Article de Banner Ministries. Cet article peut être consulté en anglais à l'adresse suivante: http: //www.banner.org.uk/dev/outside.html Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu'elle soit intégrale. Nous
avons rédigé cet article en pensant à tous ceux qui ont pris
la décision, souvent difficile, de quitter leur église,
parce qu'ils avaient de bonnes raisons de le faire. Ils se
retrouvent plus ou moins isolés, mais restent fidèles à la
vérité.
Mise au point préalable importante: Cet article n'a pas été écrit pour encourager les Chrétiens à quitter leur église, si celle-ci marche dans la vérité, et si elle n'est pas engagée dans une séduction. Il n'a pas été écrit pour encourager les mécontents, ou ceux qui refusent de se plier à une discipline justifiée, à quitter leur église pour ces raisons. Il n'a pas été écrit pour défendre le point de vue d'une dénomination, ni d'un groupement organisé de cellules de maison, ni d'un quelconque système religieux. Il n'a pas été écrit pour être un «manuel pratique» sur la manière de faire fonctionner un petit groupe Chrétien, bien que je pense qu'un tel «manuel» peut être utile.
Presque chaque jour, je reçois un E-mail d'un Chrétien désespéré, qui me dit à peu près ceci: «Nous étions mal à l'aise dans notre église depuis quelque temps. Puis notre pasteur est allé à Pensacola, et il a commencé à prêcher toutes sortes de doctrines étranges. Les anciens nous ont réprimandé quand nous avons essayé de leur montrer qu'ils n'étaient plus en accord avec la Bible. Nous avons fini par quitter l'église. Certains membres de notre famille y sont restés, et nous avons été tristes de devoir les quitter. Nous sommes inquiets à leur sujet. À présent, nous n'arrivons pas à trouver une autre église à laquelle nous pourrions nous joindre. Toutes les églises de notre région ont accepté les manifestations de Toronto, ou des choses semblables. Nous ne savons que faire, ni où aller. Pouvez-vous nous aider?» Est-ce que cela vous rappelle quelque chose? Connaissez-vous des Chrétiens dans cette situation? Ici, en Angleterre, dans une petite réunion, l'orateur a demandé à ceux qui n'étaient pas actuellement dans une église traditionnelle de lever la main. Plus de 50 % des assistants ont levé la main. Dans tout notre pays, nous avons un très grand nombre de Chrétiens qui sont obligés de quitter des églises charismatiques ou pentecôtistes, et ils n'ont aucune autre église à laquelle ils peuvent se joindre.
Un déclin dans la fréquentation des églises. Un récent sondage national a montré que 71 % des Anglais croit en «dieu.» Mais deux tiers d'entre eux croient en un esprit ou un dieu impersonnel. 70 % croient en l'existence de l'âme. 58 % croient au Ciel. 68 % connaissent ou acceptent les Dix Commandements. Quand on leur a demandé s'ils fréquentaient une église, on a découvert que 40 % de la population n'entre jamais dans une église quelconque, pas même une seule fois par an! Moins de 8 % de la population fréquente assez régulièrement une église. Mais au cours de la seule année passée, près d'un quart d'entre eux ont cessé de la fréquenter! Il est certain que quelque chose ne va pas. Sans mettre toute la faute sur l'Église, pour expliquer cette désaffection, ce qui ne serait pas juste à mon avis, il faut pourtant dire que les églises traditionnelles ne répondent plus aux besoins. Il y a aussi eu un exode des églises charismatiques et pentecôtistes, mais pour des raisons différentes. Certes, les églises du Mouvement de la Restauration continuent à grossir leurs effectifs, mais elles attirent surtout des Chrétiens qui sortent des églises traditionnelles. Ceci pourrait être une bonne chose si cela traduisait un réveil spirituel authentique. Toutefois, depuis le début de ce que l'on a appelé la «bénédiction de Toronto,» en 1994, un nombre de plus en plus grand de Chrétiens ont quitté leur église parce qu'ils refusaient de s'engager dans des compromis. Certains sont expulsés de leur église, mais d'autres choisissent de partir d'eux-mêmes, parce qu'ils ne supportent plus la séduction, l'autorité abusive, et l'absence de respect pour les saines doctrines de la Bible. En outre, les besoins spirituels de ces Chrétiens ne sont plus satisfaits. Certains de ces exilés arrivent à trouver une autre église. Beaucoup n'en trouvent pas. Les charismatiques, en particulier, sont confrontés à des problèmes aigus pour trouver une nouvelle église. Ils sont «trop religieux» (c'est du moins ce qu'on leur dit) pour les églises de «réveil,», mais «pas assez religieux» pour les églises traditionnelles non-charismatiques. Ceux qui ont été habitués à des réunions informelles conduites par l'Esprit, et à l'exercice des dons spirituels, ne veulent pas retourner à des églises formelles et ritualistes, dont les réunions ne laissent aucune liberté à l'expression de leur amour pour Dieu. Mais ils veulent aussi éviter les excès des églises de «réveil.» Finalement, ils ne vont plus nulle part, et se retrouvent en famille et avec un ou deux autres Chrétiens qui sont en communion avec eux. C'est pour tous ceux-ci que j'écris cet article, car je suis moi-même de leur nombre.
La situation en Grande-Bretagne. À beaucoup d'égards, la situation des Chrétiens en Grande-Bretagne est pire que dans d'autres pays, et offre moins d'occasions de trouver une bonne église. Historiquement, les services religieux se sont toujours déroulés dans des dénominations traditionnelles très compassées et souvent mortes. Nous l'avons dit, celles-ci sont en déclin très sensible. Je crois qu'elles sont, au moins en partie, sous l'effet d'un jugement de Dieu, en raison d'un oecuménisme très engagé, des compromis dus aux activités communes entre dénominations, de l'acceptation de l'homosexualité et de l'influence des doctrines libérales, sans parler du «réveil,» du globalisme et des choses semblables. Sur le plan de l'histoire de l'Église, les dénominations pentecôtistes n'ont jamais eu un impact majeur sur la vie religieuse en Grande-Bretagne. Les communautés indépendantes étaient pratiquement inexistantes. Ce n'est qu'à partir des années 70 que l'on a vu se développer des églises indépendantes et des groupes de maison. Mais, au fil des ans, ces églises se sont placées sous la coupe du Mouvement de la Restauration, appelé encore Mouvement de la Pluie de l'Arrière-Saison. Dans l'ensemble, les Assemblées de Dieu et les assemblées pentecôtistes Elim ont succombé à l'influence de Toronto. Il est donc rare de trouver une communauté «pentecôtiste» solide et fondée sur la saine doctrine, bien que de telles assemblées existent. Ce que l'on voit donc le plus souvent ici, en Grande-Bretagne (et aussi, je peux l'observer, aux Etats-Unis), c'est une majorité impressionnante d'églises dans la mouvance de la Restauration, de Toronto ou de Pensacola, qui sont sur la voie de l'Église mondiale, et une minorité de Chrétiens de toutes les dénominations, fondés sur la Bible, qui maintiennent quelques contacts plus ou moins fréquents entre eux par lettre ou par téléphone, et qui se retrouvent occasionnellement dans des conférences proposées par une poignée d'orateurs dignes de confiance. La plupart de ces Chrétiens ne fréquentent pas d'église, mais se rencontrent en privé dans des petits groupes de maisons, ou restent simplement en famille. Ces Chrétiens ne sont absolument pas organisés. Ils regroupent des gens de tous les niveaux spirituels. Certains sont solidement établis sur le roc de leur foi. D'autres sont très fragiles, et sont dans l'ensemble très effrayés par le fait de se trouver «hors du camp.» J'ai pu glaner un certain nombre d'observations lors de mes rencontres avec ces Chrétiens dépossédés de leur église. Voici un résumé de ce qu'ils éprouvent en général:
Toutes ces questions, et bien d'autres encore, viennent à l'esprit de tous ceux qui ont pris la décision de quitter une église. Il y a bien d'autres questions que celles que je viens d'évoquer, et je ne me propose pas de répondre à toutes. Seul Dieu peut donner à un Chrétien la paix et la juste compréhension de ces choses. Toutefois, si je peux indiquer le chemin, ce sera avec joie que je le ferai. Beaucoup de ces questions trouveront une réponse déjà dans la communion fraternelle et les échanges avec ceux qui sont dans la même situation. La peine et la culpabilité sont diminuées quand on partage notre fardeau avec quelqu'un. Il y a, dans ce «petit reste,» comme nous l'appelons à présent, des gens qui ont un coeur de pasteur et qui sont capables de s'occuper de ceux qui sont plus faibles. Personne ne les a «ordonnés,», mais ils ont un appel de Dieu, et certains peuvent s'occuper efficacement des autres. C'est exactement comme cela que le Corps de Christ devrait fonctionner. Je crois que nous commençons à assister à un retour au modèle biblique de fonctionnement de l'Église. . Hors du camp. Il est de plus en plus évident que Dieu Lui-même engage Ses enfants bien-aimés sur une voie où ils vont apprendre un nouveau type de relations avec Lui et les uns avec les autres, au sein d'une Église informelle et sans structures traditionnelles. C'est ce que j'appelle une Église «hors du camp.»
La Bible dit: «Les corps des animaux, dont le sang est porté dans le sanctuaire par le souverain sacrificateur pour le péché, sont brûlés hors du camp. C'est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre. Car nous n'avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c'est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. Et n'oubliez pas la bienfaisance et la libéralité, car c'est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir. Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte; qu'il en soit ainsi, afin qu'ils le fassent avec joie, et non en gémissant, ce qui ne vous serait d'aucun avantage. Priez pour nous; car nous croyons avoir une bonne conscience, voulant en toutes choses nous bien conduire» (Hébreux 13: 11-18). Le fait d'être «hors du camp,» pour les Juifs, était une marque d'opprobre. On mettait hors du camp ceux qui étaient excommuniés ou impurs. C'était une place de malédiction, de punition. C'était là que l'on mettait les ordures, les excréments humains, et les cadavres (Lév. 13: 45-46 et 24: 14; Nombres 5: 2-3, 15: 33-35 et 31: 19; Deut. 23: 12-13). Comme le dit Paul, le monde nous considère comme des «balayures» et le «rebut de tous» (1 Cor. 4: 13). Il est peu probable que l'opinion du monde change d'ici au retour du Seigneur. Nous ferions donc bien de nous y habituer. Notre place est en compagnie de notre Seigneur crucifié, hors des portes de la citadelle de la religion conventionnelle. Certains considèrent cela comme un désastre. Mais ce n'est plus le cas pour moi. Je ne considère pas le fait de ne plus appartenir à une église traditionnelle comme quelque chose de destructeur. Je le considère au contraire comme une opportunité positive, comme le moyen de retrouver certaines des perles les plus précieuses des Écritures, qui étaient restées cachées depuis des siècles sous des couches de poussière historique! Je crois qu'il s'agit aussi d'une action de Dieu pour protéger Son peuple de l'erreur, et pour préserver une expression authentique de la foi, en un temps d'apostasie grandissante. Vous pourriez dire que c'est cela le vrai réveil auquel nous assistons!
Nous allons vers le Tabernacle, hors du camp. L'Exode relate un incident que je veux porter à votre attention. Pendant la longue absence de Moïse sur le Mont Sinaï, le peuple s'est fatigué d'un Dieu qu'il ne voyait pas, et voulait en avoir «plus, plus.» Il voulait sentir, voir et toucher son dieu, et expérimenter l'extase de l'adoration, comme en Égypte. Les rites religieux égyptiens finissaient souvent par des orgies sexuelles, avec consommation de drogues et usage intensif de tous les «délices» de la chair. Vous le savez sans doute, les Israélites ont fait don de tous leurs ornements et bijoux d'or, et ils ont fondu un veau d'or. Puis ils se sont éclaté! Quand Moïse est redescendu, il entendit le bruit que faisait le peuple, et pensa qu'il y avait une bataille. Imaginez les cris, les hurlements et les danses! C'était une «rêve partie» religieuse! (Exode 32: 17-18). En outre, ils étaient nus, ce qui indique clairement la nature de leur culte! (Exode 32: 25). Au fait, saviez-vous que ces Israélites ont eu aussi leur poudre d'or? Oui! Car Moïse «prit le veau qu'ils avaient fait, et le brûla au feu; il le réduisit en poudre, répandit cette poudre à la surface de l'eau, et fit boire les enfants d'Israël» (Exode 32: 20). Ils ont dû boire cette poudre d'or! Les partisans du «réveil» actuel feraient peut-être bien de se rappeler que la première mention de poudre d'or dans la Bible est associée au péché et au jugement de Dieu! La première chose que fit Moïse fut d'identifier tous ceux qui voulaient se dissocier de ce culte apostat. «Moïse se plaça à la porte du camp, et dit: à moi ceux qui sont pour l'Eternel! Et tous les enfants de Lévi s'assemblèrent auprès de lui» (verset 26). Il rassembla donc à l'extérieur ceux qui avaient refusé ce qui se passait, ceux qui constituaient le «reste,» ceux qui s'affligeaient de l'idolâtrie et de la débauche. Puis Dieu prononça un jugement contre les autres. Près de trois mille homme périrent à cause de ce péché. Le reste du peuple fut pendant un temps sous le nuage du courroux de Dieu. Dieu avait pourtant délivré les Israélites de l'Égypte. Il leur avait permis d'échapper à Pharaon, et avait pourvu à leurs besoins dans le désert. À présent, «l'Eternel dit à Moïse: C'est celui qui a péché contre moi que j'effacerai de mon livre» (verset 33). Comparez à Deut. 29: 18-20 et aussi à Apocalypse 3: 4-5: «Cependant tu as à Sardes quelques hommes qui n'ont pas souillé leurs vêtements; ils marcheront avec moi en vêtements blancs, parce qu'ils en sont dignes. Celui qui vaincra sera revêtu ainsi de vêtements blancs; je n'effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges.» Puis Dieu dit à Moïse: «Monte vers ce pays où coulent le lait et le miel. Mais je ne monterai point au milieu de toi, de peur que je ne te consume en chemin, car tu es un peuple au cou roide» (Exode 33: 3). Nous lisons ensuite que le Tabernacle de Sa présence fut dressé hors du camp! «Et l'Eternel dit à Moïse: Dis aux enfants d'Israël: Vous êtes un peuple au cou roide; si je montais un seul instant au milieu de toi, je te consumerais. Ôte maintenant tes ornements de dessus toi, et je verrai ce que je te ferai. Les enfants d'Israël se dépouillèrent de leurs ornements, en s'éloignant du mont Horeb. Moïse prit la tente et la dressa hors du camp, à quelque distance; il l'appela tente d'assignation; et tous ceux qui consultaient l'Eternel allaient vers la tente d'assignation, qui était hors du camp» (Exode 33: 5-7). Je cite l'excellent commentaire que fait Matthew Henry de ce verset: «Il s'agit d'une marque de mécontentement que Dieu leur manifeste, pour les humilier davantage: Moïse prit la tente d'assignation et la dressa hors du camp, à quelque distance (verset 7). Ceci leur signifiait qu'ils s'étaient eux-mêmes rendus indignes d'avoir la tente au milieu d'eux. Tant que la paix ne serait pas faite avec Dieu, la tente ne reviendrait pas au milieu d'eux. Dieu voulait ainsi leur faire savoir qu'Il était en désaccord avec eux. Le Seigneur ne S'approche pas des impies. C'est ainsi que la gloire de Dieu a fini par quitter le Temple, lorsqu'il a été souillé par des idoles (Ezéchiel 10: 4 et 11: 23). Quand Dieu enlève Sa tente, c'est le signe qu'Il est en colère. Car Ses ordonnances sont le fruit de Sa faveur, et des signes de Sa présence. Quand ces signes sont présents, nous avons aussi la présence du Seigneur. Bien que la tente ait été déplacée, tous ceux qui voulaient consulter le Seigneur étaient cependant accueillis avec bienveillance.»
Un principe général dans les Écritures. Si vous aimez la Parole de Dieu, vous devez savoir qu'elle établit un principe concernant le Temple et le peuple de Dieu. Dieu établit Sa présence au milieu de Son peuple. Mais quand la majorité de celui-ci se tourne vers l'adoration de faux dieux, Dieu Se retire du milieu d'eux, ne laissant qu'un reste méprisé et abandonné, souvent persécuté et obligé d'aller dans le désert, où il reste dans l'isolement, jusqu'à ce que Dieu le relève. Notez de quelle manière Matthew Henry mentionne le départ du Saint-Esprit du Temple de Jérusalem profané. C'était pourtant longtemps après l'histoire du veau d'or dans le désert. Mais l'idolâtrie avait encore obligé Dieu à quitter Son lieu d'habitation au milieu des hommes (Ezéchiel 10). Même alors, un reste est demeuré fidèle. Plus tard, le Saint-Esprit est venu demeurer dans un Temple qui n'était pas fait de main d'homme (d'abord Jésus, puis Son Corps), un Temple de pierres vivantes, composé du reste d'Israël, et des Gentils qui se sont convertis (Jean 2: 19-21; Marc 14: 58; 2 Cor. 6: 16). Nous voyons ce même principe s'appliquer aujourd'hui. Ne soyons donc pas trop surpris ni consterné par la tournure des événements. Méprisés et rejetés par les hommes. Ceux qui voulaient rester fidèles à la vérité, dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, constituaient en général une minorité méprisée. Quand Jésus a quitté cette terre, après trois ans de ministère public, Il a laissé derrière Lui un tout petit groupe de disciples, si petit qu'ils étaient considérés comme pratiquement inexistants. On les chassait de partout, on les excluait des synagogues. Leurs amis les méprisaient, leurs familles les rejetaient, et les mettaient même à mort pour avoir osé croire ce que Jésus leur annonçait. Malgré cela, on peut assister à la victoire de l'Évangile dans le monde entier. Dans nos pays occidentaux «christianisés,» où la majorité des habitants sont supposés être «Chrétiens» ou du moins fréquenter des églises, la fidélité est l'exception et non la règle. Il ne nous reste que peu de temps à vivre. Vous savez que la grande majorité des Israélites qui ont tenté d'atteindre la Terre promise n'y sont pas entrés. L'Écriture nous dit ceci: «Qui furent, en effet, ceux qui se révoltèrent après l'avoir entendue, sinon tous ceux qui étaient sortis d'Égypte sous la conduite de Moïse? Et contre qui Dieu fut-il irrité pendant quarante ans, sinon contre ceux qui péchaient, et dont les cadavres tombèrent dans le désert?» (Hébreux 3: 16-17). Le fait d'avoir été choisi, béni et conduit par le Seigneur n'est pas une garantie d'atteindre le but sans problèmes! Beaucoup d'églises et de dénominations ont été suscitées par le Seigneur. Cependant, nous voyons qu'elles sont aujourd'hui «tombées dans le désert.» Mais il nous faut poursuivre la route.
Ce qui est petit et insignifiant. Dans toute la Bible, nous voyons Dieu choisir de travailler avec ce qui est petit et insignifiant, ou avec des gens qui sont plutôt «marginaux.» C'est le berger David qui devint le plus grand Roi d'Israël. Joseph, l'un des petits derniers de la portée, rejeté par ses frères, est devenu un homme puissant, le second après Pharaon en Égypte. C'est lui qui a pu ensuite subvenir aux besoins de toute sa famille. Jonas est appelé prophète, en dépit de sa crainte et de sa désobéissance. L'armée de Gédéon fut réduite à un nombre si petit qu'il lui était impossible, à vue humaine, de remporter une grande victoire. Et les murailles d'une grande cité se sont écroulées aux cris d'un petit groupe de fidèles qui sonnaient de la trompette! Remarquez aussi combien de grands hommes de la Bible ont été contraints de passer du temps dans la solitude ou l'anonymat, pour que Dieu puisse les préparer et les faire grandir. Moïse n'a connu la grandeur qu'après avoir été un proscrit en Madian. Même le jeune David a dû s'enfuir de sa ville et a été contraint de vivre comme un sauvage, errant dans les déserts avec une petite troupe de partisans qui n'étaient pour la plupart que des canailles. Jésus Lui-même, tout de suite après Son baptême, au début de Son ministère, «fut emmené par l'Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable» (Matthieu 4: 1). Nous sommes donc en bonne compagnie! Pour revenir au premier passage que j'ai cité, il semble évident, par les exemples donnés dans toute la Bible, et surtout par celui de Jésus, qui a été «crucifié hors du camp,» que les Chrétiens authentiques sont souvent considérés comme des parias par le gros de la religion organisée. C'est ainsi que Jésus a été rejeté par Son propre peuple, les Juifs.
Culpabilité et crainte. Pour revenir plus précisément aux questions rappelées au début de cet article, je veux faire remarquer que le système religieux établi (qui inclut chez nous un grand nombre d'assemblées appartenant au Mouvement de la Restauration) prêche partout que c'est l'Église qui est la porte d'entrée dans le Royaume, et qu'il faut se placer sous l'autorité d'un conducteur d'église pour avoir un salut assuré! L'Eglise Catholique Romaine a poussé ce raisonnement à l'extrême. Elle considère en effet que tous ceux qui sont hors de son système sont des «frères séparés» qui ne peuvent pas entrer dans le Ciel. Elle utilise «l'excommunication» comme punition, croyant que tous ceux à qui l'on refuse le bénéfice des sacrements de Rome ne peuvent jamais être acceptables aux yeux du Seigneur. Ils fondent cette doctrine sur leur interprétation de Matthieu 16: 18-19, lorsque Pierre reçoit les clefs du Royaume. C'est pourquoi le Pape (le successeur supposé de Pierre) est considéré comme détenteur du pouvoir et de la responsabilité d'ouvrir ou de fermer les portes du Ciel. Même si cette attitude est poussée à l'extrême dans le Catholicisme, nous rencontrons le même type de raisonnement dans les églises Protestantes charismatiques. On le retrouve dans toutes les assemblées et sectes fortement autoritaires. La première fois que j'ai rencontré un homme qui appartenait à la Communauté Bugbrooke, mieux connue à présent sous l'appellation «Armée de Jésus,» nous avons échangé quelques remarques sur la colonne de feu qui reposait sur le camp de Dieu, et qui dirigeait le peuple dans le désert. J'utilisais le mot «camp» d'une manière générale, pour désigner la collectivité de tous les Chrétiens. Mais cet homme ne parlait que du seul camp sur lequel reposait le Saint-Esprit, c'est-à-dire de sa propre dénomination! Il m'a expliqué que son groupe était «son Père» (comme Dieu) pour lui, et que s'il quittait ce groupe, il n'appartiendrait plus au Royaume de Dieu. C'est sans doute ce que l'on enseignait aux membres de cette secte. Quand on enseigne dans un groupe que l'Église est sur le même plan que Dieu, et qu'elle est la porte du Royaume, cela encourage les dirigeants de ce groupe à menacer tous les dissidents de ce qui ressemble beaucoup à «l'excommunication» Catholique. Cela signifie qu'ils avertissent tous ceux qui s'opposent à leur domination que le fait de défier leur autorité, ou de quitter la communauté, revient en fait à défier Dieu Lui-même, et qu'ils sont déchus de la vraie foi! On dit à ceux qui quittent l'église qu'ils se mettent eux-mêmes en dehors de toute espérance de salut. Il est clair que cela suffit à effrayer certains et à les forcer à rester!
Jésus est la Porte. L'enseignement affirmant que l'Église est la porte du salut n'est pas conforme à la Bible. Car il oblige les gens à «appartenir» à une église pour être pleinement sauvés. C'est Jésus-Christ qui est la Porte (Jean 10: 9). C'est par Lui que nous entrons dans le salut et dans la vie éternelle. Nous devenons Ses disciples, et non les disciples des hommes. Si quelqu'un devait trouver le salut en Jésus-Christ dans un endroit où il n'y a ni pasteur ni église, il serait quand même vraiment sauvé. Selon la Bible, l'Église est l'assemblée de tous ceux qui ont été «appelés hors du monde.» L'Église constitue dans le monde entier le Corps vivant de tous ceux qui sont réellement convertis. Ils sont reliés les uns aux autres par des liens spirituels invisibles, et ils ont tous Jésus à leur Tête. Il n'y a qu'un seul Corps de Christ, même s'il existe de nombreuses expressions locales de ce Corps. Dès qu'un Chrétien considère que son église particulière est la seule véritable église, il n'est plus en accord avec ce que dit la Bible. Il est toujours tentant de proclamer que notre dénomination est la seule vraie. Mais nous devons accepter de voir qu'il y a, dans toutes les dénominations, des gens qui connaissent Jésus comme leur Sauveur. C'est pourquoi le Corps invisible de Christ est composé de personnes qui appartiennent à de nombreuses races, dénominations et traditions religieuses. Ceci étant compris, on est débarrassé de toute crainte d'être jugé par Dieu si l'on «ne va pas à l'église!» Cette question perd tout son sens. Quand les gens parlent «d'aller à l'église,» ils pensent en général au fait «d'aller dans un certain bâtiment, pour assister aux réunions organisées par une certaine dénomination.» Il est bon et utile d'appartenir à une église locale. Il faut même recommander de le faire, comme principe général de la vie chrétienne. Cependant, quand vous avez compris la différence entre le fait d'appartenir à l'Église Corps de Christ, et le fait d'assister à une réunion dans un bâtiment, vous comprenez que Dieu n'exige pas qu'un Chrétien se joigne à une assemblée locale pour être sauvé, surtout si ce qui s'y passe risque d'être nuisible à sa foi! Je n'ai jamais pu comprendre le raisonnement de ceux qui sont dans une église morte, ou dans une église «de réveil» qui s'est sérieusement écartée de la vérité de l'Écriture, et qui veulent y rester, juste pour pouvoir dire qu'ils «vont à l'église.» Comme si Dieu exigeait qu'ils passent une heure par semaine à marquer des points sur leur fiche de score religieuse! Si notre église n'est pas authentique, spirituelle, et attachée à la vérité de la Bible, et si les membres de cette église ne connaissent pas réellement le Seigneur, que peut donc signifier pour nous le mot «église»? Dieu ne nous demande pas non plus de nous placer sous l'autorité d'un homme qui n'a jamais été appelé par Dieu, qui s'est élevé lui-même à une position d'autorité, sans aucune considération pour les autres, simplement par amour du pouvoir ou de l'argent, et qui prêche régulièrement des erreurs! Pourtant, certains Chrétiens se forcent à s'asseoir aux pieds de tels hommes, en croyant que s'ils ne sont pas «couverts» par une autorité quelconque, ils sont hors de la volonté de Dieu. C'est de la folie! Je crois que si l'on agit de cette manière, cela ne peut être causé que par la crainte et des menaces. Si vous parlez à ces Chrétiens, vous voyez qu'ils savent que leur foi est en train de souffrir. Ils savent qu'on les nourrit avec du poison! Mais, semaine après semaine, ils vont tranquillement et patiemment se soumettre à de tels hommes, simplement parce qu'ils ont peur de «ne plus aller à l'église.» Je connais une jeune femme qui est vraiment appelée par Dieu, et qui a une merveilleuse compréhension des Écritures. Elle est active dans le Corps de Christ dans de nombreux domaines. Pourtant, malgré tout cela, elle vient chaque dimanche se mettre sous l'autorité d'un pasteur dominateur qui enseigne toutes sortes d'erreurs. Cette pauvre femme doit écouter ces enseignements anti-bibliques, et supporter de nombreuses pratiques blessantes dans son église. Elle admet volontiers que ces choses sont parfaitement abusives. Pourtant, quand on l'interroge à ce sujet, elle refuse de quitter cette église par crainte de ne plus être «couverte» spirituellement. Comme c'est triste!
Questions pratiques. Que dit la Bible sur la «vie d'église,» et sur le rassemblement des Chrétiens? Comment peuvent-ils obéir au Seigneur dans ce domaine? Notez bien que je n'encourage en aucune façon les Chrétiens à ne pas se réunir, ni à abandonner le recours biblique à des anciens. Je ne veux qu'insister sur une interprétation correcte de ces choses, afin d'éviter que des Chrétiens soient contraints de rester dans un système qui leur est nuisible. Dieu a-t-Il ordonné dans Sa Parole qu'une réunion doive se dérouler dans un certain ordre? Dieu nous a-t-Il montré ce que nous devons faire dans une réunion «d'église»? La Bible nous ordonne-t-elle de nous réunir une fois par semaine dans un certain local? Cela peut vous surprendre, mais la réponse à toutes ces questions est clairement: «Non!» La Bible (comme l'examen de la vie de l'Église primitive) peut nous montrer ce que nous devons faire pour entretenir la santé spirituelle des Chrétiens, mais elle ne donne aucune instruction sur la manière de conduire une réunion, ni sur la manière «d'organiser» une église.
Distinguer les commandements des traditions. Il est bon de rappeler ici un principe de la vie chrétienne: nous devons obéir aux commandements de Dieu, mais nous sommes libres d'observer ou non les traditions et les coutumes! Dieu nous a ordonné dans la Bible d'obéir à certaines choses nécessaires à notre vie chrétienne. Mais, tout au long de l'histoire, les hommes ont ajouté leurs propres interprétations et traditions, qui ne sont pas obligatoires. Nous ne devons donc pas accepter de nous laisser condamner pour ne pas observer les traditions des hommes. Et nous ne devons pas croire que nous désobéissons à Dieu, lorsque nous ne faisons que nous opposer à des hommes. Vous devez savoir que le Nouveau Testament ne dit rien quant à la nature des «réunions hebdomadaires,» telles que nous les connaissons aujourd'hui. L'histoire de l'Église n'en parle pas jusqu'au troisième siècle! À cette époque, vous le savez, l'Empereur Constantin a légitimé le Christianisme. C'est alors que l'on a commencé à construire des édifices publics pour les services religieux.
La vie chrétienne selon la Bible. Que dit donc la Bible en ce qui concerne les relations entre Chrétiens et le culte à rendre à Dieu? On peut dire simplement que la Bible insiste sur la nécessité d'entretenir des relations personnelles proches et étroites. Les Chrétiens ne peuvent ni se connaître, ni s'aider, ni s'aimer dans le cadre de grandes réunions publiques. La Bible nous demande de laisser le Saint-Esprit nous conduire et nous guider en toutes choses, y compris quand nous nous réunissons pour rendre un culte à Dieu (Jean 4: 24). Une telle spontanéité est complètement exclue, lorsqu'une réunion «d'église» est organisée jusque dans le moindre détail. Si l'on veut permettre au Saint-Esprit de tout diriger dans une grande assemblée, cela conduit souvent au désordre, alors que cela est bien plus réalisable dans un petit groupe intime. Cela devrait nous suffire à comprendre de quelle manière un culte biblique devrait se dérouler. Dans la Bible, le fait d'aller chaque semaine dans un bâtiment pour assister à une réunion publique est l'exception et non la règle! Noé, Abraham, Job, ni aucun autre saint de l'Ancien Testament, ne savaient ce que signifiait «aller à l'église.» Pourtant, ils avaient une riche et réelle expérience de Dieu. Même lorsqu'un Tabernacle fut dressé, pour adorer Dieu d'une manière plus formelle, Dieu n'a pas organisé les réunions d'une manière rigide et formaliste. Dieu habitait au milieu de Son peuple et le dirigeait. Le Tabernacle n'était que le modèle du Temple à venir, celui qui n'a pas été construit de main d'homme. Plus tard, lorsque le peuple fut établi en un certain endroit, Dieu leur a permis de construire une structure fixe, le Temple de Salomon. Toutefois, ce Temple n'était pas l'accomplissement final de la promesse de Dieu concernant Son habitation au milieu des hommes. Cela n'était que l'ombre des choses à venir. La Bible nous montre que Dieu attendait de manifester Sa demeure spirituelle, d'abord en la personne de Jésus-Christ, puis en Son Corps, composé de pierres vivantes (2 Samuel 7: 12-13). Tout cela était l'Ancienne Alliance, l'ombre de la réalité future, avec des «ordonnances relatives au culte,» et un «sanctuaire terrestre» (Hébreux 9: 1). Le Nouveau Testament nous confirme que la seule véritable Maison de Dieu aujourd'hui est le Temple invisible et vivant du Corps de Christ (1 Pierre 2: 5). C'est cela que Dieu a toujours voulu accomplir au milieu de Son peuple, car «le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s'y trouve, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite point dans des temples faits de main d'homme» (Actes 17: 24). «Mais le Très-Haut n'habite pas dans ce qui est fait de main d'homme, comme dit le prophète: Le ciel est mon trône, et la terre mon marchepied. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, ou quel sera le lieu de mon repos?» (Actes 7: 48-49). Même s'il disposait d'un bâtiment, le peuple de Dieu, dans l'Ancien Testament, n'allait pas «à l'église, car il n'y avait qu'un seul Temple, celui de Jérusalem. Ceux qui vivaient hors de Jérusalem n'avaient, la plupart du temps, que leur maison et leur famille pour accomplir certains rites religieux. Les Juifs devaient respecter le Sabbat. Mais, pour eux, cela ne signifiait pas qu'ils devaient se rendre en un certain lieu public pour participer à un service religieux. Dans Néhémie 13: 15-22, nous voyons que le respect du Sabbat consistait avant tout à s'abstenir de travailler et de voyager, et non à se rendre à un culte public. En fait, à cause des restrictions du Sabbat, les Juifs n'auraient même pas pu, en général, faire le déplacement nécessaire pour se rendre à un lieu de culte! Néhémie, dans le passage cité, reproche au peuple leurs nombreuses violations du Sabbat, mais il ne mentionne jamais la violation de l'obligation de se rendre à un lieu de culte!
Les synagogues. Plus tard, les Juifs construisirent des synagogues locales pour accueillir des services religieux publics. Est-ce à cette époque que l'on a demandé au peuple de Dieu de se réunir régulièrement? Il est certain que des synagogues ont été établies, mais les Écritures n'ont rien ordonné à ce sujet. Lorsque le temple fut profané par l'idolâtrie, puis détruit, que le peuple fut dispersé et que l'Esprit de Dieu fut parti, les exilés ont durement ressenti la cessation des rites et des Fêtes. Ils ont donc construit des «mini temples» partout où ils se trouvaient, et ils prirent l'habitude se s'y réunir. Mais ces bâtiments n'avaient ni Arche de l'alliance, ni Lieu Très Saint, ni Présence de Dieu au milieu des chérubins! Les synagogues furent des lieux de prière et d'enseignement. Mais elles ne purent jamais ramener Israël au culte spirituel véritable que Dieu avait prévu dans le Temple! Les synagogues ont donc été utiles pour préserver l'enseignement de la Parole de Dieu et pour administrer la communauté Juive. Mais c'étaient des coquilles vides, qui n'étaient aucunement l'expression biblique de la vie spirituelle des enfants de Dieu. Comme beaucoup d'autres bâtiments religieux aujourd'hui, les synagogues ont «une apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force» (2 Tim. 3: 5). Ceci explique pourquoi les Juifs qui avaient accepté Jésus pour leur Messie ont fini par être expulsés de leurs synagogues. Ces deux expressions de la foi étaient trop divergentes pour pouvoir continuer à coexister. Si certains Juifs convertis à Christ ont continué à fréquenter la synagogue, ce fut uniquement pour un besoin pratique d'évangélisation. Ils allaient là où les Juifs se réunissaient pour pouvoir leur annoncer l'Évangile! (Actes 13: 14-16, 14: 1 et 18: 4).
Le Nouveau Testament ne mentionne aucun bâtiment. À l'époque du Nouveau Testament, aucun bâtiment n'a jamais été consacré à un «culte chrétien.» Ceci est un fait, qui surprend beaucoup de gens. Les Chrétiens ont été de plus en plus persécutés, et ont fini par se réunir dans des maisons, c'est-à-dire dans leurs propres maisons. Ils en faisaient un devoir d'hospitalité. «Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de coeur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui étaient sauvés» (Actes 2: 46-47). Notez l'utilisation du mot «Église» dans le verset ci-dessus. Il concerne la communauté des croyants, et non une maison ni un bâtiment! Nous le voyons aussi dans le verset suivant, qui identifie l'Église avec les «saints,» c'est-à-dire les Chrétiens: «A l'Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés en Jésus-Christ, appelés à être saints, et à tous ceux qui invoquent en quelque lieu que ce soit le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre» (1 Cor. 1: 2). Je le répète, il n'y a dans le Nouveau Testament aucune mention de l'existence de bâtiments réservés à des réunions chrétiennes régulières, ni même l'existence d'imposantes assemblées. Il est vrai que les Chrétiens se réunissaient parfois en nombre important. Mais ils se réunissaient la plupart du temps de manière informelle, en petits groupes de maisons. «Saluez les frères qui sont à Laodicée, et Nymphas, et l'Église qui est dans sa maison» (Col. 4: 15). «Les Églises d'Asie vous saluent. Aquilas et Priscille, avec l'Église qui est dans leur maison, vous saluent beaucoup dans le Seigneur» (1 Cor. 16: 19). Dieu est en train de restaurer ce modèle aujourd'hui. Les Chrétiens recommencent à se réunir en petits groupes de maison informels, de manière plus ou moins régulière. Mais il leur arrive aussi de se réunir en groupes plus importants, pour des conférences ou des réunions à un niveau régional. En réalité, le système des réunions publiques régulières, dans un bâtiment spécialement conçu à cet effet, a été copié sur le Judaïsme, avec adjonction de nombreuses pratiques païennes (comme l'estrade ou «autel des sacrifices»), mais la Parole de Dieu ne dit pratiquement rien de ces choses. Elles ont été instituées par les hommes. Ce sont des traditions des hommes et non des commandements de Dieu! Je ne dis pas que ces choses n'ont aucune utilité, ni que les Chrétiens ne puissent pas en faire quelque bon usage. Il est certain que Dieu agit au milieu des Chrétiens partout où Il est honoré d'un coeur sincère. Mais il reste aussi certain que nous ne devons pas nous laisser lier par ces traditions humaines, dans tout ce qui touche au culte que nous devons rendre au Seigneur.
L'Écriture nous ordonne-t-elle de nous réunir chaque semaine? Que dire de la pratique qui consiste à se réunir tous les dimanches, ou pendant la semaine? La Bible l'exige-t-elle? Offensons-nous le Seigneur si nous manquons un culte du dimanche matin? La Bible ne dit pratiquement rien sur les jours de réunion des Chrétiens. Je pense qu'ils devaient se réunir quand cela leur convenait, et là où ils se sentaient en sécurité. Je crois aussi qu'ils avaient été libérés de la crainte de ne pas «observer» un jour particulier «mis à part» pour le culte. Ils recherchaient plutôt à aimer, servir et adorer Dieu continuellement et à toute occasion. «Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d'une fête, d'une nouvelle lune, ou des sabbats: c'était l'ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ» (Col. 2: 16-17). «Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la parole» (Actes 6: 4). «Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c'est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom» (Héb. 13: 15). Aux premiers temps de l'Église, à Jérusalem, où les premiers Chrétiens venaient de sortir du Judaïsme, on a continué sans aucun doute à observer le Sabbat. Mais il ne s'agissait pas d'une loi de Dieu imposée à l'Église. Les Chrétiens mêlaient sans problème la tradition avec l'ordre biblique de se réunir. Il n'y avait pas de disputes entre eux à ce sujet. Le fait de continuer à fréquenter des Juifs dans les synagogues a certainement donné aux premiers Chrétiens l'occasion de parler de Jésus à leurs amis. Plus tard, cela devint impossible. Cependant, rien ne leur imposait de fréquenter régulièrement la synagogue. Paul se sentait parfaitement libre d'aller ou non dans une synagogue, selon les occasions qui se présentaient. Dans Galates 4: 9-10, il réprimande ceux qui continuent à s'attacher «à ces faibles et pauvres rudiments,» auxquels de nouveau ils veulent s'asservir encore, ainsi que ceux qui continuent «à observer les jours, les mois, les temps et les années!» (Galates 4: 9-10). Ces «faibles et pauvres rudiments» sont pour Paul des traditions religieuses sans puissance, qui ne peuvent nous faire aucun bien.
Et le dimanche? Il nous est difficile de comprendre qu'au début de l'Église, le dimanche n'était nullement un jour de repos, ni un jour consacré à des activités religieuses. Le monde païen ne connaissait pas le repos hebdomadaire. Il ne connaissait que les jours consacrés aux fêtes païennes. Dimanche, étymologiquement, était «le jour du soleil.» C'était un jour comme les autres. On prétend souvent que les premiers Chrétiens se réunissaient le «premier jour de la semaine,» c'est-à-dire le dimanche. Pour les Juifs, le dimanche était le premier jour de travail de la semaine, comme notre lundi actuel. Dans Actes 2: 1, le jour de la Pentecôte, nous voyons les Chrétiens réunis en un seul lieu pour louer le Seigneur. Il s'agissait bien d'un dimanche, mais uniquement parce que la Fête de la Pentecôte tombait un dimanche. Actes 20: 7 mentionne aussi le premier jour de la semaine, mais sans mentionner qu'il s'agit d'une réunion régulière ce jour-là. Dans 1 Cor. 16: 1-2, Paul conseille aux Chrétiens de mettre à part une certaine somme d'argent «le premier jour de la semaine.» Il s'agit là simplement d'une mesure pratique. Dans tout le Nouveau Testament, aucune référence précise ne nous aide à décider quel jour les Chrétiens doivent se réunir pour leur culte! La seule référence au «jour du Seigneur,» dans Apocalypse 1: 10, semble se rapporter au «Jour» eschatologique du Seigneur, et non au dimanche.
Le tombeau vide. Pour justifier le fait que les Chrétiens doivent se réunir le dimanche, on invoque souvent le fait que c'était le jour de la résurrection de Jésus. Cependant, les disciples et ceux qui se sont rendus au tombeau de Christ ont fait une expérience différente. Quand les femmes sont allées au tombeau après la fin du Sabbat, elles s'y sont rendues de très bonne heure, avant l'aube. Quand elles sont arrivées, elles ont constaté que le Seigneur était déjà ressuscité. Le tombeau était vide (Matthieu 28: 1-6 et Marc 16: 1-6). Pour un certain nombre de raisons trop longues à développer ici, je crois que Jésus est ressuscité peu après le coucher du soleil, le samedi soir, et pas au lever du soleil le lendemain matin. Les premiers Chrétiens ne considéraient donc nullement que le dimanche comportait un caractère sacré particulier. La discussion est toutefois ouverte pour savoir si les premiers Chrétiens considéraient tel jour de la semaine comme particulièrement spécial ou sacré, ou réservé au culte. L'histoire nous prouve que le dimanche n'est devenu un jour de culte «chrétien,» légalisé, qu'au cours du quatrième siècle après Jésus-Christ. Nous savons que ce jour a été choisi en grande partie pour honorer le «dieu-soleil.» Ce choix n'a certainement pas été motivé par des raisons bibliques. C'est un fait historique que le dimanche n'est devenu un «jour sacré» qu'au moment où l'Église s'était écartée de sa pureté originelle, et avait commencé à glisser sur la pente descendante du ritualisme.
«N'abandonnez pas vos assemblées.» Le verset le plus souvent utilisé pour condamner ceux qui ont choisi de se réunir «hors du camp» est le suivant: «N'abandonnons pas notre assemblée, comme c'est la coutume de quelques-uns; mais exhortons-nous réciproquement, et cela d'autant plus que vous voyez s'approcher le jour» (Hébreux 10: 25). Ce verset semble nous commander de nous réunir régulièrement «à l'église.» Mais étudions-le de plus près. Le texte grec dit exactement: «N'abandonnons pas le fait de nous réunir.» Ce verset nous montre donc que les premiers Chrétiens se réunissaient. En revanche, il ne nous indique absolument pas:
Pourquoi donc invoquer ce verset pour en faire un commandement «d'aller à l'église»? Ce mot n'indique rien d'autre que le fait de se réunir. Il ne parle pas du fait d'aller dans une église le dimanche matin! Il est certain que nous devons nous réunir avec d'autres Chrétiens. Et je crois que ceux qui font partie du «reste» désirent obéir à ce verset de l'Écriture. Pourquoi donc recherchent-ils aussi désespérément la communion fraternelle? S'il était vrai que ceux qui appartiennent au «reste,» à l'Église «hors du camp,» voulaient désobéir au Seigneur et refuser de se réunir, ils se contenteraient de jouer à des jeux vidéo ou d'aller à la plage, au lieu de désirer désespérément la communion fraternelle! Je crois au contraire que ce sont ces Chrétiens qui désirent le plus se réunir! Non, ce n'est pas le désir qui leur manque, mais l'occasion, la plupart du temps. Est-ce que «le fait de se rassembler» implique le choix d'un jour régulier dans la semaine? Est-ce que le fait de manquer l'une de ces réunions signifie que l'on est en train de «rétrograder»? Dans 1 Cor. 14: 23, Paul dit: «Si donc, dans une assemblée de l'Église entière.» Il dit «si» et non «quand». Je crois que l'emploi de ce terme par Paul indique que ces rassemblements de «l'Église entière» n'étaient pas nécessairement les rassemblements les plus fréquents. Quoi qu'il en soit, la Bible ne nous commande pas de «nous réunir» un jour spécial, ni même régulièrement. Nous devons simplement rester en contact étroit avec les autres Chrétiens véritables (même si nous ne sommes que deux ou trois), afin d'établir des relations significatives avec eux, de prier les uns pour les autres, de nous entraider concrètement, de faire tout ce qui peut contribuer à l'édification de la foi, comme étudier ensemble la Bible, prier, et louer le Seigneur. Même ceux qui sont complètement isolés, qui ne sont pas soutenus par leur famille, peuvent bénéficier de cette communion fraternelle plus ou moins régulière, par téléphone, par lettre ou E-mail, ou par des visites occasionnelles. Bien que cela ne soit pas l'idéal, cela permet quand même de nous «réunir» comme nous le demande la Bible. Nous ne devons pas accepter de nous laisser intimider ou condamner par ceux qui nous jettent ce verset d'Hébreux à la figure, alors que nous ne faisons que lutter pour la vérité. Ce que Dieu nous commande, en réalité, ce n'est pas de suivre aveuglément des traditions d'église, mais de refuser de faire des compromis avec l'erreur doctrinale, et c'est d'obéir à l'esprit et non la lettre de la Parole. Dieu nous commande-t-Il de continuer à fréquenter une église qui persévère dans l'erreur? On donne souvent l'impression (et certains pasteurs insistent là-dessus dans leurs prédications) que les Chrétiens devraient fréquenter une église locale, sans se préoccuper de ce qui s'y passe, simplement pour obéir à la Bible. Mais vous devez savoir à quel point Dieu hait les rassemblements où l'on ne recherche pas vraiment à Lui obéir du fond du coeur. Cela s'applique aussi aux réunions où l'on contredit la Parole de Dieu, et celles où les Chrétiens se font plaisir, au lieu de rendre un culte véritable au Seigneur. «Quand vous venez vous présenter devant moi, qui vous demande de souiller mes parvis? Cessez d'apporter de vaines offrandes: J'ai en horreur l'encens, les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées; je ne puis voir le crime s'associer aux solennités. Mon âme hait vos nouvelles lunes et vos fêtes; elles me sont à charge; je suis las de les supporter. Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux; quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas: vos mains sont pleines de sang. Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de devant mes yeux la méchanceté de vos actions; cessez de faire le mal. Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, protégez l'opprimé; faites droit à l'orphelin, défendez la veuve» (Ésaïe 1: 12-17). «Et les pharisiens et les scribes lui demandèrent: Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens, mais prennent-ils leurs repas avec des mains impures? Jésus leur répondit: Hypocrites, Ésaïe a bien prophétisé sur vous, ainsi qu'il est écrit: Ce peuple m'honore des lèvres, mais son coeur est éloigné de moi. C'est en vain qu'ils m'honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d'hommes. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. Il leur dit encore: vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition» (Marc 7: 5-9).
L'Église «organisée.» Beaucoup semblent penser que si l'on ne se trouve pas dans une «église organisée,» on est condamné au désordre. Un culte organisé a certainement sa place, et peut être édifiant. Mais il tend à s'engager dans le ritualisme. Même si une activité commence de manière spirituelle, elle perd sa signification quand elle devient une réponse conditionnée. Je me rappelle le début du renouveau, dans les années 70, ou même le fait de frapper des mains et de les lever était une nouveauté. C'était parfois quelque chose qui choquait dans les églises! Toutefois, ce qui était au début un mouvement spontané de joie et de louange est devenu une «tradition» charismatique. Beaucoup ont commencé à lever les mains en chantant des cantiques, simplement parce qu'il «fallait le faire»! On avait perdu la direction de l'Esprit pour entrer dans quelque chose d'organisé. Presque toutes les réunions, même dans les églises charismatiques, sont devenues des réunions où l'on sait d'avance ce qui va se passer. Cela encourage la paresse. Si une ou deux personnes ont la responsabilité de «conduire la louange» pour le compte de centaines de participants, non seulement cela place sur eux une lourde responsabilité, mais cela encourage tous les autres à éviter d'exercer leur initiative. C'est ainsi que des milliers de Chrétiens ont fini par croire qu'ils sont parvenus au sommet de la spiritualité, alors qu'ils sont en fait complètement dépendants de quelqu'un d'autre. S'il se passait une crise soudaine, ils se retrouveraient incapables de prier, se rendraient compte qu'ils ignorent presque tout des Écritures, et verraient qu'ils ne sont pas en contact personnel avec Dieu. Je crois que Dieu préfère entendre la prière hésitante d'un croyant immature, mais qui participe lui-même à la réunion, plutôt qu'un flot de prières éloquentes mais mécaniques. Il vaut mieux s'écrier simplement: «Jésus, Jésus!» avec un coeur rempli de louange, que réciter mille paroles qui n'ont aucune vie spirituelle. Est-ce que cela signifie que ceux qui sont «hors du camp» rejettent toute forme d'ordre ou d'organisation? Certainement pas! Nous ne devons pas tomber dans l'anarchie et le désordre. Nous devons nous efforcer de conserver un équilibre entre la liberté absolue et le désordre. Si nous éprouvons un véritable respect pour Dieu, spécialement dans des petits groupes, nous n'aurons sans doute jamais besoin d'organisation. Mais si nous sommes dans un grand groupe, avec des enfants, des non-convertis, des Chrétiens immatures ou qui ont tendance à être dominateurs, il faut sans doute que ceux qui ont reçu de Dieu la compétence nécessaire surveillent ce qui se passe, pour guider l'assemblée dans la bonne direction. Cela ne signifie pas qu'il nous faut choisir quelqu'un qui va tout faire à lui tout seul, ce qui reviendrait à tomber dans l'erreur opposée.
La question de l'organisation. Le fait de se trouver en dehors d'une église organisée ne signifie pas qu'il faille rejeter toute forme d'organisation. Nous encourageons les rassemblements informels, mais nous ne sommes pas les avocats d'un désordre complet! D'un côté, il nous faut éviter le formalisme excessif. Il ne faut pas forcer tout le monde à entrer dans une structure rigide, par crainte des silences pensants ou des interruptions intempestives. D'un autre côté, il ne faut pas tomber dans un excès de «spiritualité,» et finir comme dans une réunion de Quakers, où toute l'assemblée reste silencieuse, attendant la «conduite de l'Esprit,» dans la crainte de prononcer la moindre parole qui ne serait pas une Parole de Dieu! L'organisation et la planification, en elles-mêmes, ne sont pas des péchés cardinaux. Certaines choses ne se passeraient jamais s'il n'y avait pas une certaine organisation pour qu'elles se produisent. Par ailleurs, si l'on veut suivre la direction du Seigneur dans un culte, nous devons veiller à ne pas troubler ce que le Seigneur a prévu pour cette réunion, parce que cela ne correspondrait pas à notre programme. Je le répète, tout est une question d'équilibre. Dans une assemblée, le principal problème, ce sont les gens eux-mêmes! Il y a tant de personnalités différentes, tant de degrés différents de croissance spirituelle! Il faut un pasteur compétent pour conduire toutes ces brebis dans leurs pâturages! Dans l'exercice de votre nouvelle liberté, vous rencontrerez sans doute certains obstacles. Ils seront causés par deux types de participants en général:
Les premiers sont trop timides, au point de s'exclure, et de prétendre qu'ils ne sont capables de rien. Ils tendent à «pomper» les autres et à demander constamment de l'aide. Si vous ne veillez pas, vous verrez que ces Chrétiens finiront par accaparer toute l'attention, sans jamais rien donner eux-mêmes. Vous devez insister pour les faire sortir de leur coquille. Encouragez-les à lire publiquement un passage de la Bible ou à faire une courte prière. Les seconds sont en général arrogants, et pensent qu'ils ont reçu un appel de Dieu pour diriger le groupe. Ils sautent sur toute occasion de se mettre en avant. Mais vous devez veiller à constamment expliquer que l'Église doit fonctionner comme un Corps, afin que chacun sente qu'il a une place à occuper et un rôle à jouer. Le problème ne se présente que si vous laissez les dominateurs prendre le dessus. J'ai vu que les dominateurs finissent souvent par quitter le groupe après quelque temps, quand ils voient qu'on ne les laisse pas faire.
La motivation des «activités.» Certains craignent de ne pas pouvoir survivre s'ils ne sont pas dans une église conventionnelle. Car elle leur propose en général toutes sortes d'activités sociales, ainsi qu'un ensemble bien ficelé de réunions d'enseignement, de prière, de cultes et d'études bibliques. Certains croient que sans la motivation procurée par toutes ces activités, ils ne parviendront pas à mener une vie chrétienne normale. Mais notre vie chrétienne ne doit pas être motivée par les autres. Jésus a appelé des hommes et des femmes à être Ses disciples, non les disciples des dirigeants d'églises. Nous avons choisi d'être aux pieds de Jésus, en esprit, et non aux pieds des docteurs et des prédicateurs éloquents. Si vous vous considérez comme disciple d'une église ou d'une dénomination, plus que disciple de Jésus-Christ, vous êtes sur une mauvaise voie. Si vous avez l'impression d'appartenir à une dénomination, plus qu'à Jésus-Christ, vous ne faites que préparer votre chute. Si un Chrétien ne peut survivre sans les motivations que lui fournissent les autres, il a désespérément besoin de mûrir et de développer certaines qualités spirituelles d'indépendance. À l'époque où nous vivons, tous ceux qui dépendent des autres éprouveront un choc terrible quand la persécution et les troubles viendront. Même sans la persécution, le Chrétien sage est celui qui sait se tenir debout sur ses propres pieds spirituels, qui est capable de consulter Dieu lui-même pour être secouru ou guidé, qui sait comment prier, et qui entretient une bonne relation personnelle avec Dieu. C'est justement le caractère informel des petits groupes de Chrétiens qui encourage le développement d'une vie spirituelle autonome. Cette autonomie doit cependant être toujours tempérée par un réel respect des autres et par l'amour du prochain, car nous dépendons tous les uns des autres. Dans la Bible, le Corps de Christ est représenté comme un ensemble composite de membres égaux, chacun ayant un rôle à jouer. Certains ont un rôle plus important que d'autres, mais tous sont dépendants les uns des autres, pour le bien de tout le corps.
Le Corps. Dans notre corps physique, chaque organe et chaque membre jouent un rôle unique. Mais tous sont dépendants les uns des autres. Nous savons comment un trouble d'estomac peut affecter tous nos organes, au point que tout le corps devient malade. De même, dans le Corps de Christ, l'Église, chaque membre doit être encouragé à trouver sa place et son rôle particuliers, pour fonctionner parfaitement en tant que membre particulier du Corps, autonome, mais dépendant de tous les autres membres. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous considérons ces petites cellules de maison comme un signe positif de la croissance de l'Église aujourd'hui. Dieu doit sans doute être en train de former et d'équiper Son peuple, afin de passer par la persécution qui vient. Dans presque tous les pays où a éclaté une persécution, les Chrétiens ont dû se replier dans des petits groupes discrets, abrités dans leurs maisons. Ceux qui ne pouvaient fonctionner que dans des églises traditionnelles organisées ont eu beaucoup de mal à survivre. Mais ceux que Dieu avait déjà appelés et formés auparavant étaient prêts à offrir un sanctuaire et un refuge à ceux qui étaient persécutés. Dieu a alors suscité des responsables au milieu de Son peuple. Car la plupart des pasteurs «ordonnés» qui étaient à la tête d'églises organisées ont été emprisonnés ou mis à mort. Quand le temps est venu, certains étaient donc déjà prêts à accueillir ceux qui avaient besoin de secours et de conseil. Il y avait ainsi tout un réseau prêt à offrir une aide pratique, pour abriter les veuves, donner une aide financière aux pauvres, et s'occuper des malades. Le mouvement actuel de développement des églises de maison dans nos nations occidentales peut très bien être le moyen choisi par Dieu pour notre temps. Nous ferions donc bien de ne «pas mépriser le jour des faibles commencements» (Zacharie 4: 10).
Direction de l'Église et exercice de l'autorité. Le fait d'être hors du camp ne signifie pas que nous ne devions plus avoir aucune structure d'autorité, ni que nous n'avons plus besoin d'anciens. La Bible indique que les anciens sont une partie vitale de l'Église chrétienne. Cependant, je ne veux pas dire que tous les Chrétiens doivent se placer sous l'autorité d'un pasteur patenté et ordonné, sous prétexte d'être «couverts spirituellement,» comme s'il y avait quelque chose de magique au fait d'avoir quelqu'un au-dessus de vous, pour vous diriger dans la foi. Ceci est un relent du passé, lorsqu'il y avait une prêtrise, et que les croyants ne pouvaient pas s'adresser directement à Dieu, ni entendre Sa voix. Ils étaient donc obligés d'aller consulter les Prophètes ou les Sacrificateurs du Temple pour tous leurs besoins religieux. La plupart d'entre vous le savent déjà, nous avons été libérés de la nécessité de suivre les enseignements d'un prêtre ou d'un «père spirituel» (quel que soit le nom que vous lui donnez). La foi chrétienne est unique, en ce qu'elle permet à chaque Chrétien d'avoir un contact direct, libre et sans restrictions avec Dieu. Jésus appelait Dieu Son Père. Les Juifs trouvaient cela très choquant et rejetaient cette manière de parler. Nous, Chrétiens, pensons que cela va de soi, mais nous ne saisissons pas toujours le sens de cette expression. Nous ne sommes pas liés par des lois. Nous ne sommes pas sous la coupe d'un Maître autoritaire. Mais nous avons une relation de famille avec notre Père Céleste. Nous Lui devons respect, obéissance et honneur. Nous ne Lui obéissons pas par devoir, mais parce que nous L'aimons, et parce qu'Il nous aime! Il ne faut pas risquer d'endommager cette relation, en nous plaçant d'une manière excessive sous l'autorité des anciens et des hommes. Trop de Chrétiens se soumettent exagérément à des responsables et à des pasteurs, au point qu'ils sont incapables de réfléchir par eux-mêmes, et qu'ils ne peuvent plus rien faire sans être «guidés» par quelqu'un. C'est le meilleur moyen d'aller à un désastre, surtout dans ces derniers jours, où nous sommes tous attaqués par des esprits séducteurs avides de nous détourner de la vérité. Le système ecclésiastique classique a mis au point ses propres moyens de nommer des anciens. Mais ces moyens reflètent des traditions séculaires. Toutefois, lorsque nous sommes «hors du camp,» nous n'avons plus besoin de lire les petites annonces dans les journaux chrétiens pour chercher un pasteur «ordonné,» qui va venir de l'autre bout du pays pour nous «diriger.» Nous n'avons pas besoin de nommer un inconnu venant de loin pour être notre berger, mais nous prions Dieu qu'Il fasse lever des anciens dans le Corps local, et nous nous attendons à ce qu'Il le fasse. Nous ne faisons pas non plus une distinction artificielle et non-biblique entre le «clergé» et les «laïcs,» distinction grâce à laquelle un petit groupe d'hommes domine sur la majorité. Dans tout le Nouveau Testament, nous voyons que les anciens étaient nommés au milieu de la communauté des Chrétiens, après que Dieu leur ait laissé un certain temps pour mûrir. Ils n'étaient pas recherchés en dehors de la ville. Toutefois, ces anciens ne devenaient pas célèbres. Ils n'exerçaient pas d'importants ministères internationaux, avec toutes sortes de diplômes affichés sur les murs de leurs bureaux, et un agenda pour prendre leurs rendez-vous avec tous les membres de l'église. En fait, environ 20 ans après la Pentecôte, Paul décrit les anciens (y compris des personnages comme Pierre, Jacques et Jean) comme «ceux qui sont regardés comme des colonnes» (Galates 2: 1-9). L'Église ne semblait donc pas dirigée par un «gouvernement ecclésiastique» bien établi, après plus de deux décennies de Christianisme!
Différents ministères. Les dirigeants n'étaient pas des hommes «bien en vue.» Ils faisaient partie du peuple de Dieu. Les anciens se considéraient comme des membres du Corps, et non comme des personnages importants qui tenaient les rênes du gouvernement de l'Église! Il est intéressant de voir les différents termes employés pour désigner les anciens et leurs assistants, dans le Nouveau Testament. Ils nous donnent une impression très différente des conceptions modernes:
Chacun de ces mots désigne la fonction de celui qui rend un service, et non de celui qui domine sur les autres! La tâche des anciens est expliquée dans 1 Pierre 5: 1-7. Il doit «paître le troupeau» (voir aussi Actes 20: 28) et le «surveiller» comme un berger surveille son troupeau. Il doit accomplir son ministère «sans contrainte» et sans «dominer» sur le troupeau, mais en étant son modèle. Puis Pierre poursuit: «De même, vous qui êtes jeunes, soyez soumis aux anciens. Et tous, dans vos rapports mutuels, revêtez-vous d'humilité; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu'il vous élève au temps convenable; et déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous» (1 Pierre 5: 5-8). . L'ordination. Comment sont nommés les anciens? Dieu désignera ceux qui sont capables et doués pour être des anciens, car Il veut prendre soin de Son peuple. Le mot «ordination» n'existe pas dans la Bible. Il désigne le fait de reconnaître ceux qui sont passés dans un Institut biblique ou une Faculté de Théologie. En réalité, la Bible parle simplement «d'établir» quelqu'un dans une certaine tâche (Hébreux 8: 3). Nous avons besoins de bergers remplis de sagesse et d'amour, pour empêcher les brebis de s'égarer, et pour les protéger des loups. Les anciens qui ont un appel de pasteur commencent toujours par exercer leur ministère localement, même à un faible degré, et nous savons instinctivement qui est appelé pour être «ancien» dans un groupe. Ne croyez pas que ce seront toujours ceux qui ont le plus d'expérience ou ceux qui sont les plus sociables dans le groupe! Rappelez-vous comment Dieu a choisi David pour être Roi d'Israël! Un ancien, par conséquent, ne devrait pas dresser des obstacles devant les brebis. Il ne doit pas être autoritaire. Jésus l'a ordonné ainsi, dans Marc 10: 42-44. Toutefois, quand Dieu suscite des anciens dans une assemblée, quelle que soit sa taille, Il attend que tous les respectent et suivent leurs décisions. «Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte; qu'il en soit ainsi, afin qu'ils le fassent avec joie, et non en gémissant, ce qui ne vous serait d'aucun avantage» (Hébreux 13: 17). Les Chrétiens qui ont de la sagesse reconnaîtront et respecteront les anciens que Dieu leur a donnés, mais ne deviendront pas leurs esclaves en toutes choses. La Bible permet de ne pas être d'accord avec un ancien, pour autant que l'on puisse lui montrer qu'il s'est écarté de l'Écriture, ou qu'il n'est plus animé par la sagesse de Dieu. Mais dans la vie quotidienne normale de l'assemblée ou du groupe, nous pouvons considérer les décisions d'un ancien comme l'action d'une main bienveillante sur un gouvernail, sachant qu'il se soucie du bien de tous.
Le rôle des anciens dans les réunions. Nous nous trompons si nous pensons que les anciens doivent diriger et prendre en charge toutes les réunions. La Bible demande à chaque Chrétien de participer aux réunion ou au culte. Il ne s'agit pas de laisser les anciens tout faire! Certes, ils doivent surveiller la bonne marche de la réunion, et intervenir parfois pour redresser ce qui dévie. Mais nous ne voyons jamais dans la Bible les anciens diriger toutes les réunions et imposer leurs enseignements, leurs prières, le choix des cantiques, ou prendre l'initiative de tout ce qui peut se passer au cours d'une réunion.
Le ministère de chaque membre. Les réunions qui sont les plus profitables, en matière de croissance et de vie spirituelle du troupeau, sont celles où les anciens ne se mettent pas en avant, et encouragent les autres à prendre une part active à la réunion. Tous ne voudront pas intervenir, certains peuvent se sentir trop timides ou penser qu'ils manquent de connaissances bibliques essentielles. Toutefois, chaque Chrétien doit grandir dans la fonction qu'il doit occuper dans l'Église et dans les dons qu'il doit exercer. Accepter que quelqu'un reste passif est un échec pour tous, en particulier pour les anciens, qui devraient encourager activement chacun à participer à la réunion ou à la louange. Les anciens devraient encourager avec douceur les membres du groupe à prier, à lire un passage de l'Écriture, à partager une pensée, à jouer un instrument, à chanter, ou à faire tout ce qui pourrait édifier les autres. Chacun a toujours quelque chose à donner, une contribution à apporter, quelle que soit son ancienneté dans le Seigneur! En revanche, il est nécessaire que les anciens interviennent si la réunion commence à dérailler sérieusement, que ce soit dans l'erreur ou dans la confusion. Il faut que tous sachent que les anciens sont là pour reprendre les dominateurs, pour corriger les comportements non conformes à la Bible, ou pour encourager les faibles. Mais ils ne doivent pas tout prendre en mains! Il n'est même pas nécessaire que ce soient les anciens qui apportent toujours l'enseignement. Les anciens qui sont sages savent laisser leur place aux membres du groupe qui ont reçu une parole du Seigneur et qui veulent la partager. Ils sont sensibles à la conduite du Saint-Esprit. S'ils sentent que le Saint-Esprit veut dire ou faire quelque chose, ils doivent Lui donner l'occasion de le faire, en Le laissant utiliser la personne de Son choix. Et ce ne sont pas toujours les anciens reconnus qui sont choisis! «Pour ce qui est des prophètes, que deux ou trois parlent, et que les autres jugent; et si un autre qui est assis a une révélation, que le premier se taise. Car vous pouvez tous prophétiser successivement, afin que tous soient instruits et que tous soient exhortés. Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes; car Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix» (1 Cor. 14: 29-33). Ce verset parle des prophéties, mais il peut aussi s'appliquer à d'autres situations. Remarquez que Paul dit que «les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes.» En d'autres termes, les Chrétiens ne sont pas «saisis» de force par le Saint-Esprit. Celui-ci ne contraint jamais personne à parler, à prophétiser ou à prononcer une parole, ni à faire quoi que ce soit dans une réunion. Nous devons être très sensibles à tout ce qui se passe dans la réunion. Si quelqu'un a reçu une révélation ou une parole, au moment où vous vous prépariez à ouvrir votre bouche pour parler, restez tranquille, et attendez une autre occasion. Si tous veulent parler en même temps, cela ne peut conduire qu'au désordre et à la confusion, ce qui ne serait pas du Saint-Esprit! Certains pensent que la vie d'église n'est «qu'un ensemble d'activités relatives à notre foi en Dieu.» Vous êtes pardonnable si vous pensez cela, car cette expression a bien souvent perdu son sens biblique. Les églises déclarent fièrement que si vous arrivez à 10 h 30 le dimanche matin, vous pouvez participer au «culte.» Mais, en réalité, cela n'a que peu de choses à voir avec ce que la Bible appelle un «culte» rendu au Seigneur. Selon la Parole de Dieu, un «culte» n'est pas une réunion organisée, mais une expression spontanée de notre amour pour Dieu et de l'adoration qui Lui revient, quelle que soit la forme de cette expression. Dans Genèse 24: 24-27 et dans Exode 4: 29-32, le «culte» est une fervente prière d'action de grâces, parce que Dieu a exaucé une demande. Dans Matthieu, c'est une manifestation spontanée d'adoration devant Jésus. Dans Apocalypse 3: 9, nous voyons les apostats forcés d'admettre leur erreur et de venir se prosterner dans l'humilité, la repentance et la soumission: «Voici, je te donne de ceux de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui mentent; voici, je les ferai venir, se prosterner à tes pieds, et connaître que je t'ai aimé.» Le mot hébreu souvent traduit par «adorer» ou «rendre un culte,» dans l'Ancien Testament (shachah), démontre qu'il s'agit d'une attitude d'humilité dans la présence de Dieu. Il ne s'agit pas nécessairement de ce que nous faisons ou de ce que nous Lui offrons pour Lui plaire. «Rendre un culte,» dans l'Ancien Testament, impliquait le fait de se prosterner, de s'incliner profondément, ou même de tomber face contre terre dans la crainte, l'étonnement et l'admiration. On s'humiliait dans un profond respect pour la Personne de Dieu. Vous pourriez penser que le culte rendu à Dieu dans le Nouveau Testament n'a plus le sens d'une obéissance aussi inconditionnelle à un Dieu Tout-Puissant. Mais le mot grec utilisé pour traduire l'adoration réservée à Jésus ou à Dieu est très semblable au mot hébreu. Il s'agit du mot «proskuneo,» qui traduit l'idée d'un chien fidèle qui vient lécher la main de son maître. Il signifie «s'incliner, se prosterner et rendre hommage.» Quand nous «allons à l'église,» est-ce que nous réalisons vraiment qui est Dieu? Nous jetons-nous aux pieds d'un Dieu Tout-Puissant et Saint, devant lequel nous tremblons, comme dans Ésaïe 66: 2? Ou alors tirons-nous fierté et orgueil de notre capacité à organiser un «culte» agréable, musicalement réussi, et terminé juste à temps pour nous permettre de rentrer chez nous avant que le rôti soit brûlé? Ceux qui sont fiers d'aller régulièrement «à l'église» s'engagent dans des activités inutiles, s'ils ne rendent pas un véritable culte à Dieu, au sens biblique de ce terme. Par ailleurs, ceux qui se réunissent un soir par mois avec un petit groupe de Chrétiens consacrés peuvent rendre un culte réellement agréable à Dieu, s'ils peuvent épancher leur coeur dans la prière et l'adoration. Ils peuvent même être conduits à se prosterner face contre terre, lorsque la grandeur de Dieu les saisit.
La Sainte Cène. On a trop insisté, du moins en Grande-Bretagne, sur l'importance de prendre la Sainte Cène dans une église. Cela reflète l'influence du Catholicisme Romain. Certains croient que s'ils ne prennent pas le pain et le vin une fois par semaine dans une église, ils ne sont plus en communion avec le Seigneur et avec l'Église. Une femme qui se trouvait avec nous dans un groupe de maison décida un jour de se joindre à nous, parce que son église (une église Anglicane traditionaliste) était presque entièrement composée de gens qui n'étaient pas convertis, et n'offrait plus rien en matière d'enseignement biblique ni de culte véritable. Mais elle continuait à aller «communier» chaque dimanche dans son ancienne église, et nous accusait d'être en dehors de la volonté de Dieu, parce que nous «n'allions pas prendre la communion dans une église.» Le partage de la Sainte Cène semble donc un point délicat entre tous. Pourtant, si vous étudiez la Bible, vous ne voyez aucune attitude ritualiste semblable chez les premiers Chrétiens.
La Pâque. Jésus a institué la Sainte Cène quand Il a invité Ses disciples à partager le pain et le vin avec Lui, le jour de la Pâque. Certains en ont tiré argument pour dire que nous ne devions prendre la Cène qu'une fois par an, pour commémorer la mort de Jésus. Cependant, en réalité, les disciples «rompaient le pain» ensemble à d'autres moments. Ils avaient coutume de s'inviter mutuellement. C'était un acte courant d'hospitalité. Ils se réunissaient pour prendre un repas. Lorsqu'ils rompaient le pain, ils se rappelaient de quelle manière le corps de Jésus avait été rompu. Car Il leur avait dit: «Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui croit en moi n'aura jamais soif» (Jean 6: 35). Ceci est bien illustré dans la première épître de Paul aux Corinthiens. Il est clair que le partage du pain et de la coupe se passait dans une ambiance informelle, au cours d'un repas où l'on mangeait et buvait; dans le cas des Corinthiens, sans doute un peu trop! Paul les avertit de ne pas laisser ce moment particulier de communion fraternelle dégénérer en banquet, où les Chrétiens ne penseraient qu'à manger et à boire, au lieu de comprendre la signification spirituelle du «pain entier» et du «pain rompu.» Les Corinthiens appréciaient beaucoup les repas en commun, mais ils étaient en train de perdre de vue la signification du «pain rompu» en commun. «Lors donc que vous vous réunissez, ce n'est pas pour manger le repas du Seigneur; car, quand on se met à table, chacun commence par prendre son propre repas, et l'un a faim, tandis que l'autre est ivre. N'avez-vous pas des maisons pour y manger et boire? Ou méprisez-vous l'Église de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n'ont rien? Que vous dirai-je? Vous louerai-je? En cela je ne vous loue point. Car j'ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné; c'est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit: Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez. Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. C'est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun donc s'éprouve soi-même, et qu'ainsi il mange du pain et boive de la coupe; car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même. C'est pour cela qu'il y a parmi vous beaucoup d'infirmes et de malades, et qu'un grand nombre sont morts» (1 Cor. 11: 20-30). Saviez-vous que le mot traduit par «communion» dans le Nouveau Testament est le même qui est traduit ailleurs par «communion fraternelle»? Il s'agit du mot «koinonia,» qui dérive d'un mot signifiant «partenariat, participation.» Jésus est le Pain, et nous partageons ce pain pour montrer notre partenariat avec Lui, notre «participation» à Sa nature, notre «commune union» avec Lui et les uns avec les autres. Partager le pain et le vin est donc une démonstration pratique de notre unité. Paul emploie aussi l'analogie avec du pain, qui symbolise le Corps des croyants, et qui démontre notre unité spirituelle dans ce Corps. «La coupe de bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas la communion au sang de Christ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas la communion au corps de Christ? Puisqu'il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps; car nous participons tous à un même pain» (1 Cor. 10: 16-17). Jésus a employé du pain pour représenter le sacrifice de Son propre corps sur la croix. Le pain et le vin n'ont aucune signification sacramentelle. Ils ne sont certainement pas des éléments magiques. Rompre le pain et boire le vin n'étaient donc absolument pas des rites religieux, pour les premiers Chrétiens. Ce n'étaient que des moyens pratiques permettant de démontrer la réalité de leur union avec Christ et les uns avec les autres. Même sans ce moyen pratique, la réalité de notre union avec Jésus et les uns avec les autres n'en demeure pas moins intacte. Il ne devrait rien y avoir de particulièrement sacré dans le fait de s'approcher d'un autel pour manger une «hostie» et boire dans un calice! Cela ne confère aucune bénédiction particulière, car il n'y a là rien de magique! Nous pourrions, si nous le voulions, célébrer notre «commune union» sans rompre le pain! Toutefois, la plupart des petits groupes de maison rompent le pain et boivent un peu de vin rouge (ou de jus de raisin). Cette pratique a tout autant de valeur et de signification (et même plus, pourrais-je dire) que le fait d'aller dans une église prendre la Cène avec des gens que l'on ne connaît même pas, et dont certains ne sont même pas sauvés. Les meilleurs moments de Sainte Cène que j'ai connus, et les plus émouvants, ont été ceux où nous avons partagé le même pain et bu à la même coupe, en pensant silencieusement à la signification du sacrifice de Jésus. Quelle que soit la taille d'un groupe, il est possible de prendre la Cène.
L'enseignement. C'est aussi une pierre d'achoppement pour ceux qui sortent du système des églises organisées. Certains pensent que nous ne pouvons être enseignés que par des enseignants qualifiés et reconnus. Ce sont des Chrétiens qui se sont échappés d'églises autoritaires et dominatrices, dont les dirigeants leur dictaient ce qu'ils devaient croire, sans accepter de discussion. Mais lorsqu'ils se retrouvent isolés, ils sentent qu'ils ont encore besoin d'un homme pour les enseigner! D'autres craignent de s'égarer et de tomber dans l'erreur, s'ils se contentent d'étudier la Bible par eux-mêmes. Cela ne devrait pas se produire, si l'on est déterminé à dépendre de Dieu pour notre instruction, car Il a promis de nous envoyer le Saint-Esprit pour nous conduire dans toute la vérité. Même dans l'Ancien Testament, les croyants ne s'égaraient pas, tant qu'ils s'appuyaient sur Dieu pour être guidés: «Pendant longtemps, il n'y a eu pour Israël ni vrai Dieu, ni sacrificateur qui enseignât, ni loi. Mais, au sein de leur détresse, ils sont retournés à l'Eternel, le Dieu d'Israël, ils l'ont cherché, et ils l'ont trouvé» (2 Chro. 15: 3-4). Le meilleur enseignant que nous puissions avoir, et le plus sûr, est Dieu Lui-même! Paul a reçu toutes les vérités de l'Évangile directement de Dieu, sans l'aide d'aucun homme: «Je vous déclare, frères, que l'Évangile qui a été annoncé par moi n'est pas de l'homme; car je ne l'ai ni reçu ni appris d'un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ» (Gal. 1: 11-12). Le Seigneur, qui a instruit Paul, peut aussi vous instruire: «Pour vous, l'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n'avez pas besoin qu'on vous enseigne; mais comme son onction vous enseigne toutes choses, et qu'elle est véritable et qu'elle n'est point un mensonge, demeurez en lui selon les enseignements qu'elle vous a donnés» (1 Jean 2: 27). «Pour ce qui est de l'amour fraternel, vous n'avez pas besoin qu'on vous en écrive; car vous avez vous-mêmes appris de Dieu à vous aimer les uns les autres» (1 Thes. 4: 9). J'ai connu beaucoup de Chrétiens qui ont quitté leur église à cause de pasteurs dominateurs, et parce qu'ils étaient obligés d'accepter toutes les croyances de ces pasteurs. Mais dès qu'ils sont partis, ils se sont aussitôt choisi un «prédicateur favori» pour les enseigner. Les livres et cassettes de ce prédicateur sont devenus leur nourriture exclusive, et ils n'ont jamais accepté de nouvelle doctrine, sans savoir d'abord ce que ce prédicateur en pensait. Aucun prédicateur ne détient toute la vérité à lui seul, quelle que soit sa qualité. Une telle attitude ne peut résulter qu'en un déséquilibre doctrinal, et en un certain culte de la personnalité qui est très malsain. D'autres groupes, hélas, n'ont pas duré longtemps, parce qu'ils n'ont jamais rompu avec l'habitude d'inviter systématiquement des orateurs itinérants, certains venus de très loin. Il leur fallait un «orateur» à chaque réunion, et leur seul sujet de conversation était de savoir qui viendrait la prochaine fois! Comme si la seule expérience valable que certains connaissent est d'aller à une grande convention pour entendre un orateur parler! Dans ces conventions, les cantiques et les prières ne sont que des hors-d'oeuvre, dans l'attente du «plat principal» représenté par l'orateur! Ces Chrétiens s'efforcent donc désespérément de recréer cette ambiance qu'ils ont connue dans ces conventions. Mais cela ne peut que dessécher et détruire ce qui peut rester de la vie spirituelle d'une communauté! Cela ouvre aussi toute grande la porte de la séduction. J'ai vu une fois un faux prophète entraîner avec lui presque tous les membres d'un groupe. Ils sont à présent englués dans des faux enseignements, encore plus qu'auparavant! Tout cela a été causé par leur désir de suivre les enseignements d'un homme, au lieu de chercher eux-mêmes le Seigneur. Une claire compréhension de la doctrine biblique ne s'acquiert pas en écoutant des cassettes et en lisant des livres, bien que ces derniers soient parfois utiles. Mais il faut aller soi-même à la source, la Bible, en permettant au Saint-Esprit de nous conduire dans notre étude. Ce n'est pas la lettre morte de la Parole qui nous éclaire sur sa signification spirituelle, mais c'est le Saint-Esprit qui illumine la Parole, qui lui confère une réelle vie spirituelle, et qui en révèle la signification à notre coeur. Pour cela, nous devons nous appuyer sur Lui, notre Enseignant. Comment étudier la Bible. Un petit groupe peut mettre lui-même au point sa propre manière d'étudier la Bible. Certains préfèrent étudier un thème dans toute la Bible. D'autres étudient certains mots-clefs, et voient comment ces mots sont employés dans certains versets et passages de la Bible. Il y a bien d'autres manières d'étudier la Bible. Mais une étude de la Bible ne doit jamais devenir fastidieuse et terne. Elle doit toujours nous inspirer, et être l'occasion de découvertes excitantes et joyeuses. Mais il est essentiel de faire cette étude ensemble. Cela doit être un projet commun. Il ne faut pas laisser une seule personne nous donner toutes les réponses. Lisez donc ensemble les Écritures, parlez-en entre vous, en partageant vos pensées et ce que cela vous suggère. Le Saint-Esprit vous conduira dans une compréhension plus profonde de la signification de la Parole, tout en vous montrant comment l'appliquer pratiquement dans votre vie. Certes, un Chrétien plus expérimenté peut préparer un sujet et prendre d'avance quelques notes, pour s'assurer que l'étude collective ne dévie pas. Mais personne ne doit imposer son point de vue aux autres.
La prédication. Dans la plupart des églises, on est habitué à un «sermon» de vingt minutes donné du haut d'une estrade à toute la congrégation réunie. En général, c'est la tâche du pasteur ou d'un ancien dûment accrédité. Tout le monde est censé rester assis et écouter attentivement, en prenant des notes, et en absorbant la sagesse des anciens. Mais s'ils enseignent une hérésie, ou tordent un passage de l'Écriture, aucun simple membre de l'église ne peut avoir l'occasion d'intervenir pour signaler l'erreur et la corriger publiquement. Toute interruption du sermon serait considérée comme déplacée. Dans la Bible, ce type de prédication n'était utilisé que pour enseigner un groupe important de croyants, ou pour lui donner des informations fraîches. Par exemple, au chapitre 5 du Deutéronome: «Moïse convoqua tout Israël, et leur dit: Écoute, Israël, les lois et les ordonnances que je vous fais entendre aujourd'hui. Apprenez-les, et mettez-les soigneusement en pratique.» Dans Actes 20: 7-11, nous voyons aussi Paul parler à un groupe important de Chrétiens (il a même parlé si longtemps qu'un jeune homme s'est endormi!) L'exemple suprême est, bien entendu, ce que nous appelons le «Sermon sur la Montagne.» Jésus S'est adressé à une grande foule, pour lui annoncer des choses nouvelles et étranges. On voit dans la Bible ce type de prédication employé quand une grande foule est rassemblée, et quand il faut lui donner un grand nombre d'informations et d'instructions nouvelles. Cependant, une fois que ces nouvelles et ces instructions ont été données, les apôtres n'ont pas continué à employer cette méthode, mais ils ont favorisé la discussion et le partage.
Un enseignement plus informel en petits groupes. Il existe une forme d'enseignement qui s'adapte mieux aux petits groupes et aux familles. Il s'agit d'un enseignement plus informel, ouvert à la conversation et aux questions, dans lequel tous peuvent participer, au lieu de laisser un seul homme parler du haut d'une estrade. C'est ce type d'enseignement qui est recommandé par Dieu, par exemple dans Deut. 6: 6-7: «Et ces commandements, que je te donne aujourd'hui, seront dans ton coeur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras.» Le Seigneur aime entendre ceux qui parlent de Sa Parole et qui partagent souvent les choses de Dieu. Remarquez de quelle manière le Seigneur traite ceux qui aiment Sa Parole: «Alors ceux qui craignent l'Eternel se parlèrent l'un à l'autre; L'Eternel fut attentif, et il écouta; et un livre de souvenir fut écrit devant lui pour ceux qui craignent l'Eternel et qui honorent son nom. Ils seront à moi, dit l'Eternel des armées, ils m'appartiendront, au jour que je prépare; j'aurai compassion d'eux, comme un homme a compassion de son fils qui le sert» (Malachie 3: 16-17). Nous apprenons souvent davantage en parlant entre nous, en partageant, en réfléchissant ensemble à un sujet, en le commentant et en échangeant ce que nous y découvrons, plutôt qu'en écoutant une prédication. Dans un petit groupe, il n'est pas bon qu'un membre du groupe parle tout le temps seul devant tout le groupe, comme s'il était en quelque sorte au-dessus des autres. La forme d'enseignement la mieux adaptée aux petits groupes est un enseignement fondé sur l'échange et la conversation, conçu comme un processus vivant. La croissance d'un enfant ne se fait pas d'un coup, mais elle se poursuit en permanence, imperceptiblement. Il peut y avoir des moments où un membre du groupe donnera une étude plus approfondie sur un thème biblique. Mais imposer une telle prédication à chaque réunion serait une erreur. Il y a quelques années, j'ai bien connu un petit groupe, qui avait quitté une église apostate pour se réunir dans une maison. Ils ont fait construire un magnifique lutrin en bois qu'ils ont placé dans leur salon, et ont acheté des livres de cantiques, qui étaient distribués à l'entrée de leur maison. Ils choisirent une brochette d'orateurs extérieurs pour venir les enseigner. Après un cantique et une prière en guise d'introduction, l'orateur se plaçait derrière le lutrin et parlait pendant environ une heure. Peu après, ils acquirent un harmonium pour accompagner les cantiques, et bannirent tous les cantiques «modernes.» Ils avaient quitté un système ecclésiastique, mais le système ecclésiastique ne les avait pas quittés!
Et les enfants? Beaucoup sont plus qualifiés que moi pour aborder la question des enfants dans des petits groupes fonctionnant «hors du camp.» Nous n'avons pas d'enfants dans notre foyer. Mais je connais certains petits groupes où les enfants, petits et grands, sont intégrés avec bonheur dans cette «famille» spirituelle, et ne sont pas exclus des réunions principales, comme c'est si souvent le cas dans des grandes églises. Il n'y a aucune raison pour ne pas faire participer les enfants aux réunions, et même pour ne pas les laisser poser des questions ou apporter leur contribution: «Écoutez, mes fils, l'instruction d'un père, et soyez attentifs, pour connaître la sagesse; car je vous donne de bons conseils: ne rejetez pas mon enseignement. J'étais un fils pour mon père, un fils tendre et unique auprès de ma mère. Il m'instruisait alors, et il me disait: que ton coeur retienne mes paroles; observe mes préceptes, et tu vivras» (Proverbes 4: 1-4). Dieu ne nous demande pas d'éloigner nos enfants de notre maison le dimanche, pour qu'ils soient enseignés par des étrangers. Ils ont besoin de la tendresse et de l'affection que seuls des parents peuvent leur donner, ou les membres de notre famille spirituelle, si nous pouvons leur faire confiance. Ceci est important, surtout quand il faut parler de sujets difficiles, ou lorsque les enfants ont besoin d'être disciplinés. «Écoute, mon fils, l'instruction de ton père, et ne rejette pas l'enseignement de ta mère» (Prov. 1: 8). «Paroles du roi Lemuel. Sentences par lesquelles sa mère l'instruisit» (Prov. 31: 1). «Écoute, mon fils, et reçois mes paroles; et les années de ta vie se multiplieront. Je te montre la voie de la sagesse, je te conduis dans les sentiers de la droiture. Si tu marches, ton pas ne sera point gêné; Et si tu cours, tu ne chancelleras point» (Prov. 4: 10-12). Je laisserai ceux qui ont plus d'expérience que moi vous donner des conseils pratiques sur la manière d'intégrer les enfants dans un petit groupe, tout en les gardant heureux. Je voudrais encore dire ceci: ceux qui ont quitté une église ont souvent du mal à savoir ce qu'il faut dire aux enfants et adolescents qui sont contraints de quitter leurs amis. Certains parents pensent qu'ils doivent continuer à offrir à ces enfants et adolescents le même type d'activités qu'ils avaient l'habitude d'avoir dans leur ancienne église. C'est aussi un problème pour lequel je n'ai pas beaucoup d'expérience directe. Mais il me semble que l'on devrait proposer à ces jeunes d'autres activités que celles qu'on leur proposait dans une église apostate. Il me semble aussi qu'il n'est pas sage de laisser des jeunes, souvent impressionnables et spirituellement influençables, continuer à fréquenter une église que leurs propres parents ont jugé préférable de quitter! Le fait qu'ils doivent quitter leurs amis n'est pas une raison suffisante pour leur laisser courir un danger spirituel réel, dont toute la famille pourrait sérieusement souffrir à long terme. On devrait avertir les enfants des dangers de la séduction, et leur montrer de quelle manière la séduction peut endommager la vie spirituelle. Il faut leur dire qu'une marche fidèle avec le Seigneur impose des sacrifices. Si nos enfants ne sont pas encore sauvés, ils seront sans doute bien plus intéressés par des réunions informelles dans des petits groupes, que par des réunions dans des grandes églises. Dans l'atmosphère intime d'un petit groupe, ils pourront discuter plus librement de leurs doutes, et être conduits avec douceur au Seigneur.
Le problème de l'évangélisation. On critique aussi les petits groupes, en leur reprochant leur inefficacité. Ils ne peuvent pas organiser de grandes campagnes d'évangélisation, ni s'engager dans des actions humanitaires d'envergure. Mais l'évangélisation, selon la Bible, consiste à annoncer l'Évangile aux gens qui sont autour de nous et à nos amis, lorsque l'occasion se présente. Les statistiques sont trompeuses. Il est certain que les témoignages individuels mènent beaucoup plus de gens au salut que les grandes campagnes d'évangélisation. Les grands projets montés par les églises peuvent impressionner, mais sont-ils aussi efficaces qu'on le prétend? Le témoignage individuel et discret des Chrétiens, surtout de ceux qui sont remplis de discernement et d'amour pour le Seigneur, n'est-il pas en fait bien plus efficace que les efforts d'un prédicateur en costume blanc ou d'un groupe de rock sur une estrade? Quoi qu'il en soit, nous devons être conduits par le Seigneur quand nous annonçons l'Évangile. Nous ne devons parler que lorsque le Saint-Esprit nous le montre, en employant des moyens appropriés. Lancer un message à la ronde peut être efficace à certains moments, mais cela revient à manier un tromblon. Je ne crois pas que cela soit ce que Dieu entende en général par «évangélisation.» Chaque individu vient au Seigneur d'une manière différente. Chacun a des besoins spécifiques et doit être approché différemment. Chaque individu vit d'une manière différente. Certains ont besoin qu'on leur parle sévèrement de leur péché, alors que d'autres ont besoin d'une parole affectueuse et pleine d'amour. D'autres encore ont besoin de délivrance. Nous ne pouvons pas savoir tout cela si nous n'avons pas un contact personnel avec quelqu'un. Un tel contact est bien plus facile quand nous invitons ces personnes chez nous, pour partager un repas ou participer à une réunion informelle. Tous ceux qui sont fatigués de tout ce qui peut se passer dans une église organisée peuvent être enchantés de découvrir une réelle «église» composée de pierres vivantes! Quand nous sommes dans un petit groupe, même s'il a déjà une certaine taille, nous avons une réponse à la question: «Où envoyer les nouveaux convertis?» Il faut simplement que les membres du groupe se connaissent, s'aiment et se fassent mutuellement confiance. Les nouveaux convertis peuvent s'intégrer immédiatement. Le groupe peut les nourrir, veiller sur eux, et les guider dans la bonne direction, sans qu'ils se sentent intimidés ou mal à l'aise. Les enseignements peuvent être adaptés à leurs besoins, et le groupe peut répondre à leurs questions. Les grandes églises ne peuvent pas s'occuper ainsi des nouveaux convertis, d'une manière personnelle et individuelle. Les nouveaux convertis pourront ainsi apprendre à consulter le Seigneur dans la prière, à étudier eux-mêmes la Bible, et à ne pas dépendre des autres pour conduire leur vie spirituelle. C'est l'héritage inestimable des nouveaux convertis!
Les «bonnes oeuvres.» On pense souvent que seules les grandes églises peuvent mener à bien des projets humanitaires ou d'aide sociale. Mais pourquoi les petits groupes ne pourraient-ils pas le faire? S'il y a une volonté, il y a aussi un moyen. Rien n'empêche les membres d'un petit groupe de mettre de côté de l'argent pour des actions charitables, ni de visiter des malades dans un hôpital ou des personnes âgées dans une maison de retraite. Ils peuvent même organiser une sortie au bord de la mer pour certains! Les réunions des membres du groupe devraient être libératrices et pleines de joie. Nous ne devrions pas nous limiter à des relations purement spirituelles. Nous devrions aussi nous réunir pour autre chose que prier ou discuter de la Bible! Ayons aussi des relations sur le plan humain ou social. Sachons amener nos enfants dans quelque parc à thème, organiser un repas commun dans un restaurant, ou simplement bavarder entre nous!
Le baptême. Le baptême ne devrait pas présenter de problème. Dans la Bible, nous voyons qu'ils baptisaient les nouveaux convertis partout où ils pouvaient trouver de l'eau. Par «baptême,» j'entends bien sûr un baptême par immersion. Nous pouvons donc faire de même. Mon propre baptême s'est passé dans la piscine locale, dans le petit bain, je dois le préciser! Je connais des gens qui ont été baptisés dans leur baignoire. Un groupe peut parfois emprunter le baptistère d'une église amie. On peut aussi aller, en été, au bord d'un lac tranquille, ou acheter une piscine en plastique. Improvisez!
Que faire pendant la réunion? Je m'étonne toujours quand on me pose cette question. Il me semble que des Chrétiens devraient éprouver un désir naturel de communion fraternelle, et qu'ils vont naturellement prier, chanter ou partager la Parole quand ils se rencontrent. Mais ce n'est pas le cas. Il y a un certain nombre de très chers Chrétiens qui n'ouvrent jamais la bouche pendant les réunions, même pour prier. Il nous faut répondre aux besoins de chacun. Cela devient bien plus facile quand nous apprenons à bien nous connaître les uns les autres, et quand nous sommes tous nés de nouveau. Ce n'est pas le cas dans beaucoup d'églises organisées! Les timides ont donc besoin d'être encouragés, et les dominateurs d'être calmés, afin de créer une atmosphère équilibrée, où tous vont pouvoir grandir. Je n'ai pas l'intention d'expliquer exactement dans cet article comment y parvenir. Chaque groupe doit pouvoir apporter ses propres réponses. Cependant, la Bible nous donne un certain nombre d'exemples de ce que nous devrions voir dans nos réunions: «Que faire donc, frères? Lorsque vous vous assemblez, les uns ou les autres parmi vous ont-ils un cantique, une instruction, une révélation, une langue, une interprétation, que tout se fasse pour l'édification» (1 Cor. 14: 26). «Que la parole de Christ habite parmi vous abondamment; instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse, par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos coeurs sous l'inspiration de la grâce. Et quoi que vous fassiez, en parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père» (Col. 3: 16-17). «Entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre coeur les louanges du Seigneur; rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, vous soumettant les uns aux autres dans la crainte de Christ» (Eph. 5: 19-21). Ces versets nous montrent ce que nous pouvons faire dans une réunion. Mais le Seigneur nous conduira. Voici un aperçu de tout ce qui peut se passer au cours d'une réunion de groupe:
Tout cela ne peut suivre une routine établie, et nous devons en toutes choses suivre la direction du Saint-Esprit. Si Dieu veut que nous passions toute une soirée à discuter sur un seul verset biblique, nous devons le faire. S'Il veut que nous passions la soirée à chanter et à Le louer, c'est le meilleur usage que nous puissions faire de notre temps. Soyons souples!
Et moi qui suis tout seul? Cet article a été écrit en pensant à ceux qui se réunissent en petits groupes ou avec les membres de leur famille et quelques amis. Mais il existe un certain nombre de Chrétiens qui doivent quitter leur église et qui se retrouvent complètement seuls. Ils sont soit célibataires, soit mariés à un conjoint qui n'est pas converti, ou ils ne connaissent aucun Chrétien dans leur localité. Ce n'est certainement pas une situation idéale pour un Chrétien. Il s'agit sans doute d'une situation extrêmement difficile et éprouvante. Ces Chrétiens isolés peuvent être en proie à des pensées de solitude, à des sentiments de culpabilité, et à des pressions pour «aller quelque part,» simplement pour le principe de se joindre à une communauté chrétienne. Il faut un acte de foi pour se séparer d'une église locale, quand elle a rejeté la saine doctrine, et pour décider de marcher seul avec Dieu. Cette décision de ne pas se compromettre avec l'erreur peut être rapidement critiquée par ceux qui ne supportent pas les Chrétiens isolés. Ils leur disent qu'ils sont en dehors de la volonté de Dieu, et qu'ils risquent même de perdre leur salut. Cela n'est pas facile, et cela ne fait qu'ajouter aux pressions exercées sur ces Chrétiens pour les faire céder et revenir au bercail, ce qui ne serait pas la volonté de Dieu. Si vous n'avez aucune communion fraternelle sur le plan local, si vous ne connaissez aucun autre Chrétien avec lequel vous pouvez prier ou étudier la Bible, au lieu de vous enterrer ou de retourner dans une mauvaise église, vous devriez au moins faire confiance à Dieu pour qu'Il vous fasse rencontrer quelques Chrétiens qui partagent votre point de vue, et avec lesquels vous pourrez avoir une communion fraternelle. Voici quelques conseils à l'intention des Chrétiens «hors du camp» qui sont complètement isolés. Il ne s'agit pas d'une liste exhaustive d'instructions. Ces conseils peuvent d'ailleurs s'appliquer à tous ceux qui ont dû quitter une église: Tout d'abord, assurez-vous de n'avoir aucune colère ni aucun mauvais sentiment contre les membres de votre ancienne église. Cela peut bloquer votre relation avec le Seigneur, et freiner votre vie spirituelle. Vous devez d'abord balayer devant votre propre porte, accorder un plein pardon à ceux que vous avez laissés derrière vous, et être déterminé à ne jamais vous engager dans une dispute quelconque, même par lettre ou par téléphone. Ne remâchez pas constamment votre expérience passée. Il est souvent bon, et parfois très utile, de vous couper une fois pour toutes, dans la prière, de tout ce qui a été fait et enseigné dans votre ancienne église, surtout si l'on vous a imposé les mains, ou si vous avez été impliqué dans beaucoup de choses non-bibliques. Repentez-vous tout simplement de toutes ces choses devant Dieu, et détournez-vous clairement de tout cela, en le plaçant devant le Seigneur dans la prière. Certains trouvent utile de proclamer à haute voix qu'ils se dissocient de toutes ces choses passées, au nom de Jésus, en brisant en Son nom tous les liens qui pourraient provenir de leurs pratiques passées. Ne permettez à personne de vous dicter vos pensées, vos sentiments et vos croyances. Si quelqu'un vous téléphone ou vous contacte, ne le laissez aucunement vous manipuler, vous culpabiliser ou vous effrayer en ce qui concerne l'avenir. Fortifiez-vous dans le Seigneur, et gardez à l'esprit les raisons fondamentales qui vous ont fait choisir de quitter cette église. Restez ferme dans ce que vous croyez être la volonté de Dieu pour vous. Si vous êtes seul avec Dieu, vous avez la majorité! Les gens vont souvent essayer de vous persuader que vous avez eu tort de quitter votre église, et que vous devriez revenir, uniquement pour pouvoir témoigner de la vérité à ceux qui sont restés. Toutefois, je n'ai pratiquement jamais vu un Chrétien isolé faire changer son église, quand le pasteur et beaucoup d'autres sont enfoncés dans l'erreur. En fait, c'est le contraire qui se passe: l'église finit toujours par user la détermination de beaucoup de ceux qui ont décidé de rester dans le système. Si vous avez pris votre décision, si vous avez ouvertement pris parti pour la vérité, si vous avez condamné l'erreur, et si l'on continue à vous ignorer, il ne vous reste que le choix de partir. Vous n'êtes aucunement responsable de la foi et des choix des autres membres de l'église. Ils ont aussi le Saint-Esprit et leur intelligence propre. Ils doivent prendre leurs propres décisions. Rappelez-vous que de nombreux saints de la Bible ont été solitaires ou isolés, sans l'avoir choisi. Pensez à Joseph en Égypte, à Daniel à Babylone, à Élie, à Jean-Baptiste, et à l'apôtre Paul. Ils ont tous connu l'isolement, et ont passé de longues périodes sans «communion fraternelle.» Pourtant, Dieu les a utilisés, les a enseignés, et les a empêchés de s'écarter de la foi. Vous devez comprendre que vous avez besoin de développer votre vie Chrétienne, sans vous couler dans le moule du monde qui vous entoure. Sans votre culte personnel, il serait facile d'être entraîné loin de Dieu. Il faut donc se discipliner pour avoir régulièrement des moments de prière, d'étude de la Bible et d'adoration, quand cela vous convient. Mais vous n'auriez aucun mérite de vous forcer à vous lever à cinq heures du matin, uniquement parce que cela vous donne l'impression que vous êtes spirituel! Vous ne tiendriez pas longtemps! Choisissez un moment de détente, où vous ne serez pas dérangé, à n'importe quelle heure de la journée. Ne croyez pas que toute votre vie chrétienne va dépendre uniquement de vos moments de prière et de lecture biblique! Il s'agit d'un style de vie et non d'actes isolés, ni d'une participation à des activités d'église. Ceux qui adoraient Jésus le faisaient de manière spontanée, par amour pour Lui (Matthieu 28: 9). Il est toujours temps, à n'importe quel moment du jour ou de la nuit, de dire à Dieu à quel point vous l'aimez et vous l'adorez! De même, ne méprisez pas toutes les petites occasions de grandir et d'apprendre. Un article de journal qui vous fait penser à Dieu, une remarque de quelqu'un qui vous fait méditer sur la bonté de Dieu, un coup de téléphone d'un autre Chrétien qui vous donne l'occasion de vous bénir et de vous édifier mutuellement, ou simplement une rencontre fortuite avec un Chrétien avec lequel vous êtes en communion, tout cela peut vous remplir de joie et de satisfaction pendant des semaines! Chanter est une bonne manière d'exprimer la louange et l'adoration. Si vous en avez l'occasion, faites un peu de musique, ou mettez-vous à chanter chez vous, chaque fois que vous en aurez l'occasion. Les paroles de certains cantiques anciens sont vraiment bibliques, et plus faciles à mémoriser que celles des cantiques modernes. Faites simplement tout ce qui peut vous bénir et vous inspirer. J'avais l'habitude de chanter quand je me rendais à vélo à mon travail, et c'était l'occasion de passer de bons moments de louange! Le rythme des pédales m'inspirait souvent à composer mes propres cantiques. C'était une vraie bénédiction pour mon esprit. Même si ces cantiques improvisés sont tout simples, cela ne fait rien, Dieu comprend! Profitez de toutes les bonnes conventions ou réunions publiques où vous pourrez rencontrer des Chrétiens qui vous semblent solides, ou qui font aussi partie du reste fidèle. Ce seront comme des oasis dans votre désert. Faites confiance à Dieu, car Il sait fournir de la manne cachée à Ses enfants dans le désert, et faire jaillir des sources d'eau des rochers le long du chemin. Il est souvent surprenant de voir à quel point nous pouvons être bien nourris par le menu que Dieu nous fournit quand nous traversons un «désert»! Quand nous rencontrons ensuite des Chrétiens qui continuent à «aller à l'église,» et que nous comparons notre situation à la leur, nous comprenons tout à coup à quel point nous avons grandi depuis que nous avons quitté notre église, et que cela ne se serait jamais produit si nous y étions restés!
Conclusion. Nous
verrons souvent des vrais Chrétiens connaître l'expérience
du désert, ou qui vivent «hors du camp.» En fait, il s'agit sans doute de l'expérience normale de la plupart des Chrétiens véritables, tout au long de l'histoire! Chaque fois que l'Église visible a chuté dans l'apostasie, il y a eu des Chrétiens qui ont rallumé la flamme de la vérité. Bien souvent, cela les a obligés à quitter leur communauté, quand ils n'en étaient pas chassés, et ils ont dû tout recommencer à zéro, dans leur maison, avec une ou deux autres personnes. Nous vivons à une époque d'apostasie flagrante. Elle se dirige tout droit vers la séduction de la fin des temps, qui précédera la venue de l'Antichrist. Plus que jamais, Dieu Se garde un reste fidèle dans toutes les nations. Certains sont toujours dans des bonnes églises, d'autres non. Mais nous voyons de plus en plus se constituer un seul Corps de Chrétiens, sortis de toutes les dénominations. Tous ont le même désir de préserver la vérité biblique, et veulent conserver une expression biblique de leur amour pour Dieu. Nous ne pouvons pas savoir exactement quel sera l'aboutissement de cette tendance. Dieu fera peut-être grandir le nombre de ces Chrétiens. Nous verrons peut-être se former une Église composée de groupes de maisons, qui aura la tâche d'évangéliser, d'enseigner et de délivrer les perdus. Ou peut-être verrons-nous leur nombre diminuer, et finiront-ils comme les Chrétiens des pays communistes, qui se réunissent en secret. Dieu seul le sait. Quoi que l'avenir nous réserve, nous ne devons jamais accepter de nous compromettre avec la Prostituée, simplement pour obéir à des traditions, des règles et des commandements d'hommes. Ce que Dieu nous commande, c'est d'obéir à Sa Parole, et de Le considérer comme notre seul Seigneur. Si nous devons être en conflit avec les traditions et les exigences des hommes, qu'il en soit ainsi! Que tous ceux qui ont lu cet article puissent être inspirés et réconfortés dans le Seigneur! © Source: Paroles de vie Retour------------------------------------------------------------ |
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À L'ÉGLISE SCRIPTURAIRE
PRÉSENTÉE PAR GÉRALD CARON FRÈRE DANS LA FOI
JUILLET 2002
Avant-propos Lorsqu'une personne vient à Christ, ses projets, ses plans personnels s'estompent peu à peu pour faire place à la volonté de Dieu. Trop longtemps hélas, les chrétiens ont vécu dans l'abattement, sans vision pour leur famille, leurs voisins, leur village, leur ville. Les «assemblées chrétiennes» ont leur part de responsabilité dans cet état lamentable de la chrétienneté. Ces assemblées, étant refermées sur elles-mêmes, ont gardé à l'intérieur de leurs murs, le message de l'Évangile. Peu à peu, la religion s'est installée et les populations n'ont pas été rejointes par l'Évangile. Le but de cet ouvrage n'est pas de blâmer les «assemblées chrétiennes», mais de faire prendre conscience aux chrétiens, du privilège qu'ils ont d'être sauvés. Ils sont des enfants de Dieu, ils ont été choisis par Dieu pour des oeuvres que Dieu a préparées d'avance. (Ephésiens 2 v. 10) La puissance de Dieu pour nous chrétiens, réside dans la prédication de la Croix. (1 Cor. 1 v. 2) Quand un jour l'Apôtre Paul fut touché par Dieu, il abandonna son passé religieux. La Bible nous dit qu'il ne consulta ni la chair ni le sang (Galates 1 v. 16). Paul savait que ce qu'il avait reçu, il le détenait de Dieu et non des hommes. Si toi aussi, tu reçois de Dieu, si c'est conforme aux Écritures, alors marche avec cette révélation par la grâce de Dieu. Il n'y a pas dans cet ouvrage, de recette pour l'évangélisation. Les recettes appartiennent au monde. Dieu est un Dieu d'ordre et nous retrouvons au sein même des Écritures, particulièrement dans les Actes des Apôtres et dans les Épîtres, toutes les avenues concernant l'évangélisation. Puisse Dieu à travers cet ouvrage, nous révéler notre propre attachement à Sa Personne, nous faire réaliser l'importance de la communion fraternelle et nous convaincre de notre grande responsabilité auprès des âmes perdues de nos villages et de nos villes. Comme au jour où Dieu nous a sauvés, ces mêmes Paroles de Dieu, dans Jérémie 29 v. 13, doivent nous revenir à chaque instant de notre vie à savoir: «Vous me chercherez, et vous me trouverez, si vous me cherchez de tout votre coeur».
***
Je veux adresser à mon épouse Nicole, ma compagne d'oeuvre et de combat, un merci spécial. Nicole fut précieuse dans la rédaction de cet ouvrage. En plus de m'avoir soutenu par ses prières et ses conseils dans la composition des textes, elle s'est montrée dévouée et patiente à rédiger au propre, ce document. Merci! L'auteur, Gérald Caron
Salutations en Jésus-Christ notre Seigneur, Par son obéissance, sa mort et sa résurrection, le Seigneur nous a tout donné: sa vie, sa paix et sa joie parfaite. L'Écriture dit: «J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé! nous aussi nous croyons, et c'est pour cela que nous parlons,» (2 Cor. 4 v.13). Dans un désir de faire avancer l'Église de Dieu, nous avons entrepris, ma femme et moi, une oeuvre d'évangélisation auprès des gens de notre village. Aujourd'hui, avec joie et foi en Dieu, je vous en partage le cheminement. Ma prière est que Dieu puisse, selon son désir, donner à votre coeur du sens à mes paroles. Ainsi, cette lettre concerne l'évangélisation de mon village. Si je partage ceci avec vous, c'est que je suis persuadé que Dieu désire accorder le salut aux gens de nos villages. Je me présente à vous comme un chrétien qui veut être à l'écoute de Christ. Selon Sa Parole, le Seigneur veut que nous soyons des témoins fidèles, des gardiens de sa Parole et des ambassadeurs de Christ. Notre rôle est d'annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ et de faire des disciples. Vous comprendrez qu'il s'agit ici de l'oeuvre de toute une vie. Je crois que Dieu cherche dans chaque village, des hommes et des femmes prêts à porter leur croix pour Christ. Cette oeuvre, puisqu'il faut l'appeler ainsi, est le fruit de convictions basées sur la connaissance de Jésus, sur l'enseignement des Apôtres à travers les écritures et sur la prière. Finalement cette oeuvre ne pourra être réalisée sans le ministère du Saint-Esprit et sans une foi inébranlable dans les promesses de Dieu.
Historique de cette oeuvre d'évangélisation. Conversion. J'ai connu le Seigneur en 1985. Âgé alors de 38 ans, vivant toutes sortes de difficultés, Jésus me trouva à travers cette confusion. Une série d'événements m'amena aux pieds de la croix et je pense que celui qui m'a le plus touché fut la présence d'un homme qui vint un jour me trouver alors que j'étais à faire des réparations à ma maison. Cet homme m'invita à me rendre sous une tente où était prêché l'Évangile. Je fus ému en voyant ce personnage sous un chaud soleil d'été m'offrir l'amour de Jésus. À travers son regard, son attitude, je fus saisi par l'amour de Dieu. Combien cet homme devait aimer Dieu pour porter vers des gens comme moi, des paroles d'espérance. Telle fut ma pensée! Quelque temps après, je me suis approché de Jésus. J'ai découvert l'amour de Jésus pour moi et mon être tout entier venait d'être saisi par Lui. Hier, découragé, errant sans espérance, je réalisais aujourd'hui que Jésus m'aimait et qu'Il m'avait sauvé. Pendant quelques années (environ 5 ans), j'ai fréquenté l'assemblée de Pentecôte de Rimouski. C'était une église qui grandissait rapidement. Plusieurs nouveaux chrétiens s'ajoutaient à cette jeune église. De plus, plusieurs fidèles des églises baptistes (pour des raisons doctrinales) s'étaient joints au mouvement de Pentecôte contribuant à son essor. Bien entendu, étant jeune chrétien, je ne pouvais réaliser le malaise qui sévissait au sein des églises chrétiennes, la communion fraternelle entre ces différentes églises était inexistante. Dans ce contexte d'ignorance, cette assemblée que je fréquentais, me semblait malgré tout, porteuse de beaucoup d'enthousiasme. Ainsi, comme plusieurs chrétiens, j'avais un grand zèle pour l'Évangile. Dans ma famille, autour de moi, j'annonçais la Bonne Nouvelle. Souvent même, Jésus mettait sur mon chemin des gens misérables, malades, estropiés par la vie, la drogue, la boisson. J'étais ému par l'état de ces gens qui avaient une grande soif de l'Évangile. Je réalisais que Jésus est près de ceux qui ont le coeur brisé. Une assemblée non-préparée. J'amenais ces personnes à l'assemblée que je fréquentais chaque fois que c'était possible, je les visitais également. Je me rendis compte cependant que ces gens représentaient un fardeau pour l'assemblée et que parfois même, ces personnes n'avaient pas droit à l'attention et à l'amour dont Jésus parle. Cela m'attristait beaucoup et je me disais: comment une assemblée qui ne prend pas soin des démunis peut-elle servir Dieu? En même temps, je voyais des chrétiens animés d'un grand zèle pour répandre l'Évangile, pour la prière. Je voyais ces hommes et ces femmes de foi être freinés, être limités dans leur élan d'annoncer l'Évangile dans leur milieu. Je sentais bien que cette assemblée n'avait pas de direction précise concernant l'évangélisation et encore moins en regard du suivi auprès des nouveaux chrétiens. Ces nouveaux chrétiens avaient une faible foi et étaient souvent analphabètes. Je constatais une fois de plus que l'assemblée n'était pas préparée pour ce ministère. Les autorités craignaient de perdre le contrôle de l'assemblée et ne déléguaient aucune responsabilité. Beaucoup de chrétiens s'ajoutaient à l'assemblée mais du même coup, plusieurs en sortaient. Il y avait comme un malaise. On aurait dit que l'assemblée était à bout de souffle. Elle ne pouvait suffire à la tâche. Les pasteurs avaient beau visiter les chrétiens, exhorter, prêcher la fidélité aux réunions, rien n'empêchait cette hémorragie. Je fis personnellement part de mon inquiétude aux pasteurs de l'époque. Ceux-ci apportèrent des explications qui ne me rassurèrent pas. Je trouvais qu'ils prenaient cet exode avec légèreté sans chercher les causes profondes. Oui, il y a des chrétiens faibles, des chrétiens nonchalants, des chrétiens non consacrés! Cela a marqué toutes les époques. Mais pourquoi ces chrétiens quittaient-ils l'assemblée? Pourquoi n'avaient-ils pas trouvé ce qu'ils cherchaient? Le temps passa. Pourrais-je penser amener mes voisins, mes frères et soeurs de chair dans une assemblée qui était elle-même malade? Une assemblée qui était géographiquement loin de mon village et qui avait peu à donner aux nouveaux chrétiens! Une assemblée sans vision, qui était comme un enfant qui a grandi trop vite et qui était malhabile dans sa démarche, dans ses mouvements.
Les villages en détresse, un espoir à l'horizon. J'ai prié le Seigneur et je l’ai supplié de m'aider à comprendre le sens de tout cela. C'est alors que le Seigneur me montra la détresse des gens de mon village: mes voisins, ceux qui habitent les rangs, les pauvres, les malades, les gens âgés et je compris qu'espérer les amener tous à l'assemblée de Rimouski était une cause perdue! Ces gens avaient droit au salut de Jésus mais on avait mis une condition: il fallait aller à l'assemblée régionale de Rimouski. Autrement, pas de salut possible... C'est comme si on avait enfermé l'Évangile dans une boîte. Christ était inaccessible à tous ces gens de mon village ainsi que ceux de nombreux villages voisins. Au fond de moi-même, il y avait un grand combat. L'Église dans le sens d'assemblée de croyants était quelque chose de bien réel dans la Bible. Pourtant! Je demandai au Seigneur de m'aider à comprendre, puis un jour Il m'éclaira. Jamais l'Évangile ne se répandrait dans un tel contexte d'assemblée régionale. Cela était une structure des hommes. Dans la Bible, une telle structure n'existait pas. Je relus les Actes des Apôtres, puis les Épîtres. Tout concordait: l'Église devait être locale. Je compris que mon Église d'appartenance n'était pas à Rimouski ni ailleurs, mais à Saint-Donat. Je compris alors que lorsque je vins au Seigneur, j'appartenais à l'Église de mon village. Ma femme et moi étions des membres de l'Église de Saint-Donat, car nous habitions là. Jésus dit: «car là où deux ou trois sont assemblés en mon Nom, Je suis au milieu d'eux.» (Matthieu 18, v 20). Donc, nous étions ma femme et moi l'Église de Saint-Donat.
Les écritures non-comprises par les pasteurs des assemblées régionales. Nous étions donc, l'Église de notre village. Cela, les pasteurs de l'assemblée de Rimouski ne l'avait pas compris. Je ne leur en fait pas de reproche. Ils auraient dû nous dire: «Vous êtes de l'Église de Saint-Donat, vous appartenez à cette Église, vous êtes nos frères et nos soeurs mais vous faites partie de l'Église de Saint-Donat. Maintenant, restez chez vous, vous devez travailler, témoigner autour de vous, faire en sorte que cette Église grandisse!» Hélas! ils ne l'ont pas dit. On avait retiré les frères et les soeurs (les lumières) du village et on les avait «cachés» dans un même lieu avec les autres frères et soeurs qu'on avait également sortis de leur village respectif. Quelle erreur! En voulant centraliser, réunir tous les chrétiens sous un même toit, on a privé les villages de l'Évangile, on a limité l'accès à Christ à des dizaines, des centaines, des milliers de personnes. Bien plus, on a enfermé des chrétiens dans des dénominations sectaires divisées les unes des autres et pire, on a étouffé le ministère du Saint-Esprit. Voilà pourquoi tant de chrétiens étaient bouleversés. Ces gens qui venaient au Seigneur dans un état lamentable, se retrouvaient au milieu d'une assemblée en pleine crise, une assemblée qui n'allait nulle part, une assemblée qui était non conforme à l'Église scripturaire et qui avait fait ses propres règles et qui en même temps, s'était mise des barrières. Voilà la voie et l'erreur de toutes les dénominations évangéliques. Retourner les chrétiens à leur localité respective et par conséquent à leur Église respective, aurait été la solution ultime et biblique à la propagation de l'Évangile. Certains diront: «Oui mais il n'y avait pas d'église chrétienne dans ces villages, comment ces chrétiens auraient-ils pu survivre?» Non! comprenons nous bien! Ces chrétiens étaient justement l'Église! Ils étaient l'Église. N'oublions pas: l'Église, ce sont les croyants. Dès que dans un village, il y a des conversions à Christ, il y a une Église. C'est Dieu qui l'atteste. Combien de frères et de soeurs se sont découragés parce qu'ils ne parvenaient pas à comprendre ce que j'explique aujourd'hui! Ces frères et soeurs se sont retirés des assemblées régionales parce que ce n'était tout simplement pas leur Église, ils n'appartenaient pas à cette Église, ils ne s'y sentaient pas chez eux, ils étaient comme des invités qui tardent à partir et qui finalement quittent. Ces frères et ces soeurs n'ont pu s'expliquer à eux-mêmes, ni comprendre ce que j'exprime aujourd'hui. Ils sont maintenant errants ici et là dans les villages. Après qu'ils eurent quitté ces assemblées dites régionales, on les a rejetés et on a négligé de les traiter comme des membres de la grande famille de Dieu. Ce qui manquait à ces gens abandonnés, c'était de croire qu'ils étaient des enfants de Dieu au même titre que tous les autres, qu'ils avaient la Vie Éternelle, qu'ils appartenaient à leur communauté locale et cela, même s'ils n'étaient qu'une famille ou deux ou trois, qu'ils avaient un lieu d'appartenance, qu'ils étaient eux-mêmes l'Église de leur village. Personne n'a pu leur dire cela...
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Nous étions en 1989, c'est à cette époque et dans ce contexte, que je racontai au pasteur de l'assemblée de Pentecôte de Rimouski, ce qui brûlait dans mon coeur. Je partageai naïvement ce qui suit au cours d'une soirée, chez un frère à Mont-Joli. À peu de choses près, voici les grandes lignes:
· Dieu veut que nous soyons des lumières dans nos villages; · Comme chrétiens, nous avons la responsabilité d'annoncer l'Évangile; · Chaque chrétien se doit de marquer son époque, son milieu par des attitudes, des comportements et des sentiments qui sont en Jésus-Christ; · Chaque village doit avoir un lieu où se fait de l'évangélisation pour les inconvertis; · Cette oeuvre auprès des inconvertis sera constante, régulière et sans relâchement; · Cette oeuvre d'évangélisation sera fondée sur la foi en Dieu et en Jésus-Christ qui a tout accompli; · Nous devons annoncer Christ, non une dénomination (Actes 8 v 5); · Dieu se chargera de convaincre les gens par son Saint-Esprit; · Les nouveaux convertis seront enseignés selon l'Église scripturaire à savoir: – Les nouveaux convertis n'ont pas à chercher une église, ils sont eux-mêmes l'Église de leur localité; – Ils seront des lumières dans leur milieu et annonceront l'Évangile dans leur famille, à leurs voisins; – Ils se réuniront dans une maison pour prier, louer le Seigneur et apprendre l’A-B-C de la vie chrétienne; – Quand les chrétiens seront trop nombreux dans cette maison, une nouvelle maison sera ouverte et ainsi de suite; – Toutes ces assemblées-maison, à l'intérieur des limites de la municipalité, abriteront les chrétiens de la localité, c'est-à-dire, l'Église locale; – Chaque assemblée-maison veillera au bien-être de chaque chrétien; – Des anciens (surveillants) seront établis parmi les groupes de chrétiens, ils seront des personnes fiables, responsables qui veilleront au bien-être du troupeau. Ils ne domineront pas le troupeau mais seront des serviteurs de tous (Actes 20 v 28); – Ces anciens ne seront pas un fardeau pour les chrétiens. Leur mandat sera de donner, non de recevoir et cela à tous points de vue (Tite 1 v 6 à 9); – Les réunions se feront dans la simplicité où chacun (e) pourra partager, s'exprimer dans le respect et la confiance pour l'édification du groupe (1 Thess. 5 v 11); – Finalement, ces réunions seront avant tout sous la conduite du Saint-Esprit sans structure préalablement établie, sans routine (Col. 3 v 16, Ephé. 5 v19, 1 Cor.14 v26). Naïvement, je partageai donc au pasteur de l'assemblée de Pentecôte les idées ci-dessus. Quand je lui partageai mon point de vue sur l'Église locale, j'étais tremblant. Comment allait-il prendre cela? Qu'allait-il penser de moi? Malgré tout, je croyais sincèrement dans mon coeur, que mes propos tellement évidents en soi, seraient acceptés et partagés par le pasteur. À mon grand étonnement, je me trompais! Après avoir terminé mon exposé, il me reprit avec colère et railleries et me dit que je voulais former ma propre Église, que je n'étais pas un pasteur, que je marchais tout croche (à ce moment là, je vivais des difficultés sur le plan familial), et que j'apportais de la division. Cependant, tout ce que je venais de lui partager était conforme à la Parole de Dieu! J'ai répliqué que cela ne m'intéressais pas d'être pasteur au sens où il l'entendait, que l'Apôtre Pierre était un homme sans instruction, sans cours biblique et que cela n'a pas empêché qu'il soit utilisé par le Seigneur.
Un constat bouleversant. Le dimanche qui suivit, à l'assemblée de Rimouski, après avoir été montrés du doigt et traités comme des gens dangereux, ma femme et moi, nous avons compris que le pasteur n'avait pas «reçu» nos propos. Nous constations que nous ne pourrions jamais mettre de l'avant ce que Dieu avait mis dans nos coeurs pour notre village, dans le cadre d'une telle dénomination... Certes, nous aurions pu demeurer à cette assemblée en renonçant à cette vision de l'évangélisation, mais, constatant que nous n'y renoncerions point, le pasteur convoqua les responsables et nous jeta dehors de cette assemblée. C'est dans un tumulte indescriptible et inqualifiable que nous avons quitté cette assemblée. Nous avons compris dans les jours qui suivirent, qu'il nous faudrait dorénavant prêcher Christ et seulement Christ. Ce n'était pas facile à accepter, à comprendre. En fait, il n'y avait rien à comprendre! C'était la volonté de Dieu. Sans doute, nous mettait-Il à part... Jamais nous n'aurions pensé en arriver là. Nous voulions être utiles à cette assemblée. On nous avait prêché qu'il fallait prier pour recevoir de Dieu une vision pour l'évangélisation. Quand elle vint, les autorités ne la reçurent point. D'abord très attristés (ma femme et moi et nos enfants), Jésus nous consola et nous montra que cette voie, celle de l'Église locale, était la sienne et que chaque jour de notre vie Il serait à nos côtés.
Dieu console ses enfants. Pendant toutes ces années où Dieu nous a conduits au désert, le Seigneur nous apporta beaucoup de consolations. Nous avons pu expérimenter la grâce du Seigneur qui n'abandonne pas ses enfants. Les consolations, venant de Dieu furent pour ma femme et pour moi, de grandes bénédictions. Nous nous sentions aimés de Dieu, enveloppés de sa grâce. Le Seigneur permit que nous rencontrions des frères et des soeurs qui avaient vécu cette même solitude. Ils nous encouragèrent à conserver notre vision pour l'évangélisation et à persévérer dans cette voie. Nous remercions Dieu pour une soeur qu'Il plaça sur notre chemin. Elle fut dévouée, compréhensive, nous soutenant en prières, nous visitant. Ce soutien fraternel nous aida beaucoup pour ne pas sombrer dans le désespoir. Que le Seigneur bénisse cette soeur abondamment avec toute sa famille. Elle fut pour nous comme «Jonathan» auprès de David (1 Samuel 18); sa loyauté ne fit jamais défaut, elle est toujours fidèle! De plus, Dieu fit que des livres écrits par des hommes de Dieu, des biographies d'hommes de Dieu se retrouvèrent entre nos mains. Des livres où l'on voit des hommes marcher par la foi, s'accrocher aux promesses de Dieu et expérimenter qu'Il est toujours vivant. Ces hommes de foi avaient reçu à la lumière des Écritures, cette révélation concernant l'Église. Je réalisais à la lecture de ces écrits, que Dieu m'avait aussi montré ces lumières. Une révélation que mon épouse avait aussi reçue, ainsi que d'autres frères et soeurs. Aujourd'hui, nous réalisons que c'est le Saint-Esprit qui distribue à travers les âges et les lieux et cela, à quiconque cherche de tout son coeur, une telle révélation. Tout chrétien peut recevoir cette révélation, concernant l'Église locale, en abandonnant les barrières dénominationnelles et en ouvrant tout grand son coeur à la simplicité de l'Évangile qui est en Jésus-Christ. Malheureusement, aujourd'hui, on ne retrouve plus (ou difficilement) de tels livres dans les librairies chrétiennes et c'est dommage. Pourtant, ce sont des trésors de la foi des siècles passés. Nous avons tellement besoin de modèles de foi, d'exemples de persévérance...
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Un retour à l'Église locale: la solution pour nos villages. Dans le Nouveau Testament, dans les Actes plus précisément, l'Église est avant tout locale. Lorsqu'on parle de l'Église de Jérusalem on parle de tous les croyants de Jérusalem. Étaient-ils rassemblés dans un même lieu? Pas du tout! Ils se réunissaient ici et là dans des maisons. À ce moment-là, l'Église n'était pas une bâtisse mais un groupe de croyants. Il ne fut jamais question d'église régionale ou de chrétiens de Jérusalem assemblés sous un même toit. Lorsque «Saul de son côté ravageait l'Église,» le mot église avait un grand «E» et représentait les croyants de l'Église de Jérusalem. La suite du verset dit: qu'il ravageait «pénétrant dans les maisons». Comme on peut le voir, Saul s'attaquait aux chrétiens non pas d'une bâtisse, mais d'une Église, celle de Jérusalem formée de croyants qui eux se réunissaient dans les maisons. Le mot église au sens de bâtisse n'apparaît pas dans le Nouveau Testament. Ce concept est apparu au 3 ème siècle après Jésus-Christ. Ainsi, moi Gérald Caron et mon épouse Nicole Proulx, nous sommes pour ainsi dire l'Église de Saint-Donat. Nous formons cette Église selon la Bible. Plus encore, à Saint-Donat, il y a d'autres frères et soeurs qui fréquentent des assemblés d'ailleurs exemple: Rimouski, Mont-Joli. Même s'ils n'en sont pas conscients, ces frères et soeurs (que je considère comme tels) appartiennent d'abord à l'Église de Saint-Donat et en cela devant Dieu, ils ne peuvent s'y soustraire. La première responsabilité de ces frères et soeurs en est une auprès de leur communauté chrétienne locale. Si nous ne distinguons pas, dans notre village, le Corps de Christ, (les frères et les soeurs) comment peut-on dire que nous aimons Dieu? voir 1 Jean 3 vs 14-15. Par exemple: Si j'ai un frère ou une soeur qui m'écrit et qui me demande en terminant sa lettre de saluer l'Église de Saint-Donat, qui devrais-je saluer? Si je ne suis pas sectaire, je devrai saluer tous les chrétiens sauvés par grâce peu importe la dénomination qu'ils fréquentent (Baptiste, Pentecôtiste, Frères en Christ etc...) et cela peu importe si leur assemblée est à l'extérieur des limites de Saint-Donat. Je devrais saluer ces frères et soeurs car ils demeurent à Saint-Donat et qu'ils font partie d'abord de l'Église de Saint-Donat. Rappelons que l'Église de Saint-Donat, est constituée des croyants de Saint-Donat, sauvés par grâce. En Christ nous nous devons de les considérer comme tels. Que ces frères et soeurs ignorent cet état de choses, cela ne change rien au fait qu'ils appartiennent à l'Église de Saint-Donat et que leur premier souci devrait être de favoriser la communion fraternelle dans leur propre localité. Ainsi, dans le contexte des dénominations et des églises régionales, on comprendra que si on me demandait de saluer les frères et soeurs de Saint-Donat ou l'Église qui est à Saint-Donat, je me sentirais quelque peu mal à l'aise. D'abord, je ne les connais pas tous intimement, deuxièmement, il faudrait que je leur explique tout ce que j'écris en ce moment, troisièmement certains pourraient même penser que je veux diviser leur assemblée. Comprenons donc que toute la confusion et l'esprit sectaire qui existent aujourd'hui dans le milieu chrétien, ne rendent pas facile la communion fraternelle, le témoignage chrétien et l'accomplissement de ces paroles de Jésus: «À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres» (Jean 13, v. 35). L'Église locale apparaît comme la seule et véritable solution à l'évangélisation de nos villages. C'est la voie biblique citée en exemple par Dieu Lui-Même. Bibliquement, les chrétiens des villages ont une grande responsabilité. Ils se doivent, en plus d'avoir un témoignage exemplaire pour Christ, d'annoncer la Bonne Nouvelle et de s'occuper personnellement de faire des disciples, de ceux qu'ils conduisent à Christ. Ainsi, l'évangélisation n'est pas seulement la responsabilité du pasteur ou d'un groupe restreint d'individus. C'est la responsabilité de tout chrétien, selon ses capacités, ses dons, les lumières qu'il a reçues. Nul n'est mis de côté. Chacun y va selon la direction de l'Esprit et c'est le Seigneur qui dirige et qui bâtit son Église selon l'enseignement qu'IL a donné à ses Apôtres.
Caractéristiques de l'Église locale. Voici quelques caractéristiques concernant l'Église locale que tout chrétien devrait connaître: – * Jésus est le chef de l'Église qui est son Corps. Nous les chrétiens, nous formons le Corps de l'Église. Nous ne pouvons, sur la terre, tous nous assembler dans un même lieu. Dans le Nouveau Testament, nous ne trouvons qu'une manière et une seule de diviser l'Église en églises, et cette manière établie par Dieu a pour base la différence de lieu (de localité); – * Qu'est-ce qu'une Église selon de Nouveau Testament? Ce n'est ni un bâtiment, ni une salle d'évangélisation, ni un centre de prédication, ni une mission, ni une oeuvre, ni une organisation, ni un système, ni une dénomination, ni une secte. C'est le rassemblement pour l'adoration et la prière, la communion et l'édification mutuelle de l'ensemble du peuple de Dieu à un endroit donné. Ce rassemblement s'effectue du fait qu'il s'agit de chrétiens du même endroit; – * Tous les chrétiens qui vivent dans un même lieu que nous, appartiennent à la même Église que nous et nous n'oserions en exclure aucun; – * Nous devons reconnaître comme frères et soeurs et comme membres de l'Église locale tout enfant de Dieu qui vit dans notre localité; – * À localité unique, Église unique; – * Il n'y a dans l'Écriture pas d'autres églises que les églises locales; – Bref, si nous croyons que l'Église est locale et que c'est le rassemblement des croyants d'un même lieu, il convient de nous demander comment cette Église peut-elle naître? Comme je le disais plus tôt, dès que dans un village X, une localité X, il y a conversion à Christ, nous avons là l'embryon d'une Église. Jésus a dit: «Car là ou deux ou trois sont assemblés en mon nom, Je suis au milieu d'eux.» (Matth. 18 v. 20). Notons ici le mot «assemblés» qui veut dire réunis, être en communion; notons aussi la présence de Jésus: présence tout aussi importante et entière que s'il y avait 50 ou 100 chrétiens assemblés. Il y a donc dans ce village X, une Église qu'on appelle l'Église de (nom du village). Pourquoi est-ce une Église? C'est parce que ce sont des chrétiens qui la forment. Quand l'Apôtre Paul dit dans Romains 16, vs 3 à 5: «Saluez Prisca et Aquilas, nos compagnons d'oeuvre en Jésus-Christ.. Saluez aussi l'Église qui est dans leur maison», Paul dit en réalité de saluer les chrétiens qui se réunissaient dans cette maison. Donc, ce sont les chrétiens qui sont l'Église.
Comment en arriver à cela? Rares sont les villages où il n'y a pas de chrétiens. Par conséquent, il y a un embryon d'Église dans chaque village. Rappelons que les chrétiens sont l'Église. Le problème ce n'est pas de former cette Église, elle existe déjà. Le problème, c'est d'amener cette Église à se réunir. Plusieurs chrétiens ne voudront pas. La raison principale est qu'ils vont déjà dans une autre assemblée ailleurs. Par amour, leur parler de l'Église locale, c'est très bien! Cependant, insister pourrait les rendre mal à l'aise et leur laisser croire que nous apportons la division. Allons-nous, nous attarder à les convaincre? Pas du tout! Nous croyons qu'on n'a pas à le faire. Notre mission est d'aller vers les inconvertis et eux, nous devons les enseigner selon l'Église scripturaire. Ces nouveaux chrétiens apprendront très vite qu'ils sont l'Église de leur village et que c'est là qu'ils doivent se réunir et que c'est là, dans ce village particulièrement, qu'ils doivent amener l'Évangile. C'est en agissant ainsi, que nous renverserons la vapeur... Dans dix ou vingt ans, si nous sommes fidèles, persévérants et nous devons l'être, le paysage des églises chrétiennes du Québec aura changé, chaque village aura son Église et elle sera active. Avant, on sortait les chrétiens des villages pour les amener à gonfler l'assemblée des églises régionales; aujourd'hui, c'est dans leur village que ces chrétiens seront des lumières pour les gens autour d'eux. C'est là le vrai témoignage. On comprend pourquoi, du temps de l'Apôtre Paul, l'Évangile s'était répandue avec une vitesse incroyable, compte tenu des moyens de communication dont Paul disposait à l'époque. L'évangélisation se faisait de bouche à oreille, village après village. Les chrétiens comprenaient leur rôle. Ils étaient des adultes responsables et conservaient précieusement comme un trésor ce qu'ils avaient reçu des enseignements apostoliques. Ils savaient que la prière, la foi en Celui qui fait l'oeuvre (le Saint-Esprit), le témoignage chrétien, le rachat du temps, et l'unité dans le Corps de Christ étaient des acquis essentiels à la propagation de l'Évangile. Ce trésor a été perdu pendant des années, des siècles. Il appartient aux chrétiens de se l'approprier et de le transmettre aux jeunes convertis pour l'amour de Jésus.
La dispersion des chrétiens: dans le plan de Dieu. Des dénominations puissantes qui croyaient que la seule force de l'homme, l'apparence évangélique et l'attrait des bâtiments somptueux pourraient maintenir debout ces églises, se sont trompées. Aujourd'hui, ces églises se vident de leurs membres parce qu'elles ont renié ce qui en fait la force à savoir: la simplicité de l'Évangile qui est en Christ. Ces dénominations n'ont que l'apparence de la piété. À ces églises, Jésus demande de revenir à leur premier amour, et cela, avant qu'il ne soit trop tard. Dans les Actes des Apôtres chapitre 8 verset 1, nous lisons «qu'il y eut ce jour-là, une grande persécution contre l'Église de Jérusalem et tous excepté les Apôtres, se dispersèrent...» Dieu a permis cette persécution contre l'Église de Jérusalem afin que les chrétiens se dispersent et amènent le message de l'Évangile à d'autres personnes en d'autres lieux. Autrement, ces chrétiens se seraient endormis dans leur confort comme c'est le cas aujourd'hui. On peut lire, toujours dans Actes 8 verset 4 cette fois, cette confirmation: «ceux qui avaient été dispersés, allaient de lieu en lieu, annonçant la Bonne Nouvelle de la Parole.» Aujourd'hui, les églises régionales n'accomplissent pas le plan de Dieu. Retirer les frères et soeurs des villages, pour grossir les rangs d'une église régionale n'a pas de fondement scripturaire. Les conséquences pour beaucoup de chrétiens sont catastrophiques et l'évangélisation avance à pas de tortue. Cette forme de dispersion que connaissent les églises dénominationnelles est permise par Dieu. Nous croyons que Dieu est en train de former une armée, de ses enfants dans la dispersion. Dieu se cherche des hommes et des femmes qui diront comme Paul: «Seigneur, que veux-tu que je fasse? Et le Seigneur lui dit: Lève-toi, entre dans la ville et on te dira ce que tu dois faire.» (Actes 9 verset 6). Nous ne pouvons attendre les bras croisés que d'autres fassent à notre place. Voici, le temps est venu. Il nous faut retourner à la Parole de Dieu, à la simplicité de l'Église et de l'Évangile de Jésus-Christ: notre premier amour. Serons-nous prêts à retourner dans nos villages pour Christ? À y apporter notre coeur et notre âme pour Le servir, apportant le Salut dans la simplicité de l'Évangile à tous ces gens, qui autour de nous, attendent la délivrance promise par Dieu à ceux qui Le cherchent? À tous les enfants de Dieu dans la dispersion, l'abandon et à tous ceux qui n'ont pas trouvé leur Église d'appartenance, Dieu dit, oeuvrez chez-vous, où un peuple nombreux attend la délivrance.
Un nouveau chapitre des Actes. Ayant compris notre responsabilité face à l'Évangile, il convient de passer aux actes. Peut-être, est-ce pour cela qu'on a appelé ce premier livre de l'histoire de l'Église: les Actes des Apôtres! Actes, c'est-à-dire actions, activités des Apôtres. Ce livre nous enseigne que les apôtres, les évangélistes, les hommes et les femmes de Dieu ne sont pas restés inactifs. Ils ont agi, ils ont oeuvré. Il appartient à chaque chrétien, chaque chrétienne d'écrire un nouveau chapitre des «Actes», continuant ainsi l'oeuvre amorcée par les Apôtres. Cela se fera dans l'action, par la prière, par la foi et l'assistance du Saint-Esprit. Ce chemin ne sera pas facile. L'ennemi fera tout pour nous empêcher d'agir. Il mettra des doutes dans notre coeur, notre esprit. Il essaiera de nous décourager parfois même, par des frères et des soeurs. L'opposition ne viendra pas des inconvertis mais d'une ou quelques personnes qui se disent enfants de Dieu. Cependant, Jésus a vaincu à la croix et sa Parole dit: «qu'après que vous aurez souffert un peu de temps, (Dieu) vous perfectionnera, Lui-Même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables.» (1 Pierre 5 verset 10).
Notre mission. Que Jésus veuille sauver nos villages, il n'y a pas de doute. La Parole de Dieu est claire à ce sujet. Le Seigneur veut que tous viennent à la repentance et que personne ne périsse. Notre manque de foi, notre manque de consécration, notre manque de connaissance vis-à-vis les Écritures de même que toutes les divisions entre frères et soeurs compromettent l'avancement de l'Évangile dans nos villages. L'Évangile n'a pas été proclamé d'une façon constante dans nos villages et nos villes depuis leur existence. Posez la question: Y a-t-il eu quelqu'un ou un groupe qui a annoncé Jésus au siècle dernier dans votre village? Quelqu'un qui a marqué une époque, un fou de Jésus (aux yeux du monde) qui parlait de Jésus, exhortant le monde dans nos villages à la repentance? Je ne crois pas ou si ce fût le cas, ce fou aurait été enfermé dans un asile sur-le-champ. De toutes façons, il n'y a pas si longtemps, la Bible était un livre à l'index et rares étaient ceux qui en possédaient une copie. Ainsi, les Québécois, ont été et sont encore pour la majeure partie, un peuple dans l'ignorance par rapport au Salut gratuit accompli par Jésus. En ce sens, la religion catholique a manqué a ses responsabilités en cachant la vérité et en mettant l'accent sur le salut par les oeuvres. Mais nous qui sommes chrétiens, nous qui avons une Bible, nous qui jouissons d'une grande liberté, nous avons aussi une grande responsabilité: amener les gens, autour de nous, à la connaissance personnelle de Jésus en leur présentant la Bonne Nouvelle.
La consécration à Dieu nécessaire. Je crois que Dieu suscitera dans chaque village, chaque ville, des chrétiens, des chrétiennes qui donneront le reste de leur vie à l'avancement de l'Évangile. Des personnes qui porteront à bout de bras leur village pour le présenter à Dieu. Des frères et soeurs qui présenteront à Dieu chaque personne de leur village. Des chrétiens qui prieront, jeûneront, suppliant Dieu de sauver ces gens. Des chrétiens qui garderont ce fardeau dans leur coeur à chaque moment du jour et de la nuit. Des gens luttant dans la prière, disant comme Jacob lorsqu'il luttait avec Dieu: «Je ne Te laisserai point aller que Tu ne m'aies béni» (Genèse 32 v. 26). Dans cette lutte, Jacob avait vu Dieu face à face. C'est seulement par notre consécration totale à Dieu que Dieu pourra agir à travers nous. Nous serons des témoins fidèles si nous nous attachons à Christ laissant de côté tout ce qui pourrait nous distraire de notre vocation. Notre lutte, notre combat est le combat de Dieu. Si nous lisons la Bible soigneusement, nous découvrirons que Dieu donne ses richesses spirituelles, vie et lumière à une seule catégorie de personnes: celles qui désirent ardemment être utilisées par le Seigneur. La véritable puissance est basée sur la mesure du don de notre vie à Dieu. La véritable puissance est basée sur l'intensité de notre amour pour le Seigneur Jésus, sur notre consécration à Dieu. Il faut d'abord laisser Dieu façonner Christ en nous et ensuite, aller parler aux gens de ce Christ que nous connaissons par révélation.
Croire en Jésus. Il n'y a pas de recette pour faire l'évangélisation de nos villages. Dieu n'est pas un Dieu de recette ni de solution toute faite. Lorsqu'on lit les Écritures, on constate que la connaissance de Christ, au coeur des inconvertis, se fait selon un plan que Dieu seul tient en réserve. À quelqu'un qui, un jour, demandait à Jésus: «que devons-nous faire, pour faire les oeuvres de Dieu? Jésus leur répondit: L'oeuvre de Dieu c'est que vous croyiez en Celui qu'Il a envoyé». (Jean 6 vs 28-29) Ainsi, des gens demandaient à Jésus ce qu'ils devaient faire pour plaire à Dieu; Jésus leur répond qu'ils doivent croire en Lui. Un peu spécial, n'est-ce-pas? Encore une fois, dans l'évangélisation de nos villages il n'y a pas de recette miracle. La seule façon donnée par Dieu est de croire en Jésus, croire que Dieu a tout accompli. Cependant, nous devons Le laisser agir en nous, Lui donner toute la place qui Lui revient. Nous devons être imprégnés de la présence de Christ dans chaque recoin de notre vie et de notre existence. Ce n'est pas humain me direz-vous, mais c'est le chemin biblique pour l'évangélisation et c'est Dieu qui fait cette oeuvre en nous. Ce n'est pas une armée de chrétiens divisés, charnels, ignorant les frères et soeurs du même village qui vont faire avancer la cause de l'Évangile. «Tant qu'il y aura parmi vous des rivalités, des dissensions et des querelles, n'est-ce pas la preuve que vous vous comportez comme tout le monde, comme des hommes irrégénérés?» (1 Cor. 3 v. 3 -version: La Parole Vivante) Comme dans les Écritures, Dieu se cherche quelqu'un qui fera sa volonté. Dieu travaillera d'abord dans cette personne en façonnant Christ en elle et après, Dieu travaillera au travers cette personne. Ne cherchons pas des moyens artificiels ou humains pour attirer des gens à Christ. Rappelons que l'oeuvre de Dieu, c'est que nous connaissions Jésus, le connaître parce qu'ayant une communion personnelle avec Lui. Souvenons-nous de Marthe et Marie dans Luc 10 vs 38 à 42. Nous avons là des modèles que Jésus nous donne en regard des oeuvres que Dieu attend de nous. Marie était «assise aux pieds du Seigneur et écoutait sa Parole» v 39. Marthe, occupée à toutes sortes de travaux se démenait beaucoup; Jésus dit qu'elle «s'agitait pour beaucoup de choses» v 41. Marthe disait à Jésus: «Seigneur cela ne te fait-il rien que ma soeur me laisse seule pour servir?» (on aurait probablement, comme chrétien, choisit de faire ce que faisait Marthe c'est-à-dire: servir Jésus en faisant beaucoup de travaux.) Jésus cependant, répond à Marthe: «Une seule chose est nécessaire, Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée». Voilà l'oeuvre que Dieu veut que l'on fasse: croire en Jésus-Christ son Fils, être à l'écoute de sa Parole comme Marie. Marie était un vase entre les mains du Seigneur. Nous aussi, nous devons devenir des vases utiles et donner l'occasion au Seigneur de travailler en nous. Laissons Dieu agir d'abord en nous et après, laissons-Le agir au travers de nous par le Saint-Esprit.
À la grâce de Dieu. Les années 1990 furent des années où le Seigneur me confirma à travers sa Parole, la direction qu'Il avait mise dans mon coeur. Il n'y avait plus de doute. L'évangélisation est le devoir de chaque chrétien, chrétienne et ceux-ci appartiennent à l'Église locale de chaque village. Au-delà de cette révélation, je devais chaque jour, chercher comment y parvenir. Il y eut beaucoup de découragement. J'ai bien essayé, à quelques occasions au début des années 1990, de m'intégrer à des assemblées chrétiennes existantes et de partager tant bien que mal, à quelques frères et soeurs, ce que j'avais dans mon coeur. Cependant, mes propos ne trouvèrent point d'écho. Je découvris à la lumière de la Parole que ce n'était pas encore le temps de Dieu. J'espérais l'aide, le soutien de quelques chrétiens, une main d'association mais c'était en vain! Je persévérais, priant le Seigneur, partageant ce feu pour l'Évangile à des frères et des soeurs près de moi et cela lorsque j'en avais l'occasion. Je découvris que ce qui limitait la compréhension de cette façon, de concevoir l'évangélisation, chez les frères et soeurs, c'était avant tout leur attachement aux assemblées en tant que bâtisses. En effet, dès qu'une personne était rejetée par son assemblée, pour une raison ou pour une autre, la compréhension du concept d'Église locale trouvait écho. Les barrières tombaient, les cadres s'estompaient. Dieu donc, créerait un sol propice, une terre propice à la compréhension de ce qu'IL veut pour son Église. C'est Dieu qui fera l'oeuvre. Ayant reçu ces lumières, ces révélations concernant l'évangélisation des villages et de l'Église locale, en prière, ayant reçu la confirmation au travers des Écritures, nous nous devions, ma femme et moi, de mettre les mains à la charrue sans regarder derrière ni attendre l'approbation de qui que ce soit. Nous remercions Dieu, ma femme et moi, de nous avoir gardés du monde pendant toutes ces années. Dieu nous avait réconciliés, nous donnant une même unité de pensée à l'égard de l'évangélisation. C'était un miracle du Seigneur. Jour après jour, pendant des années, le Seigneur avait façonné nos coeurs dans une même pensée, un même zèle pour l'Évangile. Bien sûr, nous nous sentions comme des vermisseaux face à la tâche et à la grandeur du dessein de Dieu pour nos villages. Nous savions cependant que notre faiblesse était notre force, afin que la puissance de Dieu se manifeste. Encore aujourd'hui, il nous faut se le rappeler chaque jour. Dans cette faiblesse, Jésus nous rappelle son soutien: «Ma grâce te suffit» (2 Cor. 11 v 9).
Marcher par la foi. Parfois, comme chrétiens, nous avons cette habitude de consulter à droite et à gauche, cherchant une approbation, un signe quelconque. Je crois que c'est très bien d'être à l'écoute des frères et soeurs. Je crois aussi que Dieu peut nous amener à discerner chez un frère ou une soeur, une certaine autorité spirituelle. Il faut aussi savoir la reconnaître, sinon l'examiner. Trop souvent hélas, comme chrétiens, nous avons peur de marcher, nous cherchons un certain appui. Cela nous vient sans doute de notre passé religieux qui nous a toujours incité à dépendre de quelqu'un, à attendre quelqu'un, quelque chose, à diriger notre foi dans les hommes plutôt qu'en Dieu. Quand un jour l'Apôtre Paul fut touché par Dieu, il abandonna son passé religieux. La Bible nous dit qu'il ne consulta ni la chair ni le sang (Galates 1 v. 16). Paul savait que ce qu'il avait reçu, il le détenait de Dieu et non des hommes. Si toi aussi, tu reçois de Dieu, si c'est conforme aux Écritures, alors marche avec cette révélation par la grâce de Dieu. «Vous me trouverez si vous me cherchez de tout votre coeur» (Jérémie 29 v. 13) Commencer et soutenir une oeuvre d'évangélisation dans notre village, est une entreprise noble et combien engageante. Nous devons faire confiance à Dieu et à Dieu seul. C'est Jésus qui a dit: «Je bâtirai mon Église» (Matth. 16 v.18). Nous devons marcher ayant cette foi en l'oeuvre accomplie par Jésus-Christ. Jésus, le Rocher, voilà la fondation de toute oeuvre d'évangélisation. Je sais qu'il nous faudra ébranler les colonnes de la «religiosité» chez les habitants de notre village. Je sais que nous devons mettre en lumière l'état spirituel de chaque habitant de notre village en le confrontant, à la Parole immuable de Dieu. Nous savons aussi que seule la Vérité peut libérer, affranchir et qu'il faut par conséquent, La proclamer. Il n'est pas question de reculer ni même de céder un pas au doute ou au manque de foi.
Évangélisation: notre champ d'action. «Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création» (Marc 16 v. 15) «La bonne nouvelle est annoncée aux pauvres» (Luc 7 v. 22). Il existe une croyance chez beaucoup de chrétiens disant que l'évangélisation doit se faire presque uniquement dans des pays étrangers. Pourtant, lorsque l'on regarde autour de nous, nous voyons toute une population qui ne connaît pas le Seigneur. Aller parler de Jésus à des peuples lointains, c'est très bien! Cependant, laisser la population de nos villages, de nos villes dans l'ignorance est un grave manquement de la part des chrétiens. Réalisons que le Québec vient en tête de liste des pays peu évangélisés. Beaucoup de chrétiens, dans le but d'éviter la croix et de se donner une conscience libérée, répètent que «nul n'est prophète dans son pays». Je crois qu'il ne faut pas se justifier de ne pas oeuvrer en adoptant une telle attitude. Si nous le faisons, nous condamnons nos familles, nos voisins, nos amis à ne jamais connaître Jésus. Nous devons ouvrir notre bouche, nous devons parler de ce Jésus que nous connaissons, nous devons proclamer avec foi et assurance l'Évangile autour de nous. Notre champ, c'est d'abord bien sûr notre maison, notre famille mais c'est aussi nos voisins, notre rue, notre village, notre ville. Ne limitons pas le Seigneur par un manque de foi. Jésus n'a t-Il pas dit qu'Il serait avec nous tous les jours jusqu'à la fin du monde? (Matthieu 28 v. 20). Marchons donc dans ses traces. Allons vers ceux qui sont perdus, ceux qui attendent en silence la délivrance. Jésus nous dit d'aller vers les nôtres, de leur raconter tout ce que le Seigneur nous a fait et comment Il a eu pitié de nous. (Marc 5 v. 19) Comme Jésus, soyons «émus de compassion devant cette foule qui n'a rien à manger» (Marc 8 v. 2). Donnons-leur la nourriture spirituelle qui est la Parole de Dieu. Proclamer l'Évangile, c'est un privilège que Dieu nous donne. Si nous le faisons avec foi et amour, en nous appuyant sur l'oeuvre accomplie de Jésus, nous ne travaillerons pas en vain. Ce privilège, celui de gagner des âmes à Christ, est l'oeuvre de toute une vie. Jour après jour, nous devons intercéder au trône de notre Père, Le suppliant de révéler Jésus à ceux qui nous entourent. Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier. (Matthieu 24 v. 14) À l'automne 2001, soit après plus de 10 ans au désert, nous avons (ma femme et moi) amorcé une oeuvre d'évangélisation dans notre village. Ce désir brûlait dans nos coeurs depuis des années. Le Seigneur nous avait montré, en prière qu'Il voulait sauver notre village. À ce sujet, nos convictions grandissaient de jour en jour. Seul le manque de foi dans les promesses de Dieu pouvait faire obstacle à ce projet. Nous voulions aller de l'avant et cela au plus tôt. Combien de personnes dans les dix dernières années (dans notre village), c'est-à-dire des parents, des amis(es), des êtres chers, des connaissances la plupart âgées sont mortes, sans espérance. La seule espérance que ces personnes avaient, c'est qu'elles passeraient en jugement devant Dieu et cela sur le seul principe de leurs mérites. Triste espérance, lorsqu'on considère que nulle personne ne sera justifiée par les oeuvres (Galates 2 v. 16). Combien de personnes étaient mortes sans connaître leur Sauveur. Nous pouvions essayer d'ignorer ces tragédies spirituelles, essayer de fermer les yeux sur ces gens qui mourraient sans connaître Christ, nous n'en étions pas capables. Souvent, lorsque nous étions informés qu'une personne de notre village était malade ou mourante, nous nous empressions d'aller la visiter et si possible, lui parler de Jésus. Cette terre dans laquelle tombait la semence de la Parole de Dieu était dure, aride, desséchée, presque imperméable. Cette terre n'avait pas été préparée, labourée, retournée par la Parole de Dieu annoncée. Ces gens n'avaient peu ou pas entendu parler de Jésus auparavant. Ils n'avaient pas entendu parler du pardon des péchés et de la vie éternelle. Ignorant ces choses, comment auraient-ils pu comprendre que Jésus les aimaient? L'odeur de Jésus-Christ, une odeur de vie ne s'était pas rendue jusqu'à eux par le témoignage chrétien. Ces gens avaient espéré pendant des années des paroles de vie, mais personne ne les avait prononcées. Peut-être dira-t-on: «Oui mais Dieu parle au coeur!» Bien sûr et je crois que beaucoup de gens seront sauvés, dans les temps d'ignorance, par la seule révélation divine, au coeur de celui qui cherche. Mais Dieu dit aussi: «Comment croiront-ils en Celui dont ils n'ont pas entendu parler? Comment en entendront-ils parler, s'il n'y a personne qui prêche?» (Romains 10 v. 14). Qui ira prêcher à ces gens? Qui viendra? Nous chrétiens, nous devons comme Paul dire: «Seigneur que veux-tu que je fasse?» (Actes 9 v. 6) nous devons être des volontaires, des chrétiens responsables, qui marchent dans les traces de ces héros, dont nous pouvons voir l'engagement dans l'épître aux Hébreux, chapitre 11. Ainsi, prêcher, c'est avant tout annoncer la Bonne Nouvelle aux inconvertis. Prêcher, c'est aussi transmettre à autrui, ce que Dieu nous a enseigné dans notre propre existence. Devons-nous attendre le missionnaire d'outre-mer? Non! Nous devons parler de Jésus, L'annoncer. Nous devons remuer cette terre d'incrédulité et d'ignorance que compose le coeur de tout homme. Nous devons labourer, arroser cette terre et semer la bonne Parole de Dieu. Où est le peuple de Dieu? Il est là où tu demeures, là où je demeure. Quelque part dans ces villages, ces villes, le peuple de Dieu est là. Dieu dit dans Osée 4 v. 6: «Mon peuple est détruit parce qu'il lui manque la connaissance.» Nous ne pouvons ignorer la responsabilité que nous avons comme chrétiens, de proclamer la Parole de Dieu. Cela prenait de plus en plus de place dans nos coeurs. Chaque fois que quelqu'un mourrait, nous ressentions une grande tristesse. C'était comme si ces âmes glissaient entre nos doigts. Ces personnes qui étaient attachées à la religion, ne connaissaient pas véritablement l'oeuvre de Jésus-Christ. Quelle tristesse de voir ces gens mourir sans connaître Jésus! Quelle tristesse d'entendre les cloches (les glas) annoncer la mort de quelqu'un, le passage dans l'au-delà d'une âme perdue sans Christ! Ces cloches auraient dû annoncer la joie, la délivrance par la résurrection de Jésus-Christ. Pour ces personnes, il n'y avait plus d'espérance, c'était terminé. Le jour du salut était passé et n'avait pas été saisi. Mais pour les personnes qui restent, il y a encore de l'espoir. Comme chrétiens, nous devons nous soucier de ces gens, leur annoncer la Bonne Nouvelle. Nous devons supplier Dieu de bénir, de sauver ces gens. Cela nous devons le faire tous les jours de notre existence et tant qu'il y aura un souffle de vie. Ces paroles de Jésus nous revenaient: «Ce qui vous est dit à l'oreille, prêchez-le sur les toits.» (Matthieu 10 v. 27). Combien Jésus veut que nous ouvrions notre bouche. Nous ne devions plus attendre. Il fallait se lancer dans l'oeuvre, jeter le filet, devenir des pêcheurs d'hommes. Tous ces gens étaient endormis à cause de la religion, à cause de la répétition des rituels religieux. Saisissant avec foi l'oeuvre accomplie par Christ, nous avons mis les mains à la charrue, avec l'assurance que les forteresses religieuses ont été renversées à la croix.
Le comment de cette oeuvre. Dans les Actes des Apôtres, (Actes 2 v. 14), Pierre avec les onze Apôtres se présenta devant le peuple. Pierre annonça la Parole de Dieu avec beaucoup d'assurance, citant les paroles du prophète Joël (Actes 2 vs. 16 à 22). Il présenta au peuple de Jésus homme qui fut crucifié, ressuscité par Dieu et élevé au rang de Seigneur et Christ (Actes 2 vs 22 à 37). Puis, les gens du peuple qui écoutaient les propos de Pierre demandèrent: «Hommes, frères, que ferons-nous?» (Actes 2 v. 37). Et Pierre leur répondit: «Repentez-vous, et que chacun soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera.» (Actes 2 vs. 38-39). Aujourd'hui en 2002, cette promesse de Dieu tient toujours. Dieu appelle toujours les hommes et les femmes à la repentance. Rien n'est plus vrai. Aucune conversion n'est possible sans la repentance. Prêcher le Christ, prêcher la repentance est nécessaire pour que l'homme soit libéré de la condamnation qui pèse sur lui. Sachant cela, nous devons annoncer l'Évangile, nous devons prêcher Christ sans détour, sans diluer le message, sans compromis. Jésus a dit: «Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira» (Jean 8 v. 32). Nous devions aller auprès des gens de notre village, annoncer la Bonne Nouvelle, la pleine vérité concernant Christ.
Un lieu de rencontre. Nous étions en septembre 2001. Dans un premier temps, il nous fallait un local, un lieu public où nous pourrions rencontrer les gens. Dans un premier temps, j'ai rencontré le conseil municipal et j'ai exposé clairement mes intentions. Je ne cachai pas la vérité, à savoir que nous voulions, en ces temps difficiles, apporter aux gens de notre communauté, un soutien dans les différentes épreuves rencontrées. J'ajoutai dans cette lettre, que Jésus était la solution ultime pour trouver la paix. Comme lieu de rencontre, je leur expliquai que nous souhaitions avoir la salle du Vieux-Collège. Ce fut une merveilleuse occasion de témoigner les membres du conseil municipal, de nos intentions et surtout de présenter Jésus comme Celui qui est notre Seigneur. Les autorités municipales me posèrent quelques questions, firent quelques mises en garde contre ce qu'ils appellent «l'embrigadement», mais n'offrirent aucune opposition. Ils nous accordèrent une grande salle dans cet ancien collège, pour tous les mercredis soirs. Comme prix du loyer, ils nous demandèrent 20.00 $/mois. C'était merveilleux, nous avions un local pour prier, évangéliser et c'est Dieu qui avait pourvu à ce local.
Convocation des chrétiens de Saint-Donat. Dans un deuxième temps, ayant obtenu l'autorisation du conseil municipal, concernant la location du local, il fallait rencontrer tous les chrétiens du village. Le but: partager nos intentions concernant l'évangélisation. Dans une lettre (en annexe à la fin du document), j'ai expliqué à ces chrétiens ce que nous voulions faire ma femme et moi. Nous avions besoin de partager ce que nous avions dans notre coeur, de réclamer leurs prières, leur soutien. En quelques mots je leur partageai que nous étions frères et soeurs, que nous appartenions à la même communauté chrétienne, soit celle de Saint-Donat. J'essayai en des mots simples, de leur faire comprendre que le manque de consécration et l'absence de communion fraternelle entre chrétiens d'un même village, étaient les principaux obstacles à l'avancement de l'Évangile. Jésus n'a-t-il pas dit: «À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres» (Jean 13 v. 35). Dans cette lettre, j'ai réclamé leurs prières à l'aube de cette oeuvre et leur ai demandé de venir nous rencontrer, à l'heure et au lieu indiqués. Ma femme et moi, nous avons prié pour que cette réunion se fasse dans l'unité du Saint-Esprit. Nous souhaitions ardemment leur présence. Nous désirions raconter de vive voix, ce que Dieu avait mis dans nos coeurs et cela, même si la lettre expliquait bien nos orientations. Nous ne pouvions ignorer nos frères et nos soeurs dans l'accomplissement de cette oeuvre. La Bible dit que nous sommes des enfants de Dieu et «son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes oeuvres, que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions.» (Ephésiens 2 v. 10). Nous souhaitions les voir à cette rencontre et nous chassions tout doutes ayant trait à leur absence. Malheureusement, personne ne se présenta. Nous trouvions des explications, des raisons à ces absences: mauvais soir, pas libres, absents, malades etc... Mais au fond de nous-mêmes, il fallait se rendre à l'évidence: le message concernant notre volonté d'évangéliser notre village et de les associer à cette oeuvre, n'a pas passé. Le soir de la réunion, personne ne téléphona pour nous prévenir de son absence, non plus d'ailleurs dans les jours et les mois qui suivirent. Auparavant, j'avais écrit une lettre aux membres du conseil municipal pour avoir une rencontre avec eux. Ces gens là, avec une grande ouverture d'esprit, m'avaient accueilli, m'avaient écouté, m'avaient répondu. Ces gens avaient pris du temps pour moi. D'autre part, malgré mon insistance à vouloir rencontrer les chrétiens du village, rien, pas un signe de vie de ces derniers. Quelle tristesse! Ce constat me fit penser que la religion avait aussi atteint les milieux dits «évangéliques». Les chrétiens issus de ces assemblées se méfient de tout chrétien qui ne fréquentent pas leurs églises. C'est comme si, à l'extérieur des limites du bâtiment, le corps de Christ était inexistant. Un
climat de méfiance chez les chrétiens.
Les prédicateurs, dans les églises évangéliques traditionnelles, ont tellement mis en garde leurs fidèles, contre toutes personnes qui ne fréquentent pas leur propre assemblée, allant même parfois jusqu'à les décrire comme des loups, qu'ils ont créé un climat de méfiance propre au sectarisme. Pourtant, si ces assemblées avaient considéré ces chrétiens souvent rejetés, dispersés ici et là, comme des frères et soeurs et si ces assemblées avaient pensé un court instant, que Dieu utilise Ses enfants selon ses desseins, cette méfiance injustifiée n'aurait pas existé. Peut-on penser que l'Esprit du Seigneur ne se meut que dans des endroits déterminés par les hommes? Peut-on penser limiter ainsi Dieu? Peut-on penser être approuvé de Dieu, lorsque nous manquons d'amour envers ceux et celles pour qui le Seigneur Jésus est aussi mort sur la croix? À la lumière de la Parole de Dieu, nous répondons par la négative. Dieu ne permet aucune division dans son Corps. Nous n'insisterons jamais assez sur ce point. Voilà en quoi les assemblées chrétiennes d'aujourd'hui n'accomplissent pas la mission d'unifier, de cimenter les différents membres du Corps de Christ. Voilà aussi pourquoi, les chrétiens errent d'une assemblée à l'autre, cherchant un équilibre entre ce que dit la Parole de Dieu et ce qu'ils reçoivent comme enseignements. Si nous poussons notre réflexion plus loin, nous pouvons comprendre pourquoi l'Évangélisation fait de si maigres progrès au Québec. Chaque dénomination tire la couverture de son côté, se méfiant de l'assemblée voisine et du chrétien zélé pour l'Évangile. C'est donc dans ce contexte de méfiance, que s'inscrivait notre démarche de rencontrer les chrétiens de notre village, pour les sensibiliser à notre projet d'évangélisation. Aucun de ces 15 chrétiens convoqués n'avaient donné signe de vie. En fait, une seule personne avait téléphoné mais c'était pour dire, que cette oeuvre que nous amorcions n'était pas de Dieu. Pourtant, Dieu n'est pas divisé contre Lui-Même! Remercier Dieu en toutes choses. Sans se décourager, ce soir là (seuls au lieu de rencontre) ma femme et moi avons prié, remercié le Seigneur car, Il contrôle toute cette situation. Nous avons remis tous nos fardeaux entre Ses Mains toutes puissantes. Jésus a mis la paix dans nos coeurs. Nous avons compris par la suite que cet échec apparent était Sa Volonté et qu'espérer l'aide des chrétiens ayant déjà leur assemblée était illusoire. Nous aurions aimé partager avec nos frères et soeurs, cette espérance dans nos coeurs pour notre village. Dieu ne voulu pas qu'il en fut ainsi. Ou ce n'était tout simplement pas le temps. Ou ce n'était pas de cette manière. Qu'importe, Dieu savait ce qu'Il faisait. Nous avons compris que pour cette oeuvre, nous devions compter avant tout sur la seule puissance de Dieu et sur les quelques frères et soeurs, que le Seigneur voudrait bien placer sur notre chemin. Puisse Dieu susciter dans chaque village, chaque ville, des frères et des soeurs qui accepteront de porter la bannière de Jésus et de proclamer tout haut Sa Parole sans se relâcher. Le pourquoi d'un local. Ainsi, nous avions un local. C'est là principalement, que se dérouleraient nos activités d'évangélisation. Ce lieu servirait à la prière, à la louange au Seigneur et à l'accueil des gens que Dieu nous enverrait. Comment le Seigneur enverrait-il ces gens? Cela était Son rôle, Son travail et Sa promesse. À nous, Dieu demandait d'annoncer tout haut Sa Parole, de prier et de croire en Lui. Il nous demandait d'être obéissants et de toujours se reposer sur l'oeuvre accomplie à la croix. Il est certain que notre maison aurait pu servir de lieu pour accueillir les gens. Cependant, notre maison n'était pas un lieu public où les personnes, désireuses d'entendre la Parole de Dieu se sentiraient à l'aise. Que ce lieu soit public était donc très important. C'était un terrain neutre. Chaque mercredi soir, nous serions là pour prier. Toute personne du village pourrait y venir et repartir à son gré, en toute liberté. Les portes seraient ouvertes à tous et aucune condition ne serait posée. Jésus nous demande d'aimer tous les gens de notre village, du même amour dont Il nous a aimés. Le Seigneur Jésus nous a donné sa vie. Pour ces gens, nous devons aussi donner notre vie, notre temps et espérer toucher le coeur de Dieu par la prière d'intercession. Nous devons croire que Dieu éclairera le coeur des gens de notre village. IL est très important que cette oeuvre d'évangélisation ait son port d'attache. Nous avions établi les moments de ces rencontres, les mercredis soir de 19:00 à 21:00 heure et cela, aussi longtemps que le Seigneur nous voudrait là. La fidélité à ces rencontres de même que l'envoi, dans chaque foyer, de messages écrits concernant les choses de Dieu, détermineraient aux yeux de la population, le sérieux de cette entreprise. En cela, nous nous engagions, par la grâce de Dieu, à être fidèles à ces rencontres, à rester attachés aux promesses de Dieu pour notre village. En résumé, ce local servirait d'une part de lieu d'évangélisation pour les gens qui ont soif d'entendre la Parole de Dieu; d'autre part de lieu de prière, de partage et de louange à Dieu dans les moments où personne ne se présente. L'importance des maisons. Pour ce qui est de notre maison (ou une autre maison), c'est là que ce dérouleraient les premières rencontres avec les nouveaux convertis. C'est là qu'ils apprendraient à lire la Parole, à prier, à vivre le combat de la foi. C'est aussi là qu'ils partageraient leur vécu, qu'ils pourraient faire part de leurs difficultés autant spirituelles que matérielles et qu'ils pourraient recevoir l'aide de leurs frères et soeurs. La maison sera pour ces nouveaux convertis, le lieu par excellence pour apprendre la vie chrétienne dans la simplicité de l'Évangile (Actes 2 v 42). C'est dans ces réunions d'Église-maison, qu'ils deviendront des disciples de Christ, désireux de faire grandir l'Église de leur localité. C'est par leur témoignage personnel qu'ils pourront rejoindre les membres de leurs familles, leurs voisins et leurs amis(es) et leur parler de leur Sauveur qu'ils ont rencontré. Ces réunions d'Église, puisqu'il faut les appeler ainsi, par le fait qu'elles sont des réunions de chrétiens, se feront dans une maison. À quel moment? Cela sera déterminé par l'ensemble des chrétiens de l'Église-maison en tenant compte des disponibilités du ou des responsables de l'évangélisation, afin que personne n'ait à souffrir d'un manque d'attention. Bien sûr, lorsque le village ou le quartier (en regard d'une ville) aura été évangélisé, nous croyons que le local loué pour l'Évangélisation deviendra moins important. Après un certain temps, une Église-maison, deux Églises-maison, trois Églises-maison etc...formeront l'Église locale. À ce moment, la roue de l'évangélisation ayant commencé à tourner et surtout, à porter du fruit par l'apparition des premières conversions dans la localité, le fardeau de l'évangélisation reposera désormais sur l'ensemble des chrétiens de la localité. L'évangélisation se fera de bouche à oreille. C'est pourquoi, le local perdra de son importance comme nous le disions plus haut. Le témoignage chrétien dans les Églises-maison sera comme une lumière pour les gens de la localité. Par la prière d'intercession, la foi en Jésus-Christ les gens tout autour seront touchés et voudront avoir cette espérance, cette joie et cette assurance qui caractérisent les chrétiens. Autonomie des Églises-maison. Il est important, comme dans le Nouveau-Testament, de conserver autonomes ces Églises-maison, les unes par rapport aux autres. On comprendra que si une Église-maison devenait victime des attaques de l'ennemi, les autres Églises-maison pourront survivre et même être un refuge, une terre d'asile pour les âmes en détresse. Ces Églises-maison étant structurées sur une base familiale, chaque enfant de Dieu comprendra l'importance de ses prières, de ses efforts à mettre l'épaule à la roue, afin que règne l'harmonie dans son assemblée et que l'Évangile embrase toute sa communauté. Réunion d'Église et réunion d'évangélisation: distinction. À ce stade-ci, nous devons distinguer à la lumière des écritures, ce qu'est une réunion d'évangélisation et une réunion d'Église. Ayons toujours en mémoire ce qui fut oublié pendant des siècles, à savoir que l'Église c'est la réunion des croyants. Pas de croyant, pas d'Église. Si nous sommes réunis avec nos frères et nos soeurs, nous sommes l'Église de Dieu. Quand les Apôtres évangélisaient au portique du temple dans (Actes 5 v 12), ce n'était pas une réunion d'Église. Les Apôtres prêchaient le salut aux juifs inconvertis. Lisons le texte: «Beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient au milieu du peuple par les mains des apôtres. Ils se tenaient tous ensemble au portique de Salomon.» (Actes 5 v 12) Pour les Apôtres, c'était l'endroit pour évangéliser, annoncer la Bonne Nouvelle. Là, ils rencontraient beaucoup de gens. Mais ce n'était pas une réunion d'Église. Quand dans les Actes, on lit au chapitre 2 verset 46, «Qu'ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple», il ne faut pas croire que c'était une réunion d'Église. Nous savons, pour plusieurs, que beaucoup de pasteurs, aujourd'hui, utilisent ce verset pour inciter les chrétiens à être fidèles aux assemblées. Utiliser ce verset en ce sens est erroné. C'est tordre le sens des Écritures. Si ces chrétiens étaient «assidus au temple» c'était pour apporter le message de l'Évangile aux juifs inconvertis et non pour y rendre un culte quelconque. Bien plus, quand au chapitre 3 des Actes verset 1, nous lisons: «Pierre et Jean montaient ensemble au temple à l'heure de la prière», nous devons savoir que Pierre et Jean n'allaient pas au temple pour prier mais bien pour parler de Jésus à toute la population des inconvertis qui eux, se rencontraient au temple. Nous pouvons retrouver cette confirmation dans les Actes chapitre 14 verset 1. Voilà ce qui décrit les réunions d'évangélisation. En regard des réunions d'Église, nous pouvons retrouver dans les Actes des Apôtres, une description très précise. Lisons le texte suivant: «Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières.» (Actes 2 v 46) Ces chrétiens n'avaient pas de lieu consacré pour le culte. Tout endroit où ils se trouvaient, devenait leur lieu de rencontre pour prier, fraterniser, exhorter, louer, adorer. Les maisons, à cette époque, s'avéraient des endroits privilégiés pour réunir les chrétiens en Église. Dans ces maisons, on comprendra, que ce n'était pas des réunions d'évangélisation puisque les personnes qui s'y réunissaient, connaissaient déjà le Seigneur. Ces chrétiens persévéraient dans l'enseignement qu'ils avaient reçu des Apôtres, à l'époque de leur conversion. Combien de chrétiens peut contenir une Église-maison? Il n'y a pas de nombre déterminé dans la Bible. Souvenons-nous simplement que cette Église dans telle maison doit ressembler en nombre, à une famille traditionnelle (environ 15 personnes au maximum). Je crois qu'il est surtout important que, dans chaque Église-maison, les gens se sentent à l'aise et qu'on puisse répondre aux besoins de chacun et chacune, sans négliger qui que ce soit. N'oublions pas que les chrétiens seront plus à l'aise dans un groupe plus restreint, que dans un groupe plus nombreux. L'important est que chaque chrétien(ne) puisse participer activement à la prière, aux chants, à la lecture de la Parole et au partage et que les hôtes se sentent respectés. L'Église-maison qui grandit. Si un groupe dans une maison devient trop gros, il convient, après avoir prié, d'ouvrir une autre maison. Le Saint-Esprit nous éclairera sur le choix de cette nouvelle Église-maison. Dans un village, il pourrait y avoir un grand nombre d'Églises-maison, toutes aussi importantes les unes que les autres, travaillant aux mêmes défis: évangéliser et faire des disciples. Toutes ces Églises-maison, comme des lumières brillant dans le village ou la ville, formeront l'Église locale de la place. Dans le Nouveau Testament, il en était ainsi: les chrétiens se rencontraient et rompaient le pain dans les maisons. (Actes 2 v 46). Dans ce modèle d'Église-maison que nous ont laissé les Actes des Apôtres, nous pourrons marcher dans la simplicité de l'Évangile, veillant les uns sur les autres et travaillant comme le dit la Bible, à notre salut. L'Église-maison un refuge au jour de la détresse. Toutes ces Églises-maison, nous l'avons dit, sont autonomes mais elles sont unies par les liens de l'amour et de l'Esprit. En ces temps d'apostasie qui règne actuellement et en ces temps d'angoisse à venir, revenir à l'Église scripturaire est la seule voie possible pour que l'Évangile se répande. Il est à peu près certain qu'une grande persécution, que des temps difficiles viendront sur les dénominations évangéliques traditionnelles. Je crois qu'il y aura de moins en moins d'avenir pour ces dénominations, principalement, pour celles qui se sont éloignées de la Parole de Dieu et qui ont accepté dans leurs murs les rudiments du monde, les compromis à l'égard de la Parole de Dieu. S'il subsiste un certain avenir pour ces dénominations qui se sont éloignées de l'Évangile de Jésus-Christ, sachons que le Saint-Esprit a quitté ces assemblées et que ceux qui sont restés fidèles à leur premier amour, déserteront aussi. Il appartient à nous, chrétiens de demeurer fermes dans l'Évangile, la Parole de Notre Seigneur Jésus-Christ et de bien connaître ce sur quoi nous bâtissons discernant la volonté de Dieu. Les anciens selon les Écritures. Chaque assemblée-maison ou Église-maison est sous la surveillance d'un ou des anciens. Un ou deux anciens par Église-maison, dirons-nous? Bien sûr! Dans une Église-maison n'y a-t-il pas un petit troupeau qu'il faut paître? N'y a-t-il pas de jeunes brebis qui ont besoin qu'on prenne soin d'elles, le temps qu'elles grandissent? N'avons-nous pas la responsabilité de veiller sur le troupeau avec soin? N'est-ce pas un commandement de Dieu? Pour ces raisons, des anciens ou surveillants comme le dit la traduction sont nécessaires. Des personnes qui prendront «soin de l'Église de Dieu» (1 Timothée 3 v 5). L'ancien est nommé selon les critères de 1 Timothée 3 vs 1-7 que l'on peut lire ici: 1. «Cette parole est certaine: Si quelqu'un aspire à la charge d'évêque, il désire une oeuvre excellente. 2. Il faut donc que l'évêque soit irréprochable, mari d'une seule femme, sobre, modéré, réglé dans sa conduire, hospitalier, propre à l'enseignement. 3. Il faut qu'il ne soit ni adonné au vin, ni violent, mais indulgent, pacifique, désintéressé. 4. Il faut qu'il dirige bien sa propre maison, et qu'il tienne ses enfants dans la soumission et dans une parfaite honnêteté; 5. Car si quelqu'un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l'Église de Dieu? 6. Il ne faut pas qu'il soit un nouveau converti, de peur qu'enflé d'orgueil il ne tombe sous le jugement du diable. 7. Il faut aussi qu'il reçoive un bon témoignage de ceux du dehors, afin de ne pas tomber dans l'opprobre et dans les pièges du diable.» Cet ancien n'est pas un «pasteur» avec ses cartes de compétence et ses diplômes venant de tel ou tel institut biblique. Si ce cas se présentait, (c'est toujours possible) une nomination comme ancien se ferait sur la base de l'expression des sentiments et des fruits qui sont en Jésus-Christ et non sur la base des cartes de compétences. Comprenons bien, que n'y les diplômes ni les études bibliques sont des critères valables pour le choix des anciens. Ce ne sont pas là les critères que recherche le Seigneur. Jésus veut avant tout que les anciens soient des serviteurs de tous. Ainsi, un serviteur au sens des Écritures n'est pas celui qui vit aux dépends de la communauté chrétienne mais celui qui pourvoira par ses gestes, le don de soi, ses biens au bien-être de l'Église-maison. Un tel serviteur est une personne responsable, soucieuse de l'état du petit troupeau. Dans les Actes des Apôtres chapitre 20 verset 28, l'Apôtre Paul, sous l'inspiration du Saint-Esprit, nous dit: «prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques pour paître l'Église du Seigneur, qu'Il s'est acquise par son propre sang.» L'ancien n'est pas celui qui domine les autres. Il n'est pas non plus celui qui s'est approprié le rôle d'enseigner, ni celui qui veut enseigner sa propre doctrine, pas plus que celui qui parle toujours sans écouter les autres. Un point important: l'ancien doit être un homme de la localité. Nous voyons ici l'importance de bien choisir les anciens comme étant des personnes responsables, fiables, humbles. Ce choix d'anciens doit toujours se faire dans la prière, sous la direction du Saint-Esprit et cela, pour chaque Église-maison. Notons que c'est l'Esprit qui établit au travers les croyants. Aspirer à devenir un ancien, suppose un dévouement total et un don de soi inconditionnel. Rappelons ces exhortations de l'Apôtre Pierre aux anciens dans sa première épître au chapitre 5, versets 2 et 3: 2. «Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde, non par contrainte, mais volontairement, selon Dieu; non pour un gain sordide, mais avec dévouement; 3. Non comme dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau.» Contrairement à ce qu'on voit souvent aujourd'hui, les anciens sont établis pour donner, prendre soin, veiller au bien-être matériel et spirituel du troupeau. À la limite, l'ancien renoncera à son propre confort pour pourvoir au nécessaire du pauvre et de l'indigent. En termes plus imagés, l'ancien videra son garde-manger pour les pauvres au lieu que ceux-ci garnissent le sien. Trop souvent, malheureusement, nous avons vu ces choses. Comme on le voit, les anciens doivent être les modèles du troupeau et combien ils doivent être revêtus des nobles sentiments qui sont en Christ. Quelques chrétiens réunis au nom du Seigneur Jésus dans des maisons: voilà l'Église locale au sens des Écritures. Quand nous lisons les Actes, nous découvrons ce principe de base: l'Église est locale et les chrétiens se rencontrent dans des maisons. Nous ne le répéterons jamais assez! Il n'y qu'un seul grand Pasteur: Jésus-Christ. Ceux qui prennent soin du troupeau, ce sont les anciens que la Bible appelle aussi évêques. Doit-on payer les anciens? Dans le contexte des Églises-maison, l'ancien n'a pas à exiger de la communauté chrétienne d'être soutenu financièrement. Normalement, les anciens continuent à travailler, à exercer leur métier, leur profession comme toute autre personne. Si l'Église-maison décide de soutenir quelque peu (financièrement), l'ancien dans ses responsabilités, cela est une décision d'Église. Qu'une Église soutienne financièrement à 100% un «pasteur» comme on le voit aujourd'hui, cela n'a pas de fondement biblique. Je crois que si un ancien est pauvre et dans le besoin, la communauté chrétienne devra aider le frère et toujours, cela se fera avec amour afin que le nom de Jésus soit glorifié, non blasphémé. Le rôle d'ancien: une tâche noble et honorable. Ce passage de 1 Pierre 5 versets 2 et 3 cité un peu plus haut, nous fait beaucoup réfléchir sur le rôle des anciens. Nous ne pouvons que méditer sur le sens profond de ces paroles et cela nous fait courber la tête devant la tâche honorable et sacrée du rôle d'ancien. Quelqu'un est-il ancien, il est gardien du troupeau et il l'est volontairement selon Dieu, sans contrainte. L'ancien ne paîtra pas le troupeau pour un «gain sordide». Sordide selon le dictionnaire veut dire: sale, vil, bas. Exploiter un petit troupeau, soutirer l'argent des pauvres souvent en citant des versets de la Bible, n'est-ce pas faire de l'Évangile une affaire rentable? N'est-ce pas tordre le sens des Écritures? N'est-ce pas amener un autre Évangile? Bibliquement, ce sont des actes sordides, qu'on ne devrait jamais voir au sein de l'Église de Dieu. Communion fraternelle entre les Églises-maison. Si Dieu a voulu que les premiers chrétiens se rencontrent dans des maisons et non dans des temples somptueux, c'était pour éviter tout débordement. Les premiers chrétiens avaient compris qu'ils étaient eux-mêmes le temple du Saint-Esprit, que Dieu n'a pas besoin de maison car tout Lui appartient: «Le ciel est mon trône et la terre mon marchepied, quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur ou quel sera le lieu de mon repos? N'est-ce pas ma main qui a fait toutes ces choses?» (Actes 7 vs 49-50) Les premiers chrétiens avaient compris qu'en se rassemblant, ils formaient un édifice spirituel et qu'ils étaient eux-mêmes l'Église, la maison de Dieu. Si dans un village ou une ville, tous les chrétiens des Églises-maisons veulent se rencontrer à l'occasion pour fraterniser, cela serait une démarche bénissante et même nécessaire pour garder l'unité dans l'Église locale. À ce moment, un grand local pourrait être loué pour cette rencontre. Chaque chrétien et chrétienne, verrait lors de ces rencontres, la progression de son Église locale et orienterait ses prières selon la direction du Saint-Esprit. Cela serait bénéfique pour l'unité de l'Église locale. Notons cependant, que ces rencontres seraient occasionnelles et non institutionnalisées. Autrement, on retomberait fatalement dans la dynamique des grosses réunions d'Église, où l'évangélisation et la tâche de faire des disciples reposent sur quelques individus, alors que les chrétiens deviennent passifs, assis à écouter un sermon. Conclusion sur les Églises-maison. Conformément aux Écritures, l'Église-maison a été dans les débuts de l'Église, un modèle merveilleux de ce que devraient être les rassemblements chrétiens. Le peuple de Dieu qui est composé, en grande partie de personnes pauvres, fatiguées, estropiées par la vie, misérables, ce peuple a besoin de repos, de calme et d'équilibre. Jésus n'a-t-Il pas dit: «Venez à Moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et Je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car Je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau léger.» (Matth. 11 vs 28 à 30). Le peuple de Dieu n'a pas besoin de structures grandioses et complexes d'Église qui deviennent des fardeaux lourds sur les frêles épaules des nouveaux et des plus vieux convertis. Dieu n'a pas voulu cela. Au contraire, Dieu veut que ses enfants puissent marcher en nouveauté de vie, dans un asile de paix et de calme. L'Église-maison demeure comme aux temps des Apôtres, un refuge, une haute retraite, où la Parole de Dieu, la Sainte Doctrine est au coeur des rassemblements chrétiens. *Les juifs avaient leur temple à Jérusalem et des «lieux de culte», des synagogues dans beaucoup de localités. Les païens également avaient des temples parfois très somptueux mais les chrétiens, à l'époque des juifs et des païens, avaient compris qu'ils formaient une «maison spirituelle» pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus-Christ. (1 Pierre 2 v. 5) Ils savaient qu'ils étaient des «pierres vivantes», Jésus-Christ Lui-même étant la pierre d'angle. *Déjà le Seigneur Jésus, parlant à la femme samaritaine, avait annoncé que l'heure était venue où les vrais adorateurs n'adoreraient le Père ni sur une «montagne de Galilée» ni à Jérusalem. (Jean 4 vs 20-24) Il n'y avait plus dorénavant de lieu spécial consacré au culte. L'adoration, la prière, le culte pourraient être offerts à Dieu «en tout lieu». (1 Timothée 2 v. 8) En fait, dans le Nouveau-Testament, nous voyons toujours les assemblées se réunir dans des maisons privées. Un avantage des «assemblées-maisons », est celui de pouvoir mieux évangéliser chaque village, chaque rang, chaque rue, chaque quartier d'une même ville. Chaque «assemblée-maison» diffuse la lumière autour d'elle. *On peut inviter les voisins à venir écouter la Parole de Dieu. Pour les nouveaux chrétiens, il y a plus de liberté, plus d'intimité. Tous peuvent prier sans crainte. N'oublions jamais que le Seigneur Jésus a fait une merveilleuse promesse: «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, Je suis au milieu d'eux.» (Matthieu 18 v. 20) Le Seigneur évoquait les assemblées dans les maisons. Conclusion sur l'Église locale. Notre but comme chrétien est avant tout d'annoncer l'Évangile aux gens de nos villes et de nos villages. Nous voulons que tous ces gens aient accès à l'Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ. Fidèles à la pensée du Nouveau-Testament, ceux qui viennent à Jésus seront enseignés selon la Sainte Doctrine à savoir d'abord qu'ils forment eux-mêmes l'Église de leur localité; autrement dit, qu'ils sont eux-mêmes l'Église. Par ce fait, ils n'ont pas à chercher une église à l'extérieur de leur localité et la tâche d'amener les gens à Christ est leur responsabilité. *L'oeuvre d'évangélisation consiste d'abord à amener les pécheurs au salut, ce qui engendre automatiquement une église là où une telle oeuvre est accomplie. L'objectif premier est le salut des hommes mais le résultat final est la formation d'églises. Si nous voulons que nos villages, nos villes soient sauvées nous devons revenir à l'Église scripturaire. Si quelqu'un édifie le Corps de Christ sur un autre fondement que celui des Églises locales, nous croyons que ce n'est pas scripturaire, que ce n'est pas biblique et que ces tentatives sont, à plus ou moins long terme, vouées à l'échec. Ces tentatives ne donneront pas les fruits escomptés chez les inconvertis de nos villes et villages. N'oublions pas que les gens regardent vivre les chrétiens et constatent les divisions entre eux. Que c'est malheureux de voir ces divisions! Comment donner soif de l'Évangile à ces gens si nous sommes divisés entre chrétiens? La Bible n'autorise aucune division dans le Corps de Christ. La seule division du Corps de Christ se fait sur la base de la localité et en cela, il ne s'agit pas réelle-ment de division du Corps mais plutôt de multiplication d'Églises locales. Rappelons-nous que tous les chrétiens de toute la terre ne peuvent se rassembler dans un même lieu. *Quand des gens sont sauvés par l'intermédiaire d'un homme, ils appartiennent à l'Église de l'endroit où ils vivent et non à l'homme au moyen duquel ils ont été sauvés ni à l'organisation qu'il représente. Si les chrétiens et les responsables d'églises actuelles comprenaient cela! Si par notre prédication (à vous ou à moi) des hommes sont sauvés, que ferons-nous? Nous devons les encourager à lire la Parole, à prier, à donner, à témoigner, à s'assembler pour la communion fraternelle et le ministère. Nous devons leur enseigner à avoir leur propre réunion, dans leur propre salle ou maison et disons-leur: «de même que nous ne pouvons lire la Parole ou témoigner pour vous, nous ne pouvons prendre la responsabilité de vous trouver une salle ou une maison pour vous et de conduire vos réunions.» Sachons qu'ayant amené ces gens à Christ, nous avons la responsabilité de les soutenir, de les enseigner, de les encourager, de les affermir pour le temps jugé nécessaire. Les nouveaux chrétiens deviendront vite capables de diriger eux-mêmes leur propre rassemblement. C'est sur cette base, que les nouveaux chrétiens de chaque village formeront le noyau de l'Église locale. *Si nous oeuvrons dans un village où il n'y a pas l'Église locale, notre première responsabilité est d'en établir une. S'il y a une église dénominationnelle, notre responsabilité reste la même: nous devons établir une Église locale. *Notre seule base de communion, c'est le Christ. Nous devons favoriser la communion avec tous les croyants de la localité, peu importe leur église d'origine dénominationnelle, nous ne devons en exclure aucun. Ils sont à Christ, ils sont de la même localité, alors ils appartiennent à l'Église locale. Est-ce que les chrétiens plus vieux, appartenant à différentes dénominations, se joindront à eux? Probablement pas au début! Mais si nous persévérons à expliquer à ces vieux chrétiens, le bien-fondé de l'Église locale, le bien-fondé de la communion fraternelle entre chrétiens, le bien-fondé d'absence de division, sans doute comprendront-ils un jour! Ce sera alors, un temps béni où les gens du dehors verront les chrétiens de leur propre village se réunir au nom du Seigneur Jésus. Conformément aux Écritures, le rassemblement chrétien formera l'Église locale du village, du quartier, de la ville. Les barrières sectaires tomberont pour le mieux-être de l'Évangile et d'une même voix nous pourrons présenter au trône du Dieu Vivant nos requêtes pour le salut des âmes de nos voisins, de nos familles et de nos concitoyens. Amen! La Parole de Dieu annoncée. Au moment d'écrire ces lignes, trois (3) lettres furent envoyées dans chaque foyer de notre village. Au total, 365 foyers furent visés. Une première lettre fut envoyée en septembre 2001. Cette lettre présentait à la population de Saint-Donat, le but de l'oeuvre que nous entreprenions. Le 12 décembre 2001, une deuxième lettre faisait prendre conscience aux gens de l'état spirituel de leur âme et les invitait à vérifier les Écritures afin de distinguer la Vérité de l'erreur. Le 17 mai 2002, la troisième lettre décrivait la chute de l'homme au jardin d'Éden et ses répercussions sur nous tous. Il était aussi question du sens de l'oeuvre accomplie par Jésus-Christ à la croix. Ces lettres furent écrites dans la prière et la recherche de la Volonté de Dieu. Elles furent semées dans la prière parmi la population. Chaque mercredi soir, au local d'évangélisation, avec quelques chrétiens, nous prions pour la conversion des gens de notre village. Nous croyons que Dieu est à l'oeuvre dans le coeur de chaque personne. Nous nous appuyons sur cette promesse de Jésus: «C'est pourquoi Je vous dis: tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l'avez reçu, et vous le verrez s'accomplir.» (Marc 11 v. 24) Peut-être poseras-tu cette question: «Alors, les conversions?» Après neuf (9) mois, nous n'avons encore reçu aucune personne du village à notre local d'évangélisation. Nous ne regardons pas aux choses visibles. Dieu a d'abord une grande oeuvre à faire dans chacune de nos vies, avant de nous donner des âmes pour que nous en prenions soin. Nous sommes à apprendre afin que lorsque Dieu ouvrira les écluses des cieux, nous puissions être suffisamment affermis pour répondre à la tâche. L'oeuvre que nous avons entreprise en est une de toute une vie. Notre village a été dans l'ignorance depuis sa fondation et cela, pendant plus de 125 ans. Pendant ces années aucun chrétien n'a apporté avec conviction, le message de l'Évangile à cette population. Jamais le message de Jésus-Christ seul Sauveur, n'a été proclamé d'une façon soutenue, sans équivoque comme maintenant. Aujourd'hui, ce message atteint les gens. La Lumière de la Parole de Dieu sur ce village depuis neuf mois, est un cadeau du Seigneur lorsqu'on considère les 125 années d'ignorance. Dieu sait ce qu'IL fait: la Lumière brille dans les ténèbres. Bientôt, Christ manifestera Sa Puissance: «Il faut que le laboureur travaille avant de recueillir les fruits». (2 Timothée 1 v. 6) Notre ministère ne s'arrêtera pas là. Après Saint-Donat, par la grâce de Dieu, il y aura un autre village, puis un autre ... C'est dans cette foi que nous travaillons espérant que toi qui lis cet ouvrage, tu pourras à ton tour vivre et entreprendre une telle oeuvre dans ton village, ton quartier ou ta ville. Notre prière est aussi que tu puisses comme le dit la Bible, le partager à d'autres: «confie-le à des hommes fidèles qui soient capables de l'enseigner à d'autres». (2 Timothée 2 v. 2) Pour terminer, j'aimerais résumer les propos d'un frère missionnaire qui a vécu de 1902 à 1972. Cet homme s'attachant à l'Église scripturaire, a établi dans environ 600 localités, une Église locale. Cette oeuvre missionnaire fut réalisée dans un pays communiste appelé la Chine, un pays loin d'être propice à l'avancement de l'Évangile. Cet homme, Watchman Nee, démontra par son attachement à l'Église scripturaire que l'Évangile progresse même dans la terre la plus hostile. Voici en gros ce qu'il nous dit concernant notre engagement face à l'Évangile: «Quand nous lisons la Bible, de la Genèse à l'Apocalypse, nous remarquons que Dieu se cherche toujours, saisit toujours, conduit toujours et utilise l'homme comme canal de Son travail. Si Dieu ne trouve pas l'homme qu'Il cherche, IL ne peut pas faire Son travail. Noé, Moïse, Samuel, Paul furent de ces hommes que Dieu trouva et forma. Aujourd'hui, beaucoup de croyants sont possédés par la vaine gloire; beaucoup de chrétiens sont absorbés par les plaisirs, beaucoup sont occupés par leur travail, leur famille, leur confort. Ces personnes ont soin seulement de leurs intérêts. Elles n'ont pas à coeur de prêcher l'Évangile ou de faire l'oeuvre de Dieu. Beaucoup de personnes demeurent dans l'ignorance, la perdition, non pas parce que Dieu ne veut pas les sauver, mais parce que nous ne coopérons pas avec Lui. Oh si chaque frère ou soeur était disposé à coopérer avec Dieu, qui pourrait compter le nombre de personnes qu'il conduirait au Seigneur. La raison pour laquelle l'oeuvre de Dieu n'avance pas, c'est parce que Dieu n'a pas Son homme. Réalisons bien que le Seigneur a besoin de vous et moi avant de pouvoir faire ce qu'IL veut». En annexe, à la fin du présent document, vous pourrez lire une copie de la lettre envoyée aux chrétiens de Saint-Donat (fréquentant différentes assemblées), le 24 septembre 2001. Par cette lettre, nous voulions dans un premier temps, parler de notre foi en cette oeuvre d'évangélisation. Dans un deuxième temps, nous voulions associer nos frères et soeurs de Saint-Donat, à cette espérance de voir notre village sauvé et à notre détermination à mettre tout en oeuvre pour y parvenir. Cette lettre vous aidera à comprendre nos intentions, nos motifs qui animent cette volonté d'évangélisation. Que le Seigneur Jésus-Christ, notre Sauveur, vous garde dans Son Amour! __________________________ ___________________________ Gérald Caron Nicole Proulx-Caron N.B. Dans le présent document, par souci de protéger l'originalité et la pensée de certains auteurs lus et consultés, nous avons fait précéder d'un astérisque * leurs écrits ou résumés de leurs écrits. Références: «La vie normale de l'Église» de Watchman Nee «L'Église de maison» de Jean-Raymond Couleru. 144 Avenue Mont-Comi, C.P. 41 – Saint-Donat (Qc) G0K 1L0 – Tél. (418) 739-4338 Courrier électronique: geraldcar@caramail.com Annexe St-Donat, le 24 septembre 2001. Aux frères et soeurs en Jésus-Christ Salutations fraternelles, Moi, Gérald Caron, je prends aujourd'hui l'initiative de vous écrire afin de vous partager ce que Dieu a mis sur mon coeur. Ce dont je veux vous parler concerne l'Évangélisation de notre milieu, soit St-Donat. Cette lettre est aussi envoyée à tous ceux, celles qui dans ce village professent leur foi en Jésus-Christ et l'ont accepté comme Sauveur et Seigneur. Depuis quelques années déjà, le Seigneur m'a beaucoup parlé sur l'Évangélisation de notre village. Les convictions qui en ressortent sont que Dieu veut sauver tous les villages y compris le nôtre et que le manque de foi et le manque de consécration sont le principal obstacle. Que Dieu puisse sauver ce village n'est pas impossible. IL suffit de s'appuyer sur l'oeuvre de Christ à la croix, sur sa volonté de ne pas perdre un seul de ses enfants que le Père lui a donnés et tout est possible. Jésus dit dans Jean 14;14: «Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai». Voilà pourquoi nous ouvrirons bientôt ma femme et moi, un local à St-Donat pour recevoir tous ceux et celles que le Seigneur nous enverra. Cette oeuvre est basée uniquement sur la foi en Dieu, la prière et l'obéissance à la Parole de Dieu. Il y a de nombreux besoins dans notre communauté et il est temps qu'ayant tout reçu de Dieu, nous puissions partager aux inconvertis la Bonne Nouvelle de l'Évangile à savoir: Jésus-Christ. Notez que cette oeuvre d'Évangélisation s'adresse uniquement aux inconvertis. Chaque semaine ma femme et moi seront présents à un local pour prier et supplier Dieu d'envoyer des âmes que nous pourrons conduire à Christ. Cette oeuvre durera tout le temps qu'il faudra et nous croyons que c'est par la constance et par la régularité dans notre présence, que les gens comprendront le sérieux de cette oeuvre. Bien sûr, des informations iront dans les foyers pour faire connaître l'existence et le but de cette oeuvre. Peut-être me direz-vous en quoi comme chrétien (e) qui lit cette lettre, suis-je donc concerné(e)? Je m'explique. En tant que chrétien (e), je crois que nous avons une grande responsabilité. Le Seigneur nous dit dans 1 Pierre-2;4-5, que nous sommes des pierres vivantes et que nous formons une maison spirituelle, son Église. Nous constatons à notre grand regret, que la communion fraternelle entre tous les frères et soeurs du village est absente. Pour des raisons de doctrines, nous n'avons pas compris et pas entretenu cette communion fraternelle. Pourtant, la Parole du Seigneur (Philippiens 3; 15-16) nous dit comme chrétiens de marcher d'un même pas. Qu'on se rassure, nous n'avons pas l'intention de former une église quelconque ni d'exercer un ministère de pastorat. Pour la plupart, vous avec déjà votre assemblée et dans le Corps de Christ, nous constatons qu'il y a déjà trop de divisions. Non, il s'agit d'une oeuvre auprès des inconvertis. Au début de cette lettre, nous parlions d'un obstacle qui empêchait les gens de venir à Christ: notre manque de foi et de consécration. Or, il y a un deuxième obstacle qui empêche les gens de venir à Christ et cet obstacle est tout aussi néfaste que le premier. Il s'agit du manque d'amour qu'on a les uns pour les autres. Jésus a dit «À ceci, tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres». (Jean 13;35). Les divisions doctrinales ont beaucoup compromis l'Évangélisation. Comment les inconvertis peuvent-ils croire ce que nous leur présentons? Comment nos familles peuvent-elles croire ce que nous leur apportons quand nous sommes nous-mêmes divisés? C'est comme amener Christ aux enfants quand le père et la mère sont divisés. Malheureusement, c'est ce qui se vit dans l'Église de Dieu. Or, au début de l'Église chrétienne dans les Actes des Apôtres, l'Église était locale. Elle prenait le nom de la municipalité exemple: église de Jérusalem, église de Corinthe etc... Plus que cela, les chrétiens d'une municipalité se rencontraient dans des maisons différentes mais c'était toujours l'église de la place Ex: Jérusalem. Ces chrétiens étaient très unis et les inconvertis pouvaient «voir l'amour qu'ils avaient les uns pour les autres». Pour amener des gens à Christ la meilleure façon était de rester unis. Les premiers chrétiens l'avaient compris. Malheureusement, nous nous sommes éloignés de l'Église scripturaire. Où est l'église de Saint-Donat? J'entends par là l'église chrétienne de Saint-Donat, les vrais croyants, ceux et celles qui sont sauvés (es). Où est cette église? Elle est toujours ici à Saint-Donat: environ une quinzaine de frères et soeurs ou davantage peut-être. Mais ces chrétiens savent-ils qu'ils font partie de l'église de Saint-Donat, qu'ils en soient conscients ou non? Le problème, c'est que ces frères et soeurs sont tous dispersés, ayant chacun, chacune leur propre assemblée à l'extérieur du village... Donc, l'église de Saint-Donat (les croyants (es) existe mais elle n'est pas active. Elle est divisée, sans force et inconnue des inconvertis. Pourtant, le Seigneur ne permet aucune division dans son Église. La seule division qu'IL permet, c'est une division sur la base locale Ex: église de Saint-Donat, les croyants (es) de Saint-Donat; église de Luceville, les croyants (es) de Luceville. Cette seule division sur une base locale n'en est pas une en fait, c'est plutôt une multiplication d'églises locales. C'est pourquoi Dieu l'approuve. Ainsi, vous comprendrez qu'ayant mis sur pied un projet d'évangélisation visant à faire en sorte que notre village soit sauvé, il convient que nous, chrétiens, marchions d'un même pas. Sinon, comment ceux qui viendront à Christ dans le futur comprendront-ils et verront-ils «l'amour que nous avons les uns pour les autres», si nous sommes divisés? Tout est là! Nous croyons et cela est confirmé par la Parole de Dieu, que tous ceux et celles qui viendront à la connaissance de Jésus et qui seront sauvés appartiendront à l'église de Saint-Donat de même que chacun (e) de nous. Par amour fraternel, nous devons faire en sorte qu'ils grandissent ici à Saint-Donat portant le témoignage de Jésus-Christ dans leur foyer, leur entourage. Notre responsabilité comme chrétiens sera de leur témoigner l'amour de Christ sans esprit de division ayant bien saisi dans nos coeurs la dimension scripturaire de l'église locale. Les nouveaux convertis verront l'amour que nous avons les uns pour les autres dans notre village et beaucoup d'obstacles nuisant à l'avancement de l'Évangile seront ainsi éliminés. Ainsi donc, frères et soeurs, ce que nous voulons, c'est faire connaître Jésus-Christ. Philippe, dans Actes 8;5 est descendu en Samarie et a prêché le Christ. Nous aussi, nous voulons descendre à Saint-Donat et prêcher le Christ et seulement Christ mort et ressuscité (pas des doctrines). Nous croyons que Dieu bénira. Nous réclamons vos prières et votre amour. Nous vous portons dans nos coeurs. Dans cette oeuvre d'Évangélisation, nous ne pouvons vous oublier car vous êtes aussi ouvriers avec Dieu. Ainsi, nous souhaiterions beaucoup vous rencontrer afin que nous puissions prier ensemble à l'aube de cette oeuvre. De plus, si vous avez des interrogations nous pourrons y répondre avec les lumières que Dieu nous a données sur le sujet. Cette rencontre des frères et soeurs en Jésus-Christ, se tiendra à Saint-Donat à la salle du «Vieux-Collège» rue des Loisirs, à 7h:30 mercredi soir le 26 septembre 2001. Nous comptons beaucoup sur votre présence. Le temps presse, rachetons le temps pour Christ! Merci... Au plaisir de vous voir frères et soeurs, recevez nos salutations en Jésus-Christ. Retour |
NI
PAR LA PUISSANCE, NI PAR LA FORCE...
L'histoire de l'Église de Christ révèle aisément que le peuple de Dieu a connu de nombreuses périodes d'une puissance remarquable. Nous ne parlons pas de cet impact que recherche le politique, mais de ces moments où des multitudes d'âmes sont unies au Sauveur, et où la société elle-même en est changée. L'enfant de Dieu a donc tout droit de chercher comment il peut espérer voir de telles circonstances à son époque. Tout d'abord, il est essentiel d'avoir le véritable message de l'Évangile. Dieu ne bénira pas d'ordinaire un message déficient ou tordu. Il honore la vérité car c'est par elle qu'il sauve. Le message se marie aussi très intimement à la méthode. Notre conception de Dieu et le contenu du message déterminent notre action. Un auteur récent à dénombré l'existence de quelque 700 méthodes différentes pour toucher le monde avant l'an 2000. Le mouvement des missions modernes est devenu une sorte de dinosaure encombrant, dont le ridicule actuel nous frappe en le comparant avec la simplicité, la puissance et l'impact de l'Église primitive. Le Seigneur s'adresse à Zorobabel dans la vision du chandelier reçue par Zacharie: «Ce n'est ni par la puissance ni par la force, mais c'est par mon Esprit, dit l'éternel des armées» (Zach. 4:6). Le peuple apprend que le succès dans leur tâche à reconstruire le temple viendra selon les moyens déterminés par Dieu, moyens qui le glorifieront. Examinons ces paroles, et leur application pour notre mission de contribuer à la construction de l'Église universelle des rachetés. Nous voyons tout d'abord deux négations. Les desseins de Dieu ne s'accompliront pas «par la puissance ni par la force». Le premier terme «puissance» (hayil) renferme l'idée d'une puissance obtenue par l'assemblage d'un grand nombre de personnes et de leurs ressources. C'est ce que nous voyons par exemple lorsqu'une armée s'assemble. Les hommes utilisent très souvent ce moyen, soit dans le commerce, les affaires, la politique ou l'armée. Le grand nombre conduit à l'impact, à laisser une impression, et au succès. La chrétienté a adopté cette conception aujourd'hui. «Si seulement nous nous assemblons, nous aurons les ressources nécessaires pour nous engager dans de grandes campagnes, une publicité omniprésente, un marketing «pointu».Le chrétien moyen pense qu'il faut être «grand», afin d'avoir du poids et de passer dans les média. Alors le monde écoutera le message. Docteur Lloyd-Jones disait que nous sommes devenus fascinés par l'énorme. Mais la Bible montre constamment que ce n'est pas la voie de Dieu.Pensons à Gédéon et à son armée réduite à 1/100e! Nous voyons aussi le même principe à l'oeuvre dans les Actes. Paul et sa petite troupe n'ont pas une grande machine dénominationnelle derrière eux. Point de solides soutiens financiers, ni d'énormes rallyes. Ces gens, qui changèrent la face du monde, n'avaient rien d'autre que le glorieux message de l'Évangile et la puissance de l'Esprit de Dieu. Non, même quand c'est gigantesque, le monde n'écoute pas davantage, car Dieu dit: «Ce n'est pas par la puissance.» Nous n'avons pas besoin d'impressionner le monde par l'assemblage de nos ressources, mais à le convaincre de péché par la puissance de l’Esprit divin. Zacharie utilise un second terme «force» (koah), de façon négative. Ce mot, quand il se réfère à l'homme, porte l'idée de la force qui réside dans la prouesse d'un individu en particulier. On l'utiliserait par exemple pour parler des qualités et des capacités d'un grand personnage. «Si seulement nous avions des «docteurs» et des «apologistes» pour donner de l'impact à la vérité!» Paul, en effet, parle de champions que Dieu utilise (1 Cor. 1 :26-31) – les choses folles, faibles, viles et méprisées de ce monde. De même, les chefs des Juifs furent étonnés devant les apôtres, «sachant que c'étaient des hommes du peuple...» (Actes 4: 13). Paul lui-même, prodigieux intellect s'il en fut un, nous dit: «Ce n'est pas avec une supériorité de langage ou de sagesse que je suis allé vous annoncer le témoignage de Dieu» (1 Cor. 2: 1). On disait: «Ses lettres sont sévères et fortes, mais, présent en personne, il est faible et sa parole est méprisable» (Il Cor. 10: 10). Bien entendu, l'enfant et le serviteur de Dieu doivent croître sans cesse dans leur connaissance de la vérité divine, mais il leur faut surtout réaliser que toute l'efficacité de leurs efforts réside et provient du puissant Esprit de Dieu, qui agit dans les coeurs. Écoutons la Parole de Dieu, toujours vraie, toujours sage: «Ce n'est ni par la puissance ni par la force, mais c'est par mon Esprit, dit l'Éternel des armées» (Zach. 4: 6). Oui, par l'Esprit de Dieu. C'est lui le puissant ouvrier qui aplanit la montagne qui se dresse devant Zorobabel (Zach. 4: 7). C'est lui qui donne à nos efforts la fertilité que nous convoitons tant. C'est lui aussi qui, en d'autres moments, laisse toutes nos actions de côté et glorifie le Fils au travers de l'instrument auquel personne n'aurait même pensé. Prenons courage et lançons-nous dans la carrière qui est ouverte, sachant que Jésus-Christ est le Seigneur. Il bâtira son Église et l'amènera à la perfection, non par la puissance ni par la force, mais par son Esprit. David Vaughn «Les Échos»(Europresse) © La Bonne Nouvelle 4/94
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PEUT-ON
EXORCISER DES CHRÉTIENS?
Satan est une personne et les démons – anges déchus – sont ses aides. Un chrétien peut être influencé, aveuglé, séduit et trompé par Satan et les démons. Pour les raisons indiquées ci-dessous je rejette néanmoins un «ministère de libération» (exorcisme) opéré sur des chrétiens authentiques qui ont accepté Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur. 1. Il n'y a dans le Nouveau Testament nulle part un ordre donné pour chasser les démons d'un chrétien. Tous les cas bibliques de possession démoniaque se rapportent à des non-chrétiens. C'est pourquoi ce genre de «relation d'aide» ne saurait trouver une légitimation biblique. 2. Le diable étant le «père du mensonge» les phénomènes accompagnant ce genre de «ministère de libération» et les déclarations attribuées aux démons doivent être considérés comme des manoeuvres dissimulatrices destinées à tromper les personnes présentes. 3. L'expérience montre que bien des chrétiens ayant cherché en vain – par manque de connaissance – de l'aide par ce genre de «ministère de libération» ont obtenu le vrai secours par le moyen d'une cure d'âme biblique, appropriée et sobre. Ce qui prouve que le «ministère de libération», c'est-à-dire l'exorcisme pratiqué sur des chrétiens, est une fausse voie qui dans beaucoup de cas conduit à une dépendance malsaine d'hommes prétendant agir avec un plein pouvoir. 4. Souvent on empêche ainsi le chrétien qui cherche de l'aide de passer par une sérieuse repentance et un revirement biblique, parce que le péché et le mauvais comportement sont faussement attribués à la présence intérieure de démons ou à une possession démoniaque d'ancêtres. 5. Nous ne voulons pas honorer Satan en lui vouant plus d'attention qu'absolument nécessaire. (Selon Wolfgang Bühne dans Idea-Spektrum 31-32/1995, traduction) © La Bonne Nouvelle No 4 / 2000 Retour |
PLURALISME
ET CHOSES SECONDAIRES
VIGI-SECTES, lancée officiellement en 1998, est une association européenne chrétienne de prévention et d'aide aux victimes des sectes. La publication «La route droite», de M. Christian Piette, est devenue le périodique de «VIGI-SECTES», dont le président est M. Gérard Dagon et les vice-présidents Christian Piette et Paul Ranc. Ledit périodique contient d'intéressantes et d'utiles présentations de mouvements connus (par ex. les «Témoins de Jéhovah») et moins connus (par ex. «Les Pèlerins d'Arès»), avec de sérieuses mises en garde. (Voir «La route droite», no 26-27, octobre 1999-mars 2000). Dans ce dernier numéro se trouve aussi un exposé intitulé «Pluralisme dans l'Église de Christ?», dans lequel Christian Piette rejette la position soutenue dans un ouvrage de Pierre Le Fort, professeur retraité de Nouveau Testament à la Faculté protestante de Bruxelles. Ce professeur traite de la question: «Porte ouverte ou examen d'entrée», laissant entendre que Jésus n'accueillait pas les pécheurs pour les convertir. Christian Piette dénonce très justement cet «accueil inconditionnel» en démontrant que, si nous devons évidemment témoigner l'amour de Christ aux inconvertis, ces derniers ne sauraient être considérés comme chrétiens et admis comme membres d'église avant d'être effectivement sauvés. Il est écrit: «Le Fils de l'homme est venu sauver ce qui était perdu» (Mat. 18: 11). Christian Piette dit bien que le pluralisme a ses limites, mais par ailleurs il parle d'une liberté dans tout ce qui est secondaire en citant quelques cas typiques: 1. La question du baptême du Saint-Esprit comme «deuxième expérience», dont le signe initial serait le parler en langues, ou le baptême du Saint-Esprit compris comme incorporation au Corps de Christ. 2. L'eschatologie et les diverses positions quant au millénium. 3. L'arminianisme et le calvinisme. 4. Le baptême des adultes et celui des nourrissons. 5. Les modes de direction des assemblées. Est-ce que ces cinq points sont vraiment tous à considérer comme «secondaires» ? Reprenons-les brièvement:
1. Le baptême du Saint-Esprit, présenté comme une «seconde expérience» après celle de la nouvelle naissance, divise artificiellement le Corps de Christ en deux catégories de chrétiens d'inégales qualités: a) ceux qui croient avoir fait cette expérience et pensent donc qu'il manque quelque chose à ceux qui ne l'ont pas faite, b) ceux qui n'ont pas fait cette expérience et sont exhortés par conséquent à la rechercher. Mais que dit l'Écriture ? «Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps» (l Cor.12:13). Il s'agit donc bien d'une expérience unique initiale qui se produit au moment de la conversion. Jamais les apôtres n'ont invité les convertis à rechercher une soi-disant «deuxième expérience» nommée improprement «baptême du Saint-Esprit».
2. En ce qui concerne l'eschatologie (les choses de la fin), et en particulier la question du millénium il faut reconnaître qu'il existe parmi les évangéliques des divergences qui, sans être tout à fait secondaires, n'empêchent pas la communion fraternelle quand il n'y a pas d'exclusivisme de la part des uns ou des autres Voir la «Déclaration de Vaux» des professeurs de Théologie relevant les points communs et les divergences des chrétiens évangéliques» sur l'eschatologie, sinon la question devient essentielle.
3. L'arminianisme Les Arminiens (Arminius 1560-1609) croient au libre-arbitre, c'est-à-dire à la liberté de se déterminer sans d'autre cause ou intervention que sa propre volonté. Pour eux l'oeuvre expiatoire de Jésus-Christ a été accomplie en faveur de tous les hommes et chacun peut donc choisir librement sa destinée et le calvinisme Pour le calvinisme (Jean Calvin 1509-1564), il y a prédestination inconditionnelle des seuls élus, et Jésus n'est mort que pour eux et non pour tous les hommes ne sont certainement pas considérés comme «secondaires» par leurs partisans. Il s'agit de deux doctrines apparemment inconciliables qui, pour leurs ardents défenseurs, rendent tout au moins la cohabitation problématique.
4. L'aspersion des nourrissons vue comme l'équivalent d'un vrai baptême est à l'origine des Églises multitudinistes qui considèrent comme chrétien tout enfant soumis à ce rite. C'est ce qui a donné cette chrétienté de nom dont seul un faible pourcentage de membres sont vraiment nés de nouveau, alors que Jésus a dit: «Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu... Il faut que vous naissiez de nouveau» (Jean 3:3-7). Ce n'est manifestement pas une question secondaire.
5. Sur les modes de direction des assemblées (gouvernement de l'Église) on constate aussi qu'il n'y a pas unanimité. Toutefois, une image claire se dégage de l'enseignement du Nouveau Testament, même si les éléments sont dispersés dans le livre des Actes et les Épîtres. Il en ressort que le gouvernement de l'Église est confié par Dieu à un collège d'anciens-évêques, nommés par l'assemblée (Actes 14:23; Tite 1: 5- 6), voués au ministère de la prédication et de l'enseignement (I Tim. 5:17, 18), et dont la tâche est pastorale (Actes 20: 17, 28; 1 Pierre 5:1, 2), à l'instar de celle de leur Maître, sous l'autorité et l'exemple duquel ils travaillent (l Pierre 5:3, 4; Hébreux 13:20). Même si des divergences sur ce sujet ne constituent pas nécessairement un obstacle insurmontable à la communion – comme le seraient les questions qui touchent aux points cardinaux de la foi – est-il juste de classer le problème du gouvernement de l'Église comme «secondaire» ?
Christian Piette dit encore: «En Belgique, l'expérience de collaboration et de fraternisation élaborée dans la Fédération évangélique est porteuse des plus belles bénédictions... Une solide et claire confession de foi commune permet de constater que les Assemblées de Dieu Les Pentecôtistes, les Églises de Frères, les communautés évangéliques, les Mennonites, les charismatiques et l'éventail des indépendants sont en harmonie totale sur les doctrines capitales». Il précise «que cette constatation est également vraie pour les «communautés évangéliques» au sein des grandes familles dites historiques», c'est-à-dire «officielles». Pour lui «ce pluralisme de bon aloi doit être encouragé dans la vie de nos églises tout en respectant les particularismes des autres dénominations, même si l'on n'y adhère pas.» On peut ne pas partager cette vision optimiste, réductrice des profondes divergences, causes de douloureuses séparations. Peut-on, dans ces conditions, dire qu'il existe une harmonie totale sur les doctrines capitales entre tous les milieux nommés plus haut? Le travail de VIGI-SECTES sera d'autant plus apprécié que l'on n'y dénoncera pas seulement les sectes les plus notoires, mais que l'on osera aussi signaler les erreurs ou hérésies qu'enseignent et que répandent certaines assemblées ou Églises, même de celles qui jouissent d'une reconnaissance officielle. Le modernisme ou le libéralisme théologique, l'universalisme, le mysticisme religieux, le sacramentalisme, l'hégémonie religieuse, la nouvelle morale immorale, etc., qui ont cours dans bien des milieux «chrétiens», peuvent être plus dangereux que les Mormons, la Science chrétienne ou d'autres mouvements qualifiés de sectes. Alors à l'oeuvre pour la Vérité et contre l'erreur sans acception de personnes ou de milieux. J. Hoffmann © La Bonne Nouvelle No 2 / 2001 Retour |
POUR
LA GUERRE VRAIMENT SAINTE ( 2Co 10, 3-5)
Dieu tolère, dans sa patience, que des hommes bafouent son honneur et sa vérité. Il accorde au monde un sursis, ne voulant pas qu'aucun se perde mais que tous parviennent au revirement salutaire. Il envoie les siens, avec la mission, pendant ce temps-là, de gagner le plus grand nombre. Mais pourquoi restreint-il la gamme des moyens? Pourquoi renonce-t-il, ou oblige-t-il ses serviteurs à renoncer, aux formes mêmes légères de coercition – établissant le principe de la «liberté de conscience»? On pourrait concevoir un autre choix. Les hommes d'Église, depuis la fin du IVème siècle, qui ont travesti (au mépris de toute exégèse) le «Contrains-les d'entrer» de la parabole (Lc 14, 23) en justification de la menace, voire de la torture, pouvaient plaider le réalisme: les hommes sont si faibles, asservis à leurs passions, aveuglés par leurs préjugés, que tout est bon pour les pousser au repentir! N'est-il pas plus miséricordieux de leur arracher de force leur consentement plutôt que de les laisser périr éternellement? Le Grand Inquisiteur aime sincèrement les pécheurs, il accroît leurs chances d'être sauvés. Et pourtant, Dostoïevski n'a pas tort de l'opposer maximalement au Christ. Le Christ Jésus n'a pas seulement exclu le secours des légions célestes, car son Royaume n'est pas de ce monde (Mt 26, 53; Jn 18, 3 6), et réprimandé ses disciples vindicatifs (Lc 9, 55 ); il s'est abstenu de toute manipulation psychologique, «couchant» à l'occasion les enthousiasmes trop peu mûris (Lc 9, 5 7s; 14, 25ss), rechignant au miracle quand celui-ci risquait d'induire une adhésion comme forcée, sans conviction intérieure profonde (Jn 2, 23 s ; 4, 48; cf. Lc 4, 9ss; 11, 29; 16, 31). L'apôtre Paul nous semble formuler le principe ici en cause quand il écrit aux Corinthiens: C'est dans la chair, bien sûr, que nous agissons, mais non selon la chair que nous combattons: les armes de notre combat ne sont pas charnelles mais, au contraire, puissantes par Dieu, capables de renverser des forteresses; nous renversons les sophismes et toute théorie orgueilleuse qui se dresse contre la connaissance de Dieu; nous faisons prisonnière toute pensée pour l'amener à obéir au Christ... (2 Co 10, 3-5). L'apôtre, certes, ne traite pas ici de notre problème il ne se prononce pas sur la liberté de conscience dans la société civile; il riposte aux calomnies viles et stupides répandues contre son ministère. Mais, ce faisant, il pose un principe général fort éclairant pour notre question. Première observation: l'enseignement apostolique n'a rien de commun avec la tolérance «tiède» ou «molle» qu'engendre le relativisme de notre temps. Paul ne prêche pas la bienveillance permissive envers toutes les idées: au contraire, c'est pour lui la guerre! Il ne plaide pas pour la reconnaissance d'une vaste zone «démilitarisée» où la neutralité «scientifique» de la pensée permettrait à chacun de garder à part son opinion personnelle en matière de foi: au contraire, c'est toute pensée qu'il veut soumettre au Christ, Seigneur universel. Paul a manifestement l'assurance de communiquer la connaissance de Dieu sous forme définie, excluant toute doctrine rivale (cf. v. 4 du chapitre suivant!), et déterminant le sens de la réalité entière. Thèse décisive: si l'apôtre renonce aux moyens de la contrainte, ce n'est pas qu'il mollisse dans sa lutte contre l'erreur, c'est que les armes doivent correspondre au combat. Nous ne combattons pas «selon la chair», dit-il, nos armes ne sont pas «charnelles». Autrement dit, les moyens sont homogènes à la fin, les armes sont spirituelles exclusivement – pour l'avancement du Royaume de Dieu. Cette guerre vraiment sainte ne se mène qu'avec l'armement de la sainteté, l'armement de l'Esprit. Si Dieu garde le droit de rétribuer physiquement toute désobéissance, la naissance de la foi, l'adhésion des coeurs, requiert l'usage de moyens non-charnels; seuls ces moyens respectent la nature de la conscience, la dignité de la créature faite en image de Dieu, libre. Au dernier jour, quand «toute langue confessera que Jésus est Seigneur» n'y aura-t-il pas contrainte des consciences? Non pas même, pensons-nous. Dieu brisera spirituellement le mauvais vouloir chez les hommes qui ne pourront plus se masquer l'évidence de la Vérité. Il n'y aurait pas, sans cela, confession. Mais il n'y aura plus d'offre de grâce à percevoir (donc plus d'avenir), et l'éclat de la lumière apocalyptique dépassera le seuil qui protège dans la réponse de l'homme, la spontanéité qui plaît à Dieu, et qui marque, dans l'économie présente, l'entrée dans son alliance de salut Une marge d'incertitude affecte l'interprétation du mot «charnels» (sarkika) en 2 Corinthiens 10, 4. Parfois, l'apôtre emploie ce terme avec de fortes connotations morales négatives, comme synonyme, ou presque, de «pécheurs» (1 Co 3, 3); mais parfois aussi, «charnel» signifie l'appartenance au plan de l'homme extérieur, à l'ordre du temporel: ainsi quand il plaide que les bénéficiaires de biens spirituels doivent marquer leur reconnaissance en faisant part de leurs biens «charnels», nous dirions «matériels» (pour la collecte en Rm 15, 27, et la rémunération des prédicateurs en 1 Co 9, 11). Lequel des deux sens convient-il le mieux dans notre passage? On ne peut pas écarter le premier, car les adversaires de Paul allaient sans doute jusqu'à l'accuser de mensonge et de malversations. Mais le second semble mieux s'accorder avec les indices du texte et du contexte: Paul commence par souligner qu'il vit «dans la chair» (v. 3): la «chair» désigne donc ici non pas la puissance du péché mais l'existence corporelle et ce qui s'y rapporte (comme en Ga 2, 20, et au contraire de Rm 8, 8); d'autre part, ce qu'il oppose à la «carnalité», ce n'est pas la rectitude morale mais la puissance capable de renverser les sophismes. On peut donc présumer que l'apôtre écarte des moyens qui seraient acceptables à d'autres fins, mais qui ne conviennent pas au plan du combat spirituel. Philip Hughes pense au recours à «la sagesse et philosophie humaine, avec les attractions du divertissement mondain, et le déploiement d'une organisation massive». À propos du premier recours, relevons que Paul a usé des moyens de l'argumentation stoïcienne dans son discours d'Actes 17, 22 s, discours inspiré, proposé en modèle par Luc, et qui a suscité plusieurs conversions remarquables (c'est par traduction fautive de 1 Co 2,2 que certains imaginent que Paul a fait une autocritique après Athènes) Paul semble avoir surtout en vue l'accusation qu'on lui lançait d'intimider à distance, et de manquer de prestige quand il était physiquement présent (vv. ls, 9s). Il se défend d'employer le moyen charnel de la manipulation psychologique par ses lettres, et il se justifie de ne pas se prévaloir d'apparences «charnelles» avantageuses (cf. v. 7 a: «Vous portez vos regards sur l'apparence»). À partir de là, nous comprenons parmi les armes inadmissibles en notre «sainte guerre» tout ce qui veut obtenir la foi autrement que par la persuasion de la vérité. Les pressions physiques, politiques, économiques, psychologiques, le Royaume de Dieu les bannit de sa panoplie: il conquiert les coeurs dans la lumière de la responsabilité. Paul avait détaillé plus haut dans la même épître les armes spirituelles de son évangélisation: «par la pureté, par la connaissance, par la patience, par la bonté, par l'Esprit saint, par l'amour sans hypocrisie, par la Parole de Vérité, par la puissance de Dieu: par les armes offensives et défensives de la justice» (2 Co 6, 6s). Les armes «charnelles» sont légitimes, au moins dans certains cas, pour la répression du mal et la promotion du bien dans l'ordre temporel, et maniées par les personnes compétentes selon l'institution divine (par exemple, dans la famille et l'État). Leur exclusion des moyens du combat spirituel implique, cependant, que la norme néo-testamentaire pour l'autorité politique réclame d'elle le respect de la liberté religieuse (de conscience, de cuite). Pourquoi sommes-nous si facilement tentés de recourir aux moyens prohibés, sinon que nous défaillons au point de la foi? Les armes spirituelles nous paraissent si faibles, si faibles. – Elles sont, au contraire, puissantes par Dieu! Le croirons-nous enfin? Henri BLOCHER © Ichtus 1985-4 (No 131) Retour |
RELATION
D'AIDE:
CARENCE
DANS NOS ÉGLISES
Il y a une recrudescence de maladies psychiques dans notre société, à commencer par la dépression et allant jusqu'à l'écroulement moral et même physique total. Solitude et incompréhension, luxe et surmenage, comportements déréglés faisant souvent éclater les familles, créent des conflits auxquels les membres de nos églises n'échappent malheureusement pas, d'autant plus que l'éthique chrétienne cède le pas à une éthique humaniste qui a éliminé le Dieu de la Bible et qui mène à l'autodestruction de l'homme. Nos églises manquent cruellement d'hommes consacrés au ministère de la cure d'âme, et ceux qui l'exercent sont débordés et épuisés, comme me l'écrivait dernièrement un de mes amis chrétiens psychiatre. La souffrance morale marque profondément beaucoup de chrétiens, avec son corollaire de troubles psychosomatiques. Combien de chrétiens qui fréquentent fidèlement leur église sont mal dans leur peau, bloqués intérieurement depuis des années. Et personne pour y remédier.. Mon éditorial est un cri d'alarme, car le ministère pastoral véritable fait grandement défaut dans nos églises. Nous n'avons pas encore compris que ce ministère doit être exercé dans le cadre de l'église locale même. Comme on se sent incompétent dans ce domaine, on a souvent recours à des méthodes peu chrétiennes, voire nocives, telles que la dynamique de groupe, la sophrologie et diverses psychotechniques humanistes. Ou alors on dit avec Caïn: «Suis-je le gardien de mon frère?» L'Église doit cesser de combattre avec des armes chamelles; elle doit s'équiper d'armes spirituelles pour renverser les tours d'ivoire dans lesquelles bon nombre de chrétiens se cantonnent (2 Cor 10.4-5). Il y a des solutions bibliques pour faire face aux carences qui donnent prise à l'ennemi séducteur. Il est temps de refuser la cure d'âme superficielle, incompétente ou légaliste, qui souvent ne se base que sur l'aspect comportemental du patient. Il y a mieux à faire que d'imposer les mains sans discernement ou de créer une atmosphère d'exaltation qui produit des hauts et des bas au lieu de la guérison. Il est vrai que les problèmes d'ordre occulte non négligeables sont de plus en plus fréquents dans la cure d'âme; mais veillons à ne pas soupçonner une influence démoniaque derrière chaque dépression, si grave soit-elle. Je plaide avec urgence pour un retour à une relation d'aide spirituelle orientée vers l'église locale. Pour que l'Église puisse être édifiée (Eph 4.12), ses membres doivent se savoir complémentaires les uns des autres et mettre leurs dons à la disposition du corps de Christ, car il y en a, des dons; aux églises locales de les discerner pour aider et soulager, restaurer et exhorter les membres dont la souffrance concerne le corps entier. La relation d'aide efficace doit partir de la Bible, qui seule donne une vision correcte de l'homme et de ses besoins. Créé parfait, mais déchu et séparé de son Créateur, il n'est en paix ni avec Dieu ni avec son prochain, ni encore avec lui-même. Les conséquences sont le déséquilibre et le désarroi intérieur. Seul Jésus-Christ, par son oeuvre rédemptrice accomplie à la croix du calvaire, peut rétablir l'équilibre par une re-création intérieure. Pour que la régénération puisse avoir lieu, il faudra cependant que le Saint-Esprit convainque le malade psychique de péché et l'amène à confesser ses fautes et à accepter Jésus-Christ comme son Sauveur par la foi. Avec le secours de l'Esprit de Dieu, il peut ainsi y avoir guérison psychique et parfois aussi physique. Cette cure d'âme se différencie de la psycho-technique humaniste par l'objectif qu'elle poursuit: contribuer à transformer l'homme devenu chrétien en l'image de Christ, de gloire en gloire (2 Cor 3.18). Le Saint-Esprit effectue la guérison psychique en libérant le croyant de ses frustrations, ses complexes, ses traumatismes et autres blocages. Car le Seigneur veut que son Église paraisse sans tache ni ride, sainte et irréprochable au jour de son retour qui pointe à l'horizon (Eph 5.25-27; Jude 24-25). Bien entendu que l'aide relationnelle dans l'Église doit s'étendre au secours extérieur et au service mutuel, au redressement du frère rétrograde, voire à la discipline, mais toujours dans l'esprit de «porter les fardeaux les uns des autres» (Gal 61-5). Ceux qui exercent ce ministère doivent avoir fait l'expérience du chemin de la croix et le suivre: savoir que leur Moi a été crucifié avec Christ, et se savoir ressuscité avec Christ en nouveauté de vie (Rom 6 5-6, 11). C'est la base pour l'humilité et la compassion sans lesquelles toute relation d'aide est vouée à l'échec. J'en appelle à tous les responsables, anciens et pasteurs de nos églises, ainsi qu'aux médecins et aux psychiatres chrétiens. Levons-nous et interrogeons-nous: notre théologie pastorale ne doit-elle pas être revue? Il faut absolument que les membres en situation critique puissent recevoir soulagement et guérison. J'encourage à organiser des conférences, des week-ends et des stages de formation portant sur une relation d'aide dont la base est l'identification avec le Christ à la croix et à la résurrection. Henri LÜSCHER © Promesses 1987 - 2 / No 80 Retour------------------------------------------------------------ |
Dans la pensée des écrivains bibliques, l'homme est défini par un rapport continuel à la réalité de Dieu: qu'il le sache ou l'ignore, dans la direction véridique ou dans l'orientation apostate de l'existence, le religieux constitue l'englobant pour tous les aspects finis de l'existant, il est l'ultime qui ne cesse pas de viser la créature. La sphère religieuse ou sphère sacrale concerne le centre même de l'existence humaine, le coeur du moi-sujet créé, ce «leb» (hébreu) qui est «l'organe de l'intelligence, de la pensée et de la liberté, le lieu d'où surgit l'acte même de la liberté et de l'intelligence, (...), les secrets du coeur, c'est-à-dire nos intentions et nos vouloirs les plus secrets, et nos passions les plus secrètes, ce que nous appelons «l'inconscient». Claude Tresmontant, L'Apocalypse, Ed O.E.I.L., p. 130. Même sujet développé dans J.M. Spier, Introduction to Christian Philosophy, Kalsbeck, Contours of a Christian Philosophy, Hebden Taylor, A Christian Philosophy of Law. Politics and trie State, W. Young, « Dooye. weerd», dans Creative Minds in contemporary Philosophy. Toutes les dimensions de l'humanité et de la culture, jusqu'à la politique et l'histoire sont concentrées dans le coeur de l'homme: celui-ci est «point focal de concentration de l'être», réfraction dans la créature intelligente de Celui qui est, le Premier, l'Origine. H. Dooyeweerd, la nouvelle tache d'une philosophie chrétienne, 1957 La société occidentale développée au XXème siècle repose sur la séparation de la société civile juridique et politique vis-à-vis du spirituel et du religieux. L'activité technicienne et l'organisation rationnelle des ensembles collectifs modernes, la mission de l'État, écartent la revendication totalisante du sujet éthique ou de l'homme de foi. La «cité séculière» laïque qui tolère, à l'Ouest, tous les courants philosophiques et idéologiques les plus contradictoires, se présente comme une cité sans religion! L'adepte du système biblique contestera l'expression de «cité séculière»: il montrera derrière les pensées laïques, des idées religieuses dissimulées. Il décèlera, dans l'institution politique libérale à l'Ouest, le dogme de l'autonomie du moi individuel cultivant sa libre spontanéité créatrice et son choix absolu d'existence. Les sociétés occidentales laïques admettent la diversité des visions du monde et ne sont pas unanimistes comme les sociétés soviétisées. Il existe cependant des fondements idéologiques à l'admission pluraliste des «visions» et ceux-ci sont inséparables de la «philosophie des lumières» et de la réaction individualiste, avec Rousseau et Kant.
Monarchie et société pluraliste La césure du religieux et du politique passe par la considération de l'individu. Dans la société laïque pluraliste, la présence du religieux apparaît sur le fond d'un ensemble d'engagements individuels qui ne concernent plus la société civile, le magistrat ou le politicien; le croisement du politique et du religieux intervient seulement quand l'autorité en place doit juger certains cas interférents: ainsi une décision du tribunal civil, rendue récemment en France, refuse à une collectivité religieuse la libre disposition d'un bien immobilier légué à l'assemblée par des membres décédés; la juridiction compétente précise que l'enseignement de cette collectivité, contredisant une partie importante de la législation officielle, ne permet pas à l'assemblée d'être mise en possession d'un bien hérité. Dans certains cas, rendus plus exceptionnels grâce au progrès de la légalité, une juridiction peut avoir à se prononcer sur l'authenticité des motifs conduisant un objecteur au refus des obligations normales du service national; c'est donc, au pénal, une décision de justice, qui validera ou refusera à l'objectant tel ordre de motif. La société pluraliste est une organisation politique où les pouvoirs sont distincts et séparés. Ceci explique que le responsable politique ne rencontre pas directement, en ces occasions, l'individu religieux. Le politique se limite à la conception d'un ordre légal valable pour l'ensemble des citoyens et à l'exécution des décisions du magistrat. Les persécutés religieux de l'Angleterre sous Élisabeth I et sous les rois Stuart, ceux qui en France ont souffert pour leurs opinions à l'époque de Richelieu ou de la monarchie autoritaire, ne bénéficiaient pas des limites politiques et juridiques qui protègent dans l'État moderne celui qui voit sa situation examinée par un magistrat. L'État politique de l'âge classique, sans pouvoir être identifié à une idéocratie moderne, n'en est pas moins «dirigé» par la volonté expresse d'unir le pouvoir à une unanimité religieuse. En France, de 1650 à 1715, cet État se donne une forme administrative rationnelle et centralisée, il constitue sa bureaucratie et nomme ses fonctionnaires, il est voué à l'autorité et à l'efficacité: mêlant le pouvoir monarchique à une tradition religieuse, il tend à appliquer avec rigueur l'adage bien connu cujus regio ejus religio. Le dessein technocratique et politique d'un grand serviteur de l'État, comme Louvois, n'est autre que d'assurer au prince l'unité réelle de toute la nation, synthèse audacieuse de contenus rationnels, de philosophies du pouvoir et de raison d'État. L'État de l'âge classique méconnaît la distinction des domaines de la souveraineté; il est travaillé par une tendance moniste (monos, un seul!) qui entraîne toute une nation dans une sorte d'unanimité ayant pour fin la puissance et la grandeur. Colbert, Louvois et Seignelay ne sont pas au XVIIe siècle les serviteurs d'une providence sécularisée et encore moins les augures d'une «fin de l'histoire mondiale». La question reste posée de savoir si, entre 1661 et 1715, le roi a aspiré à la «monarchie universelle» (l'accusation des Hollandais). Il semble que les commis de la monarchie persécutent le «dissident religieux» au nom d'un impératif politique unitaire. L'idéologie de l'âge classique en France semble confondre sans prudence Machiavel et Hobbes, Montaigne et Bossuet, elle rassemble une certaine forme de rationalisme politique autonome, une conception de l'efficacité de l'État monarchique armé et unifié avec une divinité augustinienne qui dirige providentiellement le monde et l'histoire – les commandements peu scrupuleux de la raison politique machiavélienne y voisinent avec les principes du Discours sur l’histoire naturelle et de la Politique tirée de l'Écriture Sainte. Ainsi, Louvois, qui n'a rien d'un directeur de conscience ou d'un ingénieur des esprits, exige cependant comme commis de l'État monarchique, l'obéissance totale des sujets – qu'ils soient juifs, pro ou anti-papistes, protestants, jansénistes ou libertins. L'obéissance au roi, quoiqu'il arrive, – Louvois est l'homme de la Révocation de 1685; c'est également lui qui a ordonné la dévastation du Palatinat pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg – représente la vertu essentielle du siècle. La société laïque pluraliste sans credo officiel a le culte de l'individualité autonome et ratifie les succès empiriques de ses ouvriers et techniciens. Le monisme du grand siècle sacrifiait la liberté personnelle à l'idée d'ordre et subordonnait toujours la réussite empirique à la vertu d'obéissance: «Voici l'homme qui m’a obéi à la Hougue»! dira le roi à un courtisan vers 1700. Il montrait à son interlocuteur l'amiral de Tourville qui avait dû partir sur ordre personnel du roi affronter les Anglo-Hollandais en 1692. Le politique de l'âge classique ignore même les états d'âme de ses ministres et de ses techniciens. Que la raison d'État, au XVIIe siècle, n'autorise point l'intervention d'une instance séparée ou d'un magistrat indépendant est une évidence – les juridictions distinctes et compétentes de l'État pluraliste constitutionnel auraient scandalisé tout à la fois les calvinistes du monde classique et les catholiques romains, le pasteur J. Claude et Bossuet.
Séparation de l'Église et de l'État dans les sociétés pluralistes La société démocratique pluraliste sépare le politique et le religieux; elle respecte la liberté de l'individu, elle autorise et favorise même l'expression des états d'âme. Parmi ces sociétés de l'Ouest, il y a lieu de distinguer les substrats intellectuels, les motifs religieux fondamentaux liés à des événements historiques fondateurs qui informent l'État moderne et lui donnent une légalité. Les pays anglo-saxons dérivent de révolutions politiques qui, en réduisant la toute-puissance du monarque, n'ont jamais été une rébellion de l'intelligence contre la foi. Les théologies évangéliques, parmi elles, le calvinisme des puritains, ont inspiré les révolutionnaires qui cherchaient à assurer le triomphe des droits de la personne et l'avènement du régime représentatif. Dans ces nations anglicanes ou calvinistes – puritaines, la révolution socio-politique qui donne le pouvoir à la nouvelle bourgeoisie, ne représente jamais l'insurrection du politique contre l'ecclésiastique, de la nature contre la grâce. Locke, auteur philosophe du Traité du gouvernement civil et des Lettres sur la tolérance, est en même temps un théologien calviniste (peu strict) et un anglican pratiquant. Les séparatistes du continent nord-américain en 1776 gardent, pour la plupart, des préoccupations théologiques et religieuse, d'esprit évangélique – wesleyens pour les formes et dans l'interprétation de la transcendance, ils sont rationalistes pour le monde et la matière. Les nations anglo-saxonnes protestantes respectent la séparation moderne des Églises et de l'État. Elles reposent sur un consentement moral unanime qui permet à chacun de choisir sa confession religieuse ou la «vision du monde» qu'il préfère. La vie publique et politique de ces nations, l'organisation même de l'État, demeurent cependant marqués par les éléments fondateurs et par les théologiens et prédicateurs évangéliques qui ont «enfanté» ces nations – aujourd'hui encore, l'étudiant qui désire comprendre le fonctionnement politique des institutions britanniques, ou américaines, a tout intérêt à se pencher sérieusement sur les oeuvres de John, et Charles Wesley, sur celles de G. Whitefield, sur les écrits théologiques et bibliques de Jonathan Edwards. La lecture du célèbre Voyage du Pélerin est également des plus utiles pour une bonne connaissance de ces institutions. En publiant son ouvrage, A Christian Philosophy of Law, Politics and trie State (publ. USA, 1966) – il s'agit d'une étude sur la philosophie politique de H. Dooyeweerd –, Hebden Taylor montrait quelles sont les conditions d'un engagement chrétien dans une collectivité qui appartient au type anglo-saxon. Le pluralisme des courants et tendances dans une démocratie, façonnée aux origines par un consentement biblique et évangélique, n'a pas le même caractère que dans un pays dirigé par le motif de la doctrine des «Lumières» du XVIIIe siècle ou par la pensée du Contrat social de J.J. Rousseau.
La religion de la Révolution française La France a réalisé sa révolution politique sur des enseignements qui sont contenus dans cette Philosophie de la Révolution française (B. Groethuysen), qui n'est autre qu'une religion de l'homme, une dévotion intellectuelle rendue à la raison autonome. Ce n'est pas la pensée biblique qui assure au sujet, sur la base d'une révélation indubitable communiquée par Dieu, la véritable connaissance de la société et de l'histoire, mais l'entendement constructeur de l'homme pécheur donne les principes de cette connaissance. Le révolutionnaire délié de toute obédience, devient un ingénieur des univers politiques et sociaux, détruisant la législation et les moeurs de l'Ancien Régime, il croit et pose que «le monde va changer de base»; il remplace par sa philosophie et sa conception du droit, l'entendement divin et les principes de la révélation biblique. Karl Marx a pu écrire, à juste titre, que la Révolution française était un modèle valable pour toutes les autres révolutions de l'histoire humaine: la Révolution de 1789-93 est à jamais la Grande Révolution initiale, elle est l'événement par excellence qui illustre et fait agir le motif de la nature et de la liberté. Celui qui veut étudier l'histoire moderne de notre pays, ses tentations et ses étranges tourments, ne peut que constater qu'une conception idéologique des droits de l'homme, est bien trop insuffisante pour écarter définitivement les pièges de l'histoire. Alors que, pour les théoriciens français, le fait révolutionnaire fait entrer notre pays dans l'histoire rationnelle dominée par les hommes intelligents, dans un avenir de raison ou rationalité historique (au sens de Kant), l'analyste constate que la France représente encore le devenir fragile du sentiment démocratique, que la tentation totalitaire y est encore présente, que l'antisémitisme n'y a jamais été vaincu – la plus petite menace de crise fait alors ressortir les démons que l'on croyait à jamais assagis. Ceci montre que la Révolution française repose sur des motifs religieux qui sont totalement opposés à l'enseignement de la révélation, que le motif nature-liberté ne peut en aucune façon être concilié avec la théologie biblique de la création, de la chute de l'homme en Adam et de la rédemption accomplie en Christ.
Conclusion Les droits que défendent les sociétés libres et ouvertes (voir la notion de K.Popper) sont d'origine scripturaire. Ils représentent une conséquence historique de l'oeuvre de Jésus-Christ «ouvrant» l'année de grâce du Seigneur (Luc 4. 16-20; Ésaïe 6 1), inaugurant en l'assemblée de Nazareth la présente administration du temps, qui donne son poids légitime au sujet, à la libre décision humaine (sola fide), devant l'oeuvre de la croix, l'acte propitiatoire en Christ qui nous délivre de la perdition et couvre la dette du péché. La liberté politique des nations surgit en l'histoire moderne, dans les années qui vont succéder aux temps pendant lesquels cette vérité centrale de la Parole divine, sera prêchée avec force, dans la puissance du Saint-Esprit, aux nations civilisées de l'Europe du centre, de l'ouest et du nord. La société libre et ouverte, défendant les droits de la créature humaine devant Dieu, est une conséquence historique, un bienfait de l'Évangile de Jean 3. 16, annoncé avec la détermination que l'on sait par les Réformateurs du XVIe siècle, les prédicateurs de l'âge classique, les hommes du réveil évangélique anglo-saxon du XVIIIe siècle. Que les hommes oublient cette Parole, qu'ils se détournent des vérités scripturaires pour s'attacher aux idéologies du siècle, nouvelles citernes sans fond des temps modernes, et l'on verra alors nécessairement régresser les droits de l'homme, diminuer les libertés tant il est vrai que «la démocratie est une affaire spirituelle». E. Meunier, citation de Jean Lacroix Alain Probst © Ichtus 1985 – 4 (No 131) Retour |
RÉPARTITIONS
DES TAUX DE CROISSANCE PAR MILIEU
Les plus forts taux de croissance s'observent dans les milieux suivants: – Églises de maison: Dans un grand nombre de nations les chrétiens se réunissent tout naturellement dans les endroits qu'ils fréquentent le plus (appartements, maisons, huttes, dans les rues, dans les quartiers, les bars, les bureaux...) Dans une époque d'individualisme religieux, de rejet des institutions et de la bigoterie, des diverses confessions et dénominations, le retour au christianisme fondamental, non-organisé, est en plein essor. – Églises souterraines: les églises souterraines, connues seulement par les initiés, ne se forment pas seulement en Chine, en Indonésie, à Cuba ou en Inde mais aussi dans «l'underground social» de l'Occident. – Églises de jeunes et églises post-modernes: il s'agit d'églises post-modernes ou implantées par des jeunes dans une culture jeune en pleine explosion. Rien qu'aux USA, selon l'expert ecclésiologue Andrew Jones, quelques 5000 communautés de ce genre ont été implantées en seulement 4 ans. – Églises cellulaires: Ces églises mettent un accent particulier sur la formation de disciples dans de petites cellules, et dans la croissance via la multiplication de ces cellules. – Églises indigènes: Ces églises et mouvements sont gérés par et pour les personnes de la localité sans intervention extérieure ou missionnaire, et ne recevant aucune aide pour le démarrage de l'oeuvre.
On compte 120 millions d'évangéliques en Chine. Avec une population de 1 262 556 787 d'habitants, dont entre 4% et 12% sont évangéliques, la Chine est le pays le plus peuplé et le plus christianisé. À cause de la persécution (les structures sont tenues secrètes mais hautement organisées) et aussi de la dynamique des mouvements d'églises de maison, les experts considèrent que la Chine compte entre 86 et 150 millions de chrétiens. 99% de la population du monde a la possibilité d'écouter une radio chrétienne. Les radios chrétienne atteignent donc 99% de la population mondiale. 8 personnes sur 10 savent qui est Jésus. Le missiologue Patrick Johnstone estime qu'entre 75% et 85% de la population du globe a déjà entendu l'Évangile au moins une fois. (Dawn/FridayFax) ajouté le 22/01/2001 © Voxdei 22-01-2001 Retour |
LES
SIGNES SECTAIRES CARACTÉRISTIQUES
Est à considérer comme présentant des caractéristiques sectaires tout mouvement ou groupement, toute église, communauté ou organisation religieuse: 1) qui recrute ses membres, y compris les nourrissons, par des procédés incompatibles avec l'enseignement des Écritures, des rites ou des pratiques auxquels on attribue des effets surnaturels ou magiques, en l'absence d'une authentique nouvelle naissance à travers la repentance et la foi en Jésus-Christ crucifié et ressuscité. car il est écrit: «Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu» (Jean 3:3),
2) qui admet à côté de la Bible une quelconque autre source de révélation, ou une autre autorité, que ce soit un document écrit, des traditions annulant la Parole de Dieu, une philosophie, ou une personne qui prétend être directement inspirée ou envoyée de Dieu, tout en professant des doctrines contraires à l'enseignement des Écritures, car il est écrit: «Vous avez annulé la Parole de Dieu au profit de votre tradition» (Mat. 15:6). «Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie selon la tradition des hommes» (Col. 2: 8) et «Vous apprendrez ainsi, en nos personnes, à ne pas aller au-delà de ce qui est écrit» (1 Cor. 4:6),
3) qui, tout en admettant théoriquement la Bible comme fondement de la foi, l'interprète de façon inappropriée en tordant son sens et en répandant ainsi de fausses doctrines, car il est écritqu'il y a «des passages difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens» (2 Pierre 3: 16),
4) qui fonde la foi sur des expériences extatiques douteuses, extra-bibliques et charnelles, ou sur de prétendues visions, plutôt que sur la Parole de Dieu, car il est écritqu'un homme qui «s'abandonne à ses visions, est enflé d'un vain orgueil par ses pensées charnelles» (Col. 2:18),
5) qui promet à ses adeptes la réussite, la richesse, la santé, la prospérité et la liberté, occultant ainsi le renoncement, les privations, les souffrances et les exigences de la foi chrétienne, car il est écrit:«Tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés» (2 Tim. 3:12), «Attachez-vous aux choses d'en haut, et non à celles qui sont sur la terre» (Col. 3:2) et «Ils leur promettent la liberté, alors qu'ils sont eux-mêmes esclaves de la corruption» (2 Pierre 2:19),
6) qui met en doute tout ce qui dans la Bible, apparemment ne s'accorde pas avec la sagesse et la science humaines, car il est écrit: «Que votre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu» (1 Cor. 2:5) et «Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes» (1 Cor. 1: 25),
7) qui, au lieu d'annoncer la repentance, la foi en Jésus-Christ et l'obéissance à la Parole de Dieu, exige la soumission à des ordonnances humaines et la pratique d'oeuvres présentées comme nécessaires au salut, car il est écrit: «L'homme n'est pas justifié par les oeuvres de la loi, mais par la foi en Jésus-Christ» (Gal. 2:16),
8) qui prétend seul(e) posséder toute la vérité et déclare hérétiques ou perdus ceux qui n'adhèrent pas à cette «vérité», car il est écrit: «Ils veulent être des docteurs de la loi et ils ne comprennent ni ce qu'ils disent ni ce qu'ils affirment» (1 Tim. 1: 7),
9) qui exerce des pressions psychologiques neutralisant l'intelligence, la volonté et les sentiments de ses adhérents, pour les induire en erreur et les maintenir assujettis, car il est écrit que nous ne devons plus être «des enfants flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur astuce à fourvoyer dans l'erreur» (Eph. 4:14) et «Ne devenez pas esclaves des hommes» (1 Cor. 7:23),
10) qui exploite l'ignorance et la crédulité des gens pour s'enrichir à leurs dépens par des procédés malhonnêtes, car il est écrit: «L'amour... ne fait rien de malhonnête, il ne cherche point son intérêt...» (I Cor. 13: 5) et «Jamais nous n'avons eu la cupidité pour mobile» (1 Thess. 2:5),
11) dont les dirigeants ou les partisans se rendent impunément coupables d'actes immoraux, de pédophilie ou d'autres abus sexuels, sous le couvert de la religion, car il est écrit: «Ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les homosexuels (pédérastes)... n'hériteront le Royaume de Dieu» (1 Cor. 6:9.10),
12) qui annonce un bonheur terrestre ou éternel fantasmagorique à leurs seuls adeptes, l'anéantissement de tous les autres, ou, au contraire, le salut de tous les hommes, des démons et du diable, toujours au grand mépris de ce que dit l'Écriture, car il est écrit: «Les prophètes prophétisent avec fausseté» (Jér. 5:31) et «Si quelqu'un vous annonce un évangile différent de celui que nous vous avons annoncé qu'il soit anathème! (Gal. 1: 8).
Conclusion La secte enseigne et pratique des choses contraires à la Parole de Dieu, soit qu'elle y ajoute ou qu'elle en retranche certains éléments, ou qu'elle en altère le sens pour justifier ses affabulations et ses déviations. Pour discerner l'erreur il est donc nécessaire de bien connaître la Bible et d'apprendre à bien l'interpréter selon cette règle essentielle: le meilleur interprète de la Bible, c'est la Bible elle-même. Quiconque ne respecte pas ce principe fondamental s'égare et égare ceux qui le suivent (2 Tim. 3:13). Ce ne sont pas les critères du nombre, de la reconnaissance officielle, de l'éclat des cérémonies, de l'éloquence d'un gourou ou de la somptuosité d'un bâtiment cultuel qui doivent déterminer s'il y a secte ou non. Que ce soit un groupuscule peu connu ou une organisation de notoriété mondiale, il faut considérer ses doctrines et ses pratiques à la seule lumière de la Parole de Dieu pour pouvoir se prononcer objectivement. La secte, c'est l'égarement, l'aberration, le fanatisme, l'esclavage, et, dans certains cas cela peut conduire jusqu'au crime et au suicide collectif. Il faut fuir la secte et dénoncer ses dangers, tout en essayant d'en faire sortir les victimes avec le secours du Seigneur. Jean Hoffmann Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine. Plusieurs les suivront dans leurs dissolutions, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d'eux. 2 Pierre 2: 1-2 © La Bonne Nouvelle No 2 / 2000 Retour------------------------------------------------------------ |
SITUATIONS
CONFLICTUELLES DANS LES ÉGLISES
Cela existe malheureusement, et au sein même des églises locales de professants où tous les membres souscrivent en principe à une même confession de foi biblique. C'est là un sujet de souffrance pour les croyants et un contre-témoignage face au monde.
Les causes Elles sont multiples. Cela peut aller de la tolérance de fausses doctrines à l'acceptation de conduites immorales en passant par les effets de la jalousie, de l'orgueil, de l'autoritarisme de responsables d'églises, ou du refus de membres à se soumettre aux exigences bibliques. Camouflages, mensonges, calomnies, rivalités, commérages et rumeurs peuvent envenimer l'atmosphère portant à la fois atteinte à l'amour fraternel et à l'impact des églises en laissant à Satan l'avantage sur les chrétiens (II Cor. 2: 11).
Les faux remèdes La plus grave erreur serait de chercher à étouffer tout conflit en s'imaginant qu'avec le temps tout se réglera tout seul. Mais que dit l'Écriture? «Veillez... à ce qu'aucune racine d'amertume, poussant des rejetons, ne produise du trouble, et que plusieurs n'en soient infectés» Héb. 12: 15). Ne pansons pas à la légère la plaie du peuple de Dieu (Jér. 6: 14). Quiconque dissimule le mal ressemble aux pharisiens et aux hypocrites que Jésus comparait aux sépulcres blanchis qui paraissaient beaux au-dehors, et qui, au-dedans, étaient pleins d'ossements. Jésus disait: «Au-dehors vous paraissez justes aux hommes, mais au-dedans, vous êtes pleins d'hypocrisie et d'iniquité» (Mat. 23: 27-28). Une autre grave erreur serait de vouloir rester neutre devant l'évidence des faits en ne donnant tort ou raison à personne. Ce ne fut pas l'attitude de Paul qui reprochait aux Corinthiens de n'avoir pas un seul homme sage parmi eux qui puisse prononcer un jugement entre ses frères (I Cor. 6: 5), et de supporter fort bien qu'on leur prêche un autre Jésus, un autre esprit et un autre Evangile que ceux qu'il leur avait annoncés. Il disait: «L'homme spirituel, au contraire, juge de tout» (1 Cor. 2: 15). N'y aurait-il plus guère d'hommes spirituels de nos jours qui sachent discerner le bien du mal, le vrai du faux et qui aient le courage de prendre position pour ce qui est juste et bon devant le Seigneur?
Conséquences Si le mal n'est pas ôté et que le coupable conserve sa position et ses responsabilités sans s'être repenti, des relations fraternelles normales ne sauraient être rétablies. (l Cor. 5: 13). Il y a des injustices qui n'ont jamais été reconnues et confessées, des torts qui n'ont jamais été réparés, des calomnies qui n'ont jamais été retirées, des erreurs qui n'ont jamais été abandonnées. Ce sont là des causes de troubles persistant dans les églises, de divisions et de l'absence de réelles bénédictions divines. Bien des stagnations et des régressions dans la vie des chrétiens, des églises et des oeuvres proviennent de situations qui n'ont pas été réglées selon les Écritures, comment pourrait-on espérer rétablir l'harmonie de relations fraternelles normales et un témoignage efficace, si ceux qui ont causé du trouble n'ont pas pu être amenés à la repentance, ou n'ont pas été retranchés selon les instructions de la Parole de Dieu? (Gal. 5: 12). On cherche alors souvent à compenser l’«absence d'une véritable vie spirituelle par des performances d'une autre nature: de l'activisme religieux, social, sinon politique, des réalisations matérielles, artistiques, théâtrales, musicales, destinées a donner le change en masquant le déplorable état réel des choses.
Le vrai remède C'est de reconnaître le mal et de le confesser, non seulement devant Dieu, mais aussi devant ceux envers lesquels on a péché. Le fils prodigue disait à son père: «J'ai péché contre le ciel et contre toi» (Luc 15:21). Il est vrai qu'il lui a fallu passer par toutes sortes de privations et d'humiliations pour en arriver là. Il en est toujours ainsi quand la Parole de Dieu seule ne suffit plus pour amener le pécheur à la repentance. Les chrétiens doivent veiller les uns sur les autres (Héb. 10:24), prendre garde que quelqu'un d'entre eux n'ait un coeur mauvais et incrédule, et s'exhorter les uns les autres, (Héb. 3: 12-13). C'est à cet effet que le Seigneur a dit: «Si ton frère a péché («contre toi» selon certains manuscrits), va et reprends-le entre toi et lui seul. S'il t'écoute tu as gagné ton frère. S'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou trois témoins. S'il refuse de les écouter dis-le à l'église ; et s'il refuse aussi d'écouter l'Église, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain» (Mat. 1 8: 1 5). Il faut évidemment être sûr que le frère – ou la soeur – a péché, pour que ne soient pas portées de fausses accusations contre lui – ou elle –, autrement la démarche pourrait être inversé et l'accusé devenir accusateur faisant lui-même intervenir des témoins. Car il serait inadmissible que l'on commette l'injustice de s'acharner contre un membre devenu gênant, parce qu'il a osé, par exemple, dénoncer des abus ou des erreurs, et qu'on le chasse de l'église sans lui avoir accordé le droit de s'expliquer en présence de témoins. Les frères et soeurs, témoins – ou mis au courant – d'injustices commises à l'égard de l'un – ou de l'une – des leurs, ont l'obligation morale de soutenir et de défendre la victime de l'arbitraire, faussement accusée ou calomniée. En manquant à ce devoir, ils se rendent complices du mal commis. Pour éviter les vaines répétitions, les malentendus, les déformations et les contestations des propos tenus, il pourrait être indiqué de demander aux personnes impliquées – et à l'église – de mettre par écrit leurs doléances, leurs accusations et leur défense, afin que tout puisse se passer aussi honnêtement et objectivement que possible dans le respect réciproque et l'amour indispensable, aussi l'amour de la vérité.
Pardon et réconciliation Jésus a dit: «Si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi... va d'abord te réconcilier avec lui» (Mat. 5: 23). Le Seigneur ordonne la réconciliation, mais la reconnaissance du péché précède le pardon et la réconciliation. Nous devons sans doute aussi pardonner à celui qui nous a offensé et qui ne s'en repent pas (Mat. 6: 12). Jésus a bien prié pour ses bourreaux en ces termes: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font» (Luc 23: 34). À Pierre qui lui demanda un jour s'il fallait pardonner jusqu'à sept fois à son frère, Jésus répondit: «... non pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois» (Mat. 1 8: 22), en d'autres termes: sans te fixer de limite. Un chrétien qui ne reconnaît pas son péché demeure toutefois dans une mauvaise disposition d'esprit devant Dieu et ses frères, c'est-à-dire dans un état de péché par lequel il empêchera la réconciliation de se réaliser tant qu'il n'aura pas confessé et – si possible – réparé le mal qu'il a commis. Aussi sa conscience ne lui laissera-t-elle point de repos, à moins qu'il ne la fasse taire en l'endurcissant. Mais l'offensé qui pourra néanmoins pardonner agira selon le Seigneur et jouira de la paix du coeur, même si la réconciliation n'a pas pu avoir lieu. Il y a donc nécessité d'une double réconciliation: 1) Avec Dieu par la reconnaissance du péché, la repentance, la confession et la foi en la mort expiatoire de son Fils (Col. 1: 22 ; 1 Jean 1: 9). 2) Avec le frère qui a péché contre nous et d'autres, ou envers lequel nous avons péché. La aussi il faut qu'il y ait reconnaissance du péché, repentance, confession et pardon (Jacq. 5: 16 ; Eph. 4: 32). «Pardonnez-vous réciproquement» (Col. 3: 13). Jésus disait à ce propos: «Si ton frère a péché, reprends-le; et, s'il se repent, pardonne-lui» (Luc 17: 3). La sincérité de la repentance apparaît là où le coupable pardonné manifeste la volonté de réparer autant que possible le mal qu'il a commis, comme ce fut le cas chez Zachée qui disait: «Si j'ai fait du tort de quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple» (Luc 19: 8).
Et quand le remède n'a pas d'effet? C'est qu'il a été mal appliqué, ou que les démarches ordonnées par le Seigneur n'ont pas pu avoir lieu, parce que l'une ou l'autre des parties, sinon les deux, n'ont pas voulu s'y prêter (Mat. 18: 15-17). Celui qui refuse d'écouter son frère, même en présence de témoins et devant l'église, se met dans son tort. Il bloque la situation en rejetant consciemment les interventions ordonnées par le Seigneur et il doit dès lors être considéré comme un païen et un publicain (Mat. 18:17) qui s'est lui-même exclu de la communion fraternelle. Selon le cas, toute relation avec lui doit être suspendue (I Cor. 5: 11), afin qu'il éprouve de la honte (II Thess. 3: 14-15). Mais il doit néanmoins rester l'objet de notre compassion, tel un païen ou un publicain à gagner. Jésus lui-même a été appelé l'«ami des publicains» et il a déclaré justifié le publicain qui s'était frappé la poitrine en disant: «à Dieu sois apaisé envers moi qui suis un pécheur» (Luc 1 8: 1 3). Il peut évidemment arriver que l'une ou l'autre des parties en cause, voire même les deux, manquent de sincérité et ne soient nullement disposées à reconnaître leurs torts. Lorsque les faits établis sont niés, les responsabilités esquivées et la vérité contournée, l'entrevue risque de dégénérer en disputes de mots ou en vains discours (II Tim. 2: 14, 16, 23), rendant momentanément toute poursuite du dialogue inutile.
Et quand il y a division au sein d'une église? Les églises primitives ont déjà connu cela. La jalousie, les rivalités, l'attachement aux hommes plutôt qu'à Christ ont provoqué des scissions (I Cor. l: 1 -10 ; 3: 1-8). L'apôtre Paul en a blâmé les Corinthiens en relevant leur manque de maturité spirituelle, tout en se prononçant en faveur du maintien de l'unité (I Cor. 1 :13 ; 12: 12-13). Mais lorsqu'il s'agissait de combattre de faux enseignements ou des hérésies, les apôtres n'ont pas hésité à ordonner la séparation (Rom. 1 6: 1 7 ; II Jean 10-11). Ils n'ont certes pas envisagé tous les cas auxquels nous pourrions être confrontés aujourd'hui. Mais les principes bibliques généraux et le bon sens chrétien, fruit de l'action du Saint-Esprit en nous, devraient nous permettre de procéder selon la pensée de Christ. Si donc une église est troublée par un conflit interne opposant deux partis et que les responsables de l'église, eux-mêmes partagés, ne sont plus en mesure de gérer la situation, il peut s'avérer nécessaire de faire intervenir des médiateurs extérieurs choisis d'un commun accord. Il faut surtout éviter de faire unilatéralement appel à des personnes favorables à l'une des factions, autrement la démarche serait d'avance vouée à l'échec, car on ne peut pas être à la fois juge et partie.
Et si toute une église devenait apostate? Il peut malheureusement aussi arriver que toute une église s'engage dans une voie d'abandon de la saine doctrine et de l'éthique biblique en se mondanisant, en s'associant avec de faux croyants, voire des incroyants, et en commettant ou en tolérant de flagrantes injustices. Des avertissements très sérieux furent adressés à la plupart des sept églises d'Asie Mineure. À l'église d'Éphèse, par exemple, le Seigneur fit écrire: «Souviens-toi donc d'où tu es tombée, repens-toi, et pratique tes premières oeuvres ; sinon, je viendrai à toi, et j'ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes» (Apoc. 2: 5). Il est vrai que l'apôtre Paul n'a pas conseillé aux Corinthiens fidèles (1 Cor. l 1: 2) de quitter l'église à cause des chrétiens charnels qui s'y trouvaient. Mais si les avertissements répétés devaient demeurer sans effet, il ne resterait peut-être aux chrétiens spirituels d'une église pas d'autres choix que de sortir de la confusion religieuse selon l'ordre du Seigneur «Sortez du milieu d'eux et séparez-vous» (II Cor. 6: 14-1 8). L'apôtre Jean aussi entendit du ciel une voix qui disait: «Sortez du milieu d'elle (de Babylone), mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n'ayez point part à ses fléaux». (Apoc. 18 :4). Ici il ne s'agit plus d'excommunier un pécheur impénitent, mais de sortir d'une assemblée engagée dans une voie d'apostasie. Il vaut mieux en sortir que d'assister, impuissant, à sa dégradation. «Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre» (Héb. 13: 12-13). Il y a là matière à réflexion. N'agissons pas à la légère, ne devançons pas l'heure, mais ne la manquons pas non plus!
Conclusion Plusieurs cas peuvent donc se présenter: 1) Un pécheur manifeste, ayant mal agi ou professant de fausses doctrines, refuse de reconnaître ses torts, de se repentir, de demander pardon à Dieu et à ses frères et d'essayer de réparer le mal qu'il a commis. S'il persiste dans cette attitude il n'est plus en communion avec ses frères et soeurs et doit se retirer, ou être exclu (1 Cor. 5: 13). Quelqu'un nous disait un jour qu'il y avait des choses qui ne se régleront qu'au ciel! C'est sans doute vrai pour certains problèmes, mais ce serait une piètre échappatoire, si elle devait servir d'alibi pour nous soustraire à nos obligations morales et spirituelles d'ici-bas. N'attendons donc pas l'Éternité pour mettre nos vies en règle avec Dieu et notre prochain. 2) Il peut aussi arriver qu'un membre – ou plusieurs – soient faussement accusés, jugés de façon inéquitable et chassés de l'église par un – ou des – «Diotrèphe» (III Jean 9-10), dominateurs et manipulateurs, outrepassant leurs droits et ceux d'une église qui, par faiblesse, ignorance, immaturité ou lâcheté, s'est faite complice d'injustices en ne réagissant pas sainement. Une telle église doit se repentir, reprendre les responsables de telles actions, voire même les suspendre de leurs fonctions, et réparer le mal commis en réhabilitant celui, celle ou ceux qu'on a traités si arbitrairement. À défaut, tous les membres ayant pris conscience de la gravité de la situation pourraient être amenés à quitter une église qui refuse de se conformer aux principes et aux procédés bibliques de justice, de vérité et d'amour fraternel. 3) Lorsqu'une église ou un groupement d'églises se laisse pénétrer et emporter par une quelconque hérésie mettant en doute ce que dit l'Écriture ou se prête aux collaborations oecuméniques avec des mouvements religieux apostats ou même étrangers à la foi chrétienne, les croyants attachés aux Écritures devraient en sortir, s'ils constatent que la dégradation se poursuit et qu'il n'est pas tenu compte des mises en garde des Ecritures qui disent: «Ne prenez point part aux oeuvres infructueuses des ténèbres, mais dénoncez-les» (Eph. 5: 11). C'est ainsi que sont nés les mouvements de réforme et de réveil, que des hommes de Dieu ont dû quitter leurs églises et que des églises sont sorties de leurs unions ou associations pour ne pas se rendre complices des hérésies qu'ils y ont vainement combattues.
Dernière recommandation Il convient toutefois d'être prudent, patient et d'agir toujours avec amour et fermeté, selon sa conscience éclairée par la Parole de Dieu. Il ne faudrait pas quitter une église pour rejoindre une autre également compromise, ni chercher une église parfaite inexistante! La volonté du Seigneur étant toutefois que les rachetés se regroupent en assemblées locales, ceux qui se trouvent ainsi placés «hors du camp» devraient autant que possible se rechercher et se rassembler pour réaliser la communion fraternelle en tant que membres du Corps de Christ, afin d'éviter de vivre dispersés dans l'isolement. À la limite, et dans l'impossibilité de se retrouver plus nombreux, deux ou trois assemblées au nom du Seigneur, peuvent, aussi compter sur sa divine présence. (Mat. 18: 20). Il y va du développement spirituel du chrétien et du témoignage commun à rendre au monde. Car il ne s'agit pas de se replier sur soi-même pour s'enfermer dans un ghetto, mais de sortir de la confusion religieuse pour être en mesure d'agir de façon plus cohérente et plus efficace, en plus grande conformité avec la Parole de Dieu et en communion avec ceux qui partagent la même vision et qui ont adopté la même position. Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra compter sur la bénédiction du Seigneur. Jean Hoffmann © La Bonne Nouvelle 4/94 Retour |
I. Préliminaires Le retour du spirituel Au moment où le 20e siècle, témoin d'avancées étonnantes de la science et de la technologie, touche presque à sa fin, paradoxalement la spiritualité réaffirme ses droits, et les spiritualités, surtout non-chrétiennes ou pseudo-chrétiennes, sont à la mode. La méditation, sous diverses formes, et le mysticisme ont la cote. Une société saturée de scepticisme, d'humanisme athée, de sécularisation et de matérialisme, semble redécouvrir une dimension qui avait été reléguée dans l'ombre. Je reviendrai sur cette résurgence du spirituel ou du religieux dans le monde contemporain, mais mon propos essentiel est d'aborder la question de la spiritualité dans la sphère spécifiquement chrétienne.
Qu'est-ce que la spiritualité? Commençons par définir ce qu'il faut entendre sous ce terme, sans prétendre du tout épuiser le sujet. – Dans son sens objectif, spiritualité désigne les éléments constitutifs et caractéristiques d'une croyance, comme aussi de la dévotion et du culte qui l'accompagnent. Ainsi, il y a une spiritualité bouddhiste, hindouiste, islamiste, chrétienne. – Mais au sens subjectif, le mot désigne la forme d'esprit, la tendance qui marque quelqu'un dans sa façon d'aborder l'objet de sa foi. Ainsi les adeptes d'une religion peuvent être surtout orientés vers l'observation des préceptes, ou vers l'attachement aux rites, ou vers la recherche du contact avec Dieu ou avec le divin. À chacune de ces orientations correspond une spiritualité d'un certain type. Dans la mesure où le sujet passe à côté de ce qui est premier, primordial, dans le système religieux qu'il a fait sien, il introduit un déséquilibre dans sa spiritualité. Celle-ci devient douteuse, malsaine, déviante.
Exemples historiques de déviations de la spiritualité J'illustre le principe général que je viens d'énoncer par des exemples puisés dans l'histoire du christianisme. Dans la période apostolique nous voyons les Galates, fraîchement convertis à Jésus-Christ par l'Évangile que Paul leur a annoncé, pencher dangereusement vers le légalisme pour n'être pas restés fixés, centrés, sur la pleine efficacité de l'oeuvre de salut parfaitement accomplie par Jésus-Christ à la croix. La détérioration de leur spiritualité est vigoureusement dénoncée par l'apôtre (cf. 3: 1). Quant aux Corinthiens, ils titubent dans l'exercice des dons spirituels – en particulier celui de la glossolalie – et inclinent vers une pratique désordonnée, parce qu'ils ont perdu de vue que le principe directeur et régulateur dans l'usage des dons, ce n'est pas la satisfaction personnelle mais l'édification de l'Église, l'amour (agapê) et non l'égoïsme. Paul consacre pas moins de trois chapitres de sa première épître (12-14) à redresser cette déviation. La spiritualité des Colossiens et celle des destinataires des épîtres de Jean étaient menacées par des influences nocives relevant d'aspects distincts du gnosticisme naissant. Celle des chrétiens de Colosses par une école de pensée prétendant à une connaissance (gnosis), spéciale, supérieure, secrète, destinée à des initiés. Cette influence pouvait détourner le regard des croyants de l'excellence et de la splendeur de la Personne de Christ, en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science (Col. 2: 3). Quant aux lecteurs des épîtres de Jean, exposés à l'enseignement de séducteurs négateurs de l'incarnation (des docétistes), ils couraient le risque de perdre de vue l'importance capitale de cette doctrine et du fait rédempteur glorieux qu'elle exprime et sans lequel il n'y a pas de salut (cf. II Jean 7 à 11). À partir du 2e siècle et jusqu'au 19e, d'autres déviations sont apparues que j'énumère brièvement: les Montanistes, de Montanus leur fondateur (2e siècle); les Illuminés du 16e siècle, à l'époque de la Réforme; les prophètes (et prophétesses) Cévenols (17e siècle); les Quakers (trembleurs), aussi du 17e siècle; les lrvingiens, d'lrving, le fondateur, et d'où sont issus les Néo-Apostoliques, au début du 19e siècle. Plusieurs de ces mouvements présentent la même caractéristique: la prétention à des révélations ou inspirations directes du Saint-Esprit, donc à un prophétisme extra-scripturaire et par conséquent malsain. Chez certains le parler en langues s'est manifesté et on a signalé des cas de guérison. Des phénomènes bizarres se sont produits, comme paroles automatiques, prédications faites par des enfants au berceau... On a mis un accent trop fort sur l'expérience personnelle au détriment de la doctrine, et sur la nécessité de l'illumination intérieure pour arriver à la vérité. Plusieurs de ces mouvements ont annoncé le retour imminent de Jésus-Christ et l'établissement du Millénium. Comme cela arrive toujours quand on se pose en prophète – au lieu de voir que toute la prophétie s'offre à nous dans la Parole écrite de Dieu – des comportements fanatiques, liés à un certain orgueil spirituel sont apparus. Pour clore ce survol, je n'ai pas besoin d'insister sur les diverses vagues de spiritualité trouble qui, depuis le début du 20e siècle, avec l'apparition du pentecôtisme classique et dans son sillage, ont déferlé sur le monde, jusqu'aux aberrations de la prétendue bénédiction de Toronto.
Déviations dans la spiritualité des chrétiens individuels. Mon but, toutefois, n'est pas de m'attarder sur ce qui caractérise certains mouvements, mais d'attirer l'attention sur ce qui peut arriver à tout chrétien indépendamment de son appartenance dénominationnelle. Dans le domaine de la spiritualité, en effet, les clivages ne se font pas seulement au niveau des dénominations, mais aussi des individus. Par exemple, un pentecôtiste peut avoir une spiritualité plus saine, plus équilibrée qu'un évangélique traditionnel, et ce malgré les erreurs du mouvement auquel il appartient. La saine doctrine, si précieuse soit-elle, n'est pas la garantie automatique, absolue, d'une saine spiritualité. L'esprit de chrétiens très attachés à la pureté doctrinale peut manifester de dangereuses inclinations et un profond déséquilibre. En fait, la ligne de démarcation entre saine spiritualité et spiritualité déviante traverse les milieux et parle de ceux qui aiment et honorent la Bible et départage les chrétiens individuellement. Cela ne veut pas dire, bien sûr, qu'il faille relativiser ou minimiser les erreurs doctrinales, car elles sont un terrain favorable à l'éclosion de spiritualités douteuses, mal orientées.
Origine des mauvaises orientations de la spiritualité En deçà même et en l'absence d'une hérésie, où faut-il trouver la racine d'une spiritualité déviante? Je crois que cela tient à une certaine attitude de notre esprit quand il contemple l'oeuvre grandiose du salut. Ce qui peut tout fausser, c'est une sorte de déplacement du centre de gravité dans l'esprit du chrétien, la perte du sens de ce qui est tout à fait proéminent, essentiel, dans la présentation biblique du salut. Si cette mauvaise orientation n'est pas rapidement corrigée, elle se cristallisera en fausse spiritualité, c'est-à-dire qu'il y aura durcissement de la tendance déviante. Par exemple, Paul, à l'égard du légalisme qui s'était emparé de l'esprit des Galates, va jusqu'à parler de persuasion, ce qui marque un degré de plus par rapport à la simple tendance déviante: Vous couriez bien: qui vous a arrêtés, pour vous empêcher d'obéir à la vérité? Cette influence (ou cette persuasion) ne vient pas de celui qui vous appelle. (Gal. 5: 7-8). Ici, persuasion ne peut indiquer qu'une fausse conviction. Et quand il y a fausse conviction, l'hérésie n'est pas loin!
II. Le fond du problème: Du théocentrisme vers l'anthropocentrisme Le chrétien se maintient dans une saine spiritualité aussi longtemps que les trois personnes de la Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, restent tout à fait prioritaires quand il pense son salut. Le centre de gravité de sa vision est: – ce que Dieu le Père a conçu et résolu en sa faveur, avant même la fondation du monde, dans son conseil souverain (Éphésiens 1: 3-6); – ce que Dieu le Fils a accompli pour lui dans l'histoire (Romains 5: 6-8; Galates 4: 3-5) pour exécuter le dessein éternel du Père (1 Tim. 1: 15; II Tim. l: 8-11; 1 Jean 4: 9-11,14). Je pense aux grands actes rédempteurs, rocher de notre salut et de notre foi; – ce que Dieu le Saint-Esprit a opéré et créé en lui quand, en vertu de la puissante attraction du Père, il est venu au Fils dans la repentance et la foi (Eph. 2: 10; II Cor. 5: 17; Jean 6:44).
Pour ce chrétien, tout procède des trois personnes divines dans l'ordre où je les ai nommées, et même s'il sait que la responsabilité humaine n'est pas anéantie par l'action souveraine et toute-puissante de Dieu (Actes 2: 37-38; Actes 3: 19-20; Actes 20: 20-21; II Cor. 5: 20) – ce qui reste pour nous, je le concède, un mystère indéchiffrable – il ne souffre pas que l'homme prenne la place de Dieu, empiète sur sa grandeur et sa gloire, si peu que ce soit (Jude 24-25). a) Pour la connaissance de Jésus-Christ, Sauveur et Seigneur, il ne reconnaît d'autre source que la révélation que le Père donne du Fils par le Saint-Esprit dans les Écritures de l'Ancien et du Nouveau Testament (cf. Rom. 2: 1 -2; 1 Jean 5: 9-10). Théocentrique – centré exclusivement sur le témoignage de Dieu en personne – il n'admet aucune espèce de prolongement, d'extension, ou de complément humain à ces données divines infaillibles et immuables: ni tradition, ni phénomènes mystérieux tels que voix, rêves, visions, ni intuitions mystiques. Le centre de gravité reste pour lui Dieu parlant dans l'Écriture, et il ne tolère rien par-delà. Il en est de même pour ses choix existentiels. Il puise ses directives dans la Parole de Dieu et non dans des éléments subjectifs, les élans, les mouvements de son âme (Psaume 119: 105). Aujourd'hui, les éléments d'ordre anthropocentrique que j'ai nommés dans les deux paragraphes ci-dessus prennent de plus en plus de place dans la vie des Églises et des chrétiens individuels, jusqu'à une hypertrophie. ce qui signifie que la Parole de Dieu est détrônée. De plus en plus l'on va vers une source de révélation à côté des Écritures, étrangère à ce qui est écrit, et donc rivale de la Bible. b) Pour le fondement de ses convictions, il ne reconnaît d'autre source que la Parole de Dieu vivante et efficace (Héb. 4: 12) agissant au fond de son être et y produisant la foi (cf. Rom. 10: 14). Théocentrique, il ne déplace pas, ne transfère pas sa confiance sur les émotions humaines, les sentiments qui peuvent naître dans le sillage de l'action de la Parole. Il les tient pour ce qu'ils sont: des épiphénomènes psychiques qui ne se confondent pas avec la conviction forgée par la Parole de Dieu seule, et qui ne sauraient s'y substituer. (Il se méfie aussi au plus haut point des moyens de pression psychologiques auxquels on recourt pour créer la conviction. C'est s'appuyer sur des techniques humaines et non sur l'action inimitable de l'Esprit de Dieu). La preuve que beaucoup de chrétiens déplacent leur confiance sur ces éléments anthropocentriques, c'est leur désarroi quand ces phénomènes cessent de se manifester. Ils n'ont pas compris que tout est dans la Parole, la semence incorruptible, et en elle seule. Sans le savoir, ils ont échangé le roc inébranlable de l'Écriture contre le sable mouvant des sensations humaines. Et quand celles-ci disparaissent, ils s'enfoncent dans le trouble. Dans une intention bénigne on pourrait leur poser la question que Sanchérib, dans une intention maligne, posait aux habitants de Jérusalem: Sur quoi repose votre confiance... ? (Il Chron. 32: 10). c) Pour l'assurance du salut, il ne reconnaît d'autre source que l'acte divin, gratuit et définitif de la justification: étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec dieu par notre Seigneur Jésus-Christ. (Rom. 5:1) Rien même les écarts hors de la communion avec Dieu, même les péchés répétés et les fautes graves – ne peut invalider le statut de parfaite justice que Dieu nous a accordé une fois pour toutes en son Fils par la foi (Héb. 10: 10,14). Le péché est certes haïssable, et le chrétien est exhorté à le fuir, le combattre, le détester (cf. Rom. 12: 9), le confesser pour être pardonné et purifié (1 Jean 1: 8-10). À aucun moment il n'est question de le tolérer sous le prétexte que là où le péché a abondé, la grâce a surabondé (Rom. 5: 20). Quiconque prend ce prétexte prouve tout simplement qu'il n'a jamais connu Dieu. Mais c'est aussi un grave péché – et en même temps la preuve d'un manque profond d'intelligence spirituelle – de croire que notre salut éternel est compromis, ou même qu'on l'a perdu, parce que le mal nous a surpris et vaincus. C'est une offense directe envers Dieu qui justifie non le saint mais l'impie (Rom. 4: 5). c'est une méconnaissance totale de l'extraordinaire générosité de son acte gratuit, un déni insultant de l'abondance de la grâce et du don de la justice (Rom. 5: 17). Dieu a-t-il eu besoin de notre sainteté personnelle, d'une justice anthropocentrique, pour nous justifier? Nous n'en avions aucune, pas même la moindre goutte (Es. 64: 4-6). Il nous l'a conférée dans son entièreté comme un don de sa grâce. Il l'a fait de l'extérieur, c'est-à-dire sans trouver en nous le moindre motif pour agir ainsi, mais en vertu de la vie parfaite et du sacrifice parfait de son Fils (II Cor. 5: 21). Il l'a fait pour toujours, par un acte juridique sans appel. Théocentrique jusqu'au bout, le chrétien conséquent ne prétend ni ajouter à ce statut parfait de justice et de sainteté en Christ – ce serait blasphématoire – ni le maintenir en s'efforçant d'atteindre, par le processus de la sanctification pratique progressive (qui ne sera jamais parfaite en deçà de l'éternité), à un certain degré de sainteté. Ne serait-ce pas subordonner la justification à la sanctification, donc renverser l'ordre biblique, inverser les priorités? Ne serait-ce pas mettre le don de Dieu dans la dépendance de ce que l'homme peut accomplir, comme s'Il avait besoin, pour garantir le salut final de sa créature, de cet ajout anthropocentrique? Ceux qui déplacent leur confiance sur leurs progrès dans la sanctification pour rester dans la grâce de Dieu n'ont pas compris, selon Romains 5: 2, que c'est Dieu lui-même qui se charge de nous établir dans la grâce, de nous y garder fermement. Et comment pourrait-il en être autrement? Seul Celui qui nous a donné accès à la grâce, par son Fils, peut nous maintenir dans cette grâce. Sans le savoir, les chrétiens anthropocentriques ont fait de leurs oeuvres la cause finale de leur salut éternel. Ils ont peut-être gardé jalousement la doctrine du salut par la grâce seule, mais, inconsciemment, ils ont transféré leur confiance de Dieu sur l'homme et, pour tout dire, sur eux-mêmes. Leur spiritualité est faussée. Certes, ils ne professent pas la doctrine légaliste du salut par les oeuvres, mais ils agissent quand même comme si elle était vraie. Que de chrétiens, même au sein des églises évangéliques, ont encore une confiance souterraine en l'homme et n'arrivent jamais au repos de leur âme! Ils naviguent entre deux pôles: la foi centrée sur Dieu et la foi centrée sur l'homme. Pour n'être pas philosophique et conscient, leur anthropocentrisme n'en est pas moins réel. Il s'agit d'un anthropocentrisme instinctif. d) Pour la croissance de la vie spirituelle, il ne reconnaît d'autre source que la simple marche en Christ par la foi: Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui «étant enracinés et fondés en lui» et affermis par la foi d’après les instructions qui vous ont été données. . . (Col. 2: 6-7) Il sait que la vie qu'il a reçue de Christ à la conversion se développe exactement sur le même terrain, par une marche en Christ voilà l'enracinement dont il a besoin – et selon le même principe, la foi. Et cette foi ne flotte pas dans le vide, mais elle se fonde sur les instructions apostoliques – Parole de Dieu infaillible – dont elle se nourrit. Il ne s'agit pas non plus d'une foi accrochée à des choses visibles comme les signes, les prodiges et les miracles, si recherchés aujourd'hui par une foule de chrétiens égarés, amateurs d'une spiritualité tout à fait opposée à celle de l'apôtre et à son enseignement catégorique: car nous marchons par la foi et non par la vue (II Cor. 5: 7). Le chrétien garde la route, la bonne orientation, dans la mesure où il reste fermement christocentrique, comme Paul le lui ordonne, et ne court pas après des expériences spéciales, extraordinaires, qui lui apporteraient un complément de spiritualité ou de super-spiritualité. c'est un fait avéré que la spiritualité déviante veut toujours se donner pour la spiritualité à l'état pur, insurpassable, le dessus du panier. Elle se réclame avec arrogance du Saint-Esprit, d'une mesure exceptionnelle de sa présence, de sa puissance, de son onction. Elle veut en être nimbée. C'est l'auréole sur la tête des saints! Mais elle va en fait contre le Saint-Esprit, lui qui tend inlassablement à centrer les pensées et l'être entier du chrétien, non sur une expérience, une bénédiction, mais sur Jésus-Christ seul par l'action de la vérité biblique qui révèle la splendeur de l'Évangile de la gloire de Christ, qui est l'image de Dieu (II Cor. 4: 3-4; Jean 16: 14). Si Dieu a voulu que toute plénitude habitât en Christ (Col. l: 19), si en Lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité (Col. 2: 9), c'est aller directement contre la volonté de Dieu le Père que de rechercher une plénitude exceptionnelle dans une expérience hors du commun. La marche ordinaire en Christ par la foi est tout ce qui nous est commandé, et c'est d'une parfaite logique puisque nous avons tout pleinement en Lui (Col. 2: 10). Il est vrai que la plénitude que nous avons connue jusqu'à ce jour peut augmenter. Mais elle ne le fait qu'à travers un approfondissement de notre connaissance de Jésus-Christ – qui reste donc toujours au centre et le centre – et non par la vertu de quelque expérience extraordinaire, telle qu'un baptême de l'Esprit, ou dans l'Esprit, après la conversion. La Bible ne connaît qu'un baptême de l'Esprit, initial, marquant l'entrée dans la vie chrétienne et dans l'Église, corps de Christ, celui dont parle 1 Corinthiens 12: 13. Ce baptême est le fait de tous les croyants authentiques et le même pour tous. Il appartient au fondement. Ce n'est pas un privilège, un plus – comme on dit aujourd'hui – qui distingue et différencie une élite, et qui divise, mais plutôt le trait d'union qui unit tous les vrais enfants de Dieu (Gal. 3: 26-29).
Chercher une plénitude extra dans une expérience hors du commun, c'est aussi se leurrer complètement, c'est devenir la proie d'une vaine tromperie, comme Paul nous avertit juste après nous avoir ordonné de marcher en Christ par la foi (Col. 2: 8). Dans ce verset, il montre d'une part le glissement du terrain théocentrique sur celui de l'anthropocentrisme – la tradition des hommes, les rudiments du monde –, mais aussi la perte, l'abandon du spirituel authentique, de ce qui est le fruit de l'action de l'Esprit, pour une spéculation philosophico-mystique, pour quelque chose de vain, de vide. Tous ceux qui cultivent aujourd'hui ce type de spiritualité jugée supérieure, et qui croient marcher sur les sommets, doivent savoir qu'ils sont en fait en train de s'éloigner du Saint-Esprit et de déchoir... Et que loin de cheminer vers une plénitude telle qu'on n'en peut concevoir de plus grande, c'est vers le vide qu'ils s'avancent.
Pour clore ce développement, encore une remarque et une question: – Le glissement d'une vision théocentrique à une vision anthropocentrique peut aussi affecter le domaine du service chrétien. Cela se traduit d'une façon évidente aujourd'hui, non seulement par le fait que les Églises empruntent de plus en plus largement aux méthodes et aux techniques du monde, mais aussi – et cela va de pair – qu'elles placent leur confiance dans la perfection de l'organisation, de la programmation, dans le gigantisme des moyens mis en oeuvre, dans la grandeur numérique, dans la notoriété de ceux qui patronnent leurs entreprises pour Christ. Où est le regard sur le Dieu trinitaire souverain, celui qui tient tout dans sa main – le Cosmos, l'histoire, les êtres visibles et invisibles, notre salut dans tout cela? De plus, il est étonnant que les chrétiens ne voient pas que cette forme d'esprit ne cadre pas du tout avec ce que nous enseigne la croix de notre Seigneur Jésus-Christ (Gal. 6: 14), qui a triomphé du monde, du péché et de Satan alors qu'il était dans la plus extrême faiblesse (1 Cor. 1:22-25). La spiritualité saine est celle qui a assimilé avec l'apôtre la vérité que lui a enseignée le Dieu fait homme: Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse (II Cor. 1 2: 9). . . Et qui nous fait dire avec lui: Quand je suis faible, c'est alors que je suis fort (v. 10). – Cette propension du chrétien, quel qu'il soit, à dérailler, à déplacer insensiblement sa confiance de Dieu sur l'homme – donc sur lui-même aussi – n'est-elle pas la marque indélébile de la chute originelle, où sur l'instigation de la parole venimeuse du Serpent, l'homme a cédé à la tentation de devenir lui-même le centre et la mesure de toutes choses? N'est-ce pas pour cela que l'humanisme la religion de la foi en l'homme – trouvera toujours un écho dans la nature entachée de péché du chrétien, même si celui-ci l'a consciemment répudié?
Ill. Mise en garde Il nous faut prendre très au sérieux les déséquilibres et les déviations de notre spiritualité puisqu'ils impliquent un mouvement d'éloignement par rapport au Saint-Esprit et à la Parole. Cet éloignement constitue en soi un motif de préoccupation. Mais nous devons de plus nous rappeler qu'à s'éloigner de quelque chose on se rapproche d'une autre. Cela me ramène au début de mon article sur le retour du spirituel dans notre société si profondément malade. La déviance de la spiritualité dans les limites de la sphère chrétienne peut progressivement amener de véritables enfants de Dieu à côtoyer des spiritualités étrangères, propres aux systèmes religieux non-chrétiens et aux philosophies spiritualistes. Il est à craindre, en fin de compte, que cela ne conduise à une concomitance et même à une fusion avec des courants gravitant autour d'un pôle invisible et surnaturel radicalement opposé au christianisme biblique et historique, l'Adversaire de Dieu déguisé en ange de lumière (II Cor. 11: 14). Dans une culture hautement matérialiste, fixée sur la recherche de l'argent, des biens terrestres, des jouissances de la chair, beaucoup peuvent être enclins à croire que tout ce qui est spirituel – quelle que soit l'étiquette est désirable (Gen. 3: 6), et que la quête de la spiritualité ne peut qu'élever l'homme. Mais ils oublient que toute spiritualité se définit par son pôle, et que si celui-ci est négatif, la recherche du spirituel n'équivaut pas à une élévation mais à une descente vers l'abîme, donc vers les ténèbres. Celles-ci peuvent paraître lumineuses dans l'immédiat. Mais rappelons-nous alors le solennel avertissement du Seigneur: Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres! Matthieu 6: 23. Paul-André Dubois Extrait de «Résister et Construire», Septembre-Novembre 1995, No 34-35, C.P. 468, CH-1001 Lausanne. © La Bonne Nouvelle 3/96 Retour |