Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Archéologie

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La localisation du tombeau de David s'est faite de façon hasardeuse?

Dans l'article intitulé «Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem la parole de l'Éternel» (voir le journal de septembre, page 5ss.), j'ai exposé comment le nom «Sion, s'est transformé et s'est finalement appliqué au lieu que nous connaissons actuellement. La raison avancée alors n'est cependant pas la seule. Déjà Josèphe Flavius, l'historien juif, pensait que la ville de David s'était étendue jusque sur cette colline, la plus haute, qui est devenue plus tard la ville; quant à lui, il n'y avait pas d'autre alternative: le grand roi David avait construit son palais sur cette colline, et non pas dans la ville de David, située nettement plus bas. L'odyssée reliée au «tombeau de David» démontre comment des légendes et des mythes peuvent naître.

Quand, après la deuxième révolte juive contre Rome (132-135 après Jésus-Christ) sous la direction de Bar Kochba, les juifs se virent refuser l'accès de la ville de Jérusalem, ils se mirent à honorer le tombeau de David à Bethléhem, et cela sur base de 1 Rois 2, 10: , David se coucha avec ses pères, et il fut enterré dans la ville deDavid.» Comme David était issu de Bethléhem, où son père Isaïe était enterré, il semblait logique de vénérer là le sépulcre de David, même si l'affirmation – . . . se coucha avec ses pères...» ne signifie pas que la dépouille de quelqu'un eût été déposée dans le tombeau des pères. Ce nouvel endroit fut très vite adopté par les chrétiens qui trouvèrent en Luc 2, 4 une justification à cela: «... dans la ville de David, appelée Bethléhem», la ville où naquit Jésus, bien qu'à l'origine ce nom n'était employé que pour désigner la colline orientale de Jérusalem. Le premier témoignage chrétien concernant cette nouvelle localisation émane d'Eusébius, environ en l'an 330 après Christ. Les musulmans également se mirent à honorer les tombeaux de David et de Salomon à Bethléhem jusqu'au 14e siècle après Christ, même si au 10e siècle une nouvelle tradition chrétienne naquit qui situait le sépulcre de David sur le mont Sion. Comment en est-on venu à cela?

Quand, au début du 5e siècle après Jésus-Christ, la première grande église fut construite sur le mont Sion, laquelle coûta énormément d'argent, on transféra les supposés ossements du martyr Étienne et de deux autres saints dans ce nouvel édifice pour les déposer dans des sarcophages, afin de donner une impulsion aux foules de pèlerins, ce qui ne manquerait pas d'augmenter les revenus. Plus tard cependant, les ossements furent acheminés dans d'autres églises, et les sarcophages restèrent vides jusqu'à ce que l'un d'eux devînt par la suite le «tombeau de David». Quand, en 1099, les Croisés conquirent Jérusalem, ils trouvèrent l'église de Sion détruite. Dans l'annexe sud mieux conservée, ils découvrirent non seulement le soi-disant «tombeau de David», mais aussi celui de son fils Salomon. Les Croisés portèrent leur attention tout spécialement sur le «tombeau de David» et érigèrent un grand cénotaphe (monument funèbre vide), afin de marquer la nouvelle localisation. Ils en trouvèrent une justification dans la prédication de la Pentecôte faite par Pierre en ce même endroit sur le mont Sion, où il parla du sépulcre de David: "Son sépulcre existe encore aujourd'hui parmi nous» (Actes 2, 29).

On prit cette affirmation dans sons sens littéral pour comprendre ceci:ici, en cet endroit!

Peu à peu, le «pseudo-tombeau» de David faisant partie de la nouvelle tradition chrétienne fut adopté par les juifs tout d'abord, par les musulmans ensuite.

Au milieu du 16e Siècle après Jésus-Christ, les franciscains, qui avaient la garde des lieux saints, furent chassés par les musulmans du mont Sion. La salle de la Cène et le «tombeau de David» furent transformés en mosquées pour empêcher un retour des chrétiens. Pour les Juifs, le «tombeau de David» acquit une signification particulière dans les années 1948-1967, quand la vieille ville se trouvait aux mains des Jordaniens et que le Mur des Lamentations, leur lieu saint, était inaccessible pour eux, mais pas le «tombeau de David» sur le mont Sion, qui, en1948 passa aux mains des juifs. De 1948 à 1967, ceci fut l'endroit le plus proche du quartier juif et du Mur des Lamentations que l'on pouvait atteindre. Ce fait conféra à ce lieu une popularité particulière chez les juifs, même si l'on sait aujourd'hui que le sépulcre de David ne se trouve vraiment pas là. Mais les traditions et les coutumes peuvent «sanctifier» un lieu, comme nous le voyons dans le soi-disant «tombeau de David» sur l'actuel mont Sion. Ces endroits peuvent être tellement aimés qu'il est impossible de les changer, le peuple y étant enraciné et profondément attaché. Quant à nous, ce qui importe n'est pas tant l'endroit exact des événements bibliques, mais ce que Dieu leur donne comme signification par le message contenu dans Sa Parole et présenté par Ses serviteurs.

Fredi Winkler

© Nouvelles d'Israël 11 / 1998

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Le monde hellénistique ou vécurent les Maccabées

Lorsque, entre 300 et 280 av. J.-C., le partage de l'empire d'Alexandre le Grand fut accompli, deux grands États, en dehors de la Macédoine, avaient vu le jour: celui des Lagides en Égypte et celui des Séleucides au Moyen-Orient, on trouvera ci-contre (à droite, en bas) la liste des souverains de chacune des deux dynasties et (en haut) les cartes qui délimitent approximativement leurs possessions au début du Ille s. et du II, s.av. J.-C.

Dans ce monde hellénistique, la politique est régie par la combinaison de trois éléments: la rivalité entre Lagides et Séleucides, les difficultés internes de ces deux royaumes, l'intervention de Rome dans les affaires d'Orient.

En 282, Séleucus I, le dernier vivant parmi les généraux d'Alexandre qui s'étaient disputé sa succession, passe le Taurus et occupe l'ensemble de l'Asie Mineure, y compris Pergame. Mais deux ans plus tard, il est assassiné et, en 279 av. J.-C., Ptolémée il s'adjuge Milet, Halicarnasse, la Lydie, la Pamphylie et la Cilicie. Cependant, par le traité de 195, la balance penche de l'autre côté, et Ptolémée V abandonne à Antiochus III ses possessions d'Asie Mineure.

Même alternance du côté de la Syrie et de la Palestine. Dès 286, l'Égypte avait mis la main sur cette dernière; un peu plus tard Ptolémée III avait envahi tout l'empire séleucide jusqu'à l'Inde; en 217, à Raphia, Antiochus III, qui venait de reprendre Séleucie, Tyr et Ptolémaïs, était battu et devait abandonner la Coélé Syrie.

Mais en 200, à la bataille de Panion, il prenait sa revanche sur l'Égypte et faisait passer ces deux régions sous la domination des Séleucides. Ceci explique le changement d'atmosphère qui se manifeste alors en Judée: tandis que dans l'ensemble les Lagides ont su s'attirer la sympathie des Juifs, les Séleucides agiront avec trop peu de discernement et, à partir d'Antiochus Épiphane, déclencheront la persécution et détermineront la révolte de leurs sujets. 


La puissance romaine s'affirme...

À l'intérieur de ses frontières antiques, l'Égypte est en général moins agitée que sa rivale; l'unité est plus facile à maintenir dans une nation monolithique, à quelques possessions maritimes près.

Mais elle n'est pas totalement exempte de soubresauts. Des troubles éclatèrent notamment lors de la minorité de Ptolémée V monté sur le trône à l'âge de six ans, et Ptolémée VI eut des démêlés sérieux avec son frère qui fut proclamé roi par les habitants d'Alexandrie sous le nom de Ptolémée VIII. Finalement ce dernier se retira, mais à la mort de Ptolémée VI il fit assassiner son neveu qui venait d'être proclamé roi et eut l'audace d'épouser sa soeur, Cléopâtre II, veuve de Ptolémée VI. Remous rapides qui n'atteignent pas encore les fondements de l'empire lagide. 

Il n'en est pas de même chez les Séleucides. Le premier soin ce Démétrius I lorsque, s'étant échappé de Rome, il parvient en Syrie, est de faire mettre à mort le roi Antiochus V. Mais bientôt Alexandre Balas, fils très incertain d'Antiochus IV, se présente comme adversaire du nouveau prétendant.

Démétrius le bat mais trouve la mort au soir de sa victoire. À la mort d'Alexandre Balas, deux compétiteurs sont encore en présence: Démétrius II et Antiochus VI. Peu après s'être débarrassé de son adversaire, Démétrius Il sera fait prisonnier par les Parthes.

Rome a commencé d'intervenir en Macédoine parce que, durant la deuxième guerre punique, le roi Philippe V s'était allié à Annibal, espérant partager avec lui les territoires dépendant de la puissance romaine. À ce moment, Antiochus III aurait pu faire cause commune avec le Macédonien, mais tout en s'affirmant son allié, il préféra profiter de ses difficultés pour s'emparer de certaines villes d'Asie Mineure.

Puis ce fut la victoire des Romains à Cynoscéphales (197). Aussitôt les vainqueurs signifièrent à Antiochus la défense de franchir les détroits et de pénétrer en Europe, comme aussi de s'emparer sur la côte d'Asie Mineure des cités indépendantes. Mais en 192, après de vains pourparlers avec les délégués du Sénat, Antiochus passa en Grèce. Les succès alternèrent avec les revers; finalement il revint en Asie Mineure où le suivirent les légions romaines commandées par les Scipions. Une nouvelle occasion échappait à l'Orient peu après: au lieu de s'allier à Antiochus, ce qui aurait pu mettre les Romains en danger grave, Philippe V de Macédoine leur facilita la tâche; et en janvier 189' Antiochus subit une lourde défaite à Magnésie du Sipyle.

Le même scénario se répète vingt ans plus tard: à Pydna en 168, Persée, le dernier roi macédonien, est battu par les Romains, tandis que le Séleucide Antiochus IV pense le moment venu pour lui de s'emparer de l'Égypte. Mais Rome l'humilie à son tour C. Popilius Laenas, près l'Alexandrie où il est venu à sa rencontre l'oblige à renoncer à sa conquête.


... par la diplomatie plus encore que par les armes

L'Égypte elle-même sort affaiblie du fait des interventions de Rome: lors du conflit entre Ptolémée VI et son frère qui sera Ptolémée VIII, l'intervention du Sénat fait attribuer à celui-ci la Cyrénaïque, puis l'île de Chypre (163). Si, à la mort de Ptolémée VI, Ptolémée VIII rétablit la situation à son profit, la monarchie lagide n'en a pas moins reçu un choc violent.

À la même époque, le Sénat romain fut mis dans l'embarras par la crise dynastique qui éclatait dans l'empire séleucide. À la mort d'Antiochus IV, le fils de Séleucus IV (futur Démétrius I) s'enfuit de Rome où il vivait comme otage, et s'en vint revendiquer le trône de Syrie. Le Sénat le reconnut, mais en même temps il soutenait officiellement Timarkos, satrape de Babylone, qui avait proclamé son indépendance. Plus tard les sénateurs romains prirent le parti d'Alexandre Balas, donné comme fils d'Antiochus IV, le préférant à Démétrius II, que leur recommandait le père de ce dernier Démétrius I (150). Un peu auparavant, n'avaient-ils pas conclu une alliance avec les Juifs, alors que ceux-ci étaient en pleine révolte contre le souverain séleucide (161)?

Cependant, à la différence de ce qu'elle fit en Macédoine, Rome n'intervint plus militairement dans le domaine séleucide depuis 189 av. J.-C. Par contre sa diplomatie y fut très active, poursuivant toujours le même but: affaiblir les dynasties hellénistiques l'une par l'autre, tout en affichant un désintéressement total.

J. DHEILLY

Professeur à l'institut catholique de Paris

© En ce temps-là, la Bible No 38 pages II-III.


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Naguère agriculteurs, éleveurs ou artisans, les exilés se font commerçants ou banquiers

On imagine généralement bien mal ce que fut le séjour forcé des Israélites en Mésopotamie. Werner Keller, véritable reporter de l'antiquité biblique dans son excellent ouvrage «La Bible arrachée aux sables», a suivi les déportés jusque sur l'Euphrate. Les recherches dont il est fait état éclairent bien la situation de ceux qui entendirent les prophètes de l'Exil.

«Bâtissez des maisons et habitez-les, plantez des jardins et mangez leurs fruits... Cherchez la paix de la ville où je vous ai fait déporter, et priez Yahvé pour elle, car sa paix sera votre paix» (JÉRÉMIE, chap. 29, vers. 5-7).

Ainsi s'exprimait Jérémie, s'adressant de Jérusalem aux anciens, aux prêtres, aux prophètes, à tout le peuple qui, sur l'ordre de Nabukodonosor, avait été exilé. Son conseil fut suivi: les déportés recherchèrent «la paix», c'est-à-dire le bien de la ville, et leur sort ne fut pas précisément mauvais. Le séjour des enfants d'Israël à Babylone n'avait rien de commun avec le travail forcé auquel leurs ancêtres du temps de Moïse furent astreints en Égypte, à Pitom et à Ramsès (EXODE, chap. 1, vers. 11).

Il n'est nulle part question de travaux de briqueterie exécutés à l'époque, quoique Babylone possédât sans doute la plus grande fabrication de briques de l'Orient ancien, car jamais on n'avait autant construit en Mésopotamie que sous Nabukodonosor.

Ceux qui suivirent les conseils de Jérémie n'eurent pas à s'en plaindre: certains d'entre eux menèrent même une vie confortable. Une famille qui a réussi nous a laissé ses archives. Il s'agit de la firme «Murashu et fils» – banque internationale, assurances, locations, prêts, meubles et immeubles – dont le siège était à Nippur et qui entretenait des succursales dans tout le pays. C'était une entreprise de renommée mondiale, quelque chose comme les «Lloyds» de l'Antiquité. Ces Murashu – personnes déplacées de Jérusalem – avaient su se faire une situation enviable, à partir de587 avant notre ère. Leur banque subsista longtemps; on la connaissait encore en Mésopotamie du temps des Perses. Leurs «papiers d'affaires» sont riches en détails intéressants sur la vie des déportés, leurs noms, leurs occupations et leurs propriétés.

Des savants de l'université de Pennsylvanie découvrirent une partie de ces archives dans les ruines de Nippur. Elles étaient enfermées dans de grands vases en terre cuite, soigneusement bouchés avec de l'asphalte. Les assyriologues ne furent pas les seuls à lire avec plaisir leur traduction.

Les bureaux de Murashu et fils connaissaient une grande animation. Durant un siècle et demi, l'entreprise jouit de la confiance de ses clients qui se recrutaient dans tous les milieux, depuis les gros fermiers et les concessionnaires de canaux jusqu'aux esclaves. Ceux qui ne savaient pas écrire imprimaient la marque d'un ongle au bas des documents en guise de signature, ce qui correspondait alors aux trois petites croix que les analphabètes de notre temps apposent devant témoins au bas des pièces qu'ils sont amenés à signer.


Actes notariés, contrats de garantie et prêts à 20 %

Un jour, trois joailliers se présentèrent chez Murashu et fils... Elil-aha-iddina, Belsunu et Hatin s'adressèrent en ces termes à Elil-nadin-sum, fils de Murashu: «En ce qui concerne la bague ornée d'une émeraude, nous en garantissons la monture pour une durée de vingt ans. Si la pierre devait tomber avant les vingt ans en question, Elil-aha-iddina, Belsunu et Hatin verseront à Elil-nadin-sum la somme de dix mines d'argent.» Suivent les griffes de sept personnes. Devant le nom du notaire se trouvent les empreintes de trois ongles: ce sont les signatures des trois joailliers qui ne savaient pas écrire.

Le Juif exilé Mannudannijama consulta Murashu et fils parce qu'il avait l'intention de conclure avec un Babylonien un contrat de fermage pour un troupeau comprenant treize vieux béliers, vingt-sept béliers de deux ans, cent cinquante-deux brebis pleines, quarante béliers d'un an, quarante brebis d'un an, un vieux bouc, un bouc de deux ans...

La banque recevait aussi des cautions pour des débiteurs emprisonnés. Elle avait des sections spécialisées pour chacun des cas qui pouvaient se présenter. L'intérêt versé était de 20 pour cent, comme le voulait la coutume d'alors.


Commerce et industrie ont servi la foi d'Israël

Les établissements Murashuet fils fournissent en quelque sorte le prototype des professions qui devinrent celles des enfants d'Israël après l'exil. Dans leur patrie, ils avaient été agriculteurs, colons ou éleveurs et parfois artisans. La Loi d'Israël ne comportait aucune disposition concernant le commerce; cette activité était inconnue des Juifs. Le mot «Cananéen» symbolisait pour eux ces «marchands» contre lesquels les prophètes ne cessèrent de fulminer: Canaan tient en mains des balances trompeuses (OSÉE, chap. 1 2, vers. 8).

On a rarement compris que l'adaptation à des professions qui, jusque-là, étaient considérées comme méprisables constitua une manoeuvre extrêmement habile, car c'est à elle comme à son attachement aux anciennes croyances qu'Israël dut de survivre en tant que peuple. En effet, si les Israélites étaient restés des paysans ou des colons, ils se seraient disséminés dans tout le pays et, en quelques générations, auraient fini par être absorbés par les populations indigènes. Leurs nouvelles professions les maintinrent dans les grandes villes où ils purent constituer des communautés et continuer leurs pratiques religieuses. D'autre part, les fils d'Israël n'auraient pas pu rêver d'une école plus efficace que Babylone, qui était à l'époque, parmi les grandes villes qui devaient accueillir les apatrides, la métropole incontestée du commerce international et del'industrie. En effet, cette capitale, dont les ruines, après deux millénaires et demi, laissent encore deviner la puissance, n'eut pas sa pareille dans le monde ancien.

Werner KELLER

© En ce temps-là, la Bible No 65 pages II-III


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Ninive la grande cité devint tout à coup un "désert"

Il y a près de vingt-six siècles, Ninive, la capitale prestigieuse de l'empire assyrien que l'auteur du livre de Jonas avait choisie pour représenter les nations à convertir au vrai Dieu, était anéantie par une coalition de terribles guerriers, Babyloniens, Mèdes et Scythes. Ceux-ci en firent, en effet, «un endroit désolé, tel un désert» (SOPHONIE, chap. 2, vers. 13).

La vie ne reprit jamais à Ninive après le désastre de 612 av. J.-C. La glorieuse cité demeura une ruine de briques où, comme après un bombardement, quelques pans de murs se dressaient encore çà et là. Au début du siècle dernier, ses vestiges n'étaient plus que deux grands monticules, ou «tells», dont un seulement jusqu'ici, le «Quyundjik», a pu être fouillé. Long d'un kilomètre, large de six cents mètres, il est haut de près de trente mètres. Le tell «Nebi-Yunus», voisin, ne put jamais être exploré, car s'y trouvent édifiés un village et une mosquée. Au surplus, le cimetière musulman qui s'étend sur ses pentes interdit toute violation du site par les archéologues.

Dès le milieu du XIXe siècle, ces deux tells avaient attiré l'attention des archéologues. Le premier, le consul français P. E. Boita, commença les fouilles en 1842. Trois ans plus tard, l'Anglais Layard, puis Victor Place, consul de France lui aussi, prirent successivement la relève. L'exploration continua, avec des interruptions plus ou moins longues, jusqu'en 1932.

Les découvertes permettent d'affirmer que la fondation de la ville remonte au VI ou au IVe Millénaire avant notre ère. Mais la splendeur de Ninive date du règne de Salmanasar I (1273-1244 av. J.-C.) et dura jusqu'à la chute brutale, à la fin du VIIe siècle.

Ainsi, depuis le Xllle siècle, la plupart des souverains ont doté la cité de monuments somptueux, Sargon Il (722-705) excepté, qui avait décidé de fonder une nouvelle capitale, Khorsabad, à moins de vingt kilomètres de là. Après lui, Sennakérib (704-681) revint à Ninive qui, après ces quelques années d'éclipse, reprit son rang de capitale. Durant les vingt-cinq années de son règne, ce souverain fastueux se fit construire un superbe palais dont on a découvert les restes au sud de la ville; il édifia des temples, dressa des remparts, traça des rues, créa tout un réseau de canalisations d'eau, dessina des jardins publics. Cette activité de bâtisseur sera d'ailleurs imitée par ses successeurs: Asarhaddon (681-669) et Assurbanipal (668-626 av. J.-C.) qui, lui aussi, construira un palais royal, mais au nord du site.


L'amour, la guerre... et l'écriture

Les archéologues ont aujourd'hui dégagé les deux temples principaux: l'un est consacré à Ishtar, déesse de l'amour et des batailles à laquelle la ville tout entière était vouée, ce qui ne saurait surprendre lorsqu'on connaît le goût qu'avaient les Assyriens pour la guerre. L'autre sanctuaire était celui de Nabu, «dieu de l'écriture».

La bibliothèque constituée par Assurbanipal confirme que la littérature florissait à Ninive. Des centaines de tablettes cunéiformes traitant des sujets les plus variés ont été exhumées: - plus de trois cents tablettes où étaient inscrits des présages divers, - environ deux cents tablettes lexicographiques, -une centaine de tablettes de prières et d'incantations (en sumérien et en akkadien), - cent tablettes de conjurations et de textes épiques ou sapientiaux.

Ainsi, dans la deuxième moitié du VIIIe siècle av. J.-C., Ninive paraît être une métropole prestigieuse, et d'une immense étendue si l'on s'en rapporte au livre de Jonas (chap. 3, vers. 2): «Ninive était une grande ville devant Dieu, longue de trois jours de marche.»

Sur la foi de ce texte, on a longtemps cru qu'il s'agissait en effet d'une cité démesurée, au périmètre gigantesque. En fait, l'archéologie a démontré que, bien qu’importantes pour l'époque, ses dimensions n'avaient rien d'exceptionnel. Les spécialistes ont alors pensé que le verset n'était qu'amplification poétique, le livre de Jonas relevant plus du «midrash» que de l'histoire. Mais il revenait à l'assyriologue André Parrot de fournir une explication plausible: un Jonas ou tout autre visiteur pouvait mettre trois jours, non pour traverser la ville de Ninive elle-même, mais pour parcourir l'énorme agglomération, sorte de «Grand Ninive», de «région ninivite», faite d'un chapelet de cités toutes voisines, s'étendant sur une longueur de quelque quarante kilomètres, depuis Khorsabad au nord, jusqu'à Nimrud au sud.

C'était un colosse aux pieds d'argile. Pris dans le tragique engrenage de la guerre sans cesse recommencée, il ne se relèvera jamais du coup décisif que lui portèrent ses rivaux unis pour l'abattre. Et Ninive passera sans transition du faîte de la gloire à la nuit de l'oubli.

M.-C. HALPERN

© En ce temps-là, la Bible No 71


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32 siècles après, la stèle de Ménephtah nous apprend pourquoi Israël n'attaqua pas le pays de Canaan par le Sud.

Le livre des Nombres que nos lecteurs connaissent, rapporte comment après une exploration du pays de Canaan par des éléments de reconnaissance, très impressionnés certes par la richesse mais aussi par la puissance des adversaires qu'il fallait affronter pour entrer dans la «Terre promise». Le peuple d'Israël parvenu à Cadès, frontière sud de Canaan, dut renoncer au plan initial et faire un large détour pour revenir prendre ses positions par delà le Jourdain, sur la frontière de l'est en vue de l'invasion.


La Bible donne certes à cette manoeuvre des motifs qu'aucun historien ne saurait discuter: Yahvé punit de cette manière ceux qui ont manqué de foi en Lui, en sa promesse, et en sa toute-puissance. Mais rien n'empêche de constater, lorsque l'occasion s'en présente, comment l'accomplissement des desseins de Dieu paraissent s'harmoniser parfois de façon évidente avec les faits connus autrement qu'à travers le texte biblique. Rationaliste, on verra là une adaptation a posteriori faite par l'auteur sacré qui écrit après l'événement dont il a connaissance, et dont il pouvait tirer parti. Raisonnant et raisonnable, on peut aussi considérer tout bonnement que Dieu est maître de tout... et aussi de l'histoire profane des hommes. Rien ne s'oppose à ce qu'elle recoupe çà et là l' «Histoire sainte»; la première n'engageant d'ailleurs jamais la seconde, pour ce que celle-ci apporte d'enseignements inspirés. 

Il se trouve qu'outre les motivations issues de la juste colère de Yahvé à la suite de la révolte de son peuple près de Cadés (Nombres, chap. 14), il existe des raisons militaires, dignes d'être prises en considération par les hommes avisés que devaient être Moïse et les chefs des Hébreux, pour que les tribus d'Israël «changent de direction» et fassent un crochet «dans la direction de la mer Rouge» avant de revenir, bien plus tard, sur leur objectif. 

Nous sommes, d'un avis quasi unanime, dans les décennies qui précédent immédiatement l'an 1200 av. J.-C. C'est l'époque où commence la décadence de l'empire égyptien devant les incursions de plus en plus puissantes des«peuples de la mer» dans les territoires théoriquement soumis à Pharaon. Le delta du Nil n'en est pas lui-même exempt. Le danger à l'ouest est en Libye, et l'armée égyptienne devra livrer sur son propre territoire une grande bataille contre l'envahisseur venu de ce pays. Il est aussi à l'est avec, par exemple, le débarquement sur la côte de Canaan des Philistins, qui semble bien se situer à cette date:

les espions des Hébreux partis de Cadés n'en font pas encore mention, mais Josué les rencontrera lors de la conquête de la Terre promise (Josué, chap. 13, vers. 2 et suivants). Cette menace est aggravée par la présence des Hittites, contre qui Ramsés Il a déjà dû guerroyer sur l'Oronte, près de la Cadés du nord, vers 1285 av. J.-C. 

Or voici que la stèle découverte dans le temple des morts de Ménephtah (1235-1224 env. av.

J.-C.) un des successeurs de Ramsés II, à Thèbes, relate une campagne victorieuse des forces égyptiennes sur ce qui sera désormais appelée «la Palestine». 

Ébranlée, affaiblie, l'Égypte était encore singulièrement redoutable au regard de ce que pouvait être l'armée constituée par les guerriers des douze tribus errantes du désert. Humainement, mieux valait laisser le champ libre à Pharaon qui ne pouvait, lui, que pénétrer par le sud en Canaan, et qu'affaiblir, par la guerre qu'il y allait mener, les redoutables places fortes et les peuples qu'on affronterait un jour.

Le nom d'Israël sur un monument égyptien Le texte gravé sur cette stèle est éloquent: «La joie règne en Égypte,... le pays des Hittites est pacifié, Canaan est conquis avec tous ses peuples, Ascalon est soumise, Gézer emportée, Yéonam ruinée.» Et pour la première et unique fois, le nom même d'Israël figure ici sur un monument égyptien. On peut y lire: «Israël est ravagé.» Comment l'expliquer?

Peut-être certaines fractions du peuple hébreu, suivant une autre voie que celle de Moïse, eurent-elles affaire aux troupes de Ménephtah. Peut-être aussi le pays' d'où était venu Jacob-lsraël, et que les Hébreux revendiquaient notoirement, est-il seul visé?

Quoi qu'il en soit, cette pièce rare; jette peut-être un jour nouveau sur les hésitations d'Israël au seuil, méridional de la Terre promise, et permet-elle de fixer une date approximative aux événements rapportés par les Nombres, de Cadès-Barné aux plaines de Moab: autour de 1230 av. J.-C. 

© En ce temps-là, la Bible No 14 pages II- III.


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Qu'est-ce qui attend Israël dans les prochaines années?

La difficile année 5759 de nouvelles élections?

La nouvelle année juive a commencé avec les deux jours fériés Rosh Hashana les 21 et 28 septembre. Les festivités à l'occasion des «3000 ans de Jérusalem et des «50 ans de l'État d'Israël» sont terminées depuis peu. À Oslo, une fête a été célébrée en août en souvenir de la signature du traité de paix; Netanyahou n'a pas donné suite à l'invitation qui lui a été adressée. L'an 2000 est tout proche; Israël attend plus de quatre millions de touristes. Mais que doit-il arriver dans ce pays au cours de l'an juif 5759?

(EDU-Standpunkt, octobre 1998)

L'Écriture Sainte indique clairement au-devant de quels événements Israël va. Disons, dans les grandes lignes, que cette nation va encore connaître des temps bien sombres avant que ne se lève le soleil de justice.

Les efforts chaotiques et épuisants pour parvenir à la paix, la pression sans cesse croissante des pays occidentaux sur le gouvernement israélien et la menace de plus en plus prononcée que représentent l'islam et les États arabes, tout cela fera que les juifs concluront une «alliance de paix» avec l'Antichrist (Dan. 9, 27). Cela se réalisera parce qu'Israël ne s'enquiert pas du Dieu vivant. Cette «solide alliance», que le gouvernement israélien signera avec le faux «prince de paix», se révélera rapidement n'être qu'un pacte avec la mort (Ésaïe 28, 14-15).

Cette alliance sera rompue, avec pour conséquence que pratiquement le monde entier se dressera contre le peuple juif, qui passera alors par la grande tribulation. Israël deviendra une coupe d'étourdissement pour les peuples voisins et une pierre pesante pour toutes les nations (Zach. 12, 2-3). Il sera encore attaqué par l'Égypte, la Syrie et «Gog, du pays de Magog» ainsi que par les peuples de l'Extrême-Orient (Dan. 11, 40-45; Ez. 38-39; Apoc. 16, 12). Jésus a prédit une détresse «si grande qu'il n'y en a point eu de pareille depuis le commencement du monde jusqu'à présent, et qu'il n'y en aura jamais» (Matth. 24, 21). Une division se produira alors au sein du peuple. Selon Daniel 12, 4, «plusieurs courront çà et là, et la connaissance sera augmentée» (version Darby).

Et d'après le verset 10, plusieurs se convertiront et seront purifiés; mais les autres resteront sourds et continueront à agir avec impiété. Nombreux seront les Juifs qui se trahiront les uns les autres (Matth. 24, 10; Marc 13, 12), et cela parce que certains appartiendront au résidu pieux tandis que les autres se cramponneront à l'alliance avec l'Antichrist. Pratiquement à la fin de la grande tribulation, l'inimitié des nations débouchera sur le combat d'Harmaguédon, heure à laquelle le Seigneur reviendra visiblement pour sauver Son peuple (Zach. 13, 8; 14, 4-5; Rom. 11, 26). Ensuite, Dieu rassemblera encore un reste de toutes les nations (Ez. 3 9, 28; Matth. 24, 31) en jugement. Manifestement, ce ne seront pas tous les Juifs qui seront estimés dignes d'entrer dans le royaume du Seigneur (Ez. 20, 35-38); une distinction s'opérera entre le vrai Israël (les sauvés) et ceux qui ne porteront que le nom de Juif, mais n'échapperont pas en raison de leur rébellion contre le Seigneur (Rom. 9, 6). Ce reste d'Israël deviendra sous l'autorité royale de Jésus, son Messie, la tête et le centre des nations. Une paix richement bénie avec les États arabes, aujourd'hui encore islamiques, s'installera (Es. 19, 23-25). La lutte contre les Palestiniens sera mise de côté de sorte que ce peuple aussi connaîtra la paix et le repos. Mais Israël sera au plein bénéfice de cette élection: «L'année de mes rachetés est venue» (Es. 64, 4).

N.L.

© Appel de Minuit 01 / 1999


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Le roi David a été enterré sur l'actuel mont Sion?

La réponse est claire: Non! Car les rois de Juda furent presque tous enterrés au même endroit à l'intérieur de la ville de David. C'est ainsi qu'il est écrit pour la première fois, à l'occasion de la mort de David, en 1 Rois 2, 10: David se coucha avec ses pères et il fut enterré dans la ville de David.» On appela «ville de David» la partie de la cité qu'il avait prise aux jébusiens. À l'époque, la montagne de Sion, où l'on honore aujourd'hui la tombe de ce roi, se trouvait largement en dehors des murailles de la ville. Ce fut toujours un problème pour les historiens juifs d'expliquer comment des tombeaux ont pu être installés à l'intérieur de la ville, alors qu'une tombe est un endroit impur et doit normalement se trouver en dehors de la cité.

L'ensevelissement en dehors des murailles n'était probablement pas encore une obligation, et cela d'autant plus qu'il s'agissait ici du roi et de sa maison. De plus, c'était alors l'usage dans l'espace méditerranéen oriental d'enterrer des monarques à l'intérieur des murs de leur capitale, et, dans bien des cas, même dans leur palais ou leur citadelle. Cette tradition a été manifestement maintenue (à quelques exceptions près) pour toute la dynastie de David.

Où peut-on trouver les tombes des rois de Juda dans la ville de David? Une mention intéressante en est faite en Néhémie 3, 1316, où nous est décrite la construction des murailles de la ville avec la porte de la vallée, celle du fumier et celle de la source ainsi que le réservoir de Siloé, le jardin du roi et les degrés descendant de la cité de David, comme limites. Ces lieux ou bornes sont plus ou moins bien connus des archéologues. Nous, des non-initiés connaissons surtout le réservoir de Siloé. Nous trouvons ceci de très important au verset 16: (Après lui Néhémie, fils d'Azbuk, chef de la moitié du district de Beth-Tsur, travailla aux réparations jusque vis-à-vis des sépulcres de David...» Ainsi donc, c'est ici, presque au point le plus bas de la ville de David, que nous devons chercher les tombeaux de la dynastie de David. 

L'archéologue Raimund Weil les a cherchés et a découvert des sépulcres taillés dans le rocher, certes fort abîmés, mais toujours impressionnants, lors de fouilles effectuées en 1913/14, exactement à l'endroit indiqué. Pour la plupart des archéologues, ils étaient trop peu imposants pour être des sépulcres dignes du grand roi David et de sa descendance; d'après le style de construction, ils ne cadraient pas avec le schéma de leurs idées d'archéologues, etc. Mais jusqu'à l'époque du Nouveau Testament, le tombeau de David est resté à Jérusalem; Pierre en fait mention dans son discours de la Pentecôte: «hommes frères, qu'il me soit permis de vous dire librement, au sujet du patriarche David, qu'il est mort, qu'il a été enseveli et que son sépulcre est encore aujourd'hui parmi nous» (Actes 2, 29). Le sépulcre était donc encore là, mais les ossements probablement plus. Ils furent dispersés par les Babyloniens et servirent d'engrais aux champs, selon la prophétie de Jérémie 8, 1-2. Les sépulcres ont continué d'exister comme sanctuaires nationaux vraisemblablement jusqu'à la deuxième révolte juive contre les Romains sous Bar-Kokhba dans les années 132-135 après Jésus-Christ.

Lorsque Jérusalem fut détruite pour être ensuite reconstruite comme ville romaine appelée Aelia Capitolina, les tombeaux des rois furent détruits avec les ruines restantes du temple, et cela afin de supprimer tout lien juif avec Jérusalem. En ce qui concerne les tombeaux des rois, ils ont pleinement réussi.

Nous nous proposons de répondre, dans le prochain journal, à la question: Comment en est-on venu à honorer le tombeau de David sur l'actuel mont Sion?

FW

© Nouvelles d'Israël  10 / 1998


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LES ROIS DE SAMARIE

Après la mort de Jéroboam 1er vers 914 av. J. -C., on ne rencontre plus qu'un ou deux souverains remarquables. Omri (885-874) c'est sûrement qui monte sur le trône après une farouche guerre civile, et se montra monarque énergique et prévoyant. L'impression qu'il produisit sur ses contemporains fut telle que son nom, dans les documents étrangers, resta attaché au royaume d'Israël jusqu'à la chute de Samarie.

Au début de son règne il rétablit l'ancienne suzeraineté sur Moab. Pour développer le commerce de son royaume et pour se protéger contre la puissance grandissante de celui de Damas, Omri conclut avec les Phéniciens une alliance qu'il cimente par un mariage entre son fils Achab et Jézabel, fille du roi de Tyr.

Mais la politique d'Omri porte des fruits véreux sur le plan religieux. Comme il en avait été au temps de Salomon, l'influence due aux alliances favorisa l'importation de cultes païens et notamment celui du Baal de Tyr, avec ses sacrifices humains. Jézabel développa en outre en Israël la notion d'absolutisme dans l'exercice du pouvoir royal, si contraire à la conception juive de la monarchie. L'intervention du prophète Élie en faveur de Naboth, spolié de sa vigne, par exemple, montre tout à la fois combien on s'était écarté de l'authentique tradition mosaïque, et à quel point le respect du pauvre importait au Dieu du Sinaï. Achab meurt en 853. Ses deux fils lui succèdent l'un après l'autre: Okozias (853-852) et Joram (852-841). Pendant ce temps, la reine-mère Jézabel, toujours à Samarie, demeurait toute puissante. Mais les meilleurs éléments continuaient à lutter contre l'injustice sociale et contre les perversions de la religion.

À leur instigation, Jéhu, un des brillants généraux de Joram, s'empara du trône en 841. Ce fut une révolution aussi bien religieuse que politique. La dynastie d'Omri disparut et les adorateurs de Baal furent exterminés.

La «maison de Jéhu» devait régner durant un siècle: de 841 à 743. Durent cinq générations, le fils succéda au père. Ce fut une sorte de record pour le royaume du nord. Différentes incursions étrangères marquèrent cependant cette période. Israël fut terrassé à plusieurs reprises.

Sous le règne de Joachaz (814-798), Samarie, une première fois assiégée, ne fut sauvée que par une soudaine panique jetée dans le camp syrien. 

Il y eut quelque répit pour le royaume de Samarie sous Jéroboam Il (783-743). Le commerce reprit son essor; on vit un afflux de richesses vers le pays.


La succession assurée par le crime

Mais la plus importante dynastie d'Israël finit comme elle avait débuté: dans le sang. En 743, le fils de ce Jéroboam est assassiné et le pays glisse vers l'anarchie. Durant les dix années qui suivent, trois souverains sur quatre meurent assassinés. L'Égypte au sud et l'Assyrie au nord avaient chacune dans l'État juif des partisans qui intriguaient en leur faveur. Vers 738, Israël doit payer tribut à l'Assyrien Téglat-Phalesar III, et vers 730, le roi Osée devient vassal de l'Assyrie. Il s'efforce de retrouver son indépendance en se tournant vers l'Égypte et en refusant de payer le tribut annuellement levé par le suzerain. Le châtiment ne se fait pas attendre: l'Assyrien Salmanasar V fonce vers Samarie. L'Égypte n'apporte pas l'aide promise. Samarie est assiégée. Mois après mois, la capitale du nord tient pendant près de trois ans grâce à sa forte position et à ses fortifications massives. Puis elle tombe devant Sargon II, le successeur de Salmanasar, et, en 721, ou peut-être dès les derniers mois de 722, elle est rasée au sol. Le royaume du nord a cessé d'exister, et les tribus qui le composaient, déportées en partie, ou assimilées par l'occupant, sont à jamais «perdues». C'est par le seul royaume du sud, le royaume de Juda, que vont désormais se perpétuer la tradition et l'histoire des Juifs.

© En ce temps-là, la Bible No 27 page III.


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Le royaume de Juda fidèle à la ligne de David

L'histoire de Juda, royaume du sud, est très différente de celle d'Israël, royaume du nord. Elle est moins peuplée d'aventures. Il n'y a guère de dissensions dans la maison de David, où par ailleurs jamais ne manque un héritier pour occuper le trône du grand ancêtre. Ici les querelles de succession furent rares. Grâce à cette stabilité, la dynastie acquit une popularité exceptionnelle qui ne disparut jamais, même lorsque, de l'indépendance, ne subsista plus qu'un rêve.

Le royaume demeuré aux mains de Roboam, fils de Salomon, ne représentait guère que le sixième de la superficie réellement occupée par les Israélites ou les populations tout à fait assimilées:

la suzeraineté sur les territoires méridionaux d'Édom et du Néghev, quasiment désertiques, était factice, et fut bien rarement exercée. Les grandes routes des caravanes et les voies militaires importantes ou bien passaient plus au sud, de l'Arabie à l'Égypte, ou bien longeait la côte méditerranéenne à travers Israël et le pays resté en puissance des Philistins. Juda pèsera donc moins que le royaume du nord dans les démêlés internationaux du moment. Mais, sur le plan de l'histoire universelle, il jouera un rôle décisif malgré son exiguïté et malgré la ruine qui mettra fin à l'État monarchique autonome. Dans ce territoire minuscule, berceau du judaïsme – pas plus grand que notre Bretagne –, s'affermirent les idées et les lois qui, avec celles d'Athènes et de Rome, devaient fournir les bases mêmes de notre civilisation.


L'héritier de David sauvé du massacre

L'histoire des rois de Juda est sans grand relief. Sur le plan politique, Roboam et ses successeurs immédiats furent surtout occupés par le conflit avec les séparatistes d'Israël, ce qui impliquait malgré tout quelques intrigues et alliances avec les puissants voisins. Mais, sous Josaphat (871-848) les relations entre les deux États israélites devinrent plus cordiales. On sait que l'héritier de Josaphat, Joram de Juda (848-841) épousa Athalie, la fille d'Achab, roi d'Israël, et de Jézabel. Athalie, très ambitieuse et digne fille de sa redoutable mère, s'empara du trône de Jérusalem lorsque le fils et successeur de Joram, Okozias (841) eut péri dans sa lutte contre Jéhu. Celui-ci, après avoir provoqué la chute de la dynastie d'Omri dans le nord, au cours de cette journée mémorable qui reçut le nom de «Jour d'Yizréel», s'apprêtait à restaurer l'unité nationale en réunissant à son profit les deux royaumes. La réalisation de ce projet paraissait à portée de la main: le roi de Juda était mort, sa cour décimée, les portes de Jérusalem semblaient ouvertes. Mais de façon inattendue et très grave de conséquences elles se refermèrent brusquement: par un assassinat collectif de tous ceux, pensait-elle, qui pouvaient prétendre légitimement au trône, Athalie s'assurait le pouvoir. Elle le garda six ans (841-835).

Le «Jour d'Yizréel» lui avait ravi sa mère Jézabel, son frère Joram d'Israël, son fils Okozias (21 Rois, chap. 9, vers. 24-27). Elle se savait visée par Jéhu comme dernière «alliée» de la famille maudite. S'assurer le trône de Juda était pour elle une question de vie ou de mort, c'était aussi l'aboutissement de cette passion de la tyrannie qui n'avait cessé de l'animer comme elle avait agité sa mère Jézabel.

Athalie ménagea le sacerdoce et n'accompagna son coup d'État d'aucune mesure répressive contre le culte de l'Éternel.

Certes, les prêtres refusaient de la considérer comme souveraine légitime, mais Jéhu n'était pas de la lignée de David et n’avait pas davantage de titre de légitimité. On verra comment (2e Rois, chap. 11, vers. 4 et suivants) un stratagème du grand prêtre Joïada rétablit Joas, descendant de David échappé au massacre, sur le trône de ses pères. La lignée légitime ainsi rétablie à Jérusalem, les deux États vécurent ensuite, pour autant qu'on le sache, côte à côte, sans alliance entre eux, mais sans guerre si ce n'est un unique et bref affrontement aux causes obscures (2e Rois, chap. 14, vers. 8-14). Ce ne fut qu'après la chute de Samarie, en 721, que Juda intéressa vraiment les maîtres de la haute politique: il était devenu le plus voyant des petits États tampons entre les deux grands de l'époque: l'Assyrie au nord et l'Égypte au sud. Au début de son règne troublé, Ézéchias fit l'impossible pour garder une neutralité prudente mais précaire. Longtemps il résista à la tentation de se ranger ouvertement aux côtés des pays du sud soutenus par l'Égypte. Mais l'accession au trône d'Assyrie de Sennakérib, en 704, et la révolte qu'elle déclencha, l'encouragea finalement à devenir membre de la coalition. La réaction assyrienne ne se fit pas attendre. Sennakérib soumit d'abord une à une toutes les cités philistines de la côte, battit l'armée égyptienne, et pénétra en Judée. On pensait que Jérusalem investie allait subir le sort de Samarie. Pour des raisons que les historiens s'expliquent mal mais que le texte sacré éclaire (2e Rois, chap. 19, vers. 35), les Assyriens changèrent leur plan: ils conclurent en hâte la paix avec l'Égypte, et le siège de la ville sainte fut levé. La capitale et l'État avec elle étaient pour cette fois sauvés. Aux yeux de tous, cette délivrance attribuée à une intervention surnaturelle ne cédait, en miracle, qu'à la libération d'Égypte.

Juda devint pourtant vassal de l'Assyrie qui, au cours d'une seconde campagne l'avait dépouillé en outre de quelques territoires. Il devait payer tribut, fournir des contingents aux armées, participer à la cérémonie d'hommage rendu au «Roi des Rois».

Voilà qui n'allait pas sans aggraver la décadence religieuse. Sous Manassé et Amon, elle fut telle qu'on vit célébrer les dieux étrangers jusque dans le Temple de Jérusalem.

Une imprudente ferveur patriotique

Le roi Josias (640-609) devait restaurer le culte de Yahvé dans toute sa pureté (2 ème Rois, chap. 22 et 23). On assiste alors à une vraie renaissance: la ferveur religieuse n'a d'égale que la ferveur patriotique.

Mais celle-ci devait être l'origine lointaine de la ruine définitive: on résolut de réaffirmer l'indépendance du pays, qui avait subi une singulière éclipse durant les quatre règnes précédents. Les conditions politiques étaient favorables: l'empire assyrien s'était effondré sous les coups portés par un prince babylonien Nabopolassar, faisant cause commune avec les Mèdes. L'Égypte tenta de venir en aide à l'Assyrie contre les rebelles babyloniens. Josias voulut barrer la route à ces renforts parce qu'il voyait sa libération assurée par l'effondrement d'Assur. La bataille de Megiddo devait mettre fin à de telles espérances en même temps qu'à sa vie (2e Rois, chap. 23, vers. 29). Désormais dans le ciel de Juda les nuages allaient s'amonceler de plus en plus sombres. Babylone s'apprêtait à achever le petit royaume, laissé pantelant par Pharaon.

Dom J.GOLDSTAIN

© En ce temps-là, la Bible No 27 page IV.


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