez le trône de la grâce, persévérez dans votre requête, et la miséricorde descendra.

 Le but du jeûne est de se soumettre à Dieu, de mettre un focus spécial sur nos vies spirituelles, de montrer à Dieu que nous sommes humbles de coeur et sérieux dans notre désir de croître et de Le servir. Ce n'est pas l'abandon de quelque chose de mauvais, mais de quelque chose de bon, pour un temps. Que ce soit la nourriture, le sexe, la télévision ou la radio, etc., nous mettons de côté un des dons que Dieu nous à donner pour fixer nos regards avec plus d'empressement, plus d'attention sur Lui et sa volonté pour nos vies.

 John Piper, 

Nous décevons facilement quand nous disons que nous aimons Dieu sans mettre notre amour pour Lui à l'épreuve. Il faut démontrer nos préférences pas seulement par nos paroles, mais aussi à travers les sacrifices que nous faisons.

 Richard Foster: Plus que toute autre discipline spirituelle, le jeûne nous démontre ce qui nous contrôle.

 

Des passages dans les Écritures:

Ps 35:13 – J'humiliais mon âme par le jeûne...

Mt 9:15 – Les jours viendront où l'époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront.

Mt 6:16-18 – Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout défait, pour montrer aux hommes qu'ils jeûnent. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. Mais quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, afin de ne pas montrer aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.

(aussi: 2Chro 20:3-4 et 14-15; Est 4:16; Néh 1:4; Deut 9:9; Esd 8:21-23; Joël 2:12-13; Jon 3:5; Zach 7:5; Jér 14:12; És 58; Mt 17:19-21; Luc 2:36-38, 4:1-3, 6:21; 1Cor 7:4-5)


L'Église primitive a jeûné:

Actes 13:1-3, 14:23; 2Cor 6:5, 11:27


 Dans l'histoire de l'église:

John Knox en Écosse jeûna et attendit en la présence du Seigneur jusqu'à ce que Dieu ôta à Marie le trône d'Écosse car elle était très ennemie des chrétiens. Elle affirmait qu'elle craignait plus les prières de John Knox que toutes les armées d'Élisabeth reine d'Angleterre.

Charles Finney déclara que lorsqu'il sentit une diminution du merveilleux pouvoir de l'Esprit Saint dans sa vie, il jeûna trois jours et trois nuits afin d'être rempli de l'Esprit à nouveau. Il croyait fermement au jeûne biblique comme l'un des moyens les plus efficaces pour libérer le pouvoir glorieux de Dieu.


Des dangers spirituels à éviter:

L'orgueil et un coeur dur au lieu de doux

Luc. 18:11-12- le pharisien jeûnait 2 jours par semaine, selon la coutume du temps. Il s'élevait devant Dieu.

Luc. 18:14- Jésus dit: Car quiconque s'élève sera abaissé, et celui qui s'abaisse sera élevé.

Col. 2:23- s'imposer des limites pour se glorifier de sa maîtrise de soi-même a aucun mérite et contribue à la satisfaction de la chair.

És. 58:3- Voici le jour de votre jeûne, vous vous livrez à vos penchants, et vous traitez durement tous vos ouvriers.

John Piper:

Le jeûne chrétien a comme source la foi en Jésus, est soutenu par la force qui est en Jésus, et a comme but de glorifier Jésus.

Charles Spurgeon: 

Nos saisons de jeûne et de prière au Tabernacle (leur église) ont été des jours de grandes bénédictions! Les portes du ciel n'ont jamais été de plus grands ouverts devant nous, nos coeurs n'ont jamais été aussi proche de notre Dieu glorieux.


Comment jeûner?

 On peut s'abstenir d'un repas, pour toute une journée ou quelques jours, pour une semaine ou une des semaines, jusqu'à 40 jours au maximum. Notre faim arrête pour la plus part après 4 à 5 jours et revient entre 30 et 40 jours. Lorsqu'une grosse faim revient après une faim prolongé, on est sensé de retourner à une alimentation normale. Plus que le jeûne est long, plus il faut apprivoiser le système de digestion avant de manger normalement.

 Il faut boire plus d'eau que d'habitude pendant le jeûne. L'eau est très importante pour le corps. On devrait cesser de boire du café ou du thé, mâcher de la gomme, ou sucer des bonbons pour ne pas stimuler l'estomac. Pendant un jeûne prolongé, on doit boire du jus de fruits ou de légumes. On ne boit pas de lait ni de lait de soya à cause de protéine qui se trouve là-dedans. Pour un jeûne prolongé, il est sage de chercher de l'aide auprès de quelqu'un avec de l'expérience ou d'un livre sur le jeûne. Il faut parler avec un médecin avant de jeûner si on a des problèmes de santé ou de maladies chroniques.

 On peut jeûner de plusieurs choses: la télévision, la cigarette, le sexe, l'ordinateur, les journaux, ou tout ce qui est un plaisir ou désir qui peut diminuer notre soif pour Dieu ou qui crée une dépendance quelconque. En mettant une ou des choses de côté pendant un temps, on fixe nos regards sur Dieu avec plus d'intensité. Notre soif et faim pour Lui augmentent. Lors d'un jeûne, notre faim nous rappelle de notre désir de grandir avec Dieu et nous approcher de Lui davantage.


©  Source: Le chemin

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DES «CONCERTS DE LOUANGES»


Dans notre exposé sur la louange» nous avons fait mention de la nouvelle mode des «marches de louanges», des «soirées de louanges», des «ballets d'adoration», des «séminaires de louange», des «concerts de louange» dirigés par un orchestre, etc. À titre d'information signalons que les «concerts romands de louange» sont organisés par «Jeunesse en Mission» (JEM) et qu'ils sont destinés à rassembler des chrétiens de toutes les églises. Au dos du papillon qui annonçait le «Concert romand de louange» du 28 novembre dernier à Yverdon figuraient les noms de ceux qui soutiennent ces entreprises, pasteurs ou responsables d'églises ou d'oeuvres Réformés, Libristes, Réveil, Pentecôtistes, Assemblées Evangéliques, Mennonites, Ligue pour la Lecture de la Bible... que voici:

«Pierre Amey, Jacques Beauverd, Jean-Pierre Besse, Jean-Marc Bigler, Jean-François Bussy, Jean-Claude Chabloz, Guy Chautems, Philippe Corthay, Philippe Decorvet, Georges Fosserat, Eric Gay, Ernest Geiser (Tavannes), Samuel Grosjean, Alexandre Lukasik, Alain Pilecki, Maurice Ray, Michel Renevier, Florian Rochat, Paul Schoop, Werner Schultess, Norbert Valley, Lucien Vouillamoz, etc.».

Pour clarifier tant soit peu la situation, il nous a semblé bon de fournir à nos lecteurs cette information.

J. H

© La Bonne Nouvelle 2/94

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IL Y A LOUANGE ET «LOUANGE»!


«Par lui (Jésus), nous offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c'est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom,» (Héb. 13 : 15)

Introduction

Depuis quelque temps déjà on a adopté dans bien des milieux évangéliques un nouveau style de louange au caractère sentimental, émotionnel, voire romantique, en réaction contre le genre un peu rigide, austère et monotone pratiqué précédemment. Ce changement s'est opéré progressivement sous l'influence de certains courants qui ont plus ou moins pénétré et envahi le «monde» évangélique, s'emparant de la louange pour la réduire parfois à des ritournelles ou rengaines pauvres en substance spirituelle, soutenues par un orchestre et des danses déclenchant facilement une sorte d'euphorie enfiévrée. Voilà pourquoi il est devenu nécessaire de réfléchir tout à nouveau sur le sens profond de la louange et sur la façon appropriée de l'exprimer dans le respect du Dieu trois fois saint et en conformité avec l'enseignement et la pratique des apôtres, sans céder aux extravagances des nouvelles modes de dévotion. «Ce n'est pas la louange qui est en cause, mais ce que les hommes en font» Jacques Dubois dans «VIVRE», No 4 - Août 1991 sous «Enzyme glouton»


Un peu d'étymologie

Dans le sens original du terme (Héb. «hilel»), louer signifie pousser un cri d'admiration. C'est essentiellement dans certains Psaumes) 104-106, 110-118, 134, 135, 145-150 (que l'on trouve l'expression «Hallelu-Yah» (= louez l'Éternel!) Dans le Nouveau Testament le «alléluia» (forme grecque) n'apparaît que quatre fois au chapitre 19 de l'Apocalypse (v. 1, 3, 4 et 6) étroitement lié au jugement final de la grande prostituée et de l'entrée du Dieu tout-puissant dans son Royaume. Jean, dans sa vision, perçoit à deux reprises une voix forte qui vient du ciel comme celle d'une foule nombreuse disant: «Alléluia!..»

Puis, ce sont les anciens et les quatre êtres vivants assis autour du trône qui se prosternent et adorent en disant: «Amen! Alléluia!». Enfin l'apôtre entend de nouveau la voix d'une grande foule dire: «Alléluia! Car le Seigneur, notre Dieu est entré dans son règne... les noces de l'Agneau sont venues...» Il ne s'agit donc manifestement pas d'une formule liturgique destinée à être répétée à satiété, à tout propos et hors de propos comme cela est devenu courant dans certains milieux. Rien ne permet, en effet, d'affirmer que les premiers chrétiens en ont fait cet usage. Cette constatation ne doit évidemment pas porter atteinte à la vraie louange à laquelle nous invite toute la Bible.

Dans le Nouveau Testament «ainéô» est traduit par louer (Luc 2: 13, 20; Actes 2:47; Rom. 15:9...), «ainos» (Mat. 21:16) et «epainos» par louange; «eulogéo» peut être rendu par dire du bien, louer, célébrer, rendre grâces ou bénir, selon le contexte (Luc 1:68...), «eulogia» étant l'éloge ou la louange. On rencontre aussi «exhomologeomai», qui veut dire confesser, louer ou célébrer (Rom. 1 5:9. ..). Dans Luc 1: 46-47, Marie magnifie (megalynô = rendre grand) le Seigneur et son esprit exulte (agalliaô = éprouver une joie intense, jubiler) en Dieu son Sauveur. Mais il n'y a là aucune trace de manifestation frénétique. Des paroles sensées, judicieuses sortent de la bouche de Marie glorifiant le Tout-Puissant pour les grandes choses qu'il a faites en faveur d'elle et de son peuple (voir Luc 1:47-55).


Qui est l'objet de cette louange?

C'est l'Éternel («Yah»-vé) qui doit être loué, ce que David dit explicitement (Ps. 22:26). Mais l'Agneau, c'est-à-dire Jésus-Christ en tant que Fils de Dieu, de la même nature que son Père, est aussi digne de recevoir la louange (Apoc. 5:12). Ce n'est toutefois que par l'action du Saint-Esprit en nous que nous pouvons rendre à Dieu un culte (Phil. 3:3) qui lui soit agréable, avec crainte et respect (Héb. 12:28).


Qui loue Dieu?

a) Tout l'univers

Tout l'univers, en tant que création de Dieu, loue l'Éternel: les anges, l'armée céleste, le soleil, la lune, les étoiles, les eaux, les monstres marins, le feu, la grêle, les brouillards, les vents, les arbres, les animaux, les rois, les peuples, les princes, les jeunes hommes, les jeunes filles, les vieillards, les enfants (Ps. 148; Mat. 21 : 16). «Que tout ce qui a du souffle (qui respire) loue l'Éternel!» (Ps. 150:6).

b) De façon particulière les rachetés

«Louez l'Éternel,... qu'ainsi disent les rachetés de l'Éternel» (Ps. 107: 1-2), ceux qui craignent Dieu (Ps. 22:24), les serviteurs de l'Éternel, ceux qui se tiennent dans la Maison de Dieu (Ps. 135:1-2), dans l'assemblée des hommes droits (Ps. 111: 1), car «la louange sied aux hommes droits» (Ps. 33:1). Les disciples, après avoir adoré le Seigneur qui venait de les quitter, étaient continuellement dans le «Temple louant et bénissant Dieu» (Luc 24:52. 53). C'est ce que firent aussi les premiers chrétiens dès après la Pentecôte (Actes 2:47). Tous ceux que Dieu s'est acquis par le sang de Jésus-Christ sont destinés à servir à la louange de la gloire de Dieu (Eph. 1:6, 12 et 14).


Pourquoi et pour quoi faut-il louer Dieu?

Il faut le louer, parce qu'Il l'ordonne (Rom. 15:11) et qu'Il est grand et très digne de louange» (Ps. 145:3). Il faut le louer pour Ses hauts faits (Ps. 150:2), parce qu'Il est bon et que Sa miséricorde dure à toujours (Ps. 106: 1), parce qu'il Lui a plu de Se révéler (Mat. 11: 25), parce que nous sommes des créatures si merveilleuses (Ps. 1 39: 14), parce qu'il nous a accordé une délivrance (Ps. 116: 13) ou une guérison (Actes 3:8-9).

Comme les bergers à la naissance de Jésus, nous glorifions et louons Dieu pour tout ce que nous avons entendu et vu Le concernant (Luc 2:20). Nous Le louons parce qu'Il nous a élus avant la fondation du monde et prédestinés dans Son amour à être Ses enfants d'adoption par Jésus-Christ, en qui nous avons la rédemption par son sang (Eph. 1:4-6).

Il nous faut louer Dieu pour ce qu'Il est, pour ce qu'Il a fait et qu'Il continue de faire.

Sujet inépuisable!

Peut-on aussi louer Dieu pour le mal qui se fait - ou qu'on a fait - comme le suggère Merlin R. Carothers? «De la prison à la louange» (Éditions: Foi et Victoire) Faut-il remercier et louer Dieu de ce qu'une femme demande le divorce (p. 104-105), ou le remercier pour un enfant adultérin (p. 1 06), ou encore de ce que quelqu'un menace de se suicider (p. 100)? Est-ce que David, l'auteur de tant de Psaumes de louange, a loué Dieu parce qu'il fut adultère, ou parce qu'il fit tuer Urie et qu'il eut un fils adultérin? Il s'est plutôt humilié en confessant ses péchés et en en demandant le pardon et la purification (Ps. 51). On peut, certes, constater que Dieu change le mal en bien pour ceux qui mettent leur confiance en Lui (voir Gen. 50:20). C'est dans ce sens que finalement «toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu» (Rom 8:28). Mais cela ne signifie certainement pas que nous devons remercier et louer Dieu pour le mal qui sévit dans le monde et pour nos propres infidélités. Autrement il nous faudrait même louer Dieu pour la désobéissance d'Adam!


Préparation à la louange

Les rachetés qui, à travers l'Écriture, contemplent et adorent le Seigneur seront seuls en mesure de Le louer comme Il en est digne. La vraie louange ne s'impose pas, pas plus qu'elle ne s'improvise. Elle jaillit d'un coeur rempli de joie, parce qu'il a été lavé par le sang de Jésus après être passé par une authentique repentance.

C'est l'âme qui bénit l'Éternel, parce qu'elle n'oublie aucun de Ses bienfaits (Ps. 103:2). C'est dans le silence du recueillement et dans la méditation de la Parole de Dieu que nous réalisons la présence du Seigneur et que nous contemplons Sa magnificence. Le Psalmiste priait: «Ouvre mes yeux pour que je contemple les merveilles de ta loi!» (Ps. 119:18). Il faisait de la loi de l'Éternel ses délices (Ps. l 19:47, 70, 92) et il disait: «Que mes lèvres publient tes louanges! Car tu m'enseignes tes statuts» (Ps. 119:17). C'est ainsi que l'on éprouve le besoin de Le louer, parce que le Saint-Esprit remplit le coeur et que «la coupe déborde» (Ps. 23:5). Le Psalmiste chantait: «Mon coeur bouillonne de belles paroles» (Ps. 45:2). La louange découle donc spontanément de la méditation de la Parole de Dieu et de la contemplation de Celui qui en est l'auteur et qui S'y révèle.

Attention à la contrefaçon! Style contemporain À défaut d'avoir compris ce qui précède

- on risque de se livrer inconsciemment à une regrettable contrefaçon, c'est-à-dire à une louange construite artificiellement. Ce danger est de nos jours d'autant plus grand que la pratique d'une louange très superficielle est venue à la mode dans bien des églises évangéliques. Des jeunes s'y sont surtout laissé prendre, parce que bien disposés, mais mal enseignés et très influençables. Même des chrétiens moins jeunes ont suivi la mode, peut-être dans la louable intention de se mettre au niveau des jeunes afin de les gagner, ou de les retenir, par de nouvelles techniques ou tactiques. On dit à ce propos: Exprimons notre vie en Christ avec le langage d'aujourd'hui, avec les moyens que notre époque nous présente et avec toutes nos possibilités!  Don Grigg dans «La musique dans l'Église et dans le Culte», Journée de réflexion (mars 1992) ou encore: On doit faire un effort pour apprendre ces nouveaux chants avec leurs nouveaux rythmes. 3 Est-ce que les premiers chrétiens ont eu le souci d'adopter modes, moyens et rythmes musicaux de leur époque pour rendre leur témoignage plus efficace et pour pouvoir mieux louer le Seigneur?

Dans les cultes, et surtout lors de rencontres de jeunes, on a de plus en plus recours à la musique «Style contemporain» pour animer la louange en chauffant les esprits pour qu'ils puissent s'approcher de Dieu et répondre à sa Parole, dans une belle liberté et une expression musicale correspondant à notre sensibilité de jeune. «Le Lien Fraternel» Août-Septembre 1992, Thierry Huser sous «Convention Jeunesse» (baptiste) Mulhouse, Pentecôte 92, (pp. 15-16) Est-ce que la sensibilité des jeunes doit maintenant déterminer le style d'adoration et de louange? Après une convention où ce nouveau style fut déjà bien représenté, un des pasteurs qui y participa exprima un seul regret, en forme de souhait pour l'avenir: à quand l'orchestre formé par divers musiciens de nos groupes de jeunes pour une louange encore plus riche et permettant à chacun d'y participer? N’est-ce pas à la fois le signe d'un singulier état spirituel et un signal d'alarme quand de jeunes chrétiens ont besoin du support d'un orchestre pour pouvoir mieux louer le Seigneur?


Fabricants de louange!

Comme il existe depuis quelques années déjà un groupe qui se nomme «Les fabricants de joie» (JEM), il y a maintenant des fabricants de louanges qui se livrent à une importante et coûteuse préparation technique en utilisant toutes sortes d'instruments de musique, pianos, guitares, synthétiseurs et autre matériel électronique de sonorisation, ainsi que l'audiovisuel, pour essayer d'exercer les âmes à l'adoration. Il arrive même qu'on emploie cette méthode pour introduire dans les milieux évangéliques les vues et les pratiques des mouvements charismatiques-pentecôlistes (parler et louer en «langues», chants et musique «prophétiques», exécution de danses et de mimes «prophétiques»... «Vivre la louange» Sylvain Freymond, Editions JEM, pp. 119-120

On organise également des «marches de louange», des «soirées de louange», des «concerts de prière et de louange» des «ballets d'adoration», des «Écoles» ou des «Séminaires» de louange».  «Jeunesse en Mission» On fait appel à des groupes de danseuses dont on dit que leur «prestation introduit dans la présence de Dieu»! «Media, communication de l'Évangile». No 80/91, A. Normand. Voir «Psalmodia» dans «Le Christianisme au XXe siècle», No 373 (25-31 octobre 1992) Les «concerts de louange» sont dirigés par un orchestre et l'on passe ainsi facilement d'une mise en scène à une mise en condition débouchant sur un délirant enthousiasme qu'on ne confond que trop souvent avec la vraie louange. En l'absence d'une profonde action du Saint-Esprit on a donc de plus en plus recours à des musiciens, ou à d'autres artistes, aux comédies musicales, à la chorégraphie, etc. pour essayer de revivifier les cultes, et particulièrement les moments d'une prétendue louange, plutôt que de rechercher la véritable cause de l'apathie spirituelle et son juste remède.


Une caricature!

N'est-on pas en train de caricaturiser la vraie louange? Nous voulons bien croire qu'il s'agit généralement d'une déviation dont la plupart de ceux qui s'y livrent ne sont pas conscients. Mais ne tente-t-on pas ainsi d'organiser, de programmer, de produire par des procédés humains ce qui devrait normalement être inspiré par le Saint-Esprit. On doit sérieusement se poser des questions quand on constate qu'il y a explosion sentimentale, verbiage dévot, mièvrerie, exaltation psychique et excitation physique, etc... le tout soutenu par des chants rythmés, des rengaines lassantes des refrains indiqués ou entonnés interminablement à qui mieux mieux, quand ce ne sont pas, dans les cas extrêmes, des cris, des hurlements, des crises de larmes et de fou rire, des convulsions hystériques d'exaltés tombant à la renverse, ou se roulant par terre. Tout cela semble souvent n'être que parodie, perte de la maîtrise de soi et «remplissage» du précieux temps disponible ainsi gaspillé au détriment de la prédication de la Parole de Dieu. Cette Parole devient alors la parente pauvre, si ce n'est pas l'élément superflu ou rabat-joie au milieu d'un brouhaha indescriptible qu'on attribue abusivement au Saint-Esprit. Il arrive que dans de telles circonstances la prédication de la Parole de Dieu soit tout simplement supprimée.

Nous constatons que plus on se livre à de tels exercices de stimulation fébrile, moins on écoute la Parole de Dieu et moins on prie, parce que tout devient chant, musique, danse et théâtre. Cet esprit de foire, nullement propice au recueillement, bloque ceux qui aimeraient sérieusement louer le Seigneur. Beaucoup se complaisent malheureusement dans cette ambiance de festival, tandis que certains aspirent à l'extase, les bras étendus et les têtes levées, tombant finalement dans un état de prostration. Ils réalisent ainsi une expérience mystique extraordinaire qui n'a toutefois plus rien à voir avec la spiritualité biblique.

Le Pentecôtisme, né au début du XXe siècle, et le plus récent charismatisme, ont favorisé ce genre de manifestations exaltantes et extatiques par un enseignement spécieux sur un prétendu «baptême du Saint-Esprit» («seconde expérience» ou «seconde bénédiction»), sans lequel il ne serait pas possible de vraiment louer Dieu comme il convient.


De l'oecuménisme

Il faut ajouter ici que ces groupes, séminaires ou écoles de musique et de louange favorisent l'oecuménisme en recrutant des jeunes de toutes les églises ou assemblées et en offrant à tous ces milieux leurs productions. Il en est ainsi, par exemple des «Écoles de musique chrétienne PSALMODIA» (Lausanne, Neuchâtel, Strasbourg) qui doivent leur existence au «renouveau charismatique». Or, cette initiative est née dans le cadre des Églises de la Réforme, mais elle se veut oecuménique et ouverte à tous. «Psalmodia» a pour vocation de susciter la naissance d'équipes de louange allant rayonner dans les églises et les assemblées de diverses dénominations chrétiennes. Psalmodia se propose d'être à la disposition des pasteurs et des prêtresses. Et puis, dit-on, l'expérience montre que les prestations d'une équipe musicale appréciée contribuent à remplir une église. Qui ne voudrait pas remplir son église par un moyen aussi simple, lorsque tous les autres expédients ont échoué

«Par lui (Jésus), nous offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c'est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom.» (Héb. 13: 15)


Référence à l'Ancien Testament!

Il y eut en Israël des chanteurs et des chanteuses (Esdras 2:65), dont certains étaient même rétribués (Néh. l 1:23) et exempts d'autres fonctions (1 Chron. 9:33).

Le chant de louange fut aussi un jour utilisé dans le combat. Alors que Juda se trouvait être menacé par les Moabites, les Ammonites et les Édomites en surnombre, l'Éternel plaça une embuscade contre ces derniers au moment où les chantres commencèrent à chanter et à louer l'Éternel. Et les ennemis furent battus (II Chron. 20:22).

David disait: «Je m'écrie: «Loué soit l'Éternel!» et je suis délivré de mes ennemis» (Ps. 18:4). Il apparaît par ailleurs que les Lévites disposaient d'instruments de musique pour le chant des louanges de l'Éternel (II Chron. 7:6; 5:12-13).


Musique instrumentale et danses

On se réfère donc volontiers à l'A.T., et particulièrement au Psaume 150 (et autres, par ex. Ps. 33: 1 -3. . .), pour justifier l'utilisation d'instruments à vent (saxophone...), à percussion (batteries) et à cordes (guitares...). On louait alors l'Éternel au son de la trompette, et du luth à dix cordes, avec la harpe, le tambourin et les cymbales, mais il reste à démontrer que cela devait se perpétuer sous la Nouvelle Alliance. On fait aussi allusion à la danse qu'effectua David - du reste tout seul - devant l'arche de l'Alliance (II Sam. 6:14, voir également les Psaumes 87:7; 149:3) pour préconiser la danse dans les églises. On déclare que ce qui fut en ce temps-là agréable à Dieu, doit encore l'être aujourd'hui. Mais ce raisonnement nous paraît quand même assez spécieux à défaut d'indications néo-testamentaires soutenant cette thèse. En argumentant de la sorte on pourrait tout aussi bien légitimer la réintroduction d'autres pratiques cultuelles juives, dont on ne trouve pas de traces dans les églises primitives, parce qu'il s'agissait d'ordonnances ou de prescriptions charnelles (d'ordre matériel), imposées seulement jusqu'à une époque de réformation (Héb. 9:10), c'est-à-dire jusqu'à la venue de Christ. Il en est ainsi, par exemple, des vêtements et ornements sacrés imposés sous l'Ancienne Alliance. Au Psaume 29:2 il est dit «Adorez l'Éternel avec des ornements sacrés». Seuls les milieux formalistes ou traditionalistes catholique, orthodoxe, anglican et protestant se sont inspirés du cérémonial juif dans leurs exercices, usages et coutumes cultuels (vêtements et ustensiles sacerdotaux, tiare, ornements, encens, antiphonie et répons, gestes liturgiques, pèlerinages. . .).


Que nous montre le Nouveau Testament?

Les différentes sortes d'holocaustes, d'offrandes, de sacrifices mosaïques (de culpabilité, d'expiation, de reconnaissance et d'actions de grâces) qui consistaient en l'offrande d'animaux, de gâteaux, de galettes... (Lév. 1 à 8), ont été abolis et remplacés par Christ, victime expiatoire pour nos péchés (1 Jean 2:2), et par l'offrande de nos vies sanctifiées par Lui et mises à Son service (Rom. 12:1-2), avec comme corollaire la louange tirée de la bouche des rachetés. Osée déjà avait annonce ce changement en disant: «Nous t'offrirons, au lieu des taureaux, l'hommage de nos lèvres» (Osée 14:2).

Une seule fois il est question dans le Nouveau Testament de musique (symphônia) et de danses (choros = choeur et rondes) dans l'histoire du fils prodigue (Luc 15:25).

Ce texte ne saurait évidemment pas servir de référence pour soutenir la pratique de la musique instrumentale et de la danse dans le culte chrétien. Une seule fois sont nommés des musiciens (mousicos), - joueurs de harpes, de flûtes et de trompettes - dont on n'entendra plus les sons quand Babylone (la grande prostituée) sera détruite (Apoc. 18:22). Si par ailleurs il est dit que les vingt-quatre anciens se prosternent devant l'Agneau tenant chacun une harpe et des coupes d'or remplies de parfums (Apoc. 5:8), si Jean entend du ciel une voix comme celle des joueurs de harpes (Apoc. 14:2) et si les vainqueurs de la bête portent aussi des harpes (Apoc. 15:2), il ne faut pas oublier qu'il s'agit dans tous ces cas de descriptions de scènes célestes vues par Jean, et que nous ne sommes pas encore parvenus à ce stade, pas plus que nous ne sommes devenus «comme les anges» (ni homme, ni femme), selon Mat. 22:30. Les instruments dont il est fait mention dans ces visions nous semblent exprimer des réalités spirituelles glorieuses par le moyen d'images terrestres. Il en est comme des coupes d'or remplies de parfums symbolisant les prières des saints. On trouve encore un autre verbe «danser» (orcheomai) dans deux récits de l'Évangile:

a) dans Mat. 14:6, où il est fait mention de la danse de la fille d'Hérodias qui fut à l'origine de la décapitation de Jean-Baptiste,

b) dans Mat. l 1:17, où Jésus compare sa génération à des enfants qui s'adressant à d'autres enfants leur disent: «Nous avons joué de la flûte et vous n'avez pas dansé».

On pourrait aussi citer 1 Cor. 14:7, où l'apôtre parle d'instruments (flûte, harpe et trompette) qui, donnant un son confus, ne sont d'aucune utilité. Il disait cela par rapport au parler en langues. Tous ces textes ne sauraient donc pas objectivement servir d'arguments en faveur de l'utilisation d'orchestres, de fanfares et de danses pour animer la louange actuelle dans le culte chrétien. Il n'y a ni animation musicale, ni ministère musical de louange dans le Nouveau Testament. Dans les églises des premiers siècles les instruments de musique étaient également bannis, parce qu'ils étaient utilisés au cirque, au théâtre et dans les temples des faux dieux. Dans «Oui à la musique» (d'Alfred Kuen) p. 39, nous lisons: John Blanchard fait remarquer que nulle part, ni dans l’Ancien; Testament ni dans le Nouveau, il n'est question d'une utilisation de la musique pour communiquer le message à des non-croyants. Toujours le chant et la musique étaient mis au service du culte, de l'adoration et de la louange. (Ce dernier constat est vrai pour l'A.T., mais pas du tout évident pour le N.T. en ce qui concerne la musique instrumentale au culte, comme nous avons essayé de le démontrer - N. de la R.). L'antiquité connaissait le théâtre, la danse et la musique. Nous n'avons aucune indication qui nous permette de penser que les Juifs se soient servis de ces moyens pour faire des prosélytes, ni que l'Église primitive ou l'Église ancienne aient utilisé ces formes artistiques pour évangéliser les Grecs ou les Romains. Au contraire, les premiers chrétiens se sont distancés de tout ce qui rappelait les festivités païennes. Les Pères de l'Église ont sévèrement proscrit jusqu’«aux instruments de musique dans les réunions chrétiennes, parce qu'ils évoquaient pour les jeunes convertis les turpitudes d'un monde auquel ils avaient renoncé. A. Kuen ajoute: Mais nous ne vivons plus dans le même contexte.

Nous n'avons pas besoin de nous laisser lier par leur exemple justifié par des raisons devenues caduques. Ici, nous ne sommes pas du même avis qu'A. Kuen, car les raisons des «pères» de l'Église ne sont pas devenues caduques. Bien au contraire! Les jeunes convertis sortant aujourd'hui d'une certaine ambiance musicale mondaine aux «décibels ravageurs» la retrouvent souvent dans les églises qui utilisent les mêmes instruments et jusqu'au même rythme. C'est justement par ce moyen qu'on cherche à les attirer, puis à les retenir, afin qu'ils ne se sentent pas trop dépaysés, alors qu'il faudrait plutôt marquer, aussi en ce domaine, la différence entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas (Mal. 3:18)!


Et aujourd'hui? Bannir toute musique?

N'oublions pas que la musique touche essentiellement la partie psychique de l'être humain en provoquant des réactions émotionnelles, plutôt incontrôlables, tandis que la parole s'adresse à la conscience, au coeur et à la pensée, en suscitant des réflexions qui déterminent la volonté d'agir. Faut-il pour autant bannir toute musique de la sphère chrétienne? Certainement pas! Ne dit-on pas que la musique adoucit les moeurs? La musique exerce un certain charme auquel le chrétien n'est pas insensible, aussi n'y a-t-il pas lieu de culpabiliser le chrétien mélomane qui aime la belle musique instrumentale, qui l'écoute et qui la pratique, sans que ce soit précisément au moment de l'adoration et de la louange au culte. Lorsque la musique envahit l'église et y prend une place prépondérante, lorsqu'on doit engager des professionnels, des artistes, des orchestres, des virtuoses pour chatouiller l'ouïe des chrétiens afin d'essayer de les disposer à la louange, ou de les y entraîner, on fait certainement fausse route.


La source de la vrai louange

La louange ne se fabrique pas. Louer, c'est d'abord un état d'esprit, une attitude de l'être en communion avec son Dieu. La louange procède de la profondeur de la vie spirituelle, On ne peut louer que celui qu'on connaît et que l'on aime. La contemplation et l'adoration du Dieu d'amour, dans ses perfections révélées dans les Écritures, engendrent la vraie louange qui devient alors un point culminant du culte chrétien. La louange est donc la manifestation de cette vie intérieure purifiée et sanctifiée par Christ et son Esprit. Jésus a fait comprendre à la Samaritaine qu'il fallait adorer Dieu en esprit et en vérité (Jean 4:24). C'est à partir d'une telle adoration que se développe la louange authentique.


Chanter et psalmodier

Cette louange peut s'exprimer dans le culte en paroles dites ou chantées, comme il ressort des textes du Nouveau Testament. Les premiers chrétiens devaient converser (laleô) entre eux, chanter, (adô) et psalmodier (psallô) dans leur coeur des hymnes, des psaumes et des cantiques spirituels (Eph. 5:19). Comme «psallô» peut aussi être traduit par jouer en touchant des cordes, certains ont pensé que l'apôtre avait ici en vue l'accompagnement des chants par un instrument à cordes. Ce serait en somme le seul passage et le seul terme qui dans le N.T. laisseraient entendre que les premiers chrétiens ont utilisé de la musique instrumentale. Mais le contexte semble plutôt montrer qu'il s'agissait de louer le Seigneur en touchant les cordes du coeur, car il est dit littéralement chantant et psalmodiant dans votre coeur, (de même dans Col. 3:16). Mais puisque c'est de l'abondance du coeur que la bouche parle (Mat. 12:34), cette louange peut évidemment aussi s'exprimer; vocalement, c'est-à-dire à haute voix et par le chant. Jésus a chanté des cantiques avec ses disciples peu avant son arrestation (Mat. 26:30). Paul et Silas en prison (Actes 16:25) chantaient les louanges de Dieu (hymneô=chanter un hymne ou un psaume, chanter la louange), parce que leurs coeurs en étaient remplis. Avec David, cité par l'auteur de l'épître aux Hébreux, nous pouvons dire: «Je te célébrerai (hymneô) au milieu de l'assemblée» (Ps. 22:23; Héb. 2:12), sans nous adonner à une sorte de turbulence exacerbante soutenue par ces sempiternels airs rythmés qui, de nos jours, prennent tant de place dans beaucoup de cultes au détriment de la Parole prêchée. 10* Ceci est devenu de plus en plus courant dans les milieux qui ont adopté le recueil «J'aime l'Éternel» du mouvement charismatique «Jeunesse en Mission» Signalons en passant que Jean Calvin, John Wesley et C. H. Spurgeon ont été contre l'utilisation d'instruments à musique au culte.11*Mais là où rien n'est formellement prescrit ou interdit, règne une certaine liberté, ou spontanéité> limitée par la bienséance, l'ordre, la sobriété et le discernement spirituel des enfants de Dieu respectueux des écritures.


Soyons réalistes

Sans vouloir tomber dans les routines que nous dénonçons par ailleurs, il nous faut reconnaître que dans la pratique collective de la louange on ne peut généralement pas se passer de certaines dispositions facilitant la tenue d'un temps de louange. Ce temps pourrait être précédé d'une prédication appropriée destinée à préparer l'auditoire à la louange. Si la prédication était placée à la fin du culte> on pourrait introduire le moment de louange par une courte méditation gravitant autour d'un thème choisi en fonction du but visé (par exemple: la sainteté de Dieu, son amour, sa toute-puissance, ou d'autres attributs divins, ses oeuvres, le sacrifice de Jésus-Christ, etc.). En alternant ensuite des textes des écritures avec des chants spontanés ou indiqués, de courtes exhortations, des actions de grâces, on devrait pouvoir développer un terrain propice à l'éclosion de l'adoration et de la louange sans que rien ne soit forcé ou provoqué par le recours à des artifices. Si malgré tout cela l'on n'y parvenait quand même pas, il serait préférable d'y renoncer, plutôt que d'insister, car il se pourrait alors que les conditions spirituelles requises ne soient pas remplies, c'est-à-dire que les coeurs et les esprits ne soient pas vraiment disposés à la louange, parce que trop préoccupés par autre chose, mal préparés à la maison, et par conséquent plus ou moins distraits ou absents. Il se pourrait aussi qu'un interdit (Josué 7=10-13) pèse sur une assemblée qui n'a pas réglé certains problèmes selon les instructions bibliques, qui tolère le mal, qui accepte des pécheurs ou de faux docteurs invétérés et impénitents (1 Cor. 5:13; II Jean 10:11). Nos péchés nous cachent la face de Dieu et L'empêchent de nous écouter (Es. 59:2). Les mauvaises relations entre chrétiens font obstacle à leurs prières (1 Pierre 3:7) et à plus forte raison à leurs louanges. Tout cela ne saurait donc qu'entraver ou qu'étouffer notre louange en la rendant vaine.

La médiocrité de la louange et les vaines redites peuvent aussi, hélas! provenir d'un manque de communion avec Dieu et d'un manque de familiarité avec la Parole de Dieu. Veillons donc bien à réaliser des conditions préalables favorables par un enseignement biblique profond et équilibré, et par une vie en règle avec Dieu et notre prochain.


Conclusion

La louange est donc fonction de notre relation personnelle et communautaire avec Dieu. Elle en est le fruit. Plus notre vie spirituelle sera profonde, mieux nous louerons le Seigneur, non seulement par nos prières et nos chants au culte, mais par toute notre façon d'être et d'agir à la gloire de Dieu. C'est dans cette optique que l'apôtre Paul écrivait aux Philippiens: «Que votre amour gagne en vraie connaissance et en clairvoyance pour le discernement de ce qui est essentiel, afin que vous soyez sans mélange et irréprochables au jour du Christ, remplis du fruit de la justice par Jésus-Christ à la gloire et à la louange de Dieu» (Phil. 1:9-11). La louange ne sera plus alors simplement une action liturgique bien programmée, soutenue et dirigée par un orchestre, ou entraînée par un groupe de jeunes chantant, dansant, récitant et jouant pour animer une assemblée de croyants. Elle sera plutôt une attitude permanente du racheté qui fera de toute sa vie une louange à la gloire de Dieu (Eph. l: 12). Ainsi nous offrirons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange (Héb. 13:15).

Cela s'exprimera d'autant plus aisément au culte que ce sera le fruit de lèvres témoignant d'une réalité vécue quotidiennement dans la communion du Seigneur.


Jean Hoffmann

«Je le louerai de plus en plus» Ps. 71:14

«Je bénirai l'Éternel en tout temps» Ps. 34:2

«Éternel mon Dieu, je te louerai toujours» Ps. 30:13

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«J'AI CRU, C'EST POURQUOI J'AI... CHANTÉ»


Pendant de longs siècles, l'Église a chanté sa foi. Des poètes ont cherché à mettre la foi biblique en vers, des compositeurs y ont mis des mélodies, et le résultat a été fort souvent un puissant encouragement pour la foi. Parce que nous retenons ce que nous chantons, bien mieux que ce que nous entendons ou ce que nous lisons. Il a été dit que les masses de chrétiens méthodistes en Angleterre ont appris leur doctrine chrétienne par les chants des frères Wesley. Le chant, si peu important dans le Nouveau Testament, peut avoir une influence profonde. Il peut former,... et déformer la foi des chrétiens.

Or nous assistons à une déferlante de musique et de rythme dans nos milieux évangéliques. L'unité si difficile à acquérir est en train de se faire par le chant. Peu à peu, dans toutes nos églises et j'ouvre tous les tiroirs en écrivant «toutes» – nous chantons les mêmes chants, tirés du même recueil. C'est remarquable. Évangéliques, Pentecôtistes, Baptistes, Réformés, Charismatiques et j'en passe et des meilleurs, tous utilisent le même recueil. Nous sommes donc devenus un? Les convictions véhiculées par ces chants sont donc devenues les convictions de tous? Ou chantons-nous parfois des choses opposées à nos convictions, sans nous en rendre compte? Ou en nous disant que ce n'est pas bien grave?

Permettez-moi de citer quelques exemples de chants récents. Je m'empresse de dire que je n'écris pas par envie de critiquer, ou pour viser l'un ou l'autre frère ou soeur. J'écris à cause d'une grande inquiétude. Je pourrais même dire, en parodiant le titre de cet article: «Je ne chante plus, c'est pourquoi j'ai écrit.» Je ne chante plus, entre autres, parce qu'on nous fait chanter du n'importe quoi. Parce qu'on nous fait chanter des textes remplis de doctrines étonnantes. Parce qu'on veut, par le chant, remodeler la foi des chrétiens». Je pense que nous subissons, là aussi, une offensive spirituelle concoctée et animée, au sens propre, par l'esprit du mal. Il y a péril dans la demeure. Je sais qu'un article comme celui-ci ne me fera pas que des amis. Oser dire ces choses me fera classer très vite comme fondamentaliste – ce qui, tout bien réfléchi, est un compliment – et comme extrémiste. Mais l'usage d'invectives traduit la plupart du temps une grande pauvreté d'arguments.

Venons-en donc aux exemples et faisons un peu l'exégèse de certains de nos cantiques modernes.

«Guéris ce pays, répands sur lui ton Esprit-Saint.

Ton Esprit, tel un flot, se rapproche, prêt à recouvrir tout ce pays.

Pour instaurer ta justice...»

L'exégèse c'est, en bonne partie, commencer par poser quelques questions pertinentes. Nous chantons de quel pays? La Belgique? C'est ce qu'on dit en général en introduisant ce chant et c'est ainsi que la plupart le comprennent en chantant. Loin de moi d'oser nier que la Belgique a besoin de guérison! Mais est-ce là l'oeuvre de Dieu dans notre monde? A-t-il guéri Israël au temps des apôtres? Pourtant, Israël avait quelques raisons de s'y attendre. A-t-il guéri la Grèce par l'évangélisation au premier siècle, ou l'Empire Romain? La suite du chant indique le sens de cette guérison. Par une nouvelle Pentecôte, Dieu l'effectuera. Il répandra son Esprit, et ce moment approche à grands pas. Son Esprit va couvrir la Belgique et instaurer la justice. Vraiment? Nous sommes à la fin des temps, l'apostasie annoncée est déjà là. Ce qui approche à grands pas est la révélation de l'homme impie. La persécution est à la porte, et en ces jours-là, trouvera-t-on encore la foi? La justice, laquelle? sera-t-elle instaurée par une nouvelle Pentecôte? Par un réveil prophétisé par les faux prophètes charismatiques et évangéliques modernes? Allons-nous donc vers une ère de paix sans le retour de Christ? Bien sûr, vous êtes libre de le croire. Mais dans ce cas, fermez votre Bible. Christ bâtit son Église en l'appelant hors du monde, en l'invitant à la séparation difficile d'avec le mal, d'avec les faux frères, en nous disant que nous deviendrons des étrangers sur terre, des étrangers dans notre propre pays. Nous habitons dans un monde condamné. Et donc aussi dans des pays condamnés.

Il nous faut alors être très prudents avec des chants un peu rapides, inspirés des 2 Chroniques 7:14.

«Si mon peuple, sur qui est invoqué mon nom, s'humilie, prie et me cherche, se détourne de ses mauvaises voies, je l'exaucerai des cieux, j'effacerai son péché, et son pays je guérirai.»

Croyons-nous que Dieu guérira notre pays si les vrais chrétiens s'humilient? Je doute que l'application soit juste. Car nous n'avons pas du tout le même rapport avec notre pays qu'Israël a eu avec le sien. Nous sommes étrangers et pèlerins dans nos pays, tandis qu'Israël a possédé le sien. L'oeuvre de Christ, c'est de bâtir son Église, pas de guérir le monde. Nous croyons au retour de Christ. Nous croyons à l'apparition de l'Antichrist avant cela. Nous observons une croissance vertigineuse du mal.

Bien sûr, Dieu bénit un pays qui veut se conduire selon sa Parole. Mais pour que nos pays se conduisent d'une telle façon, nous devons annoncer et vivre l'Évangile. Nous avons à nous humilier devant Dieu à cause de l'état spirituel triste de nos églises et de nos vies, pour que sa puissance agisse à nouveau en nous en vue du témoignage à rendre à Jésus-Christ. Mais «son peuple», ce n'est pas le peuple belge, ou américain. Son peuple, c'est l'Église de Jésus-Christ et ce peuple-là ne possède aucun pays. Sa patrie n'est pas ici-bas.

D'ailleurs, c'est qui «le peuple de Dieu»? C'est un des noms typiques du peuple d'Israël dans l'Ancien Testament. Dans le Nouveau Testament, il est utilisé une seule fois clairement de l'Église, en 1 Pierre 2: 10, vous qui autrefois n'étiez pas un peuple, et qui maintenant êtes le peuple de Dieu, vous qui n'aviez pas obtenu miséricorde, et qui maintenant avez obtenu miséricorde. (Il y a peut-être aussi Hébreux 4:9). Or, l'appellation est assez floue dans son utilisation aujourd'hui. Le Nouveau Testament lui préfère de loin d'autres noms: les disciples, l'Église de Jésus-Christ... Pourquoi donc cet engouement pour ce vocable qui appartient par priorité au peuple d'Israël?

Y aura-t-il une nouvelle Pentecôte? Dieu, peut-il encore répandre son Esprit? Ne l'a-t-il pas déjà fait, une fois pour toutes, lors de la Pentecôte? S'il n'a pas repris son Esprit, et cela, il ne l'a pas fait, il ne peut le répandre à nouveau. Par l'Esprit donné, il appelle aujourd'hui tout homme à la repentance et l'obéissance de l'Évangile. À une vie, non pas faite de victoires faciles, mais de luttes difficiles et âpres.

Victoire. C'est un thème récurrent des chants évangéliques modernes.

«Jour de joie, jour de victoire, il étend sa main d'en haut... Dieu se lève avec éclat et il marche devant moi.»

Cela sur une mélodie bien entraînante où l'on peut vraiment ouvrir tous les registres. Comme si tout ce qu'il y a à faire c'est de chanter cela et le tour est joué. Mais Dieu ne se lève pas avec éclat dans ce monde. Il a permis que soit dressée la croix de Jésus-Christ. Il nous appelle à des choix difficiles pour que l'Évangile devienne chair dans notre vie. Des choix compliqués pour répondre à la vocation de porter la Bonne Nouvelle au monde, même au risque de notre vie. Or, les «vocations missionnaires» sont de plus en plus rares. L'argent manque de plus en plus dans nos milieux. Mais nos équipements techniques sont de plus en plus perfectionnés pour qu'on puisse chanter ces «canticlettes» avec un maximum de décibels. Qui nous a séduits?

Il y a une victoire. Bien sûr. Victoire quand Christ paraîtra. Victoire, quand à Christ nous obéissons. Victoire sur le mal et le péché, sur l'argent et la superficialité. Victoire accessible par l'Esprit-Saint. Mais victoire pour le Saint-Esprit? C'est quoi ça? Est-ce que cela traduit un glissement dans notre conception de la Trinité? Selon la Bible, nous vivons par l'Esprit pour Jésus. L'évidence de la présence de l'Esprit est le fait que Christ soit au centre. Nulle part, l'Esprit est mis au centre. On ne prie pas l'Esprit, on n'adore pas l'Esprit,choses que nos «canticlettes» font avec une facilité déconcertante. Est-ce le Saint-Esprit qui nous conduit vers des expressions, et donc vers des pratiques non bibliques? Poser la question, c'est déjà y répondre. Mais si ce n'est pas l'Esprit, qui nous a séduits?


«La trompette sonne sur notre pays.»

De nouveau, que veut-on dire? Est-ce la trompette qui introduit la venue de l'Époux, comme le dit la dernière strophe? La dernière trompette? Elle n'a pas encore sonné et quand elle sonnera, elle sonnera la fin des temps. Ce sera le rideau sur l'oeuvre de l'Église ici-bas. Quelle trompette sonne sur la Belgique pour que nous recevions les dons de Dieu? Et quels dons? Ceux dits «charismatiques» qui étaient probablement à l'esprit de l'auteur? Cette trompette, nous appelle-t-elle à nous unir pour que l'Esprit vienne sur nous? L'Esprit-Saint est donc parti? Quelle unité faut-il poursuivre? Celle de tous les chrétiens de la Chrétienté? Ou même, celle de tous les hommes comme le voudraient le pape et le Conseil Oecuménique des Églises? L'unité sur la base de quel fondement? Que comprenons-nous lorsque nous chantons:


«Tu es là dans le coeur de ton Église au-delà de ces murs qui nous divisent»?

Loin de moi de prêcher pour des querelles de clocher entre personnes qui servent le même Seigneur à la lumière de la même Parole de Dieu. Loin de moi de nous croire meilleurs que ceux qui aiment le même Sauveur dans d'autres églises et de vouloir récupérer le maximum de gens ou d'églises par orgueil dénominationnel. Mais allons-nous donc gommer toutes les différences, et pour commencer celles qui sont profondément enracinées dans la Parole de Dieu? Allons-nous commencer par nier ce que nous croyons par le chant de quelques bêtises bien rythmées? Dans un monde où le refrain de l'unité tous azimuts est repris par de plus en plus de chantres, allons-nous nous laisser emporter par une jolie mélodie? Chantons-nous sans intelligence, 1 Corinthiens 14:15?

À quand la fin de l'impérialisme culturel et cultuel d'un certain recueil de chants? À quand la fin de l'inculture des moutons de Panurge? À quand la révolte contre les inanités qu'on veut nous faire ingurgiter?


Lorsque vous chantez, et lorsque vous faites chanter, posez-vous au moins ces quelques questions de bon sens spirituel:

1 . Est-ce que ce chant est biblique?

2. Est-ce que ce chant peut être mal compris?

3. Est-ce que ce chant a vraiment un contenu ou est-ce seulement la mélodie et le rythme qui me captivent?

4. Est-ce que ces chants vont tous dans le même sens, en sacrifiant la vérité par l'omission systématique de certaines choses ou par la répétition «ad nauseam» de certaines autres?

5. Est-ce que ces chants expriment l'essentiel de la foi ou sont-ils trop atteints par la pensée unique du monde évangélique moderne?


Osons être sans pitié pour les chants qui ne répondent pas à ces critères. Ils ne méritent pas d'être chantés par l'Église de Jésus-Christ.

Au lieu de nous laisser séduire, favorisons un autre choix de chants. Loin de moi de suggérer de revenir tout simplement à ce qu'on a toujours fait et chanté. Même si beaucoup de nos anciens cantiques méritent encore d'être chantés, il y a une large place pour du nouveau. Il y a aussi de la place pour une révision musicale de nombre de vieux cantiques dont le texte est excellent. Il y a de bons recueils de nouveaux chants. Je pense à «À toi la gloire» qui mériterait une édition sans musique. Il y a «Dans la présence du Seigneur». Il y en a certainement d'autres. Il y a de la place pour des poètes et des compositeurs dans nos églises. Comme au temps des Wesley, il est encore possible et utile d'enseigner la foi biblique par des chants. Le Saint-Esprit n'a pas abandonné l'Église. Il y a encore des mélodies à «dérober» au monde comme au temps de William Booth de l'Armée du Salut. Il disait cela en juin 1877. Je terminerai avec quelques courts extraits de cette prédication:

– Le chant chrétien devrait être caractérisé par trois choses. Il doit être un chant d'assemblée, le chant de tous. Il doit être de tout coeur, et pas seulement un service des lèvres qui provient d'un sentiment d'obligation ou même de plaisir. Mais le cri de l'âme des gens. Il doit être utile. Il doit amener les gens vers le sang de Christ et vers le trône de Dieu. Il doit amener les non-croyants au brisement devant le Seigneur... Ayez des chants qui chantent le salut. Je suis malade de chanter des bêtises sentimentales qui n'ont aucun lien avec les intérêts réels de l'âme... Chantez du sang qui purifie, de l'Esprit qui fortifie, des forces qui protègent, de l'amour qui pourvoit, des victoires et des gloires qui nous attendent... Il faut avoir de bonnes mélodies. Pour commencer, c'est ce qu'il faut, peu importe qu'elles soient sacrées ou non. En fait, j'aime assez bien dérober au diable ses meilleures mélodies...»

Que Dieu nous permette de rester équilibrés et fermes dans la foi, aussi lorsque nous chantons!

Egbert Egberts

© La Bonne Nouvelle No 2 / 2000

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MIMES COMME EXPRESSION DE L'ADORATION!


Avec deux masques comme emblème l'Institut Biblique Européen annonce des cours de mime pour l'évangélisation, comme expression de l'adoration de Dieu, pour accompagner les chants de louange et pour illustrer un sermon ou une prophétie!

Au risque de passer pour des «demeurés» dans un monde religieux en pleine évolution nous osons dire que l'adoration, la louange, la prédication de la Parole de Dieu, etc. n'ont pas vraiment besoin de comédiens, de mimiques, de masques, de simagrées pour produire un effet spirituel. Parce que la Parole de Dieu est vivante et efficace (Héb. 4:12), elle a toujours de l'effet quand elle est présentée fidèlement (Héb. 2:12). Dieu dit que sa Parole ne retourne pas à lui sans effet, sans avoir exécuté sa volonté (Es. 55: 11). Elle juge les sentiments et les pensées du coeur (Héb. 4:12), mais son effet est double: elle offre le salut à ceux qui la reçoivent et annonce la condamnation à ceux qui la rejettent. C'est ainsi que les messagers de la Parole de Dieu sont aussi aux uns odeur de vie, donnant la vie, et aux autres odeur de mort, donnant la mort (2 Cor. 2:15-16).

Mimétisme, parodies et autres arts et artifices peuvent fausser le résultat, produire une apparence de vie et de piété (2 Tim. 3:5). L'Esprit de Dieu seul convainc de péché, de justice et de jugement (Jean 16:8-12) et il transforme nos vies en nous rendant capables d'adorer et de servir Dieu. Jésus a dit: «Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité: car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l'adorent l'adorent en esprit et en vérité» (Jean 4:23-24).

 

Journal de l'IBE, Lamorlaye (Oise)

N° 1 - Février 1998.

©  La Bonne Nouvelle 4/99

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LA «MUSIQUE CHRÉTIENNE CONTEMPORAINE»


Le talon d'Achille du culte chrétien

Dans la mythologie grecque, Achille était le fils de Pelée et de Thétis. Thétis voulut rendre son fils invulnérable. Pour ce faire elle saisit l'enfant par un pied et le plongea dans l'eau du Styx. Mais comme l'eau ne toucha pas l'endroit par où Thétis maintenait son fils, Achille fut vulnérable à cette unique place. À la fin, il mourut des suites d'une blessure qui, pendant le combat, atteignit le talon que nous appelons encore aujourd'hui de son nom.


Notre vulnérabilité

Depuis toujours, l'une des plus grandes tromperies de Satan fut d'amener les chrétiens à se considérer comme invulnérables, surtout vis-à-vis de certains péchés précis. D'après l'étude de la Bible, nous savons pourtant que nous sommes vulnérables, mais nous avons tendance à croire que certains péchés sont pour nous en dehors du domaine du possible. C'est pour cela que nous devons constamment garder devant nos yeux l'exhortation de 1 Cor. 10: 12 et s.: «Que celui qui croit être debout, prenne garde de tomber!» L'évangéliste américain Bob Jones Senior a souvent dit: «Tout péché qui n'a jamais été commis, tu pourrais le commettre aussi, dans des circonstances appropriées». De même, le péché dans lequel tombe le chrétien consiste souvent à considérer comme très peu important le domaine dans lequel il est vulnérable. Dans le cas d'Achille, nous pouvons constater qu'il n'y a, dans le talon, aucun organe vital, mais qu'un homme dont le tendon du talon d'Achille est coupé est entièrement handicapé et incapable de se déplacer. Sans l'aide d'autrui, il est condamné à mourir.


D'importantes directives bibliques

Satan a justement utilisé ce mensonge pour miner beaucoup de cultes chrétiens en détruisant les normes pour la musique. Beaucoup pensent que le style de la musique utilisé dans l'oeuvre du Seigneur est sans importance. Mais en réalité, la musique est un élément extrêmement important dans le culte de l'assemblée, et le Saint-Esprit nous donne d'importantes directives dans ce domaine.

Le parallèle entre l'Achille mythologique et le culte chrétien s'arrête quand nous remarquons qu'Achille n'avait qu'un seul endroit vulnérable. Ce serait merveilleux si le culte chrétien n'avait qu'un seul point vulnérable! C'est pourquoi le titre de cet article aurait dû être: «L'un des talons d'Achille du culte chrétien». Dans l'oeuvre du Seigneur, il semble y avoir beaucoup de pieds et beaucoup de talons, et nous devons partir du fait que Satan les attaque tous en même temps. 1 Pierre 5: 8 nous exhorte ainsi: «Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera». Et dans Col. 3: 16 et s., nous lisons: «Que la Parole de Dieu demeure en vous dans toute sa richesse; instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse, par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos coeurs en vertu de la grâce. Et quoi que vous fassiez, en parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père».

Ce passage contient l'exposé néo-testamentaire le plus précis des principes applicables au rôle de la musique religieuse. En tout premier lieu, une telle oeuvre n'est passible que si elle est profondément fondée sur la Parole de Dieu. «Que la parole de Christ demeure en vous dans toute sa richesse». Deuxièmement, nous devons utiliser la sagesse de Christ pour enseigner et pour exhorter, pas pour divertir. N'est-ce pas là un appel à un service scrupuleux? Souvent les pasteurs sont d'avis que la musique d'église sert uniquement à attirer les foules pour qu'ils puissent ensuite annoncer l'Évangile. Notre passage biblique indique pourtant que la musique doit aussi servir «à enseigner et à exhorter». Nous devons éviter de nous adresser aux sentiments des auditeurs; mais au contraire viser à donner à ceux-ci une saine doctrine. Il faut utiliser ce que contient la Bible: «des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels». Finalement, ce service doit être fait par des personnes qui vivent dans une réelle communion avec Dieu: «chantant à Dieu dans nos coeurs en vertu de la grâce»: Quel défi et quelle bénédiction que ces versets pour un chrétien qui voudrait servir par la musique!


L'infiltration

Le diable est constamment occupé à s'infiltrer et à neutraliser tous les domaines du service chrétien. L'un de ses outils est la «musique chrétienne contemporaine». Cette désignation ne se veut pas dévalorisante, mais elle fut aussi acceptée dans l'industrie de diffusion. «La musique chrétienne contemporaine» est une musique composée pour des textes qui sont, dans une certaine mesure, sacrés, mais son style, sa composition et sa présentation sont directement empruntés au monde séculier. Cet emprunt comprend des caractéristiques propres à cette musique, comme le rythme et l'instrumentation, mais il s'étend aussi à d'autres éléments comme l'utilisation de la sonorisation, les costumes et les expressions corporelles des interprètes.

Dans les années cinquante et soixante les chrétiens des USA entendaient leurs pasteurs dire que la musique rock était l'oeuvre du diable. Au cours des années soixante-dix, les éléments du rock entrèrent peu à peu dans la composition de la nouvelle musique religieuse, et son style pénétra dans les représentations de chants d'église et de gospels-songs. À la fin des années soixante-dix, ce phénomène, connu sous le nom de «musique chrétienne contemporaine», était déjà profondément ancré dans la vie personnelle de beaucoup d'Américains et s'était introduit dans les cultes, où il devint bientôt la forme musicale prédominante en remplaçant les cantiques traditionnels et le Gospel.


Le feu étranger

Ce problème n'est pas nouveau. Il est aussi vieux que l'apport du «feu étranger» par les fils d'Aaron dans Lév. 10: 1-3: «Les fils d'Aaron, Nadab et Abihu, prirent chacun un brasier, y mirent du feu, et posèrent du parfum dessus; ils apportèrent devant l'Éternel du feu étranger, ce qu'il ne leur avait point ordonné. Alors le feu sortit de devant l'Éternel, et les consuma: ils moururent devant l'Éternel. Moïse dit à Aaron: C'est ce que l'Éternel a déclaré, lorsqu'il a dit: Je serai sanctifié par ceux qui s'approchent de moi, et je serai glorifié en présence de tout le peuple. Aaron garda le silence.»

Ce passage décrit l'introduction de choses profanes dans le culte. Il montre très clairement que nous ne devons jamais admettre que les méthodes utilisées pour l'oeuvre de Dieu soient sans importance. C'est le Dieu saint qui explique ici que des méthodes conformes à l'Écriture doivent être employées pour faire son oeuvre.

La «religion» de l'humanisme a conduit les hommes à une démarche opposée: ils essaient d'utiliser des moyens charnels pour atteindre des buts spirituels. Effectivement, si l'on part du principe que l'homme est foncièrement bon, on doit aussi admettre que tout ce qu'il fait est bon. Mais le Psaume 14: 1 -3 nous dit: «L'insensé dit en son coeur: Il n'y a point de Dieu! Ils se sont corrompus, ils ont commis des actions abominables; il n'en est aucun qui fasse le bien. L'Éternel, du haut des cieux, regarde les fils de l'homme pour voir s'il y a quelqu'un qui soit intelligent, qui cherche Dieu. Tous sont égarés, tous sont pervertis; il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul».


La musique n'est pas neutre

Si, en tant que chrétien, nous voulions juger de la musique en général ou de la musique chrétienne en particulier, il y a quelques principes à observer. D'abord nous devons reconnaître que la musique a son propre message. Elle n'est pas neutre. L'idée selon laquelle la musique serait sans valeur intrinsèque est une conséquence seconde de la rébellion des années soixante. L'ensemble de la littérature concernant la musique – depuis l'Antiquité grecque jusqu'aux années soixante – parle du pouvoir de la musique pour pousser l'homme à l'action, que ce soit au bien ou au mal. La musique est un art s'adressant aux sens. Comme c'est le cas pour la plupart des arts, elle est perçue par les sens. Et ce qui est relatif aux sens peut être très facilement perverti.

Une mélodie sensuelle est employée à bon escient quand on veut évoquer les aspects physiques de l'amour humain, mais elle ne convient pas pour magnifier l'amour divin. Ceci est aussi vrai pour les harmonisations sensuelles.

Le rythme est l'élément le plus fort de la musique. Il détourne l'attention sur lui et entraîne les interprètes et les auditeurs dans son sillage, les détachant ainsi du texte qu'il était pourtant censé servir. Quelques interprètes de rock ont dit que le «beat» (battement rythmique) les domine à tel point qu'ils ne sont pas du tout conscients de faire des gestes obscènes pendant les spectacles.

Il est aussi très important de garder présent à l'esprit que la musique joue un rôle non négligeable dans la vie mentale du chrétien. Phil. 4: 8 donne un enseignement biblique précis sur le chrétien et sa vie mentale: «Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l'approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l'objet de vos pensées.» La vie mentale d'une personne est influencée par ce qu'elle voit, ce qu'elle lit, ce qu'elle entend. Comment notre vie mentale peut-elle refléter l'enseignement de Phil. 4:8, si la musique que nous écoutons a ses origines dans la sensualité de l'industrie du divertissement? Les chants que nous chantons dans nos assemblées devraient avoir des textes justes du point de vue doctrinal, et édifiants. Leur accompagnement musical devrait correspondre au texte en esprit et en vérité.


Des normes ou des goûts?

Malheureusement, beaucoup de chrétiens ne s'occupent pas du problème qui consiste à définir des normes valables pour la musique d'église, mais estiment que la préférence pour telle ou telle musique est uniquement une affaire de goût. Le goût n'est pourtant pas une mesure infaillible pour juger de ce qui est bon. Le dictionnaire définit le goût comme «la capacité de discerner ce qui est bon, beau, ou qui convient, un sens intuitif des valeurs esthétiques». Mais, pour le chrétien, le discernement provient de la connaissance de la sainteté de Dieu. Le goût peut être détérioré lorsqu'on est fréquemment exposé à ce qui est mauvais et pas du tout à ce qui est bon. Que chaque chrétien s'assure que son esprit et son coeur sont entièrement soumis à Dieu et aux enseignements de l'Écriture sainte.


Divertissement ou service divin?

Le musicien chrétien doit considérer son travail dans l'assemblée comme un service divin et non comme un divertissement. La vie morale et culturelle du monde est contrôlée en grande partie par la télévision et les journaux. On a pris l'habitude d'être diverti passivement durant tous ses loisirs. Quelques-uns viennent aussi à l'église et s'attendent à y recevoir un tel divertissement. Pourtant, dans la maison de Dieu, nos pensées devraient être dirigées vers Dieu. l Chron. 25: 1-3 nous enseigne que ceux qui servaient durant les cultes par la musique prophétisaient: «David et les chefs de l'armée mirent à part pour le service ceux des fils d'Asaph, d'Héman et de Jeduthun qui prophétisaient en s'accompagnant de la harpe, du luth et des cymbales... les fils de Jeduthun... prophétisaient avec la harpe pour louer et célébrer l'Éternel».*

Il apparaît clairement ici que, dans l'Écriture, le mot «prophétiser» ne se rapporte pas seulement à la prédiction d'événements futurs. Il signifie aussi souvent «parler de la part de Dieu», témoigner». En 1 Cor. 14: 23-25, Paul parle de l'utilité des dons spirituels: «Si donc, dans une assemblée de l'Église entière, tous parlent en langues, et qu'il survienne des hommes du peuple ou des non-croyants, ne diront-ils pas que vous êtes fous? Mais si tous prophétisent, et qu'il survienne quelque non-croyant ou un homme du peuple, il est convaincu par tous, il est jugé par tous, les secrets de son coeur sont dévoilés, de telle sorte que, tombant sur sa face, il adorera Dieu, et publiera que Dieu est réellement au milieu de vous».


Problèmes de générations?

Ici est dépeint un magnifique tableau d'une assemblée de croyants qui chante des cantiques sublimes et prophétise, c'est-à-dire rend témoignage de la grandeur de Dieu pendant qu'elle chante. La simple émotivité n'atteindra pas ce but divin. On doit chanter «avec l'esprit... mais aussi chanter avec l'intelligence» (1 Cor. 14: 15). Les utilisateurs de la «musique chrétienne contemporaine» nous disent que nous devons employer la musique des jeunes si nous voulons les atteindre. Ils essaient ainsi de combler la «génération gap», le fossé entre les générations. Cette expression fut beaucoup employée dans les années de révolte, vers 1960. On voulait exprimer par là qu'il n'y avait pas communication entre la vieille et la jeune génération. La «génération gap» avait deux aspects: du côté des aînés, il y avait un manque de compréhension pour la jeune génération, et, de l'autre côté, il y avait un manque de respect et de considération envers les anciens. Mais entre des parents spirituels et des enfants spirituels, il ne devrait jamais y avoir de problèmes de générations. Il n'existe pas de base biblique pour une «musique des jeunes», c'est-à-dire une sorte de musique qui soit «spécialement destinée à parler aux jeunes chrétiens et/ou être jouée par eux. Souvent cette distinction artificielle est utilisée pour excuser, dans les assemblées chrétiennes, la sensualité et la mondanité. Au contraire, Paul exhorte le jeune Timothée:

«Que personne ne méprise ta jeunesse, mais sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté». Il Tim. 4: 12)... Notre musique d'église ne devrait être dirigée ni vers les jeunes, ni vers les aînés, mais vers Dieu: «chantant à Dieu dans vos coeurs en vertu de la grâce» (Col. 3: 16).

L'assemblée devrait être un havre sûr contre l'inclination au péché du monde. Nous exaltons Christ, et Il attire des hommes et des femmes à Lui. Dans la mesure où ceux-ci croissent dans la grâce, ils se sépareront du monde et de ses oeuvres. Dans II Cor. 6: 17, nous recevons cet appel: «Sortez du milieu d'eux, et séparez-vous, dit le Seigneur; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai».


Adapter nos méthodes?

Les chrétiens doivent accepter d'être considérés comme une contre-culture, hors du monde. Mais la plupart d'entre eux voudraient essayer de vivre aussi près que possible du monde. Pour leur propre sécurité, il faudrait qu'ils se rendent compte que ce que le monde leur offre est mauvais: «Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est sous la puissance du malin» II Jean 5: 19).

Ceux qui présentent de la «musique chrétienne contemporaine» dans les églises utilisent souvent cet argument: «Il convient d'adapter nos méthodes de telle sorte que les incroyants se sentent à l'aise dans nos assemblées». C'est là une pensée mal orientée et non biblique. Ceux qui pensent ainsi sont tombés dans l'erreur du pragmatisme. Ils ne recherchent pas des méthodes conformes à l'Écriture, mais ils essaient simplement de découvrir dans les limites étroites de leur pensée, ce qui est efficace. Notre devoir, c'est pourtant de montrer aux inconvertis que l'amour de Christ et la puissance du Saint-Esprit sont efficaces. Dieu donne la croissance. Quand nous utilisons des méthodes non conformes à l'Écriture, nous mettons en doute la sagesse de Dieu. Nous devons aussi penser au principe des semailles et des moissons. L'Écriture nous dit que nous récolterons ce que nous avons semé. Si nous semons dans la chair, nous récolterons dans la chair.


Pas de musique rock!

Deux dirigeants de l'Union des Églises Évangéliques baptistes non enregistrées de l'ex-Union Soviétique ont reconnu les gros problèmes qui peuvent résulter de l'introduction de la «musique chrétienne contemporaine» dans leur pays. Voici ce qu'ils ont écrit:

«Nous avons souffert pendant 30 ans sous une persécution intense, et maintenant la liberté occasionne un autre grand danger pour nos églises: Le péril nous vient des chrétiens américains qui nous envoient de la musique rock et des évangélistes accompagnés de groupes de rock.

Nos jeunes ne vont pas voir ces représentations, parce que nous avons décidé de ne pas participer à des distractions mondaines.

Cela pèse énormément sur nos coeurs. Beaucoup viennent avec la Bible sous le bras et apportent en même temps de la musique rock. Un tel aspect de la chrétienté nous trouble. Nous ne trouvons pas de mots pour dire combien il nous importe que cela cesse immédiatement. Nous sommes résolument contre le fait que cette prétendue musique rock chrétienne pénètre dans notre pays.

La musique rock n'a rien à voir avec la spiritualité ou le culte divin. Nous sommes tout à fait opposés à ce que les chrétiens américains nous apportent cette fausse représentation d'un «ministère spirituel». Nous avons besoin de pain spirituel; donnez-nous, s'il vous plaît, le vrai pain et non du faux... La musique rock attire les gens dans les églises, mais elle ne les conduit pas à une vie divine.

Nous étions 15 années en prison dont 11 à cause de notre foi en Jésus. Nous n'avions pas le droit de posséder quelque musique chrétienne que ce soit, mais la musique rock fut utilisée jour et nuit comme une arme dirigée contre nous pour détruire notre âme. Nous n'avons pu résister que grâce à la prière et au jeûne.

À présent, nous avons une période de liberté parce qu'on ne nous met plus en prison. Mais maintenant les chrétiens d'Amérique viennent et font du tort à nos âmes. Dans notre église nous ne permettons pas cette musique, mais ils louent les stades et en infectent jeunes et adultes.

Nous, les responsables et les assemblées de l'Union des églises non enregistrées, l'Église qui a été persécutée, nous avons décidé unanimement de ne tolérer aucune musique rock dans nos assemblées. Joignez-vous s'il vous plaît à nous et prenez notre conseil au sérieux en bannissant toute musique rock; en tout cas, ne l'apportez pas dans notre pays. Ne profanez pas la jeunesse avec cette musique!

Même les incroyants reconnaissent que c'est une musique impie et ils ne comprennent pas que les chrétiens américains se conforment ainsi au monde. Des Russes incroyants qui ont écouté des concerts rock en relation avec la Parole de Jésus ont été déçus du christianisme.

Nous affirmons que cette musique émane de l'enfer. Nous prions instamment tous les Américains de ne plus soutenir financièrement ceux qui organisent de tels concerts en Russie. Nous souhaitons pour nos assemblées la musique chrétienne traditionnelle. Telle est la résolution unanime de tous nos responsables d'églises.»

Peter Peters et Wassilij Ryshuk

Ces frères russes ont fait preuve d'un grand discernement. Quelques croyants russes ont même émis l'idée que leurs années de persécution et d'isolement ont eu quelque chose de bon: les difficultés ont éloigné d'eux les éléments souillants du christianisme américain.


La Sainteté de Dieu

La «musique chrétienne contemporaine» répand des idées fausses et non-bibliques sur deux plans. D'abord, elle donne une fausse impression sur la nature de Dieu. Dans tout l'Ancien Testament, Dieu est présenté comme le Très-Haut. «Car ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint: J'habite dans les lieux élevés et dans la sainteté mais je suis avec l'homme contrit et humilié, afin de ranimer les esprits humiliés, afin de ranimer les coeurs contrits». (Ésaïe 57: 15). Ce verset attire l'attention sur la sainteté de Dieu et sur la nécessité, pour nous, d'être humbles en Sa présence. Dieu doit être adoré dans un émerveillement respectueux. Le livre de l'Apocalypse nous montre qu'Il sera glorifié ainsi dans l'Éternité:

«Quand il eut reçu le livre, les quatre êtres vivants et les vingt-quatre anciens se prosternèrent devant l'Agneau tenant chacun une harpe et des coupes d'or remplies de parfums, qui sont les prières des saints. Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant: Tu es digne de recevoir le livre et d'en ouvrir les sceaux, car tu as racheté pour Dieu, par ton sang, des hommes de toute tribu, de toute langue> de tout peuple et de toute nation; tu as fait d'eux un royaume et des sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre. Je regardai et j'entendis la voix de beaucoup d'anges autour du trône, des êtres vivants et des anciens; et leur nombre était des myriades de myriades et des milliers de milliers. Ils disaient d'une voix forte _. l'Agneau qui a été immolé est digne de recevoir puissance, richesse, sagesse, force, honneur, gloire et louange. Et toutes les créatures dans le ciel, sur la terre, sous la terre et sur la mer> et tout ce qui s'y trouve, je les entendis qui disaient: À celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau, la louange, l'honneur, la gloire et le pouvoir aux siècles des siècles! Et les quatre êtres vivants disaient: Amen! Et les anciens se prosternèrent et adorèrent.» (Apoc. 5: 8-14).

Comment ce Dieu pourrait-Il être loué par une musique qui, par ailleurs, sert à la glorification du sexe, de la drogue et de la violence? La «musique chrétienne contemporaine». Par son association avec le péché, abaisse notre Dieu. Cette sorte de musique dit au pécheur: «Nous sommes comme toi». Malheureusement cette déclaration est vraie, car nous sommes charnels.

Le plus souvent la musique que nous entendons aujourd'hui dans les églises transmet aussi une fausse impression des effets pratiques que produit l'expérience de la conversion dans la vie. Quand quelqu'un accepte le Christ «il est une nouvelle création», ce qui est ancien a passé; voilà qu'a paru du nouveau» fil Cor. 5: 17). Le psalmiste écrit: «Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, une louange à notre Dieu; beaucoup l'ont vu et ont eu de la crainte, et ils se sont confiés en l'Éternel» (Ps. 40: 4). Une vraie conversion produit un changement dans la vie du croyant. Un musicien chrétien ne devrait jamais donner aux gens l'impression qu'ils peuvent vivre après leur conversion comme ils ont vécu avant.

Si la «musique chrétienne contemporaine» porte atteinte à la sainteté de Dieu, et si elle donne l'impression qu'Il exige moins de sainteté de la part des croyants, alors elle a cessé de parler du Dieu de la Bible. Le dieu qui est évoqué par la «musique contemporaine» est plutôt un «homme», et ainsi la musique en question devient un instrument au service de la religion de l'Humanisme.


Conclusion

Le salut est gratuit pour nous, mais il n'est pas bon marché. Il a coûté à Dieu la vie de Son Fils unique. Le Seigneur Jésus dut échanger la gloire du ciel contre la saleté de la terre. Il quitta le trône de Son Père pour dormir dans une crèche grossière. Il abandonna l'adoration des anges pour être haï par des hommes vils. Il échangea les rues d'or contre le chemin poussiéreux qui menait à une croix. La rédemption de l'âme pécheresse est le plus grand miracle de tous les temps.

 

Les valeurs de ce monde et de sa culture sont gâchées par le péché. Nous devons examiner soigneusement tous les aspects de notre vie et de notre survie pour voir si l'oeuvre de nos mains est appropriée à la glorification de notre Père céleste et juste. Sa rédemption est parfaite et nous purifie de toute injustice. Comme chrétiens, nous ne pouvons pas nous ouvrir et nous habituer aux différents styles de musique «sacrée», sans esprit critique. Tout ce que nous composons, présentons ou écoutons, doit se plier aux normes de la Parole de Dieu, qui nous donne des lignes directives claires pour le culte divin.

Texte traduit par L.F. et publié avec l'aimable autorisation de la revue «Fundamentum» (tiré du No 1/ 1994)

* Remarquons que ce qui se pratiquait sous l'Ancienne Alliance ne devait pas forcément se perpétuer dans l'Église. Les premiers chrétiens à Jérusalem, qui étaient tous d'origine juive, n'ont pas pour autant fait usage de musique instrumentale pour louer le Seigneur au culte et pour transmettre leur message.

(NDLR.)

Dr. William Ewvin McCauley

professeur à la «Bob Jones University» de Greenville, S.C. (USA)

Co-directeur du «Musical Mission Team»

© La Bonne Nouvelle 6/ 95 & 1/96

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LA MUSIQUE ET LE CHANT DANS LA BIBLE ET DANS L'ÉGLISE


L'origine de la musique est surnaturelle, c'est-à-dire qu'elle vient de Dieu qui a créé les oiseaux avant les hommes! Nous disons que les oiseaux «chantent» en «té», ils font résonner leur voix librement et spontanément, (tout étant «programmé» pour cela) et Dieu a fait en sorte que dans la plupart des cas, le résultat soit agréable à entendre.

Le premier «musicien» de la Bible n'était pas un «chrétien» (Gen 4.21), mais Youbal, fils de l'affreux Lémek, le premier bigame; il n'empêche que la musique est un des plus merveilleux dons de Dieu, mous voyons que Dieu prodigue ses dons naturels sur les méchants comme sur les bons. C'est ce que nous appelons la «grâce commune», les bonnes choses que Dieu accorde indifféremment aux justes et aux injustes, en tant qu'hommes. Cela veut dire pratiquement que nous ne devons pas avoir honte d'être culturellement redevables à quelqu'un qui n'est pas converti, et nous pouvons utiliser librement pour le chant chrétien une mélodie composée par un païen, à condition seulement qu'elle y convienne. C'est ainsi que dans nos recueils de cantiques nous pouvons avoir, et à juste titre, des mélodies de tel ou tel compositeur à la vie parfois déréglée, sans préjuger de son état spirituel.

Il va sans dire que le roi David est le grand musicien de la Bible; il jouait très bien de la harpe I Sam 16.23 et nous pouvons supposer qu'il s'y était exercé tout en paissant les troupeaux de son père, car la harpe de l'époque était beaucoup plus portative que le grand instrument moderne. David avait ceci de particulier, qu'il était en même temps musicien, poète et prophète, comme nous le voyons dans le livre des Psaumes, dont la moitié lui sont attribués dans leur titre. En fait, le chant consacre le mariage parfait de deux arts, la musique et la poésie, et celui qui s'accompagne d'un instrument de musique, dans un chant qu'il a lui-même composé, comme ce fut le cas de David, est ou doit être un artiste achevé. Ajoutons qu'en plus David fut prophète, homme inspiré! Il était donc particulièrement doué sur le plan naturel et spirituel.

Le passage mentionné ci-dessus nous montre la valeur thérapeutique de la musique, qui a été reconnue depuis fort longtemps. Elle peut être aussi une inspiration (2 Rois 3.15). L'un des plus grands prédicateurs de notre siècle, Martin Lloyd Jones, conseillait aux pasteurs en manque «d'inspiration» pour leur sermon, d'écouter de la belle musique pour se mettre d'attaque!

David n'était pas seulement prophète, mais aussi ancêtre et préfiguration de Christ en tant que l'Oint de l'éternel le Messie (2 Sam 23.1). À ce titre il a pu écrire en 2 Sam 22.50, Je te célébrerai parmi les nations, ô Éternel, et je psalmodierai (en l'honneur de) ton nom, car il fut le chantre agréable d'Israël (2 Sam 23.1; voir Ps 22.23: Je te louerai au milieu de l'assemblée. Or, il se trouve que ces deux paroles sont citées dans le NT à propos de Christ (Rom 15.9 et Héb 2.12).

Dans quel sens le Christ glorifié chante-t-il les louanges de Dieu parmi les nations? Il le fait par son esprit qu'il a donné à tous ceux qui lui obéissent, quelle que soit leur origine ethnique. (Act 16.25) Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas chantaient les louanges de Dieu, et les prisonniers les écoutaient. Dans les jours de sa chair, nous savons que Jésus aimait chanter les louanges de Dieu avec ses disciples, (Mat 26.30: Après avoir chanté (les psaumes..), (probablement les Ps 115-118 que les Juifs chantaient après la Pâque). Lui seul formait les chants en pleine connaissance de cause.

Tout ceci nous prépare pour considérer la place du chant dans l'Église. Quatre passages des épîtres de Paul nous en parlent.


1) 1 Cor 14.15: Je chanterai par l'esprit, mais je chanterai aussi avec l'intelligence. Dans ce passage étrangement actuel, Paul combat l'enthousiasme des Corinthiens. Ils étaient les frères «pentecôtistes» et «charismatiques» de l'époque! Il est bien possible qu'à leurs yeux, seul le chant «en langues» (glossolalie) pouvait être dans l'Esprit.

L'Apôtre inspiré n'est pas de cet avis; il n'y a chez lui aucune opposition entre l'Esprit et l'intelligence, voir (Es 11.2). «Chanter avec intelligence» fait allusion au Ps 47.8 dans la version grecque (LXX) qui était la Bible de la Diaspora juive et des premiers chrétiens: Car Dieu est Roi de toute la terre: psalmodiez avec intelligence! (version Darby) Cela veut dire pratiquement que dans l'Église nous devons comprendre et approuver ce que nous chantons, ce qui ne va pas de soi. Que signifie, par ex., «Ta gloire est encore voilée, d'un voile ensanglanté?» Comment concilier cela avec 2 Cor 4.3: Si notre évangile est voilé, il est voilé pour ceux qui périssent? Et combien peuvent dire sincèrement «Et tout bas je dis sans cesse, Il est à moi, je suis à lui»?

Ce que l'on ne peut chanter avec intelligence, on ne devrait pas le chanter du tout... Cela ne veut pas dire que nous savons tout, mais que nous sommes toujours désireux d'apprendre. L'avantage du chant des psaumes est que l'on peut vraiment les chanter avec intelligence spirituelle; mais (comme pour les cantiques modernes) il faut aussi qu'ils soient «chantables», ce qui n'est pas toujours le cas.


2) 1 Cor 14.26. Ce verset nous donne un aperçu de la liberté spirituelle dont jouissaient les premiers chrétiens dans leur culte, qui n'était pas figé dans une liturgie traditionnelle comme cela est trop souvent le cas, même chez ceux qui se glorifient de «la liberté de l'Esprit» Il semblerait qu'une grande place y fut laissée à la spontanéité. Il n'y avait pas encore de recueil de cantiques en dehors du livre des Psaumes. Si nous considérons l'origine de chacun de nos cantiques, il a bien fallu qu'il y eut une première fois où ils ont été chanté en public. Aussi est-il indispensable que ce processus continue; que les poètes et musiciens chrétiens se mettent donc à l'oeuvre, en disant: Mon oeuvre est pour le Seigneur!

Seulement, il y a une double exigence; d'une part, il faut qu'il soit possible de chanter tel cantique «avec intelligence», ce qui nécessite une certaine qualité théologique qui manque trop souvent; d'autre part, comme nous l'avons déjà remarqué, il faut que la mélodie soit chantable par tous, ou du moins par la grande majorité des chrétiens. De grâce, ne retombons pas dans le phénomène des années 60 où des guitaristes aux cheveux longs mais aux idées parfois aussi étriquées que leurs jeans, entraînaient l'Église (ou une partie de celle-ci) dans leur sillon. (Que veut dire «dans l'éternité bleutée de son ciel si calme»? - à moins que ce ne soit une allusion prophétique à la «planète bleue» qui, une fois renouvelée, sera l'habitat éternel des élus? Il faut aussi que la mélodie convienne aux paroles, et que le tout soit digne de Dieu et de son peuple.


3) Eph 5.19. Cette exhortation est la suite logique du v. 18b, Soyez remplis de l'Esprit. Le chant chrétien est donc à la fois un moyen de grâce en vue de cette plénitude, et l'expression idéale de celle-ci. Beaucoup de chrétiens peuvent témoigner de cette réalité, et il est frappant que le bien que certains prétendent retirer du «parler en langues», d'autres l'expérimentent plus simplement et plus bibliquement dans le chant des cantiques, qui ont l'avantage de permettre, comme nous l'avons vu, de «chanter avec intelligence». La fin de ce verset nous révèle une autre exigence du chant chrétien; pour qu'il soit agréable à Dieu, il faut que nous le chantions de tout coeur, ce qui suppose une attention soutenue au sens des paroles, et aussi, autant que possible, à la musique qui en est le support.

 

4) Col 3.16. Ce passage est bien entendu parallèle au précédent. On y voit que le chant dans l'Église doit être instructif (et même «avertisseur») et sage, ce qui exclut toute banalité et platitude des paroles. Nos cantiques doivent être au contraire l'expression juste et mélodieuse de la «parole de Christ», et non celle de tel ou tel étourdi tapageur... Il faut donc que nos compositeurs chrétiens soient «prophètes» au sens le plus actuel du terme, au même titre que les docteurs et pasteurs de l'Église. Je dirais même que la première qualification pour être chantre de l'Église (compositeur de ses cantiques), est d'être théologien: qu'il plaise à Dieu de nous en susciter encore et toujours! Nous voyons aussi que le chant convenable nécessite l'action de la grâce, et si cela est vrai des exécutants, à combien plus forte raison des compositeurs.

En résumé, nous pouvons constater que le chant est un don merveilleux qui doit être pratiqué avec sérieux et intelligence dans l'Église, à la plus grande gloire de notre Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ. Le chant est une forme privilégiée de «prophétie» (au sens le plus large du terme); il est censé être une expression de la parole de Christ: par conséquent, sans être sourcilleux, il faut dans ce domaine aussi examiner toutes choses, et n'en retenir que ce qui est bon, c'est-à-dire ce qui est conforme à cette Parole. Chantons donc avec intelligence, et de tout notre coeur.

Colin Porteous

Pasteur, Le Havre

© Promesses 1992 - 1 / No 99

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ORDRE D'IMPORTANCE DE LA MUSIQUE


Le «Mouvement des Prophètes» Dans ce «mouvement des prophètes» il s'agit d'hommes qui possèdent – ou qui semblent posséder – le don de prédire l'avenir de personnes, de villes et de pays. Leurs prévisions se réalisent parfois, ce qui leur confère une certaine crédibilité, surtout auprès de gens mal affermis manquant de connaissance biblique et de discernement. Ces «prophètes» sont souvent des exaltés, sinon des manipulateurs qui semblent posséder une capacité médiumnique apparentée à la voyance ou la divination. (NDLR. de la B.N.) tout comme la «Stratégie de la guerre spirituelle» et les «Marches pour Jésus» Dans cette «guerre spirituelle» il est question de «puissances territoriales» sataniques. C. Peter Wagner, l'un des fondateurs de la «3e vague», a dit à ce sujet: «Satan délègue des démons de haut rang pour régir les nations, les villes, les quartiers et autres groupes humains dans le monde entier» («Retour de Dieu», Harvey Cox, p. 251). Il s'agirait de lier et de déloger ces «démons territoriaux» par les «marches pour Jésus», organisées en divers pays et patronnées, selon les lieux, par des communautés catholiques, protestantes, évangéliques de plusieurs tendances, et diverses organisations religieuses, telles que «Jeunesse en mission», «Campus pour Christ», avec le soutien de l'«Alliance Évangélique», d'»Opération Mobilisation», de la «Ligue pour la lecture de la Bible», de mouvements charismatiques ou pentecôtisants, etc. Chaque lecteur de la Bible sait que des marches avec de tels objectifs ne trouvent pas leur justification dans l'enseignement et la pratique de Christ et des apôtres qui s'y rattachent sont à peine imaginables sans musique. Entre-temps, on observe aussi parmi les Evangéliques un boom de la prétendue «musique d'adoration», parce que «les cultes de louange» sont également venus à la mode dans des églises officielles et libres non typiquement charismatiques.

Il est pourtant indéniable que presque tous les «chants de louange» modernes sont d'origine charismatique. L'importance de cette «musique de louange» avait déjà été décrite en 1987 par Roger Forster:

«Nous ne sommes pas en promenade, mais nous nous occupons de choses sérieuses en essayant de produire un réel changement dans le monde invisible. Nous y parviendrons par la musique de louange et des marches solennelles, en commun avec notre Christ, qui nous emmène toujours dans son cortège triomphal» (Il Cor. 2: 14).

La musique de louange est donc considérée comme un moyen de produire des changements dans le monde invisible. La musique est d'autre part aussi utilisée consciemment pour stimuler:

«... Pour manifester leur aspect festif, nos marches se vivent presque dans une ambiance de carnaval. Quelques-uns d'entre nous se déguisent en clowns, d'autres portent des couleurs criardes, nous défilons aussi avec des ballons et des drapeaux de couleurs vives, et la musique joyeuse et rythmée ne doit évidemment pas manquer. Tout cela pour fêter l'amour prodigue de Dieu pour le monde.»


Au Congrès 93 à Nuremberg, on a pu observer à quel point la musique peut être employée pour stimuler. Le groupe musical autour de Graham Kendrick et Thomas van Dooren fut en mesure de créer une atmosphère de carnaval si folâtre qu'elle conduisit les quelque 4 000 participants à danser dans la salle des fêtes. À peine quelques minutes plus tard, la foule se plongea dans l'«adoration», parce que la musique était devenue douce et sentimentale.

Déjà en 1991 , lors du 1er «Congrès des églises», il était apparu que le mouvement charismatique avait pénétré les milieux non charismatiques, particulièrement par ses chants et sa musique. Dans ce domaine, c'est surtout «Jeunesse en Mission» qui a travaillé intensément, à tel point qu'il n'existe aujourd'hui pratiquement plus aucun recueil de cantiques qui ne contienne pas des chants d'origine charismatique et spécialement de J.E.M.

Il ne faut donc pas s'étonner si, lentement mais sûrement, des conceptions charismatiques pénètrent dans les églises à travers les chants, jusqu'à influencer leur théologie. Martin Wollin écrit très justement:

«... Les ennemis de Luther furent plus irrités par ses cantiques que par son enseignement, sachant bien qu'une dogmatique chantée par le peuple s'implantera bien mieux que n'importe quel sermon. Ainsi notre recueil de cantiques contient en général de la doctrine chantée. Le choix des cantiques était l'affaire de professionnels théologiquement motivés, le critère décisif étant de transmettre des déclarations théologiquement correctes sur Dieu, sur le Royaume de Dieu et sur l'Église.»

Si l'on peut effectivement désigner les cantiques spirituels de «dogmatique chantée», alors la théologie du mouvement charismatique a assurément pénétré tous les milieux chrétiens. Dès lors on ne peut que s'étonner de la naïveté des responsables de ces milieux quand ils ne voient pas le danger que constituent les nouveaux chants originaires du mouvement charismatique.

Très révélateur est l'extrait suivant provenant d'une interview de Kevin Prosch et de Martin Bühlmann, menée par Peter Aschoff et publiée par le périodique «Gemeinde Erneuerung» de la G.G.E.. Il y apparaît de quel ordre d'importance est la musique dans le mouvement charismatique. Kevin Prosch d'Anaheim (USA) est le responsable de la louange de Vinegard et il est connu pour avoir apporté de «nouveaux accents dans la louange».

Martin Bühlmannest le responsable de «Basileia» de Berne, un mouvement laïque charismatique chapeauté par l'Église réformée. Il a, entre autres, aussi organisé à Berne des conférences avec John Wimber.

Gemeinde Erneuerung: – Kevin, j'entends chez toi beaucoup de musique instrumentale. As-tu fait des expériences particulières dans ce domaine?

Kevin Prosch: – J'ai remarqué que certaines manifestations du Saint-Esprit n'apparaissent que si je joue avec la batterie, donc si je ne chante pas. Souvent cela agit comme une prophétie qui touche les coeurs des hommes. En Australie, nous avons vécu beaucoup de guérisons et de miracles. Là-bas une femme, ayant été blessée à la colonne vertébrale il y a 21 ans, se remit à marcher. En Angleterre, nous expérimentons toujours à nouveau qu'au moment où nous commençons à jouer, des personnes crient, parce qu'elles sont délivrées des démons.

G.E.: – Il semble parfois que, sur le thème de la louange, il y ait un conflit de générations. S'agit-il ici seulement de formes différentes ou aussi du contenu?

Martin Bühlmann: – En ce qui concerne le fond, ce qui va venir sera beaucoup plus grand que ce que nous avons vécu il y a 10 ans. La présence de Dieu va se manifester dans une bien plus grande mesure que nous l'avons vu ces cinquante dernières années. Mais c'est avec le style et les décibels que commence le conflit des générations. La génération d'après-guerre a une tout autre ouverture pour la musique. Et bien qu'il ait été diabolisé, le Rock'n Roll a donné au monde un langage que tous comprennent. Dieu va employer ce langage pour annoncer le salut aux peuples.»

On a beaucoup écrit et parlé sur l'origine et l'effet négatif de la musique rock. Mais à une telle déclaration, affirmant que ni la Parole de Dieu, ni l'annonce de cette Parole, mais la musique – et justement la musique rock – est le moyen par lequel Dieu annonce Son Salut, montre à quel point on s'est éloigné des principes spirituels du Nouveau Testament.

Si de telles conceptions font école, il faudra probablement s'habituer à ce que seules les réunions comportant de la musique rock suscitent des manifestations particulières du Saint-Esprit dans les mouvements charismatiques.


Wolfgang Bühne

«Die Propheten kommen»

2. erweiterte Auflage 1995 CLV

(Extrait autorisé pp. 130-133)

© La Bonne Nouvelle 4/96

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LE BONHEUR ET SA PATHOLOGIE


«Trouvez-vous la vie belle? Êtes-vous heureux?» Ce sont là deux questions que me posa récemment une jeune fille alors que se terminait la séance de psychothérapie pour laquelle elle était venue. Avant de répondre, j'ai regardé

cette jeune fille dont la vie était déjà chargée de nombreuses expériences dont plusieurs tentatives de suicide.

Pour elle, la vie était une épreuve; le bonheur qu'elle recherchait tant la fuyait malgré tous ses efforts pour le découvrir et le retenir. Pourquoi ces questions? Comment y répondre? Fallait-il même répondre? Tout cela me traversa rapidement l’esprit et sans être sûr de la valeur thérapeutique de mon attitude, je répondis: «Oui, je suis heureux et je crois que la vie peut être belle».

Cette anecdote illustre bien l'attitude des hommes et des femmes d'aujourd'hui par rapport à la vie. Ils s'interrogent sur la valeur et la qualité de leur vie et sur les possibilités de bonheur. Le psychiatre n'est-il pas là pour redonner l'espoir? S'il n'est ni marchand d'illusions, ni pourvoyeur de recettes de bonheur, le psychiatre, plus peut-être que tout autre médecin, doit communiquer, maintenir l'espoir sans lequel la vie – pas seulement psychique n'est plus possible.

Le chrétien est appelé à témoigner en répondant affirmativement à ces questions. Il doit parler vrai, être un ami de la vie, de l'espoir, du bonheur. C'est en tant que psychiatre confronté à la misère psychique, au manque d'espoir et de bonheur des malades qui me consultent et en tant que chrétien confronté à un monde et à des individus qui ignorent la vraie beauté de la vie, «espérance et la joie véritables, que je voudrais essayer de partager dans ces quelques pages un certain nombre de réflexions sur le bonheur et sa pathologie.


Problématique du bonheur

Bien évidemment, la plupart des patients qui viennent voir un psychiatre n'expriment pas directement leurs difficultés en termes de bonheur ou de valeur de la vie. Ce n'est qu'indirectement que cette problématique du bonheur et de la qualité de la vie se pose.

Schématiquement, trois types de situations peuvent se rencontrer:

 

1. Celle du «malade mental». Le bonheur est-il possible pour lui? La notion même de valeur de la vie garde-t-elle un sens dans son cas?

2. Celle de l'homme qui, sans être un «malade mental» souffre dans son psychisme. Sa question est alors la suivante: «Puis-je espérer retrouver le goût de la vie?»

3. Celle de «homme dont la souffrance est précisément liée à une interrogation sur le sens de l'existence: «Puis-je être heureux, moi qui suis, hélas, un être humain?» Envisageons quelque peu en détail comment vont se présenter les choses et comment agir pour apporter l'espoir.


Le malade mental et le bonheur

Est-il possible d'être heureux tout en étant malade? La maladie est soit souffrance, soit handicap; elle est parfois les deux. Elle est aussi inquiétude, angoisse même.

La maladie mentale est une maladie comme les autres; ce qui vient d'être dit s'applique donc à elle. Pourtant elle a, en plus, des caractéristiques particulières: elle est aliénation de l'autonomie, restriction de la liberté, pathologie de la communication et de la responsabilité. Que faut-il entendre par «malade mental»? Dans un sens large, tout individu dont le fonctionnement mental, psychologique, intellectuel, affectif est considérablement perturbé au plan des relations familiales, professionnelles ou au plan de son épanouissement personnel peut être qualifié de «malade mental». Ceci recouvre donc les états dits psychotiques (schizophrénie, structures et délires paranoïaques, psychoses maniaco-dépressives, etc.), les névroses graves, les états démentiels ou séniles.

Il est d'usage, dans l'imagerie populaire, de considérer le fou comme l'être irresponsable, parfois violent ou dangereux, mais aussi parfois comme l'homme heureux, euphorique, hilare; c'est le fou des histoires drôles et des dessins humoristiques. Je connais peu de malades qui soient ainsi heureux, naïvement heureux dans leur folie ou leur débilité, de même que peu sont réellement dangereux.

Le plus souvent, le malade mental souffre de sa maladie, de sa différence d'avec les autres. Le psychotique n'est pas vraiment dans la réalité, mais sa réalité à lui est rarement autre chose qu'angoissante. Le névrosé souffre de sa névrose sans pouvoir, le plus souvent, la surmonter et la vaincre. Fréquemment, la perception de la non-normalité augmente la souffrance intrinsèque du trouble psychique.

Alors, le bonheur pour ces malades?

Il est bien aléatoire, bien modeste, bien amoindri. La vie elle-même, si elle peut garder quelque valeur, est néanmoins une vie au rabais.

Celui qui se trouve en face de tels malades, si éloignés d'une vie tant soit peu satisfaisante, ne peut que désirer les aider dans la mesure de ses connaissances et de ses moyens.

Il existe, il est vrai, des espoirs thérapeutiques. Le traitement médical de ces maladies n'est pas toujours impossible, qu'il faille recourir aux médicaments, à la sismothérapie, aux thérapies psychologiques. Il est de plus en plus concevable d'apporter un soulagement, de permettre à ces malades de recouvrer une grande part de leur liberté, de leur redonner le sens de la responsabilité et de l'autonomie. Mais il est hélas également vrai que trop souvent les progrès sont limités, les guérisons impossibles. Comment porter le poids de l'incurabilité de certains états?

Tous les médecins sont confrontés un jour ou l'autre à un malade incurable. Faut-il ou non lui dire la vérité? Il n'est certainement pas facile de dire à un malade qu'il souffre du cancer et que son espérance de vie ne dépasse pas quelques mois. Mais si la maladie est dans ce cas un adversaire terrible, elle est aussi un adversaire étranger à la personne qui peut, par conséquent, la combattre en la considérant comme extérieure à ce qu'elle est elle-même en tant qu'être intime.

Est-il possible de dire à certains malades mentaux, conscients de leurs troubles, tel un obsessionnel englué dans des vérifications innombrables et incessantes, qu'ils ne guériront sans doute pas, et qu'au mieux, leur état n'empirera pas. Dire la vérité à de tels malades, c'est anéantir pour eux tout espoir. La maladie en cause ici est intérieure: elle transforme, modifie, altère la personnalité même du malade. Comment aider dans de telles circonstances? Comment maintenir quelque chose de l'ordre de l'espoir chez une personne ainsi atteinte?

Si la solution n'est pas à chercher dans le mensonge, elle n'est pas non plus à chercher dans une froideur technique absolue. Le psychiatre a la charge et le devoir de prendre sur lui une part de la souffrance de son malade, d'assumer cette réalité de la non-guérison, du bonheur évanoui, de la vie altérée. Il doit, non pas le leurrer, mais l'encourager, l'aider à découvrir ce qui reste de beau et de bon dans sa vie; il doit l'aider à s'évader au maximum de sa maladie et de lui-même. Il doit travailler à maintenir dans l'autre, handicapé et souffrant, le maximum de responsabilité, d'autonomie, de respect de soi-même, tout en s'assurant qu'il lui fournit tout ce qui est souhaitable par ses soins.

Le psychiatre, chrétien ou non, doit faire preuve de cette compassion précieuse qui accompagne le malade, l'entoure, le respecte, lui montre qu'il a toujours une valeur et représente un intérêt pour quelqu'un. Le psychiatre doit savoir écouter; sans abonder de paroles, il doit parler de l'essentiel, quand il le faut et quand il le peut. Il doit savoir attendre, être attentif à ce qui se

passe pour cette personne malade et souvent désespérée. Parfois viennent alors des moments où il est possible de partager des vérités, en même temps que des interrogations vitales et d'amener le malade à découvrir quelque chose de Dieu et de l'Évangile.

«Est-ce que vous croyez en Dieu?» me demandait un jour une dame psychotique présentant un délire de persécution de type paranoïaque, cela dans le cadre de sa problématique très liée au bonheur, impossible selon elle, dans sa vie.

Jamais auparavant la question de Dieu n'avait été abordée. «Avez-vous lu la Bible?» continua-t-elle...

Un autre malade, obsessionnel grave, paralysé par ses vérifications multiples de tout geste effectué, me disait: «Je suis si malheureux que je prie Dieu tous les soirs de me reprendre pendant la nuit. Ma vie est un Calvaire».

Exemples parmi d'autres qui montrent qu'il est possible de partager sur l'essentiel: la vie qui peut être trouvée même pour des malades mentaux en Christ.

Nous ne pouvons prétendre avoir médicalement, philosophiquement ou religieusement réponse à tout. Nous avons à écouter, à aider, à consoler, à apporter ce que nous savons: Il est un libérateur, Jésus, qui connaît les souffrances, lui qui a même été considéré comme fou par certains, et qui peut sauver et libérer même dans la maladie – même lorsqu'il choisit de ne pas guérir toute maladie. Il en guérit une autre, la plus grave, dont nul homme n'est indemne.


Bonheur et maladies psychiques

Quelle est la pathologie de ces malades? Ce sont des patients qui, à l'occasion, de circonstances traumatisantes dans leur vie, présentent des troubles psychiques et physiques.

Les causes en sont multiples: troubles affectifs, perte d'un emploi, soucis professionnels, surmenage, troubles organiques, deuils, etc. Des troubles peuvent également apparaître de façon épisodique sans origine décelable particulière. Les symptômes observables sont souvent dépressifs (dépression évidente ou masquée par des signes somatiques divers), souvent liés à l'angoisse (sous forme d'angoisse chronique ou de crises de panique), souvent névrotiques majeurs mais transitoires survenant sur un terrain névrotique mineur, etc.

Ce sont principalement des malades déprimés ou angoissés (toute dépression ou angoisse n'entre pas, faut-il le préciser, dans le cadre de ce dont nous parlons ici), qui souffrent de ce sentiment de perte du bonheur, de gâchis de leur vie, de joie «à jamais disparue».

– Je ne sais ce qui m'arrive, mais je ne peux plus vivre normalement;

– C'est bête, mais un rien me fait pleurer;

– Je n'ai plus goût à rien;

– Il n'y a plus d'espoir pour moi;

– Je pense à me supprimer;

– Je ne peux plus vivre avec ces angoisses;

– Ma vie est finie, ratée.

Voilà ce que l'on peut entendre souvent dans le cabinet d'un psychiatre. Il ne s'agit pas chez ces personnes d'un discours consciemment excessif ou d'une forme de chantage. Ces phrases expriment une conviction sincère. Ces malades ressentent en permanence le vécu pessimiste que tout un chacun peut connaître occasionnellement en état de fatigue, d'insomnie, etc. Il importe de susciter chez ces individus un espace de doute dans leur certitude pessimiste:

«Peut-être y a-t-il quand même un espoir, peut-être vont-ils à nouveau connaître le bonheur».

Il est inutile de nier la souffrance de tels malades, ni de minimiser leur douleur en disant: «Ce n'est pas grave». Il faut savoir écouter, comprendre, mais aussi marquer la différence d'appréciation de la situation: «Vous dites que tout est fichu, vous pensez à vous tuer... vous avez raison de dire ce que vous ressentez, mais je crois que vous pouvez sortir de la réalité qui vous fait mal, votre état maladif est guérissable». En effet, ces états peuvent être soignés par un traitement médicamenteux et un soutien psychologique fait de patience et de persévérance. C'est une expérience réjouissante que de voir des patients effondrés et désespérés retrouver l'espoir et reprendre pied dans leur existence. Y a-t-il une spécificité chrétienne d'écoute? J'ai envie de dire qu'il existe trop souvent une spécificité «évangélique» d'écoute négative. Elle consiste soit à nier le problème – un chrétien ne peut éprouver de tels sentiments – soir à spiritualiser la réponse. Certes, il est bon de se confier et de confier toute personne à Dieu. Malgré cela un chrétien peut éprouver des troubles d'angoisse phobique sans rapport avec les questions spirituelles. Il peut aussi éprouver des troubles psychiques.

Le chrétien ayant travaillé à faire comprendre et admettre la maladie, ainsi que la guérison possible doit faire comprendre au malade que la guérison médicale ne résoudra pas tout et que d'autres questions, liées à ce qui a été vécu, se posent et se poseront toujours.

Le chrétien doit suggérer ces questions. Le médecin, et tous ceux qui soignent, ne s'occupent en fait que des maladies les moins graves... Il en est Un Autre qui peut guérir de la maladie la plus irrémédiablement mortelle. De toute façon, ces questions spirituelles sont au fond du problème et les malades se les posent aussi.


Les malades de la vie

Les questions que ces patients se posent rejoignent en plein l'interrogation fondamentale autour de laquelle nous tournons: «Que vaut ma vie? Qu'est-ce que le bonheur? Puis-je le connaître?».

Mis à part les grands symptômes chroniques ou passagers que nous avons envisagés jusqu'ici, nous trouvons exprimés des problèmes spécifiques (problèmes du couple, difficultés dans le travail, sentiment d'échec, etc.) qui sont à l'origine de certaines insatisfactions et d'un découragement général.

Certaines personnes évoquent directement un mal de vivre, un doute non seulement sur elles-mêmes, mais sur la vie. Ce sont des personnes qui ont cherché le bonheur, mais leur recherche ne leur a pas apporté de satisfaction durable.

Quels sont les chemins dans lesquels hommes et femmes de notre temps cherchent le bonheur? D'abord dans les choses matérielles: l'argent et ce qu'il procure, la maison et son intérieur, tout ce qui est lié aux loisirs, sports, voyages, vacances; puis dans la sexualité: de plus en plus tôt, avec le moins de contrainte possible; dans la sensualité en général: plaisirs de la table, alcoolisme, drogues; dans la famille, l'investissement politique, l'investissement «passionnel» dans des choses très personnalisées, le travail, etc.

Nul doute que certains trouvent dans l'un ou l'autre de ces secteurs une vie épanouie, un bonheur réel. Mais cet épanouissement est très variable quant à sa qualité et sa durée. Et nous le savons bien, cet épanouissement est souvent décevant, illusoire lorsqu'il n'est pas subordonné à la recherche du bonheur dans la soumission à Dieu.

Les malades psychiatriques et d'une manière plus vaste les clients d'un psychiatre, sont des insatisfaits qui ont soif de quelque chose. Ils ont souvent essayé et avec beaucoup d'acharnement de trouver le bonheur, mais rien ne les a pleinement satisfaits. Comment aider de tels patients à trouver le repos dont ils ont besoin? Comment les aider en tant que chrétien, c'est-à-dire comme quelqu'un qui a eu soif aussi, mais qui a trouvé de quoi abreuver sa soif? Il convient d'abord de s'assurer que l'on n'a pas à faire face à des problèmes éminemment psychiatrique tels que nous les évoquions précédemment. Il faut ensuite essayer de discerner les motivations de ces personnes, pour savoir si l'on est soi-même prêt à les accompagner dans une certaine voie exploratoire de remise en question des anciennes priorités et une orientation vers de nouveaux horizons.

Bien des gens s'arrêtent vite; certains néanmoins poursuivent ce chemin. Peut-être trouveront-ils un nouvel équilibre avant de parvenir là où nous espérions les voir aller, jusqu'à la rencontre décisive avec Dieu, mais nous ne sommes que des témoins... l'Esprit agit selon son bon plaisir.

La psychothérapie peut redonner un certain sens à la vie de celui qui est déçu, elle peut aider le malade à se débarrasser de ce qui le perturbe, lui indiquer des voies à suivre. Elle peut donc beaucoup, mais elle ne peut pas davantage. Elle est incapable de répondre aux questions métaphysiques sur le sens de la vie, sa valeur, le bonheur possible. Parallèlement, il faut donc procéder à d'autres explorations.

Là, la spécificité chrétienne intervient. Le psychiatre chrétien comme tout chrétien doit rendre compte de sa foi, directement ou indirectement, sans chercher à brusquer les choses, sans vouloir faire de tout contact, psychothérapique ou non, un cheval de Troie pour parler de questions spirituelles, mais sans dissimuler non plus sa foi, son espérance, sa joie.

«Expliquez-moi, m'a demandé une jeune femme après deux ans de thérapie régulière: Comment, étant psychiatre et chrétien, pouvez-vous concilier la reconnaissance du péché et l'acceptation du plaisir? Tout plaisir n'est-il pas péché?» Voilà une illustration de la façon dont, suscité par le patient lui-même, un dialogue sur des thèmes spirituels a pu être entamé. Nous devons être prêts à partager notre foi, mais c'est l'Esprit qui convainc. C'est aussi lui qui peut nous donner de parler de Dieu au moment opportun, mais de telles circonstances ne se présentent pas toujours.

Dieu me demande de bien travailler dans mon domaine. Il me demande aussi de partager lorsque cela est possible, de faire connaître les causes de mon bonheur. Pour pouvoir répondre aux autres, il faut s'être posé à soi-même ces questions: «Suis-je heureux? Qu'est-ce que le bonheur?»


Conclusion

«Si quelqu'un veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses, qu'il s'éloigne du mal et fasse le bien, qu'il recherche la paix et la poursuive; car les yeux du Seigneur sont sur les justes et ses oreilles sont attentives à leurs prières, mais la face du

Seigneur est contre ceux qui font le mal» (1 Pi 3: 10). Pour la Bible, le bonheur est possible et il dépend de la position de l'homme devant Dieu, de son choix face au bien et au mal.

C'est sans doute une des caractéristiques de notre époque que la perte de références à un absolu, et surtout à un absolu moral. «Tout est permis», disent les hommes dans la foulée de Nietzsche et des héros dostoïevskiens. Même ceux qui, nombreux, ne vivent pas dans la licence totale, sont atteints ou contaminés quelque peu par cette philosophie.

Nous pourrions dire que «si tous n'en meurent, tous en sont malades». Les hommes ne croient plus qu'il y ait quelque chose ou quelqu'un à qui ils puissent vraiment s'accrocher ou s'ancrer. Ce sont des navigateurs sans boussole. Tout devient possible alors, en effet, sauf un réel et durable bonheur. Ce qui fait la trame même du bonheur est absent: méconnaissance de Dieu et ses corollaires inévitables: propos faux et insensés, guerre (dans la famille, le couple, la société, entre nations).

«Si vraiment, Monsieur, disait le fameux Samuel Johnson le lexicologue anglais du 15e siècle, cet homme ne fait aucune différence entre le vice et la vertu, vérifions notre argenterie avant qu'il ne quitte notre maison».

Le rôle du chrétien, et le rôle du psychiatre chrétien dans le travail spécifique qui est le sien, c'est d'être un ambassadeur du bien, un ambassadeur de la réalité (de cette réalité de la différence entre le bien et le mal, le vrai et le faux, le possible et l'impossible), un témoin du sens positif de la vie, un témoin du bonheur au-delà même de la souffrance, de la maladie, de la maladie mentale, et de même de cette maladie de tout l'être humain qu'est le péché. À cause de cette maladie universelle,

l'homme est seul, même parmi les autres hommes, comme Caïn était seul et craignait la rencontre des autres. Le bonheur de l'homme ne cesse de lui filer entre les doigts; la vie, même la plus heureuse a un goût d'amertume tant que le remède n'a pas été trouvé, reçu et accepté. Mais le remède existe! C'est la justification donnée en Christ au malade, au pécheur. Par Christ, la joie peut être éprouvée non comme une expérience passagère, mais comme une réalité éternelle.

Pascal BOURDOIS

 ©Ichthus 1986-6 (No 139)

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LE FARDEAU DE LA DÉPRESSION


Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui souffre, et la vie à ceux qui ont l'amertume dans l'âme, qui espèrent en vain la mort, et qui la convoitent plus qu'un trésor, qui seraient transportés de joie et saisis d'allégresse, s'ils trouvaient le tombeau? À l'homme qui ne sait où aller, et que Dieu cerne de toutes parts. Mes soupirs sont ma nourriture, et mes cris se répandent comme l'eau. Ce que je crains, c'est ce qui m'arrive; ce que je redoute, c'est ce qui m'atteint. Je n'ai ni tranquillité, ni paix, ni repos, et le trouble s'est emparé de moi (Job 3.20-26).

Il est étrange et paradoxal de constater que la dépression – qui est le plus commun des malaises inorganiques – reçoive une attention si mince dans la plupart des livres de relation d'aide écrits d'un point de vue chrétien. Même les meilleurs ouvrages n'échappent pas à cette observation. Ceci est sûrement dû à l'incertitude largement répandue quant à la cause de la dépression, et aussi aux multiples formes de mélancolies qui défient les théories les plus courantes du traitement de cet état d'abattement psychologique. Cet article n'est pas un essai d'identification des causes ou une liste de remèdes à appliquer au traitement de la dépression – pour des raisons évidentes –, mais une offre de suggestions pour aider les personnes atteintes à sortir de leur état.


1. Aux sources de la dépression

Quelques écrivains spécialisés dans la question de la relation d'aide se donnent un mal fou pour trouver exactement les causes de chaque maladie de l'humeur. Ils espèrent ainsi qu'une fois l'origine du mal mise en évidence, ils pourront le traiter de façon appropriée. Parmi les raisons de l'accablement soudain, on trouve des problèmes liés à la culpabilité, à la colère, au chagrin, à la pensée négative, aux difficultés de relation à autrui, aux traumatismes de l'enfance, à une estime de soi réduite à zéro et à l'épuisement physique. Des époques de stress prolongé comme la maladie et le deuil sont aussi regardées comme des états menant à la dépression. Il n'y a pas de doute qu'une accumulation de tels facteurs peut déclencher et aggraver le découragement et la mélancolie, mais les regarder simplement comme la cause est sûrement trop simple. «Une colère refoulée est le point de départ de presque toutes les dépressions cliniques» a déclaré un psychiatre chrétien. «Le but inaccessible» est une école de pensée défendue par les docteurs Paul Meier, Frank Minirth et quelques autres. Une personne déprimée peut tenir compte de tels points de vue, mais il faut reconnaître qu'une frustration ou une colère rentrée ne conduisent pas fatalement à la dépression.

Pourquoi une minorité de gens brusquement soumis à une tension intérieure plongent-ils dans des états d'âme frisant le désespoir profond alors que la plupart des autres ressortent indemnes d'un bref passage à vide? En outre, il y a des moments où les chrétiens sont pressés de toutes manières... dans la détresse... persécutés... abattus comme l'apôtre Paul (2 Cor 4.8-9) sans que la «colère censurée» n'entre en ligne de compte. Quelques auteurs citent le texte du Psaume 32.4 où David décrit une grande lassitude, semblable à une dépression, reconnaissant qu'elle est le résultat d'un péché non confessé. On prétend alors très vite que la plupart des crises d'abattement sont motivées par un sentiment de culpabilité. Il est clair, selon l'Écriture, que la désobéissance et le péché conduisent au châtiment et au chagrin, mais voir ces comportements comme la seule source de découragement est tout à fait injustifié, car il y a beaucoup d'autres exemples dans la Bible de gens abattus et accablés sans raisons spécifiques. Rappelons-nous de quelques grands héros de la réformation ou des réveils qui ont souffert de sévère mélancolie, parfois même dans leurs plus belles heures de service.

Il est évident que plusieurs ont une tendance innée à la lassitude et la tristesse, mais les phases dépressives peuvent provenir des causes les plus diverses. En vérité, et le plus souvent, il n'y a pas de cause clairement apparente. Le voile pénible de la mélancolie tombe bien des fois de façon inattendue et inexplicable. Dès que l'humeur morose s'installe, elle entraîne une succession de lamentations et ceux qui les entendent en déduisent forcément qu'elles sont vraiment la source de la tristesse. Mais le problème de base est sans doute une prédisposition constitutive à la dépression, dans la plupart des cas.

Les circonstances aggravantes viennent parfois de la propre expérience du conseiller spirituel qui, s'il a lui-même souffert d'un méchant assaut de mélancolie dans le passé, peut suggérer que la dépression doit toujours être complètement guérie. Il fera peut-être valoir qu'il a été libéré de toute rechute pendant des années.


2. Conseiller spirituel ou psychiatre.que choisir?

Pour un grand nombre de personnes, la dépression ne s'abat qu'une seule fois sur elles, entre 18 et 25 ans et ne réapparaît plus, sinon après une grossesse ou dans l'âge avancé. Bien des gens ne se montrent vulnérables qu'à ces époques de la vie, alors que beaucoup d'autres restent fragiles et proches de cet état pathologique jusqu'à la mort. Bien qu'une minorité seulement souffre durement et à plusieurs reprises d'un tel délabrement psychique, c'est néanmoins un mal très commun, si commun même que dans toute Église d'une centaine de membres, cinq à dix de ceux-ci en sont touchés à divers degrés. Il a été maintes fois affirmé par les médecins que les femmes en sont affectées deux fois plus que les hommes, mais les pasteurs en exercice n'appuient pas ce point de vue.

Une assez grande proportion de serviteurs de Dieu certifient avoir connu l'angoisse et la dépression; c'est un fait que l'on retrouve dans beaucoup de biographies de chrétiens. Il n'y a pas très longtemps, un magazine évangélique publiait un article sur la dépression dans le service de Dieu et dévoilait que les pasteurs ne sont pas étrangers à ses atteintes. Peut-être que le Grand Médecin a voulu qu'il en soit ainsi afin que ses aides s'équipent d'une bonne dose de compréhension et de compassion pour les autres (voir 2 Cor 1.4). Il va sans dire que le secours pastoral seul ne peut pas toujours remédier à toutes les manifestations de souffrance intérieure. La force du désespoir du coeur est parfois si intense, que celui qui en souffre ne peut tout simplement plus faire face à la vie et doit recourir aux médicaments. Dans ce cas, la règle de 1 Cor 10. 13 ne peut pas être appliquée parce que la personne se trouve dans l'incapacité de supporter l'épreuve et ne peut plus prier ni faire appel aux promesses de Dieu.

Dans le même ordre d'idées, je souligne que si le vide intérieur provoque des troubles de comportement au point de fausser le sens de la réalité des choses, le problème déborde le cadre de la relation d'aide, du moins pour un temps. Les hallucinations sont un signe d'irrationalité, mais elles ne sont pas aussi sérieuses qu'elles le paraissent. Quelques-uns voient, entendent et profèrent des choses incohérentes à la suite de tensions, de chocs ou d'insomnies, mais recouvrent tout aussi vite leur équilibre et la stabilité s'ils retrouvent le sommeil et l'amitié de quelqu'un. Nous ne devons pas nécessairement pousser à consulter un psychiatre lorsque nous observons une détérioration de l'humeur, car le rétablissement s'opérera peut-être avant l'obtention d'un rendez-vous chez le médecin!

Si des idées noires se sont fermement installées, il faut reconnaître que nous ne sommes plus dans notre élément et le secours médical devient pressant. Si une personne dépressive présente d'autres problèmes sérieux et tente de s'enlever la vie, le meilleur spécialiste en relation d'aide est incompétent, il ne doit même pas essayer d'agir seul. Le dépressif a besoin du soutien préventif de la médecine. Mais la plupart des manifestations de la dépression ne vont pas si loin, malgré le profond désespoir et le dégoût. Il faudrait être en mesure de porter secours à notre prochain sans intervention psychiatrique tant que possible – les avantages de la mise à l'écart de la médecine seront mentionnés plus tard.


3. Les formes de la dépression

Avant de considérer les mesures d'aide que nous pouvons prendre, nous voulons décrire rapidement les symptômes de cette expérience. La dépression survient sous la forme d'une tristesse marquée et continue qui, bien des fois, imprègne toute la personnalité. Lorsque nous sommes en dépression, nous envisageons les choses d'une manière extrêmement pessimiste, allant jusqu'à la perte totale de l'assurance du salut.

Il peut arriver que la dépression entraîne une hypersensibilité à l'état de révolte et de péché du coeur humain et à une perception inhabituelle de notre déchéance, vision dévastatrice qui se transforme en auto-accusation.

1. Estimation de soi perturbée:

la dépression peut se greffer sur un sentiment d'indignité, nous précipitant dans une orgie de dénigration de soi, ou elle peut laisser notre orgueil intact et prendre la forme d'une extrême pitié de soi à la suite d'une vague monumentale de blessures, d'injustices, de coups durs et de déboires.

2. Perte de maîtrise émotionnelle:

quelquefois la dépression agit davantage sur les sentiments que dans les pensées par une terrible combinaison d'abattement, de misère, d'anxiété, de terreur et une perte de confiance et de motivation. Nous sommes touchés par le fond, frustrés ou entièrement épuisés et exténués. La souffrance intérieure nous rend indécis et apathiques, imprévisibles et impulsifs en peu de temps.

3. Personnalité altérée:

pour beaucoup de gens, la dépression est génératrice de frayeurs nocturnes avec des coups de boutoir d'angoisse si terrifiants que l'on désespère de voir arriver le jour. D'autres deviennent irritables et franchement désagréables alors que certains deviennent anormalement placides et prennent quotidiennement le rôle du paillasson.

4. Obsessions:

pour plusieurs, la dépression se manifeste par des idées défaitistes; ils les rabâchent continuellement, les passent à la moulinette jusqu'à ce que l'esprit soit trop alourdi pour réagir et penser objectivement.

5. Perception du monde extérieur faussée:

les tourments de la dépression font pleurer sans raison, en cachette, et amènent à regarder les autres avec effroi. Le diable bien sûr prend avantage de ce vide intérieur, insinuant les pensées les plus folles, le doute et les soupçons, jusqu'au désespoir total.

6. Plaisir morbide:

la dépression favorise aussi la tendance perverse à l'autodestruction; il ne s'agit pas exclusivement de suicide, mais d'un violent désir de tout abandonner, de tout quitter, de prendre congé et d'oublier ce que Dieu avait commencé par sa grâce. Le déprimé a envie de s'écarter de tout et de se réduire ainsi à la non-existence. La raison peut admettre une chose et en même temps se laisser aller à une excitation morbide de la tragédie, s'en délectant secrètement.

7. Obstination à souffrir:

beaucoup de dépressifs déterminés à regarder les choses sous leur aspect le plus négatif sont étrangement résolus à rester dans leur état, ce qui est une forme de masochisme: leur peine, leur humiliation et leur langueur sont finalement voulues et recherchées.

8. Souffrance morale:

par dessus tout, cette mystérieuse et réelle souffrance morale est le facteur le plus significatif. On peut en subir les assauts à un degré très élevé pendant quelques heures, plusieurs jours à la file, des semaines, des années.

9. Atteintes corporelles:

les formes extrêmement variées de la dépression, avec sa cruauté unique, ont pour effet de nous mettre en garde contre des explications simplistes des causes et des moyens de guérison. Les gens touchés par ce trouble inorganique souffrent souvent d'anomalies physiques parallèlement à leurs angoisses. Nous ne saurions passer sous silence leurs craintes devant les manifestations de cet ordre. Il faut les rassurer, car de tels symptômes n'ont rien d'extraordinaire. On relève des sueurs froides ou des bouffées de chaleur, des palpitations, des démangeaisons du cuir chevelu, la bouche sèche, des difficultés de déglutition, de violents maux de tête, une foule de désagréments digestifs ou autres. On ressent souvent une impression de substance acide nocive dans le corps, dans le sang et même sur la langue. Souvent ces ennuis baissent d'intensité ou disparaissent carrément au moment où le dépressif apprend que ces symptômes sont courants.

 

Notre but, dans la relation d'aide, c'est d'épauler un croyant qui traverse le désert brûlant de la dépression. Si nous tendons la main à quelqu'un qui souffre de ce vide intérieur et de cette extrême lassitude, c'est pour le convaincre que la dépression peut être vaincue grâce à l'application des règles de l'Écriture. Cette découverte achevée, le dépressif est préparé pour repousser les vagues de tristesse. L'objectif pastoral, par conséquent, est d'enseigner à composer de la meilleure façon avec cet état de manière à tenir le coup aux pires moments.

Dans le prochain numéro de Promesses, l'auteur fournira quelques outils pour dépister, comprendre, définir et affronter la dépression.

Dr Peter Masters

Pasteur au Metropolitan Tabernacle à Londres. C'est dans cet édifice que C.H. Spurgeon prêcha avec fruit de 1861 à 1892. L'article que nous publions ici paraîtra en trois fois. Il est emprunté à la revue «Sword and Trowel» (No / 1989) et adapté.


© Promesses 1993 – 4 / No 106


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JE M'APPELLE GILLES...


Je suis né le 6 décembre 1969. Aimant la musique, je fais partie de la Maîtrise de Fribourg depuis l'âge de sept ans. Ce choeur se consacre essentiellement aux chants religieux. Jusqu'à l'âge de quatorze ans, j'ai vécu au sein de ma famille une vie intense et harmonieuse. De tempérament vif et joyeux, je pratiquais le sport de manière très active; mon objectif professionnel étant de devenir maître de sport, je jouais également du piano et fréquentais les cours du Conservatoire.

L'accident

Durant les fêtes de Pâques de l'an dernier, je me rendis en Yougoslavie avec un club de tennis. Le Samedi-Saint, je fis une chute de neuf mètres dans l'hôtel et tombai sur la tête. Je fus transporté à l'hôpital de Rijeka dans un état comateux. J'avais une double fracture du crâne et ma vie ne tenait plus qu'à un fil... J'étais intransportable mais mes parents firent quand même les démarches nécessaires pour me rapatrier. Ils se heurtèrent alors à de multiples tracasseries administratives et ce n'est que quatre jours plus tard que je pus être acheminé sur l'hôpital de l'Île à Berne. Mes parents avaient pris sur eux cette grande responsabilité et cela malgré la désapprobation des médecins. Mon état était très inquiétant, mais je supportai heureusement le transport.

Espoir et réconfort

À Berne, les médecins ne donnèrent à mes parents aucun espoir de survie, mon état se dégradant de jour en jour. Ils firent appel au Père Hugo, un homme formidable que je n'avais pas revu depuis près de sept ans. Le jour même il se rendit à mon chevet et par la suite, m'apporta presque quotidiennement espoir et réconfort. Il ne prêchait pas seulement la Parole de Dieu; il la mettait constamment en pratique.

J'ai passé plusieurs semaines aux soins intensifs. Mes parents et le Père Hugo se relayaient presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre à mon chevet. Ils m'apportaient ainsi force et courage pour m'aider à survivre. Malgré les diagnostics plus que défavorables, nous n'abandonnions pas la lutte et l'Espoir. Les médecins admiraient mes parents, qui malgré leur grande douleur, gardaient confiance. L'amitié du Père Hugo, à l'image de Dieu, manifestée dans la plus grande discrétion, ainsi que l'amour et le réconfort de mes parents furent constants. Ces valeurs si précieuses, ils surent aussi les communiquer à tous mes camarades de chambre.

Accepter la dure réalité de mon handicap...

Une semaine après mon admission à l'hôpital, je fis des complications. À la suite d'une attaque cérébrale, je devins hémiplégique (partie gauche du corps déformée et insensible). Un mois plus tard, j'étais aveugle!

Mes parents étaient de plus en plus angoissés mais ne me le firent jamais sentir en ma présence. La réalité du message de Christ reçu de leur part et de celle du Père Hugo, exprimé par une foi réelle, m'aidèrent à m'en sortir. Je pus alors accepter avec sérénité la très dure réalité de mon handicap. Ce n'est que huit mois plus tard que je fus considéré «hors de danger».

Un nouveau départ

Ce fut alors le début d'une nouvelle vie. Il fallait tout recommencer. J'avais perdu vingt kilos et un temps difficile de rééducation m'attendait. Malgré d'énormes souffrances, supportées grâce au soutien constant du personnel soignant et de mes proches, je réussis à remonter la pente en quelques semaines. À force de volonté et de motivation, j'avais surmonté cette première épreuve. J'en étais arrivé au stade où je pouvais me mouvoir. Reprenant goût à la vie, je retrouvais petit à petit les forces nécessaires et redécouvrais un autre monde.

Je suis actuellement au Centre pour handicapés de la vue à Lausanne (C.P.H.V). Je suis définitivement non-voyant; une partie de la face, la main et le pied gauches sont toujours insensibles.

La lumière est en moi

Ma foi, mon regard vers Dieu, la Lumière du Christ me permettent d'espérer et de comprendre que c'est par la foi que l'on rencontre le Seigneur et que c'est en Lui que l'on connaît les vraies valeurs de la vie. Ayant le privilège d'avoir des parents formidables, qui comme le Père Hugo, répondent toujours présents avec amour, je tiens à remercier Dieu de les avoir renouvelés pour qu'ils puissent accomplir leur mission auprès de moi. Je les aime et leur serai toujours reconnaissant, comme à toutes les personnes qui m'ont apporté leur soutien.

 

La lumière est en moi Gilles, 16 ans,

(Tiré de «Un chemin de lumière», juin 1985, avec l'autorisation de la Mission Evangélique Braille)

© Promesses 1986 - 3 / No 77

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MALADIE CHRONIQUE


Témoignage d'une mère de famille.

Je suis femme de pasteur. Nous avons quatre enfants de neuf à seize ans. Le fait d'avoir commencé une église dans notre maison il y a six ans représente un engagement qui, avec le ménage et les enfants, remplit bien mes journées.

Cela fait deux ans que je suis aux prises avec une maladie chronique incurable, la côlite ulcérative, dont on ne connaît pas encore les causes. Bien que cette maladie ne soit pas mortelle et que certains remèdes me soulagent quelque peu, je me sens physiquement plutôt misérable. Je sais, beaucoup de gens ont des problèmes bien pires et s'en tirent bien. J'ai pourtant de la peine à accepter ma condition et à m'y adapter. Une question m'a beaucoup préoccupée:


Pourquoi ne suis-je pas guérie?

Je ne doute pas que Dieu puisse guérir aussi bien par des remèdes que miraculeusement; j'en avais fait l'expérience. Mais pourquoi pas cette fois-ci?

Une autre question surgit: Appartenir au Seigneur est-ce une garantie contre la maladie? Est-ce dû à un manque de foi si je reste malade? Suis-je malade à cause d'un péché? Une maladie chronique implique-t-elle un péché chronique? La parole que Jésus adressa à l'aveugle-né me fut une réponse: Ce n'est pas que lui ou ses parents aient péché mais c'est afin que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui (Jean 9.3).

Comme toujours, c'est par sa Parole que Dieu m'a éclairée et que finalement j'ai pu me réconcilier avec l'idée d'avoir une maladie dont je ne guérirais peut-être jamais. J'ai compris que les choses cachées sont à l'Éternel, notre Dieu (Deut 29.28).


Nouvelles priorités

Étant incapable d'assumer mes tâches comme avant, j'ai dû alléger mon programme et éliminer certaines choses que j'avais crues importantes avant ma maladie. J'ai compris que les relations avec Dieu, mon mari, ma famille et mes amis sont plus importantes que les activités.

Ce n'était pas facile d'éliminer des activités qui m'étaient devenues chères, mais j'ai trouvé de la joie à me dépenser au foyer pour ma famille. Je dois me restreindre à une tâche à la fois au lieu d'en avoir plusieurs et d'être frustrée quand je n'arrive pas à y faire face.


Partage

J'ai dû apprendre à recevoir des autres, à ne plus pouvoir me suffire. Peu après le diagnostic médical fatidique, mon mari et moi décidions de mettre notre communauté au courant de ma condition. Je ne puis vous dire à quel point cela me fut une bénédiction. Nous en sommes profondément reconnaissants.

Non, nous ne nous suffisons pas à nous-mêmes, nous avons besoin des uns des autres. Quand cela allait vraiment mal, notre famille en Christ fournissait des repas et me donnait courage. Tout le monde priait pour moi et je me sentais efficacement soutenue.

Cette maladie, pourtant très pénible, a produit des résultats positifs: je dépends beaucoup plus de la puissance du Seigneur que de ma force; des liens d'amitié se sont créés et j'apprécie à sa juste valeur l'amour qui se concrétise par l'aide pratique. Je comprends aussi beaucoup mieux ceux qui souffrent, et nos enfants sont devenus plus coopératifs et plus sensibles aux besoins des autres.


L'essentiel

Ayant subi dernièrement une pénible opération suivie d'une période de récupération, où tout ce qui est accessoire devient insignifiant, la vie intérieure prend toute son importance. C'est comme si l'essence même de ma vie était protégé par la profonde quiétude qui m'avait envahie. Ce fut un temps de mise à part, de réflexion et de communion avec le Seigneur.

Je remercie Dieu pour les médecins, les infirmières, les amis et ma famille, tous si dévoués que jamais je ne m'étais sentie aussi aimée et protégée. Ils se relayaient selon un plan qui m'assurait du repos, m'apportaient des fleurs et ont même désherbé le jardin!

La parole de Dieu m'est devenue très précieuse. Je me redis souvent ce verset qu'un ami me donna quand tout semblait sombre:

Je connais les desseins que j'ai formés à ton sujet, déclare l'Éternel, desseins de paix et non de malheur, afin de te donner un avenir fait d'espérance (Jér 29.11).

Sur ce chemin nouveau regardons plus haut, afin de mieux voir Sa gloire. 13

Esther E. Hughes Tiré de «The Alliance Witness» 11 sept. 1985

avec permission

Adaptation Jean Pierre SCHNEIDER

 

© Promesses 1987 - 4 / No 82

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