Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Archéologie

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Le schisme des tribus du Nord

Salomon mort et enterré, Roboam, l'aîné de ses fils, accède au trône apparemment sans contestation. Mais l'inauguration du nouveau règne ressemble davantage à une investiture populaire et démocratique qu'à un sacre. Les anciens du peuple, les chefs de tribus et de familles président une assemblée avec le dessein d'établir un contrat avec le nouveau souverain. On semble vouloir passer d'une monarchie absolue à une monarchie constitutionnelle.

Sous-jacente à la harangue des anciens: «Allège le joug pesant que ton père nous a imposé» (l Rois, chap. 12, vers. 4), on discerne une volonté inébranlable de réforme. Les anciens, manifestement décidés à aller jusqu'au bout, posent des conditions. Cette assemblée «révolutionnaire» est en fait un retour coutumes d'avant la monarchie. Si Jéroboam, rentré d'Égypte, figure aux côtés des anciens, c'est qu'il a été convoqué par eux, poussé aussi sans doute par le désir de participer aux événements décisifs qui vont se dérouler. Il était la personnification de la misère du peuple et de la résistance aux abus du précédent régime. Sa présence à lui, le proscrit, le condamné à mort, l'exilé, donnait un poids singulier aux revendications des anciens du peuple. Il était de plus «l'oint» clandestin. Face à Roboam, l'héritier de droit, Jéroboam était l'héritier de par l'investiture prophétique reçue d'Ahiyya. 

Si l'assemblée se réunit à Sichem, c'est toujours parce qu'on veut renouer avec les traditions les plus anciennes, et peut-être restituer quelque peu l'atmosphère de l'assemblée de toutes les tribus que présida Josué après le partage de la Terre promise (Josué, chap. 24). De plus, Sichem est dans le nord. On veut obliger le roi à quitter Jérusalem, c'est un défi à l'adresse de la citadelle de David. Du temps de Salomon, l’antagonisme entre le nord et le sud s'est maintes fois affirmé, il va se consommer. Le royaume du sud prend le nom de «royaume de Juda», celui du nord le nom de «royaume d'Israël». Roboam règne à Jérusalem, la capitale du sud; Jéroboam d'abord à Sichem probablement, puis à Tirsa; l'un de ses successeurs fondera Samarie comme capitale du nord. Le royaume du nord regroupe nominalement l'ensemble des tribus d'Israël, moins Juda et Benjamin; celles-ci constituent, théoriquement seules, le royaume du sud; elles sont toutefois enrichies d'une part de Siméon fondue dans Juda: le reste a pu rallier le nord et trouver une implantation sur la rive ouest du Jourdain, sur les terres orientales appartenant en principe à Manassé et Éphraïm. La politique de grandeur a vécu. On en revient tant dans le sud que dans le nord au régime agricole d'autrefois. De soi, ce retour à une vie plus simple devrait marquer un assainissement moral. Mais ce schisme politique amène aussi un schisme religieux. Malgré sa dureté, Roboam du simple fait qu'il a le royaume du sud pour partage et Jérusalem pour capitale, est le soutien naturel du culte conforme à la Loi. Certains de ses successeurs s'emploieront à le purifier de tous les syncrétismes et des tendances idolâtriques que Salomon a laissé s'infiltrer.


Des sanctuaires rivaux

Par contre Jéroboam, malgré son humanité profonde, et du simple fait qu'il se trouve en lutte plus ou moins ouverte avec le royaume du sud, ne pourra tolérer que ses sujets viennent plusieurs fois par an à Jérusalem, pour les fêtes légales: dans la crainte d'une action psychologique des Judéens qui entraînerait la subversion dans son royaume. Aussi va-t-il instituer des sanctuaires rivaux de celui de Jérusalem: à Béthel au sud, près de la frontière avec le royaume de Juda, et à Dan, dans l'extrême nord. Ces temples nouveaux seront pourvus par Jéroboam d'idoles symbolisant la fécondité, dont il pense peut-être qu'elles peuvent représenter l'Éternel. Il y organise un culte parodiant celui de la Loi, et enfin s'arroge les fonctions de grand prêtre. C'est en fait une nouvelle religion, qui n’a plus grand-chose de commun avec celle qui fut révélée au Sinaï. C'est pourquoi revient si souvent dans les livres des Rois, manifestement écrit dans le royaume du sud: «Il ne se détourna pas de tous les péchés par lesquels Jéroboam, fils de Nebat, fit pécher Israël.» Sur le plan politique, le destin des deux royaumes est fort différent: au sud, le pouvoir demeure puissant. Une seule dynastie, celle de David, le détient par succession régulière, alors qu'au nord les quatre dynasties qui se succèdent n'ont aucune relation entre elles, si ce n'est le meurtre qui marque à chaque fois le passage de l'une à l'autre. Le trône est à la merci d'aventuriers ambitieux, le pays est divisé en clans hostiles, une certaine anarchie s'installe progressivement.

Ahiyya, le prophète, qui fut d'une certaine manière à l'origine du schisme de par le sacre secret de Jéroboam, s'élèvera vigoureusement contre la trahison religieuse de celui qu'il a désigné pour roi, et il annoncera la chute rapide de sa dynastie.

Mais dans le royaume de Juda également les prophètes doivent braver le pouvoir royal quand il jugent nécessaire de le faire. Dan ce conflit incessant qui va oppose le nord au sud jusqu'à la chut de Samarie, ils prendront souvent le contre-pied de la politique officielle, se refusant à donner raison à l'une ou l'autre partie. Il prêchent la réconciliation en affirment que Dieu seul reste le vrai recours. Ainsi prend corps peu à peu l'idée prophétique d'un certain neutralisme, c'est-à-dire de l'abstention de toute alliance politique, et du seul maintien de l'Alliance avec Dieu.

P. CRISOLI

© En ce temps-là, la Bible No 26 page IV.


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Les sectes juives au 1er siècle

L'Évangile fait constamment allusion aux pharisiens, quelquefois aux sadducéens, rarement aux hérodiens, et jamais en clair aux esséniens. Il s'agit là de «sectes» au sein d'une orthodoxie juive plus large qu'on ne l'imagine couramment. Le mot résonne mal à nos oreilles. Il a souvent une nuance péjorative alors que le nom d'Église dégage une réelle chaleur. Voilà un a priori dont il convient de se défaire.

On considère volontiers le judaïsme comme un bloc sans fissure, une sorte de religion monolithique. Même pour le présent, une telle vue est très approximative et schématique. Dans le Proche-Orient il existe encore des Samaritains et des Karaïtes, et dans le judaïsme occidental on peut distinguer trois grandes tendances: le judaïsme orthodoxe, le judaïsme conservateur et le judaïsme libéral. Si ces trois tendances entretiennent entre elles des relations cordiales, elles sont néanmoins organisées en groupements autonomes qui ne sont ni plus ni moins solidaires, qu'entre elles les diverses Églises ou familles du christianisme: catholique, orthodoxes et réformées.

Pour comprendre le judaïsme palestinien du temps de Jésus, il faut tout d'abord savoir qu'il n'existe pas à cette époque de magistère universellement reconnu et qualifié pour formuler les règles de foi. Le sacerdoce est occupé par la liturgie du Temple; le sanhédrin est un tribunal qui interprète et applique la Loi de Moïse, non un concile qui formule des propositions doctrinales. Mais les rabbins, qui font progressivement figures de chefs spirituels du peuple, se transmettent de génération en génération des interprétations de la Loi et de l'Écriture, qui reflètent des oppositions d'écoles bien marquées.

Les données dogmatiques sont d'ailleurs fort simples et limitées. Le Credo juif se résume dans la proclamation de l'unicité de Dieu (DEUTÉRONOME, c. 6, v. 4), et il doit être immédiatement suivi de l'exhortation à pratiquer scrupuleusement la Loi du Sinaï. Sur les modalités de cette pratique, les opinions pouvaient différer, mais les principales sectes juives n'étaient pas des groupes radicalement aberrants par rapport à la Synagogue. La meilleure preuve en est qu'au sein même du sanhédrin de Jérusalem, coexistent des représentants des deux sectes largement antagonistes: pharisiens et sadducéens. Si les uns et les autres adorent un même Dieu et pensent observer une même loi, leurs divergences sont nombreuses et profondes, nous y reviendrons en détail.

Les seuls qui fassent vraiment exception à cette sorte de tolérance mutuelle sont les Samaritains, vraiment regardés comme hérétiques, et exclus du peuple d'Israël; les esséniens, eux, ne paraissent pas publiquement dénoncés comme tels, mais ils considèrent comme dévoyé le judaïsme officiel de Jérusalem. Esséniens et Samaritains sont donc les cas limites dans ce domaine.

Quant à ces hérodiens qui se joignent aux pharisiens pour poser au Christ la fameuse question sur «le tribut à rendre à César» (MATTHIEU, c. 33, v. 16), ce sont des partisans d'Hérode, opposés à la domination romaine qui leur paraissait usurper celle de leur maître.

Mais quelquefois la ligne de démarcation n'est pas difficile à établir entre la secte religieuse et le parti politique, voire les mouvements de résistance, tel celui des zélotes que certains reconnaissent dans les communautés du Qumrân.

P. CRISOLIT

© En ce temps-là, la Bible No 75


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La science le prouve: la Bible a raison

Des recherches scientifiques dont les résultats viennent d'être publiés aux États-Unis confirment la thèse selon laquelle l'histoire de la conquête de Jéricho par Josué et de la chute de ses murs, rapportée dans l'Ancien Testament, correspond effectivement à la réalité. Jusqu'ici, la plupart des scientifiques et archéologues étaient d'avis que Jéricho avait été détruite longtemps avant la conquête du pays de Canaan par les Israélites.

Le compte-rendu des recherches a été rédigé par un archéologue de l'Université de Toronto, M. Briant Wood. Selon lui, les fouilles effectuées dans la région du tell de Jéricho confirment sans le moindre doute que la ville fut effectivement détruire en 1400 avant notre ère, c'est-à-dire exactement quand les tribus Israélites entrèrent en terre de Canaan après 40 ans d'errance dans le désert. 

D'autres chercheurs défendaient jusqu'ici l'opinion que Jéricho avait été détruite 150 ans avant l'entrée des Israélites. Ils affirmaient, avec à leur tête la célèbre archéologue Kathleen Kanyon, de Grande-Bretagne, que le récit biblique ne correspond pas aux faits historiques. Kathleen Kanyon justifiait ses conclusions en particulier par le fait qu'on n'avait pas trouvé d'objets décoratifs cananéens caractéristiques lors des fouilles qu'elle avait menées dans le tell de Jéricho. Wood, spécialiste mondialement reconnu de la poterie d'argile cananéenne, conteste cependant la thèse de Kathleen Kanyon, car celle-ci a concentré ses fouilles exclusivement dans le quartier pauvre de la ville. Lui-même a découvert dans les fouilles, affirme-t-il dans son mémoire de recherche, des bijoux, de la poterie d'argile et des restes carbonisés de stocks de céréales qui confirment historiquement le récit biblique selon lequel les Israélites incendièrent la ville au printemps, après la première moisson.

Z. L.

© Nouvelles d'Israël  Mai 1990

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Si je t'oublie, Jérusalem ...

... que ma droite m'oublie! Jérusalem n'est pas oubliée car, depuis 1948, Yerouchalaïm – nom hébreu de Jérusalem – est de nouveau la capitale de l'État d'Israël. Cette ville, constituée autrefois capitale par le roi David, a maintenant 3 000 ans d'histoire. Une parole du Talmud dit: «Quand Dieu créa la terre, il tenait dans sa main dix mesures de beauté. Il en versa neuf sur Jérusalem, le reste sur l'autre partie du monde». Jérusalem connut le va-et-vient de nombreux dominateurs, qui la convoitèrent pour l'oublier ensuite. Mais, pour les Juifs, Jérusalem resta toujours la capitale – même pendant la longue période de la Diaspora. Elle fut le centre de leur nostalgie et de leur foi. Dans l'Ancien Testament, le nom de Jérusalem est mentionné 676 fois, et plusieurs centaines de fois dans le Nouveau Testament. Par contre, dans le Coran, «El Kuds» – nom donné à Jérusalem par les Arabes – n'apparaît pas une seule fois, encore bien moins l'expression «ville sainte».

Aujourd'hui, Jérusalem est, avec ses 457 000 habitants une ville florissante qui, depuis sa réunification en 1967, a réalisé une véritable ascension, dont bénéficient juifs, chrétiens et musulmans, Jérusalem, la ville sainte, s'efforce d'être une ville normale, comme toutes les autres villes. Sans succès cependant, puisqu'elle est une ville particulière, caractérisée non seulement par son histoire biblique, mais aussi par beaucoup de difficultés. «Certes, un grand nombre de ses problèmes ont pu être résolus mais, finalement, seule la venue du Messie apportera le dénouement final et total», avoue Teddy Kollek, le maire de Jérusalem. Jusqu'en 1875, les gens de Jérusalem ne vivaient qu'à l'intérieur des vieux murs de la ville, lieux étroits et favorables aux épidémies. Puis commença le retour des Juifs, et Jérusalem se réveilla de son sommeil de «belle-au-bois-dormant». Elle se développa rapidement, à telle enseigne qu'aujourd'hui la vieille ville ne forme plus qu'un quartier de l'ensemble de la ville.

Cependant, Jérusalem devient toujours plus une «coupe d'étourdissement» (Zacharie 12) pour les voisins d'Israël et une «pierre pesante pour toutes les nations». C'est pourquoi, plus que jamais, l'appel se fait entendre: priez pour la paix de Jérusalem (Ps. 122).

Les illustrations suivantes montrent la pulsation historique et politique de cette ville. Son développement et sa surface actuelle témoignent d'une part de son «statut de capitale éternelle des Juifs», et d'autre part de capitale des autres religions et cultures, qui se pressent en son sein. Jérusalem est précisément la ville où l'on se réunit, c'est-à-dire la ville de la rencontre. Soyez donc les bienvenus!
L. S.

© Nouvelles d'Israël
Août 1988

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Le sort des femmes aux "temps bibliques"

Même si les manifestations féministes n'ébranlent pas le monde d'aujourd'hui, il arrive qu'elles s'agitent et prennent, aux U.S.A. par exemple, une ampleur qui force l’attention en France même, pays «raisonnable» en ce domaine du moins, les «États généraux» de la femme, bien qu'ils tendent surtout à inciter celle-ci au franchissement de portes très complaisamment ouvertes, ont paru soulever un courtois intérêt. Ce fut ici et là l'occasion de mettre en cause le sort de la femme «aux temps bibliques». Nos lecteurs savent bien que, sur l'essentiel (l'égalité, qui n'entraîne pas la triste identification légitimement redoutée par les sages), la Bible est sans équivoque: il n'est qu'une seule nature humaine créée «à l'image de Dieu», cette unicité n'est nullement mise en cause par le fait que la différence d'un sexe à l'autre ait été voulue elle aussi par le Créateur: «Homme et femme, il les créa.» Il reste que l'Antiquité, où vécurent Israël et ses voisins, a plus généralement insisté sur «la différence» physique et psychologique que sur l'unicité de la nature. Et l'on voudrait être sûr que cette vieille habitude n'a pas laissé quelque trace dans l'esprit de nos contemporains les plus évolués.

À travers la tradition de la Bible, comme à travers celle que reflètent bien d'autres écrits profanes, on découvre, dans la famille constituée sur le mode patriarcal, l'homme propriétaire (baal) de sa femme, qui le devait servir, et de ses enfants. Là où n'existait guère d'état constitué, dans les steppes abandonnées aux nomades et même en Canaan au 2e millénaire, le père disposait d'un pouvoir réellement illimité il avait jusqu'au droit de vie et de mort sur «les siens».

Durant toute l'ère ancienne, comme il en ira en Assyrie ou en Syrie, les descendants d'Abraham eurent autant d'épouses qu'ils le souhaitaient sans que la pratique de la polygamie apparaisse comme une faute. Il suffisait que les moyens du mari polygame lui permettent l'entretien décent d'une telle famille.

Même si la monogamie était considérée comme un idéal, et ce fut très tôt le cas en Israël, seul le Code d'Hammurabi la prescrit explicitement, avec toutefois une restriction d'importance: quoique époux légal d'une seule femme, l'homme pouvait choisir en outre autant de concubines-esclaves qu'il le désirait.


Le mariage une affaire privée.

Le divorce: une affaire facile ... seulement pour le mari.

Lorsqu'elle se mariait, – selon une procédure privée, après la promulgation de la Loi du Sinaï aussi bien que dans la tradition des patriarches – la jeune femme quittait le foyer paternel pour aller s'installer dans la demeure de son mari. Aussi était-il admis que celui-ci offre à son beau-père une compensation «pour la perte de sa fille». C'était le «mohar», payé soit en présents divers et plus lard en argent, soit en travaux effectués au service de celui qu'il s'agissait de dédommager (GENÈSE, chap. 29, vers. 15-30; chap. 34, vers. 12; EXODE, chap. 22, vers. 16). Parfois des parents particulièrement généreux dotaient leur fille, qui conservait personnellement ce cadeau; on verra même Pharaon donner ainsi une ville à la sienne, épousée par Salomon (I ROIS, chap. 9, vers. 16).

Le lévirat, qui comportait pour la veuve obligation d'accepter un nouveau mariage avec un membre de la famille de son mari défunt, paraît sur ce point une survivance de coutumes observées en Canaan. Sa signification est claire: la veuve demeurait la propriété du groupe social de son mari; elle faisait elle-même partie de la succession de celui-ci. Le Deutéronome (chap. 25, vers. 5-10) restreignit considérablement cet usage: l'obligation est limitée au cas où la veuve restait sans enfants, son beau-frère vivant dans le même foyer; la Loi donne aussi au lévirat un sens plus noble: il convient de susciter une postérité au défunt, «afin que son nom ne soit pas effacé d'Israël». 

Théoriquement, en Israël comme chez ses voisins, sauf en Assyrie, l'épouse gravement lésée pouvait elle aussi recourir au divorce. Mais la procédure, en général facile pour l'homme, ne permettait que très exceptionnellement à la femme d'échapper à un époux cruel ou injuste.

Ainsi, suffisait-il, à Sumer, qu'un mari dise à celle qui avait cessé de plaire: «Tu n'es pas ma femme» pour que le divorce soit effectif, mais en revanche, si une épouse lançait à son mari: «Tu n'es pas mon mari», on la précipitait dans une rivière. Chez les Israélites, la procédure était sensiblement la même. Le mari s'écriait: «Elle n'est pas ma femme, je ne suis pas son mari», et les deux époux se trouvaient très légalement séparés.

Le Code d'Hammurabi, encore, semble avoir proposé la première mesure qui tendait à atténuer l'injustice commise à l'égard des délaissées par caprice: à moins que l'épouse n'ait été reconnue coupable de quelque faute, le mari inconstant devait lui verser une certaine indemnité lorsqu'il la renvoyait.

Avec le temps, les divorces se firent moins aisés en Israël. Les propos du prophète Malachie sur la sainteté du mariage (chap. 2, vers. 14-16) marque le point de l'évolution au V ème s. avant notre ère. Déjà le Deutéronome (chap. 24, vers. 1) exigeait un minimum de formes auxquelles Isaïe (chap. 50, vers. 1) et Jérémie (chap. 3, vers. 8) font allusion.

Dans tous les pays du Proche-Orient, l'adultère – surtout celui de l'épouse – était puni avec une extrême sévérité. Pour les Babyloniens et les Assyriens, c'était là un crime contre la propriété; la femme qui se rendait coupable chez son amant, et l'amant lui-même, à moins qu'il ignorât l'engagement de sa maîtresse dans le mariage, étaient tout simplement mis à mort.

Pour les fils d'Israël, l'adultère était une trahison plutôt qu'un vol; cette considération, qui relevait d'une morale plus raffinée, n'empêchait nullement que les deux coupables soient de la même manière condamnés à la peine capitale (DEUTÉRONOME, chap. 22, vers. 22-27; LÉVITIQUE, chap. 20, vers. 10).

Chez eux comme chez leurs voisins, la veuve qui n'avait pas bénéficié du lévirat était souvent livrée à un sort pitoyable si la dot versée par ses parents au moment de son mariage ne la mettait pas à l'abri, la littérature prophétique et les textes de la Loi la rangent donc régulièrement parmi les faibles, que tous les justes doivent assister: EXODE, chap. 22, vers. 22; DEUTÉRONOME, chap. 10, vers. 18; II ROIS, chap. 4, vers. 1-7;ISAÏE, chap. 1, vers. 17, etc.

Pas toujours brillante ailleurs au plan juridique et économique, c'est en Assyrie que la situation de la femme semble avoir été la moins enviable: on l'y estime moins que le bétail. Elle demeure sous la domination totale de son mari qui, seul, a le droit de la juger, même dans les causes les plus graves: celles où il s'agit de meurtre. Son existence n'a de consistance qu'en fonction de celle de son seigneur et maître. Elle restera constamment voilée hors de sa seule présence, et c'est elle encore qui devra payer les écarts de son époux: si celui-ci a séduit une vierge, il livrera sa femme au père de la jeune fille, afin que ce dernier fasse subir à la malheureuse des outrages équivalents! 

À l'opposé de ces moeurs assyriennes, la loi de Babylonie accordait en propre aux femmes une certaine indépendance. Ainsi, la Babylonienne avait-elle obtenu le droit au travail: celui par exemple de se louer à la journée pour des travaux agricoles ou industriels. Elle pouvait également acquérir des biens, adopter des enfants. Si elle le désirait, elle avait même la possibilité de devenir prêtresse. Le sacerdoce mis à part, la femme hébraïque jouit, sur les plans social et religieux, d'un statut proche de celui des Babyloniennes. Seule la participation à la vie spirituelle et à la vie publique de la communauté a pu produire les grandes figures bibliques que sont Miriam, Débora, Yaël, Hulda; ou permettre qu'on imaginât des Esther ou des Judith. Et, de fait, les femmes assistaient aux assemblées religieuses (II SAMUEL, chap. 6, vers. 19) et accompagnaient leurs maris aux fêtes sacrées (DEUTÉRONOME, chap, 12, vers. 12). Qu'on songe aussi au rôle (certes pas toujours heureux, mais singulièrement important) qu'on joué les «reines-mères», telles Jézabel ou Athalie.


Une richesse et une gloire la maternité

Faut-il répéter enfin que la fonction maternelle attribuait une auréole appréciée de toutes les classes sociales? Dans une société fondée sur l'élevage et l'agriculture en petites propriétés, chaque enfant était le bienvenu: hors de tout autre considération, il était un appoint pour l'entreprise familiale. Aussi le mariage avait-il pour but premier la procréation (GENÈSE, chap. 24, vers. 60; 1er SAMUEL, chap. 1, vers. 6-8). L'amour conjugal dans sa conception la plus noble ne s'offusquait pas de cette considération. Ainsi, une femme très réellement aimée dans tous les sens du terme, mais stérile, pouvait sans rien perdre de sa dignité proposer généreusement 4 son mari de s'unir à une servante, afin qu'il eût d'elle des enfants qui seraient légalement ceux de l'épouse en titre (GENÈSE, chap. 16, vers. 2: chap. 30, vers. 1-6, 9-13).

La participation étroite de la femme à l'oeuvre du Créateur ne demeure-t-elle pas en tout temps le plus sûr et le plus éclatant de ses titres de gloire?

M.-C. HALPERN

© En ce temps-là, la Bible No 64 pages II-III-IV


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LE SOUVENIR DES PROPHETES DANS L' ÉTAT D'ISRAEL

Nul ne songe certes à identifier la renaissance du vieux pays de Canaan, combien méritoire d'ailleurs en raison de l'effort prodigieux et continu qu'elle suppose, avec l'accomplissement des promesses prophétiques: chacun entend en effet celles-ci à la fois de la restauration qui suivit l'Exil et de l'établissement d'un règne universel du Dieu d'Israël qui sera reconnu de toutes les nations. Mais quel peuple ou quelle communauté se sentirait assez détaché de ses propres traditions pour s'étonner de ce que la tradition juive, dont est nourrie l'immense majorité des Israéliens d'aujourd'hui, tienne à «ses prophètes»?


Les noms des «inspirés» sont tout naturellement mêlés en Israël à la vie quotidienne.

C'est ainsi qu'à Jérusalem même, on trouve bien sûr une «rue des prophètes», mais aussi, dans le quartier le plus religieux, des rues qui perpétuent le souvenir de la plupart d'entre eux. De même qu'Athènes honore de cette manière Aristote, Héraclite ou Platon, la cité sainte a voué certaines de ses voies à Isaïe, Amos, Abdias, Abacuc, Aggée, Osée, Nathan...

Que de sites, que de villes de ce pays tiennent également leurs noms de l'Écriture. La moderne Tel-Aviv d'abord: Ézéchiel (chap. 3, vers. 15) appelle ainsi le lieu de Babylonie vers lequel l'Esprit de Dieu dirige le prophète pour qu'il porte aux exilés son message d'espérance. La devise de Tel-Aviv en outre: «Je te construirai et tu seras construite», est une citation de Jérémie (chap. 31, vers. 4).

Mais aux portes mêmes de Jérusalem, on découvre un mémorial qui porte un nom énigmatique pour le visiteur non averti: Yad-Vaschem. Cette expression se trouve en Isaïe(chap. 56, vers. 4): «Aux eunuques, à ceux qui observeront mes sabbats, qui choisiront ce que je désire et qui s'attacheront à mon alliance, je donnerai, dans ma maison, Yad-Vaschem: une place (l'hébreu dit: «une stèle») et un nom, meilleur que celui de fils et de filles; je leur donnerai un nom éternel, impérissable.»

«Eunuque» signifie souvent dans la pensée biblique «avili», «infirme». L'incapacité radicale de survivre dans une postérité place les eunuques dans une position peu enviable. Et cependant, affirme Dieu par Isaïe, il leur sera donné ce que la nature et les hommes leur refusent. Quelque chose en somme qui perpétue malgré tout leur souvenir, et quelque chose de meilleur que n'eussent été des fils et des filles.

Ceux qui furent victimes de l'extermination nazie, de quelque manière qu'ils soient «fils d'Israël», ont eux aussi disparu pour la plupart avec leurs enfants ou sans laisser de postérité. Le monument élevé ici se veut donc dans l'esprit d'Isaïe qui promettait aux «eunuques» de jadis: Yad-Vaschem.

Un monument encore, dressé à la frontière qui coupait en deux Jérusalem jusqu'à la guerre des six jours, et qui commémore la bravoure des combattants des deux rangs, porte, en hébreu et en arabe, un célèbre passage d'Isaïe (chap. 2, vers. 4): «De leurs épées ils forgeront des socs de charrue et de leurs lances ils feront des faucilles. Une nation ne lèvera plus l'épée contre une nation; ils ne s'exerceront plus au combat.» Puisse ce voeu être exaucé!

Le nom donné récemment au regroupement oecuménique que tente de réaliser un Père dominicain entre juifs, chrétiens et Arabes, sur les terres de la trappe de Latroun, relève du même esprit. Il est encore emprunté à Isaïe (chap. 32, vers. 18) où on lit: «Mon peuple se reposera dans la beauté de la paix.»Dans l'hébreu une oasis de paix: «Névé-Shalom». Le centre ainsi nommé doit favoriser des échanges amicaux et spirituels entre les trois grandes communautés qui invoquent le Dieu d'Abraham.


Les psaumes aussi ont «leurs» kibboutzim

C'est dans le choix des noms destinés à désigner les nouvelles agglomérations urbaines ou agricoles, Kibboutzim ou Moshavim que se manifeste surtout une imprégnation des textes bibliques. Un regard sur la carte de l'État d'Israël (en bas, à droite) suffit à s'en convaincre.

Le psautier a la part belle avec par exemple:

1 - POSH-PINNA: La «pierre d'angle», non loin de la frontière libanaise. C'est au psaume 117 (118 de l'hébreu; vers. 22) que se sont référés les pionniers. La pierre angulaire est celle «qu ont rejetée les bâtisseurs».

2 - ISHI: «Mon salut». Moshav proche de Jérusalem dont le nom est tiré du psaume 26 (hébreu 27, vers. 1): «Le Seigneur est mon salut.»

3 - REVIVIM: «Les averses». À une trentaine de kilomètres de Beersheba (Bersabée). Le nom est emprunté au psaume 64 (hébreu 65; vers. 10-11 ): «Visite la terre» baigne-la d'averses et bénis la germination!»

4 - EMOUNIM: «Les fidèles». Moshav du sud, dont le nom vient du psaume 30 (hébreu 31; vers. 24): «Le Seigneur garde les fidèles.»

5 - CHOUVA: «Ramène». Moshav proche de Gaza, dont le nom est emprunté au psaume 125 (hébreu126, vers. 4): «Seigneur, ramène nos captifs.»

6 - SHTOULIM: «Les plants». Moshav au «pays des Philistins», dont le nom évoque le psaume 91 (hébreu 92; vers. 14): «Plantés dans la maison du Seigneur.»

7 - YAGUEL: «Jubilation». Moshav de la plaine de la Shéféla, entre Jérusalem et la Mer. Sonnom célèbre «l'allégresse d'Israël» (Psaume 52; hébreu 53; vers. 7).

8 - TAHOZ: «La vaillance». Moshav du corridor de Jérusalem, dont le nom est tiré du psaume 88 (hébreu 89; vers. 14): «Ta main est ferme; ta droite élevée.» Mais la grande majorité des implantations récentes s'est placée sous le patronage des prophètes et tout spécialement d'Isaïe:

9 - EREZ: «Le cèdre». Kibboutz de la région de Gaza: «Au pays de la solitude, je planterai le cèdre» (Isaïe, chap, 41, vers. 19).

10 - BITEHA: «La sécurité». Moshav du Néghev. Toujours dans le livre d'Isaïe (chap. 30vers. 15), le texte hébreu dit: «Votre force sera dans la sécurité», là où nous lisons l'espérance, Celle-ci assure l'avenir de celle-là.

11 - BEN-SHEMEN: «La fertilité». Moshav et village de jeunes, proches de Lod (Lydda). C'est la «langue de terre fertile» du verset 1, au chapitre 5 d'Isaïe.

12 - GAZIT: «La pierre de taille». Kibboutz de la basse Galilée, proche d'Afula, qui appuie sa solidité sur les «pierres de taille», du verset 10 au chapitre 9 du même livre.

13 - GILAT: «L'allégresse». Moshav de la région de Gaza: «La terre déserte exultera dans l'allégresse» (Isaïe, chap. 35, vers. 1-2). Ce même verset est à l'origine du nom de Tipherah («fleurira») donné à un autre moshav du Néghev, proche de Gaza.

14 - 15 - YAZIZ et YASHRESH

«Prendre racine» et «fleurir». «Il y aura en Jacob, dit le prophète, une poussée vivace, mais Israël se couvrira de fleurs» (Isaïe, chap. 27, vers. 6).

16 - HOUDIM: «Les brandons». Moshav de la plaine de Sharon, entre Haïfa et Tel-Aviv: «Celui-ci n'est-il pas un brandon sauvé du feu?» (Zacharie, chap. 3, vers. 2).

17 - PEDOUIM: «Les rachetés». Moshav du nord du Néghev: «Les rachetés du Seigneur retourneront et viendront à Sion» (Isaïe, chap. 35, vers. 10).

18 - RISHON-LE-SION: «Le premier à Sion» désigne une ville importante qui fut en effet l'une des premières implantations du «sionisme» en terre d'Israël. On lit dans Isaïe encore (chap. 41, vers. 27) «C'est le premier qui dit à Sion: Les voici»

19 - SDEI-HEMED «La terre désirable». Moshav de la plaine de Sharon. Son nom évoque la prospérité avant la dévastation qui fit pleurer cette «terre désirable et les vignes fécondes» (Isaïe, chap. 32, vers. 12).

20 - SHELOUHOT: «Les sarments». Kibboutz situé dans le sud de la vallée de Beth-Shéan. Il s'agit des sarments de la vigne de Sibma, «qui s'étendaient jusqu'à Yazer» (Isaïe, chap. 16, vers. 8).

21 - SAMIR: «Le diamant». Kibboutz du nord dans la vallée du Houlé: «J'ai fait ton front comme le diamant» (Ézéchiel, chap. 3, vers. 9).

Ce recensement n'est pas complet; il s'en faut de très loin. L'école d'agriculture Mikve-Israël («l'espoir d'Israël») peut revendiquer le parrainage de Jérémie(chap. 17, vers. 13) ou le moshav Habazeleth-ha-Sharon emprunter au Cantique des cantiques lui-même «le lis des vallées» (chap. 2, vers.1); bien d'autres installations et d'autres sites sont désignés à travers des expressions employées par les auteurs sacrés. Et bien des noms antiques se sont perpétués jusqu'à nos jours, intacts ou métamorphosés par l'évolution linguistique.

Le fait confirmerait s'il en était besoin que les modernes habitants de ce pays dont l'histoire appartient à l'humanité tout entière demeurent fortement attachés pour leur part aux traditions du Livre. De plus, il permet aux visiteurs, touristes ou pélerins venus de tous les continents, mais abreuvés aux mêmes sources de se trouver d'emblée chez eux dans «la Terre sainte».

Dom J. GOLDSTAIN

1 Le «moskav» est un village coIlectiviste où la vie est moins totalement communautaire que dans les kibboutzim

© En ce temps-là, la Bible No 56 pages II-III.


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Le Temple de Salomon 

Ainsi que nous l'avons déjà dit, il serait très prétentieux de donner pour exacte l'une ou l'autre des reconstitutions qui ont été tentées de ce Temple fameux. Les textes qui le concernent, aussi bien dans les livres des Rois que dans ceux des Chroniques, ne sont pas très bien conservés et restent difficiles à comprendre malgré l'abondance de détails techniques sur tel ou tel point, et peut-être en raison même des termes techniques employés, dont le sens précis nous échappe souvent. Il semble toutefois utile de regrouper ce que nous croyons en savoir. Nous le ferons ici et dans le numéro suivant, sans prétendre faire beaucoup mieux dans l'approche de la vérité que les artistes de jadis qui disposaient à peu près des mêmes données, puisqu'il ne reste aucun vestige visible ni du Temple, ni du palais de Salomon.

C'est au nord de l'Ophel, on le sait, sur la colline orientale qui fait face au mont des Oliviers et domine l'antique Sion, que Salomon fit construire cet ensemble architectural, émerveillement des foules.

À l'est, vers le sommet du plateau, s'élevait le Temple proprement dit, avec ses dépendances, et vers le sud-est, un peu en contre-bas, le palais et les autres bâtiments royaux. On peut légitimement penser que le tout était protégé par une grande enceinte faite de trois rangées de pierres de taille et d'une rangée de poutres de cèdre (I Rois, chap. 7, vers. 12). C'est probablement, en gros, l'emplacement de l'actuel Haram éch-Chérif le «noble sanctuaire»,

vaste esplanade de près de500 mètres sur 300 environ, au centre de laquelle se dresse la Qoubbet es-Sakra, le «Dôme de la Roche» appelée aussi mosquée d'Omar, que nous avons déjà maintes fois montrée à nos lecteurs (voir notamment, dans ce numéro, page 725).

Répétons que la roche incluse dans ce très beau monument est sans doute celle sur laquelle se dressait l'autel des holocaustes. Le parvis entourait cet autel, et c'est face à celui-ci que s'élevait le Temple lui-même: édifice en enfilade de 100 coudées de long sur 50 de large, c'est-à-dire de 50 mètres sur 25 environ.

Deux colonnes de proportions considérables et richement ouvragées flanquaient l'entrée du vestibule ou portique (Elam). Celle du nord, à droite de l'entrée, était appelée Yakim et celle du sud, à gauche, Boaz (l Rois, chap. 7. vers.15-22).

Des diverses interprétations qu'on a pu faire de ces noms mystérieux (notion de pérennité assurée pour le premier, de force pour le second), il n'est pas exclu qu'on puisse «lire», de droite à gauche: «Il (Yahvé) assure (le Temple) dans sa force.» Ce qui serait, pour Israël, une façon d'affirmer sa foi au Dieu tout-puissant et en sa présence constante au milieu de son peuple, dans cette Demeure. Le vestibule lui-même, ou portique, d'une dizaine de mètres de largeur et d'environ 5 mètres de profondeur, donnait accès au Saint (hêkal) qui précédait le Saint des Saints (débit) où était déposée l'Arche d'alliance. Ces deux salles étaient entourées d'un déambulatoire de trois étages, plus large au sommet qu'à la base: en encorbellement, semble-t-il, compte tenu de la construction en gradins des murs. Il ménageait 33 chambres de service par étage. On y accédait par le côté droit du mur du sanctuaire, dans lequel s'ouvrait un escalier tournant (l Rois, chap. 6, vers. 5-8). Le hêkal ou «maison grande» était une vaste salle de 20 mètres de long sur 1 0 de large et peut-être 16 de haut (on ne saurait retenir les 120 coudées que suggère le texte des Chroniques dont nous disposons). Elle dominait quoi qu'il en soit les trois étages du déambulatoire, de sorte qu'une claire-voie avait pu être aménagée à la partie supérieure nord et sud pour assurer ventilation et éclairage. Cette salle était lambrissée de planches de cèdre et parquetée de cyprès (I Rois, chap. 6, vers. 15). Des motifs floraux sculptés ornaient les boiseries des murs. On entrait dans le hékâl par une porte à deux vantaux de cyprès dont l'huisserie était en bois d'olivier, décorée aussi de chérubins et de palmes (I Rois, chap. 6, vers.33-35).

La porte du fond donnait accès au Saint des Saints (débîr); toujours béante, elle était voilée d'une tenture brodée, le pârôketh (II Chroniques, chap. 3, vers. 14), de sorte que même les prêtres qui entraient pour le service quotidien dans le hékâl ne pouvaient voir l'intérieur. De part et d'autre de cette porte sacrée entre toutes étaient placés dix menôroth, ou chandeliers d'or, dont les lampes brûlaient en l'honneur de Yahvé (I Rois, chap. 7, vers. 49; 21, Chroniques, chap. 4, vers. 7). À droite, probablement, se trouvait la table d'offrande sur laquelle on plaçait les douze «pains de proposition». L'autel des parfums semble avoir été, lui, devant la porte même du débîr, dans l'axe du Temple.Rectangulaire, il était en bois de cèdre revêtu d'or, et ses angles étaient munis d'acrotères, c'est-à-dire de petits socles sur lesquels on pouvait placer divers ornements et ustensiles comme bassins, couteaux, bols à aspersion, coupes et encensoirs (I Rois, chap. 7, vers. 50). 

Dans le Saint des Saints ou débîr, dont les trois dimensions (largeur, longueur, hauteur) étaient de 1 0 mètres environ, la décoration se faisait plus riche encore puisque toutes les boiseries sculptées étaient recouvertes de feuilles d'or. Au milieu de cette pièce, dans laquelle le grand-prêtre seul pénétrait une fois l'an pour la grande Expiation, était conservée l'Arche des Tables de la Loi. Deux chérubins à face humaine veillaient sur elle, les ailes déployées. L'envergure de ces ailes étaient de 5 mètres, autant que la hauteur des chérubins eux-mêmes. En bois d'olivier sauvage recouvert d'or. Avec l'Arche, ils attestent, dans la ténèbre de cette salle sans fenêtre, la présence divine, mais ne sont ni les signes efficaces ou nécessaires, ni les intermédiaires, puisque Yahvé lui-même est avec son peuple, en vertu de sa seule promesse.

Certes, pour original qu'il ait été, le Temple de Salomon s'apparentait aux monuments religieux du monde cananéen, mais ses constructeurs furent évidemment fidèles à la tradition monothéiste, celle qui respectait la transcendance et la spiritualité du Dieu d'Israël.

M.-C. HALPERN et G. FANUCCHI

© En ce temps-là, la Bible No 31 pages II- III. No 32 pages II-III.


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