Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Archéologie

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Rétrospective Un drame de l'histoire ?? - L'Édit de Nantes

En février 1998 la Fédération Protestante de France avait organisé la célébration du 400e anniversaire de l'Édit de Nantes sous le haut patronage de Monsieur Jacques Chirac, président de la République française. Le premier mars eut lieu un culte animé par Stéphane Lauzet, secrétaire général de l'Alliance Evangélique, avec une prédication de Jean Tartier, président de la Fédération Protestante de France.

 

Parmi les invités et les intervenants aux tables rondes et dans les ateliers se trouvaient entre autres l'ancien Premier Ministre Michel Rocard, non croyant selon son propre dire, mais président d'honneur de l'Association «Foi et Tolérance – Édit de Nantes», Alain Duhamel, Jacques Delors, Pierre Chaunu, Georgina Dufoix, Paul Ricoeur, Catherine Trautmann, Jean Baubérot, Serge Oberkampf, Henri Blocher, doyen de la Faculté Evangélique de Vaux-sur-Seine, lacapitaine salutiste Denise Brigou, Alfred Kuen (Assemblées Evangéliques de Suisse romande et de France), Jacques Buchhold(Association Evangélique d'Églises Baptistes), Louis Schweitzer (Fédération des ÉglisesÉvangéliques Baptistes), Robert Somerville (idem), Claude Baty (Union des Églises Évangéliques Libres) D'autres manifestations et colloques ont suivi. 

Rappelons que cet Édit a mis provisoirement fin à la persécution des protestants par le catholicisme romain en leur procurant une tolérance limitée par d'importantes restrictions empêchant tout développement, mais favorisant le rétablissement du catholicisme. Les historiens s'accordent généralement pour reconnaître que l'Édit de Nantes fut un compromis préjudiciable aux protestants. C'est ainsi que Denis Crouzet, professeur d'Université à la Sorbonne, écrit: «L'Édit de Nantes consacre, de toute évidence, un échec du protestantisme français». . . «un compromis dont on peut dire qu'historiquement il est catastrophique pour les Églises protestantes». . . «un drame de l'histoire»... «un texte de victoire pour les catholiques», puisqu'il ordonne le rétablissement de la religion catholique dans tous les lieux du royaume d'où elle avait disparu, alors que l'exercice du culte protestant n'est autorisé qu'en certains lieux et interdit en d'autres, par exemple à Paris, ainsi que dans les villes épiscopales. Pierre Joxe, ancien ministre français de l'Intérieur, disait: «On croit que l'Édit de Nantes crée une situation exceptionnelle en tolérant la diversité religieuse, mais il aboutit au maximum d'intolérance en restaurant partout le catholicisme, en interdisant tout progrès de la réforme et en refondant l'absolutisme.»

 

L'Édit de Nantes promulgué en 1598, déclaré irrévocable, fut révoqué en 1685, ce qui eut pour conséquence l'interdiction totale du culte protestant, la démolition des temples, le bannissement des pasteurs et l'émigration d'environ un million de protestants. Marc Tennevin dit toutefois à ce sujet: «Sans l'abrogation de l'Édit, le protestantisme aurait peut-être disparu, de compromission en compromission. Des auteurs profanes vont même jusqu'à dire que le protestantisme a survécu en France parce que Louis XIV l'a persécuté à nouveau!» «Le protestantisme avant l'Édit de Nantes représentait10 % de la population; et curieusement, la proportion baisse de moitié après l'Édit de Nantes». Marc Tennevin ajoute: «Si l'Édit de Nantes a été un dispositif propre à diluer le protestantisme, les protestants actuels, en célébrant l'Édit, sont en danger de vénérer la corde qui les a pendus»... 

«Un peu comme si Henri IV avait mis les banderilles sur le dos du taureau protestant et Louis XIV donné l'estocade!»Tout en admettant qu'on puisse commémorer un tel événement historique, on peut quand même se demander s'il a été opportun que les protestants donnent au souvenir de ce «compromis» un caractère si festif – «Que la fête commence!», comme s'il avait été d'un réel avantage spirituel pour le protestantisme, voire une victoire, alors que ce fut plutôt une capitulation savamment ordonnée.

J. Hoffmann

La Bonne Nouvelle  6/98


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LE REVEIL EVANGELIQUE EN RUSSIE

Ce réveil, qui eut lieu enfin du 19e siècle, fut ainsi caractérisé par Joachim Muller: «Une percée de vraie vie évangélique, trop peu connue, qui se produisit à un point décisif de l'histoire de l'Église et de l'histoire mondiale.»

Comme d'autres mouvements du même genre, ce réveil remit en valeur les éléments essentiels du christianisme en revenant à la source. 


1. Origines

Lord Radstock, un jeune noble anglais qui s'était converti en 1855 dans la guerre deCrimée où il avait été gravement blessé, devint un des promoteurs du réveil évangélique qui prenait de l'extension en Angleterre vers 1860.Une conviction prit racine dans son coeur: aller annoncer la nouvelle du salut en Russie! Aussi pria-t-il pour ce pays pendant des années.

À Paris, qu'il visitait souvent, il témoignait de sa foi auprès de connaissances dans des maisons privées. Il y rencontrait aussi des gens de la noblesse russe de passage à Paris. Une dame de la haute aristocratie apparentée à la maison impériale avait entendu parler de Lord Radstock; «cet original» lui étant antipathique, elle s'apprêtait un jour à partir avant une réception pour éviter de le rencontrer. Mais il arriva plus tôt que prévu et ils eurent un long entretien. Très impressionnée par ce jeune homme qui n'avait rien du beau parleur, elle l'invita à Saint-Pétersbourg pour y faire part de ses convictions. Quand il reçut d'autres invitations semblables, il comprit que la porte de la Russie était ouverte pour lui.

Lord Radstock fit donc le voyage à Saint-Pétersbourg en hiver 1874, après des années de prière et d'attente. Sa prédication reposait entièrement sur la parole de Dieu.Non seulement il ne cherchait pas à captiver l'audience par un discours recherché, mais ne sachant pas bien le russe, il était obligé de s'adresser en anglais ou en français à des gens instruits appartenant généralement à la noblesse et qui fréquentaient une chapelle anglo-américaine. Certains d'entre eux commencèrent à s'ouvrir spirituellement, se repentirent firent le pas de la foi en la rédemption par le sang de Christ et firent l'expérience de la joie résultant du salut trouvé.


2. Premières conversions

Quelques personnes s'étaient déjà converties, telles que la princesse Lieven mère, et le comte Korff, maître des cérémonies à la Cour, qui s'occupait déjà de la diffusion des Écritures. D'autres avaient des ressentiments contre le prédicateur anglais, tels que le colonel Vassili Pachkof, ancien officier de la garde, homme du monde affable et immensément riche. Un soir que sa femme avait invité Lord Radstock chez eux, son mari dut l'entendre, bon gré mal gré, parler de ses expériences et de la joie du salut. L'entretien se poursuivit au salon après le dîner, ce qui déplut au colonel Pachkof; mais quel ne fut pas son agacement quand Lord Radstock proposa qu'on s'agenouille pour prier! Cependant, par politesse, il s'agenouilla aussi. Tout à coup, de façon totalement inattendue pour lui, il se rendit compte que ce qui avait été dit du fils prodigue le concernait personnellement: il était, lui, un fils prodigue, un pécheur perdu. Il comprit qu'à cause du sacrifice du Christ à la croix, Dieu lui accordait le pardon. Quand il se releva, Pachkof était un homme nouveau, racheté par le sang de Christ!

Vassili Alexandrovitch (c.-à-d. fils d'Alexandre) Pachkof commença maintenant à prêcher l'Évangile en russe à un cercle sans cesse grandissant. Sa résidence sur le quai de la Néva devint un centre d'évangélisation où se pressaient pêle-mêle élégantes et cochers, riches et pauvres sur les chaises revêtues de soie. Les filles du colonel Pachkof, du comte Pahlen et de la princesse Galitzine avaient formé un choeur et interprétaient des chants de réveil.

Par la Parole proclamée avec clarté et une profonde conviction par Vassili Pachkof, le Saint-Esprit produisit des miracles de renouveau: des pécheurs se repentaient, des conversions eurent lieu, conversions qui opéraient une coupure entre «l'autrefois» et «le maintenant» et qui changeaient des vies, spectaculairement pour les uns, plus insensiblement pour les autres.

Pachkof visitait hôpitaux et prisons. Avec ses nombreux amis, il inaugura une série d'oeuvres sociales. Il y eut des cas de guérison par la prière et une possédée fut délivrée. Certaines conversions eurent du retentissement, notamment celles parmi les étudiants souvent révolutionnaires et nihilistes.


3. Progrès

Voici quelques flashes qui illustrent bien ce qui se passait alors:

– Le comte Bobrinsky, ministre des communications, entreprit de démontrer à Lord Radstock que la Bible était pleine de contradictions. Après quelque temps il confessa: «Chaque verset de la Bible que je citais pour appuyer mon argument devint une flèche contre moi. Maintenant, je suis né de nouveau.» 

– La princesse Gagarine, ayant été convaincue par le tout est accompli de Jésus à la croix, se leva avec courage au milieu de connaissances et membres de sa famille pour répondre à un appel à la consécration.

– Une des conversions qui fit du bruit fut celle de la veuve du général Tchartkof, qui amena d'autres au Seigneur, dont une bohémienne qui se mourait à l'hôpital.


Plusieurs oeuvres virent le jour. Ainsi furent fondés une société de traités et un petit périodique, «Le travailleur russe». De nombreux cantiques furent composés ou adaptés de l'anglais. Cela se passait sous AlexandreII, tsar tolérant qui était en contact avec les évangéliques et qui projetait une loi garantissant la liberté de conscience.

Grâce à l'orientation que sut donner Lord Radstock dès le début, les évangéliques russes sont restés fortement enracinés dans la parole de Dieu jusqu'à ce jour.


4. Conflits et opposition

Le réveil spirituel s'étendait non seulement à Saint-Pétersbourg, mais dans de nombreuses villes et en province. Le clergé de l'Église orthodoxe voyait avec déplaisir l'expansion de ce grand mouvement, où les prières aux saints et la vénération des icônes n'étaient plus pratiquées. Or en Russie, Église et État étaient profondément liés.

Le 1er Mars 1881 se produisit l'attentat qui coûta la vie au Tsar Alexandre Il. Le gouvernement voyait des dangers partout et devint radicalement réactionnaire. Le jeune Tsar Alexandre III était sous l'influence du procureur du Saint-Synode, un grand ennemi du mouvement évangélique.

Pendant ce temps se produisirent, aux confins de l'immense Russie, des mouvements de réveil semblables, mais sous d'autres noms, et Pachkof rêvait d'une Alliance Evangélique qui les réunirait tous. Il loua un grand hôtel tout entier pour inviter des délégués de toute la Russie et paya les déplacements à ceux qui n'en avaient pas les moyens. Le 1er Avril 1884, près de cent délégués se réunirent, mais le troisième jour, ils furent tous arrêtés à la sortie par un important corps de police, enfermés dans la forteresse Pierre et Paul, puis renvoyés à leur lieu d'origine avec l'interdiction formelle de revenir. Le comte Korff, puis le colonel Pachkof furent convoqués par le ministre de la justice, pour les sommer d'arrêter toute activité religieuse, sous peine d'expulsion. Ne pouvant accepter cela, on leur donna deux jours pour quitter la Russie. Plus tard Pachkof mourut à Rome et Korff à Bâle.

En 1891, le ministre des cultes, Pobiedonostef, convoqua une grande conférence ecclésiastique à Moscou, tellement les autorités étaient alarmées devant les progrès rapides des hérésies baptistes, stundistes et «pachkovites». Des statistiques prouvaient que sur les 41 diocèses, 28 étaient gravement" infectés» et que la «virulence de l'infection» était telle qu'elle dépassait la compétence du clergé. Y voyant un grave danger pour l'État, on imposa un code pénal dont je ne cite que l'article 196: «Celui qui répand les opinions des hérétiques ou dissidents ou les aide, sera puni de bannissement en Sibérie, Transcaucasie ou autres endroits éloignés de l'Empire.»

On peut imaginer les persécutions, les emprisonnements, les transports inhumains, les camps en Sibérie, sans parler des tortures de beaucoup de ces «hérétiques».


5. Des femmes qui portent le flambeau

À Saint-Pétersbourg, deux femmes continuaient avec un important groupe de croyants. La princesse Lieven mère reçut un jour la visite d'un adjudant général du tsar qui venait l'informer que le souverain ne désirait pas que les réunions continuent dans sa maison. La princesse parla très librement avec cet officier, que d'ailleurs elle connaissait, du salut en Christ et du bonheur d'être libéré, puis elle lui offrit un Nouveau Testament. Elle le chargea de demander à Sa Majesté à qui elle devait obéir en priorité: à Dieu ou à César? La même démarche fut faite auprès de Mme Tchertkova, également veuve, et dont la résidence était un lieu de réunions évangéliques.

Quand on rapporta au tsar le résultat de ces démarches, il s'exclama

«On ne peut tout de même pas importuner ces deux veuves!» C'est ainsi que les réunions chez elles continuèrent et même essaimèrent dans un autre quartier de la ville, où Mme Tchertkova avait fait transformer une villa en lieu de réunions.

Importunés par la surveillance de la police omniprésente, Kargel et Bobrinsky se retirèrent dans les provinces où ils continuèrent d'évangéliser. Quant aux réunions de Saint-Pétersbourg, elles se poursuivaient avec des frères qui, s'ils n'étaient souvent pas préparés, étaient brûlants de zèle.


6. Encouragements

Le passage de divers visiteurs encourageait et fortifiait les croyants, qui prenaient conscience de la grande communauté mondiale des rachetés.

Le Dr Baedecker, fameux évangéliste doté d'un flair de diplomate, obtint l'autorisation de visiter les croyants dans les prisons du Caucase et de la Sibérie, où il fit d'immenses voyages. Georges Müller, homme de foi bien connu, put lui aussi aller visiter et encourager les chrétiens persécutés.

La comtesse Hélène Chouvalof, épouse du chef suprême de la gendarmerie de l'Empire, était une femme originale. Croyante fervente, elle invitait des fonctionnaires supérieurs à dîner, dans le but de leur demander la grâce ou une réduction de peine pour tel ou tel croyant – et elle réussissait! En plus, elle organisait des réunions évangéliques au sous-sol de leur résidence, qui était donc celle du chef de la gendarmerie, alors qu'elles étaient strictement interdites...


7. Liberté religieuse de 1905

Suite à un soulèvement révolutionnaire de cette année, le Tsar Nicolas Il décréta la liberté de conscience. Ce fut en avril 1905 que, dans la grande salle de réunions de la princesse Lieven, un frère put donner lecture du manifeste accordant la liberté religieuse. Toute l'assemblée, les visages baignés de larmes de joie, se mit à genoux pour louer Dieu de ce cadeau si longtemps attendu. 

C'est à cette époque que mon père était à l'oeuvre à Saint-Pétersbourg. wDans ses Mémoires, il raconte les événements extraordinaires de ces temps.

Rodolphe BRECHET

 Promesses 1988 - 2 / No 84


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Les Scythes, « malheur venu du nord »

Peuple barbare de la grande steppe d'Europe orientale et de Sibérie, les Scythes vivaient dans des campements nomades. Qui eut pu croire que ces éleveurs de chevaux de lointaines tribus nordiques entreraient jamais en rapport avec les habitants de la méridionale Palestine? Cependant poussés par leurs appétits de conquête, ils déferlèrent sur l'Asie antérieure, saccageant tout et terrorisant les populations. Sans doute agirent-ils parfois comme «alliés» des souverains d'Assur et de Babylone, mais aussi pour leur propre compte, justifiant en bonne part le conseil de fuir que donnait Jérémie à ses frères «car on a vu la malheur et la catastrophe venir du nord.»

L'histoire des conquêtes scythes en Asie Mineure commence vers 670 avant notre ère, lorsque, poursuivant les Cimmériens qui fuyaient leurs terres de la Russie du sud, les farouches cavaliers dévalèrent sur l'Assyrie. Très vite ils s'allièrent au puissant empire des Assyriens.

Avec ces derniers, ils parcourent alors l'Asie Mineure, s'appropriant bon gré malgré la domination des provinces occidentales. Ils se heurtent ensuite aux Mèdes; mais la fidélité en alliance n'étant pas leur fort, ils concluent un traité avec eux et les Babyloniens en 612 av. J.-C...

Et ce sont ces trois nouveaux alliés qui abattront ensemble le glorieux empire d'Assur.

«Les Scythes marchèrent alors sur l'Égypte, écrit Hérodote. À leur entrée en Syrie-Palestine, le roi d'Égypte Psammétique vint à leur rencontre et, par des présents et des prières, les persuada de ne pas aller plus loin. Ils acceptèrent de se retirer et, parvenus à la ville d'Askalon en Syrie, passèrent outre sans la piller; mais quelques soldats restés en arrière mirent cependant à sac le temple d'Aphrodite Céleste...» Hérodote raconte encore que, pour châtiment de ce crime, les Scythes furent à jamais «frappés d'un mal qui fait d'eux des femmes». Sans doute la déficience sexuelle dont souffraient effectivement nombre de guerriers appartenant à ce peuple était-elle due à une pratique excessive de l'équitation.

On a pu, non sans raison, estimer que c'est l'avance de ces archers montés, envahissant d'abord Dan et Éphraïm, qu'annonçait Jérémie (chap. 4, vers. 15-16) en recommandant aux siens l'abri des remparts ou la fuite (chap. 6, vers. 1 ). L'avertissement était assurément valable aussi devant la ruée des Néo-Chaldéens. Quoi qu'il en soit, les Scythes seraient parvenus eux-mêmes aux portes de Jérusalem, à Bet-Hak-Kérem, mais ne réussirent pas à pénétrer dans la capitale.

S'ils ne demeurèrent que peu de temps en Palestine, quelques mois seulement en609 av. J.-C., ils n'y laissèrent pas moins un fort inquiétant souvenir dans la population, qui les considérait comme des brutes sauvages et stupides (2e MACCABÉES, chap. 4, vers. 47). À vrai dire, on donnait le nom de Scythes à des peuplades de provenances très variées, mais qui avaient en commun une origine nordique. À ceux qui venaient de la Russie du sud et de la Sibérie, on associa bientôt les Scythes Amyrgiensissus de la Bactriane, ainsi que les habitants du pays de Man. Selon les sources assyriennes, les Scythes étaient appelés Achkouza ouIsguzay, ce qui correspond à l'hébreu Ashkenaz (GENÈSE, chap. 10, vers. 3: JÉRÉMIE, chap. 51, vers. 27; 1er CHRONIQUES, chap. 1, vers. 6); le mot est encore employé aujourd'hui pour désigner les Juifs qui résident ou résidèrent parmi le peuple «ashkanaz»: en Europe septentrionale.


Moeurs barbares, goûts d'opulence

Les hordes des envahisseurs du Vlle s. av. J.-C. comportaient naturellement les troupeaux et les familles qui, elles, voyageaient dans des chariots couverts, contenant les tentes qu'on dépliait à la halte. Tous les «barbares» en mal de conquête conserveront ces moeurs jusqu'aux premiers siècles de notre ère.

Après leur incursion dans la zone d'influence que se disputaient Égyptiens et Mésopotamiens, le s Scythes furent finalement rejetés vers le nord d'où ils venaient, e tjusqu'à leurs steppes de Russie. Là, leurs chefs, suivant l'exemple des tyrans asiatiques qu'ils avaient rencontrés, se voulurent souverains absolus. Vivant dans la splendeur et l'opulence, ils tenaient à se faire enterrer avec un extraordinaire cérémonial, dans d'énormes tumuliou «kourganes» dont l'édification exigeait un travail considérable. Ces tombeaux contiennent généralement plusieurs chambres funéraires où étaient déposés non seulement le roi défunt, mais les membres de sa famille, ainsi que ses serviteurs, tous sacrifiés lors de son décès.

Les monarques étaient ensevelis dans leurs plus riches atours, ornés de leurs bijoux les plus somptueux, entourés de vaisselles d'or ou d'argent, de leur char d'apparat, et de chevaux qui se comptaient parfois par centaines!

Les bijoux et les pièces d'orfèvrerie dont se paraient volontiers ces guerriers si farouches ont été retrouvés en grand nombre. Ils sont ornés des gravures les plus fines, des ciselures les plus délicates, qui figurent des scènes animalières ou des scènes de l'existence quotidienne des nomades; toutes sont d'une vie saisissante, cet art somptuaire atteignit son apogée au IVe siècle avant J.-C.. , trois cents ans après que les Scythes aient razzié les cités de Palestine.

M.-C. HALPERN

© En ce temps-là, la Bible No 62 pages II-III


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Le sionisme: de Bâle a Sion - Le Jubilé Herzl -

Suisse-Israël

Au casino de la ville de Bâle, à l'endroit même où, il y a cent ans, les délégués du premier Congrès sioniste adoptèrent le «Programme de Bâle», le «Jubilé Herzl s'est ouvert officiellement le soir du 26 août. La grande salle des fêtes était pleine à craquer, et les orateurs s'efforcèrent tous de placer cette circonstance sous le signe de la réconciliation. Le président du gouvernement de Bâle-Ville, Ueli Vischer, affirma dans son discours d'ouverture que Bâle ne pouvait être dissociée de l'histoire du sionisme. Certes, celle-ci avec le principe de la naissance de l'État d'Israël posé par le «Programme de Bâle» il y a cent ans, a été assombrie par la plus grande tragédie qu'ait connue le peuple juif. Le «refuge ouvert», qu'Israël voulait offrir à tous les Juifs, n'existait pas encore sous le mandat britannique sur la Palestine. Pratiquement aucun pays du monde n'aurait donné aux fugitifs juifs menacés l'asile dont ils avaient besoin...

L'orateur principal de cette soirée fut Avraham Burg, président de l'Organisation sioniste mondiale. Lors d'une conférence de presse précédente, Burg s'était montré très conciliant. Il se déclara tout d'abord profondément touché par le fait que le «Jubilé Herzl» soit célébré précisément à Bâle et que l'on se souvienne là d'un événement historique: une manifestation absolument unique! Sans ambages, il affirma également aimer ce pays (la Suisse). La semaine se continua par un symposium scientifique et se termina par une fête commémorative officielle le dimanche 31 août.

 

Les fameuses paroles prononcées à Bâle par Theodor Herzl avaient un accent prophétique:

Nous savons aujourd'hui combien Herzl avait raison et comment ses «prédictions» se sont parfaitement accomplies. Des 22 congrès sionistes qui ont suivi, 10 se sont tenus à Bâle, le dernier en décembre 1946. Celui-ci était placé sous la direction de Chaïm Weizmann, un oncle de l'actuel Président de l'État hébreu. 11 y eut d'autres congrès sionistes: en 1935 à Lucerne, en 1937 à Zurich et en 1939 à Genève. Cette année-là, Bâle ne fut pas retenue en raison de la proximité de l'Allemagne hitlérienne avec le danger réel d'enlèvements et d'espionnage par les nazis.

C'est certainement pour la Suisse une bénédiction particulière que ce fameux Congrès sioniste ainsi que d'autres se soient tenus sur son sol. C'est dans cet ordre d'idées que nous insistons sur ce fait, ce pays ayant été, ces derniers temps, parfois injustement la cible de multiples accusations. La Suisse est et a été une nation bénie; nul ne peut le nier. La raison n'est-elle pas la tenue de ces différents congrès sionistes à l'intérieur des frontières suisses? Souvenons-nous, en effet, de cette promesse divine: «Je bénirai ceux qui te béniront» (Gen. 12, 3). Il y a toujours eu des Suisses de renom qui se sont engagés fortement pour les juifs. Un exemple: Henri Dunant, le fondateur de la Croix-Rouge, qui, quarante ans avant ce célèbre congrès sioniste, s'était impliqué pour le rétablissement de l'État juif en Palestine. Dunant était persuadé que seule la pratique du judaïsme sur ses propres terres – donc avec la colonisation de la Palestine – pouvait préserver les juifs d'indicibles souffrances. Comme cet homme avait raison! En1873/74, Dunant fonda la «Société internationale pour la Palestine» à cette occasion, il rédigea un mémorandum établissant que les grandes puissances devraient garantir la neutralité de la Palestine et que les juifs pourraient y retourner. Malheureusement, les efforts de Dunant n'eurent que très peu d'échos chez de nombreux hommes d'État. En 1875, il fonda à Londres la «Syrian and Palestinian Colonization Society» dans le but de favoriser la colonisation de la Palestine et des pays voisins par des «personnes intègres, notamment des Juifs». 

Après avoir combattu un demi-siècle pour le retour des juifs dans leur ancienne patrie, Henri Dunant eut le bonheur en 1897 de voir le premier Congrès juif s'organiser dans son pays, la Suisse. Avec sympathie, voire avec enthousiasme, il suivit l'événement à Bâle, croyant inébranlablement à l'accomplissement de ses rêves, à la réalisation de ses plans. Mais il y avait surtout sa foi chrétienne dans la Bible. Et voici que maintenant l'État juif existe, ainsi que le souhaitait ardemment Dunant! Si lui-même n'a pas vu la chose s'accomplir, il en avait une vision prophétique, lui qui était un ami des juifs. Son autre grande idée s'est également réalisée: la Convention de Genève comme base des sociétés de la Croix-Rouge.

En considérant l'histoire de la résurrection d'Israël, il est impossible d'ignorer Herzl et Bâle, c'est-à-dire la Suisse. Herzl ainsi que les fondateurs de l'État d'Israël, Ben Gourion, Golda Meïr, Moshe Dayan et d'autres, n'étaient pas particulièrement croyants. Bien au contraire! Ils étaient simplement pénétrés de l'importance du mouvement sioniste. Mais Dieu se servit d'eux pour accomplir la prophétie biblique. CM

– Le 29.08.1897, Theodor Herzl a ouvert le premier congrès sioniste au casino de Bâle.

– Note écrite dans le journal personnel de Herzl après le premier congrès sioniste à Bâle: «Si je veux résumer en quelques mots ce congrès de Bâle, je me garderai bien de le faire publiquement – c'est ceci: «J'ai fondé, à Bâle, l'État juif.» Une telle parole dite aujourd'hui à haute voix provoquerait certainement un rire universel. Peut-être dans cinq ans, mais sûrement dans cinquante ans, chacun comprendra.»

Nouvelles d'Israël  10 / 1997


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La situation mondiale actuelle vue par la Bible - Ou nous situons-nous aujourd'hui? 

«Et nous tenons pour d'autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour vienne à paraître et que l'étoile du matin se lève dans vos coeurs» (2 Pierre 1, 19).

Si nous voulons trouver la réponse à la question que propose le titre, nous devons nécessairement nous tourner vers la Parole prophétique et considérer son accomplissement. De nombreux croyants osent à peine, aujourd'hui, se pencher sur ce thème; et c'est avec une angoisse profonde que l'on cite ce verset de l'Écriture: «... vous ne savez ni le jour, ni l'heure» (Matth. 25, 13). Nous n'envisageons pas, dans ce cadre qui nous occupe, de creuser la question de savoir si le Seigneur parlait là de l'enlèvement ou non. Mais il est une chose certaine: Il ne pense pas ici à des années ou à des mois, mais bien à un jour et à une heure déterminée, que nous ne connaissons pas. Nous devons plutôt faire ce que le texte cité ci-dessus nous recommande: «... vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur...» L'enlèvement va se produire bientôt, ainsi que nous le verrons dans la suite de cet article. Considérons ensemble quelques événements récents qui doivent fixer davantage encore le regard de notre foi sur Jésus et Son imminent retour:


L'Empire romain pratiquement reconstitué.

Il y a deux mois environ, exactement le 1er novembre de l'an dernier, le Traité de Maastricht sur l'Union européenne entrait en vigueur. C'était, une fois de plus, un pas décisif en direction de l'empire antichrist. L'Empire romain reconstitué est un fait indéniable. Après que, le 1er janvier 1993, le Marché européen intérieur fût entré en activité, le Traité de Maastricht passait effectivement en application. Pour la Bible, le quatrième et dernier empire mondial sera le royaume antichrist.

Ce qui nous impressionne tout particulièrement, c'est ce dernier empire que nous voyons devenir de plus en plus fort. Des quatre (empires), il est le plus puissant et le plus durable. Voici comment Daniel 2, 33-34 le décrit: «... ses jambes, de fer; ses pieds, en partie de fer et en partie d'argile (pour reconstituer l'Empire Romain on se sert, de nos jours, de fer, mais on emploie également beaucoup d'«argile» molle). Tu regardais, lorsqu'une pierre se détacha sans le secours d'aucune main, frappa les pieds de fer et d'argile de la statue, et les mit en pièces.» Puis, Daniel ajoute: «Il y aura un quatrième royaume, fort comme du fer; de même que le fer brise et rompt tout, il brisera et rompra tout, comme le fer qui met tout en pièces. Et comme tu as vu les pieds et les orteils en partie d'argile de potier et en partie de fer, ce royaume sera divisé, mais il y aura en lui quelque chose de la force du fer, parce que tu as vu le fer mêlé avec l'argile» (v. 40-41). Je le répète: Des quatre, ce dernier royaume est le plus grand, le plus fort, le plus durable et, dès lors, le plus terrible. Cet Empire romain qui, par le passé, a fait tant de mal à Israël et se remet actuellement à le faire souffrir, se reconstitue de nos jours – après environ 1500 ans –; mais à la venue soudaine en puissance et en gloire de notre Seigneur Jésus-Christ, il sera détruit, ainsi que les autres royaumes, par «une pierre qui se détachera de la montagne sans le secours d'aucune main»(Cf. Daniel 2,34.45).

Le livre de Daniel présente également ce quatrième et dernier royaume, ainsi que les autres, comme des bêtes. Le prophète eut cette révélation dans la phase terminale de l'empire babylonien, la première bête. Nous lisons en Daniel 7, 1-7: «La première année de Belshatsar, roi de Babylone, Daniel eut un songe et des visions de son esprit, pendant qu'il était sur sa couche. Ensuite il écrivit le songe, et raconta les principales choses. Daniel commença et dit: Je regardais pendant ma vision nocturne, et voici, les quatre vents des cieux firent irruption sur la grande mer. Et quatre grands animaux sortirent de la mer, différents l'un de l'autre. Le premier était semblable à un lion (= Babel), et avait des ailes d'aigle, je regardai, jusqu'au moment où ses ailes furent arrachées; il fut enlevé de terre et mis debout sur ses pieds comme un homme, et un coeur d'homme lui fut donné. Et voici, un second animal était semblable à un ours (= les Médo-Perses), et se tenait sur un côté il avait trois côtes dans la gueule entre les dents, et on lui disait: Lève-toi, mange beaucoup de chair. Après cela je regardai, et voici, un autre était semblable à un léopard (= la Grèce), et avait sur le dos quatre ailes comme un oiseau; cet animal avait quatre têtes, et la domination lui fut donnée. Après cela, je regardai pendant mes visions nocturnes, et voici, il y avait un quatrième animal, terrible, épouvantable et extraordinairement fort; il avait de grandes dents de fer, il mangeait, brisait, et il foulait aux pieds ce qui restait; il était différent de tous les animaux précédents, et il avait dix cornes.»

Comme déjà dit, cette quatrième bête représente l'Empire romain qui n'a jamais vraiment cessé d'exister. Quelques exemples: nombreux sont ceux qui possèdent une montre avec des chiffres romains; le règne nazi était de nature romaine; les Romains connaissaient déjà le chauffage central tel qu'il existe aujourd'hui, etc. Sur base du rêve de Nebucadnetsar, nous savons aussi que l'Empire romain était et est la force porteuse de tout l'édifice des nations: «... ses jambes, de fer; ses pieds, en partie de fer et en partie d'argile» (Dan. 2, 33); il était et sera tout différent des autres royaumes passés (Dan. 7, 7b). Il faut noter que, d'après Apocalypse 13, 2, il possède les caractères bestiaux des autres royaumes: «La bête que je vis était semblable à un léopard; ses pieds étaient comme ceux d'un ours, et sa gueule comme une gueule de lion. Le dragon lui donna sa puissance, et son trône, et une grande autorité.» Soyons clairs à ce sujet: cette bête (l'Antichrist) et le dernier Empire romain en devenir seront identiques. Il est écrit en Apocalypse 17,17: «Car Dieu a mis dans leurs coeurs d'exécuter son dessein et d'exécuter un même dessein, et de donner leur royauté à la bête, jusqu'à ce que les paroles de Dieu soient accomplies.»

Nous voyons aujourd'hui que le quatrième et dernier Empire, l'Empire romain antichrist en devenir, sera le monstre d'Apocalypse 13, 1b-2: «Puis je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème. La bête que je vis était semblable à un léopard; ses pieds étaient comme ceux d'un ours, et sa gueule comme une gueule de lion. Le dragon lui donna sa puissance, et son trône, et une grande autorité.» Nous croyons, comme le font d'autres personnes, que l'Allemagne jouera un rôle prépondérant dans cet empire antichrist, en association avec tous les autres pays qui en font déjà partie ou qui s'y joindront. L'Allemagne est aujourd'hui à la tête de l'Europe; elle est (avec l'Italie, c'est-à-dire le Vatican) la puissance dominante qui accélère la réunification de l'Europe. En outre, elle appartient, en grande partie, à l'Église catholique romaine. Son chancelier est de cette confession. À deux reprises déjà, ce pays s'est trouvé à l'origine d'un mortel gâchis: 1914-1918 sous l'Empereur Guillaume Il (1ère Guerre mondiale), et 1939-1945 avec Adolf Hitler (2ème Guerre mondiale). Que les frères et soeurs allemands ne se sentent pas concernés, puisque, en tant que membres du corps de Jésus-Christ (Cf. Eph. 5, 30), ils appartiennent au royaume éternel du Fils de Dieu!

Il est intéressant de considérer ce que des journaux allemands écrivent à ce sujet. Nous avons pu lire récemment ces quelques lignes de la plume de Herbert Kremp dans le quotidien: «Die Welt»:

«Kohl, dans l'ambition d'être non seulement chancelier des Allemands, mais aussi le démiurge (l'artisan) des Européens, a changé radicalement de direction. Il met maintenant le cap sur l'Union politique, une politique extérieure et de sécurité commune, davantage de collaboration aux plans de la politique intérieure et de la justice, une réglementation de l'accueil des réfugiés, la lutte contre la criminalité.»

Ou encore cet écrit paru dans un autre journal allemand:

«L'exigence du Premier ministre bavarois Edmund Stoïber (CSU) pour une croissance plus lente de l'Europe s'est heurtée, dans l'Union, à une critique acerbe. Le vice-président de la section de Bonn du Bundestag, Heiner Geissler(CDU), a adressé ces mots de reproche à Stoïber: «Haute trahison vis-à-vis des intérêts allemands». Dans l'optique des exportations allemandes, l'intégration européenne ne peut pas être ralentie, a déclaré Geissler à la télévision. Le chef du CSU, Théo Waigel, s'est également nettement désolidarisé de Stoïber lors d'un congrès sur la politique de sécurité organisé par son parti. Waigel s'est prononcé en faveur d'un approfondissement et d'un élargissement de l'Union européenne. Le chancelier Helmut Kohl (CDU) s'est déclaré sans ambages pour l'unité politique de l'Europe. Au congrès annuel de l'Union européenne, à Mannheim (lequel congrès se place au-dessus des partis), Kohl a affirmé que l'UE disparaîtra dans 20 ans si elle ne se fonde pas sur une union politique.» Fin de citation.

Aujourd'hui, nous pouvons sans le moindre scrupule, appeler l'Allemagne «le Saint Empire romain de la nation allemande». Nombreux sont ceux qui regardent encore toujours à l'Italie, à Rome et au pape. Rome, c'est-à-dire la papauté, n'est pas l'Antichrist, mais bien le faux prophète (la deuxième bête d'Apocalypse 13). Lorsque, il y a deux mois, fut scellée solennellement, à Bruxelles, l'entrée en vigueur du Traité de Maastricht, en présence de tous les chefs de gouvernement de la CE, le chancelier Kohl y était le maître absolu. Peut-être certains frères et soeurs auront-ils une autre opinion sur le rôle de l'Allemagne du temps de la fin. À cet égard, je voudrais citer cette parole de l'apôtre Paul: «Que chacun ait en son esprit une pleine conviction»(Rom. 14, 5b). Selon 1 Corinthiens 13, 9, nous ne connaissons qu'en partie; mon cher père avait coutume de dire: L'avenir le montrera. Une chose est certaine: plus les événements se précipitent, mieux nous distinguons les détails. À cet Empire romain antichrist viendront se joindre les USA, le Canada, etc. L'UE (l'Union européenne) exerce une grande force d'attraction sur la Russie également; c'est ce qui ressort notamment de ce communiqué de presse:

«AFP Moscou – Selon le Président Boris Eltsine, la Russie ne tardera plus à être «officiellement» reconnue comme pays européen. L'Union européenne (UE) et la Fédération russe signeront vraisemblablement dans les prochains mois un traité de partenariat, a affirmé Eltsine lors d'une rencontre avec le Président de la Commission européenne, Jacques Delors. La Russie appartiendra alors officiellement à l'Europe, ajouta-t-il.»


L'«autre bête» 

À notre sens, l'Italie est politiquement et économiquement trop faible pour pouvoir jouer le rôle principal. Mais nous le répétons: Rome personnifie, par le pape, c'est-à-dire le Vatican, le faux prophète, comme dans le titre, l'«autre bête» d'Apocalypse 13, 11-14a: «Puis je vis monter de la terre une autre bête, qui avait deux cornes semblables à celles d'un agneau, et qui parlait comme un dragon. Elle exerçait toute l'autorité de la première bête en sa présence, et elle faisait que la terre et ses habitants adoraient la première bête, dont la blessure mortelle avait été guérie. 

Elle opérait de grands prodiges, même jusqu'à faire descendre du feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes. Et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu'il lui était donné d'opérer en présence de la bête.»Cette autre bête, la papauté (unie aux autres églises), représente l'aspect religieux du quatrième empire, à savoir la «grande prostituée», la femme assise sur la bête. A cet égard, nous lisons en Apocalypse 17,1-7: «Puis un des sept anges qui tenaient les sept coupes vint, et il m'adressa la parole, en disant: Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux. C'est avec elle que les rois de la terre se sont livrés à l'impudicité, et c'est du vin de son impudicité que les habitants de la terre se sont enivrés. Il me transporta en esprit dans un désert. Et je vis une femme (l'Église catholique romaine unie aux autres églises: de nos jours, le pape cherche ardemment le dialogue avec l'islam) assise sur une bête écarlate (c'est l'autre bête, non pas la première, qui est le quatrième royaume), pleine de noms de blasphème, ayant sept têtes et dix cornes. Cette femme était vêtue de pourpre et d'écarlate, et parée d'or, de pierres précieuses et de perles (toutes ces choses, ne les trouve-t-on pas dans l'Église catholique romaine?). Elle tenait dans sa main une coupe d'or, remplie d'abominations et des impuretés de sa prostitution. Sur son front était écrit un nom, un mystère: Babylone la grande, la mère des impudiques et des abominations de la terre. Et je vis cette femme ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus (au cours des siècles, l'Église catholique romaine a torturé, brûlé et mis à mort d'innombrables personnes qui refusaient de se soumettre à sa doctrine). Et, en la voyant, je fus saisi d'un grand étonnement. Et l'ange me dit: Pourquoi t'étonnes-tu? Je te dirai le mystère de la femme et de la bête qui la porte, qui a les sept têtes et les dix cornes.»

Disons-le une fois encore: Cette «femme» est Rome, l'«autre bête». À cet égard, il est remarquable que le pape espère maintenant nouer des relations diplomatiques avec Israël. Déjà, un des deux rabbins-chefs d'Israël a été reçu par lui. Et comme Israël s'intégrera au début à l'Empire romain grâce à l'alliance confirmée par l'Antichrist, il devrait nécessairement s'établir une normalisation des relations entre ce peuple et l'Église catholique romaine. Selon divers communiqués, le pape se propose de visiter la Terre sainte. Et Israël s'en réjouit; on présente cette argumentation: 100.000 catholiques suivront le pape «dans la terre promise» bref, on s'attend à un nouveau boom touristique grâce à cette visite. Mais tout cela ne fait que conduire à la déchéance du temps de la fin. Quelle époque que la nôtre!


Israël conclut en même temps une fausse paix avec ses voisins.

Nous voyons comment, parallèlement à la reconstitution de l'Empire romain, Israël s'emploie à conclure une fausse paix avec ses voisins. Cette paix s'inscrit très exactement dans la ligne de la Parole prophétique. L'État hébreu fera aussi partie de cet empire antichrist. Cette fausse paix nous semble être l'alliance que l'Antichrist confirmera. Celui-ci ne conclura pas une nouvelle alliance avec Israël, mais, ainsi qu'il est écrit en Daniel 9, 27a:

«Il fera une solide alliance avec plusieurs pour une semaine, et durant la moitié de la semaine il fera cesser le sacrifice et l'offrande.» Voici ce même verset dans la version Darby: «Et il confirmera une alliance avec la multitude pour une semaine; et au milieu de la semaine il fera cesser le sacrifice et l'offrande.» Quand nous voyons comment ce traité de paix est contesté tant du côté israélien que par les Palestiniens de Hamas, nous comprenons pourquoi l'Antichrist confirmera une alliance déjà existante avec Israël. À ce propos, il y a ceci de particulièrement intéressant:

Quand, en novembre dernier, Rabin était en visite chez le Président Clinton, on pouvait supposer qu'Israël obtiendrait des USA tout ce qu'il désirait. Il reçoit maintenant des Américains des super-ordinateurs refusés jusqu'à présent à l'État juif, ainsi que les avions de combat les plus modernes du monde. Les États-Unis financeront également largement le programme anti-missiles israélien. De plus, on a promis à Israël d'importants prêts supplémentaires à long terme. Notre correspondant à Jérusalem, Zwi Lidar, nous disait qu'aucun Président n'avait auparavant fait de telles promesses. Les Américains garantissent également la sécurité d'Israël, etc. Ce qui, à première vue, semble réjouissant pour Israël nous paraît plutôt être une confirmation de l'alliance antichrist, de la fausse paix d'Israël avec ses voisins. Car l'État hébreu ne recevra toute cette aide que s'il s'engage toujours plus dans la nouvelle voie de la paix trompeuse, et que s'il cède du terrain, faisant ainsi un pacte avec la mort (Cf. Ésaïe 28, 15). Et, ainsi que nous l'avons déjà dit, il est clair que les USA joueront un rôle non négligeable dans l'Empire romain antichrist.


L'attaque de la Russie contre Israël

Nous lisons en Ezéchiel 38et 39 comment la Russie et quelques autres pays attaqueront soudainement Israël, mais seront jugés sur les montagnes et dans les plaines d'Israël. Le Seigneur Lui-même interviendra alors (voir, par exemple, Joël 2, 20). Quand cette attaque se produira-t-elle? Ezéchiel38 nous donne plusieurs indices à ce sujet:

«Après bien des jours, tu seras à leur tête; dans la suite des années, tu marcheras contre le pays dont les habitants, échappés à l'épée, auront été rassemblés d'entre plusieurs peuples sur les montagnes d'Israël longtemps désertes» (v. 8a). Toutes ces prédictions se sont déjà réalisées: Israël est aujourd'hui rentré dans son pays où il est à l'abri de l'épée qui l'a poursuivi 2000 ans. Il est rassemblé au départ de nombreux peuples, de plus de cent pays. En outre, nous vivons «dans la suite des années» le retour du Seigneur est très proche.

Il est également écrit en Ezéchiel 38, 11: «Je (= la Russie) monterai contre un pays ouvert, je fondrai sur des hommes tranquilles, en sécurité dans leurs demeures, tous dans des habitations sans murailles, et n'ayant ni verrous ni portes.» Jusqu'il y a peu on ne pouvait pas utiliser ces expressions à propos d'Israël: «un pays ouvert», «en sécurité dans leurs demeures», «n'ayant ni verrous ni portes». Et aujourd'hui? Par le traité de «paix» actuel, Israël se trouve de plus en plus dans la situation décrite dans ce verset cité. Bientôt, il signera un traité avec la Syrie. Il se sentira de plus en plus en sécurité, ainsi qu'il est écrit en 1 Thessaloniciens 5, 3.

Les critiques ne cessent d'objecter qu'il est impensable que sous Boris Eltsine, la Russie attaque Israël. Ne nous leurrons pas: septante années durant, le poing a été levé contre Dieu; ce communisme impie connaîtra sa ruine finale sur les montagnes et dans les champs d'Israël! Même à son corps défendant, il sera attiré vers Israël: «Je (l’Éternel) te ferai retourner, et je mettrai un anneau dans tes mâchoires, et je te ferai sortir, toi, et toute ton armée...» (Ezéch.38,4). Il vaut la peine de noter que tous les pays nommés en Ezéchiel 38, 5, qui accompagneront la Russie, sont actuellement de farouches adversaires d'Israël, comme, par exemple, l'Iran et la Libye. Il est fort possible que l'Église ne voie pas cette attaque de la Russie contre l'État hébreu. Car si Ezéchiel 38, 8 situe cet événement «à la fin des années», «après bien des jours», il est probable qu'il se produira après l'enlèvement de l'Église.


Que nous disent tous ces événements quant au moment de l'enlèvement?

Réponse: Que l'enlèvement peut se produire à tout moment! Les vrais enfants de Dieu doivent se tenir prêts à partir pour la céleste demeure d'un instant à l'autre!

Nous savons, en effet, que l'Église sera enlevée avant la grande tribulation sous le règne de l'Antichrist. Nous lisons, par exemple, en 1 Thessaloniciens 5, 9 (chapitre où Paul parle du temps de la fin): «Car Dieu ne nous (les enfants de Dieu nés de nouveau) a pas destinés à la colère, mais à l'acquisition du salut par notre Seigneur Jésus Christ.» Quant aux enfants de ce monde, la colère de Dieu reste sur eux et le jugement divin les frappera: «Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui» (Jean 3, 36). Apocalypse 14, 9-11nous donne une petite idée de la colère de Dieu:: «Si quelqu'un adore la bête et son image, et reçoit une marque sur son front ou sur sa main, il boira, lui aussi, du vin de la fureur de Dieu, versé sans mélange dans la coupe de sa colère, et il sera tourmenté dans le feu et le soufre, devant les saints anges et devant l'agneau. Et la fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles; et ils n'ont de repos ni jour ni nuit, ceux qui adorent la bête et son image, et quiconque reçoit la marque de son nom.»

De nombreux enfants de Dieu sont aujourd'hui aux prises avec de terribles épreuves d'où ils ne semblent pas pouvoir sortir. À leur origine, il y a l'Ennemi de toujours, le diable, qui veut leur porter les derniers coups. Plus que jamais, nous devons nous attacher à Jésus, rester dans le premier amour brûlant pour Lui, afin de livrer le bon combat de la foi et de pouvoir enfin aller à Sa rencontre, pleins de joie!

Les éléments suivants devraient nous rappeler combien l'enlèvement est proche: Quand Paul, notamment en 1 Thessaloniciens 4, 16, parle de la trompette de Dieu(donc pas des trompettes des anges), au son de laquelle le Seigneur descendra lors de l'enlèvement, nos pensées se tournent vers Exode 19, où nous lisons que l'Éternel descendit vers Son peuple d'Israël -comme pour l'enlèvement – et là aussi avec la trompette de Dieu (Cf. v. 13,16 et 19). Et quand l'Éternel dit alors à Son peuple en Exode 19,11: «Qu'ils soient prêts pour le troisième jour; car le troisième jour l'Éternel descendra», et au verset 16: «Le troisième jour au matin, il y eut des tonnerres, des éclairs, et une épaisse nuée sur la montagne; le son de la trompette retentit fortement (à notre sens, la trompette de Dieu)», nous voyons se profiler prophétiquement l'enlèvement. Car il n'est pas seulement écrit au verset 17 «Moïse fit sortir le peuple du camp, à la rencontre de Dieu», il y a en outre, selon nous, dans ce chapitre une indication prophétique sur l'étroite période où se produira l'enlèvement. Il est dit au verset 16: «Et il arriva, le troisième jour, quand le matin fut venu...» (Version Darby); cela signifie qu'après le deuxième jour avec sa très longue nuit sombre, l'enlèvement se fera pratiquement au tout début du troisième jour.

Cette troisième journée est donc à peine entamée que l'enlèvement a lieu. Le grand savant juif, Martin Buber, a traduit ce verset comme suit: «C'était le troisième jour, comme le matin pointait...» Où nous situons-nous aujourd'hui? 2000 années se sont écoulées depuis la naissance de Christ (deux jours – mille ans sont pour Dieu comme un jour). Si nous partons du fait que sept années manquent à notre calcul, nous n'avons pas 1993 ans derrière nous, mais bien 2000. Nous nous trouvons donc exactement au passage de la deuxième journée à la troisième, c'est-à-dire du deuxième millénaire au troisième après Jésus-Christ! Si cette interprétation est correcte – peut-être certains lecteurs seront-ils d'un autre avis – l'enlèvement doit être très, très proche! Bientôt, la trompette de Dieu retentira pour notre enlèvement! Le fait que notre Seigneur ressuscita tôt le matin du troisième jour, alors qu'il faisait encore sombre, est, à mon sens, une indication prophétique portant sur la résurrection de ceux qui se sont endormis dans le Seigneur, lors de l'enlèvement à l'aube du troisième jour, c'est-à-dire du troisième millénaire (CL Jean 20, 1 et suiv.; 1 Cor.15, 20.23).

 

C'est pourquoi le Seigneur Jésus nous crie: «Ce que je vous dis, je le dis à tous:Veillez» (Marc 13, 37). 1 Thessaloniciens 4, 14-17 est bien près de se réaliser: «Car, si nous croyons que Jésus est mort et qu'il est ressuscité, croyons aussi que Dieu ramènera par Jésus et avec lui ceux qui sont morts. Voici, en effet, ce que nous vous déclarons d'après la parole du Seigneur: nous les vivants, restés pour l'avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont morts. Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d'un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement. Ensuite, nous les vivants, qui serons restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur.»

Conno Malgo


Évolution de l'UE


1957 «Traité de Rome», signé par la Belgique, la République fédérale d'Allemagne, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas

1958 «Traité de Rome» en vigueur

1967 Constitution de la CE par la centralisation de ces organismes: la CEE, l'EURATOM, etc

1968 Achèvement de l'Union douanière: suppression des douanes intérieures; douane extérieure commune

1973 Entrée du Danemark, de la Grande-Bretagne et de l'Irlande – la Norvège contre l'entrée (référendum)

1979 Introduction du monétaire européen (SME)

1979 Première élection directe du Parlement européen

1981 Entrée de la Grèce

1986 Entrée du Portugal et de l'Espagne adoption du drapeau européen ainsi que de l'hymne européen

1986 «Actes unitaires européens» en vue de la signature du Marché intérieur

1991 Signature du «Traité de Maastricht» sur l'Union européenne (UE) (monnaie commune en 1999 au plus tard)

1993 (1.1.) Début du marché intérieur européen

1993 (1.11.) Entrée en vigueur du Traité de Maastricht 

1994 (1.1.) 2ème étape de l'Union monétaire

MR-GRAFIK (Source: Die Welt)

 Nouvelles d'Israël  01 / 1994


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LE SPORT ET LA FOI


Renaissance et Réforme

«Si l'empereur Théodose revenait parmi nous, témoin des Jeux pacifiques du Colisée de Los Angeles, il ne lui viendrait plus à l'idée de mettre fin, par décret, à la célébration quasi millénaire des Jeux Olympiques, comme il le fit en l'an de grâce 393, saisi par le zèle de sa foi nouvelle dans la religion chrétienne. Pour cet empereur romain, les Jeux étaient une triste survivance du paganisme». Pourtant, ce «retour de Dieu» aux Jeux Olympiques de 1984, quand tant de champions ont affiché leur foi en Jésus-Christ, n'aurait pas dû étonner ce journaliste de L'Équipe. Loin d'être toujours une influence négative, les chrétiens, et en particulier les protestants, ont joué un rôle important dans la renaissance et la réforme du sport.

Nous examinons ici la période entre la fin de l'Antiquité et 1820, au seuil de l'explosion du mouvement sportif.


LE MOYEN ÂGE

Le corps ne vaut pas l'âme, mais il lui est nécessaire. 

Cette formule résume pour Ulmann l'opinion la plus répandue de l'Église du Moyen-Âge au sujet du corps. Il rejette le préjugé courant selon lequel le christianisme serait une religion qui rabaisse, méprise, néglige le corps. En effet, même si le salut de l'âme est la préoccupation primordiale de l'Église, elle a toujours lutté contre des hérétiques, tels les gnostiques et les manichéens, pour qui la matière serait mauvaise en soi, car inférieure et opposée à l'esprit. Le Nouveau Testament enseigne très clairement que les péchés de «la chair» sont intellectuels, émotionnels et spirituels autant que corporels. Chrysostome prêchait déjà que notre corps nous rend un grand service, car il nous retient et limite les tendances pécheresses de notre âme. Il condamnait ceux qui méprisent leur corps par toutes sortes d'excès. Au Moyen-Âge, il y a certes un courant ascétique, mais «Saint Bonaventure, saint Thomas, Duns Scot, je dirai même saint François d'Assise, sont des hommes qui ont chéri la matière, respecté leur corps, célébré sa haute dignité et n'ont jamais voulu séparer sa destinée de celle de l'âme». 

«La pensée médiévale est partout imprégnée des conceptions de la foi chrétienne» écrit Huizinga. Ainsi, l'idéal de la chevalerie incarne des vertus chrétiennes mélangées avec des qualités païennes. Ce code moral se base sur des notions diverses: orgueil, courage, amour, conscience, piété, sacrifice, défense des faibles, fidélité, honneur, justice, loyauté. C'est dans cet esprit que rois et nobles prennent part aux sports guerriers de l'époque: chasse, tournois, joutes, quintaine, lutte, tir à l'arc. À l'origine, les tournois sont très meurtriers et servent de prétextes à beaucoup de désordre, ce qui provoque l'hostilité de l'Église et des humanistes. Petit à petit, ils s'adoucissent et se réglementent en subissant l'influence indirecte de l'Église au travers de l'idéal chevaleresque.

Les jours fériés donnent l'occasion au peuple de se livrer à de nombreux sports et jeux. Un ecclésiastique de la fin du 12e siècle, William Fitz Stephen, décrit des jeux qui se pratique ni à Londres: balle, joutes nautiques.sauts, tir à l'arc, lutte, lancer de poids, jeux sur la glace. Parmi d'autres jeux folkloriques du Moyen-Âge on peut citer: boxe, soule, boules, crosses, pelote, paume, mail, quilles, hand-ball. Selon l'étude classique de Jusserand, beaucoup de ceux-ci ont leur origine en France, d'où ils se répandent aux autres pays d'Europe et en Angleterre. «Il semble acquis que du jeu de paume dérive le tennis, de la soule, le football et que les jeux de crosse ont donné naissance à une grande variété de jeux et de sports, tels le croquet, le hockey, le golf, le cricket», observe Ulmann. Qu'en pense l'Église? Une variante du jeu de paume aurait été pratiquée très tôt dans des cloîtres.

Certains abbés soucieux de leur standing dans la société, participent volontiers à la chasse. En Angleterre, le jeu de hand-ball se pratique en faisant rebondir une balle contre les murs de l'église (en dehors des heures des services religieux, quand même!). Jusserand raconte le succès de la soule auprès des ecclésiastiques: «À Auxerre, tout nouveau chanoine était tenu de donner à ses confrères un ballon;la partie offrait le plus singulier mélange d'exercices pieux et sportifs. Le jeu commençait par le chant de la prose Victimae Pascales laudes et se terminait par une ronde que dansaient ensemble tous les chanoines».

Tout le monde ne voyait pas les choses d'un si bon oeil. Au 14e et 15e siècles, de nombreuses lois en France et en Angleterre interdisent ou limitent ces jeux, surtout parce que les gens négligent l'entraînement au tir à l'arc pour la guerre. Une ordonnance du prévôt de Paris, en 1397, interdit (sauf le dimanche!) ces jeux qui gaspillent le temps et les biens.

Un moine anglais de la même époque trouve la soule «abominable... peu digne et inutile, qui se termine rarement sans perte ou accident». Il faut dire que ces jeux de soule sont très physiques et brutaux, sans règles, des sortes de batailles à l'amiable entre deux villages, avec parfois des centaines de «joueurs». En 1485, le concile de Sens interdit aux religieux le jeu de paume, surtout «enchemise et en publique».


LA RENAISSANCE

Il voit son fils savant, adroit, industrieux, mêlé dans les secrets de nature et des cieux, raisonnant sur les lois, les moeurs et la police; l’esprit savait tout art, le corps tout exercice.

Avec la redécouverte des auteurs de l'Antiquité, la Renaissance remet en valeur l'éducation physique. Son idéal, c'est la formation de l'homme entier dans une harmonie de l'esprit et du corps. Les pionniers sont en Italie.

Dans la formation physique militaire de Vergerio (1349-1419) le corps doit obéir, supporter, être entretenu, être délassé. Mais Vittorino (1378-144) y voit un moyen de donner à ses élèves un épanouissement général. Il souligne en plus des avantages pour la santé, l'importance de la gymnastique pour l'instruction (observation de la nature) et sa valeur morale (elle détourne des vices liés à l'oisiveté).

De Arte Gymnastico de Mercurialis est l'oeuvre qui fait date dans la gymnastique médicale (1567).

Grâce aux idées d'Érasme, l'exercice corporel fera son entrée dans les écoles. En Angleterre, Elyot (1351), Ascham (1570) et Mulcaster (1581) s'en servent dans leurs projets pédagogiques. En France, Rabelais cite de nombreux jeux et sports dans la journée d'éducation de Gargantua, afin que «l'élève» soit un athlète et un homme de guerre accompli. Dans les Essais de Montaigne (1581), les jeux et les exercices ont une place importante dans l'éducation d'un «homme de bien». «Ce n'est pas assez de lu raidir l'âme, il lui faut aussi raidir les muscles». Bien sûr, ces jeux sont bons pour la santé, ils favorisent «la société et l'amitié» et développent courage et patience dans les afflictions.

Selon Ulmann, la Réforme est «plutôt favorable aux exercices corporels». Face au courant ascétique du catholicisme, Luther croit que «joie et divertissements sont aussi nécessaires aux enfants que la santé. (Les jeux)... donnent aux membres bonnes proportions, forment le caractère. Par contre, Zwingli restreint jeux et distractions de la jeunesse». Calvin compare le corps à une prison (en comparaison avec notre état futur), mais il ajoute que nous ne devons jamais le haïr, car cette condition est voulue par Dieu.

Au contraire, dit-il, soyons reconnaissants à Dieu pour ses bontés dans la vie présente, car au-delà des nécessités Il pourvoit des choses pour notre jouissance, notre plaisir et notre recréation. Toutefois, «usons de ce monde comme n'en usant point», car «ceux qui s'occupent beaucoup (de) leurs corps ne se soucient guère de leur âme». Il faut s'offrir à Dieu, corps, âme et esprit, en évitant les excès et l'ascèse inutile. Calvin suit l'exemple du grand pédagogue, Jean Sturm, qui avait introduit dès 1538 la gymnastique au Collège de Strasbourg.

Quand Calvin se consacre à son Collège à Genève, à partir de 1556, on trouve au programme: «Le vendredi après-midi, de 12 h à 15 h séance de plein air et de jeux».

Le rayonnement des écoles protestantes influence aussi les jésuites, et à partir des années 1550, les jeux virils et folkloriques sont pratiqués dans leurs collèges. Plus tard, les jansénistes feront de même.


PASSIONS, PARESSE ET PURITAINS 

On ne peut pas nier que les puritains ont eu un point de vue extrême sur les jeux et les sports. Mais trop souvent, leurs critiques nous proposent une caricature extrême de leurs principes.

Ces calvinistes anglais souhaitent une réforme plus complète de l'Église d'Angleterre, et de la société en général (y compris des loisirs) selon la Parole de Dieu. À la fin du 16e et au début du 17e siècles, ils sont une force politique importante, dominante dans certaines régions, et ils seront au pouvoir de 1649 à 1660.

Leur réaction sévère se comprend mieux quand on examine la nature de certaines «recréations». Des combats de coqs, des combats de chiens contre des ours ou des taureaux (sans parler des pendaisons!) attirent de grandes foules de toutes les classes sociales. Ils condamnent la cruauté, les excès de boissons et les paris associés aux jeux, et veulent sauvegarder le dimanche comme un jour à part pour le Seigneur. En 1583, Philip Stubbes est témoin d'un match de soule, «une activité sanglante et meurtrière» plus tôt qu'un jeu. Selon lui, ce ne sont pas que des bras et des jambes qui sont cassés, mais aussi des dos et des cous! D'autres perdent leurs yeux dans ce combat violent. L'envie, la malice, la rancoeur, la colère, la haine se multiplient. Le récit de Stubbes nous rappelle l'avis de Tertullien au sujet des combats de gladiateurs, et nous comprenons son inquiétude à l'égard de ce jeu sauvage.

Cependant, même si tous les jeux ne sont pas aussi violents, les puritains restent très hostiles à leur pratique. En réponse à leur opposition, le roi Jacques I publie Le Livre des Sports en 16 18. Il refuse de les supprimer, et déclare légaux «les récréations et exercices honnêtes, le dimanche et les jours fériés, après la prédication».

Jacques craint que l'attitude rigide et légaliste des puritains ne décourage les gens d'aller à l'Église, et surtout que, privée de jeux et d'exercices, la population se mette à boire davantage et à fomenter le désordre. Il semble qu'il aimait personnellement la chasse et les courses de chevaux. Il n'empêche qu'en 1638 des lois en vigueur imposent des amendes pour la pratique de jeux et de sports illégaux. D'autres jeux sont autorisés, mais après le culte seulement, et il est interdit de voyager dans d'autres paroisses pour les pratiquer.

Le Voyage du Pèlerin, publié par John Bunyan en 1678, nous éclaire sur les raisons de cette mentalité des puritains. Beelzébub est le chef de la Foire aux Vanités où des vanités sont exposées et mises en vente, entre autres «des voluptés, des plaisirs, des divertissements de toutes espèces». «On peut y voir en tout temps des jongleries, des tromperies, des jeux, des spectacles, des folies, des singeries, des vilenies de toutes sortes». Fidèle, le compagnon de Chrétien y perd sa vie, condamné pour avoir affirmer que «le Christianisme et les coutumes de (la) Ville de Vanité sont diamétralement opposés».

Trie Reformed Pastor deRichard Baxter (1656) est plus nuancé. Insistant sur l'importance et l'urgence des visites systématiques dans le but d'instruire les paroissiens dans la foi, il rejette les prétextes de certains pasteurs, trop paresseux pour s'en occuper. Ceux-ci gaspillent trop de temps dans des «discussions, affaires, voyages et récréations (boules et d'autres sports) inessentielles», et ces occupations mondaines encouragent d'autres à suivre leur (mauvais) exemple.

Dans sa propre vie, Baxtera découvert la valeur pour sa santé d'un exercice quotidien (surtout la marche) pendant 30 à 60 minutes. Rien n'empêche, écrit-il, de s'exercer ainsi une heure ou deux, les jours consacrés à des visites, et davantage les autres. Mais il ne supporte pas les pasteurs indisciplinés et sensuels qui gaspillent le temps et la force que le Seigneur leur a accordés pour Son service, dans trop de récréations, négligeant ainsi le salut des gens. Ils n'ont rien compris de leur ministère, et ont besoin de lire Galates 5 et 6, 1 Corinthiens 9: 24-27 et 2 Timothée 3: 4-5. Néanmoins, le plaisir de ces récréations est justifié quand le résultat est de mieux nous équiper pour le service de Dieu – «pour aiguiser la faux». Le poète puritain Milton accorde une place importante à l'éducation physique dans son livre sur l'éducation (1 644).


LE SIÈCLE DES LUMIÈRES

Les idées du philosophe anglais John Locke (1632-1704) ont une grande influence au18e siècle. Il reconnaît l'autorité de la Bible comme source de la morale et est un apologiste de la foi. Dans Quelques pensées sur l'éducation», il consacre toute une section à l'éducation physique, qui est utile pour la santé, favorise le travail de l'esprit et développe la maîtrise de soi.

Dans Émile, Rousseau parle du «sage Locke» et reprend ses idées sur l'éducation physique, mais, plutôt que d'éduquer des «gentlemen», Rousseau veut former des hommes nouveaux pour une société nouvelle.

Les hommes doivent être «conformes à la nature», «libres, sains, bons et heureux». La décrépitude physique est symptomatique d'une société déchue, et l'importance d'une éducation physique individuelle, comme dans Émile, s'étendra dix ans plus tard à L'État dans ses Considérations sur le Gouvernement de Pologne (17 72). Pour Rousseau, l'éducation corporelle est intégrée à l'éducation générale, elle prépare et accompagne la formation intellectuelle, elle est indispensable à l'éducation morale, les sports sont utiles (natation, par exemple), ils favorisent l'hygiène, la joie de vivre et le retour à la nature. Rousseau écrit: «Il faut que le corps ait de la vigueur pour obéir à l'âme: un bon serviteur doit être robuste»; «un corps débile affaiblit l'âme»; «la chasse endurcit le coeur aussi bien que le corps». «Le goût des exercices corporels détourne d'une oisiveté dangereuse, des plaisirs efféminés et du luxe de l'esprit. C'est surtout à cause de l'âme qu'il faut exercer le corps». Les phrases qui suivent illustrent sa conception de «l'éducation négative»: «elle ne donne pas les vertus, mais elle prévient les vices; elle n'apprend pas la vérité mais la préserve de l'erreur».

Évidemment cette théorie présuppose que la nature humaine est bonne, et pour avoir écrit: «Exercez son corps, ses organes, ses sens, ses forces, mais tenez son âme oisive aussi longtemps qu'il se pourra», Rousseau reçoit bien des critiques.

Dans l'oeuvre d'Henri Pestalozzi (1746-1825), on remarque une influence et une réaction contre les idées de Rousseau. «De nos jours, bien des nations vénèrent en Pestalozzi le père de leurs écoles populaires et le pédagogue de génie qui sut réunir le coeur, l'esprit et le corps en une harmonie complète, dans le respect des particularités individuelles des enfants».

Petit-fils d'un pasteur suisse, il «marche environné de Dieu, tire joute sa force de Dieu, vit en Dieu». Selon Ulmann, la conception de la nature humaine de Pestalozzi correspond bien à la Bible, car il reconnaît les effets de la chute. Il cherche à éduquer la nature spirituelle de l'enfant d'abord, afin qu'il domine sur sa nature charnelle, et à former simultanément les trois parties indissociables de son être. À l'école d'Yverdon, deux heures par jour sont consacrées aux jeux et aux sports simples et spontanés, (sans compter les promenades et excursions), pour la santé et la détente des enfants. Il introduit aussi une gymnastique qui apprend aux élèves les gestes dont ils auront besoin dans la vie active (surtout agricole, mais aussi industrielle). Un collaborateur, le pasteur J. Niederer, résume leur but: «Nous cherchons une gymnastique qui participe également de l'éducation intellectuelle, morale et esthétique».

Pendant ce temps, en Angleterre, le 18e siècle voit une floraison de sports, tels le cricket et les courses de chevaux. On parie aussi sur des courses à pied et des matchs de boxe, avec des concurrents professionnels. Vers1750, un match de camping (soule / football) entre deux équipes de 300 hommes dure 14 heures et laisse 9 morts. À la campagne, des clergymen anglicans, souvent issus des classes aisées, «chassent, tirent, boivent, jouent aux cartes, jurent; ils ne connaissent ni la loi ni l'évangile et négligent leurs paroisses» écrit Ryle. C'est dans ce contexte que William Law lance en 1728 son appel à une vie consacrée à Dieu, remplie de prières, où tout sera fait au nom du Seigneur et pour sa gloire. À la lumière de ce principe de vie, les sports de l'époque lui paraissent ridicules, trop chers et rendent leurs pratiquants esclaves des modes. Les quelques pasteurs évangéliques au sein de l'Église anglicane et les indépendants s'abstiennent de ces sports. L'exemple d'Henri Venn est instructif. En 1749, il est parmi les meilleurs joueurs de cricket du pays (un jeu doux et civilisé pourtant), mais il l'abandonne la veille de son ordination. Plus tard, dans une lettre, il se dira peiné au sujet d'un garçon, passionné par les balles et les cartes, «une créature née pour la communion avec Dieu et les joies célestes, attachée seulement aux satisfactions insignifiantes et aux choses matérielles».

Un mouvement de «sportifs chrétiens» semblait alors impensable! Ce sera par la prédication de John Wesley et ses collèges que le réveil arrivera.


PROTESTANTS, PHILANTHROPINIENS ET PRUSSIENS

L'allergie aux sports des chrétiens évangéliques en Angleterre diminuera nettement au19e siècle, en partie grâce à l'influence des protestants allemands très actifs dans l'éducation physique. Legrand et Lagaillerie cirent plusieurs précurseurs du mouvement d'éducation physique et sportive. Tous sont de souche protestante: Basedow est pasteur, Salzmann est aumônier, Guts Muths et Nachtegall ont fait des études de théologie, pour Pestalozzi voir ci-dessus. Linget Jahn sont fils de pasteurs et ont étudié la théologie. Arnold (que nous rencontrerons dans l'article suivant) est pasteur anglican.

Pendant un court exil, Basedow (1723 -1790) enseigne dans une académie suédoise, «ouverte pour y conserver les traditions de l'éducation chevaleresque», où les exercices et jeux sportifs figurent au programme. À partir de ce modèle, et suivant les idées de Locke, il fonde en 1768 le Philanthropinium de Dessau en Allemagne (Institut des Philanthropes), où cinq heures par jour sont réservées aux exercices corporels, travaux manuels et musique, dans le contexte d'une bonne éducation globale. Il pense que l'exercice physique donne force, santé, confiance en soi et courage aux élèves, et contribue aux buts moraux et philanthropiques de l'école. Peu d'éducateurs allemands échappent à l'influence de Basedow, remarque Ulmann.

Salzmann (1744-1811) est aumônier chez Basedow à Dessau, avant de fonder son propre Philanthropinium selon les mêmes principes.

Ce grand pédagogue enseigne lui-même les exercices corporels, avant de se faire remplacer par Guts Muths (1759-1839), «le père de la gymnastique pédagogique moderne». Pendant 8 ans, il étudie la gymnastique, et édifie une méthode complète: «Gymnastik fur Jugend ( 1793 ). Il s'oppose à l'indolence et à l'intellectualisation excessive dans l'éducation, qui sont contre la nature humaine (l'homme n'est pas un pur esprit), qui méprisent le corps et sont contraires aux préceptes de la Bible. Pour lui, la gymnastique est une branche de la pédagogie qui contribue au développement de la personnalité. Un corps sain, entraîné, robuste, actif, donne un esprit gai, une âme virile et courageuse, un esprit actif. À partir des jeux sportifs existants, il imagine des formes sans danger, plus faciles et réglementées, ce qui les rend plus éducatifs. Curieusement, il estime que les jeux à l'état brut, tels le ballon, le cricket, la lutte, «ne sont que des distractions, des moyens de passer le temps». Puisque «l'homme est un tout, une unité... un corps spiritualisé et un esprit incarné»; «si nous unissons par la pensée les perfections du corps qui appartiennent à l'homme de la nature et la culture intellectuelle du civilisé, nous apercevons le plus bel idéal de notre espèce» écrit Guts Muths. Il vise ce double épanouissement de l'homme dans une optique du progrès de la culture.

Le Danois Nachtegall (1777-1847) n'arrivant pas à payer ses études de théologie, fonde une société de gymnastique et enseigne dans un philanthropinium à Copenhague. S'inspirant des méthodes de Guts Muths, il ouvre «le premier institut privé de gymnastique en Europe». Par son influence, la gymnastique s'étend à

toutes les écoles primaires, à partir de 1801 , et en 1828, dans tous les établissements scolaires du Danemark.


GYMNASTIQUE DU RÊVEUR GYMNASTIQUE DU REBELLE

Ling et Jahn sont contemporains, mais leurs tempéraments contrastent fortement, ainsi que les écoles de gymnastique qu'ils ont créées. «Alors que la gymnastique allemande, violente, dynamique, n'intéressait qu'une élite physique, Ling voulait former des gens équilibrés pour une Suède paisible».

Le Suédois Per HenrickLing (1776 – 1839) est un élève de Nachtegall, mais il crée sa propre méthode, dire «suédoise» une «gymnastique à caractère scientifique et hygiénique».

Dans son «Institut Central de Stockholm», il ajoute à la gymnastique pédagogique (pour le développement harmonieux du corps) et militaire (escrime, équitation, natation, lutte), la gymnastique médicale et orthopédique, et enfin la gymnastique esthétique. Il a un caractère de poète, quelque peu rêveur et indécis. Il pense que «la gymnastique doit être ensoleillée d'une joie innocente et cependant elle ne doit pas être écartée de son but sérieux qui vise la santé du corps». Pour quelqu'un ayant étudié la théologie, ses réflexions métaphysiques sont étranges. Il parle du Créateur, mais aussi de force vitale, d'amitié avec le Tout, d'équilibre entre les «trois principes fondamentaux de l'être humain – dynamique, chimique et mécanique». Ce vocabulaire fait penser au jargon actuel des gymnastiques douces et de l'expression ou de la thérapie corporelle. Friedrich Jahn ( 1778 – 1852) aura une postérité plus sinistre – le IIIe Reich. «Il était robuste mais indiscipliné. . . en 1796 , étudiant en théologie... il se montre rebelle aux ordres et incite les étudiants à la méfiance, à la rébellion». Il semble avoir abandonné la théologie pour suivre son chemin. Il retrouve au travers des traditions nationales, l'esprit allemand. Docteur en philosophie, il étudie aussi la littérature et l'histoire allemandes. Convaincu de la valeur de l'exercice corporel, suite à l'exemple de Basedow et ses successeurs, et influencé par les écrits de Goethe et de Fichte, il utilise la gymnastique dans un but nationaliste. Frappé par le Discours à la nation allemande de Fichte(1808), et animé par la haine de Napoléon, «il reproche aux étudiants leur mollesse, les exhorte à se fortifier physiquement, à s'endurcir, à éveiller leur esprit combatif, à agir en allemand pour le bien de la patrie». En 1811, il établit son premier gymnase, et pendant 8 ans, ils vont pulluler et devenir des centres de ralliement de la jeunesse. Ils sont véritablement populaires, ouverts à tous, gratuits, en plein air. Les jeunes portent des costumes avec l'insigne des 4 F: frisch, frei, fröhlich, fromm (dispos, libre, joyeux, pieux). Il appelle sa gymnastique turnkunst (l'art du tournoi) et veut former des chevaliers modernes. En plus des exercices et des jeux, ils font des promenades avec sac à dos. Jahn invente plusieurs agrès qui deviennent classiques,cheval, barre fixe, barres parallèles. Un meurtre commis par un de ses élèves entraîne l'interdiction des exercices physiques et Jahn est jeté en prison, en 1819. Son mouvement ne reprendra pleinement qu'en 1842. On voit ici des bases du sport d'élite, mais d'autres critiquent sa méthode comme étant trop dure, disciplinaire, athlétique, agressive, militaire, valable uniquement pour les jeunes gens forts.

CONCLUSIONS

Les croyants les plus «sportifs» ne sont pas toujours les plus spirituels! Pendant cette période on a beaucoup joué, mais les vrais sports modernes ne sont pas encore pleinement développés pour la plupart. L'attitude de chaque auteur dépend surtout de sa doctrine de l'homme. Dans les théories exposées ci-dessus, il y a peu de rigueur théologique dans l'usage des termes âme, coeur, esprit, etc. par les auteurs cités.

Si on ne le savait pas déjà, on pourrait noter que les protestants, même évangéliques, ne sont pas infaillibles! Nous avons vu que l'attitude extrême des puritains pouvait partiellement se justifier. Soulignons encore la contribution très positive de certains éducateurs protestants, qui ont su reconnaître la valeur de l'homme dans tout son être, sans tomber dans un humanisme orgueilleux ou matérialiste.

F.O.


Ichthus 1986-2


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