Appuyer sur la sonnette d'alarme peut réveiller le dormeur ou faire sursauter celui qui est plongé dans ses pensées. Un signal d'alarme dérange ou agace, mais sa fonction est positive, puisqu'il consiste à avertir, à signaler et à faire éviter un danger. Tel a toujours été le rôle du son d'une corne, d'une trompe, d'un clairon, du tocsin ou de la sirène.
Vraie ou fausse alerte? Il y a parfois de fausses alertes quand, par exemple, un prophète de malheur annonce de son propre chef une catastrophe universelle, voire la fin du monde pour l'an 2000! Mais si l'alerte est donnée pour parer à un danger réel, elle devrait provoquer de saines réactions chez ceux qui la prennent au sérieux. Et cela s'applique à tous les domaines de la vie, autant au niveau individuel qu'au plan collectif. Il peut y avoir une alerte au feu, à la bombe, à la guerre, au risque d'avalanches, d'épidémies, de famine, de tremblements de terre, de pollution de l'air ou de l'eau. On sonne aussi l'alarme quand ici ou là se produisent des persécutions, des génocides, des attentats racistes, des «purifications ethniques» ou autres crimes contre l'humanité. Des signaux d'alarme peuvent être donnés pour dénoncer les méfaits de la drogue, de l'alcoolisme et du tabagisme. Des personnes attachées aux valeurs morales sonnent l'alarme pour que soient refrénés la perversion sexuelle, la prostitution, la pédophilie, l'avortement, sans parler du concubinage et de l'homosexualité qui sont en voie de légalisation et même d'acceptation par certaines autorités ecclésiastiques protestantes. Et combien il serait nécessaire de presser davantage sur la sonnette d'alarme pour dénoncer la violence, la criminalité et la débauche étalées au grand jour dans certains films, à la T.V. et par une littérature obscène!
Alerte en milieu chrétien
Pourquoi Christ et les apôtres ne se sont-ils pas contentés d'annoncer la Bonne ou l'Heureuse Nouvelle du Salut, sans ajouter des mises en garde répétées du type de: «Prenez garde que personne ne vous séduise. Car plusieurs viendront sous mon nom en disant: C'est moi qui suis le Christ» (Mat. 24:4-5). «Gardez-vous des faux prophètes.. » (Mat. 7:15). «Gardez-vous attentivement du levain des Pharisiens et des Sadducéens...» (Mat. 16:6). Gardez-vous des scribes...» (Marc 12:38). «Prenez garde aux chiens... aux mauvais ouvriers, aux faux circoncis...» (Phil.3:2). «Vous qui êtes prévenus, soyez sur vos gardes, de peur qu'entraînés par l'égarement des impies, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté» (2 Pierre 3: 17)! «Veillez! Votre adversaire. le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer; résistez-lui avec une foi ferme» (1 Pierre 5:8-9).
Si donc Christ et les apôtres ont trouvé nécessaire de donner de tels avertissements à leurs auditeurs ou lecteurs, c'est qu'ils ont voulu les prémunir contre certaines menaces. Mais est-ce que de telles mises en garde n'étaient destinées qu'aux chrétiens de l'ère apostolique? Certainement pas, car l'adversaire n'a pas changé et les dangers sont restés les mêmes, quoiqu'ils puissent apparaître sous d'autres formes et noms. Le fait est qu'il y a encore aujourd'hui des gourous, de faux messies qui se donnent pour Christ, ou pour des représentants infaillibles de Christ sur la terre. Il y a encore de faux prophètes qui divulguent leurs rêveries, des Pharisiens (hypocrites) qui annulent la Parole de Dieu par leurs traditions, des Sadducéens, c'est-à-dire des théologiens modernistes, qui ne croient plus à tout ce que dit l'Écriture, parce que leur rationalisme ne saurait l'admettre. Il y a encore des scribes qui désirent se promener en longues robes, cherchant à occuper les premières places et faisant pour l'apparence de longues prières. Il y a encore des «chiens» méchants et mordants, de mauvais ouvriers, des sectaires qui détournent les hommes de la vérité et de faux chrétiens qui mettent leur confiance dans des rites ou des cérémonies, plutôt que de s'en tenir à ce que dit l'Écriture. Voilà pourquoi les diverses mises en garde bibliques sont tout autant nécessaires de nos jours qu'elles l'ont été du temps des églises primitives, et qu'elles le seront encore à l'avenir. Car, selon les prophéties bibliques, la situation mondiale ne s'améliorera pas vers la fin des temps et un règne universel de paix et de justice ne s'établira pas avant le retour de Jésus-Christ. La responsabilité spirituelle En tant que chrétiens évangéliques nous devrions surtout avoir à coeur le salut de ceux qui courent à leur perdition éternelle s'ils ne sont pas arrêtés à temps. Mais les appels les plus vibrants trouvent rarement des échos favorables. Il faut néanmoins avertir, «qu'ils écoutent ou qu'ils n'écoutent pas» (Ezéchiel 2:5). De même devons-nous alerter les chrétiens qui ne marchent pas droit selon la vérité de l'Évangile (Gal. 2:14), qui se refroidissent, ou qui, au contraire, s'échauffent, s'excitent ou s'exaltent artificiellement par toutes sortes de procédés générateurs de contrefaçons de la vie spirituelle. Il conviendrait également de mettre en garde contre l'abandon ou le reniement de vérités bibliques fondamentales. L'apôtre Paul exhortait ses frères à intervenir auprès de ceux qui vivaient dans le désordre (I Thess.5:14) et de s'éloigner de l'hérétique après un premier et un second avertissement (Tite 3:10), comme il ordonnait aussi aux Corinthiens d'ôter le méchant du milieu d'eux (1 Cor. 5:2,13). Mais aujourd'hui de telles directives sont de moins en moins respectées, parce que la tolérance et le pluralisme doctrinal ont anesthésié l'esprit de discernement et affaibli le courage – pour intervenir – de ceux qui ont charge d'âmes. Tout en voyant le danger on laisse faire pour avoir la paix et se ménager des amitiés. Les mises en garde de l'Écriture sont destinées à éveiller l'intelligence des chrétiens, à les rendre prudents et obéissants à la Parole de Dieu, pour les préserver du mal et du malin. Mais qui doit donner l'alerte? Ne serait-ce pas aux responsables d'églises, pasteurs et anciens, de faire retentir la sonnette d'alarme? Oui, certainement et prioritairement, encore faudrait-il qu'ils soient tous bien conscients du danger et qu'ils aient le courage de le signaler. Mais il appartient aussi à chaque véritable enfant de Dieu, soucieux de l'état spirituel de ses frères et soeurs, d'être comme une sentinelle sonnant l'alarme pour que, revêtus de toutes les armes de Dieu, les fidèles puissent faire face aux ruses du diable (Eph. 6: 11). Mais à condition que la trompette ne rende pas un son confus, autrement qui se préparera au combat? (1 Cor.14:8)
Conclusion Attirons au maximum l'attention des non-croyants et des croyants sur les risques et périls d'une vie qui n'est pas en règle avec Dieu. Nous devons porter secours aux personnes en danger d'égarement ou de perdition en annonçant Jésus-Christ crucifié et ressuscité pour le pardon et la libération de la puissance du péché, le Salut et le bonheur éternel de quiconque se repent et croit en son nom. En prêchant Christ les apôtres ont exposé tout le dessein de Dieu, sans en rien dissimuler (Actes 20:27) et sans laisser dans l'ombre les desseins de Satan (2 Cor. 2: 11; 1 Pierre 5: 8) et les moyens de s'en protéger. Suivons donc leur exemple et nous accomplirons la volonté de Dieu en réalisant davantage notre vocation d'être le sel de la terre et la lumière du monde! (Mat. 5:13-16) Jean Hoffmann © La Bonne Nouvelle 5 / 1999 Retour------------------------------------------------------------ |
Il ne fait aucun doute que nous vivons à une époque où, comme jamais auparavant, nous devons compter avec le retour de Jésus. Les signes du temps de la fin parlent un langage de plus en plus clair et insistant. Il semble que nous nous approchons à pas rapides de la grande tribulation. Israël aspire à la paix; le pays est partagé, et la globalisation s'avance à un rythme effarant. L'Europe réclame avec force un nouvel Empire romain. Le nouveau président de la Commission européenne, Romano Prodi, a récemment exposé sa vision d'un nouvel Empire romain par, entre autres, ces mots: «Pour la première fois depuis la chute de l'Empire romain, nous avons la chance d'unifier l'Europe – cette fois, non pas par la puissance des armes, mais sur base d'idéaux semblables et de lois acceptées en plein accord» (Süddeutsche Zeitung - 14.10.1999). L'Église évangélique et l'Église catholique romaine sont parvenues à une unité jamais connue jusqu'alors, à un sérieux rapprochement. Mais le communiqué officiel commun sur la doctrine de la justification ne répond, selon de nombreux théologiens évangéliques, qu'à une idée oecuménique; elle n'aurait plus rien de commun avec la pensée originale et serait interprétée selon la conception catholique romaine. Un communiqué catastrophique chasse l'autre. Les intervalles se font de plus en plus courts entre des événements de plus en plus violents. Quelqu'un a affirmé dernièrement: «La situation est si grave que nous ne pouvons plus que chuchoter.» Étant donné que nous, chrétiens, sommes encore sur la terre et confrontés à des souffrances et à des difficultés de toutes sortes, nous risquons d'avoir peur et de nous faire du souci. Nombreux sont ceux qui regardent avec découragement vers le futur. Le danger qui guette les chrétiens en ce temps de la fin ne consiste pas en leur ruine, mais, selon les paroles du Seigneur Jésus, à se faire du souci. Il nous met en garde précisément sur ce point. Nous lisons en Luc 21, 34: «Prenez garde! Ne laissez pas votre esprit s'alourdir dans les fêtes et l'ivrognerie ainsi que dans les soucis de cette vie, sinon le jour du Jugement vous surprendra tout à coup, comme un piège...» (Français courant). Voici ce que dit Paul Schütz: Le souci pour la vie est le plus grand tyran, qui commande toute une armée de sbires et de geôliers pour faire de nous des gens asservis. Il a à sa suite: la méfiance, l'angoisse, les remords, le découragement, les murmures, la critique, l'irascibilité, l'amertume, l'entêtement, la tristesse, la mélancolie, le désespoir et l'indifférence vis-à-vis de Dieu. Ne vous inquiétez de rien: telle est la devise propre à contrer cette engeance démoniaque. «Aujourd'hui et demain, apportez-Lui tous vos soucis, devant la croix. Vous êtes en sécurité, aujourd'hui et demain. Tous vos soucis, déposez-les à Ses pieds! Apportez-Lui aussi toutes vos contraintes. Apportez au pied de la croix tout ce qui vous opprime. Apportez-Lui tous vos soucis, vos joies et vos questions; déposez-les au pied de la croix. Jésus-Christ portera vos joies et vos plaintes. Oui, apportez-Lui tous vos problèmes!» (Extrait de «Eine gute Minute» = «Une bonne minute», de Axel Kühner).
© Appel de Minuit 01 / 2000 Retour |
TEXTES
DE L'ÉGLISE PRIMITIVE CONCERNANT LE FAIT D'ÊTRE CHRÉTIEN
ET SOLDAT
Un chrétien peut-il être soldat? Cette question s'est très tôt posée au sein du christianisme. Une seule fois dans le Nouveau Testament, elle est clairement énoncée. Des militaires s'approchent de Jean le Baptiste et demandent: «Et nous, que nous faut-il faire?» Il leur dit: «Ne faites ni violence ni tort à personne, et contentez-vous de votre solde.» Luc III, 14. Ce passage fera l'objet de diverses interprétations mais on notera que Jean le Baptiste ne demande à aucun moment aux soldats de cesser leur activité mais uniquement de la pratiquer avec justice. Se contenter de sa solde signifie: ni extorsion, ni pillage. Ne faire ni violence ni tort signifie: ne pas abuser de son pouvoir, ne pas torturer ou violer par exemple. En somme, le soldat peut rester soldat. Et de fait, tuer un étranger en temps de guerre n'a jamais été considéré comme un homicide dans l'Ancien Israël, mais comme un simple fait d'armes. Lorsque Jésus soigne le serviteur du centurion, il admire sa foi mais ne lui fait aucun reproche sur son statut et ne lui demande à aucun moment d'en changer (Matthieu VIII, 5-13; Luc VII, 2-10; Jean IV, 46-54). La même remarque peut être faite au sujet du centurion Corneille qui, à la suite de sa conversion, se fera baptiser par Pierre (Actes X, 1-8, 17-48). Certes Jésus a bien dit: «Tous ceux qui prennent l'épée périront par l'épée» (Matthieu XXVI, 52). Mais il s'agit d'une parole de sagesse, non d'une interdiction formelle de porter l'épée. D'ailleurs, c'est sur ses propres recommandations que les disciples, du moins au moment de l'arrestation à Gethsémani, étaient armés (Luc XXII, 36, 38). Et porter une arme, comme chacun sait, induit la possibilité de s'en servir. En cette occasion justement, tandis que les disciples sont dans l'incertitude «faut-il frapper du glaive?» (Luc XXII, 49), Pierre tire l'épée de son fourreau et blesse grièvement le serviteur du Grand Prêtre à l'oreille (Matthieu XXVI, 51; Marc XIV, 47; Luc XXII, 50; Jean XVIII, 10). Mais Jésus montre alors clairement qu'il n'est pas pour l'usage de la force (Matthieu XXVI, 52; Luc XXII, 51; Jean XVIII, 11). Pourtant, le Maître avait également dit: «N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive». Matthieu X, 34. Mais tout est question de contexte et cette parole ne doit pas être prise ici au premier degré. Il faut au contraire la comprendre de façon métaphorique, le glaive désignant ici la séparation, la déchirure occasionnée par la nouvelle religion, comme les versets suivants le montrent de façon suffisamment claire. Pour être contre la violence, les Évangiles nous rapportent que Jésus en a fait au moins une fois usage lors de l'épisode des marchands du Temple. Il renverse alors les tables des changeurs et des marchands et les chasse après s'être «fait un fouet avec des cordes» (Jean II, 15), ce qui n'est pas rien. Même si ce n'est pas une épée et qu'il n'est, dans son usage normal, pas destiné à donner la mort, le fouet reste en effet un instrument dangereux. Le soldat évidemment, de par sa fonction même, peut être amené à donner la mort. Les textes les plus anciens en notre possession montrent cependant qu'il y eut très tôt des chrétiens dans l'armée. La conversion au christianisme n'entraînait que rarement la démission de celle-ci. L'armée était alors permanente et professionnelle et fondée sur le volontariat. Le service, auquel le soldat s'engageait par serment, était de 20 ans pour le légionnaire et de 25 pour l'auxilliaire. Celui qui entrait dans l'armée devait d'abord jurer fidélité à l'empereur. Tertullien nous apprend qu'à son époque (la fin du IIe siècle) les chrétiens étaient nombreux dans tous les corps de métiers, y compris dans l'armée, et il utilise l'argument pour répondre aux païens qui disaient que les chrétiens étaient «des gens inutiles pour les affaires» (Apologétique, XLII, 3). Le nombre de fidèles dans l'armée était si important à la fin du IIIe siècle qu'elle fit l'objet, sous le règne de Dioclétien, d'une tentative d'épuration et, comme l'écrit Eusèbe de Césarée: «Ce fut parmi les frères qui étaient dans les armées que commença la persécution (...) On put voir un très grand nombre de ceux qui étaient aux armées embrasser très volontiers la vie civile pour ne pas devenir des renégats de la religion du créateur de l'univers. Car lorsque le chef de l'armée, quel que fût celui qui l'était alors, entreprit la persécution contre les troupes, en répartissant et en épurant ceux qui servaient dans les camps, il leur donna le choix ou bien, s'ils obéissaient, de jouir du grade qui leur appartenait, ou bien, au contraire, d'être privés de ce grade, s'ils s'opposaient à cet ordre (1). Un très grand nombre de soldats du royaume du Christ préférèrent, sans hésitation ni discussion, la confession du Christ à la gloire apparente et à la situation honorable qu'ils possédaient.»
Histoire ecclésiastique, VIII, I, 7 et IV, 2, 3. De nombreux soldats chrétiens furent alors dégradés mais demeurèrent cependant dans l'armée. Beaucoup d'autres, alors que le mouvement d'épuration atteignait son paroxysme, furent de surcroît mis à mort et, d'après certaines sources, une légion composée pour une bonne partie de chrétiens, et à laquelle Saint Maurice appartenait, aurait à cette époque été victime d'une décimation (1 soldat sur 10 mis à mort). Plusieurs Saints du calendrier, alors qu'ils étaient soldats, subirent ainsi le martyre pour avoir refusé de prendre part à des sacrifices païens. On peut déjà citer quelques noms: Acace, Achille et Nérée, Léonce, Théodore d'Amasée, Vivien qui sera condamné à mourir de froid avec une quarantaine d'autres légionnaires, mais la liste complète serait en réalité beaucoup plus longue et difficile à établir. Certains mêmes étaient officiers: Maurice déjà cité, Marcel, Sébastien, Serge, Théodore d'Héraclée, Victor... À la fin du IIIe siècle, le nombre des légionnaires chrétiens était si conséquent qu'il est bien évident que la plupart d'entre eux n'étaient pas devenus chrétiens après s'être engagés, mais qu'ils l'étaient déjà au moment de le faire. Nous savons par exemple que Saint Sébastien, qui occupera un poste à responsabilité et subira le martyre, est entré dans l'armée alors qu'il était chrétien. Mais son cas n'est pas isolé. En effet, si un soldat qui se convertissait à la nouvelle religion pouvait demeurer dans l'armée, on tolérait également la plupart du temps, du moins au IIIe siècle, qu'un chrétien s'engage dans celle-ci, même si la chose semble alors avoir été plutôt mal considérée. Hippolyte de Rome écrit en effet vers 215 apr. J.-C.: «Que les nouveaux venus qui se présentent pour entendre la parole soient d'abord amenés aux docteurs avant que le peuple n'arrive (...) Qu'un gladiateur ou quelqu'un qui apprend aux gladiateurs à combattre (...) ou un officier public qui s'occupe des jeux de gladiateurs cesse ou qu'on le renvoie (...) À un soldat qui se trouve auprès d'un gouverneur, qu'on dise de ne pas mettre à mort. S'il en reçoit l'ordre, qu'il ne le fasse pas. S'il n'accepte pas, qu'on le renvoie. Que celui qui possède le pouvoir du glaive ou le magistrat d'une cité, qui porte la pourpre, cesse ou qu'on le renvoie. Si un catéchumène ou un fidèle veut se faire soldat, qu'on le renvoie, car il a méprisé Dieu.»
La Tradition apostolique, XVI. La position de Tertullien, qui écrit vers 205 apr. J.-C., n'est pas moins ferme: «Il s'agit en ce moment de savoir si un Chrétien peut servir dans l'armée; si un soldat des derniers rangs, qui ne se trouve jamais dans la nécessité de sacrifier aux dieux, ou de prononcer des peines capitales, peut être admis dans l'Église (...) Mais comment le soldat combattra-t-il, comment même servira-t-il pendant la paix, s'il n'a pas d'épée? Or, le Seigneur a brisé l'épée. Il est bien vrai que les soldats se rendirent auprès de Jean et reçurent de sa bouche la règle qu'il fallait observer; il est bien vrai que le centurion eut la foi; mais toujours est-il que le Seigneur, en désarmant Pierre, a désarmé tous les soldats. Rien de ce qui sert à un acte illicite n'est licite chez nous».
De l'Idolâtrie, XIX. Vers 211 apr. J.-C., alors qu'il commence à se détacher de la grande Église et s'imprègne peu à peu de l'hérésie montaniste, Tertullien est tout aussi catégorique: «Croyez-vous qu'il soit permis à un Chrétien d'ajouter au serment fait à Dieu le serment fait à un homme, et de s'engager à un autre maître quand il s'est engagé au Christ? (...) Lui sera-t-il permis de vivre l'épée à la main, quand le Seigneur a déclaré que «quiconque se servait de l'épée, périrait par l'épée?» Ira-t-il au combat le fils de la paix, auquel la dispute n'est même pas permise? (...) Toutefois, autre chose est de ceux que la foi est venue trouver plus tard sous le drapeau: ainsi de ceux que Jean admettait au baptême; ainsi des fidèles centurions que Jésus-Christ approuve et que Pierre catéchise, pourvu cependant qu'après avoir embrassé la foi, et s'être engagé à la foi, on quitte la milice, comme plusieurs l'ont pratiqué, ou du moins que l'on prenne garde de toute manière de commettre contre Dieu des choses que ne permet pas même le service militaire; ou enfin que l'on souffre jusqu'à l'extrémité pour Dieu (...) Ainsi la milice est permise, d'accord, mais jusqu'à la couronne exclusivement.»
De la couronne du Soldat, XI. Origène qui écrit vers 240 apr. J.-C. n'est, tout comme ses prédécesseurs, pas favorable à la carrière des armes: «Mais voici encore ce qu'on pourrait dire aux étrangers à la foi qui nous demandent de combattre en soldats pour le bien public et de tuer des hommes (...) Plus que d'autres nous combattons pour l'empereur. Nous ne servons pas avec ses soldats, même s'il l'exige, mais nous combattons pour lui en levant une armée spéciale, celle de la piété, par les supplications que nous adressons à la divinité.»
Contre Celse, VIII, 73. Le combat du chrétien, en effet, doit être spirituel: «Pendant que d'autres combattent en soldats, ils combattent comme prêtres et serviteurs de Dieu; ils gardent pure leur main droite, mais luttent par des prières adressées à Dieu pour ceux qui se battent justement et pour celui qui règne justement, afin que tout ce qui est opposé et hostile à ceux qui agissent justement puisse être vaincu.»
Contre Celse, VIII, 73. Mais par ces paroles mêmes, Origène admet donc la notion de «guerre juste» comme il le dit d'ailleurs en autre endroit alors qu'il compare la société des hommes à celle des abeilles: «Peut-être même ces sortes de guerres des abeilles sont-elles un enseignement, pour que les guerres parmi les hommes, si jamais il le fallait, soient justes et ordonnées.»
Contre Celse, IV, 82. Cette notion de «guerre juste», et même de meurtre légitime, sera reprise et développée par Saint Augustin: «Mais cette même autorité divine a établi certaines exceptions à la défense de tuer l'homme. Quelquefois Dieu ordonne le meurtre soit par une loi générale, soit par un commandement temporaire et particulier. Or, celui-là n'est pas moralement homicide, qui doit son ministère à l'autorité; il n'est qu'un instrument comme le glaive dont il frappe. Aussi n'ont-ils pas enfreint le précepte, ceux qui, par l'ordre de Dieu, ont fait la guerre; ou, dans l'exercice de la puissance publique, ont, suivant ses lois, c'est-à-dire suivant la volonté de la plus juste raison, puni de mort les criminels (...) Hors de ces exceptions où le meurtre est ordonné soit par une loi générale et juste, soit par un ordre exprès de Dieu, source de toute justice, celui qui tue ou son frère ou lui-même est tenu du crime d'homicide (...) Mais je le demande, convient-il aux gens de bien de se réjouir de l'accroissement de leur Empire? Car les progrès en sont dus à l'injustice de leurs ennemis, qui a provoqué de justes guerres (...) Ainsi, guerroyer, dompter les nations, étendre son Empire est aux yeux des méchants une félicité, aux yeux des bons une triste nécessité; or comme il serait encore plus triste que les auteurs de l'injure devinssent les maîtres de ceux qui l'ont reçue, il n'est pas sans raison d'appeler bonheur une victoire juste; mais nul doute que le bonheur ne fût plus grand de vivre dans l'union avec un bon voisin que de briser l'épée d'un mauvais.»
La Cité de Dieu, I, XXI et IV, XV. Origène a rédigé son Contre Celse à Alexandrie dans les années 240 apr. J.-C. On aurait pu croire, en le lisant, que de son temps les chrétiens refusaient de servir dans l'armée. Mais si cela correspondait sans aucun doute alors au voeu de beaucoup d'entre eux, dont les plus érudits et bien évidemment les prêtres, on peut voir que dans les faits, la réalité était tout autre. Nous avons déjà cité Tertullien, mais nous disposons d'autres témoignages. Eusèbe de Césarée, par exemple, nous a conservé le souvenir du martyre du soldat Basilide qui, après avoir pris la défense d'une chrétienne: «Sans avoir attendu longtemps, fut déféré pour un motif quelconque, à un serment par ses compagnons d'armes. Il déclara fortement qu'il ne lui était absolument pas permis de jurer, qu'il était chrétien et qu'il le confessait ouvertement (...) Il eut la tête coupée.»
Histoire ecclésiastique, VI, V, 5, 6. L'action se situe dans la 1ère moitié du IIIe siècle, entre 200 et 250 apr. J.-C. au plus tard, à Alexandrie, c'est-à-dire à l'époque et dans la cité d'Origène. Basilide est chrétien, il assume parfaitement son statut de soldat mais refuse de jurer par les dieux, ce qui reviendrait à apostasier. Il est donc exécuté. En 248 apr. J.-C., Dèce lance une vaste opération: tous les citoyens sont appelés à sacrifier aux dieux devant les magistrats. Une commission est chargée de surveiller l'opération et de délivrer des certificats de «conformité» (on a retrouvé un certain nombre de ceux-ci en Égypte). Ceux qui refusent de sacrifier sont mis à mort. Toujours à Alexandrie, quelques soldats chrétiens qui prennent partie pour les victimes sont exécutés (Histoire ecclésiastique, VI, XLI, 16, 17). Mieux, alors qu' «une escouade complète de soldats» encourageait un chrétien à ne pas apostasier, ceux-ci avouèrent finalement qu'ils étaient chrétiens eux aussi et furent également mis à mort (Histoire ecclésiastique VI, XLI, 22, 23). Plusieurs autres soldats subirent le même sort en Égypte, sous la persécution de Dèce, selon une lettre d'un témoin oculaire (Denys d'Alexandrie) conservée par Eusèbe (Histoire ecclésiastique, VII, XI, 20). Bref, l'affirmation d'Origène qui dit que, de son temps, les chrétiens ne servaient pas dans l'armée est largement démentie par les faits. Il y eut au contraire de nombreux soldats chrétiens à son époque et dans sa ville même, pour ne compter que ceux qui subirent alors le martyre à Alexandrie. Nous ne pouvons de plus nous référer qu'aux cas des soldats chrétiens ayant effectivement été condamnés, c'est-à-dire uniquement à ceux ayant sous la contrainte, ou de façon spontanée, confessé leur foi. À partir de la fin du IIe siècle, les chrétiens sont donc déjà nombreux dans l'armée mais ils restent discrets. Tant qu'il ne leur est pas demandé de sacrifier aux dieux, ou de jurer par eux, ce qui constituerait une forme d'apostasie, ils se soumettent aux règles de la discipline militaire. Certains pourtant, plus zélés que d'autres, vont plus loin en refusant jusqu'aux distinctions militaires, comme la couronne ou le cep de vigne, considérés comme idôlatriques. Mais ces ardents défenseurs de la foi font plutôt figure d'exception, et Tertullien d'ailleurs, le déplore assez (vers 211 apr. J.-C.): «Voici ce qui arriva les jours passés. Les très-puissants empereurs distribuaient des largesses dans le camp. Les soldats se présentaient la couronne de laurier sur la tête. L'un d'eux, plus soldat de Dieu, plus intrépide que tous ses compagnons, «qui s'imaginaient pouvoir servir deux maîtres», se distinguait de tous les autres, parce qu'il s'avançait la tête nue, et tenant à la main sa couronne inutile, manifestant ainsi qu'il était chrétien (...) Aussitôt voilà mille jugements sur son compte. Viennent-ils des Chrétiens ou des païens? je l'ignore; car les païens ne tiendraient pas un autre langage. On en parle comme d'un étourdi, d'un téméraire, d'un désespéré qui cherche la mort et qui, interrogé sur son extérieur, a mis en péril le nom chrétien, comme s'il n'y avait que lui de brave, comme s'il était le seul chrétien parmi tant de compagnons!»
De la couronne du Soldat, I. Eusèbe de Césarée rapporte un autre cas survenu à Césarée en 262 apr. J.-C. qui offre quelques points de ressemblance avec le précédent: «Marin, qui était parmi les hommes honorés de hautes fonctions dans les armées et qui était distingué par sa race et par sa fortune, a la tête coupée pour le témoignage du Christ, pour le motif suivant. Chez les Romains, le cep est un insigne de dignité, et ceux qui l'obtiennent deviennent, dit-on, centurions. Une place étant vacante, l'ordre de l'avancement appelait Marin à ce grade, et déjà il allait recevoir l'insigne de cette dignité, quand un autre, s'avançant devant l'estrade, déclara qu'il n'était pas permis à cet homme d'avoir part à une dignité romaine, selon les lois anciennes, parce qu'il était chrétien et ne sacrifiait pas aux empereurs, mais que le grade lui revenait à lui-même.»
Histoire ecclésiastique, VII, XV, 1, 2. Contrairement au cas précédent cependant, on notera qu'ici le soldat chrétien aurait sans aucun doute accepté la fameuse distinction s'il n'avait pas été dénoncé et sommé de choisir entre le paganisme et sa foi. Mais dans un cas comme dans l'autre, on remarquera surtout que le métier des armes n'est à aucun moment remis en cause pour lui-même, et semble tout au contraire parfaitement accepté. De tout cela il ressort que pour les auteurs chrétiens les plus anciens s'étant exprimés sur ces questions, un chrétien ne devait pas s'engager dans l'armée, mais qu'un soldat qui se convertissait gardait la possibilité de finir son service. Le militaire chrétien ne devait cependant à aucun prix jurer par les dieux ou leur sacrifier, ce qui aurait équivalu à une apostasie. Pour Tertullien de surcroît, un soldat chrétien devait impérativement refuser toute distinction militaire, comme la couronne ou le cep de vigne par exemple, considérés comme idôlatriques par les chrétiens les plus stricts. L'armée n'était en effet pas uniquement condamnée parce qu'elle remettait en cause l'idéal chrétien de non-violence que parce qu'on pouvait y être amené à pratiquer certains rites païens alors considérés comme absolument inconciliables avec la foi chrétienne. Mais comme en fait, Jésus lui-même et les Apôtres à sa suite n'avaient rien décidé de précis touchant cette question particulière, on se référait assez souvent à la position du Baptiste qui fit ainsi jurisprudence. C'est pourquoi de nombreux chrétiens, peut-être mal catéchisés (?), continuèrent-ils de s'engager dans l'armée au moins à partir de la fin du IIe et durant tout le IIIe siècle. Au IVe siècle en tout cas, avec l'augmentation massive du nombre de chrétiens, la christianisation de l'Empire romain et la pression croissante des peuples barbares aux frontières, l'abstention totale apparaîtra vite comme irréalisable. C'est alors, qu'avec Saint Augustin, la notion de «guerre juste» finira par s'imposer... Note: (1) Il leur était ordonné de sacrifier à l'empereur ou aux dieux, ce qu'un chrétien ne pouvait faire sans apostasier. (T.Murcia) ajouté le 7/10/2001 © Voxdei
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L'ONU a décrété que 1995 serait l'année de la tolérance. Il y a dix ans que paraissaient dans nos pages des réflexions sur la tolérance et l'intolérance (voir la B.N. 2/85) que nous avons trouvé bon de reproduire ici, parce que le sujet est toujours d'actualité.
Définition Si être tolérant signifie respecter la liberté et les opinions d'autrui, ne pas chercher à imposer aux autres nos propres vues et essayer de comprendre les leurs, alors nous sommes pour la tolérance et nous ne pouvons que condamner l'intolérance, cette «attitude hostile et agressive à l'égard de ceux qui ne partagent pas nos idées». Mais si, par tolérance, on entend cette ouverture à l'erreur, ce refus de prendre position pour ce qui est vrai et juste et contre ce qui est faux et inique selon les Écritures, alors il ne s'agit plus de tolérance, mais d'une défaillance par laquelle on se rend complice du mal. On constate que ceux qui parlent beaucoup de tolérance se montrent souvent très intolérants à l'égard de ceux qui ne les suivent pas. Il y a d'ailleurs dans la notion même de tolérance une évidente dépréciation de celui que l'on tolère, c'est-à-dire auquel on accorde une liberté limitée et non un droit véritable.
Vigilance Le chrétien qui se veut fidèle au Seigneur doit certainement savoir écouter et respecter celui dont les opinions différent des siennes et faire bon accueil à qui est faible dans la foi (Rom. 14: 1). Mais il lui faut aussi veiller à ne pas favoriser ce qui, à la lumière de la Parole de Dieu, lui apparaît comme une erreur et à ne pas se laisser lui-même gagner par celle-ci en se montrant à son égard plus tolérant que ne le furent Christ et les apôtres. En annonçant tout le plan de Dieu sans en rien cacher (Actes 20:27), les apôtres ont aussi dénoncé les oeuvres infructueuses des ténèbres (Eph. 5: 11). Or, en ce qui concerne ce dernier point, on constate un certain assoupissement des sentinelles. N'y aurait-il plus de dangers à craindre, ou les sentinelles seraient-elles frappées de cécité au point de ne plus les percevoir? C'est parfois aussi par opportunisme, pour avoir la paix, ou au nom d'une charité mal comprise que l'on refuse de stigmatiser le mal et l'erreur.
Juger? Mais que dit l'Écriture? Elle dit que «l'homme spirituel juge de tout» (1 Cor. 2: 15). Ne serions-nous plus assez spirituels pour discerner le mal ? Paul s'adresse à ses lecteurs comme à des personnes à la fois raisonnables et spirituelles, les invitant à juger eux-mêmes de ce qu'il leur disait (1 Cor. 10: 15). Mais juger veut tout d'abord dire examiner, apprécier, distinguer, émettre un avis, et non pas simplement prononcer une condamnation. Seul un chrétien respectueux de la Parole de Dieu et animé du Saint-Esprit aura à la fois assez d'amour, de connaissance spirituelle, de clairvoyance, d'humilité et de fermeté pour pouvoir juger ainsi. Il est vrai que Jésus a dit: «Ne jugez point afin que vous ne soyez pas jugés» (Mat. 7: 1). C'est qu'il y a de ces jugements téméraires, hâtifs, injustes et hypocrites que le Seigneur réprouve. Mais il en est d'autres qui s'imposent, parce qu'ils sont destinés à protéger les chrétiens et les églises contre les ruses de l'adversaire qui tend à désarmer les enfants de Dieu. Beaucoup de personnes, ayant de bonnes intentions mais étant peu éclairées, sont plus préoccupées par un rapprochement sentimental et superficiel des chrétiens de toutes tendances, que par la manifestation de la véritable unité dans la vérité révélée et dans l'amour vrai. L'apôtre Paul a mis en garde contre ceux «qui suscitent divisions et scandales en s'écartant de l'enseignement reçu» en ordonnant, non pas de se rapprocher, mais de s'éloigner d'eux (Rom. 16: 17). Il a dénoncé et jugé ceux qui pervertissaient l'Évangile ou annonçaient un autre évangile (Gai. 1: 7-9), tout comme l'apôtre Jean ordonna de ne pas recevoir celui qui n'apportait pas la vraie doctrine du Christ (II Jean 10). Était-ce de l'intolérance de la part des apôtres ou plutôt la preuve de leur sollicitude pour les chrétiens dont ils avaient la charge? N'est-ce pas une ruse du diable que de faire passer pour de l'intolérance toute signalisation de dangers qui menacent la vie spirituelle des enfants de Dieu?
Pas de confusion Il incombe donc aux serviteurs de Dieu conscients de ces dangers d'analyser ce que professent ceux qui, au nom de la tolérance, cherchent à réunir le meilleur et le pire. C'est parce que la fidélité à la Parole de Dieu, la fermeté dans la foi et le refus du compromis avec l'erreur sont en maints lieux considérés comme de l'intolérance que le mal rencontre de moins en moins de résistance dans beaucoup de milieux chrétiens. Pesons donc les mots que nous utilisons et ne leur attribuons pas un sens impropre, de peur que la confusion n'augmente encore plus et que le peuple – même le peuple de Dieu – ne sache bientôt plus distinguer sa droite de sa gauche. Heureusement qu'il se trouve encore des enfants de Dieu avertis qui n'ont pas peur des mots, qui ne transigent pas lorsqu'il s'agit d'exigences divines à respecter, et dont la complaisance ne va pas jusqu'au silence coupable, voire même au reniement. Être vraiment tolérant, c'est d'abord admettre que chacun puisse exprimer sa pensée et agir selon ses convictions, pour autant que cela ne porte pas atteinte à la liberté et aux droits d'autrui. Mais être tolérant, c'est aussi reconnaître à chacun la liberté et le droit de dire pourquoi il n'est pas d'accord avec telle orientation, tel enseignement ou telle pratique et de prendre les décisions que lui dicte sa conscience. Là où toute analyse critique est condamnée, là où il faut subir en silence la loi du plus fort ou des plus nombreux, il n'y a plus de tolérance, mais de l'évidente intolérance.
Conclusion Tolérance ou intolérance? Ce sont des termes dont l'emploi n'est pas sans équivoque et qu'il ne faudrait pas utiliser sans en préciser l'acception qu'on leur donne. Il y va de la vérité, non pas de la nôtre, mais de celle du Seigneur. Seule sa vérité libère (Jean 8: 32) et sanctifie. Or sa Parole est la Vérité (Jean 1 7: 1 7). C'est elle qui doit déterminer jusqu'où peuvent aller nos «ouvertures» et nos alliances sans qu'elles ne deviennent des trahisons ou de l'apostasie. J. Hoffmann © La Bonne Nouvelle 3/95 Retour |
«Tourner la page», c'est tenir une chose pour achevée et passer à une autre. Cette locution courante peut être appliquée de façon appropriée à une époque révolue ou à une affaire liquidée avec la volonté d'aller de l'avant. Mais elle peut aussi servir à expédier une affaire litigieuse dont on ne veut plus entendre parler, parce qu'on n'a pas la conscience tranquille et qu'on n'est pas disposé à agir comme il se doit devant le Seigneur. Examinons donc d'un peu plus près ces deux possibilités:
Quand faut-il savoir tourner la page? Notre vie est fractionnée en périodes distinctes liées les unes aux autres. Ainsi une année remplace une autre, l'une emportant le passé, l'autre nous faisant entrer dans le futur, ce qui est d'ailleurs aussi vrai pour chaque nouvelle journée. Notre existence est faite d'étapes, de successions et de transitions. Au fil des années on passe de l'enfance à l'adolescence et de l'adolescence à l'âge adulte, sans que l'on puisse arrêter le cours de cette progression. L'apôtre Paul disait: «Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant, lorsque je suis devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant» (1 Cor. 13: 11). Des pages se tournent quand on finit ses études, quand on entre dans la vie professionnelle, quand on déménage, quand on change de métier... Le mariage, la naissance d'un enfant, d'autres heureux événements, ou le chômage, la maladie, le deuil et d'autres épreuves ponctuent la vie. Remarquons bien que les pages se tournent souvent comme d'elles-mêmes de par la volonté de Dieu. Une grande page se tourna lorsque l'Ancienne Alliance fut remplacée par la Nouvelle: «En disant: une alliance nouvelle, Dieu a déclaré ancienne la première; or ce qui est ancien, ce qui a vieilli, est près de disparaître» (Héb. 8: 13). Mais nous faisons volontiers référence au passé, et nous avons de la peine à tourner une page, à accepter un changement de nos conditions de vie, un renversement de notre situation familiale, un tournant décisif, une permutation... et tout notre être en est troublé. Si seulement nous apprenions à dire avec l'apôtre: «Je fais une chose, oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but . . .» (Phil. 3: 13-14). Encore faudrait-il avoir un but autre et plus élevé que nos ambitions personnelles terrestres. Une nouvelle perspective à portée éternelle s'ouvre lorsque se produit une authentique conversion spirituelle. C'est-à-dire lorsque nous passons au travers d'une véritable conviction de péché et d'une sincère repentance à la foi vivante en Jésus-Christ crucifié pour nous. Alors commence une nouvelle existence. Une page ancienne est tournée et une page nouvelle et vierge s'offre à nous. La Bible dit à ce sujet: «Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle création, ce qui est ancien a passé; voici qu'a paru du nouveau. Et tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Christ...» (Il Cor. 5:17-18).
Mais quand ne peut-on pas simplement tourner la page? On ne peut pas sans autre effacer le passé lorsqu'il comporte des problèmes et des conflits qui n'ont pas été réglés selon la Parole de Dieu. Certes, le pardon de Dieu est pleinement accordé à quiconque se repent sincèrement et se confie de tout coeur en Christ. Le pardon réciproque entre frères reconnaissant leurs torts devrait aussi être entièrement assuré. Mais «nulle part l'Écriture ne prévoit de pardon sans la repentance du fautif».*S'il y a eu des erreurs, des abus ou d'autres injustices et péchés aux conséquences graves et persistantes, il faut chercher à y remédier ou à en limiter les effets. Après avoir calomnié, discrédité ou lésé son prochain de quelque manière que ce soit, on ne peut pas simplement tourner la page sans avoir fait tout son possible pour rétablir la vérité, disculper l'innocent et réparer le mal qu'on a commis. Des démarches réparatrices s'imposent, parce qu'elles permettront une sincère et efficace réconciliation. C'est pourquoi Jésus disait: «Si donc tu présentes ton offrande à l'autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l'autel et va d'abord te réconcilier avec ton frère» (Mat. 5:23-24). Quiconque est au courant du dommage causé à autrui, se ferait le complice de ceux qui ont mal agi, si de connivence avec eux, par facilité, intérêt ou lâcheté, afin de ne pas se mouiller, il considérait aussi la page «non corrigée» comme tournée. On ne doit pas déclarer dépassée ou classée une affaire, parce que l'on craint d'être reconnu co-responsable ou coupable d'agissements blâmables par le Seigneur.
Conclusion Essayons donc de régler selon l'Écriture tous les problèmes en suspens pour que, s'il est possible, et autant que cela dépende de nous, nous soyons en paix avec tous les hommes (Rom. 12: 18). C'est ainsi que l'apôtre Paul s'efforçait d'avoir constamment une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes (Actes 24: 16). C'est par la foi en la valeur expiatoire du sang de Christ que nos coeurs sont purifiés d'une mauvaise conscience (Héb. 9: 14 et 10: 22). Mais cela ne règle pas automatiquement les conséquences de nos fautes antérieures. C'est pourquoi nous ne pouvons pas nous contenter de tourner la page en nous dégageant de toute responsabilité concernant notre comportement passé. Mais le Seigneur ne nous demande pas l'impossible, il connaît nos dispositions, nos intentions, nos limitations et nos possibilités. Si donc nous agissons droitement selon Sa Parole, même s'il ne nous est pas possible de «refaire» notre vie et de réparer toutes nos injustices, il y aura un heureux dénouement et Dieu nous accordera Sa Paix et Sa joie par le Saint-Esprit. Ainsi une page sera effectivement tournée. Jean Hoffmann *Voir «Le pardon et l'oubli» de Jacques Buchhold, Éditions SATOR, extrait dans la B. N. 3/90 pp. 40-42 sous: «La nécessité de la repentance».
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TRAVAILLEZ
JUSQU'À CE QUE JE REVIENNE
Eu égard à notre vie éternelle, notre conduite actuelle aura des effets incalculables. Grâce à la lumière du Saint-Esprit sur les prophéties concernant les événements actuels, nous savons que le retour du Seigneur est très proche. Je me permets de vous rappeler le texte de Jérémie 1, 11-12 que nous avons déjà commenté dans nos Nouvelles d'Israël du mois d'avril: «La parole de l'Éternel me fut adressée, en ces mots: Que vois-tu, Jérémie? Je répondis: Je vois une branche d'amandier. Et l'Éternel me dit: Tu as bien vu; car je veille sur ma parole, pour l'exécuter». À ce propos, voici deux annotations différentes: L'amandier est un arbre à la floraison précoce dont le nom rappelle, en langue hébraïque, le verbe «veiller». Ainsi, entre la vision et son interprétation se trouve un jeu de mots. L'amandier – son nom signifie en hébreu «le vigilant» ou «celui qui prend confiance» – est le premier arbre à se réveiller de son sommeil hivernal, et à pousser des fleurs. Nous avions aussi relevé que précisément dans la quarantième année de l'État d'Israël, les amandiers y avaient fleuri deux mois plus tôt que d'habitude. Une allusion claire de la nature a l'accélération actuelle de l'accomplissement de la parole prophétique de Dieu. Mais la proximité du retour du Seigneur apparaît aussi dans la deuxième question du Seigneur à Jérémie: «La parole de l'Éternel me fut adressée une seconde fois, en ces mots: Que vois-tu? Je répondis: Je vois une chaudière bouillante, du côté du septentrion. Et l'Éternel me dit: C'est du septentrion que la calamité se répandra sur tous les habitants du pays. Car voici, je vais appeler tous les peuples (ou: les troupes) des royaumes du septentrion...» (Jé. 1, 13-15). Incontestablement, nous nous trouvons ici, comme dans d'autres textes, devant une double prophétie: D'abord, elle revêt un caractère sérieusement menaçant. La chaudière bouillante du septentrion est l'image saisissante des puissances de guerre ennemies venant du nord pour exécuter le jugement divin sur Jérusalem et Juda. Cette prophétie a été accomplie il y a bientôt 2'500 ans. Quant à la force ennemie du nord, la Parole ne précise pas s'il s'agit des Babyloniens. L'annonce de la catastrophe précède de loin le déroulement des événements historiques, de façon à ce que Jérémie lui-même ne pouvait présager que Dieu se servirait du roi de Babylone comme instrument de Son jugement. Il suffit de savoir que c'est le Seigneur qui suscite les «royaumes du nord». Sur Son appel, ils viennent raser ce que Lui-même a planté. Nous lisons en Jérémie 45, 4: «Dis-lui: Ainsi parle L'ÉTERNEL: Voici, ce que j'ai bâti, je le détruirai; ce que j'ai planté, je l'arracherai, savoir tout ce pays». Or, ces jugements étaient une conséquence de l'idolâtrie à laquelle s'adonnait le peuple. «Je prononcerai mes jugements contre eux, à cause de toute leur méchanceté, parce qu'ils m'ont abandonné et ont offert de l'encens à d'autres dieux, et parce qu'ils se sont prosternés devant l'ouvrage de leurs mains» (Jé. 1, 16).
Jugement sur l'Union soviétique Historiquement, tout cela s'est réalisé. À présent, après des millénaires, nous attendons le dernier accomplissement, qui pourrait avoir lieu à chaque instant. Contrairement à la prophétie de Jérémie 1, 13-15 mentionnée plus haut, celle d'Ezéchiel sur le même thème donne des précisions quant aux noms des puissances septentrionales: «La parole de L'ÉTERNEL me fut adressée, en ces mots «Fils de l'homme, tourne ta face vers Gog, au pays de Magog, vers le prince de Rosch, de Méschec et de Tubal, et prophétise contre lui! Tu diras: Ainsi parle le Seigneur, L'ÉTERNEL: Voici, j'en veux à toi, Gog, prince de Rosch, de Méschec et de Tubal! Je t'entraînerai et je mettrai une boucle à tes mâchoires; je te ferai sortir, toi et toute ton armée...» (Ez. 38, 14). En outre, il ne s'agira plus, dans ce dernier accomplissement, de jugements sur Juda, c'est-à-dire Israël. Au contraire: «Et toi, fils de l'homme, prophétise contre Gog! Tu diras: Ainsi parle le Seigneur, L'ÉTERNEL: Voici, j'en veux à toi, Gog, prince de Rosch, de Méschec et de Tubal! Je t'entraînerai, je te conduirai, je te ferai monter des extrémités du septentrion, et je t'amènerai sur les montagnes d'Israël. J'abattrai l'arc de ta main gauche, et je ferai tomber les flèches de ta main droite. Tu tomberas sur les montagnes d'Israël, toi et toutes tes troupes, et les peuples qui seront avec toi; aux oiseaux de proie, à tout ce qui a des ailes, et aux bêtes des champs je te donnerai pour pâture. Tu tomberas sur la face de la terre, car j'ai parlé, dit le Seigneur, L'ÉTERNEL» (Ez. 39,1-5). Le verset 23 du chapitre 38 nous révèle la raison de l'effondrement du communisme mondial sur les montagnes d'Israël: «Je manifesterai ma grandeur et ma sainteté, je me ferai connaître aux yeux de la multitude des nations, et elles sauront que je suis L'ÉTERNEL». En soulignant au chapitre 38, 8-9 l'époque de ce dernier accomplissement, Ezéchiel confirme qu'il s'agit ici du second et dernier accomplissement de la vision de Jérémie: «Après bien des jours, tu seras à leur tête; dans la suite des années, tu marcheras contre le pays dont les habitants, échappés à l'épée, auront été rassemblés d'entre plusieurs peuples sur les montagnes d'Israël longtemps désertes; retirés du milieu des Peuples, ils seront tous en sécurité dans leurs demeures. Tu monteras, tu t'avanceras comme une tempête, tu seras comme une nuée qui va couvrir le pays, toi et toutes tes troupes, et les nombreux peuples avec toi». Cette invasion subite de l'Union soviétique et ses satellites est imminente. Depuis longtemps déjà, elle est entrée dans le domaine du possible. Peut-être sera-ce le retrait de l'Afghanistan qui provoquera la fuite en avant. Cependant, ce retrait peut aussi avoir lieu avant – qu'importe, d'une manière ou d'une autre, ils attaqueront Israël en raison de leur haine contre le Seigneur et contre Son Oint: «Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils et les princes se liguent-ils avec eux contre l'Éternel et contre son oint? – Brisons leurs liens, délivrons-nous de leurs chaînes! – Celui qui siège dans les cieux rit, le Seigneur se moque d'eux. Puis il leur parle dans sa colère, il les épouvante dans sa fureur» (Ps. 2, 25). Dans ce contexte, il est remarquable de constater que, pour l'Union soviétique, il y a toujours plus de motifs pouvant justifier une attaque d'Israël. Ces motifs sont comme des boucles à leur mâchoire (cp. Ez. 38, 4). À ce propos, voici un article récent: «Après un certain laps de temps, qui permit à Israël de fabriquer des bombes atomiques, les israéliens ont maintenant aussi réussi la construction de fusées-porteuses correspondantes, ayant une portée de 1'500 kilomètres environ. C'est alarmant pour les Soviétiques, dont les centres industriels orientaux se trouvent actuellement dans le rayon d'action de cette arme précise. Dans ses émissions radiophoniques, le Kremlin affirme se trouver en danger de mort et parle de répercussions graves. Des connaisseurs de la politique militaire soviétique n'excluent pas un coup préventif des Soviets contre le centre nucléaire israélien (les projectiles sont fabriqués dans le désert du Néguev). Ils rappellent l'attaque-surprise israélienne, il y a 6 ans, sur le projet irakien du réacteur de recherche atomique Osirak près de Bagdad, qui a été entièrement détruit. Depuis que les États du Golfe ont pris connaissance de l'existence des fusées-porteuses israéliennes, qui représentent pour eux également une menace, il règne aussi chez eux un climat d'alarme. On se consulte avec Moscou.» Un autre motif est la révolte des Arabes contre Israël. En effet, selon Ezéchiel 38, 13, les Arabes réagiront très positivement lorsque l'Union soviétique et ses satellites se prépareront à l'attaque contre Israël: «Séba (l'Arabie) et Dedan, les marchands de Tarsis et tous leurs lionceaux, te diront: Viens-tu pour faire du butin... ?» N'est-il pas bouleversant de vivre actuellement l'accomplissement de ces événements?! Nous en connaissons l'issue, selon ce qui est écrit, par exemple, en Joël 2, 20-2 1: «J'éloignerai de vous l'ennemi du nord, je le chasserai vers une terre aride et déserte, son avant-garde dans la mer orientale (la Mer morte), son arrière-garde dans la mer occidentale; et son infection se répandra, sa puanteur s'élèvera dans les airs, parce qu'il a fait de grandes choses (ou: parce qu'il s'est élevé). Terre, ne crains pas, sois dans l'allégresse et réjouis-toi, car L'ÉTERNEL fait de grandes choses!» Cela se prépare. Nous savons aussi que pendant ce laps de temps, l'enlèvement peut avoir lieu à chaque instant. Sera-ce cette année?
Quelle doit alors être notre conduite? En Luc 19, 13, le Seigneur nous exhorte: «Travaillez jusqu'à ce que je revienne» (trad. allemande). Et Paul d'écrire: «Rachetez le temps, car les temps sont mauvais!» (Ep. 5, 16). Il existe deux extrêmes négatifs dans le comportement des gens face au retour subit du Seigneur. D'une part, celui décrit en Luc 12, 45-46: «Mais, si ce serviteur dit en lui-même: Mon maître tarde à venir; s'il se met à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s'enivrer, le maître de ce serviteur viendra le jour où il ne s'y attend pas et à l'heure qu'il ne connaît pas, il le mettra en pièces, et lui donnera sa part avec les infidèles». Il est intéressant de constater la déchéance croissante de cet homme. C'est l'apostasie d'aujourd'hui. D'abord, l'homme dit en son coeur: «Mon maître tarde à venir». Certes, contrairement aux moqueurs, il ne nie pas que le retour du Seigneur soit une réalité. Seulement, il se dit que «cela pourra aller longtemps encore»! Là où , dans un esprit de tiédeur et de demi-mesure, l'attente persévérante de la venue proche du Seigneur s'estompe, le mal s'installe. Sans réfléchir, l'homme s'adonnera à ses penchants égoïstes, autoritaires et ambitieux. «Battre, manger, boire» sont les caractéristiques de cet enfant de Dieu qui fait ce qu'il veut, qui répand autour de lui des paroles empoisonnées, qui oublie la purification de ses anciens péchés et qui s'amasse des trésors sur cette terre. Cet homme-là sera pris à l'improviste par la subite apparition de Jésus-Christ. À ce sujet, je pense à Luc 12, 40: «... car le Fils de l'homme viendra à l'heure où vous n'y penserez pas». L'élément-surprise fait inséparablement partie de l'enlèvement, comme d'ailleurs de la vie selon l'Esprit en général. Ainsi, par exemple, toute nouvelle naissance surprend, étonne: «Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit» (Jn. 3, 8). Les hommes ne peuvent arrêter le vent. Il souffle où il veut. De même, jamais l'oeuvre du Saint-Esprit ne peut être enfermée dans des méthodes logiques ou rationnelles. Ce n'est pas selon nos conceptions que le Seigneur se manifeste. Sinon, Il n'aurait pas dit: «Veillez». «Vous aussi, tenez-vous prêts, car le Fils de l'homme viendra à l'heure où vous n'y penserez pas». L'apparition du Seigneur se fera à un moment absolument illogique: précisément à celui où nous L'attendrons le moins. C'est pourquoi Jean, dans sa première lettre, écrit: «Et maintenant, petits enfants, demeurez en LUI, afin que, lorsqu'il paraîtra, nous ayons de l'assurance, et qu'à son avènement, nous n'ayons pas la honte d'être éloignés de lui» (I Jn. 2, 28). Je le répète: Le Seigneur Jésus ne viendra pas au moment qui nous semblera favorable. Au contraire, Il viendra lorsque nous L'attendrons le moins. Voilà pourquoi cet appel si pressant de demeurer avec et en JÉSUS! La traduction allemande d'Albrecht l'exprime plus concrètement encore: «Et maintenant, chers enfants, demeurez en LUI! Alors, lorsqu'il paraîtra, nous aurons une joyeuse assurance, et nous ne devrons pas, lors de son avènement, nous retirer de LUI avec honte et déshonneur». Nous voilà au coeur de ce que Jésus dit Lui-même en Matthieu 7, 23: «... retirez-vous de moi!» D'autre part, il existe un autre extrême, exactement opposé au premier. En effet, beaucoup de croyants disent: «Puisque le Seigneur vient très prochainement, je ne fais plus rien». Bien que les signes de Sa venue proche soient évidents, nous devons savoir ce que pense le Seigneur d'une telle attitude intérieure face à Son retour: «Il en sera comme d'un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna cinq talents à l'un, deux à l'autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit. Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s'en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres talents. De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres. Celui qui n'en avait reçu qu'un alla faire un creux dans la terre, et cacha l'argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte. Celui qui avait reçu les cinq talents s'approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit: Seigneur, tu m'as remis cinq talents; voici, j'en ai gagné cinq autres. Son maître lui dit: C'est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. Celui qui avait reçu les deux talents s'approcha aussi, et il dit: Seigneur, tu m'as remis deux talents; voici, j'en ai gagné deux autres. Son maître lui dit: C'est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. Celui qui n'avait reçu qu'un talent s'approcha ensuite, et il dit: Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n'as pas semé, et qui amasses où tu n'as pas vanné j'ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre; voici, prends ce qui est à toi. Son maître lui répondit: Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé, et que j'amasse où je n'ai pas vanné il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j'aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt. Ôtez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas, on ôtera même ce qu'il a. Et le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents» (Mt. 25, 14-30). À ce propos:
Que signifient les talents et les dons que Dieu nous a confiés? Nous croyons qu'il s'agit là de tous les dons naturels et surnaturels dont Dieu nous a gratifiés. Concernant les dons naturels, nous pensons aux privilèges d'une bonne santé dont dépendent notre force et la capacité de la pensée, de l'émotion et de la volonté. Conséquence: il ne suffit pas d'attendre le retour du Seigneur et Son jugement. Le croyant est appelé, pendant sa vie terrestre, à travailler et à faire valoir les dons reçus. Il n'existe pas de formation plus excellente que celle de la fidélité dans les petites choses. C'est une éducation plus élevée, meilleure, plus profonde que celle de toutes les hautes écoles du monde, de toutes les facultés de pensée. La fidélité dans la prière, dans la lecture de la parole de Dieu, dans la profession, dans le ministère spirituel, dans le travail pour Dieu – tout cela fait progresser! Le Seigneur attend de chacun de nous la fidélité jusqu'à ce qu'Il revienne! «Travaillez (vers. all. de Luther; français: Faites-les valoir) jusqu'à ce que je revienne» (Luc 19, 13)! Remarquez que la différence de la somme des talents indique la diversité des prédispositions, des facultés et des dons des serviteurs. Or, l'important n'est pas le don en lui-même, mais la façon dont le serviteur l'aura valorisé. En outre, les talents représentent aussi les biens matériels qui nous sont confiés! Le Seigneur ne demande pas à tout le monde la même chose. À l'un, Il a confié beaucoup. À l'autre moins! N'est-ce pas une injustice de la part du donateur? Nullement, car dans cette parabole, l'importance n'est pas centrée sur les dons, mais sur l'application et la réalisation de ceux-ci. Ici, la justice du Seigneur ne fait aucun doute! Jamais le Seigneur ne demandera à quelqu'un au-delà de ce qu'il est capable de faire. L'essentiel n'est pas la différence entre les deux premiers serviteurs, mais le contraste dans lequel se trouve le troisième face aux deux premiers: Les deux premiers serviteurs ont ajouté cent pour cent à ce que le Seigneur Jésus leur avait confié. Le dernier a caché son talent dans la terre, manquant ainsi l'occasion de le faire valoir. Il a sûrement pensé de temps à autre: Il faut absolument que je fasse ceci ou cela... Il avait de bonnes intentions, mais il n'agissait pas. C'est la terrible illusion dans laquelle vivent aussi tous les individualistes qui pensent être à l'abri de toute atteinte. Leur vie spirituelle intérieure fait naufrage. Par contre, se donner aux autres dans un service empreint d'amour n'affaiblit pas notre richesse spirituelle, mais au contraire l'augmente. Celui qui vit pour les autres, évite la maladie de l'égocentrisme pieux. Ainsi, le principe de la vie spirituelle et intellectuelle décrit en Luc 19, 26: «... on donnera à celui qui a, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a», se réalisera. Le disciple de Jésus ne possède qu'en donnant, car il n'a rien reçu pour lui-même. À celui qui ne donne rien, on prendra même ce qu'il a, parce qu'il ne donne pas. Autant cette parole touche chaque disciple personnellement, autant elle condamne tout individualisme. Le disciple de Jésus ne doit pas rester seul. Il est destiné à la communion. C'est pourquoi, cette parabole parle aussi de l'Église et de son ministère dans le monde. À cet effet, le Seigneur nous a accordé divers dons naturels, surnaturels et spirituels comme, par exemple, celui de prédicateur, de musicien, de chanteur, de pasteur, de la miséricorde ou encore du travail pratique. Celui qui n'investit pas totalement pour le Seigneur tous les dons reçus, mais ne le fait que de façon limitée ou même pas du tout, est un serviteur paresseux et infidèle. Raison pour laquelle le Seigneur exhorte avec insistance: «Travaillez jusqu'à ce que je revienne»! Cette parabole si sérieuse montre encore une fois aux disciples qui, lors du retour du Seigneur, sera élevé et qui sera rejeté, Il y a simultanéité entre la plus grande promesse et les plus terribles jugements. Ne négligeons pas le présent dans lequel nous nous trouvons, car il en va de la gloire extraordinaire de notre avenir, lors du retour du Seigneur, dont tout croyant né de nouveau peut se réjouir. Il ne faut pas, à cause de l'attente de la venue du Seigneur, oublier la fidélité dans les petites choses quotidiennes! C'est de cette attitude-là que la fausse doctrine des Adventistes est née.* Dans notre parabole, le maître, qui part pour un voyage (Mt. 25, 14-30), confie ses biens à trois serviteurs. Au premier cinq talents, au second deux talents et au troisième un seul talent. Un talent représente la somme d'environ 5'000 francs. Le maître dont parle la parabole s'absente pendant un temps assez long. Il se fait attendre. Personne ne sait quand il reviendra. Puis, il est dit avec précision: «Longtemps après, le maître... revint» (v. 19). À son arrivée, il juge le travail de ses serviteurs: Le premier a doublé ses cinq talents, ce qui fait une somme de 50'000 francs. Le deuxième aussi a su faire valoir du double ses deux talents, ce qui lui fit 20'000 francs. Le troisième serviteur n'a rien perdu, mais il n'a rien gagné non plus. Il n'a donc pas travaillé. Pour les deux premiers, le verdict fut le même. Ils peuvent «entrer dans la joie de leur maître». Par contre, la sentence du Seigneur sur le troisième serviteur est accablante. Jésus fait ressortir le fait que ce serviteur infidèle, qui avait enfoui son talent dans la terre, se justifia d'avoir manqué à son devoir par peur de la dureté de son maître. Or, seul celui qui n'a pas d'amour peut parler ainsi. L'amour pourrait-il refuser quelque chose au Seigneur? L'amour pourrait-il reprocher au Seigneur de demander trop, et que Ses commandements sont une charge? Comment être bénéficiaire de la vie et de la gloire éternelle, lors du retour de Jésus, si notre coeur fait des reproches à Dieu, si nous nous plaignons sans cesse de notre pauvreté et d'être les seuls à subir tous les malheurs? La crainte que prétexte le serviteur n'est pas vraiment de la crainte, mais du mépris impudent à l'égard du Seigneur! Car, c'est mentir que d'avoir pour excuse le fardeau et le poids du commandement de la fidélité! Jamais, le Seigneur ne demande trop à Ses disciples! C'est vous qui demandez trop au Seigneur par votre éternelle «demi-mesure», votre dévouement partiel! Quand voulez-vous enfin déterrer de votre refuge personnel les talents que le Seigneur vous a confiés, et les faire valoir? Du reste, nous voyons ici un terrible parallèle avec Acan qui, lui aussi, avait enterré ce qui appartenait au Seigneur (Jos. 7, 19-23): «Josué dit à Acan: Mon fils, donne gloire à l'Éternel, le Dieu d'Israël, et rends-lui hommage. Dis-moi donc ce que tu as fait, ne me le cache point. Acan répondit à Josué, et dit: Il est vrai que j'ai péché contre l'Éternel, le Dieu d'Israël, et voici ce que j'ai fait. J'ai vu dans le butin un beau manteau de Shinear, deux cent sicles d'argent, et un lingot d'or du poids de cinquante sicles; je les ai convoités, et je les ai pris; ils sont cachés dans la terre au milieu de ma tente, et l’argent est dessous. Josué envoya des gens, qui coururent à la tente; et voici, les objets étaient cachés dans la tente d'Acan, et l'argent était dessous. Ils les prirent du milieu de la tente, les apportèrent à Josué et à tous les enfants d'Israël, et les déposèrent devant l'Éternel». Par quatre fois dans ce texte est mentionné le mot tente – l'abri privé d'Acan. Ces choses sont arrivées lorsque, lors de la prise de Jéricho, on commença à compter les années de Jubilé. Le Seigneur avait ordonné expressément: «Tout l'argent et tout l'or, tous les objets d'airain et de fer, seront consacrés à l'Éternel, et entreront dans le trésor de l'Éternel» (Jos. 6, 19). Acan s'était approprié les précieux objets pour en faire un usage personnel, et les avait enfouis dans sa tente, au lieu de les consacrer au Seigneur. Par cet acte, tout Israël s'est trouvé sous l'interdit. Ce qui aurait dû servir à la bénédiction et à la gloire du Seigneur, était devenu malédiction parce que, à l'exemple du serviteur infidèle dans le Nouveau Testament, Acan se l'était approprié personnellement et l'avait enterré «dans sa tente». Vous avez «enfoui sous la terre», «dans votre tente» vos merveilleux dons et talents que vous devriez consacrer au service du Seigneur. Votre vie privée a la priorité sur les affaires du Seigneur! C'est ainsi que vous volez les talents que le Seigneur vous a confiés pour Sa gloire. Vous murmurez, le temps passe et – Jésus revient bientôt! Vous n'entendez plus que très faiblement Son appel: «Travaillez jusqu'à ce que je revienne»! Et, contrairement à cet appel, vous travaillez toujours moins et vous criez toujours plus fort vos nombreuses activités. L'heure de Sa venue est très proche. Voulez-vous paraître devant le Seigneur les mains vides? Qu'avez-vous fait de vos talents, de vos mines? Si le calcul est juste, nous nous trouvons depuis l'histoire d'Acan, c'est-à-dire depuis la prise de Jéricho, dans la 70ème année de Jubilé – soit 70 fois 50 = 3'500 ans plus tard. Cette année sera peut-être la dernière. Notre Seigneur vient! Comment vous trouvera-t-Il? «Travaillez jusqu'à ce que je revienne»! En Luc 12, 43-44, Jésus déclare: «Heureux ce serviteur, que son maître, à son arrivée, trouvera faisant ainsi! Je vous le dis en vérité, il l'établira sur tous ses biens»! Nous trouvons une parabole semblable en Luc 19, 11 et ss, où, au lieu des talents, le Seigneur parle de mines: «Un autre vint, et dit: Seigneur, voici ta mine, que j'ai gardée dans un linge». C'est l'autre version de l'enfouissement. Le linge (plus exactement: suaire) est une illustration des propres oeuvres – les biens du Seigneur camouflés par ses propres efforts. «Car j'avais peur de toi, parce que tu es un homme sévère, – tu prends ce que tu n'as pas déposé, et tu moissonnes ce que tu n'as pas semé. Il lui dit: Je te juge sur tes paroles, méchant serviteur, tu savais que je suis un homme sévère, prenant ce que je n'ai pas déposé, et moissonnant ce que je n'ai pas semé: pourquoi donc n'as-tu pas mis mon argent dans une banque, afin qu'à mon tour je le retire avec un intérêt? Puis il dit à ceux qui étaient là: ôtez-lui la mine, et donnez-la à celui qui a les dix mines. Ils lui dirent: Seigneur, il a dix mines. – Je vous le dis, on donnera à celui qui a, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a» (Luc 19, 20-26). Les trois serviteurs n'ont pas tous exécuté avec fidélité l'ordre de leur maître pendant son absence. Face aux deux serviteurs, qui représentent la classe des ouvriers fidèles, se trouve un troisième, qui avait enveloppé dans un linge, la mine que le maître lui avait confiée – il avait pris ses propres efforts plus au sérieux que ce que le Seigneur lui avait confié. Ensuite, pour se justifier, il employa la même argumentation que le troisième serviteur de Matthieu 25, 24-25, mais dans une succession de pensée renversée. Dans l'Évangile de Matthieu, le point de départ est l'intransigeance du maître. Ici, en Luc 19, la mise en dépôt inactif de l'argent provient de la crainte du serviteur qui dit avant tout autre chose: «Voici ta mine». En rendant au maître ce qui lui appartient, il confesse en même temps avoir caché la mine dans un linge. Son excuse est hypocrite dans la mesure où, à la place de sa paresse, il fait prévaloir la sévérité de son maître. Voici typiquement l'homme actuel: C'est toujours la faute de l'autre! Certes, aujourd'hui vous pouvez encore faire semblant, vous pouvez vous cacher derrière cette fleur de rhétorique: «Je n'ai pas le temps, je ne peux pas; demain, demain, mais pas aujourd'hui». Or, quand Jésus reviendra, Lui qui aujourd'hui vous dit: «Travaillez jusqu'à ce que je revienne», vous ne pourrez plus faire semblant, votre état de serviteur infidèle sera mis au jour! C'est pourquoi, n'attendez plus, consacrez-vous immédiatement au service du Seigneur. Donnez-Lui tous vos talents, avant qu'il ne soit trop tard. .......... * À l'époque, un groupe de croyants attendait le retour de Jésus-Christ pour le 22 octobre 1844. Dans cette perspective, beaucoup d'entre eux vendirent leurs biens. Mais le Seigneur ne vint pas. Alors, on trouva une solution élégante au problème: Parmi ce groupe de croyants, une femme, Mme E. G. White, eut une vision. Elle vit, dans le lieu Très-Saint, une arche en or, et les dix commandements gravés sur deux tables en pierre. «Les quatre commandements sur la première table brillaient fortement. Mais le quatrième – celui du Sabbat – brillait davantage encore. C'est pourquoi ce commandement doit être accompli pour la gloire du Saint Nom de Dieu. Un cercle lumineux entourait ce commandement». «J'ai vu que Dieu n'a pas changé le jour du Sabbat, car Lui-même ne change jamais. Non, c'est la papauté qui a mis le septième jour à la place du premier, car elle a changé les temps et la loi». «J'ai vu que le saint Sabbat forme le mur de séparation entre le vrai Israël de Dieu et les incrédules, et que le Sabbat est le point principal qui réunira les saints bien-aimés de Dieu qui attendent». Cette vision fut le moyen d'instituer le Sabbat comme le commandement central de Dieu. C'est ainsi que la doctrine des Adventistes est née. Wim Malgo © Nouvelles d'Israël Mai 1988 Retour |
LES
TROIS DÉCLARATIONS DE CHICAGO lnerrance biblique Herméneutique biblique Application de l'enseignement biblique
UN TEXTE MODERNE AUX OUBLIETTES ÉVANGÉLIQUES Avouons-le honteusement: chez les évangéliques l'autorité de la Parole de Dieu pose problème. Et pourtant tous se réclament de l'inspiration, de l'infaillibilité et de la véracité (inerrance) de la Bible. Serait-ce pour se donner bonne conscience? Car chez des chrétiens humbles ou célèbres, églises et oeuvres, orateurs et auteurs et jusqu'à la traduction de la Bible elle-même, beaucoup de paroles de Dieu sont tout bonnement ignorées, escamotées ou annulées. C'est pourquoi il est intéressant de connaître les six motivations des fondateurs du Conseil International sur l'Inerrance Biblique (lCBl). Ils ont estimé que:
– Enseignement et vie des évangéliques s'éloignent de la Bible. – Cet éloignement est en rapport étroit avec l'inerrance littérale de la Bible. – Maints responsables en sont discrètement atteints. – Ils sont peu équipés pour en mesurer l'importance et les conséquences. – Les notions d'amour et de vérité sont déséquilibrées. On ne veut viser personne. – Il faut donc sans cesse accréditer l'inerrance biblique, informer, instruire, éclairer, éduquer. Il y va de la santé de l'Église.
D'où finalement ces trois Déclarations en dix ans de travail. L'actualité du sujet aurait dû lui faire trouver un intérêt brûlant. 250 personnalités les ont signées. Mais elles n'ont «pas eu l'appui de la plupart des leaders évangéliques, et ces derniers n'ont manifesté aucun élan pour cette cause» (F. Schaeffer). Conspiration du silence? Négligence fondamentale? Pire! Par exemple, en plusieurs pays des auteurs «évangéliques» ont signé des livres inversant l'enseignement apostolique sur la femme dans l'église. Ils prétendent que l'apôtre Paul, en réalité, cite des opinions des Corinthiens pour mieux faire comprendre le contraire. (Ne manqueraient que les guillemets). Ces pasteurs et docteurs réussissent apparemment à faire dire aux Écritures radicalement l'opposé de ce qu'on y lit en clair. Comble de paradoxe et de confusion: l'un d'eux lance la même année une traduction des Déclarations de Chicago! De même, quelques signataires de Chicago ont poussé l'incohérence (ou l'opportunité) jusqu'à se joindre aux grands leaders américains du Manifeste du 29 mars 1994 intitulé: LES ÉVANGÉLIQUES ET LES CATHOLIQUES RÉUNIS: LA MISSION CHRÉTIENNE DU TROISIÈME MILLÉNAIRE* affirmant que «les catholiques sont nos frères et soeurs en Christ et que nous devons cesser tout prosélytisme envers eux», ayant tous le même Évangile. Alors qu'au lieu de renier la Réforme, il vaudrait mieux la compléter. Les trois Déclarations sont, du reste, inséparables, si l'on veut, par exemple, éviter que l'interprétation abusive d'un texte n'en renie pas l'inerrance, sans en avoir l'air. Et chacun des 60 Articles des 3 Déclarations comporte des affirmations et des rejets qui sont également inséparables; car ces derniers mettent en évidence les premiers, à l'exemple de la Bible, positive et négative à la fois. Voilà une voie par excellence pour favoriser la rupture avec l'erreur, ainsi que l'unité dans la vérité du Saint-Esprit, ce qui n'exclut nullement l'amour, mais l'implique. Charles Hoffmann
* Voir la B.N. 1/95 pp. 10-13 sous «Évangéliques et catholiques ensemble aux U.S.A.»! «Les trois déclarations de Chicago», une brochure de 40 pages, peut être commandée à l'adresse suivante: Mlle Y. Philipps 49, quai du Forst F-68200 Mulhouse CCP Strasbourg 903 14 C (ou en timbres) franco FF 11. – (3 exemplaires FF 29. –) La Bonne Nouvelle 2/95
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«Interroge les bêtes, elles t'instruiront.» Job 11: 7
Jean de La Fontaine disait: «Je me sers d'animaux pour instruire les hommes». La statuette représentant trois singes se bouchant l'un les yeux, l'autre les oreilles et le dernier la bouche a retenu notre attention. Il est vrai que l'on prête à ces singes des gestes qui ne leur sont pas coutumiers, mais qui nous servent ici de point de départ et d'illustration à des réflexions fondées sur les Écritures.
A. Premières réflexions a) Ne pas voir «Fermer les yeux» Il y a des choses qu'il vaut mieux ne pas voir, même si elles nous «sautent aux yeux» ou qu'elles nous les «crèvent», parce qu'elles ne nous sont d'aucune utilité et qu'elles pourraient plutôt présenter une vaine et vilaine distraction, ou une dommageable tentation. L'apôtre Jean parle de la convoitise des yeux qui risque de nous attacher aux choses qui sont dans le monde, un monde souillé qui passe (1 Jean 2: 17), alors qu'il est salutaire de s'affectionner aux «choses d'en haut» (Col. 3: 2) qui demeurent éternellement. Job avait fait un pacte avec ses yeux (Job 31: 1), c'est-à-dire qu'il avait pris la résolution de ne pas laisser vagabonder ses regards au risque d'être fasciné par le mal et d'y succomber. Jésus a dit: «Si ton oeil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le..., car il vaut mieux qu'un seul organe périsse et que le corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne» (Mat. 5:29). Apprenons donc à fermer les yeux quand cela est nécessaire, refusons de les fixer sur ce qui serait préjudiciable à notre vie spirituelle, et n'hésitons pas à éteindre la TV ou à nous en défaire – pour ne pas voir la violence et la débauche livrées en pâture aux regards des assoiffés du sensationnel, de l'érotisme et de la brutalité. b) Ne pas entendre «Faire la sourde oreille» De même il serait sage de faire parfois la sourde oreille. David, face aux injures et aux tromperies de ses adversaires, disait: «Moi, comme un sourd, je n'entends pas» (Ps. 38: 13-14). Ah! si nous pouvions fermer nos oreilles aux insanités, aux sarcasmes, aux offenses, aux calomnies et autres méchancetés, nous désamorcerions bien des conflits! «Celui qui ferme l'oreille pour ne pas entendre des propos sanguinaires, et qui bande les yeux pour ne pas voir le mal, celui-là habitera dans les lieux élevés, des rocs fortifiés seront sa retraite» (Es. 33: 15-16). Voilà une position spirituelle qui nous semble fort enviable; qui voudrait s'en priver en ripostant aux mauvais propos de ses ennemis, plutôt que de s'en remettre au Seigneur? (Ps. 31: 14-15). c) Se taire «Taire ce qu'il ne faut pas dire et savoir supporter l'injustice, voilà des choses difficiles» (Chilon de Sparte, IVe s. av. J.-C.) Il faut donc aussi savoir se taire. Jacques disait: «La langue est un mal qu'on ne peut réprimer» (Jacques 3: 8). Heureux celui qui parvient à la tenir en bride! L'apôtre Paul écrivait à Tite: «Il y a beaucoup... de vains discoureurs et de séducteurs auxquels il faut fermer la bouche» (Tite 1: 10). David nous donne un bon conseil: «Parlez en vos coeurs sur votre couche, puis taisez-vous» (Ps. 4: 5), et Salomon d'ajouter: «Mets ta main sur ta bouche, si tu as de mauvaises pensées» (Prov. 30: 32), car «Celui qui veille sur sa bouche garde son âme» (Prov. 13:3). Demandons à Dieu de mettre une «garde à notre bouche» (Ps. 141:3) et souvenons-nous de cette maxime: «La parole est d'argent, le silence est d'or.» Du Serviteur de l'Éternel (prophétiquement il s'agit de Jésus) il est dit: «Il a été maltraité et opprimé et il n'a pas ouvert la bouche, semblable à un agneau qu'on mène à la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent.» (Es. 53: 7). Aussi, lorsque Pilate demanda à Jésus: «N'entends-tu pas de combien de choses ils t'accusent?», Jésus ne lui répondit pas (Mat. 27: 14). «Injurié, il ne rendait point d'injures, maltraité, ne faisait pas de menaces, mais s'en remettait à celui qui juge justement» (I Pierre 2: 23). Il y a des temps ou des moments où le sage fait bien de se taire (Amos 5: 13). En certaines circonstances sachons garder «bouche cousue», plutôt que d'avoir la langue trop bien pendue, et laissons agir le Seigneur.
B. Réflexions poursuivies Il existe à Lausanne (Ouchy*) un modeste monument avec un cadran solaire présentant également trois singes d'une version un peu différente, le premier ne se bouchant qu'un seul oeil, le deuxième la bouche et le troisième qu'une seule oreille, l'ensemble portant l'inscription suivante: «NE VOIR QUE D'UN OEIL – SAVOIR SE TAIRE – N'ENTENDRE QUE D'UNE OREILLE – ÊTRE TOUJOURS À L'HEURE». Cette image mérite aussi qu'on s'y attarde un moment. Il y a des faits auxquels il ne faut pas prêter trop d'attention, sans toutefois les ignorer totalement. Il importe parfois de voir et d'entendre discrètement certaines choses, sans forcément les publier ou les crier sur les toits. Cela dit, nous nous proposons de poursuivre nos réflexions en dépassant ce que nous suggèrent ces singes, imaginant un instant d'autres singes ne se bouchant plus du tout leurs yeux, leurs oreilles et leur bouche, puisque l'Écriture nous invite par ailleurs à voir, à entendre et à parler, sans que cela ne soit en contradiction avec nos précédentes considérations.
a) Voir «Qui est plus aveugle que celui qui ne veut pas voir?» Il y a des personnes qui ne voient pas – ou qui ne veulent pas voir – la réalité en face. Elles pratiquent ce que l'on appelle la «politique de l'autruche». Ces personnes préfèrent ignorer certains faits pour n'avoir pas à changer d'opinion et de comportement, ou pour n'avoir pas à prendre position et à engager leur responsabilité. C'est de ce genre de personnes que parlait Jésus en disant: «Ils ont fermé les yeux de peur qu'ils ne voient de leurs yeux... qu'ils ne comprennent de leurs coeurs, qu'ils ne se convertissent et que je ne les guérisse» (Mat. 13: 15-16). «Le dieu de ce siècle a aveuglé leur intelligence» (2 Cor. 4:4), et à l'instar de l'Église de Laodicée, ils auraient besoin d'un collyre pour oindre leurs yeux, afin qu'ils voient (Apoc. 3: 18). C'est par la foi que l'on discerne ce que l'oeil naturel ne perçoit pas: «Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?» (Jean 11:40). Que le Seigneur dessille les yeux de notre coeur (Eph. 1:18) pour que nous puissions contempler les merveilles de sa loi (Ps. 119: 18), voir briller la splendeur de l'Évangile de la gloire de Christ (II Cor. 4: 4) et apprendre à distinguer le bien du mal (Héb. 5: 14). b) Entendre «Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre». Il en est qui n'écoutent pas, parce qu'ils se complaisent dans leur état, sans réaliser qu'ils courent à leur perdition. Dieu disait à son peuple: «J'ai appelé, et vous n'avez point répondu, j'ai parlé, et vous n'avez point écouté» (Es. 65: 12)_ Toujours à nouveau l'Éternel reprocha à Israël d'avoir endurci ses oreilles pour ne pas entendre (Zach. 7:11). D'autres encore ne tiennent pas à être informés, parce qu'ils ne veulent pas se mouiller, préférant rester neutres en toutes circonstances, de peur de perdre un avantage ou un ami. Mais il n'y a pas de neutralité face au mal, à l'erreur ou à l'injustice. Ceux qui refusent d'écouter ne sont pas en mesure de se faire une opinion juste, de comprendre une situation conflictuelle et d'adopter une attitude correcte face aux événements. Encore de nos jours beaucoup font la sourde oreille quand Dieu parle, mais c'est toujours à leur détriment. Lorsque dans son discours Étienne se mit à évoquer Jésus que les Juifs avaient livré à la mort, les hommes poussèrent de grands cris, se bouchèrent les oreilles et traînèrent Étienne hors de la ville pour le lapider (Actes 7: 57-58). Ils voulaient ainsi se débarrasser d'une voix devenue gênante, parce qu'elle les accusait d'être des meurtriers. Hérode aussi fit arrêter Jean-Baptiste pour le faire mourir, ce prophète lui ayant dit qu'il ne lui était pas permis d'avoir pour femme la femme de son frère. (Mat. 14: 3-12). L'homme naturel, et malheureusement parfois même le chrétien, voudraient faire taire ceux qui leur font des reproches justifiés, plutôt que de se repentir de leurs péchés, de demander et d'obtenir le pardon de ceux qu'ils ont lésés et de Dieu qu'ils ont déshonoré. Tout autre est la réaction de celui qui prend au sérieux la Parole de Dieu: «Chaque matin le Seigneur éveille mon oreille pour que j'écoute comme écoutent des disciples.» (Es. 50: 4), c'est-à-dire comme ceux qui veulent apprendre et mettre en pratique ce qu'ils ont appris. Puissions-nous répéter avec Samuel: «Parle, Seigneur, ton serviteur écoute!» il Sam. 3: 9). Jésus disait: «Que celui qui a des oreilles entende» et les sept lettres aux Églises dans l'Apocalypse (2-3) s'achèvent par une recommandation semblable: «Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises.» N'oublions pas que «la foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de parole de Christ» (Rom. 10: 17). Ouvrons donc toutes grandes nos oreilles à la voix du Seigneur et nous pourrons dire avec Job: «J'avais entendu parler de toi, mais maintenant mon oeil t'a vu. C'est pourquoi je me condamne et me repens...» (Job 42: 6). c) Parler «Qui ne dit rien consent» Se taire peut être un signe de lâcheté, de complicité dans le mal, ou encore la preuve d'un manque d'amour. Dans Ésaïe 50: 4 il est écrit: «Le Seigneur m'a donné une langue exercée pour que je sache soutenir celui qui est abattu.» Mardochée disait à la reine Esther: «Si tu te tais maintenant, le secours et la délivrance surgiront d'autre part pour les Juifs, et toi et la maison de ton père vous périrez.» (Esther 4: 14). Il faut avoir le courage de ses opinions, savoir prendre position pour ce qui est vrai, juste et bon, en se prononçant contre ce qui est faux et vicieux. Se taire quand il faudrait parler, c'est favoriser le mal. Le Seigneur encourageait l'apôtre à parler en lui disant: «Ne crains point, mais parle, et ne te tais point, car je suis avec toi...» (Actes 18: 9-1 0). Lorsque le sanhédrin eut interdit à Pierre et Jean de parler et d'enseigner au nom de Jésus, ils répondirent: «Nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu» (Actes 4: 20). Jean aussi écrit: «Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons.» (l Jean 1: 3). C'est la contrainte intérieure de la foi qui les pousse à transmettre le message du Salut en Christ crucifié et ressuscité. Paul dira: «J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé.» (II Cor. 4: 13). L'apôtre a parlé pour glorifier le Seigneur, pour montrer aux perdus le chemin du Salut, pour édifier, réjouir et consoler les rachetés, mais aussi pour avertir, pour reprendre et corriger. Il a osé dénoncer la débauche, l'homosexualité, l'adultère, le mensonge, la magie, l'idolâtrie, l'ivrognerie, l'amour de l'argent, l'orgueil, la jalousie, l'hypocrisie, les sectes, les excès de table et tout ce qui est contraire à la bienséance et à la saine doctrine, qualifiant toutes ces choses d'oeuvres de la chair (Gal. 5: 19-20) ; 1 Tim. l: 10). Il a mis en garde contre ceux qui prêchaient un autre évangile (Gal. 1: 6-9), et de façon générale contre les faux apôtres, les faux docteurs, les faux prophètes et les faux frères. Il a rappelé l'ordre voulu par Dieu dans la famille, dans l'Église et dans la société. Tout cela faisait partie de la prédication et de l'enseignement des apôtres. Mais qu'en a-t-on fait de nos jours dans bien des milieux évangéliques, qui se veulent ouverts, tolérants, conviviaux, dans le vent, non soumis à des ordonnances «aliénantes», mais épris d'une liberté qui mène au laxisme et à l'apostasie? Il nous faudrait de nouveau des hommes osant annoncer et mettre en pratique «tout le dessein de Dieu, sans en rien cacher» (Actes 20: 27). Mais ne risqueraient-ils pas de se faire boycotter et rejeter par ceux qui suivent délibérément un chemin plus large? Paul écrivait aux Galates: «Suis-je devenu votre ennemi en vous disant la vérité?» (Gal. 4: 16). Le prophète Ésaïe (62: 1) déclarait: «Pour l'amour de Sion, je ne me tairai point». Eprouvons-nous ce même amour pour la «Maison de Dieu, qui est l'Église du Dieu vivant, colonne et appui de la Vérité»?
Conclusion Nous devons donc tantôt fermer nos yeux, tantôt ouvrir un oeil ou les deux, selon ce qui se présente à notre vue. Il nous faut savoir faire la sourde oreille ou tendre une oreille, sinon les deux, selon ce qui se dit. «Il y a un temps pour parler et un temps pour se taire.» (Eccl. 3: 7). Avouons que ce n'est pas toujours chose aisée que de s'y retrouver. Aussi avons-nous besoin que nos coeurs soient éclairés par la Parole de Dieu sous l'action du Saint-Esprit pour l'acquisition du discernement indispensable à un comportement spirituel honorant Dieu. Si nous sommes disposés à vivre dans la dépendance du Seigneur, il nous donnera la sagesse et le courage nécessaires pour agir dans l'amour et selon la vérité. Par crainte des hommes, pour ne déplaire à personne, pour être estimé de tout le monde et avoir du succès, nous risquerions de nous engager dans les voies tortueuses des compromissions et des abandons. Que le Seigneur nous en préserve et qu'il se lève une génération d'hommes droits et courageux bénis par l'Éternel (Ps. l 12: 2) et en bénédiction à leurs contemporains! Jean Hoffmann * Au parc «Le Denatou» © La Bonne Nouvelle 4/96 Retour------------------------------------------------------------
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«Que vont-ils recevoir comme cadeaux de Noël?» Telle est la question que j'ai posée à une petite fille de neuf ans à propos des autres enfants de sa classe. Vous connaissez déjà la réponse, si vous avez vu, à la télé, les publicités pour les jouets. Des ordinateurs, des vidéos, des BMX: des cadeaux qui coûtent chers!
À Noël, une chose est évidente: c'est le temps de la consommation à gogo, du toujours plus. Chaque année, les cadeaux sont plus grands, les factures plus importantes. Cela est vrai non seulement pour les adultes, mais aussi, par les médias, pour nos enfants qui sont dressés pour qu'ils deviennent des consommateurs. Les attitudes de la société ambiante leur sont inculquées. Dans sa classe, le prestige d'un enfant est fonction de ce qu'il possède et reçoit. Malheureux les pauvres! Les parents détournés de s'occuper de leurs enfants par leur travail et leur souci de gagner toujours plus, se donnent bonne conscience en offrant des cadeaux extravagants. Pourquoi cette faim de richesse, cette soif de possession, qui semblent obséder l'homme d'aujourd'hui?
La convoitise Ce mot est peu utilisé de nos jours, c'est un des péchés non reconnus de notre époque. La convoitise transparaît à travers l'acquisition des biens matériels. Le dernier commandement du décalogue traite de la convoitise: Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, ni sa femme, ni son serviteur, ni sa servante... ni rien qui soit à ton prochain (Ex 20.17). La convoitise n'est pas seulement le désir de posséder, mais une aspiration à le concrétiser par l'action. Elle implique l'envie aussi bien que la volonté de déposséder le prochain par l'accomplissement de gestes précis. C'est le sens que Jésus donne à ce mot en Marc 10. 18 quand il dit: Ne fais de tort à personne. C'est aussi le sens d'Hab 2.9: Malheur à celui qui, pour sa maison, se taille un profit malhonnête. La convoitise n'est pas simplement un sentiment, mais la réalisation d'un gain malhonnête, qui fait du tort au prochain. «Cela n'a rien à voir avec la consommation de biens à laquelle nous assistons dans notre société actuelle». N'est-il pas tentant d'affirmer cela? Chacun possède des biens, sans qu'apparemment ils ne portent préjudice à son prochain. Ceci comporte une part de vérité. Il faut distinguer, en effet, entre le désir de posséder quelque chose de façon légitime, et la convoitise illégitime qui a pour effet de déposséder le prochain. Nous pouvons certainement acquérir un objet et en jouir sans faire de mal. Quand j'écoute de la musique, je suis très content d'avoir une chaîne hi-fi que j'ai honnêtement acquise. La possession et le plaisir sont légitimes en eux-mêmes. Pourtant la convoitise garde tout son sens quand la possession de l'objet nous conduit à déposséder Dieu de ses droits de Créateur sur ces choses. Dieu nous appelle à utiliser les biens de sa création pour sa gloire. Si nous les prenons comme fin en soi et si nous plaçons notre confiance en ces biens, il se passe deux choses. D'abord, la convoitise en persuadant l'homme qu'il est le maître, le pousse à abuser de sa puissance. L'homme pollue, détruit et détourne de leur finalité les dons de Dieu. En deuxième lieu, en croyant avoir la maîtrise des objets, l'homme en devient l'esclave. Les valeurs humaines, la famille, l'amour, la beauté, la communauté s'estompent jusqu'à disparaître. L'homme et la femme deviennent des objets dans un monde d'objets, une marchandise à exploiter. L'origine de la convoitise Pourquoi la convoitise est-elle un des aspects fondamentaux du désir humain? La réponse nous est donné dans le récit de la chute de l'homme, au début de l'Histoire. Satan tente l'homme par cette proposition: Vous serez comme des dieux (Gen 3.15). L'homme aspire à quelque chose qui le dépasse. En voulant se mettre à la place de Dieu, il se dégrade. La tentation de vouloir toujours se surpasser reste comme une écharde dans sa chair. Il veut toujours plus, mais il est éternellement frustré par son incapacité à y atteindre. La convoitise est la soif inassouvie de celui qui n'arrive pas à se contenter de ce qu'il a. Depuis la chute, cette tentation est présente dans le coeur de chaque être humain. Elle se traduit par la hantise de ne pas pouvoir assurer sa sécurité totale et par la volonté d'atteindre, à force d'efforts, au maximum d'assurance et de confort. Au lieu de compter sur Dieu le Créateur, l'homme compte sur lui-même. La convoitise, c'est de l'idolâtrie Voilà pourquoi nous lisons dans le NT que la convoitise est une idolâtrie (Eph 5.5; Col 3.5). Il en est ainsi parce que la possession d'objets traduit l'aspiration de l'homme à être un dieu qui conduit son propre destin. Penser, par exemple, que le monde constitue l'objectif ultime de la vie de l'homme est donc une forme de convoitise. C'est le contraire de la piété, qui est une grande source de gain... si l'on se contente de ce qu'on a (1 Tim 6.6) En Eph 5.5, la convoitise est liée à l'immoralité. Avec la possession des objets et la soif de consommer surgit la tentation de posséder l'autre, par exemple de façon sexuelle, comme un objet. Rien d'étonnant à ce que la pornographie se montre de plus en plus scandaleuse, de pair avec la violence et son corollaire de viol, meurtre et déshumanisation. Ce n'est pas par hasard si, dans notre société, la consommation et la permissivité vont de pair. Elles ont, au fond, le même motif: l'idolâtrie. C'est ainsi que la convoitise conduit à la mort (Jac 1.13-15). La convoitise totalitaire La convoitise économique, qui est l'essence même des sociétés de consommation moderne, transforme tous les rapports sociaux. Aujourd'hui, la société est de moins en moins un ensemble intégré où chacun a sa place et où le maître et le serviteur se côtoient. Le château du patron n'est plus à côté des chaumières de ses employés. Le patron habite une banlieue résidentielle dans sa villa, et les salariés habitent une zone de HLM. Les groupes sociaux se constituent selon les possibilités de consommation. Ainsi les cadres se regroupent dans des résidences de standing, envoient leurs enfants aux mêmes écoles s'ils en ont le choix, fréquentent les mêmes clubs et s'isolent dans un milieu fermé. Puisque la société se structure selon la capacité de consommation, le moteur du développement est le snobisme. On ne convoite jamais ce qui est inférieur. On veut toujours plus. Une maison plus grande, une voiture plus puissante, une maîtresse plus jeune, un plus grand congélateur, etc. Même les enfants rivalisent entre eux pour voir des films destinés à la tranche d'âge supérieure à la leur. Pour beaucoup, l'avenir s'exprime en termes de développement, en expansion des biens. Voilà pourquoi ceux qui ont tout misé sur ce monde ont peur de le perdre. La psychose de la guerre nucléaire ou le délire de la bourse sont un fléau réel pour celui qui a tout investi ici-bas et qui, en conséquence, ne peut accepter l'idée de tout perdre. Les hommes qui veulent tout gagner ont toujours peur de tout perdre; mais il ne pensent plus à leur âme. Ils n'ont plus d'âme. La vraie richesse Avec la richesse matérielle qui, engendre la convoitise, l'homme a perdu la vraie richesse. Celle-ci consiste, non en la possession de biens, mais en rapports qui donnent un sens à la vie. En se liant aux objets matériels, l'homme en devient l'esclave. En se liant à son Créateur, l'homme comprend qu'il existe une valeur qui dépasse toute considération économique. Cette libération lui permet d'utiliser et de développer les biens de la création, non pas pour sa gloire, mais en obéissance à Dieu. La convoitise est remplacée par le service. La vraie valeur de notre vie consiste à vivre pour l'autre et non pas pour notre propre satisfaction: Nous n'avons rien apporté dans ce monde, comme aussi nous n'en pouvons rien emporter... Pour toi, recherche la justice, la piété, la foi, l'amour, la patience, la douceur (1 Tim 6.7, 11). À vouloir toujours plus, l'homme rate ce qui compte vraiment. Paul Wells © Promesses 1989 - 3 / No 89 Retour------------------------------------------------------------ |
«Bonjour, mon ami Albert! Nous ne nous sommes plus vus depuis tout un temps! Tout va-t-il bien?» – «Oui, merci; formidablement bien! Tu sais, je suis un véritable paquet d'énergie; quand j'entreprends quelque chose, c'est pour le réaliser. De nos jours, il faut s'impliquer à fond. Rien ne sort de rien. Ce n'est pas sans raison que j'ai été choisi pour siéger au conseil d'administration de XY. Il s'ouvre là pour moi de nouvelles possibilités de grimper des échelons. Ce qui me manque encore après avoir été élu au parlement, c'est davantage de voix qui m'aideraient à réaliser mes idées politiques en vue de résoudre le problème du marasme économique.» – «Mon cher ami, il te manque cependant quelque chose d'autre: Jésus!» – «Te voilà encore! Qu'est-ce que tu entends exactement par là?» – «Et bien, c'est que dans ton existence, il te manque l'essentiel; tu passes à côté de la vraie vie. Seul Jésus peut t'aider! Jadis, mon grand principe était: «Sois toi-même l'artisan de ton propre bonheur!» Mais tout n'est pas faisable. Heureusement! On bute contre des limites. En fin de compte, le grand bonheur ne se situe pas dans la réalisation des buts matériels que l'on s'est fixés, mais bien dans le fait de trouver Celui qui veut notre rédemption éternelle. Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons être en bénédiction pour notre prochain. Cher Albert, toi aussi, tu as besoin de Jésus comme conducteur de ta vie. Sans Lui, elle n'a finalement pas de sens. Le Seigneur a adressé cette parole à un homme riche: «Insensé, cette nuit même, ton âme te sera redemandée; et ce que tu as préparé, pour qui sera-ce?» (Luc 12, 20). Et écoutons-Le dire à Ses disciples: «Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu» (Matth. 6, 33). Je dois partir. Je te souhaite le grand bonheur de trouver le bon chemin nouveau qui mène au royaume des cieux, et de t'y engager – ce chemin nous est indiqué par l'Écriture sainte.» – «Bonjour, mon ami Bernd! Tout va-t-il bien?» – «Comment peux-tu poser une question aussi stupide? Tout va de travers! Rien, absolument rien ne tourne rond, je vais recevoir mon préavis de licenciement, alors que précisément maintenant je me trouve dans une impasse financière. Quant à ma santé, elle est loin d'être brillante. Le docteur pense qu'outre des problèmes d'ordre physique, mon état psychique laisse à désirer. Ma femme me reproche également de ne rien faire de bon. Il me faudrait gagner un gros lot au Lotto pour être renfloué.» – «Mon cher Bernd, ce n'est pas un gain au Lotto qui t'aidera, mais Jésus seul! Il peut transformer ta vie de fond en comble. Par amour pour toi, Lui, le Fils de Dieu, est devenu pauvre et Il a offert Sa vie en sacrifice à Golgotha pour pouvoir t'enrichir. Il est venu dans ce monde pour nous purifier de nos péchés. Plus encore: Il secourt dans le besoin et, tout premièrement, Il veut nous conduire dans le bon chemin, celui d'une vie heureuse. Bernd, toi-même, tu ne peux le réaliser. Confie ta vie à Jésus, et tu verras comme Il prendra soin de toi. Ne te crispe pas dans tes problèmes et ta détresse. Jésus veut t'aider, mais Il désire avoir autorité sur ton coeur et sur ta vie entière! Tu trouveras des directives et du secours dans la Parole de Dieu, qui est une merveilleuse lettre d'amour adressée aux humains. Ainsi, il y a, par exemple, cette précieuse promesse: «Invoque-moi au jour de la détresse, je te délivrerai et tu me glorifieras» (Ps. 50, 15). Oui, adresse-toi à Lui avec foi, car Lui seul, Jésus, peut t'aider!» Qui que vous soyez, cher lecteur, chère lectrice: Jésus seul peut vous offrir une vraie vie de plénitude et vous conduire à la félicité éternelle!
© Appel de Minuit 06 / 1999 Retour------------------------------------------------------------ |
UN
CHRÉTIEN EST-IL TÉMOIN DU «ROYAUME DE DIEU» OU AUXILIAIRE
D'UN RÉGIME POLITIQUE TERRESTRE?
Il est souvent reproché aux chrétiens de trop parler du Ciel et pas assez de la terre! On leur conseille de ne parler que modérément de l'Évangile du salut personnel et de concentrer plutôt leurs efforts sur un Évangile social en faveur du tiers-monde et de toutes les victimes de la faim, du racisme et de la guerre... Comme le font d'ailleurs déjà les Églises du Conseil Oecuménique. Nous sommes là en plein quiproquo. Car, en annonçant l'Évangile dans son intégralité, il n'est pas question de sauver égoïstement son âme en restant indifférent aux injustices et aux souffrances de la terre. Au contraire, c'est accepter d'être transformé par l'Esprit de Dieu avant de s'engager au service d'autrui. C'est là tout simplement commencer par le commencement, selon les paroles de Jésus: «Recherchez premièrement le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît». Sans doute est-il plus facile de participer à des manifestations politiques en faveur des déshérités que de devenir une «nouvelle créature» par l'action divine! Bien sûr, Jésus a recommandé la compassion, la générosité et surtout l'amour du prochain, quel qu'il soit, mais il a surtout enseigné le changement de mentalité et de coeur des pécheurs, afin qu'ils deviennent individuellement des témoins et des «ouvriers avec Dieu» (1 Cor.3: 9). Il ne s'agit donc pas de s'assurer le Ciel par intérêt personnel, mais de faire d'abord la volonté de Dieu qui est notre «sanctification» (I Thess.4: 3), c'est-à-dire notre complète régénération spirituelle et morale. Après une telle expérience, le croyant sera cent fois plus disponible et plus efficace dans la lutte contre les iniquités terrestres, qui ont toutes leur origine dans le péché que la Parole de Dieu dénonce sans ménagement.
En bref, tout chrétien qui reçoit l'inspiration de ses pensées et de ses actions de l'Esprit d'Amour, de Paix et de Vérité, gardera sans aucun doute ses pieds sur terre et il le prouvera dans des oeuvres dignes de la foi selon l'Évangile. Se porter au secours des pécheurs malheureux, c'est très nécessaire, mais leur montrer le meilleur chemin pour sortir de leur état de misère, c'est assurément beaucoup plus utile et plus durable. Or, Jésus-Christ est à tous égards le plus grand de tous les libérateurs.
© La Bonne Nouvelle 2/97 Retour |
UN
CHRISTIANISME QUI COLLE AVEC LA RÉALITÉ
Le
christianisme affirme... que l'ordre, la diversité,
l'interdépendance complexe et la beauté du monde naturel ont
été créés par le Dieu vivant et souverain. Dans le
christianisme, la Bible explique le monde dans lequel nous
vivons, nous dit l'origine et le sens de l'existence de
l'homme, nous donne les bases de la connaissance et de la
compréhension du bien et du mal, nous montre comment vivre
dans ce monde, apporte des réponses aux problèmes auxquels
nous autres humains sommes confrontés, et nous offre
l'espérance d'un avenir qui, dès maintenant, imprime un but
à notre vie. Avant d'examiner ces différents points, il nous
faut répondre à une objection essentielle.
Pour certains, une réflexion chrétienne sur la nature et le sens du monde, sur la connaissance, sur l'homme, sur le bien et le mal, etc., est inutile et sans intérêt. Ils raisonnent ainsi: «Il est évident que ces questions relèvent de la philosophie et le christianisme n'a rien à voir avec la philosophie.» Et de poursuivre: «La philosophie est une abstraction réservée aux intellectuels. Les philosophes posent des questions, dans un style hermétique pour le commun des mortels, sur des sujets qui n'effleurent pas l'homme de la rue. Et par là même, les réponses qu'ils apportent sont inintelligibles.» Pour eux, le christianisme est une affaire de coeur, comme le mariage. Il aborde des questions pratiques: «Est-ce que j'aime Dieu ou non?» – «Suis-je prêt ou non à m'humilier devant Dieu et à me reconnaître pécheur?» – «Suis-je prêt ou non à accepter l'Évangile de la mort et de la résurrection de Christ?» Certains vont même plus loin et affirment qu'il est dangereux, voire non spirituel, pour un chrétien de s'intéresser à ce genre de questions, et ils citent Paul pour appuyer leurs dires: Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie selon la tradition des hommes, selon les principes élémentaires du monde, et non selon Christ (Col 2.8) et. – Je détruirai la sagesse des sages, et j'anéantirai l'intelligence des intelligents. Où est le sage? où est le scribe? où est le contestataire de ce siècle? Dieu n'a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde? Car puisque le monde, avec sa sagesse, n'a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauveur les croyants par la folie de la prédication (1 Cor 1.19-21). Selon eux, Paul veut dire qu'en discutant du sens de la vie, le chrétien abandonne l'Évangile pour avoir recours à des méthodes du monde et de la philosophie. Et qui plus est, l'Évangile perd de sa simplicité, et il y a risque de ne plus dépendre du Saint-Esprit pour toucher le coeur de l'homme. Ce sont là des critiques sérieuses que nous ne pouvons ignorer. En premier lieu, Paul ne dit pas que l'Évangile est une folie, au sens littéral du terme, mais que ce monde, en rébellion contre Dieu, pense que l'Évangile est une folie et qu'en revanche, sa propre philosophie est sage. Ensuite, Paul dit que l'Évangile, regardé comme une folie par les hommes, est, en fait, plus sage que la sagesse des hommes. En d'autres termes, c'est la pensée ou la philosophie non-chrétienne qui est, en vérité, folie, et le message chrétien, seule véritable sagesse. Il est intéressant de comparer les affirmations de 1 Cor 1 avec Rom 1.18-25, où Paul exprime quelque chose de très similaire. Là, Paul démontre que l'univers dans lequel nous vivons prouve à l'évidence l'existence et la puissance de Dieu et que les hommes sont inexcusables s'ils ne le reconnaissent pas. Cependant, les hommes refusent d'intégrer Dieu dans leur pensée et ils considèrent que ce refus de reconnaître Dieu est l'expression de la sagesse. En réalité, leur pensée est folie, parce qu'ils adorent une partie de la création plutôt que Dieu et s'en remettent à elle plutôt qu'à Dieu pour expliquer les origines de la vie et pour comprendre la place et la destination de l'homme dans le monde. La pensée du non-chrétien, aussi sage et sophistiquée qu'elle puisse paraître sur certains points, repose sur une folie. Car seul le message biblique donne un sens au monde tel que nous le voyons. Si les hommes refusent de reconnaître Dieu, alors le monde n'a plus aucun sens pour eux. Ils ont échangé la vérité contre un mensonge et ils servent la création plutôt que le créateur. Dès lors, le chrétien devrait être prêt à répondre aux questions que soulèvent la philosophie, questions que tout un chacun se pose, parce que le chrétien ne saurait par lui-même apporter des réponses aux questions. Seule la Bible peut le faire. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s'élèvent contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l'obéissance au Christ (2 Cor 10.5). Les réponses bibliques vont comme un gant à l'univers qui est le nôtre, tandis que, pour employer une métaphore, les réponses que nous offre la philosophie non-chrétienne relèvent de la quadrature du cercle. Les questions fondamentales concernent: 1° la nature de la connaissance; 2° la nature et l'origine de la vie; 3° la nature de la vie humaine; 4° le fondement de l'éthique; 5°le problème de la souffrance et du mal; 6° la finalité de l'existence et le sens de l'histoire; 7° de quelle manière devrait-on vivre? En examinant chacune de ces questions et les réponses que la Bible en donne, nous les comparerons aux idées fondamentales de nos sociétés occidentales confrontées aux problèmes du 20e siècle. 1. Le problème de la connaissance Comment parvenir à la connaissance? Comment pouvons-nous être sûrs de l'exactitude de ce que nous croyons savoir? L'humanisme est la philosophie dominante de notre société. L'humanisme répond à cette question en faisant appel à la raison humaine: l'homme doit pouvoir trouver réponse à tout, à commencer par lui-même. Le philosophe et historien écossais David Hume affirmait: «La raison est souveraine pour dicter des lois et imposer des maximes, sa puissance et son autorité étant absolues». Cette foi en la puissance de la raison est la pierre angulaire de l'ensemble de nos sociétés occidentales modernes. Cependant, Hume lui-même a reconnu qu'à partir de l'homme seul, la valeur de la raison et la réalité de ses perceptions n'étaient pas démontrables, pas plus que l'assurance de sa propre existence physique, l'existence objective du monde matériel qui nous entoure et la relation de cause à effet. Cependant, dans un passage très connu, Hume a admis qu'en dépit du caractère relatif que revêtait sa foi en la raison comme principe de toute connaissance, il ne désespérerait pas: «Si l'on me demandait si j'adhère sincèrement à ce principe que j'ai pris tant de peine à démontrer, selon lequel je serais l'un de ces sceptiques qui prétendent que tout est sujet à doute, je répondrais... que ni moi ni personne n'a jamais soutenu cette idée sincèrement et d'une façon constante... Je dîne, je joue au trictrac, je m'entretiens agréablement avec mes amis, et lorsqu'après 3 ou 4 heures de divertissement, je m'en retourne à mes réflexions, elles m'apparaissent si froides, si forcées et ridicules que je n'ai pas le coeur de m'y plonger plus avant. Preuve en est que le sceptique continue à raisonner et à croire, bien qu'il affirme se défier de sa raison, et par là-même, il doit bien constater l'existence de son corps, quoiqu'il ne puisse en confirmer la véracité par le jeu d'aucune argumentation philosophique». Au 20e siècle, la difficulté qui a surgi de cette allégeance à la seule raison, a acculé beaucoup de penseurs au désespoir total. On a fait de la raison de l'homme, son dieu. Mais elle est devenue comme un cadavre dans le placard, lui rappelant constamment la défaillance de l'entendement, la décadence de la valeur dans l'expérience humaine. Le problème a surgi en raison de la limitation de l'homme. Il est petit. Il est incapable, de par son approche restreinte de la réalité, de produire suffisamment de connaissance pour répondre à toutes les questions, ou pour saisir la réalité dans son ensemble. Tout semble si grand et l'homme est si petit; comment peut-il être sûr de l'exactitude de ce qu'il sait? Pour le chrétien, la finitude de l'homme n'est pas un problème. Nous reconnaissons aisément notre petitesse et les limites de notre savoir. Mais Dieu existe, et son savoir est complet; il n'y a rien dans l'univers qu'il ne connaisse. Dieu s'est révélé à nous dans sa parole, la Bible, et bien qu'elle ne nous dise pas tout, cette parole nous dit la vérité. Dans la parole de Dieu, nous avons une source de connaissance infaillible, et qui plus est, Dieu nous assure qu'il nous a créés à son image pour que nous comprenions le monde dans lequel nous vivons; ainsi notre perception du monde est juste. La raison, lorsqu'elle est soumise à la révélation de Dieu, devient un instrument de grande valeur, que l'on peut utiliser pour explorer et méditer sur le monde dans lequel nous vivons. En revanche, lorsque la raison règne en maîtresse, elle devient un tyran qui conduit l'homme dans la nuit la plus sombre de l'ignorance et de la confusion. 2. La nature et l'origine de la vie La pensée humaniste et profane de notre monde moderne est tout entière dominée par la théorie de l'évolution. Sommairement, on peut dire que c'est l'affirmation que tout ce qui nous entoure en ce monde est apparu par hasard, sur des périodes extrêmement longues; qu'un Dieu créateur n'existe pas, pas plus qu'une cause première qui aurait généré l'extraordinaire diversité du monde naturel. Adhérer à cette affirmation nous oblige à accepter que l'ordre est né à partir du désordre, que des développements dus au hasard ont tissé les fils prodigieusement complexes et interdépendants de la vie, que la matière a donné le jour aux êtres vivants, que la vie inanimée a produit la vie pensante, et que de la vie pensante a surgi la vie consciente de l'homme. Il est absurde de proposer à l'homme un système qui exige qu'il croie que 2 + 2 = 5, en ce qui concerne l'histoire de l'univers, non pas une, mais des milliers de fois. À l'inverse, le christianisme affirme que l'ordre, la diversité, la complexité de l'interdépendance et la beauté du monde naturel ont été créés par le Dieu souverain existant de toute éternité que nous révèle la Bible. L'ordre, la diversité et la beauté sont ainsi le résultat de l'activité créatrice de Dieu, et non le résultat d'un processus dû au hasard et à une sélection naturelle jamais prouvée. Pour l'Écriture, c'est une vérité évidente et relevant du bon sens, que de regarder le monde et de voir qu'il est l'oeuvre d'un créateur. David écrivait: Les cieux racontent la gloire de Dieu; l'étendue céleste proclame l'ouvrage de ses mains (Ps 19.1), et Paul: les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l'oeil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages (Rom 1.20, Nouv. Ed. de Genève). Lorsque nous regardons une belle toile, nous nous demandons: «Qui a peint cela?» Et nous faisons l'éloge de son auteur; de la même manière, quand nous contemplons l'univers, nous devrions en chercher à connaître l'auteur et le louer. Eternel, notre Seigneur! Que ton nom est magnifique sur toute la terre! Toi qui établis ta majesté au-dessus des cieux (Ps 8.1). 3. La nature de la vie humaine Bertrand Russell résume ainsi le dilemme auquel est confrontée la pensée non-chrétienne lorsqu'elle applique le dogme de l'évolution à l'homme: «L'homme est la résultante de causes qui n'avaient pas prévu les effets qui en découleraient: son origine, son développement, ses espoirs et ses craintes, ses émotions et ses convictions ne sont que le produit d'associations d'atomes accidentelles... Aucun feu, aucun héroïsme, aucune pensée ni aucun sentiment aussi intenses soient-ils, ne peuvent préserver une vie au-delà de la tombe... Tout le labeur effectué au cours des âges, toute la ferveur, toute l'inspiration, toute l'éclatante expression du génie humain, sont voués à disparaître dans l'extinction générale de notre système solaire, et tout l'édifice des réalisations humaines sera inévitablement enfoui sous les décombres d'un univers en ruines.» (Bertrand Russel, «Pourquoi je ne suis pas un chrétien», Simon and Schuster, New York 1957). Russell doit reconnaître que l'homme est différent, qu'il est unique dans ce monde; que ses exigences morales, sa créativité, son besoin d'aimer, ses actes d'héroïsme, sa pensée et son dévouement pour autrui, font qu'il occupe une place bien à part dans l'univers; mais Russell, comme l'ensemble de la philosophie profane moderne, n'apporte aucune explication à ce caractère unique. Certains intellectuels admettent, comme Russell, la spécificité de l'homme, mais sans pouvoir l'expliquer. D'autres essaient de la nier et insistent sur le fait que seule la complexité de l'homme en fait un être différent. Selon eux, l'homme n'est rien de plus qu'une composition chimique élaborée, un organisme physique comme le moustique ou la souris, mais d'une complexité telle qu'on peut le comparer à l'analyse digitale d'un ordinateur. Perry London, psychothérapeute américain, après avoir été séduit par cette vision de l'homme, reconnaît que cela implique que l'homme, de même que l'ordinateur, est totalement insignifiant; car s'il n'est qu'une mécanique, il n'est nullement responsable de ses actes, quels qu'ils soient. Finalement, la spécificité de l'homme est illusoire; ce que nous expérimentons tous les jours, l'amour, l'engagement, les choix, la créativité, la rationalité etc., n'a absolument aucun sens: ce ne sont que des ombres fugitives sur un mur, des jeux de lumière, fruit de la nature compliquée du cerveau. (Perry London, «Modes et implications morales de la psychothérapie», Holt, New York 1964). En revanche, la foi chrétienne, elle, donne une explication sur la spécificité de l'homme. L'homme, homme et femme, est créé à l'image de Dieu. Dieu, personne infinie, a créé des hommes et des femmes, des êtres limités et néanmoins des personnes comme lui. Nous reflétons la nature de Dieu. Dieu est amour, dit l'apôtre Jean. Nous sommes faits pour aimer Dieu et pour nous aimer les uns les autres. Dieu est juste. Nous sommes faits pour distinguer entre le bien et le mal, pour discerner ce qui est juste, et pour choisir le bien et le vivre. Dieu est le Créateur. Nous sommes comme lui, responsables de nos choix, et faits pour créer la vie, les relations humaines, la beauté, l'ordre. Dieu communique: l'Écriture parle d'une communication entre le Père, le Fils et l'Esprit, aujourd'hui aussi bien qu'avant que le monde ne fût. Nous sommes faits pour communiquer par le langage, entre nous et avec Dieu. Dieu est un Dieu d'ordre et non de chaos, de sens et non d'incohérence, de raison et non de l'absurde. Nous sommes des êtres rationnels, appelés à réfléchir sur nos vies et sur le monde dans lequel nous vivons. Ce que nous expérimentons, dans ses multiples facettes, fait de nous des êtres à part, qui portent la marque de ce qui caractérise la personnalité. Au lieu de nous lamenter sur le caractère illusoire de l'expression de notre personnalité dans un univers impersonnel, nous devrions nous réjouir, car en dépit de notre petitesse, nous sommes «chez nous» dans un univers créé par un Dieu en trois personnes. 4. L'éthique Comment pouvons-nous savoir ce qui est bien et ce qui est mal? Perry London, cité plus haut, admet que si l'homme est une machine, il est vain de parler de bien et de mal et de responsabilité morale. Il ne nous viendrait pas à l'idée d'accuser un ordinateur de comportement criminel; de même, nous ne poursuivrons pas les animaux (desquels nous sommes censés descendre) devant les tribunaux pour infraction à la loi. Si l'homme n'est qu'un mécanisme, un organisme physique complexe, un descendant du rat et du cétacé, pourquoi le tenons-nous pour responsable de ses actes et le considérons-nous comme un agent moral? London affirme que le bien, le mal et la responsabilité morale relèvent de l'imagination; en même temps, il admet que les hommes semblent en avoir besoin pour donner un sens à leur vie. Il poursuit en proposant des moyens de programmer les gens en vue de créer une société meilleure, oubliant que le terme «meilleur» n'a aucun sens, selon sa propre conception philosophique. Nous avons là une théorie du réel et du comportement humain qui ne peut expliquer pour quelle raison toutes les sociétés humaines distinguent entre le bien et le mal, et pourquoi elles considèrent l'être humain comme agent moral. De nos jours, cependant, nous voyons le fruit effrayant d'une philosophie qui gomme toute distinction ultime entre le bien et le mal. Nous le voyons en Occident, où le meurtre d'enfants à naître ou de nouveaux-nés handicapés est considéré comme une assistance médicale charitable. Nous le voyons dans le monde communiste, de façon criante au Cambodge, où un tiers sinon la moitié de la population a été tuée au nom d'une pure révolution marxiste. Le magazine «Time» a commenté ainsi la transformation de toute une nation en un camp de concentration (31 juillet 1978, p. 39-40): «L'absurde renversement des valeurs repose sur la conviction que des notions telles que la <pureté> ou la <corruption> peuvent avoir un sens en dehors d'un système absolu des valeurs, système qui résiste aux manipulations à volonté des gouvernements ou des groupes révolutionnaires. La révolution cambodgienne, prônant sa propre <pureté> dévaluée, a donné la preuve de ce qu'il arrive lorsque le refus marxiste des absolus moraux est vécu dans toute son acception par ses partisans. Pol Pot et ses amis décident de ce qui est bien, de ce qui est mal, et du nombre de cadavres qui doivent être empilés pour apaiser le démon rapace de la <pureté>.; L'Occident est aujourd'hui pénétré de la notion de relativisme moral; il lui répugne à admettre que la mal absolu puisse être une réalité. Cela explique pourquoi certains ont tant de mal à accepter le fait que l'expérience cambodgienne est un phénomène infiniment plus grave qu'une aberration révolutionnaire. En fait, c'est la conséquence mortelle et logique d'un système de valeurs athée et anthropocentrique mis en place par des êtres humains faillibles et investis d'un pouvoir absolu, et qui croient, à l'instar de Marx, que la moralité est définie par les détenteurs du pouvoir, et, à l'instar de Mao, que le pouvoir est au bout du fusil. Ce n'est pas un hasard si, aujourd'hui, en Europe, les sociétés marxistes les plus humaines sont celles qui, telle la Pologne ou la Hongrie, permettent la dilution de leur doctrine par ce que Soljenitsyne a appelé des vastes réserves de miséricorde et de sacrifice> de la tradition chrétienne.» (Article de D. Aikman, «Le Cambodge: une expérience en génocide»). Le christianisme ne connaît pas le problème de l'incertitude quant à savoir ce qui est bien ou mal, de même qu'il n'hésite pas à affirmer que le mal absolu existe bel et bien. Le caractère de Dieu trouve son expression dans une bonté, une justice et une sainteté parfaites. Son caractère nous témoigne de ce qui est bien et juste, et tout comportement doit être évalué en fonction de son caractère et à la lumière du jugement dernier, lorsque toutes les actions, toutes les paroles et toutes les pensées des hommes seront vues telles qu'elles sont. La loi de Dieu, dans l'Écriture, exprime la justice de Dieu, et l'homme, fait pour refléter cette justice, est appelé à obéir à la loi de Dieu et à peser ses actes à la lumière de ce critère. Tous les hommes sont créés avec une conscience morale, la loi de Dieu écrite dans leur coeur; mais la conscience peut être obscurcie ou endurcie, soit en raison de la tradition culturelle, soit par les choix coupables de l'individu. Cependant, au-delà des circonstances, nous avons une référence absolue pour apprécier le bien et le mal, car nous pouvons jauger toutes les idées des hommes en fonction du caractère et de la loi de Dieu. Cela implique aussi que le chrétien peut se baser sur de solides fondements lorsqu'il est confronté à l'immoralité des agents du pouvoir, que ce soit en démocratie ou sous une dictature, ou lorsqu'il doit faire face à la volonté de la majorité de nos sociétés occidentales, où l'éthique varie avec le consensus du jour. Dès lors, au lieu d'être troublés par la doctrine biblique du jugement, nous devrions nous en réjouir et y voir l'une des gloires de la foi chrétienne. Tous les hommes ressentent au fond d'eux-mêmes que certaines choses sont bonnes et que d'autres sont mauvaises, bien qu'ils soient incapables d'en discerner la vraie raison, ni même d'appréhender l'essence des notions du bien et du mal, et celle de la responsabilité morale. Le chrétien peut, dans une totale assurance, affirmer qu'il existe une différence entre ces deux notions et qu'à la fin, lors du jugement, tout mal sera révélé et jugé. 5. Le problème de la souffrance et du mal La philosophie moderne n'offrant aucun moyen sérieux pour discerner le bien du mal, ni aucun sens moral à l'homme, elle n'est pas à même de comprendre la souffrance, la maladie et la mort. En fin de compte, notre culture en est venue à dire que la souffrance était une chose normale, une partie intégrante de la réalité. Il y a le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, la vie et la mort, la bonté et la cruauté. Toutes ces notions ne sont que les diverses facettes du tout. Certains iront jusqu'à prétendre que la souffrance est une donnée essentielle du processus évolutionniste, vu que la sélection naturelle exige que le fort survive et le faible soit écrasé. Selon eux, tout développement et tout progrès sur terre sont la résultante de ce processus de transformation. La souffrance devient un bien, le sacrifice de quelques-uns nécessaire pour le bien de tous. C'est ainsi que Teilhard de Chardin envisage le processus évolutionniste, et Jacques Monod considère avec nostalgie la perte de la sélection naturelle dans l'espèce humaine. La médecine moderne permet aux faibles de survivre et de transmettre leurs gênes aux générations futures. Cela met un point final à l'amélioration évolutionniste de l'espèce humaine. C'est pourquoi certains nostalgiques demandent à ce que soient éliminés les bébés handicapés, les débiles mentaux, les vieillards fragiles: ainsi ne pourraient-ils plus ni procréer ni être une charge pour la société. Une telle vision ne peut qu'horrifier le chrétien, qui considère la souffrance et la mort comme des phénomènes anormaux et contraires à la nature, comme le ressent d'ailleurs tout être humain au fond de lui-même, à un moment ou à un autre. Tant qu'ils ne sont pas endurcis, les jeunes enfants sont épouvantés par la mort; loin de l'envisager comme un simple aspect de la vie, ils la ressentent plutôt comme quelque chose d'horrible et contre nature. Le chrétien sait que ce sentiment correspond à la réalité telle qu'elle est, car la Bible nous dit que nous vivons dans un monde déchu, que le péché est entré dans le monde par la rébellion de l'homme contre Dieu, et que la souffrance, la maladie, la douleur et la mort en sont la rançon; ce qui veut dire que la souffrance et la mort sont anormales, qu'à l'origine le monde était bon, mais qu'à présent il est défiguré et en pièces. Christ, lorsqu'il fut confronté à la douleur et à la mort, n'a pas manqué d'être bouleversé, ému de compassion et révolté, bien qu'étant Dieu. Il a éprouvé de la colère et de la tristesse, car il n'en était pas l'auteur; la douleur et la mort résultaient plutôt de ce que l'homme avait rejeté Dieu et sa loi. De même, le chrétien doit suivre Christ en considérant toute souffrance comme une anomalie, et au lieu d'emboîter le pas à notre époque dans sa brutalité envers les faibles et les indigents, il devrait refléter le caractère de Dieu et se préoccuper du sort de la veuve et de l'orphelin, de ceux dont le corps et l'esprit sont brisés, du foetus menacé d'extermination, du vieillard et du mourant. 6. La finalité de l'existence et le sens de l'histoire Chacun ressent que sa vie doit avoir un but et que l'histoire s'achemine vers un dénouement. Cependant la question surgit: l'homme sait-il pourquoi sa vie devrait avoir un but et quel est-ce but? Peut-il être sûr que l'histoire s'achemine vers quelque chose, et vers quoi? Certes, les gens imaginent toutes sortes d'orientations pour eux-mêmes et pour l'ensemble de l'espèce humaine; de meilleures conditions de vie, l'abondance personnelle, des dieux et des religions de tous genres, la paix pour le monde... Beaucoup de ces solutions sont des refuges pour éviter d'être confronté à ce que Bertrand Russell appelle l'ultime réalité de l'histoire: la mort de l'individu et la mort de notre système solaire. Si Russell a raison, comment éviter la conséquence logique que tout est absurde? Vues sous cet angle, ni la vie de l'individu ni l'histoire de l'espèce humaine n'ont de valeur ultime, et Russell a l'honnêteté de le reconnaître. La précédente citation de Russell se poursuit ainsi: «Ce n'est que dans le cadre de ces vérités, sur le fondement d'un désespoir inexorable, que l'âme peut trouver un havre sûr... Comment, dans un monde si étranger et si inhumain, une créature aussi impuissante que l'homme peut-elle préserver l'éclat de ses aspirations?» Russell n'a pas de réponse véritable à cette question, et pour cause... Il a renié l'existence du Dieu qui s'est lui-même révélé à nous dans la Bible. La Bible nous dit que notre quête du sens et de la finalité de l'histoire a été mis en nous par Dieu et que cette aspiration ne peut être satisfaite qu'en se tournant vers Dieu. Nous avons été faits pour aimer Dieu, pour refléter son caractère, et pour nous réjouir en lui pour toujours; nous avons été faits pour aimer, pour nous réjouir et pour nous servir les uns les autres; pour nous réjouir de la création et la dominer comme des administrateurs de Dieu. Nous vivons dans un monde déchu et corrompu où le péché a apporté inimitié et rupture entre nous et Dieu, au plus profond de nous-mêmes, entre les autres et nous, entre la création et nous au sein même de cette création. Tout porte la marque du péché et de la mort. Pourtant Dieu, dans son amour, a envoyé son propre Fils dans le monde pour nous sauver, nous et toute la création, du péché et de la mort. Par l'oeuvre de Christ, par la foi en lui, notre relation avec Dieu est renouée, notre être intérieur retrouve peu à peu sa vraie dimension, et nous sommes appelés à exercer notre autorité, dans la soumission à Dieu, sur tout le monde vivant et sur tout ce que le péché a altéré en nous et dans le monde. Nous sommes appelés en fait, à être les prémices de la nouvelle création où tout sera transformé lors du retour de Christ. Christ lui-même est déjà passé par la résurrection physique. Dieu nous promet que l'histoire aboutira à la résurrection physique de tous ceux qui croient en Christ et à la création de nouveaux cieux et d'une nouvelle terre fondés sur la justice seule. Ce qui a été abîmé dans les moindres aspects de la vie sera ôté et toute chose sera renouvelée. En même temps, le diable et tous les méchants connaîtront un jugement éternel. Notre vie individuelle prend ainsi une dimension éternelle et l'histoire s'achemine vers une conclusion glorieuse. 7. Quelle devrait être la vie de l'homme? Notre époque nous offre plusieurs alternatives toutes aussi décevantes les unes que les autres. Le gouvernement décide de ce qui est bon pour l'homme; la majorité décide de ce qui est bien; ou l'individu décide, sur la base de son appréciation propre, de ce qui est bon pour lui. Encore une fois, il n'y a aucun absolu, et nous devons constater que de toute part s'installe la confusion et le chagrin dans les vies et dans les foyers. Dieu nous promet la liberté si nous obéissons à sa loi. La loi de Dieu, comme nous l'avons vu précédemment, est le reflet du caractère de Dieu. L'homme est fait pour être comme Dieu. La loi indique donc comment doit vivre l'homme. Il ne s'agit pas d'un ensemble de règles arbitraires imposées par un Dieu en colère; au contraire, la loi elle est adaptée à la vie humaine. Jacques a écrit: «Celui qui a plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui persévère, non pas en l'écoutant pour l'oublier, mais en la pratiquant activement, celui-là sera heureux dans son action même» (Jac 1.25). De même, les Psaumes décrivent la loi de Dieu comme une lampe à nos pieds pour nous empêcher de tomber dans des fosses et des fondrières dangereuses. Si nous obéissons à la loi de Dieu, nous aimerons la vie. La vérité de Dieu nous affranchit pour que nous puissions vivre. Nous le constatons à tous les niveaux: si nous obéissons aux commandements de Dieu sur le mariage par exemple, le mariage sera source de joie. Si nous désobéissons à ses commandements, alors le chaos et le malheur qui en découlent ne sont que trop évidents dans notre société. Je le répète, le christianisme est ce qu'il nous faut. Pour en revenir à notre point de départ: le chrétien n'a pas à craindre la philosophie et les questions qu'elle soulève. Étant la sagesse véritable révélée par Dieu, la foi chrétienne est infiniment supérieure à la sagesse humaine. Si nous lisons l'Écriture, nous y trouvons les réponses que nous pose la vie dans ce monde. Oui, le christianisme colle avec la réalité. Jerram Barrs Collaborateur de «L'Abri» d'abord en Suisse, ensuite en Angleterre Traduction autorisée par Dominique Mallol et J.-P. Schneider; texte tiré de «What in the World is Real» Copyright 1982 by l'Abri Fellowship. © Promesses 1990 – 3 / No 93 Retour ------------------------------------------------------------ |