Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Edification

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L'AMOUR PRIME LA CRAINTE pour tous ceux qui dans ce livre entendent la parole de Dieu


Avec les chapitres ici proposés, nos lecteurs vont disposer du texte intégral du Deutéronome, peut-être le plus riche des livres du Pentateuque. Ils remarqueront que son style est caractérisé par la répétition infatigable de formules typiques. D'un bout à l'autre, c'est une interpellation qui exhorte, engage, conjure affectueusement. Dans sa forme, ce livre est une seule et unique prédication très condensée: c'est celle de l'adieu de Moïse à Israël, restitué par les traditions les plus diverses, historiques, culturelles et juridiques.


En voici les pensées fondamentales:

Bien que les cieux et la terre tout entière appartiennent à Dieu, il a élu plus spécialement les pères d'Israël, il les a aimés gratuitement, non qu'Israël soit un peuple important: c'est un des moins nombreux entre les peuples dont l'histoire de ce temps ait conservé la trace. La raison de son élection se trouve uniquement dans l'amour de Yahvé, qui est immotivé, comme tout amour véritable. Le lien entre l'Alliance et l'Amour est extrêmement étroit, les termes sont presque synonymes. Le bien promis, c'est l'héritage que Dieu donne à son peuple en gage de cet amour, la terre de Canaan, évoquée avec une grande profusion d'expressions bien arrosée, riche de cultures; il s'y trouve de grandes villes qu'Israël n'aura pas besoin de construire, de splendides maisons toutes prêtes. La description est celle d'une sorte de paradis terrestre. Voilà le Pays dont Yahvé prend soin et qu'il ne quitte pas des yeux. Israël y trouvera le repos et la délivrance de tous les ennemis qui l'entourent.

Là n'est pourtant pas l'essentiel de la prédication deutéronomique. Ce n'est qu'un élément tangible sur lequel s'appuient les exhortations: Parce que Yahvé vous a témoigne une si grande fidélité, parce qu'il continue à vous la témoigner, il vous appartient de l'aimer en retour et d'observer ses lois et ses ordonnances. Si l'on accepte de traduire dans un langage humain ce que Dieu «sait» et «sent» de toute éternité, on peut dire que souvent affleure aussi une certaine appréhension de voir Israël oublier rapidement les prévenances invraisemblables dont il fut l'objet. L'invitation ferme à la reconnaissance fait appel aux sentiments beaucoup plus qu'à la crainte. L'appartenance à Yahvé doit se manifester sans doute par l'observance rigoureuse et minutieuse des commandements auxquels nul n'a le droit d'ajouter ou de retrancher quoi que ce soit, mais plus encore par «le coeur».


Ce commandement est la profession de foi d'Israël

Ainsi le Deutéronome pousse-t-il sous tous les rapports à une unification et à une simplification de la tradition qu'il intériorise. Le commandement fondamental est l'Amour qui constitue le premier et le plus grand de tous les commandements, le commandement fondamental qui devient la profession de foi d'Israël, le schéma: «Écoute Israël Yahvé, notre Dieu, est le seul Yahvé. Tu aimeras Yahvé, ton Dieu, de tout ton coeur...» (chap. 6, vers. 4). Partout dans ce livre on retrouve cet effort pour simplifier la multiplicité des expressions de la volonté de Dieu qui requièrent l'obéissance. Parce qu'elles sont toutes rapportées à cette loi d'amour, elles sont rendues aussi compréhensibles et personnelles que possible.


Pour les hommes d'aujourd'hui, comme pour ceux de jadis

Par cette révélation de la volonté divine, le rapport entre Yahvé et son peuple devient parfaitement clair. Rien ne serait plus insensé pour Israël que de remettre en question cette révélation qui est «toute proche de toi, dans ta bouche, dans ton coeur».

Nulle part la tentative d'actualiser pour la génération contemporaine les commandements sinaïtiques ne s'est exprimée de façon plus saisissante: le mot aujourd'hui revient sans cesse. Ce mot aujourd'hui embrasse le temps de Moïse et celui du lecteur du Livre dans un seul instant. Par là s'exprime le fait que l'Israël contemporain du Deutéronome est encore placé entre l'élection et le salut proprement dit, qu'il est encore «en chemin», et qu'il aura encore besoin de grands bienfaits: «Parce que vous n'êtes pas encore arrivés dans le lieu de repos et dans l'héritage que Yahvé votre Dieu vous donne» (chap. 12, vers. 9). Héritage dont les valeurs spirituelles seront acquises à tous ceux qui auront entendu la parole de Dieu.

Dom J. GOLDSTAIN


© En ce temps-là, la Bible No 16 page IV. 


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L'AMOUR SERAIT-IL A SÉPARER DE L'OBÉISSANCE À LA LOI DE DIEU? APOLOGIE POUR LA LOI DE DIEU


De nos jours, bien malheureusement, de nombreux chrétiens séparent la loi de Dieu et l'amour. Selon les préjugés romantiques et existentialistes ambiants, l'amour est spontané, vivant, instinctif et inspiré; pour tout dire, il est créateur. À toutes ces qualités sont nécessairement à opposer une loi rigide, un commandement formel, un ordre strict. Comme le dit l'expression populaire, «l'amour ne se commande pas». Rien ne saurait être plus faux et plus contraire à l'enseignement clair et indiscutable de la Bible, tant dans l'Ancien que dans le Nouveau Testament. Le simple fait que Dieu nous ordonne de l'aimer et d'aimer notre prochain devrait nous faire comprendre l'impossibilité de séparer l'amour de Dieu de Ses commandements, l'amour du prochain de la Loi divine. Écartons d'emblée une objection. Il va sans dire que la loi par elle-même ne saurait produire l'amour de Dieu et de notre prochain en nous. Seul le Saint-Esprit peut le faire.

Or, l'espérance ne trompe pas, parce que l'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous est donné. (Romains 5-5). La loi de Dieu, résumée dans le Décalogue, n'est autre que le moule qui donne forme et substance à cet amour. Dieu est amour. Mais Dieu est aussi, dès le commencement, Parole, Loi; et c'est cette Parole-Loi de Dieu qui définit la nature de l'amour véritable. Cet amour venant de Dieu s'oppose à l'amour déréglé des hommes qui désirent aimer selon leur propre fantaisie sans tenir compte, ni de Dieu, ni de Sa Parole.

Moïse, lui, ne séparait pas l'amour de la loi, ni la loi de l'amour. Voyez comment le Deutéronome résume la première table de la loi: Écoute, Israël! L'Éternel, votre Dieu, l'Éternel est un. Tu aimeras l'Éternel, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force. Et ces paroles que je te donne aujourd'hui seront dans ton coeur Tu les inculqueras à tes fils et tu en parieras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les lieras comme un signe sur ta main, et elles seront comme un fronteau entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. (Deutéronome 6.4-9).

Par ce texte, nous voyons que l'expression de l'amour d'Israël pour son Dieu était de pratiquer ses commandements, de les imprimer dans ses pensées – un fronteau entre les yeux, d'en faire la motivation de tous ses actes un signe sur ta main – et l'inspiration de ses institutions – sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. Ces commandements devaient inspirer l'atmosphère intellectuelle, spirituelle, morale et politique du peuple de Dieu, de telle sorte que la nouvelle génération en fasse sa nourriture. Plus loin dans le Deutéronome, nous lisons l'exhortation suivante, qui met encore davantage en lumière le lien indissoluble qui unit l'amour de Dieu à l'accomplissement de Ses Commandements:

Maintenant, Israël, que demande de toi l'Éternel, ton Dieu, si ce n'est que tu craignes l'Éternel, ton Dieu, afin de marcher dans toutes ses voies, d'aimer et servir l'Éternel, ton Dieu, de tout ton coeur et de toute ton âme; si ce n'est que tu observes les commandements de l'Éternel et ses prescriptions que je te donne aujourd'hui, afin que tu sois heureux? (Deutéronome 10. 12-13).

Parlant au peuple d'Israël de ce temps encore éloigné où, en conséquence de son infidélité, de son idolâtrie et de sa désobéissance obstinée aux commandements de l'Éternel, il serait chassé du pays que Dieu lui avait donné, Moïse déclare: L'Éternel, ton Dieu, circoncira ton coeur et le coeur de ta descendance, pour que tu aimes l'Éternel, ton Dieu, de tout ton coeur et de toute ton âme afin que tu vives. L'Éternel, ton Dieu, fera tomber toutes ces malédictions sur tes ennemis, sur ceux qui te haïssent et te persécutent Et toi, tu reviendras, tu obéiras à la voix de l'Éternel et tu mettras en pratique tous ces commandements que je te prescris aujourd'hui (Deutéronome 30.6-8). Nous voyons ainsi que le but du ministère prophétique en Israël était de ramener le peuple à son Dieu afin qu'il l'aime de tout son coeur et de toute son âme, et qu'il observe à nouveau ses commandements et ses préceptes écrits dans le livre de la loi (Deutéronome 30.10).

Qu'en est-il de l'amour du prochain, objet de la deuxième table de la loi? Dans l'Ancien Testament, cet amour du prochain serait-il conçu comme étant séparé, coupé de l'obéissance aux commandements de Dieu? Voici ce que nous lisons dans le livre du Lévitique:

Vous ne commettrez pas d'injustice dans les jugements: tu n'auras pas égard à la personne du pauvre et tu n'auras pas égard à la personne du grand, mais tu jugeras ton compatriote selon la justice. Tu n'iras pas calomnier ceux de ton peuple. Tu ne réclameras pas injustement la mort de ton prochain. Je suis l'Éternel. Tu ne haïras pas ton frère dans ton coeur; tu ne te chargeras pas d'un péché à cause de lui. Tu ne te vengeras pas, et tu ne garderas pas rancune envers les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis l'Éternel, ton Dieu. (Lévitique 19.15-18)

 

Le grand commandement d'aimer son prochain comme soi-même résume, comme le dira plus tard l'auteur même de cette loi, Jésus-Christ en personne, toute la loi. Le commandement d'amour est posé comme conclusion précise de toute une énumération de commandements: de juger impartialement, de ne point calomnier son prochain, de ne point rechercher sa mort par des voies judiciaires, de ne point le haïr, de ne point se venger soi-même. Aimer son prochain comme soi-même n'est rien si ce n'est d'accomplir, entre autres, ces commandements bien précis.

Il est maintenant clair que les paroles du Christ allant dans ce sens n'ont, en fait, rien eu de particulièrement original. Notre Seigneur ne faisait que reprendre mot à mot cet enseignement qu'il avait lui-même donné à Moïse, lorsqu'il répondit au docteur de la loi qui lui demandait: Maître, quel est le grand commandement de la loi. Jésus lui répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C'est le premier et le grand commandement Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. (Matthieu 22.36-39)

Paul, loin d'exprimer une théologie qui lui aurait été propre, ne faisait que reprendre l'enseignement de Moïse et de Jésus quand il écrivait aux Romains: Ne devez rien à personne, si ce n'est de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime les autres a accompli la loi. En effet, les commandements: Tu ne commettras pas d'adultère, tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas de vol, tu ne rendras pas de faux témoignage, tu ne convoiteras pas, et tout autre commandement se résument dans cette parole: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L'amour ne fait pas de mai au prochain: l'amour est donc l'accomplissement de la loi. (Romains 13.8-10)

Paul, lui aussi, déclare que tous les commandements de la seconde table se résument dans cette parole: Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Romains 8.10). C'est ce qu'il écrit encore dans l'épître aux Galates:

Par amour, soyez serviteurs les uns des autres, car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (Galates 5.13-14) 

C'est comme si nous disions que toutes les couleurs du spectre, rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo, violet étaient contenues dans la lumière qui nous provient du soleil. Il en est de même pour le commandement d'aimer Dieu et son prochain. Il contient en germe toutes les lois particulièrement édictées par Dieu pour le bien des hommes.

Pour conclure ces citations du Nouveau Testament, examinons brièvement un passage de la première épître de Jean:

À ceci nous reconnaissons que nous l'avons connu: si nous gardons ses commandements. Celui qui dit: Je l'ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n'est pas en lui. Mais celui qui garde sa parole, l'amour de Dieu est vraiment parfait en lui. À ceci nous reconnaissons que nous sommes en lui: celui qui déclare demeurer en lui, doit marcher aussi comme lui a marché. Bien-aimés, ce n'est pas un commandement nouveau que je vous écris, mais un commandement ancien, que vous avez eu dès le commencement; ce commandement ancien, c'est la parole que vous avez entendue. D'autre part, c'est un commandement nouveau que je vous écris; ceci est vrai pour lui et pour vous, car les ténèbres passent et la lumière véritable brille déjà. (I Jean 2.3-8) 

Nous pouvons ici clairement constater que la preuve visible que nous avons connu Dieu est le fait que nous gardons Ses commandements. Plus encore, la perfection même de l'amour de Dieu en nous est notre persévérante fidélité à garder Ses commandements. Il ne s'agit pas ici d'un commandement nouveau, mais d'un commandement ancien, la loi de Dieu, la Parole éternelle de Dieu. D'une autre manière, cependant, il est nouveau car, par la venue de notre Seigneur Jésus-Christ sur la terre, la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme (Jean 1.9), a commencé à luire dans ce monde.

Cette lumière qui luit dans nos coeurs – car par la grâce de Dieu nous sommes des enfants de lumière (1 Thessaloniciens 5.5) – est la lumière du monde (Matthieu 5.14), les prémices du Royaume de Dieu ici-bas.

Nous avons pu constater que, tant dans l'enseignement de Moïse que dans celui du Christ et de ses apôtres, l'amour de Dieu et l'amour du prochain étaient indissolublement liés à l'obéissance fidèle et persévérante du chrétien aux commandements de Dieu. La raison en est simple. Le but de Dieu, tant dans Sa création que dans l'oeuvre de la rédemption, est d'établir, de rétablir l'homme – et toutes choses avec lui – dans une vie, une pensée et une action propres à glorifier le Seigneur et le Sauveur. Dans la Bible, ni la connaissance, ni l'amour ne sont des fins en eux-mêmes, comme c'est le cas dans la pensée grecque antique ou dans celle de l'Europe de la Renaissance, source de nos idolâtries intellectuelles et sentimentales modernes. Connaissance et amour, comme toutes choses d'ailleurs, doivent toujours glorifier Dieu. Connaissance et amour doivent conduire, selon l'Écriture, à l'obéissance de la Foi afin que la vie tout entière de l'homme, et toutes ses oeuvres, soient conformées par l'Esprit de Dieu, par la grâce de Dieu, aux pensées, à la volonté, pour tout dire, à la loi de notre Dieu en Jésus-Christ. Car dans Sa parfaite obéissance à la loi divine tout entière, Jésus-Christ est la révélation suprême de l'amour de Dieu. Ainsi, en Jésus-Christ, l'homme pourra parvenir au but pour lequel il avait été créé: rendre pleinement gloire à son créateur par son obéissance à Sa Parole. Que nous ne séparions pas des pensées que Dieu a Lui-Même unies.

Jean-Marc BERTHOUD


© Promesses 1984 – 1 / No 69


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M'AIMES-TU? (Jean 21/15).


I. – Valeur de l'amour

Question cardinale, vitale entre toutes! Car

  • l'amour est ce qu'il y a de plus grand au ciel et sur la terre; l'amour est la puissance la plus forte dans le monde visible et invisible;
    l'amour est le couronnement de tous les dons de la nature et de l'esprit.

Aussi Dieu ne demande-t-il de nous ni sacrifices, ni offrandes. Il n'a pas besoin de notre service, mais Il veut notre coeur, notre amour. Voir: Ps. 40: 7-9; 51: 17-19; Matth. 15: 8.

C'est pourquoi Il nous dit:

«Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C'est là le grand, le premier commandement. Et voici le second qui lui est semblable «Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» Matth. 22 37-39. Voir encore: Dent. 6: 5; Lév. 19: 18.

Et Christ, de même, attache la plus grande valeur à notre amour. Voir: Luc 7: 44; Ap. 2: 4.

Aussi nous dit-il:

«Je vous donne un commandement nouveau: c'est que vous vous aimiez comme je vous ai aimés; vous aussi aimez-vous les uns les autres. C'est à ceci que tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres.» Jean 13: 34-35; cf. Jean 15: 12.

Et le grand apôtre Paul chante la suprême valeur de l'amour dans son sublime chant d'amour: 1 Cor. 13.


II. – Chemin pour arriver à la possession de l'amour

Il nous faut pour cela une révélation de l'amour de Dieu. Dieu EST amour. 1 Jean 4: 16. Il n'est pas seulement plein d'amour; il est l'amour lui-même (I Jean 4: 7-8) et de ce fait Il est soumis à la loi immuable de l'amour. Cependant cet amour de Dieu – source toujours jaillissante et vivifiante – est, hélas! voilé à la plupart des hommes. – Pourquoi? C'est l'Ennemi qui a fait cela. II Cor. 4: 4. (Il a aveuglé les yeux des hommes par le péché: «Dieu aurait-il dit?» – les faisant ainsi douter de l'amour de Dieu). Il faut donc connaître l'amour que Dieu a pour nous (I Jean 4: 16). Toutes les difficultés, les craintes, les doutes disparaissent quand l’âme a fait cette découverte et que, à la crèche et à la croix, elle a eu cette précieuse révélation que:

  • «Dieu a tellement aimé le monde qu'Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle.» Jean 3: 16. «Dieu a fait éclater son amour envers nous en ce que, quand nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous.» Rom. 5: 8; cf. Jean 15: 13.
    «Lui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui?» Rom. 8: 32.
    «Voici en quoi consiste l'amour (de Dieu pour nous) – ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est Lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils comme victime de propitiation pour nos péchés.» I Jean 4: 10.

 

Qui dira la grandeur de cet amour? Eph. 3: 18-19; Eph. 2:4.

  • Il va d'une éternité à l'autre: c'est sa longueur. Il embrasse tous les temps, tous les hommes, tous les peuples: c'est sa largeur.
    Il vient d'en haut et est descendu dans les profondeurs de la mort et de l'enfer pour y faire son oeuvre divine: c'est sa profondeur!
    Il porte en Christ son triomphe de hauteur en hauteur jusqu'à sa place à la droite de Dieu: c'est sa hauteur 1

Ce grand amour est immuable, inépuisable. Rom. 8: 35-39 , Es. 49: 15-16.

Ce grand amour est absolument gratuit, patient et fidèle. I Jean 4:10; Rom. 5:8; Es. 54:10; 2 Tim. 2:13.

Cependant si nous n'avons pas foi à cet amour et si nous ne pouvons pas dire: «Nous avons connu l'amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru», ce grand amour de Dieu ne nous est d'aucun secours. Mais au contraire si, par le Saint-Esprit et la Parole, nous recevons la révélation de l'amour divin, alors quelque chose de merveilleux s'accomplit en nous. Une source d'amour jaillit dans notre coeur nous aimons Dieu!

«L'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné.» Rom. 5: 5.

Et cette source se divise en deux bras:

L'un va à Dieu: Nous l'aimons en retour «parce qu'Il nous a aimés le premier». 1 Jean 4: 19.

L'autre va au monde: Nous aimons les frères. «Quiconque aime Dieu qui l'a fait naître, aime aussi ceux qui sont nés de Dieu.» 1 Jean 5: 1.

Nous devenons les «imitateurs de Dieu comme ses enfants bien-aimés et nous marchons dans l'amour à l'exemple du Christ qui nous a aimés.» Eph. 5: 1-2.

Voir encore: 1 Jn 2: 9-11; 1 Jean 3: 14-16; Matth. 5: 43-48. 

  • nous abonderons et nous croîtrons dans l'amour 2 Cor. 8 - 7; Ph. 1: 9; I Th. 3: 12; II Th. 1: 3. nous serons revêtus d'amour: 1 Thes. 5: 8; Col. 3 14. nous serons saints et irréprochables dans l'amour: Eph. 1: 4. nous demeurerons dans l'amour: Hébr. 13: 1.
    nous serons enracinés et fondés dans l'amour Eph. 3: 18.
    l'amour sera la pierre de touche de notre vie 1 Jean 4: 7- 8-11-13 ; I Jean 3: 10-16.


III. – Caractère de l'amour

Cet amour «qui procède d'un coeur pur», 1 Pier. 1: 22, cet amour «qui est le lien de la perfection» (Col. 3: 14) doit toutefois constamment être «filtré» pour qu'il reste cet amour «extraordinaire» (Matth. 5 46-47) que Jésus demandait de ses disciples en leur disant «Aimez-vous les uns les autres COMME je vous ai aimés» (Jean 13: 34), c'est-à-dire d'un amour qui ne demande plus rien pour soi.

Cet amour

  • est patient, plein de bonté, n'est pas envieux,
    ne se vante point,
    ne s'enfle pas d'orgueil,
    ne fait rien de malhonnête, 1 Cor. 13.
    ne cherche pas son intérêt,
    ne s'irrite, ne s'aigrit point,
    ne soupçonne pas le mal,
    ne se réjouit pas de l'injustice,
    met sa joie dans la vérité,
    excuse tout,
    croit tout,
    espère tout,
    supporte tout,
    ne périt jamais,
    ne consiste pas en paroles, mais en action et en vérité. 1 Jean 3 – 18.
    abonde de plus en plus. I Th. 3: 12.
    couvre une multitude de péchés. Prov. 10: 12.
    est fort comme la mort. Cant. 8: 6.


IV. – Démonstration de l'amour

Si «l'amour du Christ nous possède» (II Cor. 5: 14), nous donnerons au monde par la pratique de cet amour la preuve évidente que: 

  • nous sommes les disciples authentiques du Christ. Jean 13 .35. nous portons les fruits de l'Esprit. Gal. 5: 22.
    nous sommes qualifiés pour le service du Christ. Jean 21: 15.
    nous possédons une puissance de renoncement à nous-mêmes. Il Cor. 5: 14-15.
    nous acquittons notre dette envers notre prochain. Rom. 13: 8.


V. – Effets de l'amour

Quant à Dieu:

  • Son coeur est satisfait. Son nom est glorifié. La communion avec Lui est rétablie. Il demeure en nous et nous en Lui. «Si quelqu'un m'aime, dit le Christ, mon Père l'aimera et nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui.» Jean 14: 23.

Quant à nous-mêmes

  • nous sommes délivrés de toute crainte. I Jean 4: 18. nous sommes transformés à l'image du Christ. 1 Pier. 1: 8-9.
    nous avons de l'assurance au jour du jugement. I Jean 4: 17.

Quant aux autres:

  • Ils sont réjouis, consolés, fortifiés, car celui qui aime le Seigneur répand autour de lui comme le soleil: lumière, chaleur, vie. «Ceux qui t'aiment sont comme le soleil quand il paraît dans sa force.» Juges 5: 31.


Conclusion

QUE LA GRÂCE SOIT AVEC TOUS CEUX QUI AIMENT NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST D'UN AMOUR INALTÉRABLE 1 Eph. 6: 24.

 

«Seigneur, ce que je réclame,
C'est ce riche don d'amour!
Que cette céleste flamme
En moi brûle nuit et jour!
Cet amour si fort, si tendre,
Amour qui supporte tout,
Qui ne veut pas se défendre,
Prêt à souffrir jusqu'au bout
 
Devant la vaste souffrance
Qui s'étend de jour en jour,
Il faut un remède immense,
Il faut un immense amour.
Que, jusqu'à la mort fidèle,
Priant, luttant en tout lieu,
Ma vie entière révèle
L'amour sublime de Dieu.» 


Booth-Clibborn


©  Aux sources du salut - E. FUSCH 1931 /  http://www.regard.eu.org/Livres.1/Aux.source.du.Salut/Depart.html

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MOI! AIMÉ DE DIEU?

 

Comment Dieu, trois fois saint, peut-il nous aimer d'un amour si grand, étant donné son aversion pour le péché et notre condition terrestre, notre faiblesse spirituelle, la nécessité quotidienne de nos excuses et contritions? Nous essayerons d'y répondre d'une manière satisfaisante pour l'esprit.


Le mécanisme de l'amour 

Vu que Dieu est amour et qu'il nous a créés à Son image, nous pouvons comprendre, au moins partiellement, l'optique et les réactions de Dieu à notre égard. Nous avons appris et compris que le Seigneur Jésus, Dieu fait homme exempt de notre nature pécheresse, s'est conduit en homme parfait, tel qu'il fut annoncé tout au long de l'Ancien Testament.

Nous les hommes, dans presque tous les cas, nous pouvons obéir pour faire ceci ou cela, pourvu que nous en acceptions l'effort. Nous avons donc la liberté d'agir, de commander notre corps; et quand notre volonté le commande, le corps obéit bon gré mal gré.

En revanche, commander à nos sentiments n'est pas si simple et nous n'avons pas la capacité d'obéir aussi facilement au commandement «d'aimer» qu'à celui «de lire la Bible» par exemple. Cela devient une affaire de culture, et nous pouvons cultiver les mauvais sentiments (Osée 10. 13), mais les bons aussi, leur trouver un moteur, une raison d'être, un besoin. Ainsi, nous cherchons les raisons d'aimer une personne, une chose, et suivant ce qui touchera notre coeur, nous éprouverons spontanément de l'amour.

Les motifs possibles en sont nombreux, parfois inattendus, insignifiants, voire contradictoires. Ainsi on aimera un enfant quelconque parce qu'on le connaît, parce qu'il est faible, malheureux, qu'il a besoin d'être aimé ou qu'il nous aime, etc. Mais la raison indispensable est de connaître la personne ou la chose à aimer: on ne peut pas aimer sans connaître.

C'est pourquoi la lecture systématique de la Bible nous fait grandir dans la connaissance de Dieu, en nous montrant les actions et réactions de l'Éternel dans l'Ancien Testament et celles du Seigneur Jésus dans le Nouveau Testament. Simultanément, notre amour pour Dieu naît et grandit spontanément.


Notre vision de l'amour de Dieu

Si la connaissance de Dieu nous conduit à l'aimer, elle nous permet aussi de comprendre les raisons de son amour pour Israël, les rachetés, le jeune homme riche (Marc 10.20s), les amis (Jean 11.5), etc. Nous découvrons que ces raisons sont comparables à ce que peuvent être les nôtres, quoique plus anciennes, et plus lourdes de conséquences. Dieu étant parfait, son amour est parfait puisqu'il se définit lui-même par ce sentiment (1 Jean 4.8).

Michel Evan soulignait ceci: «Un grand amour entre deux personnes crée un besoin: celui d'être aimé en retour. Certes, Dieu n'a besoin de personne, mais avant que nous ayons eu besoin de lui, il avait choisi d'avoir besoin de nous. Aussi la Bible compare-t-elle son amour à l'amour conjugal, tant pour Israël que pour l'Eglise, et également à l'amour filial, fraternel, amical, pour chaque racheté. En effet, nous sommes conscients que, dans le couple, il existe un sentiment d'insécurité quand le besoin d'amour éprouvé par l'autre n'est pas mutuellement ressenti. Les vrais amis, également, sont ceux qui éprouvent le besoin réciproque de l'autre: il est nécessaire d'être deux pour éprouver une relation d'amitié ou d'amour» (conférence 1991 à St-Marcellin).

Il est utile également de méditer la réciprocité des sentiments et l'intimité commune qui apparaissent dans Apoc 3.20, après l'ouverture de notre porte.

Considérons aussi notre «adoption», car nous fûmes créés et non engendrés. Une créature n'est pas un fils. Une statue ne fait pas partie de la famille de l'artiste, bien qu'il l'aime avant de l'avoir sculptée, car il la voit déjà dans sa tête et dans son coeur. Or, Dieu nous a adoptés légalement: Eph 1.5 dit que nous sommes prédestinés à être ses enfants d'adoption. Conformément au droit romain (nationalité de Paul), l'adoption résulte d'un choix réciproque du père et des enfants. C'est bien ce qui se passe à la conversion: un choix de l'enfant qui répond au choix de son père.

Ces considérations ne répondent que partiellement à la question: «Comment Dieu peut-il nous aimer, pécheurs que nous sommes chaque jour?» Car ce que nous sommes, ce n'est pas ce que voient les autres, c'est ce que chacun connaît de soi-même. Or, aucun chrétien ne se fait d'illusions sur lui-même, à moins d'être encore aveugle. Et je ne crois pas que nous conserverions beaucoup d'amis si chacun d'eux connaissait toutes nos pensées secrètes. Mais Dieu connaît nos pensées secrètes, et cependant il nous aime.



Une conséquence de la maîtrise du temps

Cette maîtrise éclaire la réponse cherchée. Dieu étant le créateur du temps, il n'y est pas assujetti. Il vit dans tous les temps simultanément, ou encore, il vit dans un éternel présent. Il n'y a pour lui ni passé ni présent, sinon pour se rendre accessible à notre intelligence (voir l'article «Dieu et le temps» dans le No 102).

D'autre part, puisqu'il nous a adoptés comme fils, depuis notre conversion il nous éduque à la façon d'un père, avec ses droits et ses responsabilités. Dans la Loi, le père n'avait-il pas droit de vie et de mort sur son fils indocile et rebelle? (Deut 21.18-21). Ce droit, qui est aussi celui du créateur, nous l'avons reconnu de bonne grâce à notre père céleste. Il en résulte que, depuis notre conversion, nous trouvons tout à fait normal et bon qu'il nous perfectionne au moyen de l'éducation, d'encouragements, de remontrances, d'épreuves et de sanctions. À la conversion, n'étions-nous pas d'accord avec lui sur les clauses du contrat?

Or, quand un père doit punir son enfant, il ne cesse pas de l'aimer à cause de la désobéissance précédente. Bien sûr, il n'aime pas les fautes commises, et ce sont elles qu'il sanctionne, tandis que ce qu'il aime, c'est l'enfant tel qu'il sera après avoir été guéri de ses défauts, lorsqu'il aura grandi et lui fera honneur.

Seulement, pour le père humain, ce n'est qu'un espoir qui peut être déçu. Tandis que Dieu sait ce que nous serons dans l'éternité, il le voit et il ne subira aucune déception, aucun échec. Il voit, dans le ciel, des hommes saints et parfaits: ses enfants d'adoption. Alors, bien que les défaites du présent justifient sa désapprobation, il nous aime néanmoins pour ce que nous serons demain. Et cela, il peut le faire sans aucune ombre, malgré ce que nous sommes aujourd'hui.


Y a-t-il une maîtrise du temps pour nous?

Bien qu'il soit créé à l'image de Dieu, l'homme, encore pécheur, voit rarement les événements avec la même optique que lui. Aussi, pour juger des circonstances, l'homme spirituel doit-il, dans beaucoup de domaines, tenir compte de cette optique d'en haut.

Je m'expliquerai en ce qui concerne la maîtrise du temps. Si elle ne nous est pas accessible, savoir qu'elle existe peut quand même nous conférer une certaine sagesse, une certaine patience. Nous pouvons penser à l'avenir avant d'agir ou de réagir. Je citerai un seul exemple pratique que j'emprunte à David Goold: 

«Quand Jésus regardait quelqu'un, il ne voyait pas le pécheur récalcitrant du moment, mais le fidèle qui se repentira demain. Alors, toi non plus, ne désespère de personne, regarde les gens comme Jésus les voit: il voit des personnes qui pourront changer. De la même façon, accueille sans difficultés le rétrograde repentant, en pensant non à ce qu'il fut, mais à ce qu'il sera. Il faut voir ce que toutes ces personnes seront demain» (conférence 1988 à l'Hermon). Ce frère regardait au lendemain, dans le but de voir comme Dieu, et d'agir selon son conseil.

La Bible fait une appréciation dans le temps quand elle dit: Mieux vaut la fin d'une chose que son commencement (Ecc 7.8 Seg. 1975). Elle nous conduit à la patience, à la mansuétude, et à une foi plus clairvoyante pour les autres, car, malgré l'ennemi, le dernier mot appartient au créateur, notre Père céleste.

Henri Larçon

©  Promesses 1993 - 3 / No 105


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REFLEXIONS SUR L'AMOUR 


L'amour, mais de quoi s'agit-il donc?

S'il est un sujet à l'honneur aujourd'hui dans les conversations, les chansons et les téléromans c'est certainement le sujet de l'amour. Vous avez à peine ouvert la radio que les «je t'aime, je t'aime,» déferlent dans vos oreilles. Mais en quoi cet amour consiste-t-il? On ne le sait pas trop. Plusieurs l'identifient à l'expérience sexuelle, d'autres, à la tendresse, d'autres, au respect. Mais qui sait vraiment de quoi il s'agit?

La langue française n'est pas riche pour décrire ce qu'est l'amour. Le verbe aimer est le terme généralement utilisé et on l'emploie à toutes les sauces. On dit «J'aime ma femme», mais on dit aussi «J'aime les spaghettis». On dit «J'aime Dieu», mais on dit aussi «J'aime mon chien». Pourtant il s'agit, dans tous ces cas, de différents types d'amour (du moins, nous osons l'espérer...).

Le grec dispose de quatre termes pour décrire l'amour et exprimer les différentes nuances. Nous examinerons le sens de ces quatre termes, éros, storgé, philia et agapé dans le cadre de cette étude.


Amour passionné? oui, mais en temps et lieu.

Eros est certainement le plus populaire des quatre termes que nous allons maintenant examiner. Eros était le nom du dieu grec de l'amour correspondant au dieu romain Cupidon. Ce terme signifie essentiellement amour passionné. Il nous parle de passion, d'un vif et brûlant désir.

Dans la littérature grecque, éros désigne parfois l'amour du patriote, c'est-à-dire, les sentiments passionnés de celui qui cherche à défendre sa patrie. Simon le zélote était subjugué par un tel amour et aurait fait sauter, s'il en avait eu les moyens, l'empire romain, tant il désirait la libération de sa nation.

On utilise aussi ce terme pour décrire la passion d'un homme épris d'argent. Il y a des gens qui ont un désir démesuré pour l'argent, qui ne pensent qu'à cela. Ignace d'Antioche, un père de l'Église qui a vécu entre la fin du 1er siècle et le début du 2e, écrit dans une lettre qu'il adresse aux Romains: «Mon éros a été crucifié et je n'ai plus de passion pour les choses matérielles, mais une source vive qui est en moi et qui me dit à l'intérieur: Viens au Père.» La passion matérielle d'Ignace avait été crucifiée avec Christ.

Bien que l'on retrouve éros, utilisé dans la littérature grecque pour décrire différents types de passions, c'est pour désigner la passion sexuelle qu'il était le plus souvent utilisé. Au départ, il était utilisé pour désigner une passion sexuelle dans l'amour, une passion légitime. Mais l'homme étant ce qu'il est, le terme en est venu très vite à désigner une passion sexuelle dégradée, hors mariage. C'est peut-être pour cela d'ailleurs qu'on ne le retrouve pas dans le Nouveau Testament. Il semble que le Saint-Esprit et les apôtres n'aient pas jugé bon de l'utiliser pour décrire une chose aussi belle que l'amour sexuel dans la vie d'un couple chrétien. Matthieu utilisera plutôt les termes «connaître» et «s'attacher» pour décrire un tel amour. (Mat 1.25; 19.5).

Eros est une énergie qui vient de Dieu et n'est pas nécessairement à rejeter. Il y a plusieurs passions que la Bible nous encourage à vivre:

1. La passion pour Dieu (Luc 10.27) 

2. La passion pour sa parole (Jér 15.16)

3. La passion pour les âmes (1 Cor 9.19-23)

4. La passion pour notre épouse (Cant 8.6-7)

Mais toutes les autres formes de passion sont à fuir: passion pour l'argent, pour la femme d'un autre, passions de la jalousie, de la vengeance, etc. Quand il s'agit de passion, la Bible ne dit pas de résister, mais de fuir, car les passions sont des désirs brûlants auxquels il est très difficile de résister. Souvenons-nous de l'expérience de Joseph avec la femme de Potiphar et ne jouons pas les braves (Gen 39.7-20)!


Affection naturelle? Indispensable!

Storgé désigne une affection naturelle entre personnes de même famille et dans un sens plus large, entre personnes de même appartenance. C'est par exemple l'affection naturelle qui unit les parents et les enfants, les frères et les soeurs. Parce que des gens sont d'une même souche, du même sang, ils éprouvent de l'affection les uns pour les autres. Cette affection n'est ni forcée, ni apprise, mais découle naturellement du fait qu'ils ont conscience du lien de parenté qui les unit. Les grecs utilisaient le terme de «storgé» pour désigner l'amour instinctif d'une mère poule pour ses poussins.

Cette affection devrait exister entre des confrères de classe, des collègues de travail, entre les gens d'une même ville, entre les gens d'un même pays et même entre tous les humains. En effet, Paul dit aux Athéniens dans son discours à l'aréopage que tous les hommes sont sortis d'un seul sang (Actes 17.26). Cela veut dire d'une manière générale que nous sommes tous frères et soeurs et qu'il devrait exister entre nous tous une tendresse particulière, quelles que soient notre race ou notre couleur.

Si l'amour storgé est une tendresse naturelle, que Dieu a mise gracieusement dans le coeur de tous, comment se fait-il que des parents maltraitent et abandonnent leurs enfants? Que des enfants placent leurs parents dans un foyer de vieillards et les oublient jusqu'à leur mort? Que des voisins dont les maisons se touchent s'ignorent même après avoir vécu vingt ans côte à côte? Comment s'expliquer aussi le terrible racisme qui amène les hommes à s'entre-tuer sans même qu'ils se connaissent les uns les autres?

Les textes de l'Écriture où se trouve le mot storgé nous expliquent précisément ce qu'il en est. On retrouve ce mot trois fois dans le Nouveau Testament et deux fois sur trois, à la forme négative. (Rom 10. 12; 1.31; Il Tim 3.3)

Dans Romains 1.3 1, il est mentionné que ceux qui ne se préoccupent aucunement de connaître Dieu (v.28) deviennent très égoïstes et finissent par ne plus même avoir d'affection naturelle (storgé) pour les autres. Dans 1 Timothée 3.3, l'apôtre Paul souligne que dans les derniers jours, les hommes deviendront insensibles (sans affection naturelle). De là, l'importance pour le chrétien de chercher à connaître Dieu de plus en plus intimement et de ne pas laisser son coeur devenir insensible.


Amour émotif ou amour volontaire? Les deux sont essentiels.

Philia figure sous la forme d'adjectifs, de noms et de verbes une cinquantaine de fois dans le Nouveau Testament et agapé, plus de trois cents fois. Cela nous indique au départ qu'agapé est le terme consacré par le Saint-Esprit et les auteurs du Nouveau Testament pour décrire l'amour de Dieu. Il arrive que philia et agapé soient utilisés comme synonymes, mais la plupart du temps, ils expriment deux types d'amour différents.

En comparant la signification de ces deux termes, nous parvenons facilement à saisir les traits distinctifs.

Philia est un attachement émotif, alors qu'agapé est un attachement volontaire.


1. Je vais vers telle personne parce que mon coeur m'y entraîne. J'éprouve des sentiments favorables pour quelqu'un et cela m'amène à rechercher sa compagnie. Philia est un amour qui provient essentiellement du coeur.

Philia est l'amour typique des fréquentations. Lorsque deux jeunes gens se fréquentent, ils sont comme magnétisés l'un par l'autre. Ils sont constamment ramenés l'un vers l'autre par le coeur. Même à distance, deux amoureux vibrent l'un pour l'autre. Et quand ils s'entrevoient, leur coeur commence à battre, leurs yeux scintillent et malheur à celui qui les empêcherait de se voir! Philia est un amour fait entièrement de sentiments et d'émotions.

2. Je décide d'aller vers l'autre pour répondre à ses besoins. Je prends la résolution de lui faire du bien, que mes sentiments m'y incitent ou non. Il se peut que j'aie peu de sympathie pour telle personne, mais cela n'affecte en rien l'agapé. Cet amour ne dépend pas du coeur, mais de la volonté. Tu aimes d'un amour agapé lorsque tu décides délibérément d'établir une relation avec quelqu'un pour lui faire du bien.

Il se peut que la personne dont tu vois les besoins soit la dernière dont tu aimerais prendre soin. Il se peut que ses manières t'agacent, que son comportement t'irrite, mais cela n'a pas d'importance. Tu n'écoutes pas ton coeur qui te suggère de l'ignorer ou de l'éviter et tu travailles avec persévérance à combler ses besoins. C'est cela, l'amour agapé. Et après en avoir pris soin un certain temps, tu vis une expérience merveilleuse. Ton coeur commence à vibrer pour cette personne, qu'auparavant tu ne pouvais même pas sentir. Celle-ci t'apparaît de plus en plus sympathique à tel point que tu jouis désormais de sa présence.


(À suivre)

Bernard Guy

© Promesses 1992 - 1 / No 99


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L'AMOUR SERAIT-IL À SÉPARER DE L'OBÉISSANCE À LA LOI DE DIEU? APOLOGIE POUR LA LOI DEDIEU


De nos jours, bien malheureusement, de nombreux chrétiens séparent la loi de Dieu et l'amour. Selon les préjugés romantiques et existentialistes ambiants, l'amour est spontané, vivant, instinctif et inspiré; pour tout dire, il est créateur. À toutes ces qualités sont nécessairement à opposer une loi rigide, un commandement formel, un ordre strict. Comme le dit l'expression populaire, «l'amour ne se commande pas». Rien ne saurait être plus faux et plus contraire à l'enseignement clair et indiscutable de la Bible, tant dans l'Ancien que dans le Nouveau Testament. Le simple fait que Dieu nous ordonne de l'aimer et d'aimer notre prochain devrait nous faire comprendre l'impossibilité de séparer l'amour de Dieu de Ses commandements, l'amour du prochain de la Loi divine. Écartons d'emblée une objection. Il va sans dire que la loi par elle-même ne saurait produire l'amour de Dieu et de notre prochain en nous. Seul le Saint-Esprit peut le faire.


Or, l'espérance ne trompe pas, parce que l'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous est donné. (Romains 5-5). La loi de Dieu, résumée dans le Décalogue, n'est autre que le moule qui donne forme et substance à cet amour. Dieu est amour. Mais Dieu est aussi, dès le commencement, Parole, Loi;et c'est cette Parole-Loi de Dieu qui définit la nature de l'amour véritable. Cet amour venant de Dieu s'oppose à l'amour déréglé des hommes qui désirent aimer selon leur propre fantaisie sans tenir compte, ni de Dieu, ni de Sa Parole.

Moïse, lui, ne séparait pas l'amour de la loi, ni la loi de l'amour. Voyez comment le Deutéronome résume la première table de la loi: Écoute, Israël! L'Éternel, votre Dieu, l'Éternel est un. Tu aimeras l'Éternel, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force. Et ces paroles que je te donne aujourd'hui seront dans ton coeur Tu les inculqueras à tes fils et tu en parieras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les lieras comme un signe sur ta main, et elles seront comme un fronteau entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. (Deutéronome 6.4-9).


Par ce texte, nous voyons que l'expression de l'amour d'Israël pour son Dieu était de pratiquer ses commandements, de les imprimer dans ses pensées – un fronteau entre les yeux, d'en faire la motivation de tous ses actes un signe sur ta main – et l'inspiration de ses institutions – sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. Ces commandements devaient inspirer l'atmosphère intellectuelle, spirituelle, morale et politique du peuple de Dieu, de telle sorte que la nouvelle génération en fasse sa nourriture. Plus loin dans le Deutéronome, nous lisons l'exhortation suivante, qui met encore davantage en lumière le lien indissoluble qui unit l'amour de Dieu à l'accomplissement de Ses Commandements:

Maintenant, Israël, que demande de toi l'Éternel, ton Dieu, si ce n'est que tu craignes l'Éternel, ton Dieu, afin de marcher dans toutes ses voies, d'aimer et servir l'Éternel, ton Dieu, de tout ton coeur et de toute ton âme; si ce n'est que tu observes les commandements de l'Éternel et ses prescriptions que je te donne aujourd'hui, afin que tu sois heureux? (Deutéronome 10. 12-13).

Parlant au peuple d'Israël de ce temps encore éloigné où, en conséquence de son infidélité, de son idolâtrie et de sa désobéissance obstinée aux commandements de l'Éternel, il serait chassé du pays que Dieu lui avait donné, Moïse déclare: L'Éternel, ton Dieu, circoncira ton coeur et le coeur de ta descendance, pour que tu aimes l'Éternel, ton Dieu, de tout ton coeur et de toute ton âme afin que tu vives. L'Éternel, ton Dieu, fera tomber toutes ces malédictions sur tes ennemis, sur ceux qui te haïssent et te persécutent Et toi, tu reviendras, tu obéiras à la voix de l'Éternel et tu mettras en pratique tous ces commandements que je te prescris aujourd'hui (Deutéronome 30.6-8). Nous voyons ainsi que le but du ministère prophétique en Israël était de ramener le peuple à son Dieu afin qu'il l'aime de tout son coeur et de toute son âme, et qu'il observe à nouveau ses commandements et ses préceptes écrits dans le livre de la loi (Deutéronome 30.10).

 

Qu'en est-il de l'amour du prochain, objet de la deuxième table de la loi? Dans l'Ancien Testament, cet amour du prochain serait-il conçu comme étant séparé, coupé de l'obéissance aux commandements de Dieu? Voici ce que nous lisons dans le livre du Lévitique:

Vous ne commettrez pas d'injustice dans les jugements: tu n'auras pas égard à la personne du pauvre et tu n'auras pas égard à la personne du grand, mais tu jugeras ton compatriote selon la justice. Tu n'iras pas calomnier ceux de ton peuple. Tu ne réclameras pas injustement la mort de ton prochain. Je suis l'Éternel. Tu ne haïras pas ton frère dans ton coeur; tu ne te chargeras pas d'un péché à cause de lui. Tu ne te vengeras pas, et tu ne garderas pas rancune envers les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis l'Éternel, ton Dieu. (Lévitique 19.15-18)


Le grand commandement d'aimer son prochain comme soi-même résume, comme le dira plus tard l'auteur même de cette loi, Jésus-Christ en personne, toute la loi. Le commandement d'amour est posé comme conclusion précise de toute une énumération de commandements: de juger impartialement, de ne point calomnier son prochain, de ne point rechercher sa mort par des voies judiciaires, de ne point le haïr, de ne point se venger soi-même. Aimer son prochain comme soi-même n'est rien si ce n'est d'accomplir, entre autres, ces commandements bien précis.

Il est maintenant clair que les paroles du Christ allant dans ce sens n'ont, en fait, rien eu de particulièrement original. Notre Seigneur ne faisait que reprendre mot à mot cet enseignement qu'il avait lui-même donné à Moïse, lorsqu'il répondit au docteur de la loi qui lui demandait: Maître, quel est le grand commandement de la loi. Jésus lui répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C'est le premier et le grand commandement Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. (Matthieu 22.36-39)

Paul, loin d'exprimer une théologie qui lui aurait été propre, ne faisait que reprendre l'enseignement de Moïse et de Jésus quand il écrivait aux Romains: Ne devez rien à personne, si ce n'est de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime les autres a accompli la loi. En effet, les commandements: Tu ne commettras pas d'adultère, tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas de vol, tu ne rendras pas de faux témoignage, tu ne convoiteras pas, et tout autre commandement se résument dans cette parole: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L'amour ne fait pas de mai au prochain: l'amour est donc l'accomplissement de la loi. (Romains 13.8-10)

Paul, lui aussi, déclare que tous les commandements de la seconde table se résument dans cette parole: Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Romains 8.10). C'est ce qu'il écrit encore dans l'épître aux Galates:

Par amour, soyez serviteurs les uns des autres, car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (Galates 5.13-14) 

C'est comme si nous disions que toutes les couleurs du spectre, rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo, violet étaient contenues dans la lumière qui nous provient du soleil. Il en est de même pour le commandement d'aimer Dieu et son prochain. Il contient en germe toutes les lois particulièrement édictées par Dieu pour le bien des hommes.


Pour conclure ces citations du Nouveau Testament, examinons brièvement un passage de la première épître de Jean:

À ceci nous reconnaissons que nous l'avons connu: si nous gardons ses commandements. Celui qui dit: Je l'ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n'est pas en lui. Mais celui qui garde sa parole, l'amour de Dieu est vraiment parfait en lui. À ceci nous reconnaissons que nous sommes en lui: celui qui déclare demeurer en lui, doit marcher aussi comme lui a marché. Bien-aimés, ce n'est pas un commandement nouveau que je vous écris, mais un commandement ancien, que vous avez eu dès le commencement; ce commandement ancien, c'est la parole que vous avez entendue. D'autre part, c'est un commandement nouveau que je vous écris; ceci est vrai pour lui et pour vous, car les ténèbres passent et la lumière véritable brille déjà. (I Jean 2.3-8) 

Nous pouvons ici clairement constater que la preuve visible que nous avons connu Dieu est le fait que nous gardons Ses commandements. Plus encore, la perfection même de l'amour de Dieu en nous est notre persévérante fidélité à garder Ses commandements. Il ne s'agit pas ici d'un commandement nouveau, mais d'un commandement ancien, la loi de Dieu, la Parole éternelle de Dieu. D'une autre manière, cependant, il est nouveau car, par la venue de notre Seigneur Jésus-Christ sur la terre, la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme (Jean 1.9), a commencé à luire dans ce monde.

Cette lumière qui luit dans nos coeurs – car par la grâce de Dieu nous sommes des enfants de lumière (1 Thessaloniciens 5.5) – est la lumière du monde (Matthieu 5.14), les prémices du Royaume de Dieu ici-bas.

Nous avons pu constater que tant dans l'enseignement de Moïse que dans celui du Christ et de ses apôtres, l'amour de Dieu et l'amour du prochain étaient indissolublement liés à l'obéissance fidèle et persévérante du chrétien aux commandements de Dieu. La raison en est simple. Le but de Dieu, tant dans Sa création que dans l'oeuvre de la rédemption, est d'établir, de rétablir l'homme – et toutes choses avec lui – dans une vie, une pensée et une action propres à glorifier le Seigneur et le Sauveur. Dans la Bible, ni la connaissance, ni l'amour ne sont des fins en eux-mêmes, comme c'est le cas dans la pensée grecque antique ou dans celle de l'Europe de la Renaissance, source de nos idolâtries intellectuelles et sentimentales modernes. Connaissance et amour, comme toutes choses d'ailleurs, doivent toujours glorifier Dieu. Connaissance et amour doivent conduire, selon l'Écriture, à l'obéissance de la Foi afin que la vie tout entière de l'homme, et toutes ses oeuvres, soient conformées par l'Esprit de Dieu, par la grâce de Dieu, aux pensées, à la volonté, pour tout dire, à la loi de notre Dieu en Jésus-Christ. Car dans Sa parfaite obéissance à la loi divine tout entière, Jésus-Christ est la révélation suprême de l'amour de Dieu. Ainsi, en Jésus-Christ, l'homme pourra parvenir au but pour lequel il avait été créé: rendre pleinement gloire à son créateur par son obéissance à Sa Parole. Que nous ne séparions pas des pensées que Dieu a Lui-Même unies.

Jean-Marc BERTHOUD

©  Promesses 1984 - 1 / No 69

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BÉNIR!


Il est facile d'aimer et de bénir ceux avec qui il est agréable de vivre, ceux qui donnent à notre existence la dimension du bonheur et de la plénitude.

Mais il est contraire à notre nature d'entendre le Messie nous dire: 

«Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous maltraitent et vous persécutent...» Matthieu 5. 44

 

Tout d'abord, je m’aperçois que par moi-même je ne sais pas, je ne peux pas aimer! 

C’est pourquoi Jésus poursuit en nous donnant cette promesse: 

«Demandez et l'on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira...» Matthieu 7.7-11

Même là j’hésite, c’est dans la nature humaine de haïr et de maudire ceux qui nous humilient, nous oppriment, et nous étouffent parfois jusqu'à la mort. 

Je ne le peux pas, mais aussi je ne le veux pas.

Le rabbin Saul de Tarse, l’apôtre Paul, a vécu un tel déchirement lorsqu'il écrit: 

"...j’ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien... je trouve en moi cette loi; quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi... misérable que je suis, qui me délivrera de ce corps (notre nature insoumise à Dieu) qui m’entraîne à la mort? Dieu soit loué, par le Messie Jésus...» Romains 7.14... 25

 

Ainsi, il existe un espoir bien réel, l’ÉTERNEL notre Dieu veut et peut nous donner la force d'aimer comme il a lui-même aimé. 

"...Si Dieu nous a tant aimés, nous devons nous aussi nous aimer les uns les autres... nous aimons parce que Lui nous a aimés le premier» 1 Jean 4.11... 19

 

Cet amour a conduit le Messie à donner sa vie comme le prophète Ésaïe l'avait annoncé à nos pères: 

"...Frappé de Dieu et humilié, il a été transpercé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur Lui... Il s’est livré lui-même à la mort... et Il a intercédé en faveur des coupables» Ésaïe 53

Nous apprenons, chaque jour et chaque minute, que le Messie nous a précédés sur le chemin étroit où Il veut que ses disciples marchent. Il nous en donnera la force. Ainsi nous serons les fils de notre Père qui est dans les cieux, Lui qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, Lui qui fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Matthieu 5.45-48

 

BÉNIR

Pour ceux qui marchent à nos côtés, notre voeu est que dans l’unité et la complémentarité nous tenions ferme jusqu'à la fin. 

Et pour ceux qui nous haïssent et nous maltraitent, que Dieu Lui-même mette en notre coeur cette ardente prière: Père saint, qu'ils apprennent à connaître Ton Amour et qu'ensemble nous marchions à ta rencontre! 

Jacques GUGGENHEIM

© Berger d' Israël

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CHARITÉ ORDONNÉE

Votre article relatif aux dettes et emprunts (L'AVÈNEMENT n°41) m'a fort intéressé ce qui me pousse à vous demander l'explication d'une parole de Jésus qui me gêne et me culpabilise:

«Ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi» (Mat. 5, 42). 

Vraiment, dois-je prendre à la lettre cet impératif et répondre ainsi à toutes les sollicitations de mendiants qui tendent la main dans le métro? Ou qui frappent à ma porte? Ne risque-t-on pas d'encourager le vice chez les professionnels de la misère?

Dois-je vous avouer que vous n'êtes pas le seul à avoir été culpabilisé par cette injonction de Jésus!

À Paris où nous habitions, de nombreux quémandeurs ont frappé à notre porte: beaux parleurs, ils se sont révélés fort habiles pour me convaincre et moi bien naïf pour ouvrir ma bourse.

Après tout, il faut accepter d'être «roulé» pour apprendre à discerner quand il faut rester sourd à leurs sollicitations et comment il faut venir en aide à de telles gens.

Refuser de céder à certaines demandes sera, dans certains cas, une autre façon de ne pas se détourner d'un emprunteur «douteux» (par exemple lorsqu'une personne notoirement dépensière, couverte de dettes fait appel à notre générosité pour se procurer un objet de luxe dont elle n'a nul besoin).

Quoi qu'il en soit, même les «profiteurs» ont droit à notre amour.

Pour comprendre une parole de l'Écriture, il faut, comme toujours, la replacer dans son contexte.

Relisez plusieurs fois les versets 38 à 48 de Matthieu 5 ainsi que ceux de Luc 6, 27-36. Vous noterez alors que le Sauveur n'encourage pas ici un acte d'entr'aide mais plutôt un geste fait pour calmer l'homme qui réclamerait notre bien avec brutalité et violence. Jésus rappelle à ses disciples que les enfants de Dieu seront persécutés et que les méchants s'acharneront contre eux: «si quelqu'un te frappe... te force... veut prendre...», etc. Dans ce cas, le conseil est sage: «donne, ne résiste pas au méchant (39) – riposte par l'amour (44). Rapportant, dans son évangile, «le sermon sur la montagne», Luc confirme cette façon de voir, lui qui précise: «Donne à quiconque te demande, ne réclame pas tes biens à celui qui les prend... Si quelqu'un veut s'emparer de ton manteau, ne l'empêche pas de prendre encore ta tunique» (6,29-30).

Notre explication est-elle la bonne?

Je le crois, à condition toutefois qu'on n'en fasse pas un prétexte pour se dispenser d'exercer la miséricorde. Ce serait oublier que l'Écriture nous presse, et avec quelle insistance, de secourir le pauvre, de lui prêter sans espoir de retour, à fonds perdus. Dieu ne nous reprochera jamais de «trop» donner.

À notre époque où sévit le chômage, il y a certainement autour de nous des détresses à secourir, peut-être dans notre propre église ou dans notre entourage le plus direct. Il serait inadmissible que nous nous détournions de notre prochain en difficulté sans intervenir en sa faveur, peut-être avant même qu'il ne parle de sa situation précaire.

Du temps de Jésus, les gens voyageaient peu de sorte que les malheureux qui imploraient de l'aide étaient connus; chacun pouvait juger de leur situation et discerner plus exactement ce qui était utile de faire pour eux.

«Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux» (Luc 6, 36).


André Adoul

© L'Avènement -  Mai 1992 No 44 / P 28

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UNE CHRÉTIENNE VIT UNE EXPÉRIENCE ÉTONNANTE DURANT LA NUIT


Un jour, une femme appelée Louise s'endormit sur son lit et fit un rêve tout à fait étonnant. Elle rêvait que quelqu'un en enfer lui écrivait une lettre qui venait de lui être envoyée par un messager. Le messager passa entre le lac de feu et de soufre qui occupe l'enfer et trouva son chemin à travers une porte qui le conduisit hors de l'enfer dans le monde vivant. Louise rêva que le messager se dirigeait vers sa maison, entra et gentiment mais fermement réveilla Louise. Il lui donna un message disant simplement qu'une amie lui avait écrit depuis l'enfer. Louise dans son rêve avec des mains tremblantes, prit la lettre et lut:


Mon Amie,

Je me tiens maintenant en jugement et ressens que n'importe comment, tu es à blâmer. Jamais tu ne m'as montré le chemin. Tu connaissais le Seigneur en vérité et en gloire, mais tu ne m'as jamais raconté l'histoire. Mes connaissances étaient très vagues. Tu aurais pu me conduire saine et sauve à lui. Bien que nous vivions ensemble sur terre, tu ne m'as jamais parlé de la seconde mort et maintenant je me tiens en ce jour, condamné parce que tu as failli à ton devoir de le mentionner.

Tu m'as dis beaucoup de choses, c'est vrai. Je t'appelais «amie» et je te faisais confiance, mais j'apprends maintenant que c'est trop tard. Tu aurais pu me garder de ce sort. Nous marchions le jour et nous parlions la nuit, et cependant tu ne m'as pas montré la lumière.

Tu m'as laissé vivre, aimer et mourir. Tu savais que je ne pourrai jamais vivre au ciel. Oui je t'ai appelé une «amie» dans la vie et je t'ai fais confiance à travers les moments de joie comme de tristesse et de luttes. Et cependant, arrivant à la fin de ma vie, je ne peux pas maintenant t'appeler mon «amie»

Marsha

 

Après avoir lu cette lettre, Louise se réveilla. Le rêve était encore si réel dans sa mémoire et la sueur coulait de son corps comme une marre. Elle pouvait encore sentir l'odeur âcre du soufre et de la fumée venant de sa chambre. Comme elle réfléchissait sur la signification de ce rêve, elle réalisa qu'entend que chrétienne elle avait échouée dans son devoir «d'aller dans le monde entier prêcher l'Évangile». Pendant qu'elle y pensait, elle se promit le jour suivant qu'elle appellerait Marsha et l'inviterai à l'église avec elle.

Le matin elle appela chez Marsha et voici la conversation:

«Oui Bill, est ce que Marsha est là?»

«Louise, tu n'es pas au courant?»

«Non Bill, au courant de quoi?»

«Marsha est morte la nuit dernière au court d'un accident de voiture; je pensais que tu étais au courant» 

 

Cher(e) ami(e) est-ce ton témoignage? Est-ce que tu témoignes de Christ à tes amis avec qui tu es tous les jours si déjà tu es toi même chrétien(e)? Ou y aura-t-il en enfer des amis(es) à toi demandant pourquoi tu ne leur as pas parlé de JÉSUS? Es tu toi-même sauvé (e)? 

Entend que ton ami, je te dis ceci: Si tu ne connais pas JÉSUS, voici comment tu peux procéder «Si tu crois dans ton coeur qu'il est mort sur la croix pour tes péchés et que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé», Romains 10,9-10

Si tu n'as pas fais cela, tu peux faire cette prière. «Mon Dieu, je confesse de ma bouche et crois dans mon coeur que JÉSUS est ton fils et qu'il est mort sur la croix pour mes péchés. Jésus, pardonne-moi mes péchés, viens dans mon coeur et deviens mon Seigneur et mon Sauveur personnel. AMEN! » 

(Cameroon for Jesus) ajouté le 10/6/2002

Trouvé sur http://voxdei2.free.fr/infos Point Final -


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EST-CE QUE JUIFS, MUSULMANS ET CHRÉTIENS PEUVENT PRIER ENSEMBLE?

Non, parce que la prière doit se faire au nom de Jésus (Jean 14: 13; 16: 24). C'est par le Christ, Fils de Dieu, que nous avons accès auprès du Père (Éphésiens 2: 18), ce que ni les Juifs, ni les musulmans ne peuvent admettre, puisqu'ils nient la filiation divine (Matthieu 16:16) du Christ et son rôle de médiateur unique entre Dieu et les hommes (1 Tim. 2: 5).

©  La Bonne Nouvelle -  2/96

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L'ÉTRANGER SELON LA THORA 


Job, Rahab, cf. Josué 2 Ruth, Naaman cf. 2 Rois 5 Des étrangers qui ont été mêlés d'une manière ou d'une autre à l'histoire d'Israël. Ces deux hommes et ces deux femmes, pour illustres qu'ils soient, ne doivent pas masquer la masse des étrangers qui vivaient en Israël, dont le nombre atteignait au temps du roi Salomon quelque cent cinquante-trois mille six cent (cf. 2 Chroniques 2 /16 - 17. Les émigrés ont fourni le gros bataillon de la main d'oeuvre lors de la construction du Temple (cf. l Chroniques 22 /2 ; 2 Chroniques 8 /7-8)) chiffre impressionnant par rapport à la population totale d'Israël de l'époque.

Quel a été le statut de ces étrangers en Israël ? Comment celui-ci devait-il se situer par rapport à eux ? Quel a été le sens de leur présence en Israël ? Quel avenir leur promettaient les prophètes, à eux qui séjournaient en Israël comme à tous les étrangers qui vivaient au loin ?4* Telles sont les questions que nous nous poserons, nous qui sommes concernés, de près ou de loin, par ce qui se passe aujourd'hui en Israël, entre Israéliens et Palestiniens, comme en France, entre Français et immigrés.


QUESTION DE VOCABULAIRE

D'emblée il nous faut observer que la Thora parle de différents types d'étrangers en usant d'un vocabulaire précis pour distinguer les étrangers établis en Israël des étrangers lointains:

– gér: du verbe gûr qui signifie demeurer comme étranger dans un pays. Le verbe fait souvent suite au nom comme pour souligner la vie de cet étranger en Israël. Exode 12 / 48, 49 ; Lévitique 16 / 29 ;17 / 8, 10, 12 ; 18 / 26 ; 19 / 33, 34 ; 20 / 2 ; Nombres 9 / 14,15, 16, 26, 29 ; 19 /10 ; Josué 20 / 9 ; Ezékiel 20/ 9 ; 47 / 22.

Nous le traduirons par résident ou émigré

– tôsâb: du verbe yàásab qui signifie séjourner dans un pays qui n'est pas le sien. Quelquefois, ce nom est suivi par le verbe gûr dans la même intention, semble-t-il. Lévitique 25 / 6, 45

Nous le traduirons par passager ou hôte. gër et tôsàb dont le sens est proche l'un de l'autre, se trouvent associés dans plusieurs passages. Genèse 23 /4 ; Lévitique 25 / 23, 35, 47 ; Nombres 35 / 15

– nékâr et nokrî: deux adjectifs substantivés découlant de la même racine et qui désignent le véritable étranger, celui qui habite dans son propre pays.1 Rois 8 / 41

Nous le traduirons pas étranger.

– zut: qui désigne également l'étranger établi chez lui. Nous le traduirons par étranger ou inconnu. La proximité de sens de ces deux derniers vocables fait qu'on les retrouve associés dans beaucoup de textes.  Psaumes 69 / 8 ; 81 /9 ; Job 19 / 15 ; Proverbes 2 /16 ; 5 / 10, 20 ; 7 / 15 ; 20 /16; 27 / 2, 13 ;Esaïe 28 / 21 ; 61 / 5 ; Jérémie 5 / 19 ; Lamentations 5 / 2 ; Abdias 11

Mis à part leur emploi particulier dans un certain nombre de passages, ces mots qualifient parfois des individus,  mais plus souvent des peuples étrangers considérés dans leurs rapports conflictuels avec le peuple d'Israël.

- Pour décrire les laïcs qui ne sont pas de la descendance d'Aaron (Exode 29 / 33 ; 30 / 33 ;Lévitique 22 / 10, 12, 13 ; Nombres 1 / 51 ; 3 / 10, 3 8 ; 17 / 5 ; 18 / 4, 7 ; cf. 25 / 5),

- le feu irrégulier (Lévitique 10 / 1 ; Nombres 3 /4 ; 26 / 61),

- l'encens profane (Exode 30 / 9) ;

- la femme adultère (Proverbes 2 /16 ; 5/ 3, 20 ; 6 / 24 ; 7/ 5 ; 22 / 14 ; 23 / 27), - les idoles(Genèse 35 / 2, 4 ; Deutéronome 31 / 16 ; 32/ 12, 16 ; Josué 24 / 20, 23 ; Juges 10 / 16 ; 1 Samuel 7 / 3 ; 2Chroniques 14 / 3 ; 33 /15 ; Psaumes 44/ 21 ; 81 / 9 ; Esaïe 2 / 25 ; 43 / 12 ; Jérémie 3 /13 ; 5 / 19 ; 8 /19 ;Ezékiel 16 / 32 ; Osée 5 / 7 ; Daniel 11 / 39 ; Malachie 2 / 11),

- des personnes (Genèse 31 / 15 ; Job 15/ 19 ; 19/ 15)

- et des choses (2 Rois 19 / 24 ; Psaumes 137 / 4 ; Proverbes 23 / 33 ; Osée 8 / 12; Sophonie 1 / 8)

- inconnues ou mauvaises (Esaïe 17 / 10 ; Jérémie 2 / 21 ),

- ou tout simplement autrui (1 Rois 3 / 18 ; Proverbes 14 / 10 ; 27 / 2).

*****

Genèse 17 / 12, 27 ; Juges 10 / 16 ; Ruth 2 / 10 ; 2 Samuel 15 / 19 ; 1 Rois 11 / 1 , 8 ; Esdras 10 / 2,10, 11, 14, 17, 18, 44 ; Néhémie 9 / 2 ; 13 / 26, 27, 30 ; Ecclésiaste 6 / 2

Les étrangers sont alors assimilés à des ennemis païens, orgueilleux et menaçants.

2 Samuel 22 / 45, 46 ; Psaumes 18 /44-45 ; 54 / 5 ; 109 / 11 ; 144 / 7, 11 ; Esaïe 1 / 7 ; 2 / 6 ; 25 / 2,5 ; 29/ 5 ; Jérémie 5 / 2, 19, 51 ; 30 / 8 ; Lamentations 5 / 2 ; Ezékiel 7 / 21 ; 11 / 9 ; 2 8 / 7 ; 30 /12 ; 31 / 12 ; Osée 7 / 9 ; 8 / 7 ; Abdias 11

pour connaître la pensée de la Thora sur l'étranger, il est donc nécessaire de garder à l'esprit la distinction entre ces deux catégories d'étrangers.


L'EXEMPLE D'ABRAHAM


L'histoire d'Israël commence avec l'appel que Dieu fait à Abraham à quitter son pays natal pour un pays qu'il ne connaît pas encore. L'appel de Dieu prend ainsi la forme d'un exil Genèse 12 / 1-5 Abraham arrive au pays de Canaan que Dieu promet de donner à ses descendants. Genèse 12 / 6-9

Suite à une famine qui sévit dans le pays, il part pour l'Égypte pour y séjourner. Genèse 12 /10 Il revient en Canaan où Dieu conclut avec lui une alliance dans laquelle il lui annonce que sa descendance sera émigrée dans un pays qui n'est pas le sien, Genèse 15 /13 Abraham s'en va résider à Guérar dans le sud du pays, Genèse 20 / 1 où il scelle un pacte de non-agression avec Abimélek, roi des Philistins. Genèse 21 / 23, 34


À la mort de Sara à Hébron, il sollicite des habitants du pays de lui vendre une propriété funéraire pour enterrer sa femme. Ceux-ci se montrent généreux à son égard et veulent lui en faire cadeau. Abraham refuse en confessant qu'il est parmi eux comme «un émigré et un hôte». Genèse 23 / 4

Cette confession d'Abraham relative au pays qu'il pouvait considérer, en vertu de la promesse divine, comme le sien a de quoi nous surprendre. Elle nous révèle le noble caractère du patriarche. Il n'avait pas abandonné sa terre natale en vue de posséder un autre pays en échange. On pourrait penser qu'il attendait que Dieu lui-même réalise sa promesse. Mais au-delà de ce détachement et de cette patience, cette attitude nous montre comment le Père des croyants se situait en face de Celui-là même qui l'avait appelé. Se reconnaître sur terre comme un émigré et un hôte dans la maison de Dieu, est la marque distinctive de la foi en Dieu à qui tout appartient et devant qui l'homme n'est qu'un simple passager.


LES ISRAÉLITES: DES ÉMIGRÉS ET DES HÔTES

Après la mort de son père, Isaac part à Guérar pour séjourner chez le roi Abimélek. Genèse 26 /1-3 Puis il retourne à Hébron où il sera enterré. Genèse 35 / 27 Jacob son fils s'en va résider chez son oncle Laban, en Mésopotamie; Genèse 32 / 5 il ne revient en Canaan que des années plus tard. Genèse 31-33

Comme Abraham, Jacob et ses fils sont contraints d'émigrer en Égypte, Genèse 47 / 4 mais cette fois-ci ils ne verront plus le pays promis. Leurs descendants vivront et mourront loin de ce pays. Des centaines d'années plus tard, surgit Moïse qui, chacun à son tour, s'enfuit d'Égypte pour aller se réfugier à Madian. Là, il donne à son fils le nom de Guershôm car, dit-il, «je suis devenu un émigré en terre étrangère» Exode 2 / 22 ; 18 / 3 doublement, aurait-il pu ajouter! Cette condition d'émigrés qui était celle de tous les Patriarches en Canaan, Exode 6 / 4 et de tous les Israélites en Égypte, Deutéronome 26 / 5 a-t-elle pris fin avec la conquête par ceux-ci du pays promis?

Dans un sens, oui, puisqu'ils se trouvaient désormais dans le pays que Dieu, par pure générosité, avait promis à Abraham de leur donner. Le pays était-il pour autant devenu le leur?

Voici comment la Thora justifie la loi du jubilé relative au rachat des propriétés en Israël: «La terre du Pays ne sera pas vendue sans retour, car le pays est à moi; vous n'êtes chez moi que des émigrés et des hôtes (TOB). Lévitique 25 / 23 Autrement dit, cette loi était destinée à rappeler aux Israélites que leur conquête du pays promis ne faisait pas d'eux les propriétaires de ce pays, ils en étaient les gestionnaires.

Quelle leçon d'humilité, que nous ferions bien de méditer. Du coup, cette loi plaçait les Israélites dans la juste perspective de leur relation à Dieu. Abraham, leur père, était bien plus qu'un exemple: un modèle, non seulement pour eux, mais pour tous ceux, chrétiens et musulmans, qui se réclament de lui.


LE STATUT DE L'EMIGRE EN ISRAEL

Établis dans le pays de Canaan, la vie communautaire des Israélites était placée sous l'autorité de la loi mosaïque. Vu le nombre important des émigrés parmi eux, Voir note 3 il aurait été surprenant qu'ils soient ignorés par cette loi. Examinée de près, celle-ci s'avère en réalité extrêmement précise en ce qui concerne le statut de l'émigré vivant en Israël. La célébration de la pâque représentait pour tout Israélite la commémoration de l'événement fondateur d'Israël – Il aurait par conséquent été naturel de réserver cette célébration aux seuls Israélites. Et pourtant, mis à part les étrangers de passage, Exode 12 /43, 45 ; Deutéronome 14 / 21 ; 15 / 3 ; 17 / 15 ; 23 / 21 tous les émigrés qui avaient lié leur destin à celui d'Israël, ce dont la circoncision était le signe, pouvaient participer à la Pâque. La législation qui valait pour Israël valait aussi pour eux. Exode 12 / 19, 48, 49 ; Nombres 9 / 14 ; cf. 2 Chroniques 30 / 25

Il en était de même de toutes les autres lois:

– Le sabbat, Exode 20 / 10 ; Deutéronome 5 / 14 dont la raison était de permettre à l'émigré de se reposer.Exode 23 / 12

– Les produits de l'année sabbatique devaient nourrir les Israélites aussi bien que les émigrés.Lévitique 25 / 6

– Le jour des expiations. Lévitique 16 / 29

– Les offrandes. Lévitique 17 / 8 ; 2 2 / 18 ; Nombres 15 / 14- 16

– L'interdiction de consommer du sang. Lévitique 17 / 10- 13 

– La pureté légale. Lévitique 17 / 15 ; Nombres 19 / 10 ; Deutéronome 14 / 21 est le seul textequi associe l'hôte et l'étranger.

– L'idolâtrie et le blasphème. Lévitique 20 / 2 ; 24 / 1 6

– Le repas sacré. Lévitique 22 / 10 qui exclut l'hôte au même titre que l'Israélite «laïc »

– L'incapacité de paiement des dettes.Lévitique 25 / 35 . Notons que ce texte assimile explicitement l'émigré etl'hôte au frère

– L'esclavage. Lévitique 25 / 44-46 permet aux Israélites d'avoir des serviteurs parmi lesenfants des hôtes, tout comme Lévitique 25 / 47-54 autorise un émigré ou un hôte à avoir des serviteurs parmi les Israélites àcondition qu'ils leurs garantissent le droit de faire racheter à tout moment et, en tous cas, d'être libérés l'année du jubilé.

– L'expiation des fautes. Nombres 15 / 26 , 29 , 30

– Les villes de refuge. Nombres 35 / 1 5 ; cf. Josué 20 / 9

– La loi du talion. Lévitique 24 / 22

De l'ensemble de ces lois, il ressort que les émigrés étaient étroitement associés, sinon intégrés, à la vie nationale d'Israël. L'acte solennel qui scellait cette association était sans doute leur participation à la conclusion de l'alliance Deutéronome 29 / 10 ; cf. Josué 5 / 33 confirmée par leur engagement à respecter la loi. Deutéronome 31/ 12 ; cf. Josué 8 / 35. Notez les conséquences de la violationde la loi par Israël sur l'attitude de l'émigré (Deutéronome 28 /43) et de l'étranger (Deutéronome 29 / 21)

Comme celle-ci était à la fois une constitution religieuse et un code civil, cet engagement signifiait une double allégeance: au Dieu d'Israël aussi bien qu'à la nation d'Israël.


« TU AIMERAS L'EMIGRE COMME TOI-MEME... »

La Thora favorisait certes, l'intégration de l'émigré dans la communauté d'Israël. Elle n'en soulignait pas moins la précarité de sa condition. Cela est indiqué par le fait que ses commandements qui concernent l'émigré sont souvent les mêmes que ceux qui concernent soit le pauvre, Lévitique 19 / 10 ; 23 / 22 ; cf. Ezékiel 22 / 29 soit le lévite,  Deutéronome 26 / 11 soit la veuve, Deutéronome 24 / 17 soit la veuve et l'orphelin Exode 22 / 20-21 ; Deutéronome 10 / 18 ; 24 /17, 19, 20, 21 ; 27/19 ; cf.Psaumes 94 / 6 ; 146 / 9 ;Jérémie 7 / 6 ; 22 / 3 ; Ezékiel 22 / 7 ; Malachie 3 / 5 soit le lévite, la veuve et l'orphelin, Deutéronome 14 / 29 ; 16 / 11, 14 ; 26 / 12, 13 soit le pauvre, la veuve et l'orphelin. Zacharie 7 / 10

La situation de toutes ces personnes était fragile. Aussi la Thora leur réservait-elle une attention et une protection à la mesure des difficultés qui étaient les leurs.

Mais les commandements touchant l'émigré que la Thora prescrit aux Israélites ont ceci de particulier, c'est que les Israélites étaient eux-mêmes des émigrés en Egypte. Exode 22 / 20 ; 23 / 9 ; Lévitique 19 / 34 ; Deutéronome 10 / 19 ; 1 6 / 12 ;23 / 8 ; 24 / 1 8,22 ; 26 / 5 Ils sont donc mieux à même de s'identifier aux émigrés et «d'éprouver ce qu'ils éprouvent». Exode 23 / 9

Aussi ne doivent-ils pas exploiter l'émigré ni l'opprimer, Exode 22 / 20 ; 23 / 9 ; Lévitique 19 / 33 ; Deutéronome 24 / 14, 17 mais rendre la justice entre leurs frères et les émigrés sans faire preuve de partialité dans leur jugement. Deutéronome 1 / 16-17 S'ils méconnaissent le droit de l'émigré, ils tomberont sous la malédiction de la loi. Deutéronome 27 / 19

Dans la vie, tout n'est pas simplement affaire de justice. Dieu aime l'émigré et ne fait acception de personne; Deutéronome 10 / 18- 19 il doit en être de même pour les Israélites: «cet émigré installé chez vous, vous le traiterez comme un indigène, comme l'un de vous; tu l'aimeras comme toi-même...»,  Lévitique 19 / 34 ; cf. Ezékiel 47 / 22 si du moins ils veulent se conformer à Dieu en prenant pour modèle l'amour qu'il a pour eux. Ils seront généreux envers les émigrés, les feront profiter de leur dîme triennale, Deutéronome 14 / 29 ; 26 / 12- 13 leur laisseront le surcroît de leurs récoltes, Lévitique 19 / 10 ; 23 / 22 ; Deutéronome 24 / 19, 21 ; 26 /11 et les associeront à leurs fêtes.Deutéronome 16 /11, 14

Ce sera, en somme, leur manière de confesser qu'ils sont eux aussi des émigrés au regard de Dieu.


LA PRIÈRE DE L'ÉMIGRÉ, SON INTERCESSION EN FAVEUR DE L'ÉTRANGER


Les Psaumes nous font entendre l'écho de la Thora dans l'âme de l'Israélite fidèle. Celui-ci reconnaît sa faiblesse inhérente à sa condition d'émigré sur la terre. Cela l'amène à demander à Dieu de lui révéler ses commandements afin qu'il suive le droit chemin. Psaumes 119 / 19 Il le supplie d'exaucer ses prières et d'entendre son cri car, avoue-t-il, «je ne suis qu'un émigré chez toi> un passager comme tous mes frères». Psaumes 39 / 12 ne se faisant aucune illusion sur sa misère devant Dieu, rejeté par les siens parce qu'il demeure attaché à lui, le psalmiste laisse éclater sa souffrance du fait qu'il est devenu «un étranger pour ses frères, un inconnu pour les fils de sa mère». Psaumes 69 / 8

Le voilà dans une situation où il ne lui est pas difficile de s'identifier à l'émigré de son pays, qui, comme lui, subit l'injustice des hommes qui «massacrent la veuve et l'émigré, et assassinent les orphelins».  Psaumes 94 / 6 Aussi en appelle-t-il au Dieu de justice et de compassion qui «protège les émigrés, soutient l'orphelin et la veuve, mais déroute les pas des méchants». Psaumes 146 / 9 à la veille de son «départ» et au moment où les préparatifs pour la construction du temple sont achevés, David adresse à Dieu une prière qui exprime la position de l'homme par rapport à Dieu dans une conscience parvenue à son paroxysme:

Et maintenant, notre Dieu, nous te rendons grâces et nous louons le nom de ta splendeur; car qui suis-je et qui est mon peuple pour que nous ayons le pouvoir d'offrir des dons volontaires comme ceux-ci? Tout vient de toi, et ce que nous t'avons donné vient de ta main. Car nous sommes des émigrés devant toi, des passagers comme tous nos pères; nos jours sur la terre sont comme l'ombre, et sans espoir. 1 Chroniques 29 /13-15

Qui dira mieux la nudité et l'évanescence de l'homme au miroir de la générosité et de l'éternité de Dieu? Dans sa prière d'inauguration du Temple, Salomon rappelle la fidélité de Dieu à ses promesses concernant Israël. sa prière, qui exalte la majesté divine, s'élevant un instant au-dessus de la terre d'Israël, embrasse d'un regard l'étranger venant d'un pays éloigné pour prier Dieu dans cette Maison:

Toi écoute depuis le ciel, la demeure où tu habites, agis selon tout ce que t'aura demandé l'étranger, afin que tous les peuples de la terre connaissent ton nom, que, comme Israël ton peuple, ils te craignent... 2 Chroniques 6 / 32,33 ; cf.l Rois 8 / 41-43 cette lueur d'universalisme deviendra dans le message des prophètes un faisceau de lumière qui illuminera les émigrés d'Israël aussi bien que les étrangers lointains.


LA BONNE NOUVELLE DES PROPHETES AUX ÉMIGRÉS ET AUX ÉTRANGERS

Rappelant l'égalité devant la loi de l'Israélite comme de l'émigré, Ezékiel 14 / 7 les prophètes dénoncent l'oppression de l'émigré en Israël,  Ezékiel 22 / 7, 29 ; Zacharie 7 / 10 et font retentir l'appel à faire valoir la justice à son égard. Jérémie 7 / 6 ; 22 / 3

Malachie annonce la venue du Seigneur en personne pour juger ceux qui violent le droit de l'émigré au mépris de la loi divine.  Malachie 3 / 5 Mais les prophètes ne font pas que rappeler les commandements de la Thora. Ezékiel assure les émigrés qu'ils hériteront le pays au même titre que les Israélites. Ezékiel 47 / 22, 23

Ésaïe annonce aux émigrés Esaïe 14 / 1 aussi bien qu'aux étrangers Esaïe 56 / 3 qu'ils seront pleinement incorporés au peuple de Dieu. Ils viendront tous prier dans Sa maison qui sera appelée «Maison de prière pour tous les peuples».  Esaïe 56 / 6-7 ; cf. Ezékiel 44 / 9 ; Joël 4 / 17 Ils participeront à la construction d'une nouvelle Jérusalem et à la célébration de ses offices. Esaïe 60 / 10 Ils paîtront ses troupeaux et travailleront sa terre, Esaïe 61 / 5dans la joie et dans la paix. Esaïe 62 / 8 ; cf. Osée 7 / 9 ; 8 / 7

La ville sera définitivement libérée de tous ses ennemis et ses habitants «serviront le Seigneur leur Dieu et David, leur roi que j'établirai sur eux». Jérémie 30 / 8


PERSPECTIVES CONTEMPORAINES

Le débat sur l'immigration est devenu d'une brûlante actualité en France. La revue des textes bibliques sur l'émigré fait apparaître que la Parole de Dieu appelle les croyants à adopter une attitude hospitalière vis-à-vis des immigrés, empreinte d'un véritable esprit de charité au meilleur sens de ce terme. Loin d'exploiter la précarité de leur situation, celle-ci constitue un motif supplémentaire pour respecter leurs droits et se montrer bienveillant envers eux. Cette attitude d'ouverture et d'accueil contraste avec le comportement de repliement sur soi, de suspicion et de rejet auquel l'homme n'est que trop tenté de céder face à ce qui lui est étranger. Si je me contente de côtoyer l'immigré, je risque fort de ressentir sa présence comme une menace de ma propre existence. Si, en revanche, je fais l'effort de le rencontrer, je découvre> sous sa figure d'étranger, un prochain qui est pour moi comme un appel de Dieu à élargir mon horizon et à vivre avec ce frère notre commune humanité dans une plus large dimension.

Comment, par ailleurs, ne pas faire le rapprochement entre l'enseignement remarquable de la Thora sur l'émigré, donné précisément à Israël, et la situation actuelle des «étrangers» en Israël. Je mets intentionnellement les guillemets, car l'ironie de l'histoire est telle que les Palestiniens sont assimilés par les Israéliens à des étrangers par rapport à leur terre natale. Le poids de l'histoire est-il devenu si lourd que ce renversement de situation ne soulève guère notre indignation? La responsabilité de ceux qui aiment Israël ne consiste-t-elle pas justement à lui rappeler, comme les prophètes d'autrefois, l'enseignement de ses propres Écritures? Les prophéties messianiques qui abolissent la distinction entre les Israélites et les émigrés doivent-elles rester lettre morte jusqu'à la venue du Messie? Ne constituent-elles pas plutôt une directive, à suivre d'ores et déjà en vue d'annoncer le règne messianique?

La mission des chrétiens qui attendent le retour du Christ, est bel et bien d'inscrire dans le temps présent le sens de l'histoire que dévoilera ce retour. En serait-il autrement de ceux qui nous ont transmis l'espérance messianique? Enfin, la présence des émigrés est en soi> pour les croyants, un signe. Le signe que les croyants sont eux-mêmes des émigrés devant Dieu. Autrement dit que leur existence est passagère comme l'ombre ou le souffle et que les biens mis à leur disposition sont l'expression de la générosité de leur Créateur. Se souvenir de son statut d'émigré sur la terre, c'est pour le croyant, non seulement agir en conséquence envers l'immigré qui vit dans son pays, c'est aussi s'émerveiller devant le paradoxe de la grandeur de la vocation que Dieu assigne à son humble créature humaine:

À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles, que tu fixas, qu'est donc le mortel, que tu t'en souviennes, que tu le veuilles visiter?

À peine le fis-tu moindre qu'un dieu; tu le couronnes de gloire et de beauté, pour qu’il domine sur l'oeuvre de tes mains, tout fut mis par toi sous ses pieds 

(Psaume 8 / 4 - 7).

Georges Chawkat Moucarry

Ichthus 1985-5 (No 132)



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FRÈRES SÉPARÉS!

«Nous sommes frères. . .

Sépare-toi donc de moi».

Genèse 13: 8-9


S'il est agréable et doux pour des frères de demeurer ensemble, il n'est pas toujours possible de réaliser cet état dans tous les cas. L'histoire de Caïn et d'Abel, celle de Jacob et d'Esaü, celle de Joseph et d'autres encore, montrent que les frères n'ont pas forcément le même coeur et les mêmes vues, et que parfois des séparations s'imposent. Abraham et Lot nous en fournissent un autre exemple.


Frères unis

Des frères ils l'étaient par leur consanguinité, car Lot fut le neveu d'Abram. 

Quand Térach quitta Ur en Chaldée, il prit son fils Abram, sa belle-fille Saraï et Lot le fils de son fils Haran. Ce fut un exode familial. Ces liens de parenté ne pouvaient que renforcer leur position en inspirant un plus grand respect aux populations cananéennes au milieu desquelles ils allaient s'établir.

Des frères ils l'étaient aussi parce qu'ils avaient la même occupation. Abram était riche en troupeaux et Lot en possédait également. Comme les membres d'une même corporation, Abram et Lot étaient des confrères.

Des frères ils l'étaient encore dans l'adoration et le service d'un Dieu commun. Ainsi, quand l'Éternel ordonna à Abram de quitter son pays, sa patrie et la maison de son père, Lot partit avec lui, liant, par la foi, son destin à celui de son oncle. 

Frères sont tous ceux pour lesquels Jésus-Christ est mort et qui par la repentance et la foi en Lui sont devenus des enfants de Dieu. Frères, parce que fils de Dieu. Fils de Dieu avant tout.

 

Frères séparés

Mais le jour où Lot eut ses propres troupeaux et ses propres bergers la séparation avait tacitement commencé. Lot n'aurait-il pas dû rester sous l'autorité paternelle d'Abram pour avoir pleinement part aux bénédictions promises à ce dernier? Mais il saisit l'occasion qui lui est offerte pour s'émanciper.

Des querelles éclatèrent entre les bergers de l'un et ceux de l'autre parce qu'ils n'avaient pas de commun maître, ni de bornes de démarcation. Rivalités, jalousies et vexations ont dû envenimer les rapports entre les deux parties et risquaient de provoquer des disputes entre Abram et Lot. La séparation et la délimitation des territoires étaient donc préférables à la guerre fratricide. 

Et il faut croire que Celui qui sonde les pensées les plus profondes du coeur avait tout prévu et que ce départ entrait dans le plan de Dieu. A peine Lot eut-il quitté la contrée que l'Éternel s'adressa à Abram en ces mots: «Tout le pays que tu vois, je te le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours». Et Abram vint habiter parmi les chênes de Mamré, qui sont près d'Hébron, et y bâtit un autel à l'Éternel.

Ainsi, quand une seule et même autorité n'est plus reconnue par tous, quand des partis se forment et que la paix intérieure est menacée, il vaut mieux se dissocier que de se déchirer entre frères.

Encore de nos jours, par amour de la Vérité et de la paix, certaines séparations paraissent inévitables.


Frères quand même 

Mais Abram demeura malgré tout un frère pour Lot. Il le prouva de plusieurs manières. D'abord il renonça à ses droits légitimes en laissant Lot choisir la région qui lui convenait: «Si tu vas à gauche, j'irai à droite, si tu vas à droite, j'irai à gauche.» Quelle leçon d'amour fraternel et d'humilité! Ce n'est pas dans l'exercice de sa force et de son autorité que réside la vraie grandeur d'un homme.

Lot prit apparemment la plus belle part: la plaine fertile du Jourdain, entièrement

arrosée, qui était comme un jardin de l'Éternel. Abram la lui accorda fraternellement.

Abram fut aussi un frère quand un jour Lot fut enlevé avec les siens par plusieurs 

rois venus combattre ceux de Sodome, de Gomorrhe et des environs. Dès qu'Abram apprit le sort de son frère, il arma 318 de ses plus braves serviteurs, poursuivit les assaillants, les battit et ramena Lot et tout ce qui lui appartenait.

Abraham fut encore un frère lorsque Dieu résolut de détruire Sodome à cause de la perversité qui y régnait. Abraham pensa à son neveu, et souhaitant sa délivrance, il intercéda avec ferveur en faveur de la cité maudite. Et l'Éternel fut attentif à sa prière et envoya deux anges pour en sortir Lot et ceux des siens qui voulaient le suivre. Ainsi toutes les fois que cela fut possible, Abraham manifesta des sentiments fraternels à l'égard de celui dont il avait dû se séparer.

Nous voulons aussi aimer nos frères séparés et les aider quand nous en avons l'occasion, et dans la mesure où nos convictions nous le permettent.


Souvenez-vous

Ces choses sont arrivées pour nous servir d'exemple. Lot incarne le type du croyant-mondain. Aux montagnes aérées de Juda il préféra les bas-lieux de la Mer Morte aux villes luxurieuses. Cette mer se trouve dans la dépression la plus profonde de notre terre et la moralité des cités côtières était au même niveau!

Aucun poisson ne peut vivre dans ses eaux saturées de sel et elle est devenue un symbole de la mort. Lot dressa ses tentes jusqu'à la proximité de Sodome et bientôt il eut sa maison dans cette ville dont les habitants étaient méchants et de grands pécheurs devant l'Éternel.

Tout en souffrant de la dépravation des Sodomites, Lot ne put entièrement échapper à leur funeste influence. Son sens moral s'émoussa à tel point qu'il fut disposé à laisser déshonorer ses filles, et enivré, il se laissa lui-même séduire par elles et devint ainsi le père des Moabites et des Ammonites, ennemis jurés du peuple de Dieu. Dans sa grande largeur d'esprit, il appela même ces Sodomites ses frères, quoiqu'eux le considéraient comme un étranger. Avait-il oublié son origine et le caractère sacré de son appartenance à la famille élue de Dieu? Cette expérience néfaste lui fit perdre son honneur, sa femme et ses biens. Et si lui-même échappa au terrible cataclysme ce ne fut que comme à travers le feu.

Abraham fut le type du fidèle de tous les temps. Père des croyants, serviteur éprouvé de l'Éternel, ami de Dieu, il tint ferme dans sa vocation et fut en bénédiction à toutes les nations de la terre.

Séparé de Lot il ne lui demeura pas moins attaché et se montra toujours disposé à le secourir dans ses détresses, sans jamais le suivre dans ses faiblesses.

Or, ce qui arriva du temps de Lot se reproduira aux jours du fils de l'homme, c'est-à-dire à la fin des temps. (Luc 17: 28). Serons-nous alors des enfants de Lot ou des enfants d'Abraham? Nous trouverons-nous alors mélangés aux enfants de ce siècle dans la confusion d'une fraternité mondiale ou serons-nous un peuple élu, acquis, séparé, une nation sainte annonçant les vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière? Cela dépendra de notre attitude présente. Que le Seigneur nous préserve de la séduction du grand nombre et des alliances coupables avec le monde et la mondanité. Aussi douloureux que cela puisse nous être, restons plutôt séparés de certains frères et de certains milieux chrétiens que de partager leur communion avec les infidèles.

Mais gardons un grand amour pour tous ceux dont nous sommes séparés en nous inspirant toujours de l'exemple d'Abraham qui, dans la séparation inévitable, demeura un frère charitable.

Jean Hoffmann

La Bonne Nouvelle - 4 / 91

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