Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Edification

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LA FOI DONNE LA PAIX: LE REPOS DU CHRÉTIEN

Lisez l'Épître aux Romains, chapitre 5


«Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu. » Nous n'avons jamais pu lire ces paroles sans éprouver un bien-être intérieur; c'est qu'elles répondent à une expérience si douce qu'on est heureux de la voir confirmée en la sachant partagée par d'autres. Oui, justifiés par la foi, nous sommes heureux, paisibles de cette paix, qui surpasse tout entendement, de cette paix que rien n'altère, qui repose sur Dieu, qui s'élève jusqu'au Ciel, et que ni Satan ni le monde ne peuvent nous ravir.

J'ai péché, c'est vrai, souvent péché dans ma vie; et cependant, je le déclare, ma conscience me laisse aujourd'hui tranquille. Je n'éprouve aucune crainte: en vain on voudrait m'effrayer; je sens que toutes les menaces des hommes passeraient comme de vaines ombres devant mon esprit. Je suis pardonné; bien plus: justifié, et justifié par Jésus-Christ. Comment n'aurais-je pas la paix avec Dieu?

Avez-vous éprouvé quelque chose de semblable? Alors, je ne crains pas de le dire: c'est le Saint-Esprit qui vous l'a témoigné. Mais, au contraire, ce sentiment vous paraît-il une exagération? Alors, je le dis avec non moins d'assurance, bien qu'avec tristesse: vous n'avez pas encore compris les vrais privilèges du chrétien.

Oui, mes chers amis, apprenez-le si vous ne le savez pas encore: il y a dans l'intime conviction que nous sommes justifiés devant Dieu par Jésus-Christ, et que rien ne peut nous ravir notre couronne, il y a là une paix, une joie indicibles! Si cette paix, cette joie prenaient leur source en nous, seraient-elles donc si profondes et surtout si durables?

L'exaltation ou la simple préoccupation d'une erreur chérie peuvent bien maintenir pour un temps l'esprit dans un état de béatitude; mais cet état est plutôt une fièvre qu'une paix: cet état est surtout passager. Quand on y tombe, on réfléchit le lendemain. On se refroidit l'année suivante; on se détrompe bientôt et l'on finit par dédaigner ce bonheur pour en chercher un autre.

Mais non; croyez-le, chers amis, il n'en est pas ainsi de l'état produit chez le chrétien par sa justification: il est paisible et permanent. S'il s'altère par intervalle comme le bleu du Ciel s'obscurcit par moment, ce n'est que pour reparaître bientôt tout aussi profond, tout aussi vaste, éclairé par le soleil de l'Esprit. Il n'y a que Dieu qui puisse faire cela, et plus nous avançons dans la vie chrétienne, plus cette persuasion se fortifie, parce que notre paix et notre joie, depuis plus longtemps expérimentées, deviennent à nos yeux de plus en plus évidemment divines.

Aussi Saint-Paul ajoute-t-il en des termes que je paraphraserai pour les rendre plus clairs: nous demeurons fermes dans l'espérance, et même nous nous réjouissons jusque dans les afflictions; car l'affliction produit la patience, et en étant patients, nous faisons une épreuve de la divinité et de la réalité de notre foi, base de nos espérances: or, cette espérance n'est point une vaine imagination de notre esprit; car Dieu lui-même la confirme par le témoignage de l'Esprit-Saint répandu dans nos coeurs.

Quoi! un ami, un époux, un enfant estimeront leurs sentiments fondés sur la nature, bien que peut-être ces sentiments aient été affaiblis par le temps ou les épreuves; et moi, qui trouve dans le fond de mon âme un sentiment de paix plus profond, plus inaltérable que l'affection d'un ami, d'un père, d'un enfant, je ne pourrais pas me fier à ce sentiment? Plus il sera vif, plus il parlera haut, plus aussi je devrais travailler à l'étouffer et à l'éteindre? Dieu m'aurait rendu plus évidente l'erreur qu'aux autres la vérité? Plus chères à moi des illusions que des réalités à eux? Et, pour tout dire, est-il possible que ce soit dans une erreur que je puise un bonheur que tous les biens terrestres n'ont pu me donner, et que je sois plus heureux sur un échafaudage de mon imagination creuse que dans les réalités de la création? Non! mille fois non! ce que je sens vient de Dieu. Cette paix vient de Dieu, cette joie vient de Dieu.

Je suis heureux et j'ai raison de l'être, parce que celui qui me justifie est bien le Fils de Dieu! Oh! mon Sauveur, je ne te demanderai pas de me donner cette paix que j'ai déjà; mais je te demande de me l'augmenter, et de la donner à d'autres, afin que nous puissions, plus nombreux, te louer et te bénir!

Napoléon Roussel.


© Source: Pompignane

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LA FOI APPREND À PRIER

«Malgré les problèmes de transport entre la ville et la banlieue, les réunions de prière hebdomadaires se pratiquent encore dans cinquante-trois des quatre-vingt-douze Églises consultées. Mais la participation à ces réunions est faible, ceci même pour les plus grandes assemblées. Le taux moyen de participation se situe environ à vingt personnes». Voici ce que dit une étude pratiquée sur un groupe d'Églises situées aux États-Unis et au Canada dans le but d'en détacher les facteurs de croissance. Je suis presque sûr qu'une telle étude sur les Églises européennes révélerait une participation encore plus faible. Qu'est-ce qui ne va pas dans nos réunions de prière? Ne croyons-nous plus à la prière? Même les grandes Églises dynamiques doivent admettre que ces réunions n'attirent plus grand monde sinon quelques irréductibles. Et pourtant, si on nous demande si nous croyons à la prière, en particulier à la prière collective, nous répondrons par l'affirmative. Presque tous les réveils de l'Église ont débuté dans le coeur de ceux qui se sont mis à prier. Quel est donc notre problème aujourd'hui à propos de la prière?

Après qu'il eut hébergé des anges sans le savoir et après que le Seigneur lui-même eut révélé ses plans, Abraham entra dans une période de profonde intercession pour les villes maudites de Sodome et Gomorrhe. Comment apprit-il à prier de cette manière? La réponse à cette question n'est pas affaire de technique, mais réside dans le fait que la véritable intercession est basée sur une véritable communion avec Dieu. Nous avons tendance à faire de l'intercession la matière principale de nos prières, car nous considérons la prière comme un moyen d'obtenir pour nous-mêmes ou pour les autres ce que nous désirons. Aussi, à peine sommes-nous en présence du Seigneur que nous nous mettons à énumérer toutes nos requêtes avant de retourner à toute vitesse vers la vie réelle. Nous avons oublié que la vraie intercession dépend de notre relation avec Dieu. Personne ne peut prier pour les autres s'il n'entretient d'abord lui même une relation intime avec le Seigneur. Nous pouvons bien entendu nous livrer au rituel de l'intercession, parce qu'en tant que chrétiens nous nous y sentons obligés. Mais cela ne fait qu'aggraver nos cas. Nous transformons alors nos prières en listes de commissions, passant d'un sujet à l'autre de façon superficielle. Cela conduit à de longues prières radotantes sans queue ni tête, qui rendent nos réunions mortellement ennuyeuses. Les jeunes ne s'y trompent pas et boudent en signe de protestation ce qu'ils considèrent comme un exercice stérile et absurde. En fait, le manque de dynamisme de nos réunions de prière devrait nous conduire à nous interroger sur la qualité de notre communion avec Dieu.


Abraham était en mesure d'intercéder pour les villes de la plaine uniquement parce qu'il venait de passer une longue période en profonde communion avec Dieu. Cette communion l'amena tout naturellement à intercéder. Il s'attardait en présence du Seigneur et celui-ci commença à lui révéler sa tristesse et sa colère à l'encontre de Sodome. Leur intimité était telle que le Seigneur lui dit: Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire?... Abraham deviendra certainement une nation grande et puissante, et en lui seront bénies toutes les nations de la terre. Car je l'ai choisi, afin qu'il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l'Éternel, en pratiquant la droiture et la justice, et qu'ainsi l'Éternel accomplisse en faveur d'Abraham les promesses qu'il lui a faites... (Genèse 18:17-19) L'homme qui allait devenir le père de tous les croyants devait être au courant des plans de jugement comme des plans de bénédiction de Dieu. Il devait aussi être capable de partager la tristesse divine pour ce monde déchu et apprendre à la transformer en intercession. Ainsi, à partir de la relation intime qui existait entre eux, Dieu put faire part de ses projets à Abraham et celui-ci apprit alors à prier.

 

Abraham ne profita pas pour autant de l'occasion pour multiplier de vaines paroles. Après que le Seigneur eut déclaré ce qu'il avait l'intention de faire, les hommes s'éloignèrent, et allèrent vers Sodome. Mais Abraham se tint encore en présence de l'Éternel (Gen.18: 22). Il était au courant de la situation dramatique de Sodome et pourtant il continua à attendre, ne commençant à s'approcher du Seigneur dans l'intercession qu'après avoir laissé passer un certain temps. Le fait de rester silencieux devant Dieu apaise notre coeur et nous aide à rassembler nos pensées. Cela nous permet aussi de mieux prendre conscience de la personne à qui nous nous adressons. Le psalmiste, convié à venir contempler les oeuvres de l'Éternel, les ravages qu'il a opérés sur la terre, était aussi invité à s'arrêter et à savoir qu'il est Dieu (Ps. 46: 9-11). Lorsque nous sommes confrontés à des événements qui auront un immense retentissement sur la vie des hommes, le meilleur moyen pour délier notre langue en intercession est de passer quelque temps silencieux devant le Seigneur. Souvent nous ne prions pas comme nous le devrions tout simplement parce que nous ne passons pas assez de temps en silence devant le Seigneur.

Le lien entre la communion avec Dieu et la prière apparaît clairement dans le Nouveau Testament. Abraham y est même appelé l'ami de Dieu, ce qui illustre bien la relation très intime qu'il entretenait avec lui. Jésus, s'adressant à ses disciples, leur dit: Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père (Jean 15:15). À cause de l'amitié qui régnait entre eux, Dieu put communiquer ses secrets à Abraham, et Jésus nous a promis qu'il en serait de même pour nous si nous restions en communion avec lui. La citation précédente a pour contexte l'enseignement de Jésus sur le cep et les sarments; il n'en existe pas de plus clair ni de plus fondamental que celui-ci sur la nécessité d'une constante communion entre le croyant et son Seigneur. Dans le même contexte et en conséquence directe, il dit encore: Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé (Jean 15;7). La promesse d'une intercession exaucée suit l'appel à une communion constante avec Dieu. L'une découle de l'autre. Plus la communion est profonde, plus l'intercession est véritable. Plus la première est superficielle, plus la deuxième est difficile. Le manque de participation à nos réunions de prière signale quelque chose de plus grave à notre attention. Après avoir dit à ses disciples qu'il les traiterait comme des amis, Jésus leur dit encore: ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demandez au Père en mon nom, il vous le donne (Jean 15:16). La communion constante avec Dieu conduit à une grande liberté dans la prière.


Abraham apprit aussi cette fois-là que l'intercession se base sur deux sortes d'informations. Il avait besoin d'informations sur les besoins des hommes et sur les desseins de Dieu. Les visiteurs angéliques et Abraham avaient déjà jeté les yeux vers Sodome, mais ce dernier avait besoin d'en savoir davantage pour pouvoir intercéder efficacement. Il lui fallait connaître les besoins réels des gens de Sodome et savoir que le cri contre Sodome et Gomorrhe s'est accru, et leur péché est énorme (Gen. 18: 20). Il devait aussi prendre conscience du fait que Dieu ne pouvait tolérer cet état de fait plus longtemps et qu'il allait descendre pour voir si ce qu'ils faisaient était aussi terrible que ce qu'en disait la rumeur. Les besoins des hommes réclamaient qu'on intercède pour eux, et les plans de Dieu en indiquaient le besoin pressant. Aujourd'hui, nous avons à notre disposition des quantités d'informations sur les besoins des hommes. Abraham ne pouvait ignorer deux villes; nous, nous avons, grâce aux journaux et à la télévision, le monde entier devant les yeux pendant le repas et des guerres prennent place dans notre salon. Notre problème consiste plutôt en un trop-plein qu'en une pénurie d'informations. Il est en effet tout aussi difficile de savoir pour quoi prier quand on est sur-informé que quand on n'a pas d'information du tout. De plus, nous finissons par nous habituer à la vue de cadavres mutilés, de rues dévastées par la guerre ou de queues interminables de gens sous-alimentés mendiant un peu de nourriture. Quant aux desseins de Dieu, notre coeur semble être imperméable à l'imminence et à l'importance du jugement qui plane sur le monde pour nous pousser à une action sans délai. Quand il s'agit de prier pour le reste du monde, nous nous contentons bien souvent d'une brève prière au cours du culte du dimanche, ou encore nous laissons cela à ceux qui «s'intéressent à tel ou tel continent».


Abraham, l'homme de foi, transforma l'information en intercession car il connaissait son Dieu. Il ne connaissait qu'une famille à Sodome et Gomorrhe, et peut-être pensait-il tout spécialement à elle en priant, mais il partageait aussi l'intérêt de Dieu pour ce monde perdu et le transformait en prière. Aujourd'hui ce sont les militants politiques, bien plus que les chrétiens, qui ont pour le reste du monde un intérêt et une vision aux dimensions planétaires; et ils sont prêts à payer le prix qu'il faut pour arriver à leurs fins. Mais l'intérêt de Dieu pour ce monde est toujours aussi profond, et Christ appelle toujours son Église à élargir sa vision au monde entier et à la transformer en prière. Nous ne pouvons aujourd'hui justifier notre passivité, car nous avons à notre disposition toutes les informations nécessaires pour intercéder.


Quand il commença à prier, Abraham basa sa prière sur les caractères et la justice de Dieu, plutôt que sur les besoins des hommes. Il était conscient de ceux-ci, mais son objectif principal était la gloire de Dieu. En d'autres termes, il voulait en premier lieu que Dieu soit vu tel qu'il est réellement. Le Seigneur est le juge de toute la terre et une telle personne doit être considérée comme absolument juste. Il était donc impensable que Dieu puisse détruire le juste en même temps que l'injuste. Suggérer la chose était déjà une atteinte au caractère divin. Abraham raisonna ainsi et s'exprima en conséquence dans sa prière: Faire mourir le juste avec le méchant, en sorte qu'il en soit du juste comme du méchant, loin de toi cette manière d'agir! Loin de toi! Celui qui juge toute la terre n'exercera-t-il pas la justice? (Gen. 18: 25) Abraham s'inquiétait plus au sujet de l'intégrité du gouvernement moral de l'univers qu'au sort des hommes. Il avait en cela tout à fait raison, car un univers gouverné par une divinité capricieuse, n'obéissant à aucune règle, serait une monstruosité. La possibilité d'un univers ordonné où la morale puisse exister, dépend de la justice et de la gloire de Dieu et de son unité propre. Abraham basa sa requête sur cela. La prière qui se fonde fermement sur le caractère et la gloire de Dieu est puissante. Nous commençons trop souvent nos prières par le mauvais bout.


Nous pouvons voir aussi que, même à ce degré d'intimité avec Dieu, Abraham ne perdit jamais de vue que devant Dieu il est cendre devant lui. Il s'adressa au Seigneur en disant: Que le Seigneur ne s'irrite point, et je parlerai (Gen. 18: 30-32). Il avait conscience de sa petitesse face à la majesté de Dieu, et de la fragilité de sa nature devant le juge de toute la terre. Bien que nous vivions à une époque où le chemin jusqu'à Dieu soit en permanence ouvert par le Seigneur Jésus-Christ, nous devons malgré tout nous souvenir de notre position. Pierre nous rappelle: que si vous invoquez comme Père celui qui juge selon l'oeuvre de chacun, sans acception de personnes, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre pèlerinage (l Pierre 1: 17). La familiarité qui nous permet de crier Abba Père doit être contrebalancée par le souvenir de notre position de créature devant son Créateur. L'intimité de notre communion avec Dieu ne doit pas nous faire oublier la crainte respectueuse que nous lui devons. Le royaume de Dieu n'est pas une démocratie.

Par ailleurs, Abraham alliait dans sa prière le respect avec la hardiesse. Plus il priait et plus il demandait de choses. Sa prière s'approfondissait avec le temps. Il n'y a rien de plus approfondissant pour la prière que le fait de prier. Cette prière conduit à l'assurance de l'exaucement.

Certains ont suggéré qu'en continuant à prier, il aurait pu sauver la ville tout entière seulement à cause de Lot. Cependant, lorsque nous nous souvenons que Lot, sa femme, ses filles et leurs fiancés respectifs ne font que six personnes sur les dix requises pour sauver la ville, nous comprenons mieux pourquoi Abraham ne crut pas bon de poursuivre plus avant. En fait, les deux futurs gendres de Lot méprisèrent la grâce de Dieu lorsqu'elle leur fut révélée, pensant qu'il plaisantait. Quant à nous, grâce à cette histoire, nous pouvons apprendre la nécessité et l'efficacité de la persévérance dans la prière lorsque Dieu nous révèle ses desseins. Nous ne devons pas craindre de prier, ni de demander de grandes choses à Dieu.


Voilà donc un homme qui avait appris à prier. Pourtant, il est à noter que ce passage apparaît relativement tard dans l'histoire de la vie d'Abraham. Nous pouvons être certains qu'il priait depuis longtemps déjà et que sa communion avec le Seigneur grandissait de jour en jour. Pourtant, un certain type de prière réclame une maturité que l'on mettra des années à atteindre. Une des choses merveilleuses à propos de la prière est qu'elle peut être utilisée par un jeune enfant comme par un chrétien âgé et que tous deux ont toujours beaucoup à apprendre. Nous ne saurions commencer trop tôt.

À la fin de cette histoire nous lisons: L'Éternel s'en alla, lorsqu'il eut achevé de parler à Abraham. Et Abraham retourna dans sa demeure (Gen. 18: 33). C'est surtout Dieu qui avait parlé ce jour-là et l'homme de foi, en rentrant chez lui, se souvenait plus de Dieu que de sa propre prière. Si nos réunions de prière finissaient ainsi, nous n'aurions aucun problème de participation.

 

Denis Lane

Avec confiance vers l'inconnu

Europresse

pp. 102-107

© (La Bonne Nouvelle 1/90)

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FOI ET AMUSEMENT!

Dans des milieux évangéliques en Suisse romande on constate une «certaine faillite dans la manière de communiquer l'Évangile à ceux qui nous entourent», et il s'avère que «nos églises ont de la peine à croître, voire à ne pas perdre des membres». On fait état de telle église qui vient de voter sa dissolution en donnant à chaque membre la possibilité de rejoindre une autre communauté de la région. En France on ne compte plus que 10 % de pratiquants réguliers, toutes Églises confondues. Une église évangélique de Paris annonce que plusieurs personnes actives, et même des «piliers», l'ont quittée. Dans son livre paru en 1977 Jean Delumeau posait déjà la question suivante: «Le christianisme va-t-il mourir?».

Il en est alors qui se laissent tenter par les expériences charismatiques et qui disent: «L'on ne peut passer sous silence la croissance remarquable des Églises de Pentecôte. Le mouvement charismatique, dans sa diversité impressionnante, apporte un renouveau de fraîcheur dans pratiquement toutes les Églises». Mais quand on sait de quelle nature a souvent été ce «renouveau» et à quels dérèglements et divisions cette «fraîcheur» a donné lieu en maints endroits, on s'en trouve plutôt refroidi!

D'autres, désemparés, imaginent qu'il faudrait créer davantage d'événements festifs avec mimes, danse, jazz-moderne, théâtre, ombres chinoises, poésie, et ils créent des cours de danse pour que hommes et femmes apprennent à maîtriser leur corps afin de pouvoir le mettre au service du Christ. On dit aussi: «L'Église doit oser abandonner d'anciennes expressions de la foi afin de répondre aux aspirations de l'homme d'aujourd'hui». ou encore: «Le son de l'orgue et les prières ne suffisent plus à remplir une église. Le rock et le jazz OUI!». On estime que: «Quand des personnes s'intéressent à la foi chrétienne, il faut leur permettre d'apporter ce qui les amuse au niveau culturel». À côté des lectures bibliques, des prières et du chant on introduit alors la musique-techno avec la danse, des clowns, du cirque.... et l'on dit: «Aujourd'hui il est nécessaire de réunir amusement et foi»!

D'autres encore estiment que toutes les dénominations chrétiennes devraient s'unir afin que l'impact des campagnes d'évangélisation soit assez fort pour toucher la multitude des non-croyants. Mais cela ne saurait se faire qu'au prix de compromissions donnant la fausse impression que tous, des catholiques aux adventistes, des libéraux aux évangéliques, des multitudinistes aux professants, prêchent le même évangile, ce qui n'est malheureusement pas le cas. Cela ne servirait donc pas la cause de la vérité et ne ferait qu'augmenter encore plus la grande confusion.

Il reste la méthode apostolique, celle de prêcher fidèlement l'Évangile selon l'Écriture, pas seulement en paroles, mais aussi en actes et en puissance, avec l'Esprit Saint et une pleine certitude. (1 Thess. 1: 5) Nous n'avons pas à «chauffer» l'auditoire pour le rendre réceptif à la Parole de Dieu. L'apôtre Paul disait: – Je n'ai pas jugé bon de savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié». (1 Cor. 2:2) Les apôtres n'ont jamais essayé de distraire le peuple par des divertissements, des attractions ou des animations de tous genres pour le conquérir et provoquer artificiellement des conversions. Ils ont plutôt compté sur l'effet de la Parole de Dieu sous l'action du Saint-Esprit, sachant que «la foi vient de ce qu'on entend et que ce qu'on entend vient de la Parole de Christ» (Rom. 10: 17). Ne cherchons donc pas à vivifier et à agrémenter la Parole de Dieu comme si elle était impuissante ou inopérante sans les supports dont on la munit, alors qu'elle est toujours I'«épée de l'Esprit» (Eph. 6:17), «vivante et efficace, plus tranchante qu'aucune épée à double tranchant, pénétrante jusqu'à partager âme et esprit, jointures et moelles, jugeant les sentiments et les pensées du coeur». (Héb. 4:12) Il ne s'agit pas de remplir les églises en amusant la galerie, mais de transmettre la Bonne Nouvelle du Salut en Christ, merveilleux message pour ceux qui le reçoivent, puisqu'il leur apporte le pardon des péchés, la paix du coeur, la force et la joie pour servir le Seigneur, le vrai bonheur et la félicité éternelle.

J. H. 

© La Bonne Nouvelle No 1 / 2000


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FOI ET FIDÉLITÉ

Notre époque est caractérisée par une grande superficialité et un goût pour la vie facile. Les mass-médias en sont en grande partie responsables. Notre génération, en proie à la philosophie de l'humanisme érigée en religion, en est venue à relativiser toutes les valeurs par rapport à Dieu et à la Bible. Il en résulte une diminution de la qualité de la foi chrétienne biblique prêchée et vécue. Cela se traduit par une dilution du message de l'Évangile, qui perd ainsi une grande partie de son impact et ne produit plus la repentance qui mène à la conversion.


Définition

Le nom grec «pistis» a une double signification: «foi» et «fidélité». De même, l'adjectif «pistos» signifie à la fois «plein de foi» et «fidèle». Mais cette définition n'a qu'une dimension linguistique. Sans les personnes impliquées, ces concepts restent dans le vide. Examinons-les donc en les appliquant aux personnes.


La foi

Il y a celui qui croit, et il y a l'objet de sa foi. Dans toute la Bible, l'objet de la foi est la Personne du Dieu trinitaire et la Parole du même Dieu trinitaire. La Personne et la Parole ne peuvent être dissociées.

Croire en Jésus-Christ n'est pas facultatif. Parlant du Père, Jésus dit: «Voici son commandement: que nous croyions au nom de son Fils Jésus-Christ.» Pourquoi?

Parce qu'il n'y a sous le soleil aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés (Act 4.12), c'est-à-dire devenir enfants de Dieu. En présentant Jésus comme la lumière du monde, Jean écrit qu'à tous ceux qui l'ont reçue, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom (Jean 1.12).

La foi au nom de Jésus est d'abord l'acceptation de l'événement historique de l'incarnation de Dieu en son Fils Jésus-Christ, de son oeuvre rédemptrice à la croix et de sa résurrection. Pour pouvoir croire, il faut d'abord connaître les éléments de base de la foi chrétienne tels qu'ils sont révélés dans les Écritures. La foi se base donc sur ce qu'on connaît à travers la prédication et la lecture personnelle de la Bible. Loin d'être quelque chose de vague, c'est bien précis.

Beaucoup de gens croient qu'il y a un seul Dieu, mais cela ne suffit pas. Les démons le croient aussi, et ils tremblent (Jac 2.19), car ils savent que Dieu est le Juge universel.

Ce qui doit être réglé, c'est le problème du péché qui condamne l'homme, car c'est le péché qui sépare de Dieu. De là l'appel urgent lancé par Jean-Baptiste et répété par Jésus et les apôtres après lui: Repentez-vous et croyez à la bonne nouvelle (Marc 1.15). L'Évangile est la bonne nouvelle du pardon rendu possible par la croix. Ceci est mon sang, dit Jésus, qui est répandu pour beaucoup, pour le pardon des péchés (Mat 26.28).

Celui qui nous aime nous a délivrés (ou: déliés) de nos péchés par son sang (Apoc 1.5). Il n'y a pas d'autre évangile qui puisse sauver.

La foi est donc une totale confiance en Jésus-Christ et en l'efficacité de son oeuvre de rédemption. Il est entièrement digne de confiance, car son nom n'est-il pas Fidèle et Véritable (Apoc 19.11)? Chacune de ses paroles est la vérité absolue, car la parole de Jésus n'est rien d'autre que la parole de Dieu (Luc 5.1) C'est pourquoi les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie (Jean 6.63); elles communiquent la vie: Il nous a engendrés... par la parole de vérité (Jac 1.18).

Ce que je crois, le contenu de ma foi, est d'une importance capitale. De ma foi en Jésus-Christ et tout ce qu'il représente dépend mon salut et la qualité de ma vie d'enfant de Dieu. En dehors de la foi en Jésus-Christ, il n'y a pas d'espérance, pas de vie, pas de ciel.


Le prix de la fidélité

Bon et fidèle serviteur...

Fidèle à quoi? Selon les paraboles de Mat 25 et Luc 19: fidèle à faire fructifier ce qu'on a reçu du Seigneur.

Qu'avons-nous tous reçu? – La vérité révélée par la Parole (Jean 17.17). Elle aussi s'attache à une personne: le Christ est la vérité. Il ne peut donc pas y avoir de vérité «relative» elle est ou elle n'est pas, tout comme Christ est ou il n'est pas.

Il s'agit d'être fidèle à la personne du Christ tout autant qu'à son enseignement et à celui des apôtres qui, par l'Esprit, ont reçu des enseignements complétant ceux de Jésus, qui ne parle que de ce qu'il a entendu du Père et du Fils (Jean 16.13-15).

La première fidélité (celle de base) est celle à sa Parole (tout comme à sa Personne: les deux sont inséparables). Il n'est pas question ici d'opinions personnelles, mais de convictions fondées sur la Parole, qui seule nous fait connaître le Christ. Elle est la base de notre statut d'enfants de Dieu. Cela présuppose, une fois de plus, que nous ayons reçu la connaissance de la vérité (Héb 10.26). La Bible entière nous encourage à continuer à augmenter notre connaissance; mieux nous connaissons la Bible, mieux nous connaissons Dieu, plus notre relation avec le Seigneur est approfondie.

Dès la création, Dieu a séparé la lumière des ténèbres. Christ, la Parole devenue chair, est la lumière du monde. Ayant reçu le Christ, nous sommes la lumière des nations (Act 13.47), une lampe qui brille dans un lieu obscur (2 Pi 1.19), nous qui autrefois étions ténèbres, mais maintenant lumière dans le Seigneur (Eph 5.8).

Lumière et ténèbres sont inconciliables. Vérité et erreur sont inconciliables. Or l'erreur se présente toujours enveloppée d'une partie de vérité, sans quoi elle ne séduirait personne. Satan utilise toujours la même tactique. Quand il veut séduire Jésus, il cite le Ps 91, mais seulement les v. 11 et 12, arrachés du contexte des v. 9 et 14-15, sans lesquels la promesse citée par le diable reste sans effet. (Le v. 9 peut se traduire: Si tu fais du Très Haut ta résidence; Satan escamote cette condition).

Rester fidèle à la Bible, parole révélée par l'inspiration du St-Esprit, telle qu'elle se comprend primairement, donc sans spiritualiser les miracles et les prophéties qui dépassent notre raison humaine limitée, est aujourd'hui considéré comme puéril, voire imbécile. Le romancier Louis Bromfield écrivait déjà en 1937 d'un de ses héros qu'il était «trop intelligent» pour accepter la doctrine chrétienne...

Témoigner de la vérité absolue de la Parole, au besoin combattre l'erreur (que les apôtres ne se gênaient pas d'appeler fausse doctrine) est très mal ressenti par les incrédules et les fausseurs de la Bible. Il peut parfois être nécessaire de nommer les faux docteurs, comme Paul quand il dut réprouver Pierre en présence de tous (Gal 2.11, 14). Fi à quiconque ose aujourd'hui s'attaquer à l'enseignement d'un personnage en vue tel que Pierre l'était alors! Mais cela peut être une nécessité inévitable afin d'avertir l'Église contre de faux enseignements et de fausses pratiques. L'impopularité, voire l'inimitié, sera le prix de la fidélité, que nous devons, avant toute autre loyauté, au Seigneur.

Cette fidélité est une des caractéristiques du fruit de l'Esprit (Gal 5.22). En restant fidèles au seul Seigneur Jésus-Christ et à sa seule parole, nous prenons le risque d'être mis à l'écart par ceux qui préfèrent suivre les grands courants actuels qui sont en train de séduire l'Église au détriment d'un enseignement solidement campé sur la seule parole de Dieu.

Il va sans dire que cette fidélité a ses répercussions dans la vie de tous les jours. En tant que lumière du monde, nous sommes exposés aux regards des hommes, afin qu'ils voient nos oeuvres bonnes et glorifient notre Père qui est dans les cieux (Mat 5.16). Cela concerne notre vie familiale et professionnelle autant que notre vie d'Église. Les épouses accompliront en toute fidélité leur mission au foyer conjugal (1 Tim 3.11). Les maris aimeront leurs femmes d'un amour égal à celui de Christ pour l'Église (!), et ils les honoreront comme cohéritières de la grâce de la vie, afin que rien ne fasse obstacle à leurs prières (Eph 5.25; 1 Pi 3.7). Une vie de prière efficace dépend donc de l'harmonie dans le couple; y aviez-vous pensé?...

Seul un foyer où les deux conjoints vivant dans le respect mutuel restent attachés au Seigneur et à sa parole pourra encore avoir un impact salutaire sur le nombre grandissant de mariages en naufrage.

Quelle est la qualité de notre foi? Sommes-nous de ceux qui ont une grande assurance dans la foi en Christ-Jésus (1 Tim 3.13)?

Quel est le prix que nous sommes prêts à payer pour notre fidélité à Jésus-Christ et à sa parole?

Henri Lüscher et Jean-Pierre Schneider

© Promesses 1991 – 1 / No 95


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FOI ET RAISON


Le monde moderne est devenu la proie de l'humanisme, d'une mentalité où l'homme est le centre et ne compte que sur ses propres capacités et ressources intellectuelles et morales. L'évaluation de la vérité et de la morale s'effectue selon les critères humains. On prône l'amélioration des conditions sociales. La raison et la science ont été élevées au rang de dieux, et notre génération en est profondément imprégnée. Ainsi, Julian Huxley écrit que «la science atteint une nouvelle unité très réelle et nous fournit une image scientifiquement fondée du destin et des possibilités humaines» «Handbuch, Argumente für den Glauben», de Colin Chapman, éd. Bundes-Verlag (p. 218).

L'homme est devenu autonome et se targue de cette indépendance dans toutes les sphères de la vie qu'il veut contrôler: la science, la technique, la sociologie, l'économie, la philosophie, la théologie. Mais dans la mesure où il se déifie, il devient l'esclave de sa propre autonomie. L'angoisse, la psychose collective, la criminalité, la violence, les menaces de guerre envahissent notre société.

Le monde est déchiré par l'humanisme, le marxisme, le nouvel islam et d'autres idéologies. L'Église est imprégnée de l'esprit du siècle et subit l'influence du courant humaniste qui a séparé la raison de la foi. Or, le chrétien est appelé à communiquer la Bonne Nouvelle à ses contemporains. Comment ce message peut-il être compris? Les chrétiens doivent connaître et comprendre eux-mêmes d'abord les modes de pensée de leur époque. Le Dr. Francis Schaeffer a été un des pionniers dans ce domaine. Il a essayé d'analyser les modes de pensée depuis l'époque de Thomas d'Aquin (1225-1274) jusqu'à nos jours, en nous montrant la relation entre ces différents courants et les influences qu'ils ont exercées sur les différentes époques, ainsi que les traces qu'ils y ont laissées. Toute l'oeuvre du Dr. Schaeffer se base sur deux points essentiels: la souveraineté de Dieu dans toutes les sphères de la vie, et l'inspiration divine, donc aussi l'autorité absolue de la Bible. Sous ces deux angles, ses écrits sont d'une valeur inestimable. Francis Schaeffer s'est battu jusqu'à son dernier souffle pour l'inerrance de la Bible, pour l'orthodoxie de la doctrine chrétienne et pour notre soumission au Seigneur dans tous les domaines.

Voici un bref tracé des principaux modes de pensée qui ont influencé le monde occidental depuis le 13e siècle. Thomas d'Aquin ouvre les portes à la Renaissance. D'une part, il donne à la nature sa juste place par rapport à la grâce. Pour ce philosophe, l'homme était bien déchu, mais pas son intelligence, ce qui n'est pas scripturaire, car la chute de l'homme l'a entraîné dans la corruption totale, corps, âme et esprit. De cette façon, il introduit l'autonomie dans le domaine de l'intelligence, et par conséquent l'autonomie de la philosophie par rapport aux Écritures. Avec Kant et Rousseau au 18e siècle, la notion de la révélation est supplantée par le rationalisme, et «la grâce» est remplacée par «la liberté».

Avec Hegel (1770-1831), le concept de penser en termes de thèse et d'antithèse est renversé. «L'homme pouvait s'appuyer sur sa raison et penser en termes d'antithèse: si une chose était vraie, son contraire ne l'était pas. De même dans le domaine de la morale, le bien fait antithèse au mal» «Démission de la raison» par Francis A. Schaeffer, éd. la Maison de la Bible, 1976 (p. 34). Nous recommandons ce livre de 90 pages, particulièrement en raison de son analyse perspicace et lucide des courants de pensée avec leurs résultats actuels et leur influence dans les milieux évangéliques. Hegel introduit la confrontation thèse-antithèse pour aboutir à la synthèse. Ainsi, il n'y a plus d'absolu, et la vérité absolue n'existe plus. Dans cette optique, Dieu ne peut plus être distingué comme Être personnel du reste de l'univers. La méthode dialectique est née: la philosophie de la contradiction est la seule que Hegel juge «vivante». Cette manière de penser a profondément marqué les époques suivantes.

Darwin n'a finalement fait que de poursuivre cette ligne du relativisme en aboutissant à la théorie du transformisme. Pour Jacques Monod «Le hasard et la nécessité» par Jacques Monod, éd. du Seuil. Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne par un biologiste transformiste, le hasard devient une nécessité qui remplace l'Absolu: Dieu. La dialectique marxiste, elle aussi, plonge ses racines dans la méthodologie hégélienne. Dès lors, tout espoir d'unifier les champs de connaissance devient illusoire, suite à «l'abandon du principe de causalité à l'intérieur d'un système clos» «Démission de la raison», p. 36. Dans le système clos, le monde est imaginé comme totalement autonome, ce qui exclut toute intervention de l'extérieur, donc aussi de Dieu.

Kierkegaard (1813-1855) abandonne l'élément rationnel; du coup la foi chrétienne se soustrait à la raison. Il faut croire malgré la raison et malgré la connaissance. C'est donc un saut dans le vide. Les conceptions de Kierkegaard sont à l'origine de la philosophie existentialiste, qui a été introduite dans la théologie par Karl Barth (1886-1968).

Il n'y a pas de doute que tout cela a produit une division entre la foi et la raison chez l'homme moderne. C'est pourquoi la société occidentale tourne ses regards vers l'irrationnel, vers le mysticisme. L'Église n'a pas échappé à ce phénomène, car en basant sa foi sur l'expérience, elle est en danger d'abandonner les principes bibliques de la foi. Les religions orientales se fondent sur l'expérience. Suryakanta dit au sujet de la réincarnation: «La réincarnation étant un fait mystique, on ne peut s'en faire une idée exacte sans une expérience spirituelle profonde» «La réincarnation» par Papus, éd. Dangles, pages 147 et 159. Il est alarmant que de tels livres, qui propagent cette hérésie occulte, se répandent si largement (déjà 51 000 ex.). Le yoga et «l'expérience spirituelle» y jouent un grand rôle. D'ailleurs, ce terme évoque plutôt aujourd'hui une initiation dans le monde occulte sous quelque forme que ce soit. La Bible ne se sert jamais de ce mot dans le sens de vivre quelque chose de particulier. Tout ce qui n'est pas fondé sur les Écritures doit être rejeté. Pour combattre les déviations, nous nous devons de ne pas ignorer les subterfuges de Satan (2 Cor 2. 11), mais d'éprouver les esprits pour savoir s'ils sont de Dieu (1 Jean 4. 1).

Nous sommes arrivés à un tournant de l'histoire. S'il n'y a pas de retour à la Bible, si nous persistons à séparer la raison de la foi, le christianisme sera relégué au niveau de l'irrationnel, et les valeurs éthiques s'effondreront tout à fait. À l'instar de la Réforme, nous devons refuser l'autonomie de l'homme et nous soumettre au Christ, Seigneur de tous les domaines de notre vie et Souverain de l'univers entier. L'homme a été créé à l'image de Dieu. Il est une entité inséparable: corps, âme et esprit. Sa chute l'a précipité dans le péché, la mort et la séparation d'avec Dieu. Mais la rédemption accomplie par Jésus-Christ est le remède à cette misérable condition de l'homme.

La Parole faite chair est entrée dans le monde, et Dieu s'est manifesté en elle (1 Tim 3.16). La Parole est l'expression de la pensée de Dieu – et Dieu est rationnel. Jésus-Christ est l'expression visible du Dieu invisible mais personnel, venu pour nous donner la vie éternelle par son oeuvre expiatoire au Calvaire. La croix et la résurrection sont devenues ainsi le point de mire de l'espace et du temps. Le christianisme peut tabler sur des faits. Point n'est besoin de faire un saut dans le vide. Laissant l'absurde, le relativisme, l'irrationnel, le vide, nous pourrons marcher avec assurance et paix dans l'absolu et le rationnel, à la suite de Celui en qui nous avons tout pleinement (Col 2. 10). Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui et éternellement (Héb 13.8).

Henri LUSCHER

© Promesses 1985 – 2 / No 73

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UN SÉRIEUX EXAMEN DE LA FOI

«Examinez-vous vous-mêmes pour savoir si vous êtes dans la foi; éprouvez-vous vous-mêmes?» 2 Corinthiens 13:5

 

Le Saint-Esprit opère la nouvelle naissance, c'est-à-dire qu'il produit en nous une vie nouvelle. C'est un don de Dieu. Il est écrit: «Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu» (1 Pierre 1: 23). Le baptême est une confirmation extérieure d'une opération préalable intérieure... La nouvelle naissance a donc lieu avant le baptême. Elle est la condition indispensable pour entrer dans le Royaume de Dieu selon la parole même de Jésus: «En vérité, en vérité je te le dis, si un homme ne naît de nouveau il ne peut voir le Royaume de Dieu» (Jean 3:3). Si le baptême était la nouvelle naissance, comme l'affirment des églises multitudinistes, Jésus n'aurait pas pu dire au brigand non baptisé: «En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis» (Luc 23:43), et l'apôtre Paul n'aurait pas déclaré: «Christ ne m'a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l'Évangile» (1 Cor. 1: 17).

Pour quelles raisons les Églises de multitude tiennent-elles tellement à l'aspersion (faussement appelée baptême) des nourrissons? À l'époque où l'on avait déjà plus ou moins abandonné les directives des Écritures, l'empereur Constantin fit du christianisme une religion d'État. Or, la Parole de Dieu interdit formellement toute association de l'Église avec le monde: «Ne formez pas avec les incroyants un attelage disparate» (2 Cor. 6:14). Constantin a voulu que d'un coup tous les citoyens deviennent des chrétiens. Mal enseigné, il a pensé que cela allait pouvoir se faire par l'administration du rite de l'aspersion des nourrissons considérée comme le «saint baptême», jumelé avec le parrainage, pratique dont on ne trouve aucune trace dans les Écritures. Ces parrains avaient vis-à-vis de l'Église et de l'État le devoir de veiller au développement religieux de l'enfant. C'est ainsi que l'Église est devenue un organisme multitudiniste. Il en est résulté l'établissement de listes de membres où figurent une grande majorité de païens soi-disant baptisés, mais pas nés de nouveau, c'est-à-dire pas sauvés. Voici ce que disait le grand évangéliste Spurgeon à ce sujet:

«De tous les mensonges qui traînent des millions d'âmes à l'enfer, je considère comme le plus grave qu'il y ait des gens qui affirment que le baptême sauve les âmes. Je ne connais présentement aucune erreur qui conduise plus d'âmes à la perdition. Il existe des milliers de personnes qui croient fermement qu'elles iront au ciel, parce qu'elles ont été aspergées d'eau dans leur tendre enfance, puis confirmées pour pouvoir participer à la sainte cène. La croyance en l'efficacité des sacrements provient de l'erreur du «baptême des nourrissons.»

Il est surprenant d'apprendre que Martin Luther avait déjà reconnu que ce «baptême» d'enfants était faux. Dans un de ses sermons il disait: «Le baptême n'est utile à personne, s'il n'est pas administré à celui qui croit, car sans une foi personnelle il n'y a pas lieu de baptiser quelqu'un. La foi doit précéder le baptême (.. ). Si donc nous ne pouvons pas prouver que les petits enfants croient personnellement, mon juste conseil est que l'on s'abstienne sur le champ de baptiser un enfant. Plutôt ce sera fait, mieux cela vaudra, pour que nous ne nous moquions pas de la glorieuse majesté divine et que nous ne la blasphémions pas par des jongleries et des tromperies de néant.»

Ainsi parlait Luther lorsqu'il combattait les hérésies de l'Église romaine. Plus tard il est néanmoins retombé dans cette même erreur... À la Diète de Worms (1521) Martin Luther avait déclaré: «Me voici, je ne puis autrement! Que Dieu me soit en aide!» Mais quelques années plus tard les protestants, tout comme les catholiques, décidèrent d'exterminer tous les baptistes («Täufer») appelés aussi anabaptistes («Wiedertaüfer»), qui après avoir reconnu l'erreur de l'aspersion des nourrissons et s'être repentis, se faisaient baptiser sur profession de leur foi.

À Michel Sattler, ancien prêtre bénédictin qui avait découvert la Vérité par la Parole de Dieu, on coupa la langue, on creva les yeux et on le livra aux flammes. Pendant les dix années suivantes, 5000 anabaptistes moururent comme martyrs pour le Seigneur, brûlés vifs sur les bûchers ou noyés... Ces martyrs ont préféré mourir plutôt que de trahir leur Sauveur. Ils ont été fidèles jusqu'à la mort en démontrant ainsi devant le monde qu'ils étaient de véritables enfants de Dieu. (...)

C'est très grave quand un «baptême d'enfants» non biblique barre le chemin à la repentance. Satan essaie de faire croire que l'aspersion des nourrissons produit la nouvelle naissance... Les conditions préalables de la repentance, de la confession des péchés, de l'invocation de Christ, de la demande de pardon des péchés et de la rupture avec l'ancienne façon de vivre sont ainsi éliminées. Quand, après le catéchisme et la confirmation, l'adolescent récite une confession de foi, les prêtres et pasteurs savent très bien que pour la plupart de ces jeunes il ne s'agit que d'une formalité traditionnelle... Si par la suite on invite de telles personnes à se convertir elles sont déconcertées... Il leur semble que tout est en ordre: baptisées comme enfants, confirmées, mariées à l'église, payant régulièrement leur impôt paroissial... que leur veut-on de plus?

Et ceux qui se sont malgré tout convertis sont exposés à d'autres dangers. Pour ces frères et soeurs Satan a trouvé un autre moyen de séduction: l'oecuménisme. Ce mouvement leur paraît juste et bon puisque, pensent-ils, nous avons tous un même Seigneur, nous prions le même Dieu, nous sommes tous des pécheurs avec leurs défauts et nous avons continuellement et toujours à nouveau besoin de pardon, nous devons aimer notre prochain et ne pas le juger... C'est ce que disent beaucoup pour étouffer toute critique dans l'oeuf et pour tout ramener à la notion courante de «tolérance»... Mais que dit l'Écriture au sujet de ceux qui répandent des hérésies? «Ne formez pas avec les incroyants un attelage disparate... Sortez du milieu d'eux et séparez-vous, dit le Seigneur, ne touchez pas à ce qui est impur, et moi je vous accueillerai. Je serai pour vous un père...» (2 Cor. 6:14-18). Dans 2 Timothée 3:1-4 les chrétiens de nom sont ainsi décrits: «... ils garderont la forme extérieure de la piété, mais ils en renieront la force. Éloigne-toi de ces hommes-là.» Et dans 2 Jean 10 il est dit: «Si quelqu'un vient à vous et n'apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas et ne lui dite pas. Salut.»

Pour conclure

La voie biblique de la repentance et de la conversion est la suivante:

1. Reconnaître la Sainteté de Dieu. Dieu est saint, Dieu est Vérité, Dieu est Justice, Dieu est Amour.

2. Face au Dieu saint reconnaître notre culpabilité et notre perdition (Rom. 3:10: «Il n'y a pas de juste, pas même un seul»).

3. Se repentir de tous ses péchés.

4. Confesser ses péchés devant le Seigneur.

5. Demander le pardon des péchés (ce qui est impossible sans l'invocation du nom de Jésus-Christ, puisque Dieu déclare qu'il n'y a de Salut qu'en ce nom).

6. Rupture radicale avec le péché, ce qui signifie renoncement à Satan et à toutes ses actions dans ma vie, en prenant la résolution de vivre dorénavant dans l'obéissance au Seigneur et en rompant toute liaison avec le monde des ténèbres. Cela devrait être, selon toute possibilité, un témoignage public.

7. L'offrande de ma vie au Seigneur Jésus-Christ, c'est-à-dire soumission de toute ma vie, sans compromission, à son autorité (Galates 2:20: «Je suis crucifié avec Christ, et ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi»).

8. Baptême de croyant dans l'obéissance à la Parole comme décrit plus haut. Repentez-vous! «Mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous...» (Luc 13:3)

Témoignage de Wolfgang Diele (Traduction raccourcie)

© La bonne Nouvelle No 4 / 2001

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RELIGION ET FOI

Causes de l'incrédulité et mission de l'Église


Lecture biblique:
Je t'adjure devant Dieu et devant le Christ-Jésus qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de son avènement et de son royaume, prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, convaincs, reprends, exhorte, avec toute patience et en instruisant. Car il tiendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine; mais au gré de leurs propres désirs, avec la démangeaison d'écouter, ils se donneront maîtres sur maîtres; ils détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront vers les fables. Mais toi, sois sobre en tout, supporte les souffrances, fais l'oeuvre d'un évangéliste, remplis bien ton service. (2 Tim 4.1-5)
 
Je me suis senti obligé de vous écrire, afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. (Jude 3)
NB - Les citations bibliques sont tirées de la Nouvelle Version Segond Révisée, dite «de la Colombe».
 
RELIGION ET FOI
Le mot religion fait tellement partie du vocabulaire courant qu'on se demande rarement ce qu'il recouvre vraiment. Pour les uns, c'est l'adhésion à certaines maximes; pour d'autres, ce sont des cérémonies par lesquelles on adore Dieu. Chaque être humain sait, tout au fond de lui-même, qu'il existe un être suprême, un dieu dont il dépend et qui a autorité sur lui. Il aspire à s'approcher de ce dieu qu'il ne connaît pas, et de cette aspiration sont nées toutes les religions du monde. Car l'homme est religieux par nature.
Ce qu'on entend par religion n'est souvent que simple crédulité, une conformité à des croyances et des rites traditionnels. Pour d'autres, il s'agit d'un acte de foi basé sur une conviction absolue de la réalité de Dieu telle que la Bible, Parole de Dieu, le révèle: La foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Christ (Rom 10.17).
Entre ces deux attitudes, il y a une multitude de divergences plus ou moins nuancées, et personne n'ignore à quel point les convictions religieuses ont allumé les passions et provoqué des conflits parfois sanglants entre sociétés et nations anciennes et modernes. S'il est vrai que les questions concernant Dieu sont les plus importantes qui soient, il est inévitable que des positions diamétralement opposées provoquent des divisions. Il ne peut y avoir réconciliation entre les deux positions extrêmes qu'on peut résumer ainsi:
1. Il existe une personne suprême, Dieu, qui a tout créé; il s'est révélé par la Bible et en la personne de son Fils, Jésus-Christ; la raison d'être de l'homme est de le servir et de lui faire honneur.
2. Il n'y a pas de dieu – , tout est le produit du hasard, et l'homme n'est responsable qu'envers lui-même.
 
Il va sans dire que le pasteur Eicher tient la première de ces deux positions, qui est aussi la nôtre.
La Bible déclare sans ambages: Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu, celui qui s'approche de Dieu doit croire qu'il existe et qu'il récompense ceux qui le cherchent (Héb 11.6). La foi est d'une importance capitale dans l'enseignement chrétien, car d'elle dépend la justification du pécheur, son accès à la grâce de Dieu, sa paix avec Dieu – en un mot: son salut (Rom 5.1-2). La foi sous-entend une confiance absolue dans un Sauveur personnel, qui est Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, en opposition à la confiance de l'homme naturel en des oeuvres méritoires et l'observation de traditions humaines. Cette opposition est présente dans tout le septième chapitre de l'évangile de Marc.
Comme cette foi est basée sur la Bible en tant que parole par laquelle Dieu se révèle quant à son être, son oeuvre et sa pensée, il doit y avoir soumission totale à l'autorité de la Bible, qui nous répète sans cesse que la parole de Dieu est éternellement valable (Ps 119.89; Mat 24.35). La foi est une affaire de tête autant que de coeur: Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton coeur que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, tu seras sauvé (Rom 10.9). Au début, la foi porte surtout sur l'action rédemptrice de Christ à la croix, sur le pardon et la paix avec Dieu que sa mort procure, et le croyant entre dans une relation personnelle avec le Sauveur. Mon Seigneur et mon Dieu! s'exclame Thomas quand il comprend que Jésus, mort à la croix, est vraiment ressuscité (Jean 20.28). La compréhension de la vie terrestre de Christ, de ses miracles étonnants et de son enseignement représentent une étape ultérieure de la foi. La foi conduit à toute expérience et bénédiction spirituelle. L'intégralité du salut dépend de la foi.
Nous croyons que Jésus est la Parole (le logos, la raison de l'univers) faite chair, c'est-à-dire Dieu devenu homme (Jean 1. 14). Nous croyons que Jésus est l'Agneau de Dieu immolé pour notre rédemption (Jean 1.29), et qu'il est ressuscité pour notre justification (Rom 4.25). C'est par la foi que nous nous réjouissons en Christ, l'espérance de notre glorification (Rom 8.17, 23-24).
Tout comme le pardon reçu par la grâce de Dieu (Eph 2.8-9), la foi aussi est un don de Dieu (Jean 6.44; 1 Cor 12.9). L'homme ne peut atteindre Dieu de lui-même (c'est la tour de Babel); Dieu vient atteindre l'homme (c'est Noël). Mais c'est par la foi, qui s'exprime par la confiance en Jésus-Christ et par l'obéissance à la parole de Dieu, que l'homme peut devenir le bénéficiaire du salut préparé par Dieu à son intention.

LES CAUSES DE L'INCRÉDULITÉ
Nous devons nous rendre à l'évidence: le christianisme est devenu, pour la grande masse, une religion sans foi. Comment cela est-il possible, vu que la foi est au coeur même du christianisme?
Les chrétiens du premier siècle ont dû faire face principalement à l'opposition extérieure. Les Juifs ne voulaient pas abandonner la loi, le principe du mérite que conférait son observation, au profit de la grâce conférée au croyant sur la base des seuls mérites du Fils de Dieu. Les païens ne voulaient pas abandonner leurs idoles, leurs superstitions et leurs pratiques, dont l'immoralité était condamnée par le christianisme. Plus tard, ce dernier fut ravagé par des luttes intestines provoquées par l'intrusion de philosophies pseudo-chrétiennes et la corruption du clergé, entre autres.
«Pendant huit années de guerre au Liban, dit le pasteur Eicher, nous avons assisté à l'augmentation du nombre d'idoles à travers toutes les régions chrétiennes; des vierges en plâtre et des saints en bois de différentes tailles sont partout adorés comme de véritables personnes. Quelle idolâtrie! C'est une des raisons pour lesquelles la paix n'est pas intervenue dans ce beau pays.
De nos jours, nous pouvons, sans prétendre à être exhaustifs, nommer trois causes principales de l'incrédulité qui balaye nos églises chrétiennes.

1. Manque d'un enseignement biblique fondamental
Dans beaucoup d'églises, il n'y a pas d'études bibliques systématiques pour jeunes et adultes, et souvent peu ou pas de réunions de prières.
Les grands réformateurs croyaient sans réserve en l'autorité finale des Écritures, guide divin en matière de foi et de discipline dans l'Église. Ils étaient entièrement convaincus que la Bible est la parole inspirée de Dieu. Ils défendaient tout ce qui s'y trouve et abandonnaient ce qui n'y est pas.
Nos pères aussi avaient une connaissance solide de la parole de Dieu et une foi ferme en sa vérité. Cela leur a permis de tenir contre les difficultés et les persécutions. Ils ne se joignaient pas aux incroyants et acceptaient de payer le prix de la séparation pour Dieu. Quelle est notre part aujourd'hui à la grande bataille de la foi?
Un jour, on demanda au pasteur Eicher de donner un cours biblique dans une classe terminale d'une école secondaire missionnaire pour garçons. Comme aucun cours spécifique n'avait été fixé, le pasteur Eicher proposa une série de leçons sur les doctrines chrétiennes de la Bible. On lui fit alors comprendre que cela ne s'enseignait pas à cette école, et on lui proposa un livre écrit par un théologien libéral. Monsieur Eicher refusa, persuadé que la négation des doctrines chrétiennes fondamentales conduit à une religion sans foi. C'est là une deuxième cause de l'incrédulité:

2. Le modernisme ou la théologie libérale
Cette école de pensée théologique ne considère pas la Bible comme inspirée par le Saint-Esprit, et quand elle professe de le faire, elle le fait avec tant de réserves que cela équivaut à une négation de l'inspiration sacrée des Écritures. Évidemment que la théologie libérale n'a que faire de l'analogie scripturaire, qui stipule que la Bible, ayant été écrite sous l'autorité d'un seul auteur, le Saint-Esprit, s'explique par elle-même et forme un tout cohérent. Pour cette théologie-là, la Bible contient toutes sortes d'erreurs, notamment des erreurs historiques, bien qu'aucun des faits historiques relatés dans la Bible n'ait jamais pu être prouvé faux.
Parmi les promoteurs de la théologie moderniste-libérale, il faut nommer Bultmann, les évêques Robinson et Oxnam, Fosdick, Buttrick, ainsi que Teilhard de Chardin et Henri Guillemin, bien que d'une trempe différente. On pourra mesurer le gouffre qui sépare les affirmations bibliques des énoncés de ces hommes, véritables traîtres de la foi, en lisant quelques brefs extraits de leurs écrits:
«Notre enseignement devient de l'idolâtrie s'il présente Jésus comme la seule manifestation de Dieu ou étant Dieu lui-même. Il y a beaucoup à faire pour enlever des prières, des hymnes et de certains livres pour enfants la manifestation de l'adoration de Jésus-Christ.» (Werner Fallow dans «Twentieth Century», p. 189)
«Marie, nous le savons, a été trouvé enceinte avant d'être engagée au doux Joseph. Nazareth était sous le règne d'une garnison romaine dont les soldats étaient mercenaires allemands. Jésus serait donc l'enfant d'un soldat allemand, selon la revendication nazie.» (Nells F.S. Ferré dans «Le soleil et l'ombrelle», p. 191) Ce blasphémateur moderne vint à Beyrouth donner une conférence aux étudiants de la «Near East School of Theology», nid de production de pasteurs libéraux au Moyen-Orient.
«Le Christ n'est pas vraiment venu pour mourir, mais pour dire et pour attester. Idée qui n'a pas encore fait son chemin et que l'Institution semble peu prête à accueillir. Subsiste là, pour d'innombrables esprits légitimement rétifs, l'impossibilité de croire à une rédemption-rachat. » – «Pendant des siècles, les catéchisés ont été dressés à souscrire sans problème à un scénario mis au point par Saint Paul... » (Henri Guillemin dans «L'affaire Jésus», 1982, p. 82 et 78)
Les fruits d'une telle aberration théologique sont «la mort de Dieu», l'idée qu'adorer Jésus constituerait une idolâtrie, la «démythologisation» des évangiles (qui ne relateraient pas des faits historiques, mais des légendes). Ces renégats de la foi reconnaissent Jésus seulement comme celui qui est venu sur terre pour aider les pauvres et les opprimés, pour lutter contre les injustices humaines, et qui est mort en martyr pour une juste cause, sans que sa mort ait le sens d'une expiation des péchés de l'humanité, comme tout le Nouveau Testament l'affirme pourtant avec une clarté éblouissante.

3. Idéologies matérialistes Les philosophies purement intellectuelles des penseurs pour lesquels seul le monde matériel existe conduisent au doute systématique (scepticisme) et à la négation de Dieu (athéisme).
Ces philosophies proclament la suprématie de l'homme, libre et indépendant de son entourage cosmique. L'homme est la mesure de tout. Sa sagesse ne se réfère plus à aucun point absolu en dehors de lui-même. C'est le propre de l'humanisme. Pourtant la Bible dit: La crainte de l'Éternel est le commencement de la sagesse (Ps 111. 10), et: L'insensé dit en son coeur: il n'y a point de Dieu (Ps 14. 1). L'apôtre Paul s'exclame: Où est le sage? *.. Dieu n'a-t-il pas convaincu (ou: frappé) de folie la sagesse du monde? (1 Cor 1.20)
Certaines organisations de tendance philosophique radicale, ainsi que p. ex. les dirigeants d'églises du COE (Conseil Oecuménique des Églises) ne s'intéressent qu'à l'homme et ses besoins temporels. Le COE a pour objectif de pourvoir aux besoins matériels de l'humanité, de réformer l'injustice sociale, d'éliminer le racisme et d'abolir l'impérialisme, et il ne craint pas de soutenir financièrement les organisations révolutionnaires qui veulent y arriver par la violence armée. Lors d'une conférence du COE à Paris, il a été dit: «La lutte révolutionnaire entre dans le processus qui conduit à l'établissement du royaume de Dieu... Nous reconnaissons le droit de chaque chrétien et de tous les hommes de prendre part à la révolution et même aux luttes armées». (Cité dans «Christianisme et révolution», Soepi, 4 avril 1968)

Encourager et soutenir des combattants armés, de quelque bord qu'ils soient, sachant qu'il s'en suivra mort, destruction et misère, est incompatible avec l'Évangile. Cette attitude est le résultat logique du désintéressement que manifeste le COE pour l'enseignement biblique, notamment la doctrine concernant la grâce salvatrice de Dieu, sans laquelle l'homme ne peut être libéré de l'emprise de Satan, grâce sans laquelle il n'y a pas de salut, même temporaire. C'est pourquoi on constate, au sein du COE, une nette tendance à adhérer à un christianisme sans foi, à un humanisme matérialiste et à un syncrétisme qui se veut tolérant, mais refuse de recevoir les délégués de nos frères persécutés dans les pays soviétiques, à cause de leur foi fondée sans compromis sur la Bible.
Les conséquences néfastes du libéralisme théologique dans les églises et leurs sphères d'influence se font sentir dans tous les domaines. Puisque l'Église, du moins dans son expression officielle, n'est plus le sel de la terre, sel qui devrait empêcher la corruption morale, une déchéance sans précédent se déverse sur notre monde par la télévision, la vidéo et les publications pornographiques. On ne se sent plus responsable de la vie de l'autre; on tue l'homme déjà dans le sein de sa mère, et cela légalement dans certains pays. Meurtres, suicides, viols, agressions, morts dues à la drogue, persécution des croyants par les régimes totalitaires, tout cela est aujourd'hui à l'ordre du jour. Et l'Église en porte une lourde responsabilité! La raison? Elle a quitté sa seule base légitime: l'acceptation inconditionnelle de l'autorité de la Bible dans toute question de foi et de comportement. Le libéralisme théologique tue la foi. C'est tellement évident que l'évangéliste roumain Josif Ton, qui a dû quitter son pays parce qu'il persistait à exercer son ministère chrétien dans la foi, a déclaré, il y a un an, à une conférence de presse en Californie: «Si le rideau de fer se levait subitement, les chrétiens de l'Europe de l'Est seraient menacés de deux maux: la pornographie et la théologie libérale». (Cité par «Le témoin», avril 1983)

MISSION DE L'ÉGLISE La lutte pour la foi, telle qu'elle se trouve définie par la Bible; la défense des principes de la Réforme; la protection de nos libertés religieuses; la prédication de l'Évangile à toute créature humaine: tout cela exige une entière consécration et soumission à la Parole de la part des hommes qui sont appelés à s'y vouer. De nos jours de grande apostasie, le besoin pressant de tous les croyants et de l'Église entière est un sens renouvelé de la sainteté de Dieu, de la justice de sa loi, de la grandeur de son amour envers les pécheurs repentants. Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle (Jean 3.16).
La grande mission de l'Église, ordonnée par le Seigneur Jésus, comprend trois aspects qui resteront les lignes directrices de la mission de l'Église jusqu'au retour de Christ, quand l'Église entrera dans un service plus élevé et plus glorieux. Examinons les trois aspects de la mission de l'Église:

1er aspect: Proclamer et prêcher l'Évangile
Quel est cet Évangile à proclamer? L'apôtre Paul en parle ainsi: Je m'étonne que vous vous détourniez si vite de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, pour passer à un autre évangile. Non pas qu'il y en ait un autre, mais il y a des gens qui vous troublent et veulent pervertir l'Évangile du Christ Mais si nous-mêmes, ou si un ange du ciel vous annonçait un évangile différent que celui que nous vous avons annoncé, qu'il soit anathème (= maudit) (Gal 1.6-8). Il n'y a rien à ajouter ou à enlever à l'Évangile qui nous est présenté dans la Bible, sous peine de tomber sous la malédiction de Dieu (2 Jean 8-10 Apoc 22.18-19).
L'Évangile affirme que l'homme est pécheur par nature, car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu et le salaire du péché, c'est la mort (Rom 3.23, 6.23). Or, l'Évangile de Jésus-Christ est la proclamation de la libération de la puissance du péché et de Satan, libération que Dieu offre à tous les hommes qui croient que Jésus-Christ a expié leur péché à la croix. La grande nouvelle de la grâce de Dieu, c'est que, par la foi en Christ, nous avons la rédemption par son sang, le pardon des péchés selon la richesse de sa grâce (Eph 1. 7).
Le christianisme n'est pas une religion parmi d'autres. Jésus-Christ ne peut être comparé à aucun autre chef religieux du passé ou du présent. La foi chrétienne est d'abord une personne, le Seigneur Jésus-Christ, qui doit être reçu comme Sauveur.
Ensuite, la foi chrétienne est un mode de vie qui sort les hommes des habitudes du péché et du désespoir qui s'en suit pour les mener dans l'espérance de la lumière en Christ (1 Pi 2.9).
Ce sont précisément ces affirmations claires et nettes que refusent de recevoir certains théologiens, tels que l'évêque Oxnam, qui écrit dans «Un testament de foi» (p. 46): «Est-ce que Dieu est un être qui règle les comptes des individus par quelque mort, et ce jusqu'au sacrifice d'un fils? Franchement, de telles doctrines ne m'aident pas... «Pourtant, ce sont justement ces doctrines-là qui ont aidé des millions de pécheurs à trouver grâce et libération, paix et joie auprès de Dieu. Les refuser équivaut à refuser l'Évangile tout court.

2e aspect: Faire des disciples
Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les... enseignez-les... (Mat 28.19). Cet ordre du Christ est à être exécuté en trois temps; il trace tout le programme du prosélytisme chrétien. Le prosélytisme est une activité commandée par le Seigneur, et ceux qui la regardent d'un mauvais oeil chez les autres font eux-mêmes du prosélytisme pour leur propre église. D'une part Jésus n'a pas dit: «Allez, faites des membres d'église», mais faites des disciples. D'autre part, tout disciple s'attachera naturellement à une église locale, dont il deviendra un membre actif. À son tour, il prêchera l'Évangile, promesse de vie pour ceux qui croient et déclaration de mort pour ceux qui ne veulent pas croire.
Dans ce sens, l'Évangile était déjà présent sous le régime de la loi, puisque Moïse a écrit: J'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives... pour aimer l'Éternel, ton Dieu, pour obéir à sa voix et pour t'attacher à lui: c'est lui qui est la vie .. (Deut 30.19-20). On croirait entendre l'exclamation de Jésus: Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra... (Jean 11.25). Pour «faire des disciples», il faut donc prêcher la Bonne Nouvelle du Fils éternel devenu homme, qui a souffert à la croix pour faire l'expiation des péchés du monde, qui est ressuscité, qui est monté au ciel, qui reviendra en gloire pour régner, et qui aujourd'hui appelle les hommes à la repentance et à la foi en Jésus-Christ, seul nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés (Act 4.12). Celui qui prêche l'Évangile sait qu'il n'y a de salut en aucun autre qu'en Jésus-Christ.
L'ordre de Jésus de baptiser les disciples doit être pratiqué dans ces termes mêmes. Le baptême est un acte extérieur scellant une réalité intérieure: le disciple s'est identifiée à la mort de Jésus à la croix (s'il restait dans l'eau, elle deviendrait son tombeau) et à la résurrection de Jésus après trois jours (il ressort de l'eau comme Jésus est ressorti du tombeau). En plus, le baptême est une confession de foi publique: le baptisé professe sa foi en la Trinité divine. Il engage sa conscience devant le Père, le Fils et le Saint-Esprit, comme le dit Pierre dans sa première épître:... le baptême ... est l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu (3.21).
Il est indéniable que si l'on veut vraiment s'en tenir aux paroles de Jésus et faire abstraction des traditions et coutumes ecclésiastiques extra-bibliques, on se fera des ennemis. Le pasteur Eicher en a fait l'expérience. «Les libéraux ne vous aiment pas», lui a fait remarquer une dame. Sa réponse fut: «Pour moi, Jésus-Christ et (la fidélité à) la Parole de Dieu sont au-dessus de toute considération».
Le troisième temps du prosélytisme est l'enseignement. Jésus a spécifié son ordre: Enseignez-leur (aux disciples) à garder tout ce que je vous ai prescrit.
Cette définition du contenu de l'enseignement exclut aussi bien l'adjonction de doctrines ou de pratiques ne se trouvant pas dans l'enseignement de Jésus, que l'omission de certains éléments de son enseignement (ainsi, à en croire certains, Jésus n'aurait prêché que la grâce et le pardon, mais pas le jugement et la condamnation).

La mission de l'Église comporte encore un 3e aspect: être témoins de Jésus-Christ
Vous recevrez une puissance, celle du Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins.. jusqu'aux extrémités de la terre (Act 1.8). À ne pas oublier que le mot témoin correspond au mot martyr du texte grec utilisé dans le Nouveau Testament. Être témoin comporte des risques. Jésus précise: Vous serez mes témoins. Qu'est-ce à dire? Relisons la définition que donne Jésus lui-même: Je suis le chemin, la vérité et la vie; nul ne vient au Père que par moi (Jean 14.6). Témoigner de Jésus-Christ équivaut à témoigner de la vérité. Nous n'avons pas à proclamer ou à défendre un système idéologique, mais une personne, le Seigneur Jésus-Christ. C'est là, je le rappelle, la différence entre le christianisme biblique et toutes les autres religions. Aucune de ces dernières ne mène à Dieu; Jésus-Christ en est le seul chemin. Aucune religion ne saurait communiquer la vie; Jésus-Christ étant la vie, lui seul peut la communiquer. C'est de Jésus-Christ et de ce qu'il est, que nous avons à être les témoins. Si le COE n'a sur aucun principe une affirmation claire à offrir, c'est que ceux qui dirigent ses groupes d'études sont toujours à la recherche de la vérité, alors que Jésus-Christ en est l'incarnation suprême et finale. Pouvons-nous dire avec l'apôtre Paul: Je sais en qui j'ai cru... (2 Tim 1. 12), au lieu de dire «en quoi j'ai cru.» Que les adhérents de l'idéologie matérialiste marxiste-léniniste proclament que, pour libérer les hommes (sous-entendu: les travailleurs), il faut se libérer de Dieu et de toute idée d'une vie après la mort (déclassés dans la catégorie des vieilles fables), on peut le comprendre. Mais il semblerait qu'une organisation telle que le COE devrait savoir que Jésus-Christ est la réponse à tous les problèmes de l'homme, qu'ils soient de nature sociale ou politique, morale ou spirituelle, temporelle ou éternelle.
 
Voici la conclusion par laquelle le pasteur Eicher termina sa conférence: «Nous avons un merveilleux héritage: le cadeau de l'amour de Dieu pour nous et la foi basée sur les affirmations de la Bible. De Jérusalem jusqu'au dernier point de la terre, des hommes et des femmes ont payé un grand prix par leur courage, leur consécration et leurs souffrances, afin que nous jouissions des bénédictions de Dieu par la foi. Levons-nous donc pour témoigner courageusement de la Parole de Dieu, et levons bien haut l'étendard de notre Seigneur Jésus-Christ sur le champ de bataille de la foi dans les pays d'où nous venons tous, jusqu'au jour où notre Seigneur, le juste juge, viendra pour nous prendre dans son royaume, nous tous qui aurons aimé son apparition (21 Tim 4.7-8). »
Conférence donnée par E.C. EICHER, pasteur au Liban (Adaptation: J.-P. Schneider)

© Promesses 1986 – 3 – 4 / No 77

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SÉDUCTION PSYCHOLOGIQUE – PEUT-ON CONCILIER FOI ET PSYCHOLOGIE?

Peut-on concilier foi et psychologie? La question, sans être nouvelle, est brûlante pour plus d'un chrétien. Et ce ne sont pas les réponses qui manquent. D'une absorption massive des techniques psychologiques à leur refus total en les assimilant au Malin, rien n'est fait pour dissiper la confusion.

L'ouvrage dont nous voulons parler a été sous-titré: L'échec de la psychologie moderne1* et renseigne d'emblée le lecteur quant à l'option proposée. Et pourtant... titre et sous-titre soulèvent une ambiguïté majeure: de quelle psychologie parle-t-on? Car il y a un monde entre le behaviorisme de Skinner et la psychanalyse de Freud, et ce monde est loin de présenter une homogénéité telle que l'on puisse parler de la psychologie. La préface ne résout rien en parlant de la «psychologie comme science sociale» (p.9), et seule la référence plusieurs fois répétée à la «psychologie populaire» (pp. 8, 99, 227) peut laisser penser que les critiques énoncées s'adressent à cette psychologie de magazine, vulgarisatrice et souvent simplificatrice, ou

encore à une certaine psychologie du succès prétendant offrir une technologie du bonheur. Si c'est le cas, alors les critiques portent parfois, sinon nous avouons ne pas comprendre.

L'ouvrage posant dès les premières pages que «la psychologie et le christianisme sont en fait deux fois religieuses rivales» (p. 7), nous avons tenté de rassembler les critiques les plus significatives (sans être forcément les plus fondées) adressées à l'encontre de la psychologie.

Tout d'abord, trois arguments curieux:

Premier argument: la psychologie est inefficace aux dires mêmes des psychologues (p. 30ss). Mais suffit-il que les témoins de Jéhovah critiquent le catholicisme pour montrer que le christianisme n'a rien à dire? Que Hans Eysenck, pionnier de la modification du comportement, critique vertement les tenants des théories intra-psychiques n'a rien d'étonnant. Que tous les psychologues ne puissent être simultanément dans le vrai, peu le contesteront. Car les psychologies ne sont que des modèles au sens scientifique du terme, basées sur un certain nombre d'hypothèses et de constats cliniques. L'approche est donc forcément limitée à certains aspects de la personne, et les conclusions seront différentes, parfois même opposées. De plus, l'homme étant ce qu'il est, les querelles de clochers ne sont pas rares... Mais peut-on, à partir de cette situation, tout balayer d'un revers de main? Et l'auteur de reconnaître, quand même à la fin du livre: Les lecteurs chrétiens doivent également faire preuve de discernement. Ils auraient tort de conclure que désormais la psychologie peut être ignorée sans dommages. Si vous cueillez soigneusement parmi les ronces, vous trouverez des mûres délicieuses pour vous récompenser (p. 267).

Deuxième argument: l'augmentation du nombre de psychologues va de pair avec l'augmentation des problèmes sociaux (p. 33ss). Dans la même veine, nous pourrions rajouter: l'augmentation du corps médical va de pair avec l'accroissement des maladies cardio-vasculaires, du cancer, du sida, etc... Peut-on de là conclure à l'échec de la médecine ou encore à «la séduction médicale»?

Même si l'auteur reconnaît partiellement que l'argument est fallacieux, pourquoi alors le citer?

Le troisième argument nous ramène les pieds sur terre: le bon sens, nous dit l'auteur, le bon sens nous dit que la psychologie se trompe (p. 35ss.) Mon bon sens reste pantois devant cette affirmation, si ce n'est pour regretter une erreur de traduction («jeux de rôle» pour «rôle à jouer»?) qui ne simplifie en rien la compréhension de l'exemple donné.

L'auteur ne poursuit heureusement pas dans cette direction. Certains des arguments qui suivent portent à réflexion, même si le développement qui leur est accordé ne convainc pas toujours. Un premier point abordé est l'absence de tout fondement aux affirmations de la psychologie comme «je suis digne», «j'ai de la valeur», etc (p. 47ss). Qu'est-ce qui permet de passer de tels voeux à la réalité? Ce n'est pas pour rien, croyons-nous, que plusieurs psychologues reprennent la définition de la foi donnée par le théologien américain Paul Tillich:

«Elle est l'acte d'accepter d'être accepté sans personne ni quelque chose qui accepte. Elle est la puissance de l'être qui accepte et donne le courage d'être». En poursuivant dans la même direction, W. K. Kilpatrick consacre un chapitre entier à ce qu'il appelle: «un raisonnement fondé sur des souhaits» (p. 53ss). Et ce qu'il observe fort justement de la psychologie marque ses limites, au delà desquelles elle ne peut que se taire. Car comme les sciences exactes, elle ne peut parler que du comment et non du pourquoi, et la question du sens de la vie, comme celle de Dieu, reste en dehors de sa portée. Mais ces limites, une fois reconnues, n'enlèvent rien aux découvertes des sciences sociales.

Cela ne semble pas clairement vu par l'auteur lorsqu'il écrit en parlant de «Erreurs de la psychologie sur l'amour»:

... Ces psychologues écrivent de manière persuasive sur le besoin de trouver un amour plus mûr basé sur le donner et le prendre, prêt à accepter le mauvais comme le bon. Ils reconnaissent l'élément tragique dans l'amour et ils soulignent l'engagement. Ce que l'on est contraint de rejeter dans leur travail, ce n'est pas ce qu'on y trouve mais plutôt ce qu'on n’y trouve pas. On y trouve une analyse et des conseils judicieux et une profonde compréhension à laquelle s'ajoute une meilleure relation. Mais si jamais votre mariage ne marchait pas, ils ne donnent aucune explication raisonnée pour que vous restiez ensemble. La question de savoir pourquoi vous voudriez persévérer à travers vents et marées ne se pose pas. On présume simplement pour quelque raison que vous le voulez (p. 259).

Mais, pardonnez-moi la trivialité de la comparaison, depuis quand un garagiste devrait-il fournir une destination et un itinéraire avec chaque voiture vendue? Il suppose – à tort ou à raison – que l'acheteur sait où aller, et sa fonction consiste à mettre à disposition un moyen de locomotion. De même le psychologue met à disposition un certain nombre d'outils de travail et de compréhension, et, s'il est honnête, son travail s'arrête là. Il n'a pas de sens à proposer ni d'itinéraire à conseiller, et le lui reprocher relève d'une confusion grave. Nous croyons, comme chrétien, que le sens de la vie n'est qu'en Jésus-Christ, plus précisément par sa mort et sa résurrection.

Alors le constat des limites de la psychologie ne saurait se muer en celui de son échec. C'est ce constat qui permet au contraire une approche sereine, ni craintive ou agressive, ni idolâtre. Nous avons la responsabilité, comme croyants, de rappeler qui est Seigneur et de lutter contre les messianismes psychologiques de toutes sortes – et ils existent, l'auteur le relève fort justement (p. 155) – qui proposent (plus précisément imposent) un sens à la vie que nous ne saurions accepter.

En abordant la question du péché et de la culpabilité au chapitre 6 (p. 87ss), l'auteur ne semble voir que deux alternatives, «à savoir que la tentation du praticien de la cure d'âme est une culpabilisation fausse et précipitée, alors que la tentation du thérapeute est une déculpabilisation tout aussi irréelle». Et à partir d'une étude insuffisante (si ce n'est inexistante) sur la repentance, le péché, la culpabilité, il n'apporte aucune lumière sur cette question centrale dans le débat qui nous occupe. Nous le regrettons.

Nous pourrions énoncer encore des réserves plus théologiques quant à la souffrance rédemptrice (p. 215: est-ce la mort de Christ ou sa souffrance qui est rédemptrice?); la sacralisation de la sexualité (p. 263) et l'abandon du moi (p. 275) où à nouveau les fondements et une définition claire de ce que l'auteur entend, font défaut.

Fallait-il traduire le chapitre intitulé: «L'esprit américain» dont le seul mérite est de placer «Séduction psychologique» dans son contexte (c'est-à-dire loin du nôtre)? Nous avons là les limites de la transposition d'un livre imprégné de sa culture, limites qui apparaissent encore clairement lorsque l'auteur parle de la «clarification des valeurs» inconnue dans nos pays francophones et dont la référence restera mystérieuse pour bien des lecteurs.

Ce qui nous a manqué le plus, en lisant cet ouvrage, c'est à la fois des fondements bibliques plus solides et une analyse plus pénétrante de ce qu'est la psychologie. Lorsque William Kirk Kilpatrick écrit: «... les chrétiens doivent faire attention de ne pas confondre leur foi avec les idées psychologiques et culturelles» (p. 203), nous répondons «oui, amen». Je ne suis cependant pas sûr que l'auteur ait réalisé ce qu'il énonce si clairement. Et quoi qu'en dise un critique au dos de l'ouvrage, nous n'avons pas retrouvé la lucidité et la finesse d'un C.S. Lewis que nous aimons lire (cf notre dernière recension dans Ichthus n° 135 ).

Nous conclurons par une remarque inspirée de l'apôtre Paul: «Examinez toutes choses, retenez ce qui est bon». Et manifestons dans nos vies que la liberté se trouve en et par Christ.

Bernard ANDRÉ

William Kirk Kilpatrick

© Ichthus 1986-6 (No 139)

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LA PATIENCE


Des exemples de patience Jacques 5:7-11

Si, dans un sens, nous devons vivre de l'avenir, c'est-à-dire, avancer vers notre but, nous ne sommes pas dépourvus d'encouragements qui nous poussent sur notre voie de la part du passé. C'est ici l'utilité concrète de l'histoire, à savoir, apprendre ses leçons et agir en conséquence. Nous pouvons faire travailler le passé pour l'avenir. Pour nous encourager, Jacques donne trois exemples de patience en action: le laboureur, les prophètes et le patriarche Job.


Le laboureur

«Voici le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu'à ce qu'il ait reçu les pluies de la première et de l'arrière-saison» (5:7). Il apprend la patience au travers de l'expérience continuelle de son incapacité à contrôler le cycle annuel du temps et par sa confiance dans le fait que la récolte mûrira à temps.

Les chrétiens devraient donc aussi être patients et s'affermir. Pourquoi? «Car l'avènement du Seigneur est proche» (5:8). Le mot «proche» ne donne pas de date mais souligne une réalité pratique. Nous ne devons pas interpréter les «proche» et «bientôt» de Dieu selon la mesure de nos comptes impatients. Avec lui, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour.

Dans la mesure où notre foi est forte, nous sommes en mesure de voir les choses comme Dieu les voit. Paul, par exemple, voyant les afflictions de la vie chrétienne selon la perspective éternelle, pouvait dire qu'elles étaient «du moment présent» (2 Cor. 4:17-18). Ce qui importe pour nous n'est pas la date à laquelle Jésus revient mais plutôt de savoir si nous sommes prêts à l'accueillir aujourd'hui!

En attendant, nous devons résister à la tentation d'impatience et de plainte qui, bien entendu, déborde inévitablement sur les autres et nourrit un climat de mécontentement et d'agitation parmi les chrétiens. Le rappel que «le juge est à la porte» (5: 9) reprend le thème eschatologique, de l'autre côté cette fois-ci. Si vous n'exercez pas en réalité la fidélité, vous n'êtes pas prêts à rencontrer le Seigneur. Mais il est proche, à la porte! Voulez-vous paraître devant lui comme devant le Juge qu'il sera pour les méchants?


Les prophètes

«Prenez, mes frères, pour modèles de souffrance et de patience les prophètes» (5: 10). Ils sont depuis longtemps devenus le synonyme d'un témoignage fidèle sous l'injustice de la persécution. Jésus exhortait ses disciples à se réjouir et à être dans l'allégresse quand ils affrontaient les insultes et la persécution, «parce que, dit-il, votre récompense sera grande dans les cieux; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous» (Mat. 5:12).

À l'opposé, la preuve de l'incrédulité des pharisiens et de leurs semblables se voyait dans le fait qu'ils étaient «des fils de ceux qui ont tué les prophètes» (Mat. 23:31; Actes 7:52). Il n'est pas fait mention d'un prophète en particulier, car tous les messagers de Dieu font cette expérience inévitable dans un monde incrédule qui se démène pour retenir «injustement la vérité captive» (Rom. 1: 18). Ce fut ce qui arriva souvent dans le passé à ceux «qui ont parlé au nom du Seigneur».

Jacques mentionne ce fait pour souligner que c'était précisément parce que ces gens parlaient au nom du Seigneur! Toutes sortes de gens souffrent et subissent des circonstances mauvaises dans le monde. Cela ne donne aucune indication sur la raison pour leurs malheurs et ne les assimile pas à des exemples de patience emplie de piété. Les prophètes, en revanche, étaient envoyés de Dieu et avaient la Parole divine pour message! Ils servent donc comme un bon exemple pour notre encouragement!

Comme Jean Calvin le remarque, ils étaient «agréables et approuvés par Dieu. S'il leur eût été possible d'être exempts des misères, il ne faut pas douter que Dieu ne les en eût exemptés. Or il ne l'a pas fait. Il s'ensuit donc que les afflictions sont salutaires aux fidèles. En ce sens il commande qu'on les prenne pour exemple d'affliction. Mais il faut que la patience y soit aussi jointe, qui est un vrai témoignage de notre obéissance. C'est pourquoi il les a mises ensemble.»

Le chrétien peut en conséquence tirer une consolation réelle de l'exemple des prophètes, surtout quand les difficultés se présentent sur sa route et qu'il est tenté de douter de l'amour de Dieu à son égard. Plus que les autres, les jeunes chrétiens ont parfois tendance à penser que le fait de devenir croyant en Christ bannira la plupart de leurs problèmes ou, tout au moins, que cela les rendra d'une certaine façon plus aisés à surmonter. La réalité consiste en ce que «tout arrive également à tous; même sort pour le juste et pour le méchant, pour celui qui est bon et pur et pour celui qui est impur» (Eccl. 9:2). Même s'Ils ne subissent pas la persécution parce qu'ils proclament la justice de Dieu à un monde hostile, les chrétiens connaîtront les mêmes sortes d'épreuves que les incroyants. La différence tient en ce qu'ils en font par la grâce de Dieu! Une patience emplie de piété et de persévérance est la pierre de touche, alors qu'une communion croissante avec le Seigneur et une joie toujours plus élevée dans son salut seront les fruits de l'affliction pour ceux qui se confient quotidiennement en Christ.


Le patriarche Job

«Voici, nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment» (5:11). Ceux qui tiennent dans l'adversité gagnent l'envie spirituelle de tous. De tous ceux qui ont souffert parmi le peuple du Seigneur et dont il est fait mention dans l'Écriture, aucun n'arrive à la hauteur de Job dans ce domaine. Sa patience était clairement proverbiale dans les temps anciens. Il s'agissait d'un homme qui vivait une vie normale, bien que plus riche que la plupart d'entre nous.

Puis un jour, une chaîne de calamités le dépouilla de tout son confort, de ses joies et des biens dont le Seigneur l'avait béni et pour lesquels il avait travaillé dur. Pour ce qui concerne les prophètes, on aurait pu se douter que l'opposition et la persécution seraient un résultat presque inévitable de la proclamation de la vérité de Dieu. À l'opposé, Job n'avait pas une vocation qui devait normalement attirer le feu de l'ennemi. Il était simplement un fermier qui réussissait et un homme pieux qui aimait le Seigneur.

Il attira le feu cependant, celui de l'enfer et de la malveillance vindicative de Satan! Job subit alors l'épreuve la plus sévère. Sa vie entière, famille, maison, biens, santé et paix d'esprit fut dévastée par la tragédie et la perte. Plus d'un homme aurait complètement craqué sous le poids d'une fraction seulement des calamités qui lui survinrent. Il est certain que lui-même n'était pas stoïcien ni fataliste. Il porta parfois des coups tout autour de lui. Il se plaignit à Dieu et de terribles agonies lui tenaillaient souvent l'esprit. Il posa toutes les questions que nous poserions dans de telles circonstances et bien plus encore.

Mais le coeur de son témoignage est sa patience proverbiale. Il persévéra et nous pouvons toujours voir dans les pages de l'Écriture «la fin que le Seigneur lui accorda». Job découvrit que le Seigneur a effectivement le dernier mot. Dieu mit un terme à ce que Satan commença. En résultat, pendant ses dernières armées, Job reçut de l'Éternel plus de bénédictions qu'il n'en avait reçu dans les premières» (Job 42:12). Dans ces difficultés, Job apprit ce que le psalmiste allait plus tard exprimer en rapport à sa propre expérience: «Il m'est bon d'être humilié, afin que j'apprenne tes statuts» (119:71). Jacques veut précisément que nous retirions cela de notre expérience de vie dans un monde qui va inévitablement susciter des épreuves et des tribulations qui vont tester la qualité de notre foi.

Gordon Keddie

Extrait de «Chrétien dans un monde actuel» (L'épitre de Jacques) Europresse

© La Bonne Nouvelle No 1 / 2000

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LA CEINTURE DE SÉCURITÉ

– Bonjour, Monsieur. Je constate que vous n'êtes pas attaché. Avez-vous une justification pour cela?

– Oh, désolé. Monsieur l'agent. Je suis vraiment désolé: j'ai complètement oublié de m'attacher.

– C'est dommage, malheureusement je vais quand même devoir verbaliser. Voulez-vous me montrer votre permis?

– Le voici.

– Merci. D'ici quelques semaines vous allez recevoir un avis officiel avec une amende de 200 F. dès lors vous aurez deux possibilités: ou bien vous payez l'amende ou bien vous faites appel auprès du procureur. Vous avez donc le choix.

– Il n'y a vraiment que deux possibilités, Monsieur l'agent?

– Effectivement.

– Pourtant, moi, je pense qu'il en existe encore une troisième.

– Ah? Et laquelle?

– La grâce.

– La grâce??

– Oui. Vous pourriez me dire: «Monsieur, vous avez roulé sans ceinture, vous êtes donc en infraction; mais au nom du gouvernement de notre pays je vous fais grâce. Vous partez libre et vous n'avez rien à payer. Tout ce que nous exigeons, c'est que vous promettiez d'être plus vigilant à l'avenir.

– Ah oui, ça sonne bien. Mais que devient la loi, si nous faisons grâce à tous les citoyens? La loi a tout de même sa raison d'être. Et elle dit clairement que celui qui l'enfreint doit être puni. Comment concilier l'exigence de la loi avec la grâce? Moi, je ne peux malheureusement pas vous accorder celle-ci.

– Là aussi il y a une solution, Monsieur l'agent. Il existe une procédure qui vous permet de m'accorder la grâce tout en satisfaisant la sévérité de la loi.

– Et quelle est-elle?

– S'il vous plaît, ne vous vexez pas, car ma solution ne va sans doute pas tellement vous plaire. Ma solution, c'est que vous, vous payiez l'amende à ma place! Alors les deux seront satisfaits. Vous me faites grâce et moi je peux partir libre de tout. Pourtant l'exigence de la loi est respectée, puisque l'amende est effectivement payée. Non, non, ne vous fâchez pas, car cette idée n'est pas de moi. L'idée de la grâce est une idée de Dieu. Par ses péchés tout homme mérite une condamnation éternelle. Mais Dieu a trouvé une issue. Quiconque a recours par la foi à cette solution, bénéficie de la grâce de Dieu et est renvoyé libre. Il n'est pas condamné, bien plus, il est même admis au ciel auprès de Dieu.

Et en même temps les saintes exigences de Dieu sont respectées, parce que le propre fils de Dieu, le Seigneur Jésus a supporté la peine de mes péchés. Celui qui dans la foi se saisit de l'oeuvre libératrice de Christ, est quitte de toute condamnation.

Vous voyez bien, ce n'est pas une idée à moi. Mais, bien sûr, j'en conviens: je suis entre vos mains, vous avez le droit de disposer de moi...

Très bien...


Extrait de W. J. OUWENEEL:

«Pour réfléchir sur le quotidien», CLV Traduit par J . -J . Streng


© La Bonne Nouvelle 5/94


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SA GRÂCE: LES UNS LA REÇOIVENT, LES AUTRES LA REPOUSSENT...


Évangile de Jean, chapitre 3, verset 22 à 36

Quand les incrédules s'élèvent contre la doctrine évangélique, ils ne sont pas tant irrités du salut de ceux qui croient que de la condamnation de ceux qui ne croient pas. Ne serait-ce pas parce qu’ils pressentent que cette condamnation pourrait bien se réaliser? S'ils la jugent impossible, pourquoi s’emporter contre elle? Il leur suffirait de la mépriser et de se taire. Mais non, ils y reviennent avec une espèce d’acharnement, sans qu'on leur en parle, sans nécessité, même quand on les entretient de toute autre chose. Qu'ils y songent: un proverbe populaire dit: «Il n’y a que la vérité qui blesse»; il pourrait bien se faire que cette parole fût ici applicable. Toutefois essayons de répondre plus directement.

Le fait est que, pour trouver la doctrine évangélique en défaut, ses adversaires la dénaturent. Ils lui font dire: les uns sont sauvés parce qu'ils croient; les autres sont condamnés parce qu'ils ne croient pas. Or ce n'est pas là ce que déclare l'Évangile. Il n'est pas dit que la colère de Dieu vient sur celui qui ne croit pas, mais qu'elle demeure sur lui. Dieu ne s'irrite donc pas contre l'homme parce qu'il refuse de croire, mais il reste irrité contre lui à cause de ses péchés. Avant que la foi fût présentée à cet homme, il était déjà pécheur et déjà condamné; son refus de croire n'y change donc rien, il reste pécheur et condamné. Ce qui serait vraiment étrange, ce serait que, parce qu'il a repoussé le Sauveur, son sort fût amélioré et qu'il fût sauvé à cause de son incrédulité! Une comparaison nous fera mieux comprendre.

D'innombrables malades viennent dans un vaste hôpital chercher la guérison des maux qu'ils se sont attirés par leurs débauches, leurs vices ou leurs crimes. Tous souffrent, tous appellent du secours Un habile médecin arrive, il apporte un remède infaillible et crie: «Quiconque boira cette eau sera guéri? quiconque la refusera restera souffrant et finalement mourra!» Quelques malades tendent la main, boivent à longs traits et retrouvent la santé. D'autres se moquent du docteur et refusent un remède qu'ils jugent trop simple pour être efficace, et ces hommes meurent, non de l'eau qu'ils n'ont pas bue, mais de la maladie qu'ils avaient déjà.

Qui pourra dire que leur mort est injuste et la reprocher au généreux médecin? Je dis plus: qui pourra faire un reproche de cette mort au Créateur qui avait donné la vie a ces malades? N'est-ce pas par leur faute qu'ils ont souffert et qu'ils sont morts? Ce Créateur leur devait-il quelque chose? En leur donnant les quelques années de vie qu'ils ont déjà goûtées, ne leur a-t-il pas accordé plus qu'il ne leur devait, lui qui ne leur devait rien? Et enfin, si quelqu'un prétendait encore qu'il est injuste que le Créateur laisse mourir d'une mort sans retour l'homme coupable d'une faute passagère, je répondrai: Je n'examine pas si c'est injuste; mais vous, convenez du fait: cela est, cela se voit tous les jours, et, quoi que vous puissiez dire, cela est, cela se voit. Or, il ne m’en faut pas davantage pour vous faire comprendre maintenant que le Dieu de l'Évangile peut bien et doit même, pour être le vrai Dieu, faire ce que fait le Dieu de la nature.

Ce monde est le vaste hôpital encombré, non de malades, mais de pécheurs qui tous, par le fait seul de leur désobéissance, ont encouru la condamnation et la mort. Que personne ne vienne à leur secours, et tous mourront sans qu'aucun puisse se plaindre avec raison. Mais Jésus arrive, entre dans ce grand réceptacle de souffrances morales et crie dans tous les rangs de la société. «Quiconque veut se confier en moi et jeter sur moi un seul regard ne mourra point; fût-il déjà expirant, il passera de la mort à la vie; si d'autres refusent mon secours, je ne veux, ni ne puis les contraindre; je ne viens pas les condamner, mais les laisse où ils sont déjà, sous la condamnation; ce n est pas moi, ce sont eux-mêmes qui le veulent ainsi. La colère de Dieu demeure donc sur eux».

Les uns tournent les yeux et les mains vers ce Sauveur, et revivent, les autres le raillent et meurent. Qui pourra se plaindre? Jésus les a-t-il fait mourir, ne se sont-ils pas deux fois suicidés, d'abord par leurs péchés, ensuite par le refus du pardon? Et maintenant dira t'on qu'il est injuste que le Dieu de l Évangile ait créé des êtres qui finalement devaient tomber sous sa colère? À cela nous n'avons qu'un mot à répondre: Le Dieu de l Évangile est le Dieu de la nature; il ne s’agit pas pour nous, faibles intelligences, d'examiner si la conduite du Créateur est juste, mais de nous assurer ce qu'elle est. Or, quoique vous puissiez dire, il est certain que Dieu laisse mourir des hommes à la fleur de l'âge, en laisse souffrir d’autres pendant de longues années; et si cela est, si cela se voit dans la nature, cela peut bien être et se voir dans l'Évangile; cette analogie d'action me montre, au contraire, que c'est bien le même Dieu.

Voilà l'Évangile: Dieu offre sa grâce à tous: les uns la reçoivent, les autres la repoussent; c'est à nous de voir si nous voulons la repousser ou la recevoir! C'est à nous de sonder notre coeur et de juger s'il est malade de péché et s'il a besoin de pardon; c'est à nous de voir si par nous-mêmes nous pouvons effacer nos fautes passées, et si par nos forces nous pouvons éviter le mal à l'avenir. Si nous sommes justes, comme le demande la conscience, et saints, comme l'exige la loi de Dieu, c'est à nous de nous lever, de le dire et de congédier le médecin Sauveur! Ah! malheureux disputeur que nous sommes, qui aimons mieux discourir sur nos plaies que de les voir guérir! Insensés qui souffrons en disant: Ce n'est rien, et qui expirerons bientôt de douleur en criant: Je me porte bien! Semblables à cet orgueilleux païen qui, la jambe rompue, laissait échapper cette parole:  «O douleur! tu ne m'obligeras jamais à dire que tu sois un mal». Nous, brisés par le péché, nous crions: J'aime mieux en souffrir que de l'avouer! Ne l'avouons donc pas, si bon nous semble, mais ne nous étonnons pas si la mort éternelle s'ensuit! Ou plutôt laissons là l'orgueil de la propre justice; sentons nos misères, laissons à Dieu le soin de composer, d'analyser et d'expliquer ses mystérieux remèdes; pour nous, acceptons-les de sa main. Ils sont bien simples et se réduisent à un: pauvres pécheurs souffrants, confiez-vous en l'amour et en la puissance de Jésus-Christ; celui qui croit au Fils a dès à présent et pour toujours une vie éternelle et bienheureuse!

Napoléon ROUSSEL

 © Source: Pompignane

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ABANDON COMPLET ET CONSÉCRATION Ont DIEU


Christian Röckle 1883 – 1966 (traduit de l'allemand)

Diffusion gratuite des Editions Philadelphie - Leonberg

 

Rien ne peut introduire la gloire de Dieu dans la vie de Ses enfants, aussi bien que leur abandon total au Seigneur. C'est le moyen par excellence pour obtenir tout ce que Dieu veut nous donner. C'est le chemin pour parvenir à la sanctification, à la guérison et au baptême de l'Esprit, pour recevoir la puissance de prêcher l'Évangile et pour imposer les mains aux malades, afin qu'ils guérissent.

La voie par laquelle le feu divin pénètre dans une âme passe par un abandon plus profond que nos paroles ne sauraient le dire. Ne vous contentez pas de la grâce qui vous a été faite, mais plongez-vous en Dieu. Si vous n'arrivez pas à la sanctification, si vous n'obtenez pas votre guérison ni votre baptême de l'Esprit, alors livrez-vous plus profondément à Dieu, jusqu'à parvenir à un abandon qui soit fondé sur le roc. Ces mots ne renferment rien que Dieu ne tienne à notre disposition ou qu'Il nous refuserait. Mais c'est à nous de le désirer sérieusement, de creuser jusqu'au fond, et d'obtenir un coeur parfaitement honnête aux yeux de Dieu. Il existe des hauteurs et des profondeurs de consécration que nous n'avons pas encore atteintes. Si vous cherchez la guérison pour votre corps, abaissez-vous devant votre Dieu et vous l'obtiendrez, dès qu'Il aura atteint son but en vous.

Peut-être a-t-on déjà prié pour vous? Cependant, si vous n'avez pas été guéri, c'est probablement parce que Dieu vous demande une consécration plus profonde. Demeurez dans la prière et luttez avec Dieu, comme vous le faites pour votre salut, votre sanctification et votre baptême de l'Esprit. Cette condition étant requise, vous obtiendrez votre guérison.

Ils sont nombreux ceux qui comptent sur les prières des autres. Mais si vous vous attendez à ce que d'autres luttent pour vous, vous n'atteindrez pas le but; c'est vous-mêmes qui devez persévérer dans la prière. J'ai lu ce témoignage: «Ma santé était ruinée. Je n'avais plus que la peau sur les os, lorsque Dieu, le Tout-Puissant, m'a guéri. Je n'ai pas recouvré la santé par une simple prière de la foi, mais après avoir déposé ma vie aux pieds de Jésus et Lui avoir livré jusqu'à la plus petite parcelle de force qui me restait. Lorsque j'avais tout consacré au Seigneur, la guérison pour mon corps souffrant et délabré est venue. Et je vais la conserver, car j'ai fait une alliance avec le Dieu Tout-Puissant: J'ai promis de Lui consacrer ma vie, s'Il me redonne la Santé» Nombreux sont ceux qui font de tels voeux, mais qui ensuite ne tiennent pas parole. Sachez que si vous faites une alliance avec Dieu pour Lui consacrer votre vie, il ne faut pas la rompre, sinon la maladie revient.

Il faut également passer par un abandon complet pour livrer son propre Moi à la mort. Bien que sauvés, sanctifiés et baptisés du Saint-Esprit, il vous reste encore une vie du Moi, la propre volonté, qui doit être réprimée, brisée et assujettie. C'est en ce sens que Paul écrit: «Je traite durement mon corps et je le tiens assujetti» (1 Cor. 9:27); «Chaque jour je suis exposé à la mort » (1 Cor. 15: 31). Si donc le grand apôtre Paul a dû assujettir son corps, à combien plus forte raison ne devrions-nous pas le faire également, et anéantir le propre Moi, afin de parvenir à la première résurrection! Notre âme sanctifiée, dont le propre Moi a été réellement livré à la mort, sera affranchie de la colère et de l'impatience. Il n'y aura plus d'irritation si tout ne va pas selon nos désirs. Nous ne rendrons plus la pareille à celui qui nous offense, mais nous dirons avec le crucifié: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font».

Cependant, même ceux qui ont pris leur décision pour une sanctification totale, et qui en ont déjà atteint un degré élevé, découvrent qu'ils ont encore une propre volonté, leur propre Moi. Pour l'empêcher de régner à nouveau, il doit être anéanti et tenu dans une soumission permanente, en sorte que Dieu puisse exercer, jour par jour, sa parfaite souveraineté dans leur vie. Telle est l'oeuvre que la grâce opère en profondeur; elle doit progresser tant que nous demeurons dans ce corps. Il est un abandon profond auquel ne parviennent que peu de chrétiens. Lorsque toutes les choses extérieures, amis, possessions, foyer et proches parents ont été remis au Seigneur, il reste à faire un abandon plus profond; Dieu attend de chacun qu'il le fasse. Sa profondeur est telle que les mots nous manquent pour l'exprimer. Il ne s'agit pas de nos familles, maisons et propriétés, car elles sont l'objet d'un abandon extérieur. Et même celui-ci, peu de chrétiens le réalisent. La preuve en est, que, si Dieu met la main sur ces choses, avant d'obtenir la victoire, ils doivent d'abord se vaincre eux-mêmes pour les Lui livrer. L'abandon total a lieu entre notre âme et notre Dieu. Il se fait dans la prière secrète, en tombant sur sa face devant le Seigneur, luttant avec Dieu, jusqu'à ce que nous soyons amenés à Lui livrer, sans réserve, le fond même de notre pensée et de nos désirs. Nous serons alors arrivés au point où nous ne souhaitons et ne demandons plus autre chose que de plaire et d'obéir au Seigneur.

Ainsi, nous sommes entièrement disponibles pour Dieu et séparés de tout ce qu'Il ne peut agréer. Les opinions humaines – les nôtres et celles d'autrui – ne nous influencent plus, car nous voulons vivre uniquement selon la volonté de notre Seigneur. Une pareille consécration est la voie pour obtenir la puissance. Toutes les fois que par la prière nous nous présentons devant le Seigneur, dans l'attente d'une effusion particulière sur une activité, ou d'une puissance particulière pour guérir les malades, il nous faut commencer par nous consacrer nous-mêmes à Dieu, prêts à accepter de porter tout fardeau – même le plus lourd – dont Il pourrait nous charger, si tel était son bon plaisir.

On objectera peut-être qu'il ne faut pas demander des épreuves difficiles qui, de toute façon, ne nous manqueront guère. Néanmoins, si nous venons à Dieu avec des requêtes particulières, prions-Le d'allumer dans notre vie le feu de l'épreuve. Nous recevrons le feu, mais également la bénédiction. Il permettra que notre âme connaisse la persécution et l'opposition. Laissons-les venir et soyons fermes. Dieu veut avoir un peuple qui ne craigne pas les épreuves – fussent-elles les plus dures – un peuple purifié, blanchi et éprouvé. Nous sommes appelés à souffrir avec Lui si nous voulons régner avec Lui. Dieu cherche des martyrs véritables, des hommes et des femmes qui sont décidés à rester fermes et à porter l'opprobre de l'Évangile. Jésus nous prépare pour que nous soyons en état de régner avec Lui dans la gloire. «Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu» – également les épreuves de la fournaise!

Dieu nous demande de renouveler nos consécrations en approfondissant celles que nous avons pu faire, il y a peut-être un an. Nous découvrirons qu'il nous faut à nouveau tomber à genoux pour consacrer plus profondément ce qui l'a déjà été précédemment. Dieu veut que nous nous détachions de toute chose, et que nous coupions tout lien qui pourrait nous retenir. Devant une épreuve difficile, tenons ferme et approfondissons notre consécration. Maintenons tout sur l'autel. Si nous désirons obtenir ce que Dieu a de meilleur pour nous, il faut y mettre le prix, Jésus a souffert avant d'être glorifié; nous devons prendre le même chemin que Lui. À moins de souffrir avec Lui, nous n'aurons point de part à Son Corps glorifié.

L'Écriture dit que l'épreuve de notre foi est plus précieuse que l'or périssable (1 Pi 1:7). L'or doit passer au creuset pour être fondu. La fournaise chauffe jusqu'au point où le fondeur y voit sa propre figure. En vous et en moi, Jésus-Christ allume un feu jusqu'au moment où, ses yeux abaissés sur nous, Il verra Sa stature. Ainsi, Il aura un peuple qui est purifié, blanchi et éprouvé. Job a dit: «Il sait néanmoins quelle voie j'ai suivie; et s'Il m'éprouvait, je sortirais pur comme l'or» (Job 23:10). Il sera également nécessaire que le ciseau nous soit appliqué, ça et là, tant que nous ne sommes pas en état de trouver notre place dans le Temple de la Nouvelle Jérusalem. Souvenons-nous que, «lorsqu'on bâtit le Temple, on se servit de pierres toutes taillées, et ni marteau ni hache, ni aucun instrument de fer ne furent entendus dans la maison pendant qu'on la construisait» (1 Rois 6:7). Jésus-Christ prépare les matériaux pour la Nouvelle Jérusalem qui descendra du ciel et, si nous voulons être des pierres vivantes dans le Saint Temple, nous devons d'abord nous soumettre au ciseau.

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