Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Edification

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CROISSANCE



Croissance: une loi de vie, pour la vie spirituelle comme pour la vie naturelle! Aucune puissance ne peut entraver cette loi de croissance organique que le Créateur a déposée en germe dans toutes les formes supérieures de la vie sans qu'il y ait dégénérescence ou perte de vie.
C'est pourquoi l'Écriture nous dit:  

«Que vous croissiez à tous égards, en celui qui est le Chef, Christ.» Eph. 4: 15. 

«Croissez dans la grâce et la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.» II Pier. 3: 18. «... que vous croissiez pour le salut...» I Pier. 2: 2. 



I. – Condition préalable de croissance 

Ainsi qu'une plante doit être plantée pour croître, qu'un enfant doit être né pour grandir, ainsi faut-il être né à la vie de Dieu pour grandir et atteindre la stature parfaite de l'homme fait. Car la croissance de l'être spirituel n'est pas une édition corrigée et renouvelée de la vieille nature: c'est un développement permanent et continu d'une nouvelle création. Voir: Il Cor. 5: 17; Gal. 6: 15. Nous ne devenons pas enfants de Dieu par évolution, nous le sommes par la nouvelle naissance (I Jean 3: 2), mais ce que nous serons n'a pas encore été manifesté (à savoir: l'homme accompli. Eph. 4: 12-13). 



II. – Moyens d'activer notre croissance 

Nous ne pouvons pas provoquer, ni hâter la croissance elle vient de Dieu. 

Lire: Matth. 6: 27-28; Col. 2: 19. 

a) Nous croissons automatiquement. La vie mise par Dieu en nous est en elle-même une puissance de croissance; croissance organique, c'est dans notre nature même de croître. Lire: Marc 4: 26-28; Matth. 6: 28. 


b) Nous croissons en demeurant dans les conditions de croissance. Ainsi qu'une plante trouve ce dont elle a besoin: eau, air, lumière au lieu où elle est plantée, ainsi nous trouvons en Christ et dans sa parole la nourriture appropriée à nos besoins. Lire: Dent. 8: 3; Jean 6: 32, 33, 35, 51; 1 Pierre 2: 2. Cette nourriture ira se modifiant à mesure que l'être spirituel croît; elle correspondra toujours au degré des différents âges de la vie spirituelle. 

Lire: Hébr. 5: 12-14; 1 Cor. 3: 1-2. 


c) Nous croissons en vertu de la loi de toute croissance en passant par le processus de la mort selon Jean 12: 24. Sans doute, cela ne va pas sans souffrance, mais on grandit: progressivement, selon le programme de Dieu, jusqu'au terme de la croissance, la parfaite stature de Christ. 

Lire: Col. 3: 11; Eph. 4: 11-15; Col. 1: 27-28. 



III. – Domaines de croissance   

Nous n'avons pas à croître dans la justification. 

Lire: II Cor. 5: 21; 

la justice imputée du Christ est pleinement suffisante. 

Nous n'avons pas à croître dans notre position d'enfants de Dieu. 

Lire: 1 Jean 3: 2. 

Mais il nous faut: 

a) croître dans la grâce. Voir: II Pier. 3: 18. 

étant libérés toujours davantage de la loi. Puisque c'est Dieu qui produit en nous le vouloir et le faire, c'est Dieu qui sanctifie, c'est Dieu qui donne tout: amour, foi, etc. Nous n'avons qu'à prendre de sa plénitude grâce sur grâce: grâce du pardon, de la sanctification, du service, de la souffrance, de la mort à nous-mêmes. 

  

b) croître dans la connaissance. Voir: Col. 1: 10; Hébr. 5: 12-14; Jean 17: 3. 

que Dieu nous devienne grand! que par les yeux éclairés de notre coeur nous comprenions la parole prophétique et le merveilleux plan de Dieu avec l'humanité 

  

c) croître dans la foi. Voir: Il Th. 1: 3. 

ajouter pierre à pierre à l'édifice de notre foi jusqu'à ce qu'elle devienne cette «grande foi» qui réjouit le Seigneur. Voir: Certitudes de la foi. 

  

d) croître à tous égards dans le Chef, Christ. Voir: Eph. 4 .15. 

Ne pas se borner à connaître le Christ qui pardonne, sauve et bénit (II Cor. 5: 16), mais le Christ glorieux à qui tout est soumis et qui viendra juger les vivants et les morts. 


Conclusion 

Es-tu né de nouveau à la vie de Dieu? Demeures-tu dans les conditions de croissance de la vie spirituelle? Alors elle se développera harmonieusement selon la belle parole du psalmiste: «Les justes croissent comme le palmier, Ils s'élèvent comme le cèdre du Liban. 


Plantés dans la maison de l'Éternel, 

Ils prospèrent dans les parvis de notre Dieu. 

Ils portent encore des fruits dans la vieillesse, 

Ils sont pleins de sève et verdoyants.» Ps. 92: 13-15.


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UN CULTE OECUMÉNIQUE POUR LES ANIMAUX!


Un culte oecuménique pour les animaux a été célébré le lundi de Pentecôte 1989 près de Giessen en Allemagne fédérale. À côté d'une foule évaluée à 1500 personnes on avait rassemblé des chiens, des chevaux, des lapins, des cobayes, des tortues, des boeufs... Ce culte qui a duré deux heures et demie a été organisé par le mouvement Akut (Aktion Kirche und Tiere = Action Église et animaux).

Des théologiens protestants, catholiques et anglicans y ont participé et les animaux ont été appelés nos frères et soeurs inférieurs. Le pasteur anglican James Thompson s'est adressé aux protecteurs ecclésiastiques des animaux en leur disant: Vous lancez une nouvelle réformation. Ces ecclésiastiques se plaignent du fait que les animaux qui avaient trouvé une place dans l'Arche de Noé, n'en trouvent point dans la prière et la liturgie des églises!

Aux chants et aux prières se sont mêlés les aboiements des chiens et les cris d'autres animaux. les prêtres et pasteurs ont passé entre les bêtes en les caressant pendant que l'on prononçait la bénédiction en ces termes: Que notre Seigneur Jésus-Christ, le bon Berger, l'Agneau de Dieu, te bénisse, toi et tout ce qui vit!

Selon IDEA

© La Bonne Nouvelle No 2 / 1990

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DANGERS QUI GUETTENT LES CHRÉTIENS ÉVANGÉLIQUES


L'existence du bien et du mal, de la vérité et de l'erreur, est reconnue par tous les hommes, mais tous ne les identifient pas de la même manière. Beaucoup se fient aux traditions reçues ou aux croyances généralement admises. Les chrétiens évangéliques possèdent la Parole de Dieu. Pour eux, les Saintes Écritures sont le critère infaillible. Face aux dangers qui les guettent, ils devraient toujours à nouveau se poser la question: «Mais que dit l'Écriture?»

Il nous est impossible de mentionner tous les dangers. Il en surgit sans cesse de nouveaux car Satan est inventif pour essayer de tromper les rachetés. Mais il est de notre devoir d'avertir les chrétiens dans la mesure où le Seigneur nous a éclairés. En suivant l'exemple du Seigneur (Mat. 23), les apôtres ont averti leurs auditeurs et leurs lecteurs: Pierre (Il Pierre 2), Paul (I Tim. 1:20; II Tim. 2:16), Jean (III Jean 9-10). Quelquefois ils ont même cité le nom des personnes dangereuses. Ne pas avertir est coupable et constitue un crime de non-assistance à personne en danger.

Nous supposons que nos lecteurs sont attachés à la foi biblique, nous ne nous occuperons donc pas de faire l'apologie du christianisme. Nous citerons seulement deux versets qui montrent le caractère exclusif du christianisme: Jésus dit: «Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi» (Jean 14: 6), «Ta Parole est la vérité» (Jean 17: 17) et nous rappelons le solennel avertissement donné dans Apocalypse 22: 18-19 qui s'applique à toute la révélation.


Le libéralisme

L'oecuménisme

Le catholicisme romain

Les Témoins de Jéhova

Les Adventistes

H. W. Armstrong

Les Mormons

La Science Chrétienne

Le Nouvel Age

Le Néo-évangélisme

Les regroupements avec des églises

La conformité au monde

C.R.I.E.

B.P. 1422 F-68071 Mulhouse-Cedex

©La Bonne Nouvelle  4/96

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LA DÉCLARATION DE DANVERS


L'homme et la femme selon la Bible



I LES MOTIFS

Les raisons suivantes d'ordre culturel et éthique sont à l'origine de la présente Déclaration:

1. l'incertitude et la confusion qui prévalent en ce qui concerne la complémentarité homme/femme;

2. les effets tragiques de cette confusion sur le mariage tel que Dieu l'a voulu;

3. la poussée égalitaire qui incite à déformer ou à négliger l'heureuse harmonie, dépeinte dans les Écritures, qui doit s'établir entre l'autorité empreinte d'humilité et d'amour d'un mari racheté par la grâce et l'aide volontaire et intelligente de son épouse, elle aussi rachetée par la grâce;

4. l'attitude couramment ambiguë à l'égard de la maternité, de la vocation de mère au foyer et des ministères nombreux habituellement assumés par les femmes;

5. la légitimation de relations sexuelles traditionnellement et bibliquement réprouvées et l'essor de la pornographie, qui favorisent la diffusion d'une vision perverse de la sexualité humaine;

6. le développement de relations incestueuses;

7. l'attribution, aussi bien à des femmes qu'à des hommes, de rôles dans la direction de l'Église, ce qui est non conforme au modèle biblique et dommageable pour le témoignage évangélique fidèle;

8. la tendance croissante à réinterpréter des textes apparemment simples à comprendre en utilisant des principes herméneutiques de plus en plus complexes;

9. la menace qui pèse sur l'autorité de l'Écriture puisque la clarté de celle-ci est contestée et que son message est de plus en plus inaccessible aux laïcs mal avertis des techniques sophistiquées d'interprétation;

10. et, derrière tout cela, la concession faite, par certains dans l'Église, à l'esprit du siècle qui ruine le statut spécifique de l'Écriture par une interprétation en accord avec la culture mal en point de notre temps, alors que celle-ci aurait plutôt besoin d'être réformée par la puissance du Saint-Esprit.



II. LES OBJECTIFS

Conscients de notre péché et de notre faillibilité comme aussi de l'authenticité des convictions évangéliques de beaucoup de ceux qui ne partagent pas la totalité des nôtres, et persuadés que la belle vision biblique de la complémentarité des sexes peut encore être accueillie par le coeur et l'esprit des membres de l'Église, nous nous engageons à poursuivre les objectifs suivants:

1. étudier et exposer les perspectives bibliques concernant la relation homme/femme, principalement dans la famille et dans l'Église;

2. favoriser la publication de textes à plusieurs niveaux de difficultés de lecture;

3. exhorter les talcs à étudier et à comprendre pour eux-mêmes l'enseignement des Écritures sur la relation homme/femme, notamment en en faisant ressortir le pourquoi;

4. encourager une application pratique réfléchie et sensible de ces perspectives bibliques;

5. et par là,

  • – apporter la guérison aux personnes et aux relations blessées par une mauvaise compréhension de la volonté de Dieu en ce qui concerne les natures respectives de l'homme et de la femme; – aider les hommes et les femmes à s'investir pleinement dans leur ministère grâce à une bonne compréhension des rôles particuliers confiés par Dieu aux uns et aux autres;
    – favoriser la diffusion de l'Évangile, parmi tous les peuples, par le témoignage de relations conformes au modèle biblique et susceptibles ainsi d'attirer l'attention d'un monde déchiré.



III. LES AFFIRMATIONS

Selon notre compréhension des enseignements de la Bible, nous affirmons que:

1. Adam et Ève ont été créés l'un et l'autre à l'image de Dieu, égaux devant lui en tant que personnes et distincts en raison de leur sexe;


2. la différenciation des fonctions selon le sexe est voulue de Dieu et fait partie de l'ordre créationnel; elle devrait donc susciter un écho dans chaque coeur humain;


3. l'autorité d'Adam dans le couple a été établie par Dieu avant la Chute; elle n'est pas la conséquence du péché


4. la Chute a provoqué des distorsions dans les relations entre l'homme et la femme: 

    dans la famille, l'autorité humble et aimante du mari tend à faire place soit à l'autoritarisme, soit à la démission; la soumission intelligente et volontairement consentie de l'épouse se teinte de plus ou moins de servilité ou usurpe l'autorité de son mari; – dans l'Église, le péché pousse les hommes soit à désirer un pouvoir temporel, soit à abdiquer leurs responsabilités spirituelles, et les femmes à s'élever contre les limitations mises à leur fonction ou à négliger d'exercer leurs dons dans un ministère particulier;
    – l'Ancien Testament aussi bien que le Nouveau Testament attestent que Dieu reconnaît la même valeur et la même dignité à l'homme et à la femme. L'un et l'autre énoncent le principe de l'autorité de l'homme comme chef dans la famille et dans la communauté de l'alliance, l'Église.

6. La rédemption en Christ a pour objet de supprimer certaines distorsions introduites par la Chute:

    dans la famille, le mari doit renoncer à exercer une autorité dure et égoïste et apprendre à aimer son épouse et à prendre soin d'elle; l'épouse doit renoncer à contester l'autorité de son mari et apprendre à s'y soumettre de façon volontaire et joyeuse; – dans l'Église, homme et femme ont également part aux bénédictions acquises par Christ à la croix; toutefois, certaines fonctions d'enseignement et de direction ne sont accessibles qu'aux hommes;

7. Christ est l'autorité et le guide suprême des hommes comme des femmes en tous domaines; aussi aucune soumission à une autorité humaine – domestique, religieuse ou civile – ne peut-elle aller jusqu'à commettre un péché.


8. l'appel sincère à exercer un ministère ne peut jamais justifier la mise à l'écart des critères bibliques; l'enseignement biblique doit toujours, en effet, être la norme permettant de tester le discernement subjectif de la volonté de Dieu;


9. étant donné

     – que  la moitié de la population mondiale n'est pas touchée par l'évangélisation indigène, – que même dans les sociétés où l'Évangile a été prêché, il y a encore d'innombrables personnes perdues,
    – qu'il existe dans le monde tant de malheureux sans abri, solitaires, souffrant de maladie, de malnutrition, d'analphabétisme, d'ignorance, de toxicomanie, de crimes, d'emprisonnement, de maladies mentales, aucun homme, aucune femme se sentant appelé par Dieu à faire connaître sa grâce par un témoignage à la fois verbal et pratique, ne doit accepter de vivre sans exercer un ministère lui permettant d'utiliser pleinement ses dons à la gloire du Christ et pour le bien de ce monde déchu;

10. nous sommes persuadés que rejeter ou négliger ces principes aura immanquablement des effets de plus en plus nocifs sur la vie de nos familles, de nos Églises et sur notre culture au sens large du terme.

 


* La déclaration de Danvers a été élaborée par une trentaine de responsables «évangéliques» américains lors d'une réunion du CBMW (council for Biblical Manhood and Womanhood) à Danvers (Massachussetts, États-Unis) en décembre 1987. Elle a été publiée en novembre 1988. Reproduite ici avec l'aimable autorisation de «La revue réformée» d'Aix-en-Provence.


© La Bonne Nouvelle 4/95

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DES CHOSES ESSENTIELLES OU SECONDAIRES?


 

On entend toujours à nouveau dire que si l'on veut collaborer entre églises et chrétiens de différents milieux et éviter les tensions il ne faut pas discuter sur des choses secondaires qui risquent de diviser. Mais on n'est souvent pas d'accord pour établir ce qui est effectivement secondaire. Ceux qui n'ont qu'une vue superficielle de l'enseignement biblique simplifient la question à l'extrême en considérant que l'évangélisation est l'essentiel et que tout le reste est secondaire. Encore faudrait-il bien définir ce que chacun entend par évangélisation. Il est vrai que l'apôtre Paul disait aux Corinthiens qu'il ne fallait pas discuter les opinions (Rom. 14: 1), mais il s'agissait là de points de vue différents sur le manger de la viande ou des légumes et sur la distinction que faisaient certains entre les jours. Il existe donc sans aucun doute des choses secondaires au sujet desquelles on peut admettre plusieurs avis (Phil. 3: 15) ou convictions personnelles (Rom. 14: 5), pour autant que cela ne porte pas préjudice à la Parole de Dieu. Le déroulement ou la forme du culte, la façon de célébrer le mariage ou autres solennités, la procédure du choix des anciens, diverses interprétations prophétiques, etc. peuvent être classés dans cette catégorie.


Mais lorsqu'il s'agit de l'inspiration et de l'inerrance des Écritures, de la création de l'homme et de la femme, du baptême et de la cène bibliques, de la notion d'église, des rôles différents confiés à l'homme et à la femme dans l'église, etc. il ne peut plus être question de choses secondaires. Si l'on met en doute dans de tels domaines ce que dit l'Écriture on sape son autorité, et tout enfant de Dieu qui désire être respectueux des Écritures devrait prendre position contre de telles déviations, au risque de déplaire et d'être mis à l'index par ceux qui sont pour plus d'ouverture!


Voici, par exemple, comment on a voulu régler ce problème dans le mouvement international et interconfessionnel O. M. (Opération Mobilisation). D'après ses «Principes de coopération» (Love Europe, O. M.Suisse), on demande aux jeunes équipiers de ce mouvement de mettre de côté les différends sur les points qu'on y estime être d'importance secondaire, tels que le baptême, les dons de l'Esprit, la direction de la communauté, la place de la femme, le retour de Christ. O. M. refuse de prêter son concours à une église qui ne collabore pas avec d'autres églises à cause de ces divergences.

Cela signifie, si nous avons bien compris, que pour s'engager dans une activité commune avec O. M. il faut accepter de collaborer avec des communautés pédobaptistes (qui pratiquent l'aspersion des nourrissons, comme c'est, par exemple, le cas dans les paroisses protestantes), ainsi qu'avec des milieux charismatiques et pentecôtistes, ou avec ceux qui admettent le ministère pastoral féminin... toutes choses considérées par O. M. comme secondaires. En outre, il faut s'abstenir d'influencer les convictions des autres équipiers et éviter dans les messages et les conversations les points de controverse. Ce n'est qu'au prix de telles restrictions ou limitations qu'il est possible de travailler avec O. M. c'est comme si l'on avait voulu éliminer d'avance tout candidat fermement attaché à certaines vérités bibliques gênantes pour d'autres, ce mouvement, autrefois connu pour sa position fondamentalement biblique, se serait-il élargi au point de s'engager dans une voie qui mène inexorablement dans une certaine confusion oecuménique?


L'exclusion des questions dites secondaires permet à ce genre de mouvements de collaborer avec les charismatiques, les pentecôtistes, les adventistes, les paroisses protestantes et jusqu'aux catholiques, comme ce fut le cas dans la campagne «Mission Monde 93» avec Billy Graham. On a déclaré qu'en dessous de 3000 participants les grands congrès sont financièrement irréalisables. Faut-il donc rogner certains principes bibliques pour obtenir les plus grands rassemblements possibles?

La tendance qui prévaut aujourd'hui, c'est de retenir un minimum de points de doctrine pour pouvoir s'associer à un maximum de personnes et d'organisations, parce que l'on vise le nombre ou la quantité, plutôt que la qualité par la proclamation et l'acceptation de toute la vérité. On laisse entendre que tous les groupements et mouvements concernés ont reçu certaines vérités, que chacun possède une facette de la vérité*, ce qui revient à dire qu'il faut réunir toutes ces facettes pour posséder l'entière Vérité. En l'occurrence, ce calcul nous paraît faux, mais à ceux qui désirent réaliser une plus vaste collaboration il paraît juste et prometteur. Nous pensons toutefois qu'il faut se garder de décréter arbitrairement ce qui dans l'enseignement et la pratique apostolique est essentiel ou secondaire, et que l'Écriture doit rester notre seul critère en la matière.


Passer sous silence ce qui sépare, ou interdire de parler de ce qui chez les uns et les autres semble bibliquement insoutenable, est tout à fait contraire aux principes et à la pratique de l'apôtre qui disait: «Je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu sans en rien cacher» (Actes 20: 27). Retenons l'exemple des Béréens dont il est dit qu'ils examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu'on leur disait était exact (Actes 17: 11). Ne sacrifions pas la vérité à l'unité au nom d'une certaine – ou incertaine – notion «d'amour» en vue de rassembler le plus grand nombre possible de personnes et d'églises de toutes tendances.

J. H.

.

* Selon Mike Evans, à l'époque responsable d'O. M. France. (Voir «Évangéliques, où allons-nous?» dans la B.N. 4/88 p. 54, sous le sous-titre «A chacun une facette de la vérité? >,).

 

© La Bonne Nouvelle 5/94

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LES PRÉMICES POUR DIEU


En France, les pâtisseries et confiseries sont ouvertes le dimanche, car les Français sont des gourmands de première, ils veulent leurs croissants chauds et leurs pâtisseries fraîches du jour.

Le plus gros chiffre d'affaires se réalise le dimanche. Alors, un chrétien pâtissier doit se battre pour faire admettre à ses clients que ce jour est le jour du Seigneur et qu'il passe avant la gourmandise et l'argent. Ses clients ne se privent pas de ridiculiser une attitude de ce genre.

Pendant trois années, je me suis battu pour cela, cherchant toutes les solutions au problème. Pourtant, une seule était la bonne, car le Seigneur veut nos prémices.

Dans la plupart de nos pays européens, le dimanche est le jour du rassemblement des chrétiens pour célébrer le culte et le repas du Seigneur. C'est le partage du pain de vie et du vin qui signifie notre purification, la coupe de l'alliance nouvelle et éternelle établie par notre Sauveur Jésus-Christ. Ce repas est pour moi bien plus important que de gagner de l'argent en satisfaisant les gourmands de petits pains chauds.

Nous avons décidé, mon épouse et moi, de fermer boutique le dimanche, ceci en pleine saison 1982. Avec la ferme assurance que cette parole de Paul: «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?» est une promesse de Dieu, nous avons saisi par la foi que Dieu pourvoirait à nos besoins tous les jours de notre vie, de sorte que, même si nous perdions une petite partie de notre clientèle, ce n'était pas le plus important. Nous pouvions bien faire cela pour notre Sauveur mort sur une croix pour nos péchés, nous qui ne méritions rien, misérables avant de le connaître. Et cela en vaut la peine, car dans la semaine suivante, le Seigneur répondit d'une manière inattendue et surprenante. «Quand je suis faible, c'est alors que je suis fort» (2 Cor 12.10).

Voici comment le Seigneur répondit: Un coup de téléphone; je décroche; au bout du fil, mon concurrent le plus direct me demande de reprendre sa clientèle de demi-gros qu'il livrait le vendredi et le samedi, vu que lui-même s'arrêtait pour diverses raisons. Je fus tout d'abord abasourdi; puis je compris que la main de Dieu agit pour ceux qui lui font confiance dans les plus petites choses comme dans les grandes. Notre chiffre d'affaires de la saison 82 fut le double de nos prévisions. Nous remercions Dieu par Jésus-Christ, qui intercède pour tous ceux qui se confient en lui. Dieu est un Dieu jaloux, il veut que nous lui donnions nos prémices, ne l'oublions pas. Le Seigneur est bon et vivant. Ce que nous avons vécu en est la preuve.

J. S. T.

Note de la rédaction: Nous transmettons ce témoignage à nos lecteurs pratiquement tel que nous l'avons reçu, avec toute la fraîcheur de sa spontanéité.

©  Promesses  1985 - 1 / No 72

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DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE



L'expression de «discipline ecclésiastique» n'apparaît pas explicitement dans le Nouveau Testament.
Sans doute est-ce pour cela que plusieurs théologiens tant catholiques que protestants en récusent l'idée, affirmant que l'essence de l'Église exclut par là toute sorte de Droit. L'Église, en tant que communauté charismatique serait incapable d'avoir une organisation juridique et R. Bultmann, à la suite de Sohm,  admet que la structure juridique est toujours en opposition avec l'essence de l'Église, quand les prescriptions juridiques n'ont plus seulement des fonctions régulatrices mais revêtent un caractère constitutif.R. Bultmann, Théologie des Neuen Testaments (Tubingue, 1965), 456.



E. Käsemann, quant à lui, souligne, qu'il n'a existé dans la chrétienté la plus ancienne aucun Droit interne à la communauté, aucun Droit administratif, disciplinaire ou Droit sacré. E. Käsemann, Un droit sacré dans le Nouveau Testament: Essais exégétiques, traduit par D. Appia (Neuchâtel, 1972), 226-241.  Le Nouveau Testament ne nous transmettrait que «des directives historiquement conditionnées... mais pas de prescriptions juridiques...». E. Schüssler-Fiorenza, in Concilium 127, «Jugement et tribunal dans les communautés du NT» On a beau jeu, alors, d'évoquer les jours sombres de l'Inquisition, le radicalisme du catholicisme romain par le biais du Droit canon, À ce sujet, il faut noter que le nouveau code catholique du droit canon entrant en vigueur en novembre 1983 réduit le nombre des excommunications automatiques de 42 à 7 (Sic).  l'intransigeance calviniste ou le rigorisme darbyste, pour se réfugier derrière les paroles de l'Ecriture: «Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté» (2 Co 3. 17), et de rappeler la force de l'amour qui croit tout, excuse tout ( 1Co 13). L'humilité et la tolérance devraient nous caractériser et prouver notre obéissance à la parole du Seigneur de l'Église: «Tu ne jugeras point» (Mt 7.12).
Il est vrai que si nous définissons la discipline sur les seules bases de la pratique réformée et catholique des XVIe et XIXe siècles, nous risquons d'en dégager une notion étriquée et négative. Notre première tâche sera donc de définir ce que nous appelons «discipline ecclésiastique».


Tentatives de définition

Nous l'avons dit plus haut, l'expression «discipline ecclésiastique» n'apparaît pas dans le Nouveau Testament, même si certains termes comme taxis ( 1 Co 1 4. 40); elegmos ou epanorthôsis (2 Tm 3. 16) pourraient être traduits sans trahison par «discipline». Et les nombreux verbes comme «juger», «reprendre (sévèrement)», censurer (epitimao, 2 Tm 4.2) attestent la réalité de l'exercice de la discipline.

L'expression «discipline ecclésiastique» a été forgée par les Réformateurs: Bucer, dans sa «Déclaration familière sur le second livre des Psaumes» dédiée à François 1er et au dauphin, définit l'Église comme «la communauté de ceux qu'unissent la Parole, les sacrements, l'amour et la discipline», et Calvin dans «Institution Chrétienne  Jean Calvin, Institution Chrétienne IV/XII, 1.  la compare aux «nerfs (...) en un corps pour unir les membres et les tenir chacun en son lieu et son ordre». La discipline est «comme une bride pour retenir et dompter ceux qui sont rebelles à la doctrine, et comme un éperon pour piquer ceux qui d'eux-mêmes sont tardifs et nonchalants; ou bien quelquefois comme une verge paternelle, pour châtier doucement et avec une mansuétude chrétienne ceux qui ont failli plus gravement».

Plus proche de nous, le théologien Klaas Runia la désigne comme «la censure, par les responsables de l'Église, des membres qui ont commis un péché grave et refusent de se repentir». Klaas Runia, cité par Henri Blocher in pastorale des Eglises Évangéliques Arméniennes, 1977.
La théologie catholique, quant à elle, admet un sens large – à ce moment-là elle se confondra avec le droit canon – et un sens plus étroit – ce sera la correction des coupables – (par la pratique de la pénitence). P. Fourneret, Dict. de Théologie catholique. art. Discipline.  l’examen des textes bibliques nous permettra de vérifier l'exactitude ou non de ces diverses définitions.



Raccourcis historiques

L'histoire de la discipline ecclésiastique est encore l'objet de discussions; A. Von Harnack a tenté de démontrer que l'Église catholique s'était arrogée un droit d'absolution étranger à l'Evangile. A. Von Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte T 1; 409-410; 439-444.  Réagissant contre cette position, A. Loisy a voulu souligner que la discipline s'était développée pour aboutir au sacrement de pénitence, par nécessité historique, le baptême s'étant pour ainsi dire dédoublé.

Dans la période post-apostolique, au moins depuis le IIe siècle, la discipline a pour objet de procurer au pécheur repentant le pardon des fautes commises après le baptême. C'est à ce moment que l'on dresse un catalogue de péchés mortels: c'est l'époque de la pénitence antique, long procédé qui se déroule en trois temps et dont l'objectif final est la réconciliation et la réintégration dans l'Église. S'il y a excommunication, elle est purement symbolique (privation de l'eucharistie) car le pénitent, loin d'être rejeté, a une place privilégiée au sein de la communauté chrétienne; elle intercède pour lui et l'entoure de sa sollicitude. Mais, ne nous y trompons pas, c'est l'équivalence d'une mort civile dont nombre d'interdits subsisteront après la réconciliation.


En résumé, cette période de l'histoire de l'Église, même si elle concentre son attention sur trois péchés principaux (meurtre, fornication, idolâtrie) considère le péché comme quelque chose de grave, et garde un sens précis de la distinction entre l'Église et le monde.

Dans le haut Moyen-Age s'instaure ce que l'on appellera la «pénitence tarifée». Elle s'enracine dans la spiritualité vigoureuse des premiers monastères irlandais, et consiste en une confession périodique privée, sans référence à la communauté; la pénitence peut elle-même demeurer privée, ainsi que l'absolution qui peut être prononcée avant l'accomplissement de la pénitence. Dès le VIIIe siècle, ce système se retrouve sur le continent. À ce moment-là, on assiste à la taxation des fautes, selon une technique comparable à la composition légale. Le tarif pénitentiel consiste essentiellement en jours de jeûne. La pénitence est réitérable (la pénitence antique ne l'était pas) et les pécheurs absous et repentis sont réintégrés sans séquelles.


Le développement le plus significatif de cette époque, c'est l'intégration au Droit civil du Droit religieux. Sixte IV en 1484 décrète que l'absolution doit être confirmée par les tribunaux civils. Mais c'est aussi la dévaluation de toute pratique disciplinaire à cause des abus de l'Église romaine. Même le concile de Trente devra réagir et en préciser les limites. Les Réformateurs n'en auront que plus de mérite à garder, par fidélité à l'Écriture, le principe de la discipline ecclésiastique.


La Réforme prend très au sérieux cette question. Certes, Luther n'institue pas formellement une discipline ecclésiastique. Le premier Kirchenordnung de Wittemberg en 1533 ne contient aucune règle en matière de pénitence, de confession et d'exclusion. La peur de Luther, c'est que l'on, retourne aux abus de l'Église catholique. Ce refus quasi constant de préciser sur ce point son ecclésiologie explique en partie le fait qu'après la Réforme, la discipline ait été exercée dans les pays luthériens par... l'État; Luther n'avait-il pas déclaré que «la discipline ecclésiastique serait superflue si l'État était parfait dans son application de la loi». William Klassen, The Forgiving Community (Philadelphia, Westminster Press_ 1966), 180. Cité par M. Jeschke, op. cit.

Les autres Réformateurs agiront différemment. Zwingli n'hésite pas à y consacrer un article entier dans Auslegung und Begründung der Schlussreden. Ce qu'il y a de remarquable, c'est l'usage que l'Église fait des Autorités civiles. Les magistrats appliquent, comme des anciens dans l'Église, la discipline: ils sont l'appareil exécutif de l'organisation ecclésiastique. Martin Jeschke, Discipling the Brother (Herald Press Scottdale, 1976).  Calvin, sans contestation possible, demeure celui qui est allé le plus loin. Il en fait la condition de son retour à Genève en 1541, et en instituant un consistoire de 12 membres, il souligne fortement la séparation et l'indépendance de l'Église vis-à-vis de l'État.

Cette distinction fut, peut-être, plus théorique que pratique. Le consistoire ne disposant pas du pouvoir pénal, il n'applique que des peines spirituelles (blâme, rejet momentané, excommunication), mais il peut livrer les pécheurs récalcitrants aux Autorités civiles (dont beaucoup d'anciens font partie): celles-ci infligeront alors les châtiments prévus par la loi (amende, prison, exil, mort). Karl Heussi / Éric Peter, Précis de l'histoire de l'Église (Delachaux et Niestlé), 155.

Quoi qu'il en soit, Calvin a réellement en vue une discipline qui soit une autorité dans, par et pour l'Église elle-même. Cela «présuppose une doctrine précise de l'Église, de son unité, de ses relations avec le monde, de ses ministères, de sa pureté comme de son humanité».  Pierre Bonnard, «La discipline ecclésiastique selon le Nouveau Testament» in Centenaire de la Faculté de Théologie de l'Église Evangélique Libre du canton de Vaud (Lausanne, 1947).
Dès lors, on retrouvera tant chez les anabaptistes que chez les moraves, les méthodistes et les mouvements de réveils, une insistance sur la nécessité d'exercer une discipline dans l'Église, ou en tout cas une attention réelle à son sujet. Les Églises, fruit du travail missionnaire, maintiennent une pratique vigoureuse. Mais, depuis plus d'un siècle déjà, on constate en Occident une désaffection progressive vis-à-vis de la discipline, celle-ci étant considérée comme incompatible avec l'amour fraternel. Cette tendance, qui est tout à fait cohérente avec certains courants théologiques modernistes, s'observe aussi malheureusement dans la vie pratique de bien des communautés «évangéliques». Le terme et la réalité qu'il représente sont perçus, instinctivement, comme appartenant à une époque révolue! Pourtant, on peut noter, ici ou là, un désir de réflexion et de redressement, et des voix se font entendre en faveur d'une restauration de la discipline qui soit conforme à l'enseignement des Ecritures Par exemple: E. Brunner, F. John Taylor, Gerhard Ebeling... cité in Martin Jescke, op. cit.



Retour aux sources

La communauté chrétienne a connu, dès les origines, un processus tendant à écarter les membres insoumis aux exigences de la Parole. De nombreux textes le montrent: 1 Corinthiens 5.5- 13; 6. 1-11; Actes 5. 1-11; 1 Timothée 1. 18 -20; 2 Thessaloniciens 3; Tite. Les écrits, comme la Didachê, l'épître de Barnabas, font apparaître l'exercice de la discipline comme une fonction normale de l'Église.

L'Église a un gouvernement (1 Th 5. 12) et peut châtier les opposants (2 Cor 13. 3 – 10). Il convient cependant de noter que jamais l'Église ne s'arroge le droit de juger de façon définitive: un tel jugement appartient à Dieu. Ne pas juger de la sorte (Mt 7. 12), c'est en fait mettre en valeur le droit propre de l'individu qui ne relève que de Dieu.

Dès l'instant où l'on franchit cette limite, on empiète sur les prérogatives de Dieu. L'ensemble du Nouveau Testament fait d'ailleurs bien ressortir que le «jugement», parce qu'il appartient à Dieu, ne peut être compris qu'en rapport avec le jugement eschatologique de Dieu et la justification. Cf. F. Büchsel, Theologisches Wörterbuch zum NT. III (Stuggart, 1959), cité par E. Schüssler-Fiorenza in Concilium 127.


Voilà pourquoi un texte comme celui d' I Cor 5, où l'apôtre Paul «livre à Satan pour la perte de la chair afin que l'esprit soit sauvé au jour du Seigneur» (2- 13), loin de nous décontenancer, nous permet d'apprécier la fonction spécifique de la discipline qui n'implique jamais la formulation d'une condamnation irrémédiable: le «jugement», c'est-à-dire la condamnation éternelle est une prérogative divine, tandis que l'exclusion de l'Église locale ne soustrait pas le pécheur à la grâce de Dieu; c'est plutôt l'Église qui est soustraite à l'influence pernicieuse du pécheur. On voit alors que la discipline s'exerce en faveur de l'individu aussi bien que de la communauté. La source de la contamination doit être écartée ( 1 Co 5.7; 1 Tm 1.3-4) et, pour le bien de la communauté, Paul demande à Timothée de reprendre les coupables devant tout le monde «afin que les autres en éprouvent de la crainte» ( 1 Tm 5. 20).

Il n'est pas question d'«enfoncer» ou d'écarter quelqu'un: «dans le cas où quelqu'un serait pris en faute, vous, les spirituels, rétablissez-le en esprit de douceur» (Ga 6. 1). Point de place pour la vengeance ou l'esprit de domination. La discipline exprime l'amour divin et la solidarité des membres du corps de Christ. D'une certaine façon, elle accomplit la fonction microbienne des globules blancs dans un corps sain.  Gaston Ray, «La discipline, fonction de l'Église», in Verbum Carn IX, 34 (1956), 80.
C'est donc une réaction nécessaire qui vise à rétablir dans son intégrité première le corps de l'Église et le membre souffrant. L'examen plus précis de Matthieu 18 nous le montrera.



Fondement scripturaire

Matthieu 18. 15 – 18 constitue le texte fondamental, pour deux raisons. Il s'agit de paroles rapportées comme étant de la bouche même du Christ et ce sont les seules indications qui nous sont données pour entrer dans un processus systématique. Dans les limites de cet article, nous n'entrerons pas dans la discussion sur l'authenticité de ces versets, contestée par certains théologiens. Qu'il suffise de noter en passant que si le problème a été soulevé par plusieurs et non des moindres, rien cependant n'autorise à penser que Jésus ne soit pas l'auteur de ces paroles. Cf. Bonnard in «La Discipline ecclésiastique», op. cit.: «Nous considérons... (ces versets... tout autant comme des témoins de l'ecclésiologie du christianisme primitif que comme des paroles de Jésus». Par ailleurs, ces versets trouvent un parallèle dans La Règle qumranienne (1 QS 5.26 ss).

Ce chapitre 18 de Matthieu peut se subdiviser en deux parties, dont surtout la seconde ( 15 – 35) concerne la vie communautaire. Notons, cependant, que la première section (1-14) comprend d'abord un enseignement sur la véritable grandeur dans le royaume (1-5). Celle-ci ne peut être que le fruit de l'humilité (devenir comme un enfant) et du retour au Père.

Suit un second enseignement sur le scandale vis-à-vis des petits, amplifié par la parabole de la brebis perdue pour laquelle le berger laisse les 99 autres jusqu'à ce qu'il l'ait trouvée.

La seconde partie ( 15 – 35) débute par les versets qui nous intéressent: ce sont les paroles de Jésus présentant la procédure à utiliser vis-à-vis d'un frère qui a péché (15-18). Elle est suivie d'une assertion solennelle de Jésus, s'adressant à un «vous» abrupt et obscur. Les versets 21, 22 semblent tout à fait étrangers au sujet et soulignent l'efficacité de la prière «en son nom», tandis que les versets suivants reviennent sur le thème du péché et du pardon, avec pour point culminant l'affirmation que Dieu nous traitera à la mesure du pardon que nous aurons été capables d'accorder.


Le discours est donc de portée communautaire: la place même de la section concernant la discipline ecclésiastique au sein de ce chapitre tend à montrer que l'ordre chrétien, le Droit ecclésiastique est une démarche, une procédure, destinée à conduire au pardon du frère chrétien tombé dans le péché. Puisque Dieu a pardonné nos fautes, nous devons pardonner à ceux qui nous ont offensés. Apparaît ici «le principe de l'illimitation de l'amour», J. Gallot, «Qu'il soit pour toi comme la païen et le publicain», in Nouvelle Revue Théologique, décembre 1974. mais pas de façon inconditionnelle.


La question est de savoir quelle est la véritable nature de la discipline que ce texte préconise.

On lit mal le texte, nous semble-t-il, si l'on conçoit que l'objectif visé est résumé par le v. 17, que l'on interprète souvent comme une excommunication définitive. On ne répétera jamais trop qu'une décision disciplinaire prise dans l'Église ne revêt jamais de caractère irréversible: c'est dans sa nature même. Le v. 15 nous livre l'intention profonde: il s'agit de «gagner son frère»: comment pourrait-il en être autrement, alors que le verset précédent vient d'affirmer que «votre Père qui est aux cieux veut qu'aucun de ces petits ne se perde».


Ainsi le premier acte demandé, la première étape de la procédure reste résolument orienté vers la réconciliation: il n'y a pas rupture, et le «ton frère», deux fois employé dans le verset, le souligne. Le caractère privé de la démarche, qui tient l'ensemble de l'Église dans l'ignorance des fautes, ajoute encore à ce désir; tout est fait pour, sinon minimiser la faute, du moins éviter qu'elle ne prenne des dimensions disproportionnées. Quant aux reproches formulés, l'expression employée suggère plutôt la discussion; on essaye de raisonner ensemble pour établir le bien-fondé de la démarche, on fait appel aux bonnes dispositions de l'autre. Le «s'il t'écoute» en rend bien compte; la décision n'est pas imposée, la réconciliation n'est pas forcée. Elle est seulement possible, et «gagner son frère» va précisément signifier que l'on est arrivé avec lui à un point de vue commun, un assentiment total; l'absence de référence à l'Église, dans cette première étape, nous incite à restreindre le sens de l'expression à «la joie de gagner personnellement son frère en renouant des relations de bonne entente avec lui. Le but poursuivi est simplement la charité l'union fraternelle qui possède assez de valeur par elle-même pour être recherché comme telle, et qui est la condition essentielle de la communauté». Ibid.


La deuxième étape se caractérise par un recours à une ou deux personnes; c'est la seule qui soit justifiée par une parole de l'Ancien Testament (Dt 19. 15). cet appel ne vise pas encore à faire constater l'obstination du pécheur, dans l'optique d'un procès devant l'Église. La médiation demandée reste, là aussi, marquée par le désir de voir aboutir de façon positive la démarche commencée.

La troisième étape n'est engagée que dans la mesure où la précédente a été un échec. Ce n'est qu'à ce moment-là que l'Église peut – et doit – être informée. L'assemblée locale est appelée d'abord, notons-le bien, à porter un avis qui puisse amener le pécheur à changer de disposition.

Ensuite, et uniquement après, arrive la stipulation qui nous paraît décisive et qui est considérée comme la formule typique de l'excommunication.  Chez les catholiques, mais aussi chez les protestants; ainsi, par exemple, chez Grundmann, Das Evangelium nach Matthäus. (Berlin, 1968). 419.
Il nous faut rapprocher ce texte des propos de l'apôtre Paul en 1 Corinthiens 5 afin d'en bien comprendre le sens.


L'Église est chargée d'examiner la situation, d'essayer d'obtenir la repentance sincère et, si elle n'est pas «écoutée», de trancher pour que chacun des membres de l'Église sache comment se comporter vis-à-vis du frère qui refuse de se repentir et de changer de conduite. Cet enseignement de l'Écriture peut dérouter, voire choquer, en un temps de tolérance mal entendue, de permissivité.

La suite du verset est claire; chacun dans l'Église doit considérer le frère en cause «... comme un païen et un publicain». Il y a bien là l'expression d'une coupure radicale soulignée par Thomson à juste titre. W. Thomson, «Matthew's Advice to a divided Community», Analecta Biblica 44 (Biblical lnstitute Press, Rome, 1970), 1 85-186.  À partir de ce moment, le disciple n'a plus grand chose de commun avec le pécheur.

Mais on aurait tort de donner à l'expression une valeur péjorative qu'elle n'a pas. Jamais Jésus n'a méprisé les gens, et c'est sans doute son attitude bienveillante et accueillante à l'égard des païens et des publicains qui doit nous conduire dans notre compréhension de l'expression.

Dans son amour pour tous les hommes, le Christ dépasse les limites du judaïsme, et c'est cela qui s'exprime dans ce verset: «Traite avec lui comme avec un païen ou publicain» c'est-à-dire en dépassant un cadre juridique étroit pour recourir à tous les moyens de réconciliation possibles.

Ce qui, en premier lieu, peut apparaître, de nos jours tout particulièrement, comme une procédure légaliste correspond en réalité, à une procédure de miséricorde.

La triple démarche est à comprendre «à la lumière de la parabole qui précède, comme un effort pour réintégrer dans l'unité de la communauté celui qui s'en écarte. Il s'agit d'une mise en procédure humaine de la patience de Dieu».  Jean Radermakers, Au fil de l'Evangile selon Saint Matthieu, (Institut d'études théologiques, Louvain, 1972).  Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'entretien se termine sur la question du pardon et de la prière. C'est seulement à la lumière du pardon de Dieu reçu et de celui qu'il nous commande que la discipline prend son vrai sens. Voir Suzanne de Dietrich, Mais moi je vous dis. Commentaire de l'Évangile de Matthieu (Ed. Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1965).

La formule «lier et délier» serait intéressante à étudier, mais il y faudrait un article détaillé.  Voir entre autres: Bonnard, op. cit., et Lagrange, Évangile selon Saint-Matthieu (Gabalda) 328 ss, qui distingue cinq interprétations possibles; Karl Rahner, Écrits théologiques. tome Il (Desclée de Brouwer, 1960), l50 ss.  Lier peut se rapporter à la procédure entamée pour obliger le pécheur à reconnaître ses torts; délier à ce moment-là doit être compris comme la démarche qui le réintroduit dans le pardon. En fait, ce sont deux phases d'une même action, de la réaction face au péché. Il va falloir que l'Église prenne conscience que, par le péché, l'appartenance du frère au corps de Christ est remise en question; pour que tout se passe «dans la lumière», il faut dénoncer l'apparence, dévoiler la faute: le frère n'est pas ce qu'il paraît. Il est à ce moment-là «lié», c'est-à-dire «mis au ban»; ce n'est pas une exclusion définitive, mais l'appel à la repentance qui n'est possible que si l'on a conscience de sa faute. S'il en est ainsi le frère peut être délié, c'est-à-dire pardonné; non par l'Église, mais par

Dieu au travers du témoignage de la communauté, signe visible de la présence de Dieu, et donc témoin de son pardon, qu'elle offre, proclame, rappelle.

 


Conclusion

Notre exposé, sans aucun doute, demeure incomplet. Certains resteront sur leur faim, déplorant que nous n'ayons pas proposé de systèmes, de principes claires, qui s'apparentent à un cadre juridique commode. D'autres regretteront que la pensée de Calvin (Institution Chrétienne IV, 12 et suivants) n'ait pas été plus explicitée.

Sans doute aurions-nous dû le faire et notre lecteur aura raison de s'y référer. Il est important, cependant, que la notion même d'excommunication ne signifie pas exclusion définitive de l'Église locale, laquelle est étrangère à l'Évangile. Le travail de la communauté, c'est-à-dire de chacun de ses membres, doit s'orienter de façon positive, en vue de la repentance du pécheur. Celui-ci n'est pas rejeté de l'Église visible, mais par son attitude, il se met lui-même en retrait... comme le païen, ou le publicain: ni plus, ni moins non plus.


Pour une saine pratique de la discipline, il conviendra alors de faire attention à deux écueils. Celui de présenter la grâce de Dieu dévaluée, ôtant par là tout caractère de gravité au péché; c'est en fait la prédication du pardon sans repentance. Celui aussi, à l'opposé, de réduire l'Évangile à une loi dont l'Église serait la représentante.


Entre le laxisme d'une part et le légalisme d'autre part, entre l'Église qui ferme les yeux et celle qui, au contraire, se transforme en détective, il y a une autre voie: celle qui fait de la communauté, non une fraternité anarchisante qui a perdu le sens du bien et du mal, du péché et de la grâce, mais le lieu par excellence où le pardon de Dieu est annoncé et vécu, où l'on se rappelle de façon concrète que les disciples ne sont pas plus grands que leur Maître qui est venu, non pour abolir la Loi, mais pour l'accomplir.

Voilà pourquoi le texte de Matthieu 18 nous semble capital. Il souligne de façon très précise que rien ne peut se faire sans amour. C'est la motivation première, l'énergie qui doit nous animer. Si «l'amour de Christ nous presse» (2 Co 5. 14), nous serons alors à même de prendre en considération les intérêts spirituels de nos frères et soeurs, et d'oeuvrer dans un esprit de prière (Si deux ou trois s'accordent pour demander... Mt 18. 1 9-20).


Finalement, si l'on reconnaît aujourd'hui que la discipline est relâchée dans bon nombre de nos communautés, n'est-ce pas peut-être parce que nous avons perdu «notre premier amour»? N'est-ce-pas parce que nous avons perdu de vue que, membres les uns et les autres d'un même corps nous demeurons jusque dans l'éternité gardien de notre frère?

La situation n'est pas sans issue. Il convient résolument de revenir (ou venir) au modèle néo-testamentaire qui nous présente l'Église, non comme une institution froide et figée, mais comme un corps vivant et sain, un organisme uni où prime, dans la dépendance directe de Dieu, le véritable souci de l'autre. Le Seigneur ne veut pas la mort du pécheur, mais qu'il se repente et qu'il vive.


Stéphane LAUZET


© Ichthus 1986/4 (No 137)


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«ÉGLISE, QUAND LAISSERAS-TU PARLER LE COEUR DE DIEU EN FAVEUR D'ISRAËL»


lettre de Shalom Israël



Pour une vision sacerdotale
Durant la montée du Seigneur, Fils de David, à Jérusalem, des rameaux et des manteaux étaient déposés sur le trajet. Les disciples savaient où se dirigeait le Maître. Ils plaçaient leurs manteaux ou leurs rameaux au bon endroit, sur le chemin présumé.
Normalement, l'Église vit sous la conduite du Saint-Esprit, mais il arrive parfois que les manteaux déposés le soient au mauvais endroit. La route est déviée, il y a disjonction avec la pensée divine.
De la même façon, dans le désert, lorsque la Nuée se levait, le Souverain sacrificateur sonnait de la trompette et le camp hébreu se mettait en marche avec le Tabernacle démonté, porté par les lévites. Le sacrificateur avait la bonne vision des choses; il savait discerner le temps du départ et/ou du changement de direction donnée par la Nuée divine. 



Dans l'histoire de l'Église
Dieu a plusieurs fois «modifié» la direction de l'Église en mettant l'accent sur des vérités qu'Il voulait révéler. Prenons le Tabernacle pour comparaison; il est l'image des choses spirituelles. Si l'on pense à chaque élément, on peut remarquer qu'ils représentent chacun une des vérités que le Seigneur a dévoilées au fur à mesure des temps de l'Église. Martin Luther, en dépoussiérant une Église corrompue, a mis en lumière l'importance de l'oeuvre souveraine de Christ; cette oeuvre est représentée par l'autel d'airain. Pour John Wesley, ce fut la sanctification qui fut mise à l'honneur: la cuve d'airain nous en parle. Au 20e siècle, il y eut trois autres éléments du Lieu-Saint qui furent désignés, la Menorah, la table des pains de proposition et l'autel des parfums – le Saint-Esprit, l'amour du Père, la louange et l'adoration. Chacun de ces éléments du Tabernacle nous parle d'une vérité qui a changé l'orientation de l'Église, ou plutôt qui a augmenté et approfondi sa connaissance et sa foi.
Aujourd'hui, nous sommes dans le Lieu-très-Saint, et nous devons découvrir ce que représente l'Arche de l'alliance. Déjà, par le fait même que l'Arche est le dernier élément, nous pouvons deviner que nous sommes vraiment à la fin et que l'ultime vérité sera la présence même de la gloire de Dieu. 



La fin du temps des nations et la venue des temps messianiques
En Luc 21: 24, nous comprenons que le temps des nations se terminerait lorsque Jérusalem ne serait plus «piétinée par les nations». Or, depuis juin 1967, Jérusalem est de nouveau sous souveraineté israélienne! N'est-ce pas là une date mémorable, prophétique, qui nous permet d'affirmer que nous sommes entrés dans des temps nouveaux, que nous pourrions appeler «temps messianique»?
Le 11 septembre est également une date-clé. Le Seigneur nous avertit en Luc 21: 31: «Quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le royaume de Dieu est proche & une génération ne passera pas &».
Actes 3: 21 déclare que nous devons nous préparer au «rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé anciennement par la bouche de ses saints prophètes». Ce rétablissement c'est celui du Trône de David, celui de la théocratie et du règne du Fils de David, le Messie d'Israël.



Un défi pour l'Église d'aujourd'hui
L'Arche de l'alliance représente à la fois la Sainteté de Dieu et Israël. La vérité biblique révélée pour son peuple l'Église, c'est la Sainteté: Qadosh l'Adonaï! Cette vertu est l'essence de Dieu; Dieu est saint. L'Église d'aujourd'hui doit se revêtir de cette Sainteté, refuser tout compromis, dans la crainte de l'Éternel. Elle doit également saisir l'urgence d'un soutien ferme en faveur d'Israël. La Nuée s'est levée!
«Sans connaissance et discernement, mon peuple périra!» (Osée 4: 6)
Depuis 1947 et avant, Dieu conduit les choses en faveur d'Israël. Dieu n'agit-il pas sans mettre au courant son peuple racheté, l'Église? Si, Il le fait, dans la mesure où elle sait lire les prophéties et discerner les signes! Le prophète Jérémie pleurait à propos de Jérusalem:
«De tous ceux qui l'aimaient, nul ne la console; tous ses amis lui sont devenus infidèles, ils sont devenus ses ennemis» (Jér.1: 2)
Le Seigneur pleura sur Jérusalem. Pouvons-nous faire moins que le Maître? Lisons Joël 2: 17:
«Que pleurent les sacrificateurs, serviteurs de l'Éternel et qu'ils disent: Éternel, épargne ton peuple!»
Notons qu'il ne s'agit pas là, dans ce passage, du salut de l'Église, mais bien de celui d'Israël!
 
Les prophéties s'accomplissent sous nos yeux, toutes les nations sont contre Israël, les meurtres et les attentats sanglants se succèdent sans interruption, et l'Église continue de vivre tranquillement, les yeux fixés sur les nations. Ne comprend-elle pas que Dieu a «aussi» et depuis longtemps les yeux sur Israël, pour préparer la venue de Son Messie?
«Je rassemblerai toutes les nations, et Je les ferai descendre dans la vallée de Josaphat. Là, J'entrerai en jugement avec elles, au sujet de mon peuple, Israël &» (Joël 3: 2)
L'Église fait partie des nations et doit s'attendre à être jugée, pour «non-assistance et amour à personne en danger», à l'égard d'Israël.



Le choix entre Pilate et Gamaliel
Pilate s'est «lavé les mains» concernant le sort de Christ. Une fuite et une manière de se déresponsabiliser. Gamaliel, lui, a pris conscience de l'importance du sujet et il a averti les Pharisiens à propos des disciples de Jésus: «Ne courez pas le risque d'avoir combattu contre Dieu!» puis il les a fait fouettés et libérés.
Il existe une troisième voie pour l'Église d'aujourd'hui, c'est de considérer sérieusement les Écritures – Paul et les prophètes par exemple – en comprenant l'importance et l'urgence des temps d'aujourd'hui, et prier pour que le Seigneur place dans son coeur l'amour pour SION; cette Église repentie fera alors sienne l'exhortation d'Ésaïe 62:
«Pour l'amour de SION, je ne me tairai point, pour l'amour de Jérusalem, je ne prendrai point de repos jusqu'à ce que son salut paraisse, et sa délivrance, comme un flambeau qui s'allume.»
Une Épouse sans ride ni tache «Église, quand laisseras-tu parler le coeur de Dieu?»
La Bible dit que le Seigneur enlèvera une Église «sans ride ni tache, sainte et irréprochable» (Eph.5: 27), une Église proche du coeur du Père et attentive aux détails de tous Ses projets. La Bible dit aussi que les saints seront enlevés et qu'ils seront «appelés à régner pendant mille ans» (Apo.20: 6) avec Christ, pour contribuer, avec Israël restaurée et replacée à la première place des nations, au réveil de toute l'humanité.
Le rétablissement de Son trône et de Sa royauté est proche; il passe par la délivrance d'Israël. Jérusalem, la ville de David est prête de devenir la ville de la paix universelle; «les nations y viendront pour adorer le Roi, l'Éternel des armées.» (Zacharie 14: 16)
Le peuple juif fête actuellement Pessah. C'est le temps du rétablissement pour Israël et comme Dieu a fait sortir le peuple hébreu de l'esclavage de l'Égypte, Dieu permettra qu'Israël sorte vainqueur du conflit qui l'oppose à l'Amalek d'aujourd'hui. Il permettra aussi que le Temple soit rétabli pour la venue du Mashiah.
Ces temps que nous vivons sont glorieux, et douloureux. Il importe que la compassion de l'Esprit-Saint manifestée dans nos coeurs se manifeste aujourd'hui en faveur du peuple choisi!
Gloire à Dieu pour ce temps et pour Celui qui vient!
Baruch Haba beShem Adonaï !
«Si je t'oublie Jérusalem, que ma droite m'oublie!
que ma langue s'attache à mon palais, si je ne me souviens pas de toi, si je ne fais de Jérusalem le principal sujet de ma joie!» Psaume 137: 5-6
 
Pasteur Gérald Fruhinsholz,
le 2 avril 2002
(G. Fruhinsholz) ajouté le 4/4/2002


© Voxdei

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ÉPÎTRE À L'APÔTRE PAUL


 

Nous sommes privilégiés et reconnaissants de posséder au moins treize lettres d'inspiration divine signées de Paul. Elles nous sont données pour notre instruction, pour notre salut, pour notre édification, et comme directive pour notre vie chrétienne personnelle et collective.

Par contre, nous ne possédons aucune lettre qui lui ait été adressée. Celle que nous reproduisons ci-dessous est quelque peu fantaisiste, mais, malheureusement, elle n'est pas tout à fait imaginaire pour autant. Elle se fait l'écho d'une mentalité qui s'installe sournoisement dans divers milieux évangéliques. Elle doit souligner l'opposition fondamentale entre ce qui vient d'une intelligence soumise à l'inspiration divine et ce qui vient d'une sagesse purement humaine. Celle-ci substitue à l'exigence des principes divins éternels, transmis par l'apôtre dans ses écrits, le laxisme d'une politique opportuniste. Une telle mentalité prépare les hommes aux mirages humanistes et aux compromis du New Âge plutôt qu'aux combats spirituels de la fin des temps.

Le langage quelque peu caricatural des accusateurs de Paul dans ce texte pourrait être ressenti par certains de nos lecteurs comme irrespectueux envers Paul et la Parole de Dieu. Mais ce langage est précisément destiné à mettre en lumière l'arrogance et la désinvolture des critiques de Paul ainsi que la folie d'une prétendue sagesse que Jacques qualifie de «terrestre, chamelle, diabolique» (3: 15). Puisse le lecteur ne pas se méprendre sur l'attitude réelle du vrai rédacteur qui est, quant à lui, absolument convaincu que l'enseignement de Paul donné sous l'inspiration du Saint-Esprit commande un profond respect et exige une soumission inconditionnelle!

Que Dieu accorde à ses enfants sincèrement désireux de lui plaire de discerner les dangers actuels souvent subtils et à prendre les dispositions qui s'imposent avant qu'il ne soit trop tard!

F Buhler



Cher frère Paul,

Nous avons longtemps hésité à t'écrire, mais en raison de ton comportement récent, nous ne pouvons plus nous taire, car tu mets la vocation et même l'existence de l'église en péril. Nous ne comprenons vraiment pas comment, toi, qui as tant reçu du Seigneur pendant de si longues années, tu ignores maintenant les intérêts les plus élémentaires et les plus élevés de l'oeuvre, notamment l'unité de l'église et son influence dans le monde.

Tu voudras bien nous excuser si nous sommes obligés de dire des choses qui te feront de la peine, mais tu comprendras que des intérêts supérieurs sont en jeu.



Trop de doctrine!

Tu insistes beaucoup trop sur la doctrine (Tite 2: 10), tu vas jusqu'à l'appeler saine (Tite 2: 1) et bonne (l Tim. 4:6). Tu devrais plutôt t'appliquer à pratiquer l'amour que tu as si bien décrit (l Cor. 13) et que tu appelles «une voie par excellence» (I Cor. 12:31).



Et les injustices sociales?

Tu ne combats même pas les injustices sociales. À plusieurs reprises, tu vas jusqu'à demander aux esclaves d'être soumis à leurs maîtres (Eph. 6: 5-8; Col. 3:22) et tu exiges qu'Onésime, qui aurait pu vivre en liberté et te rendre des services, retourne chez son maître Philémon qui était pourtant chrétien (Phil. 12). Aux gens qui sont odieusement exploités par leurs maîtres, tu leur demandes de se contenter de la nourriture et du vêtement, alors qu'ils devraient avoir des augmentations de salaire et davantage de congés payés Il Tim. 6:8). Que fais-tu donc des droits de l'homme et du citoyen ?



Et l'Art?

Nous avons aussi de la peine à comprendre ton opposition à l'introduction de l'art dans l'église, que ce soit l'art oratoire (l Cor. 2: 1 ) ou l'art dramatique. La seule fois que tu mentionnes l'art, c'est pour décrire le paganisme des Athéniens (Actes 17:29). C'est vraiment dommage! Tu devrais, au contraire, encourager nos chanteurs et nos acteurs en soulignant leurs mérites. Ils se dévouent par de nombreuses et fatigantes répétitions. Pas une seule fois tu les mentionnes. Tu dis même que chacun pouvait chanter dans son propre coeur (Col. 3:16). Tu ne comprends donc pas que nous avons dans la musique et dans le théâtre de puissants moyens d'évangélisation qui aident ou même remplacent l'action du Saint-Esprit. D'autres églises, plus avancées dans ce domaine, nous montrent l'exemple à suivre. Elles ont même des troupes spécialement formées pour cela. Il y a des stages appropriés qui comblent les lacunes de ton propre enseignement dans ce domaine. Tout compte fait, tu es un rabat-joie, tu ne veux pas que nos gens s'épanouissent dans une créativité musicale et théâtrale qui met l'homme ou la femme en valeur et qui honore indirectement leur créateur. Par contre, tu ne te prives pas d'insister sur le fruit de l'Esprit. C'est toujours la même chose.



Un trouble-fête

Par tes prescriptions, tu nous gâches même nos pique-niques que tu voudrais supprimer! (l Cor. 11: 22, 34). Tu es vraiment un trouble-fête. Tu écris que le royaume de Dieu, c'est la joie (Rom. 14:17) et tu veux nous priver de cette joie. En outre, tu te permets de nous juger et de nous critiquer au point d'affirmer que nous sommes pires que les gens du monde (I Cor. 5: 1) et tu as le toupet de l'écrire dans une lettre qui a franchi les mers et les siècles Il Cor. 1:2). C'est de la médisance pure et simple.



Pourquoi se singulariser?

Nous prions que Dieu te montre l'erreur de tes voies, qu'il t'ouvre les yeux pour que tu voies les choses raisonnablement comme nous qui avons appris à vivre avec notre temps au lieu de te singulariser par des exigences qui sont depuis longtemps dépassées. Nous te faisons d'ailleurs humblement remarquer que nous sommes unanimes dans notre prise de position à l'égard de ces choses, alors que toi, tu es seul; tous l'ont abandonné, même Démas (Il Tim. 4: 10). Tu vois où ça te mène. Tu fais inutilement le vide autour de toi.



De vieilles rengaines!

S'il te plaît, cesse de nous culpabiliser et de troubler notre conscience et notre paix en nous disant ce qui ne va pas ou en nous exposant ta vieille rengaine des exigences de Dieu. Tu reviens toujours avec ton dada. Parle-nous donc des choses positives, de l'amour, de la paix, de la joie, de l'unité de l'esprit, de la bienveillance et de la miséricorde de Dieu qui nous prend tels que nous sommes.

Nous ne nous lasserons pas nous-mêmes d'en parler en temps et hors de temps. Toi, tu dis que l'essentiel, c'est la gloire de Dieu (I Cor. 10:31). Qu'est-ce que cela signifie? C'est une formule pieuse et une notion tout à fait théorique. Pour nous, l'essentiel est d'être sauvés et appréciés par nos frères et nos concitoyens. C'est beaucoup plus tangible et pratique dans ce monde où nous vivons et ce point de vue se répand de plus en plus dans toutes les églises, ce qui prouve bien que nous marchons dans la bonne direction.



Pas jeter de discrédit

Par ailleurs, tu n'as pas le moindre tact et même tu violes le secret professionnel sans vergogne en publiant au grand jour tes différends personnels avec Hyménée et Alexandre (I Tim. 1: 20). Tu cites même leurs noms. Non content de cette première gaffe, tu remets cela dans ta deuxième lettre à Timothée où tu ajoutes encore le nom de Philète (Il Tim. 2:17) et tu reviens sur Alexandre (Il Tim. 4:14). Pour te disculper, tu diras sans doute que tu as écrit confidentiellement et cette excuse a l'apparence de la vérité, mais tes lettres ont quand même été accueillies dans le canon. Elles sont allées aux extrémités de la terre et elles subsisteront jusqu'à la fin des temps. C'est un vrai scandale! Et ces chères soeurs Evodie et Syntyche (Phil. 4:2) qui ont rendu service à tous et qui sont considérées par tous, pourquoi signales-tu leur différend dans une lettre à toute l'église? Tu détruis l'unité de l'Esprit et tu blesses la charité la plus élémentaire; n'as-tu pas écrit toi-même que la charité excuse tout (I Cor. 13:7) et qu'elle couvre une multitude de péchés, (peut-être autant que l'hypocrisie). Tu fais comme Jean qui s'est permis de critiquer Diotrèphe (III Jean 9, 10), ce frère doué et dévoué qui s'occupe de tant de choses, engagé qu'il est dans toutes les activités de l'église. Maintenant, à cause de Jean, son nom est hypothéqué jusqu'à la fin des temps.

C'est très grave de porter ainsi atteinte à la réputation des frères. Il est vrai qu'il a chassé quelques personnes de l'église, mais ces gens suscitaient des problèmes en mettant son autorité, bien affirmée par lui-même, en cause. Ils ne méritaient donc pas d'être membres et on peut se réjouir qu'ils soient partis. Tu t'es aussi permis, en son temps, d'attaquer en public le frère Pierre auquel Christ avait pourtant donné les clefs du royaume (Mat. 16:19). Tu l'as culpabilisé et humilié devant tous (Gal. 2:14); tu as jeté sur lui un terrible discrédit en le faisant passer pour hypocrite. Tu relèves aussi le péché du frère (fort heureusement, tu ne le nommes pas) qui vit avec la femme de son père (I Cor. 5: 1), alors que sur la même page tu écris «Tout est permis» (I Cor. 6: 12). Si tu estimes réellement que tout est permis, pourquoi énumères-tu dans ce contexte et tout au long de la même lettre ainsi que dans toutes tes autres lettres tant de choses qu'il ne faut pas faire. Sois donc logique! En ce qui nous concerne, tu nous as aussi tous dénigrés en nous traitant de charnels et de querelleurs (I Cor. 3:1; 6:9-11) et pour comble de maladresse, tu dénigres encore spécialement nos braves soeurs en écrivant qu'il est honteux pour une femme d'avoir les cheveux coupés (I Cor. 11: 6) ou de prier la tête découverte (I Cor. 11: 5).



S'adapter!

Souvent tu nous rabâches les mêmes choses (Il Cor. 11: 16); Gal. 1: 9; Phil. 3: 1 ). Avant que tu ne parles, on sait déjà ce que tu vas dire. Tu fais comme Pierre avec ses marottes (Il Pierre 1: 12-15). Parle-nous plutôt de choses agréables à entendre (Il Tim. 4:3). Si tu nous flattes, cela nous fera du bien et nous encouragera à t'écouter avec plus d'attention. Et n'utilise pas trop le patois de Canaan; les gens d'aujourd'hui ne comprennent plus les termes que tu emploies; il faut que tu t'adaptes à la mentalité moderne, sinon le Saint-Esprit ne peut pas agir. Nous acceptons encore qu'on nous parle, même avec solennité, de la nécessité de la soumission à Dieu et de l'obéissance à sa volonté à condition qu'on ne précise pas à quoi il faut se soumettre. Ce serait du légalisme qu'il faut éviter à tout prix!



Être plus tolérant!

Dans plusieurs de tes sermons rapportés par le Dr. Luc et dans divers passages de tes lettres, tu parles de la création. Tu ne sais donc pas que nos savants ont résolu le problème de nos origines d'une manière beaucoup plus plausible. En effet, dans toutes nos écoles et dans les ouvrages et revues scientifiques on enseigne l'évolution. Dans la plupart de nos églises, cet enseignement est maintenant considéré, sous une forme appelée élégamment «créationnisme progressif», comme une interprétation valable de Genèse 2:7. Tu ne voudras certainement pas aller à l'encontre de notre élite, ni de la majorité de tes frères. D'ailleurs, c'est une question tellement secondaire, ça ne préoccupe personne. Il n'y a que l'inspiration des Écritures, l'introduction du péché et de la mort dans le monde, la question de la rédemption et d'autres doctrines du même genre qui sont en jeu. Laisse donc tomber la question qui risque de diviser l'église et de gêner considérablement notre communion fraternelle avec des chrétiens d'autres milieux qui sont beaucoup plus tolérants. Tant pis pour l'inspiration des Écritures; l'essentiel est que cette doctrine soit mentionnée dans notre confession de foi à laquelle on pourra toujours se référer, en cas d'embarras. Bien sûr, tu nous diras que Moïse en parle; c'est vrai, mais c'est dans l'Ancien Testament dans un passage symbolique (Gen. 1:3) qui, selon nos meilleurs théologiens, est un vrai chef-d'oeuvre de rédaction avec une structure en chiasme qu'il faut savoir interpréter à la lumière des procédés littéraires et des résultats acquis de la science.



Dieu regarde au coeur!

Avec tout cela, tu ne te considères pas comme le premier venu. Tu encourages le culte de la personne, au point de laisser un clan se constituer dont les membres disent: «Moi, je suis de Paul» (I Cor. 1: 12). Tu vas même jusqu'à dire: «Je glorifie mon ministère» (Rom. 11: 13) et tu parles d'un sujet de gloire auquel tu ne veux pas renoncer (I Cor. 9:15). Tu pourrais faire preuve d'un peu plus d'humilité, d'autant plus que certains frères ne reconnaissent pas ta qualité d'apôtre (I Cor. 9:2) et, de ce fait, n'acceptent pas de suivre tes préceptes vieillots. Nous comprenons fort bien ces amis. En fait, tu te mêles de choses qui ne te regardent pas. Tu insistes trop sur l'extérieur, sur la coiffure (I Cor. 11: 6, 14), sur le couvre-chef (I Cor. 11: 4, 5), sur les vêtements et les bijoux (I Tim. 2:9). Pierre tombe dans le même travers que toi. Il parle des ornements d'or (I Pierre 3:3) comme toi tu parles d'or et de perles (I Tim. 2:9). On dirait que vous vous êtes entendus là-dessus, malgré le fait que vous n'étiez pas toujours d'accord sur le comportement à adopter. Auriez-vous puisé vos idées à la même source?

Tu ne nous feras tout de même pas croire que vous avez été tous les deux inspirés par le Saint-Esprit qui ne se préoccupe pas de ces bagatelles. Mais non content de parler toi-même de ces choses, tu excites encore Tite à faire de même (Tite 2:3). Qu'est-ce que cela peut vous faire si telle soeur utilise du fard pour ses yeux, du rouge pour ses lèvres, pour ses ongles ou pour ses orteils. Cela n'est pas nouveau et cela ne fait de mal à personne, bien au contraire. Une soeur sera un meilleur témoin de Christ, si elle est attrayante. Si une soeur peut se donner meilleure allure que ce que Dieu a fait pour elle, pourquoi devrait-elle hésiter? Dans ce domaine de la présentation, les Témoins de Jéhova ont parfaitement raison. Nous avons même des précédents bibliques comme Jézabel, la bonne reine qui a su si bien s'occuper des intérêts de son mari (Il Rois 9:30). Et les prophètes parlent aussi de ces choses (Es. 3:16-24); Jér. 4:30; Ezéch. 23:40). Quant à nous, nous pouvons affirmer, sans présomption, que dans le domaine des vêtements, du fard et des bijoux, nous sommes bien plus spirituels que toi et Pierre en rappelant que Dieu ne s'intéresse pas à ces choses extérieures, mais qu'il regarde au coeur.



Ne pas faire jaser!

Permets-nous d'aborder encore un sujet très délicat qui concerne ta vie privée. Il y a des personnes bien pensantes qui se demandent quelles sont tes relations avec les femmes que tu as la naïveté de mentionner dans Romains 16. D'accord, certaines d'entre elles sont tes parentes, mais quand même! Tu devrais prendre garde de ne pas faire jaser les gens, que ce soient ceux de l'église ou ceux de la rue.



Ne pas être trop exigeant!

Quant à nos femmes, tu sais, elles ne veulent pas être des moutons de Panurge en imitant les soeurs que tu cites comme modèles (Tite 2:3). Elles préfèrent de beaucoup suivre l'exemple moderne de femmes dans le vent qui s'inspirent des revues de mode et des posters des salons de coiffure. C'est ridicule, en effet, de se singulariser par une tenue ou une coiffure qui porte le discrédit sur l'Évangile. De toute façon, il ne faut pas que tu sois trop exigeant, sinon d'autres vont suivre l'exemple de Démas qui t'a abandonné par amour pour le présent siècle (Il Tim. 4: 10) et qu'est-ce que tu auras gagné? Il vaut mieux que nous soyons nombreux et tolérants que peu nombreux et fidèles.



L'unisexe!

Par ailleurs, tu insistes lourdement sur la différence des sexes. Tu insinues même qu'il s'agit d'un ordre créationnel. Pourtant, dans une de tes lettres tu dis bien qu'il n'y a plus ni homme, ni femme (Gal. 3:28). Nous sommes bien d'accord avec toi là-dessus. La femme est aujourd'hui l'égale de l'homme lorsqu'elle ne lui est pas supérieure. Elle s'est enfin libérée de la tyrannie masculine et des notions périmées d'autrefois. C'est pourquoi nous saluons la mode unisexe et ne voyons pas du tout d'un mauvais oeil que les femmes adoptent des tenues et des allures masculines, et que les hommes s'efféminent. Si on réagit contre les nouvelles tendances dans le monde et dans le monde religieux, cela déplaira à notre jeunesse et nous la perdrons. Ce serait bien dommage! Il vaut mieux adopter une politique appropriée et faire des compromis que d'appliquer des principes qui font fuir les gens. Les magnifiques formules «La fin justifie les moyens», «L'unité et la paix à tout prix» sont toujours valables.



Place aux jeunes!

Et pourquoi insistes-tu sur les devoirs à l'égard des vieillards (I Tim. 5: 1; Phil. 9) alors que l'avenir est aux jeunes? Ici, tu fais aussi comme Pierre qui demande aux jeunes de se soumettre aux anciens (I Pierre 5: 5). Tu n'aurais pas réagi aux choses et aux gens de la même manière lorsque tu étais plus jeune. Alors tires-en les conséquences et fais place aux jeunes qui sont en prise directe avec le monde. C'est l'avenir de l'église qui est en jeu.



Il faut tout relativiser!

Cela dit, nous ne nous lassons pas de te répéter que nous t'aimons beaucoup. Comme tu nous le rappelles, tu es notre père spirituel (l Cor. 4:15). Nous souffrons de te voir prendre certaines choses tellement à coeur. Tu te prives volontairement et inutilement de l'approbation des frères et soeurs qui ont heureusement compris qu'il fallait relativiser les préceptes légalistes de la lettre, car la lettre tue (Il Cor. 3:6), et plutôt se conformer au siècle présent (Rom. 12:2) pour pouvoir mieux influencer le monde dans lequel ils vivent.



La majorité a toujours raison

Cher Paul, nous espérons que nous aurons pu te convaincre du bien-fondé de nos observations qui sont loin d'être des critiques, puisque nous affirmons, sans nous lasser, que nous ne devons pas nous juger les uns les autres. Nous espérons, en outre, que tu accepteras aussi, pour la satisfaction et le bien de tous, de mettre de l'eau dans ton vin et de nous laisser tranquilles avec ton légalisme, sinon, sache qu'étant la majorité et unanimes, nous avons de toute façon raison et nous ne changerons pas d'orientation, quoi qu'il arrive.

Tes frères bien conscients de leur responsabilité dans le progrès de l'Évangile

 

P.S. Les sous-titres sont de la rédaction de la B.N.


© La Bonne Nouvelle No 3 / 1990

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EST-IL JUSTE D'AIDER PRATIQUEMENT ISRAËL?


Oui. Il est indispensable d'aider Israël. Même si le peuple actuel n'est que l'instrument utilisé par Dieu pour édifier l'Israël messianique, je pense qu'en aidant Israël, nous contribuons à l'avènement du Messie et qu'ainsi le moment attendu selon Zacharie 8, 20-23 redonnera au peuple de Dieu sa place.

Oui. Parce que la Parole de Dieu nous le dit en Genèse 12, 1-3. Parce que nous, chrétiens, sommes entés sur des racines juives selon Romains 11, 17. Parce que nous avons une dette envers les enfants d'Israël, car c'est d'eux que viennent le salut (Jean 4, 22), la Parole de Dieu et notre Sauveur le Messie (Rom. 9,1-4). Parce qu'Israël est la clé d'une réelle paix (Ps. 122, 6). Parce que l'État d'Israël n'est pas un accident politique mais l'accomplissement d'une prophétie et d'une alliance faites à Abram il y a 4 000 ans (Luc 21, 24; Rom. 11, 25). Parce que nous, le peuple chrétien, sommes appelés à aimer tous les peuples, y compris celui qui a été choisi de Dieu (Eph. 2,10-19).

Oui. Israël nous a donné le Christ Jésus fait homme pour nous apporter le pardon de nos iniquités. En croyant en son nom, nous recevons gratuitement le salut. En 1 Cor. 9, 11, Paul dit en s'adressant à l'assemblée des frères de Corinthe: «Si nous avons semé parmi vous des biens spirituels, est-ce une grande chose que nous recueillions de vos biens charnels?» En Proverbes 3, 9: «Honore l'Éternel de tes biens et des prémices de tous tes revenus». Jésus-Christ s'est donné pour nous. En retour, aidons Israël, non en paroles seulement, mais en pratique (Jac. 2, 16).

Nouvelles d'Israël Février 1989


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L'ÉTAT, L'ÉGLISE ET LA LIBERTÉ RELIGIEUSE



Quelques considérations
La célébration d'événements historiques marquants est souvent l'occasion de réaffirmer ou d'actualiser des analyses, des principes ou des enseignements qu'ils ont suscités ou enrichis.
La Révocation de l'Édit de Nantes n'échappe pas à la règle et il est bon qu'aujourd'hui nous nous interrogions sur la liberté religieuse, liberté humaine fondamentale dont les protestants français furent privés en 1685.
Il est évidemment périlleux d'aborder le thème de la liberté religieuse dans un article de quelques pages. Nous nous bornerons ainsi à quelques considérations. Mais aussi simples soient-elles, des considérations relatives à la liberté religieuse ne revêtent un minimum de cohérence et de validité que si elles sont restituées à leur contexte naturel et logique qui est celui des relations entre l'État et l'Église ou plus exactement les Églises.



L'ÉTAT
Qu'est-ce que l'État? Un instrument au service de la classe dominante de la société, comme le prétendent les marxistes? Une institution humaine rationnelle, selon les théories chères aux adeptes du droit naturel? Le lieu qu'investissent les vainqueurs de la course au pouvoir, ainsi que l'affirme Machiavel? Ou encore, le principal acteur de la réalisation du mythe prométhéen? Sans doute un peu de tout cela, mais les chrétiens savent (ou devraient réapprendre!) que l'État existe d'abord parce que les hommes ne sont pas fondamentalement bons. Autrement dit, l'État est consubstantiellement lié à la condition humaine. Une société sans État (au moins sous une forme embryonnaire) est totalement inconcevable.
 
«Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu» (Rom. 3, 23). Ce passage des Écritures souligne l'universalité du mal; le suivant: «Les pensées de l'homme sont mauvaises dès sa jeunesse» (Gen. 8, 21), insiste sur sa présence, indépendamment de toute influence du milieu socio-culturel. L'enseignement de l'Ancien et du Nouveau Testament est évidemment diamétralement opposé à celui de Jean-Jacques Rousseau («homme naît bon, la société le corrompt) et de ses millions de disciples qui diffusent sans relâche le mythe du bon sauvage et cet autre, selon lequel c'est la société (capitaliste et libérale avant tout) qui est responsable de tous les maux qui assaillent l'humanité. Le prononcé biblique sur la nature humaine n'a bientôt plus d'avocats, excepté... la réalité!
 
Une histoire achevée depuis des siècles, une terreur et une violence permanentes, donc l'impossibilité de toute vie, tel serait le résultat du règne exclusif des penchants mauvais de l'homme. Pour que les hommes et la société ne sombrent pas dans l'anéantissement, Dieu a institué des freins à l'actualisation des penchants mauvais de la nature humaine. Ces freins, produits de Sa grâce commune, viennent renforcer la conscience, l'angoisse existentielle (entendue ici au sens d'intuition universelle que la Transcendance pourrait porter un jugement sur les actions humaines et même leurs mobiles), les intérêts matériels et psychiques, trois obstacles internes qui, en chaque individu, entravent à des degrés divers le passage de l'état latent à l'état effectif des inclinations vers le mal. Ces freins sont constitués par la famille, le travail... et l'État. Dieu a institué l'État pour rendre la vie sociale possible. «Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures; car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C'est pourquoi celui qui s'oppose à l'autorité résiste à l'ordre qui Dieu a établi... Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien». (Rom. 1 3, 1 -7). Pris isolément, ce texte pourrait servir de justification à n'importe quelles forme et perversion du pouvoir étatique. Mais ce n'est pas la pensée chrétienne, loin de là, puisque les Écritures, de la façon la plus radicale, établissent la conditionnalité de l'obéissance au pouvoir étatique en affirmant: «Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes» (Actes 5, 29). C'est donc bien le principe du pouvoir étatique qui est légitimé, et non n'importe quelle forme de son exercice. La conception biblique de l'État garantit simultanément contre l'anarchie et contre le totalitarisme.
 
La première fonction de l'État est de protéger les hommes contre leurs violences réciproques et contre les agressions extérieures. De nombreux auteurs l'ont reconnu. Citons Puffendorf, célèbre théoricien du droit naturel: «Pour se garantir des maux que les hommes prennent plaisir à se faire mutuellement, par un effet de leur malice naturelle, il a fallu chercher le souverain préservatif... par l'établissement ... du pouvoir souverain». Si l'État existe parce que les pulsions de l'homme sont universellement orientées vers le mal, pour cette même raison il n'atteint jamais la perfection. Relativement à sa fonction répressive et à ses autres fonctions, l'État a un statut ambigu, parce que ceux qui détiennent le pouvoir sont de même nature que ceux qui le subissent. C'est l'explication de l'imperfection radicale de tout État, de la perversité pathologique de certains d'entre eux, de sa tendance irrésistible à accroître son pouvoir et à dominer la société en lui imposant une idéologie ou en faisant prévaloir des intérêts spécifiques.



L'ÉGLISE
Il est essentiel de distinguer ici entre l'Église -Corps de Christ, d'une part, et les Églises-institutions et diverses communautés religieuses, d'autre part.
L'Église -Corps de Christ est, au delà des confessions et même parfois en l'absence de confession, l'Église invisible connue de Dieu seul et constituée par tous ceux qui, par une attitude de foi et de repentance, reconnaissent en Jésus-Christ le Fils de Dieu, Sauveur et Seigneur, mort sur la Croix pour les péchés de tous les hommes et ressuscité pour leur justification.
 
Les Églises-institutions, les diverses communautés religieuses et même les sectes (pas toutes!) sont les manifestations temporelles et historiques en même temps que l'enveloppe de l'Église invisible. Cette enveloppe (les Églises et communautés visibles) est composée à la fois de «ce qui est bon» et de «ce qui est mauvais» (Matthieu 13, 4 8) du «bon grain et de l'ivraie» (Matthieu 13, 30-43). C'est une société pluraliste formée de tous ceux qui se disent croyants, quel que soit le bien-fondé de leur affirmation.
Ces distinctions ont été remarquablement décrites par Pierre Courthial, dans les Nos 22 et 23 de la revue Ichthus.
Formellement, ce n'est pas l'Église -Corps de Christ, mais tous ceux qui se disent croyants, c'est-à-dire les membres des Églises-institutions et des diverses communautés religieuses qui peuvent être titulaires de la liberté religieuse.


LA LIBERTÉ RELIGIEUSE
Le concept de liberté est vague, controversé, riche de sens divers, parfois proches, mais souvent aux antipodes les uns des autres.
Au sens le plus vulgaire, la liberté est latitude de faire n'importe quoi, n'importe quand, n'importe comment. La liberté est aussi réalisation de soi ou de ses potentialités.
Dans la conception marxienne, la liberté est affranchissement de l'aliénation imputable à la domination d'une classe sociale sur l'autre et à l'insuffisant degré de développement des forces productives.
Au sens métaphysique, la liberté peut être, entre autres significations, faculté de suivre sa conscience, autonomie de l'être «intérieur» envers les circonstances «extérieures». En ce sens, un chrétien russe peut rester libre au cours de ses stages successifs dans le Goulag.
Selon les Écritures, la vraie liberté est affranchissement à l'égard du péché dans son double aspect. Le premier: la séparation d'avec Dieu et l'hostilité à son endroit qui affectent tout être humain dès sa naissance, voire dès sa conception (perpétuation du péché originel qui est prétention d'autonomie de l'homme relativement à son Créateur). Le second: les manifestations naturelles, inévitables et ponctuelles qui en dérivent. «Quiconque se livre au péché est esclave du péché» affirme le Christ, avant de poursuivre: «Si le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres» (Jean 8, 34 et 36). Tout le Nouveau Testament insiste sur le fait que seul Jésus-Christ apporte la liberté véritable. «C'est pour la liberté que Christ vous a affranchis» (Galates 5, 1). «Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté» (II Cor. 3, 17).
Mais cette liberté de valeur inestimable, pas plus que celles évoquées plus haut, ne saurait se confondre avec la liberté religieuse. La liberté religieuse fait partie des classiques libertés personnelles ou individuelles dont la pierre angulaire réside dans les notions d'indépendance et d'absence de contrainte. Quel que soit le prisme au travers duquel elles sont appréhendées, les libertés personnelles, donc la liberté religieuse, se définissent négativement: contre autrui, contre la société, contre l'État. En anglais, on désigne cette liberté par les mots «freedom from» opposés à «liberty to» comparable à nos droits modernes définis positivement (droit au travail, droit à la santé, etc.).


Raymond Aron donne une excellente définition globale de la liberté personnelle lorsqu'il écrit: «Si nous écartons le sens philosophique ou métaphysique de la liberté, celle-ci se définit, analytiquement, par la garantie donnée à chacun de nous qu'il pourra faire ou ne pas faire ceci ou cela sans qu'un autre l'empêche de faire ce qu'il veut faire ou l'oblige à faire ce qu'il ne veut pas faire. Liberté d'expression, liberté religieuse, en bref les libertés personnelles rentrent dans cette définition. Celle-ci, il est vrai, implique des interdictions, autrement dit des lois: pour que A ne contraigne pas B à se rendre à l'Église le dimanche, il faut qu'une loi interdise d'exercer cette contrainte. De même pour que le croyant soit libre de pratiquer sa foi, il faut qu'une loi interdise aux particuliers ou à la police d'empêcher physiquement, ou par la menace de sanction, la célébration du culte».
La liberté religieuse est partie intégrante des libertés personnelles. C'est encore l'article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme qui en donne la meilleure définition: «Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seul ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites».
C'est bien ce type de liberté,et non un autre, même de qualité supérieure, que les chrétiens et les adeptes de toutes les religions utilisent et opposent à l'État et à sa société lorsque se manifestent librement le discours et la praxis (la parole et les actes) commandés par leur foi.


ETAT, EGLISE ET LIBERTE RELIGIEUSE
Le contenu et l'ampleur de la liberté religieuse sont avant tout déterminés, pour chaque pays, par les relations existant entre l'État et l'Église, ou plus exactement, les Églises.
Tous les pays connaissent un mode ou une structure de relations entre l'État et les Églises. Il ne peut en être autrement, puisque l'État et les Églises se rencontrent et agissent dans des sphères communes, et qu'au surplus, les secondes sont soumises à la législation du premier, comme toutes les personnes et tous les groupements sociaux (entreprises, associations culturelles diverses, partis politiques, etc.) relevant de la juridiction de l'État.
Référées à l'État, et dans l'hypothèse la moins conflictuelle, les Églises sont propriétaires de biens et exercent une activité communautaire, devant par là même revêtir un statut juridique.
Mais il y a évidemment plus. Relativement à la société et à l'État, les Églises ne sont jamais neutres. La religion, au sens le plus large du terme, étant un phénomène humain fondamental, les Églises influencent inévitablement la société par le contenu et l'intensité de leurs discours.
Toutes les Églises-institutions ont un corps de doctrine, font référence à des dogmes ou à une Révélation de Dieu. Elles en tirent une conception de Dieu, de l'homme, de la société et de leurs relations réciproques.
Ces conceptions fondamentales peuvent:
– susciter à des degrés divers l'hostilité, l'indifférence ou l'approbation des courants dominants de la culture et de la société, et partant, s'opposer ou rejoindre la législation actuelle ou en devenir de l'État.
– émaner d'Églises-institutions majoritaires, voire monolithiques, ou d'Églises qui entrent en concurrence et/ou en collaboration avec d'autres Églises institutions dans le cadre du pluralisme religieux.
– être le fait d'Églises fortement structurées et hiérarchisées, à organisation transnationale, ou au contraire appartenir à des Églises peu structurées
– être celles d'Églises «historiques» fortement imbriquées dans la culture du pays, ou d'Églises «nouvelles» issues d'un mouvement de Réveil ou d'une scission récente.
– ressortir à des Églises imposant de manière contraignante leur credo à leurs membres, ou relever d'Églises se bornant à proposer un chemin de vie à leurs adhérents.
– émaner d'une Église faisant du prosélytisme, invitant ainsi des croyants d'autres confessions ou des non-croyants à la rejoindre, ou au contraire appartenir à une Église vivant repliée sur elle-même, sans contact avec l'extérieur.
– animer une Église de professants (à laquelle on appartient par une décision libre et volontaire), ou multitudiniste (à laquelle on appartient généralement par la naissance).
– constituer le fond commun (partiellement) de deux ou trois Églises numériquement importantes (catholicisme et protestantisme), ou diviser une multitude d'Églises atomisées.
– servir de fondement à une Église fortement imprégnée par le principe «extra ecclesiam nulla salus» (pas de salut hors de l'Église) ou caractériser une Église proclamant que c'est la foi en Jésus-Christ qui sauve et non l'appartenance confessionnelle, quelle qu'elle soit.
Cette esquisse de typologie révèle une telle diversité de situations et tant de sphères, relevant simultanément de l'ordre du pouvoir temporel des États et de l'ordre des prérogatives spirituelles des Églises, qu'il n'est pas étonnant qu'en chaque pays les relations entre l'État et les Églises fassent l'objet d'une réglementation étatique.
Fondamentalement, les relations entre l'État et les Églises peuvent se ramener à trois modèles: la théocratie, le gallicanisme et le libéralisme.


LA THÉOCRATIE
La théocratie est le régime dans lequel les lois de l'État sont calquées sur les dogmes de la seule religion reconnue. La théocratie est logiquement exclusive et monolithique, jamais plurielle. La liberté religieuse n'y est accordée qu'au clergé et aux adeptes de la religion officielle. Encore est-il très problématique de parler de liberté, puisque les croyants n'ont généralement pas la faculté de changer de religion et qu'enfreindre les lois religieuses équivaut à enfreindre les lois étatiques. L'institution de la théocratie peut aller jusqu'à la soumission de l'État au clergé. L'Israël de l'Ancien Testament, épisodiquement, et plusieurs États arabes contemporains sont des États théocratiques. Au Koweït, par exemple, «l'islam est la religion de l'État et la jurisprudence islamique est la source principale de sa législation» (art 2 de la Constitution). En chrétienté, plusieurs États confessionnels catholiques se sont rapprochés de la théocratie. En Espagne, par exemple, un concordat de 1953 spécifiait que dans toutes les écoles l'enseignement devait être adapté aux principes du dogme et de la morale catholiques. Dans ce même pays, la liberté du culte a été réservée à la seule religion catholique jusqu'en 1967.
L'Iran constitue aujourd'hui un parfait exemple de théocratie. On assiste d'ailleurs dans l'ensemble du monde musulman à des tentatives (parfois couronnées de succès) de restauration ou de renforcement de la théocratie. Par delà la logique, l'histoire démontre que les théocraties intégrales sont toujours totalitaires.


Contrairement à ce que pensent ou désirent certains chrétiens, agacés par la très grande liberté des moeurs qui règne aujourd'hui dans le monde occidental, le christianisme biblique ne peut en aucun cas justifier la théocratie. «Mon Royaume n'est pas de ce monde» (Jean 18, 3 6) affirme le Fils de Dieu pour mieux souligner que les hommes ne parviendront jamais à l'instaurer ici-bas par leurs propres efforts. De plus, la première fonction de la loi de Dieu est d'être le pédagogue conduisant à Christ (Galates 3, 24) en révélant à tous les hommes qu'ils sont incapables de la respecter vraiment. Comment serait-il dès lors possible d'identifier les lois étatiques aux commandements de Dieu sans engendrer d'insupportables tensions chez un grand nombre d'individus, les hommes étant tous foncièrement impuissants à suivre intégralement les lois de Dieu, sauf à être recréés par lui, et encore, le chrétien n'atteignant la perfection que dans l'au-delà (Jacques 3, 2; 1 Jean 1, 8)? Enfin le Christ a prédit qu'en toute société les chrétiens seront minoritaires (Matthieu 7, 14). Comment une minorité pourrait-elle imposer son credo moral à une majorité sans recourir à la force, démarche à laquelle les chrétiens ne devraient pas recourir. Les protestations ne sont bien entendu pas interdites! et les chrétiens ont certainement le devoir de peser sur le droit de leur société en utilisant les instruments de la démocratie.
Tous ces développements ne visent évidemment pas à apporter une caution à l'anarchie, loin de là, mais tendent simplement à démontrer que les lois du Dieu de Jésus-Christ sont tellement grandioses et exigeantes pour l'homme naturel, qu'aucun État ne pourra jamais les imposer. Par contre, pour le bien-être du peuple, l'État fera bien de s'en inspirer, ce qu'ont fait de nombreux États d'Europe occidentale. Sous peine de ne pas être respectées par le grand nombre, les lois étatiques doivent être à la portée de «l'homme naturel moyen». Au total, la théocratie. ne saurait trouver sa justification que dans une religion différente du christianisme biblique. Les théocraties ne sont favorables ni à la liberté religieuse, ni aux chrétiens.


LE GALLICANISME
Le gallicanisme est la situation dans laquelle l'État contrôle, avec une intensité variable, les Églises. Le modèle a prévalu en France sous Louis XIV et durant le XIXe siècle, comme ce fut aussi le cas en Allemagne et en Suisse, avec les fameux épisodes du Kultur-kampf. Aujourd'hui, tous les pays communistes sont gallicans, surveillant et persécutant à des degrés divers toutes les confessions chrétiennes, mais aussi les Juifs et parfois les musulmans. Le contrôle de l'État peut aller jusqu'à la surveillance policière des cultes, et dans les cas extrêmes, aboutir à la mort de ceux qui, au nom de leur conscience, refusent de céder aux pressions de l'État, comme ce fut le cas pour ce prêtre albanais fusillé sur le champ pour avoir été surpris en train de baptiser un enfant; comme ce fut aussi le cas pour le soldat soviétique Mosseïev, torturé à mort pour avoir parlé de sa foi en Jésus-Christ dans les casernes de l'armée rouge.
Le gallicanisme est souvent le fait de pays totalitaires idéocratiques ou de pays désireux de restreindre les prérogatives d'Églises qu'ils jugent (parfois à tort, parfois à raison) envahissantes au point de dépasser leurs sphères d'activité naturelles. Aujourd'hui, il subsiste des vestiges de gallicanisme jusque dans certains pays protestants, comme la Norvège, où l'État nomme toujours les évêques luthériens. En Norvège, d'aucuns hésitent à franchir le pas qui conduirait à une séparation complète entre l'Église et l'État parce que la minorité «libérale» (sur le plan théologique) et la vaste majorité des citoyens qui ne sont pas des luthériens actifs perdraient leurs pouvoirs dans l'Église! Le gouvernement suédois a lui aussi connu de telles hésitations.
Le gallicanisme qui tend à contrôler les Églises au-delà des limites légitimes de l'ordre public, restreint toujours la liberté religieuse, puisque dans ses formes les plus douces, il conserve à l'État le droit inadmissible de nommer les évêques de l'Église.


LE LIBÉRALISME
Dans les relations entre l'État et les Églises, le libéralisme est le régime qui laisse les secondes totalement libres de s'organiser et de déployer leurs activités comme elles l'entendent, avec pour seule restriction le respect du droit commun. C'est la séparation entre l'Église et l'État, l'une des ultimes retombées de la théorie augustinienne des deux Cités, le modèle préféré de la plupart des grands défenseurs de la liberté religieuse.
Les États-Unis constituent le berceau, et simultanément le pays phare de la liberté religieuse. Ils sont les premiers à avoir connu la séparation de l'Église et de l'État en même temps que l'absence de toute Église officielle.
Cette remarquable institution est ancrée dans le 1er Amendement de la Constitution américaine. Aux États-Unis, la séparation entre l'Église et l'État, et tout autant l'absence d'Églises officielles, n'ont pas freiné la vitalité des Églises, et c'est le moins qu'on puisse dire. En France, qui pourtant vit sous le régime de la séparation depuis 1905, le dynamisme des Églises ne s'inscrit pas à la même hauteur qu'aux États-Unis. Ces deux exemples soulignent la complexité du réel, mais n'atténuent en rien la constatation irréfutable que la séparation intégrale entre l'Église et l'État est très logiquement le régime le plus propice à la liberté religieuse.
La pleine séparation de l'Église et de l'État, caractérisée au niveau des structures gouvernementales par l'absence d'un ministère des cultes ou des affaires religieuses (ce qui n'est pas le cas des pays communistes de l'Est qui, par ailleurs, défendent le principe de la séparation!) va toujours de pair avec une entière liberté religieuse reconnue aux adeptes de toutes les religions.


La séparation intégrale de l'Église et de l'État est au surplus le seul régime véritablement équitable. Il empêche le très regrettable phénomène de la solidarité contrainte que l'on rencontre en l'occurrence chaque fois qu'un non-croyant ou un membre d'une Église ou d'une communauté non reconnues par l'État finance, par le biais de ses impôts, le culte, les Facultés de théologie ainsi que les autres activités des Églises officielles. Un tel système, dont subsistent des vestiges dans de nombreux pays occidentaux, au nombre desquels figurent la Suisse, et la République Fédérale d'Allemagne, est aussi injuste qu'inutile. Philosophiquement et même politiquement, aucun argument rationnel ne justifie les privilèges accordés par l'État à une ou plusieurs confessions au détriment d'autres.
La séparation intégrale de l'Église et de l'État, condition nécessaire et presque suffisante de la liberté religieuse, débouche logiquement sur un pluralisme théologique, confessionnel, philosophique et politique étendu. Les hommes étant ce qu'ils sont, le pluralisme est toujours le corollaire obligé de la liberté qui constitue le terreau idéal de l'émergence de pensées divergentes et contradictoires. Si le pluralisme est le corollaire de la liberté, l'inverse est vrai aussi. Pas de liberté sans pluralisme. Les sociétés monolithiques et homogènes dans le domaine religieux ou politique sont toujours intolérantes à l'égard des minorités. Jusque dans ce siècle, il était très inconfortable d'être protestant en Espagne... comme d'être catholique en Suède (un peu moins, il est vrai).


Le pluralisme est une des principales sources historiques de la liberté. Émile Poulat, du CNRS, écrit justement que les libertés individuelles sont un produit de la dissociation du christianisme, qu'elles ont été élaborées contre les dogmes catholiques et que seuls parmi les chrétiens, ceux qu'on appellera les sectaires et les indépendantistes, ont revendiqué la liberté religieuse.
Ce sont les pays pluralistes sur le plan confessionnel qui, les premiers, ont connu une liberté religieuse et politique digne de ce nom (États-Unis, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Suisse).
C'est le pluralisme dont elle était l'auteur, qui a permis à la primitive Église de jouir de ses premiers temps de liberté. L'Édit de Milan de 313 a consacré la liberté religieuse en tant que conséquence inéluctable d'un pluralisme très marqué: «Il convient à la tranquillité dont jouit l'Empire que la liberté soit complète pour tous nos sujets d'avoir le Dieu qu'ils ont choisi et qu'aucun culte ne soit privé des honneurs qui lui sont dus». Les grands zélateurs de l'unité visible et organique des Églises-institutions feraient bien de se souvenir que les divisions confessionnelles (de même, d'ailleurs, que les divisions politiques!) comportent autant d'avantages que d'inconvénients... sinon davantage. Une Église-institution unifiée, unique et monolithique ne pourrait être que totalitaire. Le parti unique finit toujours par piétiner les fleurs de la liberté!


La liberté religieuse est indissociable du pluralisme pour une autre raison. Elle est indivisible et soumise au principe d'égalité, sinon elle n'est plus la liberté religieuse. Cela signifie que si les baptistes en sont titulaires, les catholiques, les mormons et les adeptes de la secte Moon doivent également en jouir. Dans leur optique, les modernes théories des droits de l'homme considèrent à juste titre la liberté religieuse comme un droit imprescriptible de la personne humaine.
Cela nous amène à stigmatiser l'attitude des chrétiens revendiquant la liberté religieuse pour eux-mêmes et qui, simultanément, approuvent les mesures de suppression prises à l'encontre de certaines Églises, communautés ou sectes. Il y a quelques années, des chrétiens évangéliques s'étaient réjouis de l'interdiction des
Témoins de Jéhovah en Algérie. Aujourd'hui, ils sont pratiquement logés à la même enseigne... ! «Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux» (Luc 6, 31).
Si la liberté religieuse est vraisemblablement la liberté la plus précieuse de l'homme, elle ne saurait jamais être absolue. Chacun comprendra qu'il ne serait guère admissible que des croyants fassent culte jeudi matin à deux heures en réveillant tous les habitants du quartier où se trouve leur chapelle. Même dans les pays les plus libéraux, tout individu peut se défendre juridiquement contre l'insistance d'un autre individu qui lui téléphonerait cinq fois par jour pour lui dire qu'il doit rejoindre son Église sous peine de subir les flammes de la géhenne. Cela est anecdotique. Mais plus grave est le cas de ces centaines de jeunes dont les parents perdent la trace dès qu'ils ont été embrigadés dans les sectes telles que Moon. Certains embrigadements ne sont pas éloignés des enlèvements, sévèrement sanctionnés par tous les codes pénaux.


Ces quelques exemples montrent bien qu'il est légitime que la liberté religieuse soit restreinte. Les restrictions qui la frappent ne sont toutefois compatibles avec un ordre juridique démocratique et stable qu'à deux conditions:
D'abord, elles ne doivent pas porter atteinte à l'essence de la liberté religieuse, ne pas la vider de sa substance.
Ensuite, elles doivent procéder de la législation ordinaire, limitant de manière équivalente toutes les autres libertés personnelles (liberté de pensée, d'opinion, politique, d'association, etc.).
Une législation d'exception, limitant spécifiquement la seule liberté religieuse à l'exclusion des autres libertés individuelles, ouvre virtuellement les portes à l'arbitraire et entraîne avec la logique de restrictions supplémentaires.
En dépit de toutes ces nuances, nous pensons avec fermeté, mais dans le respect des pensées divergentes, que les chrétiens devraient être partisans d'une séparation intégrale entre l'Église et l'État, contribuant ainsi à la réalisation de l'une des idées maîtresses de Cavour: «Une Église libre dans un État libre». 


Si la liberté religieuse protège les chrétiens et croyants d'autres religions contre les mesures liberticides et discriminatoires de l'État, et dans une large mesure contre les contraintes et discriminations les plus évidentes de la société civile, elle ne servira jamais de rempart suffisant contre certaines formes de persécutions exercées par la société civile. Un adventiste du 7ème jour qui observe le sabbat, éprouvera les plus grandes difficultés à devenir directeur d'une entreprise, sa trop grande «rigidité» (lisez sa fidélité à sa foi) constituant pour lui un handicap presque insurmontable. Un cadre catholique ou pentecôtiste qui, dans ses activités, se refuserait à tout mensonge, pourrait (nous parions au conditionnel) rencontrer une hostilité à laquelle aucun État ne pourra jamais le soustraire. Un chrétien protestant témoignant de sa foi en Jésus-Christ pourra lui aussi se heurter à un mur d'indifférence... ou de mépris. (Il Timothée 3, 12) Aucune loi ne pourra jamais effacer cette réalité.


RÉGIME POLITIQUE ET LIBERTÉ RELIGIEUSE
Quelques théologiens ont cru trouver dans les Écritures la justification de certains régimes politiques, au nombre desquels figurent la théocratie, la monarchie et même un type particulier de communisme. L'équation vos populi vos Dei ne pouvant en aucun cas être retenue comme fondement d'une Cité conforme à la volonté révélée de Dieu, la démocratie n'a jamais été perçue comme un système divin. Toujours est-il qu'historiquement et logiquement, la démocratie est de tous les régimes politiques le plus propice à la liberté religieuse, et de loin! Il y a affinité élective entre ces deux valeurs. En toute démocratie, la liberté religieuse n'est pas octroyée, ni ne doit être revendiquée, pour les deux raisons fondamentales que voici: Tout d'abord, elle fait partie intégrante du catalogue classique des libertés individuelles inscrites dans les Constitutions exactement au même titre que les autres libertés. Ensuite et surtout, elle est réductible ou identifiable à d'autres libertés individuelles fondamentales.


La liberté de culte est une forme de la liberté d'association. La liberté de professer sa foi présente une parenté évidente avec la liberté d'opinion. A la limite, dans les régimes démocratiques, la liberté religieuse pourrait être dérivée des autres libertés individuelles! C'est cela qui a fait de la démocratie un vecteur historique majeur de la liberté religieuse en même temps qu'un de ses plus sûrs garants.


CONCLUSIONS
La principale vocation des chrétiens n'est pas de revendiquer la liberté religieuse qui n'est pas une finalité en soi. La liberté religieuse n'est même pas la source privilégiée du dynamisme et de la fidélité des Églises chrétiennes. Bien au contraire, puisque les persécutions ouvertes engendrent très souvent une croissance qualitative et quantitative de l'Église.
L'Empire romain des premiers siècles et l'URSS contemporaine témoignent du phénomène. Est-il dès lors opportun de souhaiter que les Églises des sociétés démocratiques passent par de rigoureuses tribulations pour qu'elles connaissent de nouveaux Réveils? Pour satisfaire à l'exigence de cohérence, les chrétiens (ils existent) qui nourrissent de telles aspirations devraient également appeler de leurs voeux la maladie ou toute autre difficulté, puisque l'expérience montre (malheureusement!) que ces épreuves prennent fréquemment la forme d'une voie royale vers le salut ou le surcroît de sanctification. Nous récusons une telle attitude, Dieu invitant les chrétiens à «faire des prières... pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille» (II Timothée 2, 2). Par ailleurs, appeler le mal pour qu'il en résulte le bien n'est pas une démarche à laquelle Dieu convie l'homme...» même si Son plan parfait circonscrit l'oeuvre des méchants! Mais alors c'est le Seigneur du temps et de l'espace qui par Sa volonté toute-puissante fait «concourir toutes choses au bien de ceux qui l'aiment», et non l'homme qui est invité par le même Seigneur à déclencher un processus dont il n'est pas certain de maîtriser tous les développements.
Aucun chrétien n'a à rougir d'apprécier la liberté, la paix et la santé. Ce sont des grâces de Dieu, en même temps que des aspirations humaines légitimes et constructives.


Jean-Pierre GRABER 

© Ichthus 1985 - 4 (No 131)

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LES ÉTIQUETTES


1 Corinthiens 1: 13


On entend parfois dire qu'il faudrait supprimer toutes les «étiquettes» confessionnelles et certains voient une oeuvre du Saint-Esprit dans le fait qu'ici et là des chrétiens de plusieurs dénominations se rencontrent «en laissant leurs étiquettes au vestiaire»... pour les reprendre à la sortie!

C'est qu'en réalité on ne se débarrasse pas si facilement de son étiquette. Parfois même on vous en colle une sans que vous l'ayez demandée! Dans certains congrès les participants sont munis d'office d'un «badge» (insigne) avec la mention de leurs noms, langue, origine, fonction et dénomination afin de faciliter les contacts. L'étiquette peut donc répondre à un besoin, elle exprime un fait, elle renseigne et elle permet d'éviter les confusions, tout comme elle rend service dans le commerce quand elle fait connaître la marque, la qualité, le poids et le prix d'une marchandise. L'étiquette que portent les chrétiens indique leur position ecclésiastique dans un monde religieux qui est ce qu'il est, c'est-à-dire multiconfessionnel ou pluraliste.


Sous prétexte de ne pas vouloir porter d'étiquette certains se déclarent tout simplement «chrétiens» ou «enfants de Dieu», alors qu'ils se rattachent quand même à tel groupement ou à telle assemblée, à moins qu'ils ne soient «partoutistes», butinant en tous lieux et ne s'engageant nulle part. Qu'on ne nous oblige pas à deviner la couleur de notre interlocuteur, nous exposant au risque de fâcheuses méprises. Clarté et honnêteté facilitent les rapports entre chrétiens, comme de façon générale entre tous les hommes.

 

À l'origine il ne fut question que de l'«Église». Il n'y en avait qu'une en un seul endroit. Mais des Actes 8: 1 on précise «l'Église de Jérusalem» parce que la dispersion avait commencé et d'autres églises allaient voir le jour en d'autres lieux. On ajouta alors des indications géographiques (les églises de Galatie, Galates 1:2). On précisa même qu'il s'agissait de «l'église de Dieu» (1Cor. 1:2), puisqu'il y avait des «églises» d'une autre nature, vu que le terme en cause (ecclésia = assemblée) était alors d'un usage courant dans le monde et pouvait aussi bien désigner une assemblée politique (Actes 19: 32, 39 et 40). Et quand l'indication de la localité ne suffisait plus, on spécifiait «l'église qui est dans la maison» d'un tel (Rom. 16: 5; 1 Cor. 1 6: 1 9; Col. 4: 15; Phil. 2), ce qui liait déjà le nom d'une église à celui d'un homme.


N'oublions pas non plus que «chrétiens» est une étiquette et ce fut à Antioche que pour la première fois on appela ainsi les disciples de Jésus (Actes 11:26). Eux-mêmes se disaient plutôt «frères», «saints» ou «croyants». Ce sont donc les autres qui leur donnèrent ce surnom qui devait leur rester et qui devint par la suite l'appellation la plus universellement admise.

Pour les distinguer des juifs, on nomma aussi les premiers chrétiens des adeptes de la «Voie» (Actes 9: 2; 1 9: 9) appelée une secte (littéralement: une hérésie) et plus précisément la «secte des Nazaréens» (Actes 24: 5 et 14). Donner un surnom ou un sobriquet était alors chose courante. C'est ainsi qu'on ajouta au nom de Jean, fils de Zacharie et d'Élisabeth, l'épithète «baptiste» (= plongeur) parce qu'il s'était fait remarquer par l'immersion qu'il pratiquait dans le Jourdain. On pouvait ainsi mieux le distinguer des autres Jean. Nous constatons donc qu'en ce temps déjà on se servait volontiers d'étiquettes et cela permettait d'éviter la confusion et d'être plus précis dans la désignation des personnes ou des collectivités.

 

Il est vrai, hélas! que les étiquettes font aussi apparaître très tôt des divisions entre les chrétiens. On sait qu'à Corinthe les uns se disaient de Paul, d'autres d'Apollos, de Céphas ou de Christ (1 Cor. 1: 12) et que Paul qualifiait cet esprit partisan d'humain et de charnel (1 Cor. 3: 3-4). Le plus grave n'était pas l'affichage des étiquettes, mais plutôt la triste réalité que ces étiquettes recouvraient. Supprimer ces divers noms n'aurait pas guéri les Corinthiens de leur mal. Mais aussi longtemps que l'étiquette exprime une réalité, elle constitue une façon honnête de se présenter et si un nom seul ne suffit plus, pourquoi ne pas faire usage d'un prénom ou même accepter un surnom pour mieux se définir à côté d'autres?

 

Laisser les étiquettes au vestiaire n'est certainement pas la meilleure façon de s'en débarrasser. La garde-robe est destinée à restituer les objets qui lui ont été momentanément confiés. Au fond, l'étiquette n'est pas déterminante. Que servirait-il de la changer, si la marchandise restait la même? On tromperait l'acheteur sans changer la nature des choses. Il y a des chasseurs d'étiquettes, des faiseurs d'unité au rabais, qui sans tenir compte de la réalité de l'imbroglio religieux, voudraient placer tout le monde sous un dénominateur commun. Laisser les étiquettes au vestiaire ne serait qu'un bluff, si au fond de soi-même chacun désirait rester sur ses positions en ne cherchant qu'à camoufler sa vraie identité.

 

Ne faisons pas la guerre aux étiquettes, nous y perdrions notre temps. Il faudrait plutôt réexaminer ce qu'elles recouvrent et demander à ceux qui sont pour leur suppression s'ils sont disposés à se soumettre à la Parole de Dieu. D'où viennent donc ces étiquettes de calvinistes, de luthériens, de catholiques romains, de catholiques chrétiens (vieux catholiques), de méthodistes, de salutistes, de darbystes, de pentecôtistes, de charismatiques, de mennonites, d'anabaptistes, de baptistes, etc. ? Certaines vérités ont été oubliées par les uns, redécouvertes par d'autres, parfois trop accentuées ou déformées. Tel fondateur, ou réformateur, ou chef de file religieux a exercé une influence prépondérante et sa personnalité a parfois profondément marqué son oeuvre ou ses adeptes. Mais la plupart de ces étiquettes n'ont pas été choisies par ceux qui les portent. Ce sont souvent leurs ennemis ou détracteurs qui les ont ainsi appelés. Nous nous demandons toutefois si les héritiers de ces hommes et de leurs enseignements sont prêts à examiner toutes choses et à ne retenir que ce qui est bon, c'est-à-dire conforme aux Écritures. C'est par là qu'il faudrait commencer pour prouver sa sincérité. En s'attaquant à la racine du mal on parviendrait à en supprimer les effets et les étiquettes tomberaient d'elles-mêmes, parce qu'elles perdraient leur raison d'être.


Jean Hoffmann


© La Bonne Nouvelle 3/96

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