Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Archéologie

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Des Britanniques ont livre des Juifs déportés de Guernsey vers Auschwitz - trois femmes assassinées?

Des membres du personnel de l'administration de l'île de Guernsey, située dans la Manche et appartenant aux Britanniques, ont livré, pendant la Seconde Guerre mondiale, des habitants juifs aux forces d'occupation allemandes. Cela ressort de documents tenus secrets jusqu'à présent. Six femmes juives ont été déportées alors par les Allemands. Trois d'entre elles ont vraisemblablement été assassinées au camp de concentration d'Auschwitz. La deuxième île en importance de la Manche se trouvant au large de la côte nord-ouest de la France a été occupée par la Wehrmacht le 1er juillet 1940. Elle est restée aux mains des Allemands jusqu'à la fin de la guerre.


Les 1800 documents en provenance des archives de Guernsey, maintenant connus, indiquent que beaucoup des quelque 23.000 habitants de l'île ont eu une attitude courageuse. Mais les responsables politiques de l'endroit ont souvent collaboré étroitement avec les Allemands, surtout quand il s'agissait de mesures anti-juives. Cette collaboration n'a pas eu de suites pénales. Le 22 novembre 1940, les autorités allemandes exigèrent du chef du gouvernement Victor Carey qu'il leur livre les noms et la nationalité de tous les Juifs vivant sur l'île. Le chef de la police William Sculpher dressa la liste. Trois jours plus tard, il déclara «avoir l'honneur de communiquer» que six étaient enregistrées comme telles. Une ménagère de 41 ans, Elizabeth Duquemin, et une veuve de 56 ans, Elda Brouard, furent renseignées comme étant des citoyennes britanniques. Une employée de maison de 39 ans, Augusta Spitz, et Theresia Steiner, professeur de musique âgée de 24 ans venant de Vienne, qui avait fui le régime et s'était réfugiée en Angleterre où elle travaillait comme bonne d'enfants sur l'île voisine de Sark, furent déclarées citoyennes allemandes. Sur la liste, Annie Wranowski, âgée de 45 ans, figurait comme Tchèque...


À la lecture des documents, il apparaît que Carey, qui fut anobli par le roi Georges VI après la guerre, avait, sur ordre des Allemands, promulgué toute une série de décrets qui visaient les Juifs. Un seul des huit membres du Conseil de contrôle, Sir Abraham Laine, refusa de signer. En avril 1942, les Allemands réclamèrent une liste actualisée de tous les habitants étrangers de l'île; elle leur fut remise le 15 mai. Les noms de Madame Steiner et de Madame Spitz, qui, entre-temps, avaient travaillé comme infirmières à l'hôpital de Guernsey, n'y figuraient plus. D'après des documents se trouvant au Mémorial de l'Holocauste à Jérusalem, ces deux personnes ont été déportées de France en direction d'Auschwitz où elles ont péri. (DW) 

© Nouvelles d'Israël  03 / 1993


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Des poux au service de l'histoire

Des poux morts découverts dans des grottes du désert de Juda seront examinés dans le cadre des recherches sur l'histoire des Juifs à l'époque du second Temple.

Il s'agit de poux datant de deux mille ans et se trouvant sur des peignes découverts dans les grottes habitées par les Esséniens. L'Office israélien des antiquités les a envoyés dans un laboratoire de génétique de l'Université d'Oxford. On pense trouver dans ces poux des restes de sang humain de l'époque. L'établissement de la composition génétique du sang aidera les chercheurs à se faire une idée plus précise de la morphologie et de la silhouette des Juifs à l'époque du second Temple.

D'éminentes personnalités de l'Office des antiquités veulent également comparer le sang des Juifs d'il y a deux mille ans avec celui des Juifs actuels. Cette comparaison permettra notamment d'entamer des recherches plus précises concernant le sort des Juifs à l'époque de l'exil et de leur mélange avec d'autres peuples. (ZL)

© Nouvelles d'Israël 07 / 1992

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DES SOLDATS DE NAPOLÉON INHUMÉS

L'ambassadeur français présent.

Deux cents ans après la bataille autour de la ville d'Akko, les ossements de quatre soldats de l'armée napoléonienne y furent mis en terre.

Ces soldats étaient des membres de l'armée de Napoléon, qui combattit autour de la ville d'Akko. Leurs ossements furent découverts lors de fouilles effectuées il y a quelques années. Une tête manquait à l'un des squelettes; les archéologues trouvèrent des indices indiquant que l'homme avait été décapité, vraisemblablement sur l'ordre du gouverneur d'Acre (Akko) de l'époque, le pacha al-Jaszar.

Les autres soldats furent manifestement pendus par les Turcs après leur emprisonnement. Parmi les squelettes, on trouva également les restes de l'ingénieur-chef de l'armée napoléonienne, auquel il manquait une main et une jambe. On découvrit aussi les ossements d'un juif, qui était employé comme interprète par l'armée française.

La cérémonie d'inhumation fut effectuée par des employés de l'administration de la ville d'Akko. Les squelettes des soldats furent déposés dans des cercueils, qui furent enveloppés de drapeaux français. La mise en terre se fit dans le domaine que l'on put identifier, grâce aux fouilles, comme ayant été le camp de l'armée de Napoléon lors du siège d'Akko.

La cérémonie terminée, les participants – parmi eux, l'ambassadeur de France, le président de l'autorité chargée des antiquités israéliennes et le maire d'Akko – se réunirent pour un cocktail avec du vin et des friandises français.

Commentaire:

Aucun être humain, vivant ou mort, n'est oublié de Dieu, même s'il a été mis en terre des milliers d'années auparavant. Tous ressusciteront, soit pour la vie éternelle soit pour la condamnation éternelle (cf. Jean 5, 28-29; Apoc. 20, 11-15; etc.). Ces soldats français de l'armée napoléonienne passeront l'éternité selon ce qu'ils ont cru et comment ils ont vécu (Jean 3, 16). CM

© Nouvelles d'Israël Janvier 2000


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D'où vient la coutume juive des mesusa aux montants des portes et des phylactères pour la prière.

Cet usage est dicté par ce passage biblique particulièrement important pour les Juifs, le «Shema Israël», la profession de foi judaïque: «Ecoute, Israël! L'Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel» (Deut. 6, 4). Et ceci encore: «Tu les lieras comme un signe sur tes mains, et ils seront comme des frontaux entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes» (v. 8-9). Il s'agissait donc de ne pas oublier Sa Parole. Pour se la rappeler encore et toujours, les Israélites devaient en tout temps avoir devant eux un signe visible en souvenir de cette recommandation expresse: sur les poteaux de la porte de leur demeure et sur la main.

On a toujours la main devant les yeux, et on franchit la porte plusieurs fois par jour. Ce passage biblique ainsi que deux autres versets semblables sont inscrits sur un petit rouleau et placés dans une douille que l'on attache aux poteaux de la porte (en hébreu: «mesusa»). Il y a des juifs qui, chaque fois qu'ils passent par une porte, touchent la «mesusa» et se baisent la main.

Nous ne savons s'il était d'usage, au temps biblique, d'avoir cet objet continuellement lié sur la main. Mais au départ de ce commandement se sont développés les phylactères (en hébreu: «tefillin»), qui, sur base du verset 7, sont mis, par les Juifs orthodoxes, pour les prières du matin et du soir. À ces lanières sont attachés deux petits étuis contenant les mêmes versets bibliques, qui sont liés pour la prière sur le bras et sur le front. L'intention, à l'origine, n'était pas seulement de les lier sur le bras pour la prière, mais d'avoir continuellement devant les yeux la Parole. Pour le «tefillin», l'expression «devant les yeux» était prise au sens littéral, la petite boîte étant fixée sur le front. Parmi les signes visibles rappelant les commandements, il y avait aussi les «franges», ainsi qu'il est écrit en Nombres 15, 38-39: «Parle aux enfants d'Israël, et dis-leur qu'ils se fassent, de génération en génération, une frange au bord de leurs vêtements, et qu'ils mettent un cordon bleu sur cette frange du bord de leurs vêtements. Quand vous aurez cette frange, vous la regarderez, et vous vous souviendrez de tous les commandements de l'Éternel pour les mettre en pratique, et vous ne suivrez pas les désirs de vos coeurs et de vos yeux pour vous laisser entraîner à l'infidélité.» Actuellement, les juifs orthodoxes ont ces franges attachées à la ceinture; mais au temps biblique, les gens portaient de longs vêtements et, conséquemment, les franges qui étaient bleues se trouvaient en bas sur l'ourlet.

Effectivement, les signes visibles qui nous rappellent les commandements de Dieu et manifestent notre appartenance à Sa personne sont de toute importance et fort utiles, particulièrement en rapport avec nos habits et notre présentation. 

À cet égard, il est intéressant de noter que le signe de la bête sera appliqué sur la main droite ou sur le front (Apoc. 13, 16), donc à des endroits visibles, exactement comme pour les signes que l'Éternel avait ordonnés à Son peuple Israël. De plus, nous avons également ici un sens symbolique: les mains sont pour l'action et le front pour la pensée.

Il importe donc que dans nos pensées et nos agissements, nous soyons conduits par l'Esprit de Dieu et Sa Parole pour être gardés de l'esprit antichrist de l'impiété. On affirme également souvent que Jésus, en temps que juif pieux, se conformait à cette prescription biblique concernant les franges. Effectivement, nous lisons, par exemple, en Matthieu 9, 20 qu'une femme désireuse d'être guérie toucha précisément les bords de la tunique de Jésus. Et ceci également en Matthieu 14, 36: «Ils le prièrent de leur permettre seulement de toucher le bord de son vêtement. Et tous ceux qui le touchèrent furent guéris.»

Cependant, Jésus condamnait vivement la pratique de cette prescription religieuse, quand elle ne servait qu'à l'apparence extérieure: «Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements» (Matth. 23, 5). Les prescriptions concernant l'aspect extérieur n'avaient pour but que d'aider à mener une vie sainte; elles n'étaient jamais une fin en soi. Tout comme les juifs d'autrefois, nous aussi sommes exposés au danger de faire de l'accessoire l'essentiel. Les mises en garde de Jésus à cet égard doivent nous rendre particulièrement attentifs à notre sanctification personnelle.

© Nouvelles d'Israël  10 / 1999


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L'Edit de Nantes et sa révocation

La France était-elle lasse de trente années de « guerres de religion »? Avec son nouveau Roi, né et longtemps protestant mais devenu catholique-romain, aspirait-elle à la paix?

«Côte mal taillée», «affaire joliment mal emmanchée», comme on l'a dit, l'Édit de Nantes (après deux longues années de discussion et de marchandages entre les Commissaires royaux et l'Assemblée politique des protestants,  années durant lesquelles la rouerie d'Henri IV fit merveille) fut signé le 13 avril 1598. Il faisait du protestantisme français «une confession religieuse désavantagée mais un corps social et politique privilégié».

«Une confession religieuse désavantagée...» L'Édit commence par rétablir dans tout le Royaume... le culte catholique-romain. Les réformés, même là où il n'y a qu'eux, ou presque, doivent rendre à l'Église catholique-romaine les édifices et les terrains qui étaient devenus les leurs. Et, si les réformés se voient accorder la liberté de conscience, l'égale admission aux charges publiques et aux divers métiers, ainsi qu'une justice impartiale par la création de Chambres mi-parties auprès des Parlements de Bordeaux, de Toulouse et de Grenoble, leur liberté de culte (même assortie de la promesse d'une somme de 45 000 écus par an pour l'entretien des pasteurs) est fort restreinte. Le culte réformé ne peut être célébré que là ou il l'était habituellement en 1596 et jusqu'en août 1597 ainsi que là où l'avaient établi ou rétabli les Édits de Poitiers (1577), de Nérac (1579) et de Fleix (1580) à raison d'un ou deux lieux par baillage. Le plus souvent dans les faubourgs et non pas dans les villes. Cela ne permettait en tout, pour un « peuple » réformé d'un million et demi de personnes au moins, que 921 églises.


« Un corps social et politique privilégié...» L'Édit remet en effet aux réformés, pour une durée de huit ans, 150 lieux de refuge environ, dont 70 places de sûreté (villes ou forteresses), ce qui en faisait comme un État dans l'État. Le trésor public devait assurer l'entretien de ces places de sûreté, la solde de leurs garnisons et le traitement de leurs gouverneurs. De ce point de vue, l'Édit, avec son cachet vert qui en symbolisait le caractère déclaré « perpétuel et irrévocable », était un véritable Traité entre puissances, ce qui, à l'intérieur d'un seul et même État, ne pouvait vite qu'être difficilement acceptable et supportable, tout État devant normalement avoir le monopole de la force armée sur un territoire donné.


De 1520 à 1598

Comment en est-on arrivé à ce malheureux Édit de Nantes, lourd, en quelque sorte, de sa future Révocation?

Il faut bien voir qu'il y a eu, dans les trois quarts de siècle qui l'ont précédé, deux périodes fort différentes. 

1. – D'abord, de 1520 environ jusqu'en 1562, pendant une quarantaine d'années, la Foi chrétienne reformée va se développer en France par les « armes de Dieu» dont parle St Paul (Ep 6: 10ss) et, en particulier, par « l'épée de l'Esprit qui est la Parole de Dieu ». La Bible, dont les exemplaire sont été prodigieusement multipliés par 

l'imprimerie et dont le contenu de sens, comme redécouvert, est transmis, oralement ou par écrit, par nombre d'hommes, clercs ou laïcs, est par excellence l'instrument dont l'Esprit Saint se sert pour opérer un merveilleux renouveau (c'est cela la vraie Renaissance!). Il faut évoquer ici la grande figure de Jacques Lefèvre, d'Étaples (1436? – 1536) qui a lancé dans notre pays trois des mots d'ordre de la Foi reformée (sola gracis, sola fide et soli Deo gloria). Appuyée d'abord sur l'oeuvre de Lefèvre et sur celle de Luther (1483 – 1546), puis sur celle de Calvin (1509-1564), commentateurs de la Sainte Écriture, la Foi réformée se développe dans notre pays d'abord lentement, puis de plus en plus vite, jusqu'à une sorte d'explosion autour de l'année 1560. De nombreux clercs et de nombreux artisans propagent alors la Foi reformée, au risque de leur vie. Durant ces quarante ans, de nombreux martyrs vont illuminer et propulser la Réforme française, les premiers ayant été ceux de l'augustin Jean Vallière (1523), du cistercien Pierre de Sébiville (1525) et de Jacques Pavans (1526). En 1536, l'année de la mort de Lefèvre à Nérac, en Béarn, où il s'était réfugié auprès de la soeur de François 1er, Marguerite de Navarre, Jean Calvin publiait la première édition de son Institution de la religion chrétienne.

Vécue d'abord dans l'Église romaine (ce fut le cas pour Lefèvre), puis hors de cette Église quand elle refusa décidément de se laisser reformer par la Parole de Dieu, la Foi reformée connut en France, durant ces années1520 à 1560, sa période «la plus florissante et la plus pure». Les «bibliens», qui avaient d'abord continué d'aller à la messe, vont se rassembler de plus en plus à part afin de pouvoir lire, écouter et suivre, en Églises, la Sainte Écriture. Et alors qu'en 1599 (date de leur premier Synode, à Paris, qui rédigea et publia leur Confession de foi et leur Discipline) les Églises réformées en France sont à peine plus de cent, trois années plus tard elles seront près de deux mille (l'explosion!). Comme aux premiers siècles de l'ère chrétienne, les martyrs sont semence d'une multitude de nouveaux fidèles et leurs communautés se multiplient. Oui, c'est pendant ces années dramatiques, illuminées par les bûchers, que la Réforme, en France, connut son âge d'or.5*

2. – En 1562 hélas! en dépit des conseils et des avertissements que prodiguaient Calvin, depuis Genève, et bon nombre de pasteurs, des protestants français vont constituer un parti, un parti politique et militaire. C'est à partir de cette date que le protestantisme de notre pays va se rétrécir peu à peu, lui qui n'avait cessé jusque-là de se développer. 

Louis de Bourbon, prince de Condé, qui se veut le protecteur général des protestants de France, prend les armes le 8 avril 1562, inaugurant une longue guerre civile qui durera jusqu'à l'abjuration publique de Henri IV, le 25 juillet 1593 .

Certes, il y avait eu des massacres dont le dernier en date, celui de Vassy, en mars de cette année 1562. Certes il y avait eu des bûchers et des décapitations. Et, pour reprendre une expression d'Agrippa d'Aubigné, «les réformés avaient tendu les gorges et n'avaient point eu de mains ». Mais, par cette prise d'armes, du « mystique » tombant au « politique», le protestantisme français prend un virage fatal et il va s'affaiblir dans la mesure même où il va tendre désormais à se confier plus dans les armes humaines que dans la Parole et l'Esprit de Dieu. Tandis que des « papistes » vont regarder vers l'Espagne catholique-romaine, des « huguenots » vont regarder vers l'Angleterre protestante! Les hommes de guerre, chez les uns et chez les autres, vont prendre le pas sur les vrais conducteurs spirituels. La décision va plus être cherchée selon le droit du plus fort que selon la quête de la Vérité. Seule une minorité, dans les deux camps, garde à la foi le vrai souci de la patrie et de l'État ainsi qu'un esprit – bien plus répandu en ce siècle de feu et de fer – de tolérance fraternelle. Les trêves et les traités, vite violés par l'un ou par l'autre des partis, permettent seuls de parler de huit « guerres de religion ». En réalité, il n'y en eut qu'une seule, de trente ans, marquée entre autres par la tuerie de la Saint-Barthélemy (24 août 1572) dont l'horreur restera inscrite dans les mémoires et au cours de laquelle périrent peut-être trente mille protestants, dont trois mille à Paris parmi lesquels l'amiral de Coligny, chef du parti protestant depuis la mort de Condé en 15 6 8 et fervent réformé. La guerre ne cessa que par la seconde abjuration du Roi de Navarre devenu, à la mort de Henri III assassiné par le moine Jacques Clément en 1 89, Roi de France sous le nom de Henri IV.


Parce que les protestants français se méfient du Roi versatile et par deux fois renégat qui, lors de son sacre le 27 février 1594, a dû promettre d'extirper l'« hérésie » du Royaume, et parce que Henri IV, bien qu'effrayé et mécontent d'avoir à subir les chantages et pressions de leur « appareil », veut cependant accorder des libertés, extraordinaires à l'époque pour toute minorité religieuse, à ceux qui ont longtemps combattu avec lui et pour lui, l'Édit de Nantes de 1598va être le compromis sur lequel, bon gré mal gré, tous vont s'accorder... pour un temps, car les « politiques » protestants, qui ont contrôlé près du tiers du Royaume sont bien décidés, à partir de ce que l'Édit leur concédait, à développer leur État dans l'État, et leRoi, lui, entend bien utiliser les restrictions et conditions de l'Édit pour assurer de plus en plus son autorité. Pour Henri IV déjà, davantage ensuite pour Louis XIII, et totalement pour Louis XIV, il va et ira de soi que « le Roi est au-dessus de l'Édit ».

Il reste que partout ailleurs en Europe, et `aussi bien dans les pays protestants, le principe « cujus regio ejus religio » (« à chaque pays sa religion ») garde sa force et interdit cette liberté de conscience et cette liberté partielle de culte que l'Édit de Nantes semble assurer à la France. Il serait faux d'affirmer que le protestantisme, là où il l'a emporté, n'a pas été intolérant. En plus de la petite Genève de Calvin, il suffit de penser aux divers États luthériens de Scandinavie ou à l'Angleterre par exemple!


De 1598 à 1656

Dès après la mort de Henri IV, assassiné par Ravaillac le 14 mai 1610, la Reine Marie de Médicis, devenue Régente car Louis XIII est mineur, s'empressa de confirmer l'Édit de Nantes. L'Assemblée politique protestante, qui se tint à Saumur en 1611 et dura quatre mois, fit la preuve que s'il y avait des «sages» parmi des protestants – dont le grand Duplessis-Mornay – qui l'emportèrent, il y avait aussi des politiciens bien décidés à consolider l'État protestant dans L'État français. Par juste crainte de ceux-ci, la Reine-Régente, en 1612, interdira aux protestants de tenir de nouvelles Assemblées politiques. Cette interdiction ne sera pas observée. Par exemple, quand en 16 15 est décidé le mariage de Louis XIII avec l'Infante d'Espagne Anne d'Autriche, le prince de Condé, qui bientôt guignera le trône, se déclare prêt à recourir aux armes, ce que le duc Henri de Rohan, gendre de Sully, n'hésite pas à faire. L'Assemblée protestante, alors à Nîmes, écrit au Roi, le 21 août, qu'il ne doit pas se rendre à Bordeaux pour le mariage et, le 1er octobre donne aux provinces du Midi un ordre d'insurrection. Malgré tout, sous la protection de l'armée royale, le mariage sera célébré à Bordeaux le 28 novembre. Le 3 mai 1616 sera signé le traité de Loudun qui ne laisse plus aux protestants que quelques places de sûreté, et ce pour six ans. 

Quelques années plus tard, le 25 décembre 1620, malgré les judicieux avis de plusieurs pasteurs dont Pierre Du Moulin, une Assemblée protestante réunie à La Rochelle ordonna la prise des armes. Duplessis-Mornay, qui devait mourir en 1623, se déroba. Mais le duc Henri de Rohan, capitaine remarquable, son frère le duc de Soubise et le marquis de La Force prirent les armes. Cette nouvelle guerre civile qui s'étendit de la Bretagne au Languedoc, vit des massacres de part et d'autre, et fut marquée par le fameux et terrible siège de La Rochelle (octobre 1627 – octobre 1628) par Richelieu, au pouvoir depuis 1623, dura en fait – avec des trêves et des traités vite violés – pendant neuf ans jusqu'à l'Édit de grâce d'Alais (28 juin 1629) qui rétablit l'Édit de Nantes sauf dans les privilèges politiques et militaires qu'il accordait aux protestants et qui en faisaient un État dans l'État.

De 1629 à 1656, pendant un peu plus d'un quart de siècle, le protestantisme français va connaître un temps relativement paisible. À Paris notamment un esprit de tolérance semble régner. «De grands seigneurs comme les Bouillon, les Rohan, les La Trémoille, les Clermont-Gallerande, les Châtillon ne dissimulaient pas leur foi. Le Roi s'entourait volontiers de conseillers huguenots... La calviniste Mme des Loges réunissait chez elle Guez de Balzac, Malherbe, Racan... Autour de Valentin Conrart se créa l'Académie française dont il fut le premier secrétaire perpétuel (1635). À Caen le protestant Moysant de Brieux fondait la plus ancienne Académie de province»... « Mazarin accorda sa faveur aux maréchaux de La Force et de Châtillon, confia des emplois, voire des charges importantes, à des huguenots. En 1650, il nommait intendant des Finances le banquier protestant Barthélémy Herwarth dont les bureaux devinrent le refuge des réformés... À Caen, la même Académie réunissait l'évêque d'Avranches Huet, le poète Chapelain, le pasteur Du Bosc, l'orientaliste protestant Samuel Bochart. À Saumur le pasteur Amyraut, recteur de l'Académie protestante, dînait chez l'évêque de Chartres. À Nîmes, le pasteur et orientaliste Samuel Petit fréquentait divers membres du clergé. Les catholiques (romains) estimaient la conscience scrupuleuse de l'hébraïsant Louis Cappel ou de l'historien David Blondel ».

Pendant la Fronde des Princes (1649-1653) – Louis XIII était mort en 1643, Anne d'Autriche est régente, Louis XIV est enfant, Mazarin est au pouvoir – les protestants avaient tellement été fidèles au Roi que ce dernier, le2 1er mai 1652, confirma l'Édit de Nantes après les avoir remerciés.


De 1656 à 1685

En 1656, tout va basculer. Pour des raisons que nous allons dire dans un instant. Mais aussi – je le crois, je le pense – en conséquence d'un fléchissement intérieur du protestantisme français. Depuis qu'il coule des jours plus paisibles, celui-ci connaît, en particulier chez certains de ses « pasteurs et docteurs », un commencement de dérive spirituelle qui, en profondeur et sans que cela se remarque assez, est en train de l'anémier... et de préparer un courant de reniement qui emportera, et a déjà commencé à emporter, des chefs protestants eux-mêmes. La Foi réformée confessante qui a soutenu tant de martyrs, tant de fidèles, dans la persécution d'abord, au long des guerres de religion ensuite, est contestée maintenant par quelques-uns de ceux-là même qui devraient la défendre. Le point dogmatique capital de la souveraineté de Dieu dans l'exécution de son dessein de grâce et de salut commence à être relativisé au grand dam de la confiance et de la persévérance chrétiennes.

Aussi, l'étranglement du protestantisme français va commencer, petitement d'abord, puis de plus en plus fort, jusqu'à cet aboutissement qu'est la Révocation. En 1656 , l'Assemblée du clergé, présidée par l'évêque de Sens, Gondrin, s'en prend avec violence «aux déserteurs de la foi de leurs pères», c'est-à-dire à ceux de la R.P.R. Le 18 juillet, Mazarin, mettant fin à la tolérance qui s'était instituée, interdit les cultes réformés qui s'étaient nouvellement établis en d'autres lieux que ceux prescrits par l'Édit.

En 1661, dès après la mort de Mazarin, Louis XIV qui vient de prendre les rênes de l'État, fait nommer, à la demande de l'Assemblée du clergé (encore elle!) des Commissaires, deux par province: un catholique-romain et un réformé, pour mener enquête par tout le Royaume sur la manière dont est appliqué l'Édit de Nantes. Catastrophe! Peu à peu, en effet, les protestants avaient pris l'habitude de déborder ce que précisait l'Édit. À chaque fois, le Commissaire réformé est bien obligé de reconnaître les faits. En trois ou quatre ans, plus de cent temples vont devoir être démolis et des écoles (et même une Académie) protestantes, ouvertes sans autorisation, fermées. À partir de ce petit commencement, réussi, le haut clergé ne va cesser de pousser de plus en plus le Roi dans la redoutable direction qu'il vient de prendre. Au reste, le Roi a pour lui le principe, somme toute courant à l'époque: « une Foi, une Loi, un Roi », qui va sous-tendre désormais la politique irréversible de Louis XIV à l'égard de ceux de la R.P.R. On est entré dans un cycle d'intolérance et de violences accélérées du pouvoir et de ses courroies (entre autres les Intendants): la ruse va le disputer à la férocité, le fanatisme de vrais dévots à la mauvaise foi de faux dévôts. De plus le pouvoir royal est soutenu par l'opinion publique. Presque tout le monde, à l'exception des 5 % du Royaume que sont les protestants et d'une minorité, parfois admirable, de catholiques-romains tolérants, veut voir définitivement bannie, supprimée, l'« hérésie ». 

À plusieurs reprises le Roi freine ce que d'autres que lui veulent accélérer: en1666, quand il confirme les droits des protestants quant aux Chambres mi-parties; en 1668, quand, sur intervention de leurs femmes, il fait relâcher des pasteurs arrêtés par l'Intendant du Poitou; en 1669, quand il défend, contre l'archevêque de Paris qui voulait le faire condamner pour ses sermons à Charenton, le pasteur Pierre Du Bosc (le Roi, après avoir reçu ce dernier en audience, dit à la Reine: «Madame, je viens d'entendre l'homme de mon royaume qui parle le mieux»); en 16 7 5, quand, après une émeute populaire qui avait détruit le temple de Rennes, il condamna la ville à le rebâtir à ses frais et exila le Parlement de Bretagne pour n'avoir pas assez châtié les assaillants.

Mais c'est à partir de 1680 – en particulier sous l'influence du vieux chancelier Le Tellier et de son fils Louvois – que les choses, déjà insupportables presque partout en France pour les protestants, vont empirer encore. En août, ils se voient interdire tous les offices de justice subalternes.

En novembre, les mariages entre catholiques-romains et protestants sont interdits. En 1681 , les enfants protestants sont autorisés à abjurer dès l'âge de raison! La même année, en Poitou l'Intendant Marillac (qui sera par la suite révoqué par le Roi) déchaîne les premières dragonnades. En mars 1683, interdiction est faite aux protestants d'occuper des charges dans les maisons royales ou princières. Peu à peu, ils vont être exclus de la plupart des offices ou métiers (avocats, médecins, imprimeurs, libraires, etc...). Cette même année 1683, un grand nombre de temples sont détruits. Colbert, qui protégeait souvent les protestants, meurt le 6 septembre, et l'influence de Louvois et de son père va encore grandir. Les protestants ayant été, à la Cour, faussement accusés d'avoir pris les armes, Noailles va ravager les Cévennes. Sa dragonnade est telle que, de peur, tout Nîmes «se convertit» (!) en un jour. L'année suivante, en 1684 , des dragonnades se poursuivront dans le Languedoc et le Dauphiné.

Sous la menace ou le poids de toutes ces violences, les protestants deviennent en nombre hélas! de plus en plus grand des « nouveaux convertis ». Les « conversions », qui s'accélèrent, vont se compter par centaines de mille!

C'est une suite de « miracles »: le 3 septembre 1 685 , Montauban « se convertit»; cinq jours après, c'est le tour des protestants de Bordeaux, Toulouse, Cognac; le 20 septembre, de ceux de Montpellier, Lunel, Uzès... ! Aussi, le 18 octobre 1685, par l'Acte de Fontainebleau, Louis XIV révoque l'Édit de Nantes désormais sans raison d'être. «Puisque (dit le préambule) la meilleure et la plus grande partie de nos sujets de la Religion prétendue réformée ont embrassé la catholique, l'exécution de l'Édit de Nantes... demeure inutile... »

La France se rabaissait, dans l'enthousiasme à peu près général, au rang des autres. Des meilleurs parmi ses fils vont vivre en exil, enrichissant d'autres patries. Pour les protestants irréductibles qui restent s'ouvre le temps des prisons, des galères et de la mort.

Pour le grand nombre de nouveaux convertis quels secrets remords... « O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la connaissance de Dieu! Que ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles!»

Pierre Courthial

© Ichtus  1985-4 (No 131)


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En Hongrie - La naissance de la question juive

Il y a eu, en tout temps, des Juifs en Hongrie. Mais ce n'est qu'au 18ème siècle qu'ils ont afflué dans ce pays, et cela parce que l'acquisition de la Galicie par l'impératrice Marie-Thérèse (1717-1780) leur ouvrait alors l'accès à la Hongrie. Selon les statistiques hongroises, il y avait en 1785 en Hongrie 75.000 juifs; en 1805, leur nombre s'élevait à 128.000et en 1840, à plus de 240.000. D'après les statistiques mondiales du judaïsme, la Hongrie, après les événements du recensement de 1830, avec ses 840.000 Juifs - 5,1% de l'ensemble de la population – , occupait le 4ème rang.

Au cours des cent dernières années, les juifs sont entrés en masse dans les villes en raison du fait que leurs portes s'ouvraient grâce aux pensées libérales des années 30 et 40 du siècle précédent. Voilà pourquoi ils occupent aujourd'hui une forte position dans le commerce citadin. Dans les villes (à l'exception de Budapest), le nombre total des commerçants est de 54.000, dont 20.000 sont juifs. D'une importance capitale pour le judaïsme est assurément Budapest, la capitale, où vivent les trois quarts des juifs de Hongrie.

Extrait des archives officielles de Nuremberg Tiré du discours prononcé au Reichstag par Hitler en 1939: «Une nouvelle guerre mondiale signifierait la destruction de la race juive en Europe.» (Document 2663PS/Beweisstück US-268).

Dans le journal «Völkischen Beobachter», édition de Munich, du 1er février 1939, page 6, le discours d'Hitler du 30 janvier 1939 au Reichstag est cité comme suit: «Je veux être de nouveau aujourd'hui un prophète: Sile monde de la finance juive devait réussir, à l'intérieur et en dehors de l'Europe, à précipiter les peuples une fois encore dans une guerre universelle, le résultat n'en serait pas la bolchevisation de la terre et la victoire du judaïsme, mais bien la destruction de la race juive en Europe. »

Ainsi, par ce discours, Hitler annonçait, une fois de plus, devant le monde entier, la complète destruction de tous les juifs d'Europe. Entre-temps, l'oeuvre d'anéantissement battait son plein dans les pays occupés par l'Allemagne nazie et dans ceux de ses alliés: des centaines de milliers de juifs étaient soit abattus, soit gazés ou encore utilisés dans du«travail obligatoire».


Un héros suédois à Budapest

Cet homme svelte d'une trentaine d'années, qui, le 9 juillet 1944, descendait à Budapest du train de Berlin, fut salué par la délégation suédoise comme d'attaché Raoul Wallenberg». Ce jeune diplomate était issu d'une riche famille de banquiers.

Les soucis que se faisait la Hongrie au sujet des juifs vivant dans le pays et menacés de déportation ne faisaient que croître au fur et à mesure que les mois de guerre passaient. Hitler s'était attelé en mars 1944 à la persécution des juifs en Hongrie, et Adolf Eichmann, le «maître des chambres à gaz», ordonna pour des dizaines de milliers de juifs une marche de 240 kilomètres sur le chemin vers la mort.

Raoul Wallenberg suivait en voiture ces gens destinés à mourir; il put libérer 4.000 de ses protégés. Quant aux autres malheureux, il organisa, avec la Croix-Rouge, des convois de camions afin de distribuer des denrées alimentaires, des vêtements chauds et des médicaments à ceux qui devaient continuer leur marche.

Les Allemands décidèrent de se débarrasser de cet encombrant Suédois. Mais il disparut soudainement sans laisser de trace, et il poursuivit son activité clandestinement. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Wallenberg put sauver des dizaines de milliers de juifs. Mais après 1945, pour des raisons non encore expliquées, il se retira en Union soviétique.


Les synagogues et les assemblées

Comme déjà écrit, trois quarts des juifs de Hongrie vivent à Budapest. En outre, des communautés juives existent dans des grandes villes comme Pécs, Szeged, Cyör, Miskolc et Debrecen. On compte plus de 25 synagogues avec un nombre correspondant de rabbins en fonction, une assemblée rabbinique ainsi qu'un tribunal orthodoxe et un autre du rabbinat (Beth-Din). Le journal «Uj Elet» (Vie nouvelle) donne des informations concernant la vie des juifs hongrois; et depuis peu, ils ont leur propre édition.

La Grande Synagogue de Budapest – qui peut contenir 3.000 personnes – a été construite en 1854-1859 par le Viennois Ludwig Förster en style roman. À l'époque, elle servait à une communauté juive fort vivante. Ses murs sont en briques rouges et blanches; ses ornements sont en céramique; des vitraux colorés renforcent à l'intérieur l'impression de grand espace. À côté du bâtiment principal se trouve un mausolée entouré d'arcades, bâti en 1929-1931. C'est le monument érigé en mémoire des dix mille Juifs hongrois tombés durant la Première Guerre mondiale. Il faut aussi y ajouter les morts du ghetto installé après l'occupation allemande de 1944. On a, depuis 1932, aménagé dans un autre bâtiment le Musée du pays pour la foi judaïque et l'histoire juive. Il sert, d'une part, à réintroduire dans la tradition judaïque les juifs de Hongrie devenus étrangers à la foi des pères; et d'autre part, à assurer aux juifs de l'ancien bloc de l'Est un centre de formation pour les futurs rabbins. Mais les décennies de l'après-guerre ont détruit les synagogues hongroises. Les maisons de prières encore en fonction ou déjà délaissées proclament, par leur désolation, l'extinction d'une culture.


Antisémitisme et holocauste

L'antisémitisme n'a pas épargné la communauté juive de Hongrie; il s'est fait nettement sentir à l'école des rabbins. Dès les années 20, et pour la première fois en Europe – sous le régime Horthy – un numerus clausus a été introduit à l'université pour les étudiants juifs. Quand les Allemands occupèrent la Hongrie en 1944, le séminaire fut confisqué, et des milliers de juifs furent déportés dans des camps de la mort.

Avec l'occupation de la Hongrie commença l'«Opération Margaret» en vue de la liquidation physique des juifs, laquelle se fit à un rythme rapide jusqu'en 1945, 560.000 d'entre eux périrent dans les camps de concentration allemands, dans des travaux forcés ou comme victimes des commandos de la terreur. La responsabilité de la persécution des juifs ne se limite pas aux seuls criminels de guerre; non, c'est toute la société qui est coupable. 

En novembre 1956, il y eut 20.000 juifs parmi les quelque 250.000 citoyens hongrois qui quittèrent le pays. Beaucoup d'entre eux craignaient une nouvelle vague antisémite. 100.000 Juifs environ vivent actuellement en Hongrie.

LE PROFESSEUR MARK ZONIS

© Nouvelles d'Israël  08 / 1999


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L'espion qui venait du froid

Selon la célèbre «théorie du chaos», le battement des ailes d'un papillon à Singapour peut provoquer une réaction en chaîne susceptible de se terminer par une tornade sur la côte Est des États-Unis. En appliquant la même logique, il est possible d'arriver à la conclusion que la chute du mur de Berlin n'aurait jamais eu lieu si Viktor Greibsky n'avait pas existé. Il y a environ 38 ans, le destin a donné l'occasion à cet Israélien, aujourd'hui âgé de 70 ans, d'écrire un chapitre déterminant de l'histoire mondiale.

C'est dans les années cinquante que Greibsky, à l'époque journaliste de renom en Pologne et aujourd'hui ombudsman de la société de radiodiffusion israélienne, influença le cours de l'histoire. En effet, il réussit à livrer aux services secrets israéliens l'intégralité du discours secret de Khrouchtchev dans lequel celui-ci dénonçait pour la première fois les crimes de Staline. 

En 1956, tous les services secrets occidentaux tentèrent de s'approprier la version intégrale et officielle de ce discours historique. Les meilleurs agents furent utilisés pour cette mission et des sommes considérables y furent consacrées. La C.I.A. proposait à elle seule un million de dollars – une somme colossale pour l'époque – à celui qui ramènerait ce document tant convoité. Mais les tentatives américaines furent vaines. Seul Viktor Greibsky parvint à exécuter ce coup de maître, et comme dans tous les thrillers dignes de ce nom, le hasard l'aida beaucoup dans son entreprise.

Tout se passe en mai 1956. Quelques semaines plus tôt, à l'occasion du vingtième congrès du parti communiste de l'URSS, Khrouchtchev avait dénoncé dans un discours les atrocités commises par Staline. La stupéfaction des 1200personnes présentes dans la salle n'eut d'égale que l'émotion profonde provoquée par cette allocution. Pour la première fois, un homme politique soviétique de haut rang osait critiquer publiquement celui qui jusqu'alors était unanimement considéré comme le «petit père des peuples», comme un demi-dieu en quelque sorte. L'intention de Khrouchtchev était de garder ce discours secret. Il savait qu'une large diffusion non contrôlée de ce texte provoquerait une dangereuse agitation dans le monde communiste. Le discours ne fut donc tiré qu'en sept exemplaires et envoyé aux présidents de parti du bloc communiste, avec l'instruction formelle de garantir la confidentialité de son contenu. L'une de ces copies atterrit sur le bureau du premier secrétaire du parti communiste polonais, Édouard Ochab.

Viktor Greibsky se rendait très fréquemment dans les bureaux du gouvernement. Il était aussi très lié avec Lucia, la secrétaire personnelle d'Ochab, et il passait souvent la voir. Au cours d'une de ces visites, il aperçut le document secret sur le bureau de Lucia. Sa curiosité éveillée, il commença à le lire. Le nombre de pages étant considérable, il demanda à son amie s'il pouvait reprendre le dossier afin d'en prendre tranquillement connaissance chez lui. Lucia y consentit, en insistant toutefois pour qu'il le ramenât le jour même, car elle devait le ranger dans un coffre-fort.

Greibsky fut très impressionné par la lecture de ce discours et comprit pourquoi le monde entier le convoitait. Il décida de le remettre à l'ambassade israélienne.

Celle-ci ne lui était pas inconnue puisque, durant les mois précédant cette affaire, il s'y était rendu à plusieurs reprises afin de préparer son immigration vers Israël. Un an auparavant, il avait en effet visité Israël et adhéré au sionisme, ce qui lui avait valu d'être expulsé à la fois du parti et de l'agence de presse pour laquelle il travaillait. Lorsque ce jour-là, il arriva à l'ambassade avec le document qu'il qualifia plus tard de bombe à retardement, il savait très bien à qui s'adresser. Le document fut photocopié puis remis à Greibsky qui le rendit quelques heures après à Lucia.

Quelques jours plus tard, le Premier ministre israélien de l'époque, David Ben Gourion, entrait en possession de cette copie. Ben Gourion était un homme très intelligent, doté de la faculté exceptionnelle de pressentir les événements historiques. Après avoir lu le document, il fit appeler le chef des services secrets, Amos Manor, et lui parla en ces termes: «Si ce document est authentique, dans 20 ans, le régime totalitaire de l'URSS aura disparu». Une fois convaincu de son authenticité, Ben Gourion prit une décision importante: il offrit le document aux Américains qui, à l'époque, redoutaient toujours que le jeune État d'Israël n'adopte une attitude pro-communiste.

La C.I.A. vérifia à son tour l'authenticité du discours puis, conformément aux instructions du Président Eisenhower, l'envoya au quotidien «The New York Times». La publication des atrocités commises par Staline fit le tour du monde. Ce que Ben Gourion avait prédit se produisit: les premiers signes de fêlure du régime communiste se manifestèrent en Hongrie, en Tchécoslovaquie et en Pologne. Le communisme ne redeviendrait jamais ce qu'il avait été par le passé. 

Le succès américain fut total et le chef de la C.I.A., Allan Dallas, put déclarer avec fierté que la subtilisation du discours de Khrouchtchev pouvait être considérée comme le plus grand exploit des services secrets américains sous son commandement.

Le cadeau d'Israël, ce «service diplomatique» rendu par les services secrets israéliens aux Américains, eut également des répercussions d'un tout autre type. Les relations israélo-américaines, plutôt froides jusqu'alors, connurent un début de réchauffement. Convaincue du talent et des intentions bienveillantes des services secrets israéliens, la C.I.A. entama une étroite collaboration avec eux et progressivement, une «alliance stratégique» se noua entre les deux Etats.

Viktor Greibsky, dont la présence d'esprit avait déclenché tout ce processus, immigra en 1957 vers Israël et entra au service de la radio. Il y mena une brillante carrière et après seulement quelques années, il fut nommé directeur du département des émissions étrangères diffusées dans pas moins de 20 langues. Peu de personnes connaissaient son secret et lui-même n'en parlait jamais. Les années passant, il fut peu à peu établi que c'était Israël qui avait en réalité mis la main sur le discours de Khrouchtchev, et non les États-Unis. Cependant, le rôle qu'avait joué Greibsky dans cette affaire est resté secret jusqu'en ce mois de juin 1994.

En effet, 38 ans plus tard, Greibsky a enfin rompu ce silence et raconté son histoire dans un documentaire réalisé par la télévision israélienne. Dans ce film tourné en Israël, en Pologne, en Russie et aux États-Unis, Amos Manor, chef des services secrets israéliens au moment de l'affaire, s'exprime également et confirme la version de Greibsky. Il y révèle également que sa vie se trouva en danger lorsque les Américains décidèrent – avec le consentement d'Israël – de publier le fameux discours. Le film comporte également une interview du chef du KGB dans les années 60. Selon lui, le KGB avait pu découvrir que le discours avait été initialement dérobé en Pologne, mais ses services n'avaient jamais réussi pour autant à identifier les coupables.

Quant à Greibsky, il affiche une attitude modeste quant au rôle qu'il a joué dans cette affaire. «Ce n'est pas moi qui ai fait l'histoire», dit-il dans le film, «c'est Khrouchtchev. Moi, je n'ai fait que la croiser durant quelques heures et saisir l'occasion de faire un cadeau à Israël. Ce discours était en quelque sorte le bouquet de fleurs que j'offrais à ma nouvelle patrie.»


COMMENTAIRE 

Avant toute chose, signalons que Zwi Lidar, notre correspondant à Jérusalem et l'auteur de cet article, a lui-même été directement impliqué dans cette affaire et y a même apporté sa «contribution».

Cet article nous montre de manière éclatante que fondamentalement, Israël est à l'origine de toutes choses. Différents passages de l'Écriture le confirment d'ailleurs directement ou indirectement (cf. Deut. 32, 8; Gen. 12, 3; Zach. 2, 8; Matth. 25, 40; Rom. 11, 15). En 1956 déjà, le jeune État israélien ouvrait les yeux du monde sur la malignité et les méfaits du communisme. On peut dire sans hésitation qu'à cette époque, l'État hébreu encore tout neuf avait démasqué l'imposture du système communiste. Le communisme qui proclamait haut et fort que «Dieu n'existe pas» a dû céder face à Israël, la preuve sur la terre de l'existence de Dieu! Ce n'est pas un hasard si aucun service secret occidental n'a réussi à s'emparer du discours de Khrouchtchev et si le Mossad israélien y est parvenu. Ce fait doit être analysé sous l'angle de la Parole prophétique, car dans l'Écriture, Jérusalem est appelée la «ville de vérité» (cf. Zach. 8, 13; version Darby). Mais il y a plus encore: c'est à Jérusalem que Jésus-Christ, sur la croix de Golgotha, a triomphé de toutes les forces des ténèbres et les a publiquement livrées en spectacle (cf. Col. 2, 15). Aujourd'hui, c'est encore par Israël qu'est révélée la fourberie du monde; c'est précisément ce qui explique les divergences de vues à son sujet; c'est aussi la raison pour laquelle tant de personnes et de nations sont malveillantes à l'égard d'Israël. En effet, Israël n'est pas un pays comme les autres: c'est celui du peuple de Dieu! C'est le signal de Dieu et le signe de notre temps indiquant que la fin est imminente et que l'avènement du Seigneur est Proche. C.M.

© Nouvelles d'Israël  08 / 1994


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